Le crépuscule se voyait arriver lorsque Ayliän aperçu la magnifique cité d’Ardamírë, elle semblait si petite des cieux. Yalmenël, son faucon millénaire, s’en voyait que plus excité à sa découverte, ayant survolaient ensemble la forêt de l’éternel, offrant au Gardien de la Nature une bien jolie vision de sa contrée. Le faucon était tant rapide qu’il ne fallut que quelques heures pour arriver à la cité des elfes, ce qui ne pu qu’éblouir l’elfe, rêvassant à découvrir le monde d’Ephaëlya sur le dos de son compagnon bien qu’il avait une toute autre mission en tête…

- iiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

- Oui mon beau, c’est la cité!

Ayliän avait beaucoup appris sur le faucon durant son vol, à savoir comment lui demander à virer à gauche et à droite, à plonger à travers l’air et virevolter, fendant les nuages. Yalmenël semblait lui obéir sans broncher, bien au contraire, il aimait à avoir quelqu’un lui tenant compagnie… quelqu’un qui lui sauva la vie… il s’en voyait même reconnaissant et ne pourrait servir autre personne qu’Ayliän. L’elfe caressa son plumage au niveau du cou, le calmant dans sa frénésie aérienne avant de tirer doucement ses plumes en arrière pour ralentir le rythme de battement d’ailes. Se dirigeant alors vers le Donjon Suprême, ils passèrent à côté…

- La caserne d’Eléänya, c’est là que nous allons Yalmenël.

Ayliän y avait vécu presque toute sa vie avant de devenir garde d’Evanya, la caserne de l’armée elfique, Eléänya… C’est là qu’il apprit énormément tant au niveau du combat à l’arc et au corps à corps qu’à la défense ou encore les valeurs elfiques conditionnant le peuple à la paix. Son père l’amenait quelque fois là bas lorsqu’il n’était encore qu’un enfant, espérant enrôler son fils à la fierté d’Evanya, bravant comme lui le mal qui pourrait asservir Evanya. Khalän Faën n’avait eu aucun mal à convaincre son fils depuis que celui-ci avait contemplé pour la première fois l’arbre aux lucioles… se promettant de le protéger au péril de sa vie.

Yalmenël plongea en direction de la caserne se posant d’une impressionnante agilité battant des ailes une dernière fois avant de les renfermer sur elles, les quelques soldats elfes présent reculèrent à ce spectacle. Le Gardien de la Nature descendit de celui-ci et vacilla quelque peu n’ayant pas encore prit l’habitude d’être aussi longtemps dans les airs. Il porta ses lèvres à l’oreille du faucon.

- Reste là mon ami, je reviens tout de suite.

Le commandant de l’armée elfique se retourna et fit face à un soldat.

- Soldat, offrez-lui un peu d’eau.

Le soldat était encore surpris et ne pu que s’incliner avant de lui répondre.

- Bien commandant Faën.

La caserne, orangée de par le crépuscule, dégageait une grande fierté, le siège de l’armée elfique, les faucons d’Evanya telle était la signification d’Eléänya. Ayliän traversa la place de celle-ci où s’entraînaient de nombreux soldats inclinant la tête à la vue de leur commandant qui ne pouvait que le leur rendre avec assurance. Les soldats aimaient Ayliän de par cette image qu’il donnait de lui, un meneur impartiale et juste, fidèle aux principes et aux valeurs elfique.

Après quelques minutes, il arriva aux portes du Donjon Suprême et la franchit, montant les étages jusqu’à ses appartements pour y reprendre son arc et son carquois en vue de la mission qu’il s’était alloué. Il ne pouvait impliquer les soldats sans preuve, les envoyant patrouiller en forêt, ce qu’il ordonnera à ceux-ci dés son retour… lorsqu’il reviendra avec la certitude d’une menace. Avant de quitter ses appartements, il prit le collier de son père dans sa sacoche blanche au niveau de sa ceinture et la mit autour de son cou… cela faisait si longtemps qu’elle n’y était plus. L’elfe fit le chemin inverse, descendit les grands escaliers en colimaçons et sortit du Donjon, arc et carquois sur le dos, il ne fit vent à personne de la mission qu’il mènerait seul, n’étant pourtant pas rassurer à partir rendre justice dans une contrée autre que la sienne, face aux barbares de Tarik.

