Les pas de l’elfe faisaient craquer la neige à mesure qu’elle se rapprochait du lac rouge. La lune était à son apogée, éclairant l’onde silencieuse de ses rayons d’argent glissant sur l’eau pourpre comme un cygne sur l’encre. La forêt l’entourant était terrifiante, entièrement silencieuse, témoignant du territoire dans lequel elle se trouvait. Mavréah n’était pas connue pour être un lieu particulièrement diurne, après tout. Les arbres, de leurs bras nus, montraient l’atrocité de leurs corps squelettiques et sombres. Dans un mouvement frénétique, une brise secoua la surface joliment polie, en une multitude de vaguelettes, et les branches maigres vibrèrent à l’unisson. La nuit était terriblement froid, là où l’hiver semblait durer des jours, et où l’été ne devait pas exister, changeant du climat rayonnant d’Evanya.

Dans un geste lent, la rousse s’assit à côté de la surface, sur la rive, collant son dos contre le tronc d’un arbre. Elle avait entamé un périple dans la contrée vampirienne quelques jours auparavant, quittant sa province d’origine, la terre où on l’avait jetée. Son attirance pour la sanguinaire race l’avait conduit à s’introduire dans cette région, quittant temporairement son logis. Le sac qu’elle portait témoignait de son envie de voyage. Il était assez mince, certes, mais transportait quelques vêtements, quelques vivres également. Ses armes étaient quant à elle rangeait à son habituelle ceinture, se composant de la panoplie suivante : Deux dagues, et un carquois de flèches ; L’arc étant lui posé sur son épaule. Une rumeur s’étant glissée dans les oreilles pointues de la dame racontant les températures assez froides de ce territoire, Lïlith portait un ensemble fait en cuir, et en fourrure, pour se protéger du froid, d’un brun foncé, soulignant ses cheveux libres et flamboyants, ressortant sur les ténèbres des bois de la forêt, et sur le blanc immaculé de la neige, glissant dans l’air au rythme du vent, silencieux oiseaux de feu. Cette tenue encadrait bien la forme de sa silhouette, et soulignait la grâce elfique de son visage. Son cou était entouré d’un collier de fourrure assez épais pour maintenir sa chaleur à ce niveau. Ce voyage était peut-être un cou de tête, un acte inconsidéré, et peut-être même le dernier voyage qu’elle effectuerait…

Les vampires rôdaient dans ces bois. C’était évident. Se déplacer de nuit était probablement la meilleure des alternatives qu’elle avait décidée de prendre pour ce voyage. Cette espèce humanoïde était particulièrement dangereuse. Nombreux étaient les récits de sa région qui les décrivaient comme des êtres cruels et sanguinaires, pour les plus avides, bien que certains puissent échapper à la règle. Créatures de la nuit, ils ne pouvaient se déplacer en pleine journée. Se reposer la nuit était donc presque suicidaire, une mauvaise rencontre était toujours possible, et se retrouver dans la plus vulnérable des situations devant son assaillant était particulièrement stupide. C’est ainsi que, pour gagner ses pleins moyens de combat la nuit, elle avait inversé ses cycles de repos, s’adaptant aux vampires vivant ici. Lors d’une rencontre, il lui serait toujours possible de se défendre face à la voracité d’un buveur de sang en appétit.

Ses yeux se perdaient dans le rouge du lac se dressant devant elle, où miroitait dans le pourpre l’éclat d’argent de la lune. Elle avait parcouru de nombreux kilomètre pour le voir, pour sentir l’air qu’il dégageait, s’imprégnait de sa délicate vision sanguine. Elle n’avait beau ne pas être une vampire, cette vision lui était aussi irréel que son propre sang coulant de ses mains, aussi charmante également. Cet endroit était ensorceleur, et l’elfe se sentait attirée par la masse grenat qui sommeillé sous l’orange de ses iris. Sa lente respiration dessinait dans l’air d’éphémères fantômes translucide. « Magnifique lac… La légende disait donc vrai, il est bien aussi rouge qu’on me l’a dit. Je n’aurais pas fait ce chemin pour rien. » Pensa-t-elle. Une envie la tenaillait de s’avancer plus près, de toucher l’eau du bout des doigts, de l’attraper, de colorer ses mains. Cependant, cette contrée n’était pas certaine… Même si elle n’avait pas peur, qu’elle éprouvait le plus grand calme en marchant dans la neige froide, que la forêt glacée ne l’effrayait pas, l’idée de rencontrer un buveur de sang en chair et en os l’intimidait cruellement. Evidement, elle aurait probablement le dessus. En pensant cela, une fougueuse pointe d’arrogance tamisa son visage d’un étrange façon, plissant légèrement ses lèvres. L’idée de faire une réelle rencontre était à la fois frustrante, mais tout aussi attirante, et, dans l’éclat blanc, il était clair que l’elfe en avait envie.

Une bête croassa quelque part, non loin de là, déchirant le bois de sa longue complainte. Cette forêt n’était donc pas entièrement morte… D’une main, Lïlith saisit la poignée de son poignard, prête à dégainer. Dans un réflexe primaire, sûrement, et peut-être victime d’une certaine paranoïa. Bien qu’il ne lui fût pas permis de dormir, le manque de repos lui était cruel. L’inversion de rythme était tout de même fatigante, et tournait l’esprit de la demoiselle autant que ses horaires. Ainsi, un simple bruit l’hérissait, lui faisait penser à un attaque. Dans une profonde inspiration, elle se calma, faisant gonfler ses poumons, en soulevant lentement le nœud de sa capeline, Une de ses mèches brûlantes vint barrer son front à la suite d’un souffle un peu trop insistant. C’était sa troisième nuit au pays des sanguinaire buveur. Depuis son entrée en cette contrée, un léger fumet se dégageait de tout les pores de la terre humide sur laquelle elle posait ses pieds. Une odeur roque, chargée d’histoire. Elle aurait aimé la connaître un peu plus, mais, malheureusement, elle n’avait pas une grande connaissance culturelle. Son périple avait continué sans encombre, et elle n’avait pas fait de rencontre dangereuse.

Ses oreilles se tendirent quand elle entendit derrière elle un bruit étouffé. Il ne ressemblait pas à celui d’une bête, pourtant. Lïlith, tiraillée entre la crainte et l’excitation, se contenta de serrer la main autour de son arme, attendant le moindre autre signe. Silencieuse, immobile, elle était un modèle de la splendeur aveugle des elfes sous la lumière délicate de la lune. Elle laissait filer les secondes sagement, espérant déceler un autre signe d’une présence intelligente en ces lieux… Peut-être était-ce un vampire, qui marchait en ces lieux ? « Enfin… ». Quand le silence se fit trop intense, elle entrouvrit ses lèvres doucement nacrées pour y laisser glisser les paroles de sa voix sylvestre :

‘’- Approchez, qui que vous soyez. ‘’

C’était une phrase simple, mais passe-partout. En même temps qu’elle l’articulait, elle se retourna gracieusement vers les bois frêles, scrutant leurs branches écœurant de maigreur pour accueillir du regard la personne qui se révèlerait.