Il rejoignit la caserne et marcha quelques minutes avant de rejoindre Yalmenël qui venait de boire tout un bac d’eau. Les soldats autour s’inclinèrent avant de se reculer.

- Merci à vous soldats. dit-il en leur offrant un sourire.

Cela semblait si étrange qu’un commandant remercie un soldat, mais Ayliän ne pouvait être autrement, c’est ce qui faisait de lui un être aimé. Caressant une nouvelle fois l’oreille du faucon enfuie dans ses plumages, il y murmura quelques mots.

- Allons-y mon beau.

Lorsqu’un sentiment envahit Ayliän, lui offrant un frisson enivrant parcourant son corps, il n’avait plus ressenti une telle sensation depuis si longtemps… Ses lèvres formèrent un arc avant de se retourner en direction de la place. Le soleil lui fit face de sa teinte orangée éblouissant toute la cité de ses dernières forces contre la noirceur et une silhouette se dessina à quelques mètres de lui.

- Silmaredhel…

"Aradmirë... Hmmm ! Cela faisait bien longtemps qui nous n'avions plus posé pied ici", dit-il d'une voix semi-enthousiaste, "Nombre de souvenir me reviennent en mémoires et la nostalgie me fait sien."

Sûnaiwë avait prononcé ces mots en serrant ses armes. Il leur avait adressé ses paroles à elles, ses camarades de route à qui il avait pris l'habitude de se confier. L'elfe regarda un instant le panorama qui s'offrait à lui. Avec le couché de soleil, la ville semblait se fondre dans le ciel orangé. C'était un spectacle à couper le souffle qui se dressait devant lui, le genre chose qu'il fallait à tout prix voir dans sa vie.

*Quelle beauté ! Ca fait vraiment du bien de rentrer au Pays*

L'elfe écrasa une larme puis se mit en route. La grandeur et la beauté d'Aradmirë écrasaient l'elfe qui ne pouvait rester insensible face à ses charmes. Il avait passé la journée à marcher, mais n'était pas fatigué. L'excitation de pouvoir enfin revoir Ayliän, après 28 ans, 28 longues années, le rendait euphorique.

- iiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

Sûnaiwë leva les yeux au ciel. Un faucon millénaire le parcourait avec grâce et il se dirigeait droit vers la ville. L'elfe le contempla un instant.

*Ne me dîtes pas que...*

"HAHA ! Je te tiens enfin !"

Le rôdeur s'élança à vive allure à travers la ville, bousculant de temps à autres des passants et s'excusant à la volée. Il avait cru apercevoir quelque chose de familier sur le faucon et le sang n'avait qu'un tour dans sa tête. Il ne tarda pas à perdre de vue l'animal majestueux, mais il se doutait bien de sa destination. Il accéléra encore la cadence. Tout ce qui l'entourait devenait flou et seul un point lumineux dans le lointain de sa vue, lui indiquait la route à suivre. Il ne voyait rien d'autre.

Il arriva enfin devant la caserne. Après un rapide coup d'œil, il repéra l'objet de son attention en train de s'abreuver sur la place. Malheureusement, son cavalier n'était pas là. N'ayant d'autre piste à suivre pour retrouver celui qu'il désirait tant voir, le jeune Dîn-Lothlossë entreprit de se rapprocher. Il se réajusta, reprit son souffle et se lança.

"Qui va là ? "

Un garde venait de l'alpaguer, lui barrant la route.