C'était le lendemain de la fête mystérieuse organisée par Dame Gal'Ann, qui n'avait plus rien de mystérieux d'ailleurs. J'avais rallier ma demeure en carrosse la veille au soir, juste après la soirée. Cela faisait plusieurs jours que je n'étais plus revenu à mon domicile familial. J'avais passé ce qui me semblait être une éternité, dans la capitale. J'y avais eu fort à faire. L'heure pour Messire Hixadan et moi était venue de mettre nos desseins en route. Je m'étais donc rendu à la cité d'Ambroisie pour faire savoir au monde vampirique, mon ambition d'accéder aux hautes marches de l'Empire, en briguant un poste de vicomte, le seul vacant à l'heure actuelle, mais je n'avais guère besoin de plus. Celà me permettrait de débuter mon travail d'assainissement des dirigeants et de préparer le terrain à mon ami Teranix, afin qu'il puisse briguer le poste de Duc. Il serait parfait de pouvoir placer des personnes partageant nos idéaux, aux postes les plus hauts...

Pour l'heure, je me promenais dans la forêt proche du lac des sacrifices. Ma part elfique me réclamait sans cesse de me laisser aller à des promenades en nature. Cette partie elfique de mon être que je ne pouvais tuer... Mais en avais-je vraiment envie? Je l'aimais même si je n'aimais pas ce peuple. L'elfe en moi me conférait un avantage certain sur d'autres vampires, majoritairement d'origine humaine. J'avais une vue perçante, une ouïe fine, des trait gracieux, une souplesse légendaire et bien d'autres choses dont pouvaient jouir les elfes. Cependant, à l'inverse, j'étais bien moins fort et resistant que mes homologues d'origine humaine, mais ceci était compensé par mon agilité. De plus, de par cette origine, je pouvais plus facilement mener des missions à bien, pour le compte de notre Impératrice, en territoire elfique, que Teranix. Il me suffisait pour celà de laisser apparentes mes oreilles et d'agîr en elfe, tout en contrôlant ma soif. Je n'avais en rien oublié mon ancien langage. Je n'habitais pas très loin d'ici. La Résidence Bloody Reaper, la résidence de la famille de Bellcross, s'étendait sur une grande parcelle, entre le lac et la Statue des Immortels. Nous étions proche d'Evanya et du pays des hommes. Ma famille était en quelque sorte une avant garde martiale. Nous avions nombre de bons soldats à nos ordres et nous étions prêts à les sacrifier à la gloire de Màvreah, ainsi que toute notre fière famille.

Il faisait froid mais j'y était habitué. Je n'avais sur moi que mon eternel attirail martial. Mon armure noire et or avec la tunique rouge sang ornée de mes armoiries elfiques et vampiriques, ma lance noire et or, et avait tout de même pris le soin de rajouter un cape. Cette dernière, avait une capuche et était noir alors que l'interieur, lui, était rouge sang. Les cheveux au vent, la cape voletant derrière moi, je filais à toute allure à présent vers le Lac des Sacrifices. C'était de loin mon lieu favori en tout Màvreah. J'avais plaisir à venir m'y ressourcer. C'était là que je venais réfléchir. Je me baisganis aussi, à l'occasion, dans ses eaux rougeâtres, en dépit des nombreuses créatures sanguinaires qui y vivaient. Un corbeau me suivait en planant. J'effleurais à peine le doux manteau blance dont s'était revêtu le sol, de par ma légèreté elfique, aissant des empreintes à peines visibles à l'oeil nu. L'armure m'alourdissait un peu. Il ne me fallut que peu de temps pour arriver à la lisière de la forêt.

CROAAA !

Je m'arrêtais un instant. Le corbeau se posa sur mon épaule. C'était un des miens. Il avait sur sa patte un message qui m'étais destiné. Je le pris, remerciais mon ami en elfique et le renvoyais vaquer à ses occupations. C'était un message d'Argawaen. Il me signalait l'execution de sa mission et son retour prochain ici même en Màvreah. Je souris alors, de mon plus beau sourire machiavelique. Tout se passait à merveille dans le meilleur des mondes. J'allais repartir quand je vis une silhouette chaudement emmitouflée. Je me cachais alors dans l'arbre devant moi, secouant quelques branches au passage, provoquant un bruit sourd. Je perdais la main. Je me dépalcais alors furtivement afin de ne pas être repéré et me mis à l'observer. Je forçais un peu ma vue et distinguais qu'il s'agissait d'une femme, non, une elfe, ayant une chevelure flamboyante contrastant parfaitment avec la blancheur du paysage enneigé. Elle avait son arc sur l'épaule, ce qui me fit sourire.

*Toujours à utiliser cette arme de lâche ces elfes, hein?*

Je réprimais alors un rire. Elle semblait jolie, mais surtout, elle avait l'air d'avoir un sang frais et pur. J'avais follement envie de la mordre. Cela faisait longtemps que je n'avais pas mordu d'elfe et que je ne m'étais pas délecté d'un sang pris directement à la source. Tout ce dont j'avais bénéficié ces derniers temps, c'était de sand bu dans une coupe. Cependant, je ne voulais pas céder à la bête. Je me calmais donc.

L'elfe était à l'affut. Elle semblait stressée. Le cri du corbeau avait dû la surprendre en plein milieu de sa flânerie. La voir ainsi, tous ses sens en alerte, réveillait mes instincts de chasseur. Elle était si appétissante... Je mourrai d'envie de la chasser... Pourtant, je me devais de rester digne. J'avais promis à Teranix de ne pas ceder à la bête en son abscence, ayant du mal à revenir à la raison tout seul par la suite. J'essayais tant bien que mal de garder la tête froide, mais c'était difficile. J'étais sur le point de sombrer dans la démence lorsque sa douce voix sylvestre se porta à mes oreilles.

‘’- Approchez, qui que vous soyez. ‘’

Sa voix m'avait appaisé. J'hésitais un instant. Je dégageais alors mes oreilles pointues et sorti de ma cachette le plus naturellement du monde.

"Namarïe ! "

Voila ce que je lui dis, une fois arrivé à sa hauteur. Ceci signifiait "bonjour" dans la lague elfique. Je décidais donc d'adopter une attitude pacifiste. J'aimais donc tant jouer ? Je poursuivis.

"Détendez-vous mon amie, il n'y a pas de danger, je vous avait prise pour une ennemie et m'étais caché en embuscade au cas où, mais vous m'avez plutôt l'air sympathique. Qu'est ce qui pousse une si jolie créature que vous à s'aventurer seule dans une contrée sauvage si reculée comme celle-ci?"

Je lui souriait de manière chaleureuse. Elle exitait mon instinct de chasseur, mais elle m'intriguait et ma curiosité primait sur le reste. Je voulais en savoir plus, oui beaucoup plus.

Cette rencontre, à première vue, avait tout d’hasardeuse, et l’elfe jeta alors sur cette arrivant un regard gorgé de surprise pure à peine contenue. Quand elle aperçut sortir des bois squelettique et froid la silhouette elfique d’un homme, elle ne put empêcher ses pupilles de s’écarquiller, le soleil noir au centre de ses yeux prenant de l’ampleur, éclipsant l’anneau de cuivre qui lui servait de ceinture. Cette vision aux traits fins et angélique était assez déstabilisante, et un marbre de stupeur se moula sur les courbes opalines du visage de la demoiselle. Elle ne pu s’empêcher de dévisager celui qui lui disait amicalement bonjour dans sa langue natale. Il s’approchait d’elle d’une démarche naturelle et chaleureuse, ne semblant pas le moins du monde soupçonneux, ou méfiant de croiser une elfe dans un lieu pareil. Il avait réussit à acquérir de la dame son attention, détachée de force du lac rouge, qui avait cessé d’habiter ses pensées, remplacer par cet être étonnent.
L’homme était assez grand. Plus grand qu’elle, dans tout les cas. Mais, outre sa tenue chevalière et son attitude avenante, c’est son visage qu’elle fixait avec insistance. Sa finesse et sa candeur presque trop pure pour être réelle, ce soin dans chaque recoin, ces cheveux semblant délicats, et ces oreilles pointues ne faisaient pas de doutes: c’était à un elfe qu’elle avait affaire à ce moment là.

En son fort intérieur, Lïlith hésitait entre deux sentiments distincts. Croiser un congénère ici, bien qu’elle n’apporte à sa race pas un intérêt exceptionnel, était une chose rassurante, et la femme pouvait espérer à un allier. Ou plutôt, a une aide de sang, partageant les même origines et la même communauté. Il devait probablement venir d’Evanya également, peut-être même vivait-il lui aussi dans la ville principale, et qu’elle le croiser dans une région aussi éloignée n’était qu’un curieux hasard. Mais son envie, son besoin de rencontrer un vampire avait corrompue son esprit entre ses mains ensanglanté et l’avait conduit aux frontières de la déception. Cette rencontre ne lui aurait probablement causé que soucis et problèmes, et lui aurait sûrement arraché la vie dans de cruel disposition, mais elle aurait pu admirer ce qu’elle avait toujours idolâtrer en elle-même: le même quelque chose qui rendait pour elle le sang si attirant. Dans un geste simple, elle décolla son dos du tronc où elle s’appuyait pour faire face à ce nouveau venu, et soutenir son regard perçant quoiqu’il advienne. Il avait quelque chose de brisant, de vorace comme un pique acéré, et semblait faire mal à trop regarder. Cependant, la demoiselle n’avait pas pour coutume de se laisser dompter du regard, et devoir baisser les yeux était presque une insulte pour elle et son intarissable arrogance.

"Détendez-vous mon amie, il n'y a pas de danger, je vous avait prise pour une ennemie et m'étais caché en embuscade au cas où, mais vous m'avez plutôt l'air sympathique. Qu'est ce qui pousse une si jolie créature que vous à s'aventurer seule dans une contrée sauvage si reculée comme celle-ci?"

En entendant ces paroles, l’orgueil de la demoiselle se brûla au vif. Les braises de sa suffisance se rallumèrent comme les étoiles en pleine nuit, et l’elfe retrouva sur son visage son léger sourire prétentieux et pâmé, aux traits légèrement tirés. Les côtés de ses lèvres suaves s’étirèrent sur le côté, alors qu’elle relâchait la pression sur la poignée de sa dague. Elle ne retira cependant pas sa main du pommeau de celle-ci, glacée par le froid ambiant, et la lumière de neige de la lune. Les paroles de l’homme venaient d’attiser sa curiosité, et quelque chose dans cette scène ne tournait pas rond. Alors qu’elle prévoyait se réponse, elle étudia ce qui pouvait être étrange dans la scène qui se déroulait sous ses yeux de miel, leur couleur de bronze gagnant à nouveau du terrain. Alors qu’elle réfléchissait, elle lança, de cette même voix douce et certaine:

"Namarïe… " Elle lui dit cela en retour, employant un ton à la fois sérieux et sec.

Il était plus prudent d’agir avec méfiance. Après tout, rien ne pouvait témoigner des réelles aspirations de cet elfe là. * Je ne devrais pas avoir confiance… Quelque chose est étrange … * Se dit-elle, tout en croisant les bras nonchalamment, en face de cet être souriant qui la regardait de son visage d’ange. Cet elfe cachait lui aussi certaines choses peu clairs… Son attitude semblait trop aimable pour être sincère, à moins qu’il ne le soit réellement, auquel cas il était inconscient. La manière dont il était vêtu, d’une armure riche, lui indiquait pourtant qu’il était prêt à combattre, et qu’il devait y être habitué. Dans de tel bois, il devrait savoir que les vampires rôdent, et que, même en rencontrant un autre membre de son espèce, il ne fallait pas relâcher sa garde. De plus, son attitude aussi avenante était un peu trop spontané, et cette rencontre en pleine nuit semblait avoir un défaut d‘horaire… « Bonjour » était un peu trop soudain, aussi… Alors qu’ils pourraient être attaqués à tout moment, s’empresser de dire bonjour et de vouloir faire la conversation était une perte de temps, et une attitude bien suspecte… Oui, la brûlant était méfiante, et se confortait dans son attitude, sa peau de sable éclairée par la lune d’albâtre au dessus d’eux, éclairant également le visage de nacre et les cheveux dorés de l‘elfe. A côté d’eux, le lac était toujours aussi rouge, imperturbable, montrant sa surface lisse et pure.

Un corbeau croassa encore un peu plus loin dans les bras, et Lïlith se crispa légèrement dans ce contexte terrifiant… Et attirant. Respirant lentement, elle commençait à voir dans ce qui était en train de se passer quelque chose d’amusant. L’esprit affecté par la cupidité et le jeu, elle avait envie de s’aventurer un peu plus dans cette mascarade, de voir jusqu’où ce début prometteur pouvait aller… Pourquoi ne pas jouer le jeu après tout? C’était un divertissement de bel figure qui se jouait là, et elle ne voulait pas en manquer une miette, fidèle à son âme troublé, et enivrée par l’air chargé de fer et de glace.