"Je suis Sûnaiwë Dîn-Lothlossë, ami de longue date du Seigneur Faën auquel je viens faire mon rapport."

Le garde le scruta sceptiquement au début, mais il finit par le laisser passer suite à hochement de tête de son homologue. Silmaredhel prit une profonde inspiration. Il mit le pied gauche en avant, puis le droit, puis de nouveau le gauche et ainsi de suite. Ca y est, il marchait, cheminant vers son destin.

Une silhouette sortit d'un bâtiment, - battement de cil-, monta sur le rapace géant, -battement de cœur- et enfin se retourna - respiration en stand by-.

- Silmaredhel…

Sûna se stoppa net. Ce surnom... Ce surnom sortait enfin de la bouge de celui qui le lui avait octroyé et un poids se fit ressentir alors qu'un entre disparaissait. Ils se faisaient enfin face. Toutes ces longues années de séparation prenaient fin ici même, à cet instant précis. Il sentit une grande émotion le submerger, mais il tint bon. Il avait les yeux fixés sur ce visage qu'il connaissait tant, plongés dans la prairie émeraude du regard de celui à qui il estimait devoir tant, ce regard qu'il n'avait plus croisé depuis une éternité lui semblait-il. Il posa le genou droit à terre tout en repoussant sa cape, posa la main gauche sur un des manches de ses sabres et inclina la tête.

"Seigneur Faën, mon frère..."

Il ne pouvait plus prononcer mot. Là était sa limite. Une certaine allégresse euphorique s'était emparée de lui, suivi d'un flot varié de sentiments qui s'enchainaient à toute vitesse. Il ne savait que faire, ni comment se comporter. Formel, amical ou familier? Tout se bousculait dans sa tête. Il voulait lui donner l'accolade, le serrer dans ses bras comme le feraient deux frères, avait envie de lui raconter tout ce qu'il avait fait ou vu et d'entendre ce que ce dernier avait fait pendant ces décennies et plein d'autres choses encore. Cependant, il ne bougea d'un pouce, fixant toujours un point sur le sol, la tête inclinée, il patientait tout en essayant de rester maitre de lui-même.

Le jeune elfe argenté s’inclina respectueusement à Ayliän qui descendit de Yalmenël, perturbé par ces retrouvailles son esprit fut empli de souvenirs… L’arbre aux milles lumières, symbole de leur rencontre, il y a de cela si longtemps. S’en suivirent de longues discussions débouchant à une amitié bien plus forte que nul autre entre entrainements et camaraderies. Ayliän avait été tant marqué par la mort de sa mère qu’il ne pu que le prendre sous son aile en quelque sorte. Mais ce qui toucha l’elfe au point de prendre soin de lui fut ce lien si fort les liant pour l’éternité, la mort de leur père au même combat. Ayliän se voyait en Silmaredhel, le rappelant sans cesse qu’il n’était seul.

Le goût de l’aventure et du nouveau finissant par gagner le cœur de l’elfe aux yeux d’argent, il partit en promettant de revenir lui servir… il y a de cela une trentaine d’années.

S’approchant de lui, Ayliän posa ses mains à ses épaules et le releva fièrement non sans émotion.

- Tu n’as pas à t’incliner Silmaredhel.

Le Gardien lui offrit un large sourire empli de joie et de surprise avant que celui-ci ne l’enlace, le serrant dans ses bras comme le frère qu’il n’a jamais eu. Le serrant contre lui, le regard d’Ayliän se posa à cet arc qu’il lui avait offerte avant son départ… cet arc qui semblait intact ne pouvait qu’entraîner l’elfe à sourire de plus belles.

Libérant ainsi Silmaredhel, comme il l’avait autrefois renommé de par son apparence, il s’immisça dans l’océan argenté que lui offraient ses yeux, le tenant toujours des deux mains aux épaules.

- Mon frère… cela fait si longtemps maintenant et te voilà revenu chez toi plus fort encore.