Décroisant les bras, elle posa ses mains sur ses hanches, avançant légèrement le buste, et relevant le visage, en espérant se rendre plus avenante. Amusée, elle se construisit un sourire sincère et amical, en s’avançant d’un pas, sans se rendre compte du danger auquel elle pouvait s’exposer en agissant ainsi. Sa crinière rousse flottait de temps en temps, portée par les ailes silencieuses du vent, qui traversait les bois comme la lame d’une épée invisible et indolore, qui ne serait mystérieusement pas matérielle. Ainsi le visage relevée, elle conservait cette pointe d’arrogance dont elle avait du mal à se défaire, ce besoin de toujours avoir raison, cette prétention uniquement moral.

« Excusez mon attitude méfiante, ces bois ne me semblent pas sûre. Je suis venue ici pour pouvoir vérifier certains échos… Et vous, que faites vous ici par cette forêt? Je ne m‘attendais pas à rencontrer un autre elfe ici…»

Elle avait tenté de reproduire le ton chaleureux qu’il avait employé, se montrant sous un jour amical et respectueux. Même si son visage indiquait innocemment qu’elle voulait discuter, ses yeux indiquaient le contraire, montrant sa méfiance, et ses soupçons, entourés de prétentieux.

Alors qu’elle le regardait également, ses pensées revinrent vers ce qu’il lui avait dit. Cette scène promettait d’être intéressante… Lïlith était à présent curieuse de connaître ce que cet homme avait à cacher derrière son agréable visage, et jusqu’ou elle pourrait s’amuser, en essayant de le faire avouer, et d’en savoir le maximum. L’elfe garderait son attitude provocatrice aussi longtemps qu’elle le devrait, se fondant dans son personnage à merveille, l’interprétant d’une manière indirecte. Il lui fallait découvrir qui était cet elfe à tout pris… Ce bois infesté de vampire n’était plus qu’un simple détail, comme le lac rouge, prenant un éclat grenat sous la lune argenté.

Je l'observais attentivement. Elle était d'une beauté sauvage saisissante. Ses cheveux flottant par moment dans le vent, semblaient embraser le teint sableux de la peau de son visage. Sa rousseur incandescente chatouillait mon regard autant que ma curiosité et mon admiration. Je notais alors sa posture défensive et au fond de moi j'en jubilais, elle n'étais pas une de ces personnes dont on endormait aisément la méfiance.

"Namarïe… "

Elle venait de me répondre d'un ton que je trouvais sec. Elle avait l'air sérieuse et soutenait toujours mon regard. Sa prudence semblait toujours de mise et je ne la sentais pas à son aise face à moi. Peut être se doutait-elle de ma vraie nature... Je comprenais parfaitement son attitude. Il eut été étrange ou stupide qu'elle baisse sa garde rapidement, sachant les dangers qui rôdaient dans ces contrées vampiriques. La mort seule attendait les êtres naïf et inconscients en ces terres. Pour tout elfes que je croisais sur ce que je considerais comme mon territoire, il en était de même. Etant mes mets de choix et un peuple auquel je tenais grande rancune pour m'avoir déchu de mon prestige, je ne pouvais tolérer leur présence sur "mes" terres. Je m'abreuvais de leur sang et les tuais sur le champs, mais elle... Elle ! Elle était différente de tous ces elfes niais que je croisais. Elle avait sur elle une odeur de sang autre que la sienne. Elle éveillait tous mes sens de chasseur et j'avais follement envie de son sang, mais je n'avais guère d'envie pressente de la tuer comme à mon habitude. Ce soir, j'avais envie de jouer, envie de satisfaire ma curiosité. Je ne pensais pas le moins du monde que cette rencontre était fortuite, mais plutôt liée au destin. C'était la destinée qui l'avait menée jusqu'à moi, mais laquelle? Tout ce dont j'étais sûr à l'heure actuelle, c'était que son destin dépendait de mon bon vouloir ou plutôt de ce qu'elle m'offrirait...

J'avais noté qu'elle avait croisé les bras. C'était bien là un signe de fermeture au monde qui l'entourait. Ce geste anodin pour certain était pour moi un signe révélateur des sentiments de ma proie. Je n'avais que plus envie de jouer avec elle, de la tirer à moi, cela devenait le centre même de l'obsession maniaque de mon jeu.

J'entendis un corbeau croasser. Ce devait être le mien, non, c'était un des miens. Je n'avais aucun doute la dessus, je reconnaissais leurs croassements. Je vis alors une certaine terreur qui se traduisit par une légère crispation de sa part. Était-ce mon ami qui l'avait mise dans cet état? C'était excitant. La peur que je ressentais émaner d'elle ne faisait qu'accroître mon envie de la mordre. L'adrénaline provoquée par le sentiment de peur donnait à nectar de vitalité, un goût indescriptible mais d'une rare intensité. Pour tenter de vous faire comprendre, c'était un peu comme cet ingrédient secret que rajoutaient les grand-mères dans leurs recettes, donnant une saveur particulière à leurs plats, qui faisait qu'on ne voulait plus s'en passer. L'atmosphère était pour moi plaisante et savoureuse, mais pour elle, simple elfe, je me doutais bien que ce n'était guère plaisant.

Petit à petit, je notais en elle un certain changement dans son attitude. Elle semblait de plus en plus en phase d'ouverture. Elle décroisa soudainement les bras et les posa sur ses hanches, avança d'un pas et se cambra légèrement, m'offrant ainsi les formes bien dessinées sa délicieuse poitrine. Un sourire sincère et amical se dessina sur son beau visage elfique, l'illuminant à lui tout seul. Aussi haineux des elfes que je l'étais et fermé aux relations amoureuses entre vampires et autre races, je ne pouvais lui retirer ceci. Elle était belle, c'était un fait. Avait-elle conscience de ma vraie nature et qu'en se présentant ainsi, elle titillais de plus belle la bête meurtrière et assoiffée de son sang elfique qui partageait mon immortelle existence?

« Excusez mon attitude méfiante, ces bois ne me semblent pas sûre. Je suis venue ici pour pouvoir vérifier certains échos… Et vous, que faites vous ici par cette forêt? Je ne m‘attendais pas à rencontrer un autre elfe ici…»

Avait-elle fini par me considérer comme un des siens? Avait-elle baissé sa garde? Non, je ne devais pas baisser ma garde. C'était visiblement une guerrière et si elle avait un quelconque doute sur mon identité, ou si elle avait été embauchée par quelqu'un pour me tuer, j'en payerai certainement le pris de mon immortalité. Je me devais donc de poursuivre mon analyse. Je n'avais pas quitté son regard. Elle était plus petite que moi. Je constatais alors que ce n'étais qu'un air qu'elle se donnait. Elle était bien piètre actrice. Les bons menteurs savaient mentir avec leur regard, elle, ce n'était pas le cas. Je pouvais lire de la crainte dans les siens, semblant être taillés dans de l'ambre pure. Elle devait donc jouer un rôle et ce n'était visiblement pas pour me tuer. Je ne sentais cette nervosité propre à quelqu'un inexpérimenté qui devait accomplir un assassinat. Elle n'avait en rien l'air d'une exécutrice. Elle ne faisait pas partie de ma famille. Ainsi, elle voulait jouer? A cela ne tienne ! J'allais lui offrir ce qu'elle désirait et au delà.

Je baissais donc mon regard bleu/gris sur ses seins plutôt attrayants pour une elfe et haussais un sourcil, le gauche, puis le rabaissais aussitôt, comme l'aurait fait n'importe quel individu de type masculin. Je rangeais par la même occasion ma lance au dos et adoptais une attitude beaucoup plus fière et décontractée, dans les limites de la bienséance elfique, de la même manière que le faisait les nobles de cette race. Replongeant mes yeux qui désormais reflétaient un sentiment de compassion, je pris la parole.

" Vous n'avez pas à vous excuser Demoiselle. Il est tout à fait normal de votre part de ressentir pareil sentiment à l'égard d'un inconnu qui vous surprend en pleine nuit en plein territoire vampirique. Je suis moi même surpris de vous rencontrer ici même, mais j'ose espérer vous faire confiance. Je venais voir ce beau lac légendaire de mes yeux elfiques. Beaucoup de choses se disent à son sujet et je suis un être doté d'une curiosité indescriptible. Je ne peux m'empêcher de la rassasier, même au péril de ma vie. De plus, j'ai toujours rêvé de voir de vrais vampires et j'aimerai savoir combien d'entre eux ma lance peux en tuer."

A ces paroles, je ressortis ma lance, lui montrant sa lame parsemée d'éclats d'argent et poursuivi ma tirade.

"Elle est aisni faite pour occire aussi bien les vampires que les lycans, mais également n'importe quel autre ennemi. C'est un artefact millénaire que j'ai là en ma possession et j'en suis extrêmement fier."

Je rangeais une nouvelle fois mon arme dans mon dos. J'avais une attitude fière. Mes paroles concernant l'âge de mon artefact étaient vraies. C'était cette même lance, que j'utilisais à l'époque désormais lointaine où je vivais ma vie de guerrier noble elfique. L'époque révolue où j'étais prince d'un puissant royaume. Je poursuivais cependant.

"...Mais bon... là n'est pas le sujet, nous nous égarons. Vous, vous dîtes que vous êtes venue vérifier certains échos? Si ce n'est pas indiscrets... Quels sont-ils? Valent-ils vraiment la peine que vous vous déplaciez si loin hors d'Evanya pour venir vous aventurer sur ces terres pleines de vampires?"

A ces derniers mots, je frémis.

"Ce n'est guère prudent non plus. Mais pardonnez moi, je suis trop bavard !"

Je rigolais alors de bon cœur, l'air gêné puis rougissant un peu, j'ajoutais.

"Une dernière chose si je puis me permettre... Je vous trouve vraiment plus que désirable. Votre beauté exalte mon cœur et je me demandais si vous me feriez l'honneur de m'accorder votre prénom?"

Je faisais l'elfe timide, regardant à présent mes pieds, comme un enfant le ferait.

*Diverti nous, oui... Di-ver-ti nous.... HAHAHAHAHAHA ! *

La bête s'exprimait dans ma tête. ce jeu me plaisait hautement. quelle allait être la suite?

Alors qu’elle écoutait attentivement ses paroles, les absorbant par tout les pores de sa peau, patiente sous la beauté blafarde d’un astre entre deux monde, l’odeur lourde dégageait par le lac s’infiltrait silencieusement dans on esprit, autant que dans ses narines. Enivrant, chargé en fer et en couleur, le pourpre du lac avait tout d’une drogue, du moins pour la demoiselle, qui inspirait, à chaque souffle, le précieux parfum se dégageant de l’étendue sanguine. Ces volutes ajoutaient à son âme ces doutes, ces voiles qui masquent parfois les yeux, en un film léger qui transforme la vision du monde d’un individu. Même si elle ne le montrait pas, que sur son visage de plâtre, aucun signe ne montrait que, dans ses veines, dans ses artères, le liquide rouge n’arrêtait pas de battre, de frapper les parois des tuyaux qui la maintenaient en vie, et sur sa nuque, au rythme des pulsations, un léger contraste augmentait l’ombre dans le creux de sa clavicule. Ce n’était pas de la peur… Ni de la haine… C’était de la jubilation. Cette scène, ce jeu l’amusait énormément. Même si quelque chose lui faisait croire que quelque part, une chose ne sonnait pas normalement. Qu’il y avait, caché sous une épaisse couche noircis un élément qu’elle ignorait, et qui pourrait causer sa perte. Mais, loin de faire attention à ce ‘’détail’’, elle l’ignorait, le mettait de côté. Car, si elle prenait attention à lui, elle ne pourrait pas profiter de cette scène de la même façon. Lïlith désirait poursuivre cet échange, et avait choisis pertinemment ses mots, pour être sûre qu’il lui réponde, qu’il s’interroge, et qu’ils continuent ainsi de parler, pour qu’elle finisse par trouver ce secret.

Cet elfe était fascinant… Si elfe il était. Une sorte de doute avait pris forme dans son esprit, et lui laissait penser que, derrière ce visage pure et angélique, cette attitude sage et séduisante se cachait peut-être quelque chose de plus sombre, qu’elle ne savait discerner. L’elfe continuait de le dévisager, plantant ses yeux de feu dans ceux de glace de son interlocuteur. Elle avait détendue sa posture, respirant lentement et calmement.

Toujours fixée à son visage sylvestre, elle l’observa ouvrir les lèvre, après avoir remarqué son regard baladeur. A cet instant, elle avorta un sourire malicieux, n’en laissant pas une trace, amusée par cet effet involontaire. Les hommes étaient ainsi hagards… Il commença alors à parler pour lui répondre le plus gentiment du monde, rangeant son arme dans son dos. Cependant, quelque chose dans ses yeux avait changée. Un sentiment étrange qui s’était glissé son regard de verre, relevant légèrement ses sourcils dans un geste amical. C’était étrange à définir, de la compassion certainement… Une vague incandescente déferla dans le tourbillon de ses yeux, alors qu’un léger rictus secoua nerveusement le coin de sa bouche pendant quelques secondes. Son amour propre l’avait toujours défendu contre ces sentiments de pitié, qu’elle repoussait violemment de la main. Elle estimait que, bien qu’elle ne descende que d’une noblesse assez pâle, elle on ne lui devait pas de pitié, et tenter de lui montrer un sentiment équivalent avait sur elle quelque chose de piquant. Même si elle savait pertinemment que ce seigneur l’ignorait, elle ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine rancœur, se bloquant légèrement, enivrant son arrogance, déjà grisée par l’odeur du lac.