Le regard d’Ayliän vacilla quelque peu sur le côté avant de s’engouffrer de nouveau dans ceux du jeune elfe.

- Toutes ces années à voyager en Ephaëlya… tu dois avoir tant à me raconter.

La joie d’Ayliän n’en était que plus forte, imaginant que ce jour leur permettrait de contempler un avenir prometteur de par de nombreuses aventures futures.

- Marchons un peu mon frère…

Les deux elfes quittèrent la petite troupe de soldats, gardant Yalmenël prés d’eux.
Ayliän ne savait par quoi commencer, marchant côte à côte, il le regarda de bas en haut et sourit.

- Tu n’as pas changé Silmaredhel, mais ton cœur et tes valeurs ont certainement dû être influencer de par ton long voyage.
Je pensais ne plus te revoir, m’imaginant à te voir quelque part au milieu de nul part, heureux avec une famille qui t’entoure.

As-tu trouvé ce que tu cherchais mon frère?

Les deux elfes marchaient tranquillement sur la place, prés des soldats combattant à l’épée et des archers poignardant les cibles de leurs flèches sous le brassier du firmament.

Ayliän posa les mains sur les épaules de Sûnaiwë. A cet instant précis, l'elfe eut vraiment la sensation d'être écrasé par la magnificence et la grandeur de l'âme de son mentor et il sût de nouveau pourquoi il se sentait si bien près de lui. Mais Lorsque le Gardien de la Nature le pris dans ses bras, Sûna eut enfin le sentiment d'être arrivé au bout du chemin. Il était enfin à la maison.

Sûnaiwë était comme en transe intérieure. Il suivait Ayliän, entendait tout ce qu'il disait, le voyait, mais il avait l'impression d'être spectateur de cette scène. Il revivait tous les moments de sa vie passés avec son ami de toujours, ainsi que tous les moments qu'il avait passé sur la route à imaginer ce moment.

L'elfe d'Argent avait écouté la tirade de son ami sans mot dire, le suivant sans vraiment se rendre compte qu'il le faisait.

- Tu n’as pas changé Silmaredhel, mais ton cœur et tes valeurs ont certainement dû être influencer de par ton long voyage.
Je pensais ne plus te revoir, m’imaginant à te voir quelque part au milieu de nul part, heureux avec une famille qui t’entoure.

As-tu trouvé ce que tu cherchais mon frère?

Silmaredhel revint à lui. Son cerveau sembla se mettre à tourner à 100 à l'heure. Il avait la sensation de revenir de loin, comme si son âme réintégrait son corps. Il pris alors conscience de ses actes. Au couchant, il était en train de marcher sur la place et des soldats se livraient à des manœuvres martiales. Il observa un instant les archers et les épéistes, puis il se retourna vers le seigneur Faën.

"-Vous n'avez pas changé non plus mon Seigneur, si ce n'est que vous semblez encore plus vénérable. Vous êtes toujours pareil à mes souvenirs, mais je ne puis m'empêcher de vous examiner. Peut être ai-je l'impression de rêver. A moins qu'une partie de moi ne refuse encore la vérité de cet instant. Toujours est-il que je suis fort heureux de vous retrouver. Le périple fût long et périlleux, mais je n'avais qu'un objectif en tête : Rentrer à la maison, revenir auprès de vous et pouvoir enfin vous servir comme il se doit."

Il se retint de s'incliner une fois de plus. Il avait l'impression qu'Ayliän l'en aurait empêché, ou l'aurait invité à se relever un fois de plus. Il plongea une nouvelle fois son regard dans celui de son interlocuteur.

"J'ai tant de choses à vous raconter, mais je ne me sens pas très à l'aise en présence de toutes ces personnes. Je pense qu'il serait meiux de revenir sur ma vie de ces vingt-huit dernières années un peu plus tard..."

Il détailla un instant tout ce qui les entourait puis il reprit la parole.