Après lui avoir expliqué avec beaucoup de prestance aidé de quelques mots respectueux les raisons de sa présence ici, il ressortit son arme, qu’il présenta fièrement, en expliquant l’originalité. Il était vrai que cet arme avait beaucoup de charme, et les yeux intrigués de la demoiselle redoublèrent de curiosité à sa vue, attisant sa convoitise par l’appel de l’or blanc. Le métal brillant était magnifiquement travaillé, et semblait ensorcelé d’une bien belle manière. Il était évident que celle-ci n’était pas un outil anodin, et qu’elle possédait des pouvoirs insoupçonnables, outre la finesse de la lame, et sa brillance irréelle. Brutalement, la rousse releva les yeux vers son possesseur, le regard soudain grave, profitant qu’il regarde sa lance. Si ils venait à s’affronter, elle ne ferait pas long feu… Mieux valait continuer d’agir prudemment, si la fougueuse ne voulait pas finir gisant tristement sur le sol rouge de son sang. Admirative de la beauté de son artefact, Lïlith continua d’écouter ce qu’il lui disait sans broncher, sagement, récupérant précieusement chaque mot dans le creux de ses longues oreilles, après qu’il eut fièrement reposer son arme dans son dos. Cette personne l’intriguait encore plus… Elle avait de plus en plus envie de connaitre qui il était vraiment, si il était réellement un noble guerrier elfique, ou beaucoup plus que cela…

"...Mais bon... là n'est pas le sujet, nous nous égarons. Vous, vous dîtes que vous êtes venue vérifier certains échos? Si ce n'est pas indiscrets... Quels sont-ils? Valent-ils vraiment la peine que vous vous déplaciez si loin hors d'Evanya pour venir vous aventurer sur ces terres pleines de vampires?"

D’un geste habile, elle glissa sa main derrière son dos, saisissant son coude, en gardant le menton légèrement relevé, refusant de laisser sa fierté sur le côté, assumant tout ce qu’elle était du haut de sa rousseur. Cette question le lui semblait pas indiscrète… Mais curieuse. Son attitude lui était de plus en plus suspecte, et elle était de plus en plus titillée dans son désir de réponse. Plus il parlait, plus les réponses, les phrases qu’il prononçait étaient insuffisante pour elle, elle en voulait encore, pour comprendre ce qui animait sa parole. Il avait réussit à animer en elle le feu de la curiosité, qu’elle pensait brûler également en lui, du moins, suffisamment pour que la conversation se maintienne. Gardant un sourire amical, elle remettait les gains sur table, prête pour un tour de plus, la brise agitant le feu glacé de sa crinière, et l’or fin qui constituait les mèches de l’elfe en fasse d’elle, qui tremblait doucement sous la bourrasque. Cependant, avant qu’elle ne lui réponde, il enchaîna :

‘’Ce n'est guère prudent non plus. Mais pardonnez moi, je suis trop bavard ! ‘’

Il était vrai qu’il parlait beaucoup. Il se mit à rire de bon cœur, alors que le sourire de la demoiselle s’agrandit un peu. Elle n’avait pas l’habitude de converser grandement, et n’étais d’ailleurs peu douée pour les grands discours. Se retrouver dans cette situation était encore plus excitant. Ainsi entourée de parole, elle avait, secondes passant, de plus en plus de mal à réfléchir… Cependant, l’elfe refusait de se laissait charmer, et lutter avec son attention pour ne pas endormir sa garde. Sa méfiance n’avait pas ternie, loin de là… Cet homme avait toujours quelque chose à cacher. Elle devait savoir quoi. Et, à la seconde ou elle abandonnerais son attention, elle aurait perdue la partie, c’était évident. Ses pensées s’entrechoquaient, sous le poids des interrogations et des hypothèses que lui proposait son cerveau. La manière dont il parlait des vampires était étrange… « Ces terres pleines de vampires… Ce n’est guère prudent… »… Pourquoi parler ainsi quand il serait logiquement soumis au même danger ? * C’est homme est de plus en plus troublant… * Pensa-t-elle alors. La rousse semblait se perdre sur son visage, dans ses yeux translucides qu’elle n’avait toujours pas quitté, même si leur force était piquante, que leur intensité brûlante avait le même effet qu’une lame acérée, que la demoiselle s’efforçait de défier, comme le voulait son caractère provocateur, se délectant de couardise. L’eau rougeoyante de l’étendue pourpre renvoyait toujours l’image renversée de la lune ancestrale, alors qu’une légère brume émanait de l’onde endormie.

Cependant, quelques secondes plus tard, une couleur sanguine, recouvrant tel un voile, glissa sur les pommettes blanche de craie de l’homme devant elle, qui eut soudain l’air gêné, regardant à ses pieds, devant la demoiselle qui le regarda, ses yeux cuivré se neutralisant soudain, retrouvant un calme blasé, diminuant légèrement en éclat. Elle ne comprenait pas vraiment se comportement pour ne jamais l’avoir observé, et, sans savoir comment réagir, elle préférait restait comme elle l’avait toujours été. Le seigneur ne tarda pas à parler de nouveau, expliquant les raison de son geste, l’ombre des bras squelettiques des bois s’imposant sur la silhouette pure de la neige.

"Une dernière chose si je puis me permettre... Je vous trouve vraiment plus que désirable. Votre beauté exalte mon cœur et je me demandais si vous me feriez l'honneur de m'accorder votre prénom?"

A l’écoute de cette affirmation, elle haussa les sourcils d’étonnement, surprise par la nature de cette question. Ses yeux s’écarquillèrent de nouveaux, la petite bille noire au milieu de son œil prenant à nouveau la même ampleur. On ne l’avait jamais traité avec autant de manières, et, aussi chevalières soient-elles, sa méfiance se renforça un peu. Comme il l’avait jadis souligné, ils étaient en Màvreah, le territoire des vampires, des buveurs de sang sanguinaires. Faire la court en un tel endroit était pour le moins suspect aux yeux de la demoiselle, qui commençait à voir son point de vue évoluer vers une tout autre idée… Cependant, les prémices de l’étrange passées, elle se sentit flattée par une demande de cette sorte, et par la manière dont elle était formulée. Réchauffant son arrogance, elle sourit spontanément, ses yeux noircis éclairés d’orgueils, alors qu’elle reposait ses mains sur ses hanches. L’ombre sur sa nuque recommença son jeu de contraste, alors que son cœur battait plus vite. Détournant les yeux, elle n’osa s’avouer que quelque part, la réciproque était de mise, et la tournure de choses devenait bien étrange dans un tel cadre… C’est à ce moment que Lïlith commença a sentir que le jeu commençait à devenir dangereux, et que le moment était venu pour elle d’abattre ses cartes avec prudence…

La demoiselle se retourna soudain vers le lac, portant sur l’onde rouge ses yeux, dans un geste désinvolte. La vue grisante du rouge commençait à la calmer, et lui permit de voir plus claire. Ce qu’elle venait de faire était peut-être l’acte le plus inconsidéré de sa vie. Ainsi retournée, il pouvait la tuer facilement… Elle ne l’ignorait pas. Et, peut-être même, elle avait agit volontairement, souhaitant pousser le danger un peu plus haut, augmentant le niveau du jeu, agissant de manière inconsidéré pour observer la situation différemment. C’était peut-être la dernière action qu’elle entreprendrait en ce bas monde, mais elle le faisait avec fierté, dépassant les limites de la scènes, mettant à présent sa vie sur la table. Son cœur battait de plus bel, de peur, mais aussi d’excitation. La rousse avait hâte de savoir ce qui allait se passer, de voir comment tout cela allait tourner, se placer ainsi changeant son point de vue, et la donne. Elle avait adoptait une position décontractée, laissant ses mains sur le côté, gardant néanmoins le dos droit, et le buste haut, par soucis de fierté. Le cuivre de ses yeux balançant sur l’onde pourpre agitait de petites vaguelettes, les pieds ayant quitté la neige pure pour les galets de la rive, elle entre ouvrit la bouche pour laisser entre sa voix sylvestre une nouvelle fois, s’empêchant de croiser la finesse d’albâtre du visage elfique qu’elle venait de quitter.

‘’ Les échos que je devais vérifier concernait ce lac. On m’a rapporté un jour qu’il existait ici un lac aussi rouge que le… Le sang.’’

Elle prononça le dernier mot après avoir déglutit, savourant intérieurement l’image attirante du liquide rouge qu’elle avait tant de fois vu couler le long de ses paumes. C’était une attirance malsaine qu’elle avait pour le sanguin nectar, mais elle ne pouvait s’empêcher de l’admirer. Après avoir respirer une fois de plus l’air lourd de fer, elle reprit :

‘’ J’ai donc entrepris le périple qui m’a mené ici, me permettant de vérifier ceci par moi-même. Je n’affectionne pas particulièrement Evanya, la quitter ne me fais aucun tort, et je voulais à tout prix connaître la vérité sur cette endroit… Même si pour cela, mon chemin m'impose de traverser cette région, et de faire une rencontre fatal ...’’

Piètre menteuse, n’est-ce pas … En prononçant ses mots, elle ne pu s’empêcher de cacher dans sa voix une certaine crainte, comme un léger tremblement, moins perceptible, toutefois, d’exaltation. Gorgeant ses yeux de rouge, elle retourna finalement son visage, sans pour autant donner ses yeux, vers l’elfe avec qui elle parlait, retrouvant sur son visage la pointe d’arrogance, s’alliant inévitablement à la rousseur de ses cheveux, brillant sous la lune.

‘’Mais qui êtes vous pour me demander mon nom ? ‘’ Dit elle simplement, renvoyant la question, avec une pointe de malice.

Une fois qu’elle eut prononcé ces paroles, Lïlith sentit de nouveau monter en elle une vague de jubilation. Elle ignorait qui il était, et si quand bien même le séduisant homme avait bougé, et ne préparait pas sa lame pour la pourfendre derrière elle. Le silence qu’elle écoutait soudain était tendue dans l’esprit de la demoiselle, dont la tension devenait presque palpable à mesure qu’elle jouait avec le danger… Sa pupille tremblante, elle regardait le sol, attendant une réponse, toujours grisée par cette curiosité intense… Son envie de réponses n’était toujours pas assouvie…

J'avais observé tous ses faits et gestes et analysé le moindre d'entre eux pendant que je lui avait parlé. Elle me fascinait. Elle était bien différente des deux vampires que j'avais rencontré quelques jours plus tôt : Alyce Gal'Ann et Mary Spring. Cette fascination était bien différente de celle que m'avait procurée ces deux Damoiselles, et tout autre encore que celle que me procurait Argawaen et Teranix. Je ne savais trop que faire. J'avais envie de la mordre, de la toucher, de la tuer, de jouer avec elle, de la transformer, de la découvrir, de la décapiter, la séduire, et plein d'autres sentiments tout aussi contradictoires.

Je laissais de côté ces pensées inutilement encombrantes pour me délecter de mon "hôte", si tant est que j'eusse pu ainsi dire... Mes derniers mots semblèrent avoir fait mouche. Non... Peut être m'emportais-je encore. Ses yeux semblèrent s'écarquiller et je notais alors une irrégularité dans son rythme cardiaque, puis une lueur étrange sembla briller dans ses yeux. Etait-ce de la fierté, de l'arrogance, de la vanité? J'aurais été incapable de vous le dire. Un sourire se colla sur son visage, elle remit les mains sur ses hanches et son pouls augmenta tandis qu'elle détournait les yeux. J'avais fait mouche ! Il n'y avait là plus aucun doute possible. Cependant, il ne fallait pas crier victoire trop vite. Elle n'avait certainement pas joué ses cartes majeures. N'oublions pas qu'elle avait l'odeur du sang. Ce n'était pas une elfe comme les autres. Peut être était-elle une guerrière basique, ou peut être une névrosée sanguinaire. Peut être qu'elle était venu ici en quête de sensation forte... Que voulait-elle vraiment? Pourquoi le destin avait-il croisé nos routes? Tout un tas de questions qui me traversaient la tête.

Elle se tourna vers le lac. Cette action me surprit grandement. Quelle était cette stratégie? Etait-ce la confiance ou un excès de zèle? N'avait-elle plus peur de moi? Non, peut être de la timidité lié aux paroles courtoises que j'avais proférés à son attention ? J'étais décontenancé. Un petit rictus sadique se dessina sur mon visage. J'entrepris d'avancer vers elle, mais je me ravisais. Ma curiosité était trop grande et n'avait pas encore été comblée. Je devais attendre encore un peu, jouer encore un peu. Je sentais de nouveau de la peur en elle, mais aussi un autre sentiment. De l'exaltation ! Elle était excitée par cette scène? Quelle étrange créature. Que me préparait-elle? Un instant, un doute grotesque s'empara de moi. Et si c'était elle qui menait la danse ? Et si je m'était fait piéger comme l'avait fait Dame Gal'Ann ? Je failli éclater de rire. Décidément, ces derniers jours étaient bien riches en rebondissements et rencontres fortement intéressantes.