"Moi? Avoir une famille? Je ne pense pas avoir le temps de fonder quelque foyer que ce soit. Ce que je cherchais, c'était avant tout du vécu. Je voulais avant tout pouvoir devenir assez fort pour pouvoir prétendre assurer votre sécurité et essayer de vous aider à atteindre les sommets, ceux que vous vous êtiez fixés. Je voulais aussi voir le monde et l'observer de mes yeux afin d'acquérir plus de maturité. Je ne sais pas si j'ai vraiment réussi à atteindre ces objectifs, mais il en va s'en dire que pour ma part, la seule aventure dont mon cœur ait envie, est celle que vous m'imposerez à compter de cet instant.

En prononçant ces derniers mots, il brandit son arc vers Ayliän avec fierté. Il avait bel et bien l'intention de lui faire profiter de ses talents d'archer et de tout ce qu'il avait appris pour aider son ami.

Sûna remit ses affaires en place tout en fixant Aylian. Il hésita un moment, puis se laissa aller. Il lui adressa enfin un sourire, ce fameux sourire chaleureux qu'on ne lui voyait collé à son visage, que lorsqu'il était en présence d'Ayliän. Il fait un pas dans sa direction et le pris dans ses bras avec joie et entrain.

"Pardonnez-moi ma familiarité mais... Mes félicitations pour votre promotion !"

Les dernières lueurs du soleil frappèrent la caserne, d’un dernier souffle, l’astre brûlant dégagea toute sa puissance, éblouissant une dernière fois la contrée elfique. Ayliän s’aimait à entendre la voix de son ami marchant à ses côtés. Ses mots touchèrent le Gardien, se remémorant la promesse qu’il lui avait faite… une promesse qu’Ayliän ne voulait lui imposer et pourtant Silmaredhel y tenait tant qu’il ne put que sourire en l’approuvant d’un hochement de la tête. Il le laissa parler attendant que celui-ci ne s’arrête de lui-même. Lorsque l’elfe argenté brandit son arc vers lui, il se sentit fier de ce qu’il était devenu, un guerrier au cœur pur.

Ayliän s’en voyait heureux de le voir si fièrement se donner corps et âme à lui, à Evanya et à ses habitants. Il fixa l’arc offert il y a si longtemps de cela, ses flèches se devaient certainement de transpercer le malin, fendant l’air impur, traversant les flammes, se logeant en plein cœur du mal… Il ne pouvait être plus fier de Silmaredhel à ce moment là. Retirant par la suite son arc, il offrit à Ayliän un sourire bien trop encré dans son cœur pour l’avoir oublié et sans crier gare se retrouva dans ses bras, déstabilisant le guerrier qu’il était.

Le Gardien sourit avant de reprendre les dires de son ami.

- Oui, Gardien de la Nature, qui l’aurait cru.

Se détachant de Silmaredhel, il s’immisça à travers son regard, réfléchissant aux mots qu’il avait dit. Ayliän était revenu à la caserne afin de se préparer à une mission qu’il s’était dit de faire seul… était-ce le destin qui venait de ramener son ami à cet instant précis? Le Gardien en était sûr.

- Tu es donc revenu pour me servir Silmaredhel… j’en suis heureux et je pense que tu seras un bon exemple pour les soldats de la contrée.
Je ne demande que la paix et la prospérité en Evanya et j’aimerais te faire partager cela.

Ayliän fixa le ciel dont la nuit semblait annihiler toutes sources de lumières célestes. Il semblait tant réfléchir puis regarda aux alentours et continua à marcher vers un espace moins fréquenté.

- Vingt-huit ans… une éternité bien que cela semble bien peu pour nous les elfes…
Mais je comprends, nous aurons tout le temps de discuter plus tard.

Ayliän se mit face à Silmaredhel afin de stopper leur marche et se décida à lui parler de ce qui semblait le torturer depuis quelques minutes.

- Mon frère, le destin semble lier nos chemins car à l’heure de ton arrivée, je mettais octroyé une mission bien particulière dont je ne pouvais que régler seul, évitant à mes soldats une erreur de ma part de par des soupçons infondés.

Il y a deux jours, j’ai parcouru la forêt de l’éternel et mon regard croisa celui d’un faucon millénaire blessé d’une flèche à l’aile, depuis nous voilà inséparable Yalmenël et moi.

Son regard se porta au faucon bien plus loin, entouré de quelques soldats prenant soin de le nourrir.

- Nous y avons croisé un petit groupe de braconniers humains, venant semble t-il de la tribu de Tarik au Nord-Est d’Oryenna. Selon leurs dires, ils chasseraient les créatures d’Evanya et plus particulièrement les faucons millénaires pour les revendre ou encore offrir leur peau et plumes aux marchés noirs. Si le destin ne m’avait pas guidé à Yalmenël et si son cri ne m’avait pas réveillé, il serait mort à cette heure-ci ou enfermé dans une cage en Oryenna.

Le Gardien fit une moue attristée et soupira.

- Je pense que d’autres faucons millénaires sont là-bas, attendant une triste destinée, torturés par des barbares sans pitié.

Son regard se posa à celui de son ami.

- Mais je m’y oppose… je vais aller jusque là, prouvant à moi-même que j’ai raison, je libérerai les faucons et terrasserai les barbares de Tarik s’il le faut. Et j’aimerai que tu m’accompagnes Silmaredhel, à deux nous serons bien plus forts.

Ayliän était tant déterminé qu’il ne pouvait reculer, de plus, il ne fallait perdre plus de temps, il ne fallait que quelques secondes pour abattre un faucon et bien trop d’heures s’étaient écoulées à présent… Il s’en voulait quelque peu de demander une telle requête à son ami, sachant qu’il revenait en Evanya après vingt-huit ans d’errance en Ephaëlya, mais le destin conditionnait le cœur du Gardien jusqu’à convaincre son esprit que le choix n’appartenait qu’à la destiné.

- Nous irons en Oryenna par les airs, je suis sûr que Yalmenël supportera le poids de deux personnes. Il ne nous faudra que quelques heures pour arriver à la tribu de Tarik mais l’idéal étant de se servir de la noirceur de la nuit pour nous y infiltrer.

Je vais aller préparer Yalmenël, je partirai d’ici une dizaine de minutes…
Je ne te force en rien à venir, je comprendrai ton refus et te perdre serait la pire des choses maintenant que tu es revenu.

Ayliän ne laissa pas le temps à son ami de répondre et posa la main à son épaule avant de lui sourire. Il le quitta ensuite et marcha en direction du faucon millénaire afin de le préparer. Quelques minutes s’étaient alors écoulées, le Gardien était sur son faucon, prêt à partir, arc et carquois sur le dos, dague et sacoche à la ceinture, il n’attendait que le simple appel du destin avant de s’envoler.

La nuit avait étendu son empire dans le ciel, apportant avec elle une myriade de soldats tous plus brillants les uns que les autres. D'ailleurs, ces soldats, les étoiles, attirèrent grandement l'attention de Silmaredhel. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus admiré ce ciel étoilé depuis la cité.

L'elfe argenté écoutait avec attention la tirade de son mentor et avait bu chacune de ses paroles, se délectant du moindre mot prononcé. Ayliän n'avait vraiment pas changé. Il faisait toujours preuve d'autant de verve et fascinait toujours Sûna de par son franc parler, son autorité douce mais stricte et naturelle qui ne laissait place à aucune contestation, ses ambitions et son amour inconditionnel de la nature.

*Cette nomination à ce poste tombe vraiment à pic, les Hautes Sphères ne pouvaient pas espérer meilleur elfe à ce poste. Je suis sûr que Grand frère fera de grandes choses pour Evanya et je ferai tout mon possible pour qu'il puisse entrer dans l'histoire, non ! Dans la légende !*

A cette pensée, il ne pu s'empêcher de sourire. Son attention se reporta une fois de plus sur le Gardien de la Nature lorsque ses yeux rencontrèrent les siens. Il n'avait pas vue la moue attristée de ce dernier, mais se l'était parfaitement figurée dans son esprit. Il avait l'impression de pouvoir prétendre savoir quels sentiments accompagnaient les paroles d'Ayliän, et donc quelles mimiques. Sûnawë put lire une détermination sans faille sur le visage de son interlocuteur. Celle-ci ne fit qu'accroître son envie d'aider l'elfe aux yeux émeraude dans sa quête de pacification.

Le Seigneur Faën avait requis son aide et celui-ci était prêt à la lui offrir, d'autant plus qu'il jugeait la cause noble. Il épousait les idéaux de son mentor et ses armes lui étaient dévouées. Il n'eut cependant pas le temps de donner sa réponse, Ayliän était déjà dans ses préparatifs. Il attendit patiemment que celui-ci finisse de se préparer. Une fois qu'il eut grimpé sur sa majestueuse monture, il s'approcha de lui.

Sûnaiwë brandit une fois de plus son arc vers celui qui le lui avait offert.

-Mon frère...

Il le rapporta à son cœur.

-Ce cadeau que vous m'avez fait il a fort longtemps et ces sabres elfiques hérité de mes ancêtres vous accompagnerons aussi loin qu'ils le pourront. Vous n'aurez qu'à souhaiter et nous accomplirons. Nous sommes à votre service et nous feront de vous un Grand elfe avec un prestige à votre mesure. Je ne suis point comme vous, je ne puis rester en place, je suis elfe d'action et c'est au cœur de l'action même que je pourrai vous aider et vous servir au mieux. J'accepte donc cette quête et me joins à vous afin de vous prêter main forte. Je ne perdrai plus jamais personne sans mettre moi même ma vie en jeu...

Sûnaiwë avait parlé avec force et détermination. Il scruta un instant le faucon, puis mit son arc en bandoulière. Il attendait à présent l'invitation d'Ayliän. Il ne voulait pas offenser la créature en s'imposant à elle.

Un léger sourire en coin s’afficha sur le visage d’Ayliän lorsqu’il aperçu son ami s’approchait d’eux. Ses dires ne purent qu’approuver ses pensées, Silmaredhel était devenu un grand guerrier et Ayliän n’eu douté une seconde de son refus sachant pertinemment que son ami ne pouvait refuser une telle offre.

Le Gardien regarda fièrement Silmaredhel sans un mot, ensuite il colla son visage contre celui de Yalmenël et y murmura quelques mots.

- Inclines-toi à notre ami mon beau, il nous accompagnera.

Le faucon bascula sa tête en direction de Silmaredhel et s’inclina, permettant à celui-ci de grimper plus facilement derrière Ayliän. Sans mal, l’elfe argenté pu le rejoindre et d’un long et grand cri strident, le faucon s’expulsa du sol de quelques coups d’ailes sous le regard admiratif des soldats d'Eléänya, la caserne de l’armée.

- iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

Yalmenël se mit à virevolter à travers la nuit noire tapissée d’étoiles plus scintillantes les unes que les autres et de l’astre des nuit prônant fièrement au milieu d’elles. Le faucon leur offrit alors une vue vertigineuse de la cité, survolant ensuite le sanctuaire aux lucioles d’où l’arbre aux milles lumières semblait faire battre Evanya de milles feux.

Le faucon millénaire disparu alors au loin, au-dessus de la forêt de l’éternel, sous une pluie d’étoiles, en direction d’Oryenna…


~ Oryenna ~ Forêt du crépuscule ~ Tribu de Tarik ~ Massacre autour du feu... ~