Elle avait l'air plus décontractée. Elle s'était avancée vers le lac comme si elle ne se souciait plus de moi, mais de cette étendue faussement sanguine devant nous. Elle était désormais sur les rivages du lac, ayant quitté la neige pour les galets mouillés par les va et vient des vagues venant chatouiller le dit rivage. Je la suivais donc et m'arrêtais à la même distance qu'auparavant. J'hésitais. Devais-je la tuer maintenant? La bête en moi semblait sur le point de se réveiller, surpassant ma curiosité, mais sa douce voix sylvestre brisa la quiétude nocturne, sans qu'elle ne se retourne vers moi.


‘’ Les échos que je devais vérifier concernait ce lac. On m’a rapporté un jour qu’il existait ici un lac aussi rouge que le… Le sang.’’

Elle avait déglutit à la prononciation du mot "Sang", j'avais pu l'entendre d'ici. Ainsi, elle était fascinée par le sang... Il n'y avait pas de doute possible. Je lisais en elle. Peut être pas clairement, mais je pouvais y déchiffrer quelques mots... Elle me fascinait encore plus. Une elfe sanguinaire, voilà de quoi me divertir pour une longue période.Cependant, je voulais la taquiner encore un peu histoire de vérifier mes pensées. Je savais ce que je voulais désormais, mais ce qui me retenait, c'était le fait de vouloir savoir ce qu'elle attendait, elle. J'évaluais alors la distance nous séparant. Elle était à portée de lance. Je pouvais la transpercer d'ici.


‘’ J’ai donc entrepris le périple qui m’a mené ici, me permettant de vérifier ceci par moi-même. Je n’affectionne pas particulièrement Evanya, la quitter ne me fais aucun tort, et je voulais à tout prix connaître la vérité sur cette endroit… Même si pour cela, mon chemin m'impose de traverser cette région, et de faire une rencontre fatale ...’’

Elle n'affectionnait pas son pays elfique? Encore une chose qui me surprenait. Elle avait vraiment tout pour me plaire cette petite. Il y aurait forcement quelque chose qui se passerait ce soir là, j'en étais persuadé. L'un de nous en sortirait changé à tout jamais, peut être même les deux. Elle avait tourné le visage vers moi, mais elle ne me regardait pas. Je m'en assurais d'abord, puis une fois sûr, je sortis ma lance et fit un pas vers elle. Une rencontre fatal avait-elle dit? Voilà qui était joliment dit. Elle ne semblait pas si sûre d'elle à cet instant précis, elle qui prétendait y être préparée. J'allais vérifier ses dires.



D'un geste vif et précis, je plaçais alors la pointe de ma lame argentée contre sa nuque, de manière à ne pas la blesser, mais avec juste assez de pression pour lui oter toute envie de rebellion et lui montrer qu'elle était à ma merci. Je restais ainsi quelques secondes puis pris la parole.

"Je dirai simplement que je suis une personne qui sait qu'il n'ai pas bon de tourner le dos à un inconnu en terre inconnue. Je ne sais pas à quel jeu vous jouez, mais ne me sous estimez pas chère elfe ou qui que vous soyez d'autre Atsarûth Amarthlossë ne saurait tolérer quelquonque affront que ce soit."

Ma voix avait sonnée aussi glaciale que le temps qui nous faisait l'honneur de sa froide présence. Je baissais ma lame tout en feignant rester sur mes gardes.

"Quelles sont vont réelles motivations? Etes-vous ici pour rencontrer des vampires? Je ne crois pas que vous soyez venue seulement pour voir ce lac. Il ne mérite pas la mort. Quelle est votre véritable but? Désirez vous devenir une... Une vampire?!"

J'avais prononcé ces mots avec une pointe de dégout, de peur et de curiosité. J'adjoignis à mes paroles un geste. J'avais reculé d'un petit bond en arrière et m'étais mis en position de combat, l'air terrifié. Il n'en était rien mais là était mon jeu et elle venait de m'ouvrir des portes qu'elle ne soupçonnait même pas.

CROAAAA ! CROAAAA ! CROA CROA !

Des corbeaux approchaient. Trois ! Quelque chose se passait, quelque chose d'important, mais je n'avais cure de cela. Seule la situation actuelle me préoccupait et comme s'ils avaient lu en moi, les corbeaux se posèrent sur une branche et nous observèrent en silence, se fondant dans la pénombre nocturne forestière.

*HAHAHAH ! Que vas-tu faire à présent Atsarûth ? Vas-tu continuer ce jeu ou te décider à me laisser la place? Moi Astharoth de Bellcross, je t'offirai un spectacle somptueux qui te satisfaira pour la semaine entière, non ! Pour le mois entier ! MOUHAHAHAHAHAHAHAH ! MOUHAHAHAHAHAHAHAHA !

La bête se faisait de plus en plus présente.

Le contact avec le métal froid la ramenait cruellement à la réalité. Alors que son regard brûlant se perdait dans le lac, comme l'aurait fait un spectre irréel et dévorant, elle sentit la légère pression de la lame posée sur sa nuque, à même sa peau, assez éloigné, cependant, pour qu'aucun filet de sang ne coule, et que ce cuir corporel reste parfaitement étanche. Ce geste la remit à sa place, étrangement. La rousse sembla comprendre la stupidité de son acte au moment même ou se posa sur son cou la pointe de la lance, qui, en quelques secondes, aurait pu lui ôter la vie, aussi facilement qu’on arrachait un bandage d’une blessure, ou un pétale d’une fleure, aussi pure et délicate soit-elle. Un frisson exquis parcourut la peau de la l’elfe, ressentant le plaisir glacé de ce contact avec la mort. * je suis stupide… Je ne devrais pas faire ça…*. Elle devait agir différemment, ce jeu prenait une tournure malsaine, qu’elle appréciait moins depuis quelques minutes… Mais cette sensation avec le métal… Si elle s’appuyait un peu plus… Il fallait qu’elle reprenne la main, qu’elle renoue le lien visuel, pour maintenir son espérance de vie…

Cependant, cette situation restait amusante pour la rouquine… Elle ressentait toujours ce même engouement, cette même euphorie de l’inconnu. Son envie, son désir de réponse, de contact, de parole se ravivait et s’enflammait de plus en plus, elle brûlait de plus en plus, alors que ses yeux se perdaient sur la lame. Il fallait qu’elle renverse la situation à son avantage, qu’elle invente, qu’elle se ressaisisse pour manipuler à nouveau la conversation. Alors qu’elle poussait une profonde respiration, elle passa, amusée, sa main contre la lame de son poignard, mais jugea qu’il était bien trop tôt pour s’en servir. Le moment n’était pas venu pour lancer un combat, surtout avec ce combattant, et il ne viendrait peut-être jamais… Une chose était certaine, il lui avait coupé toute possibilité d’action, et elle était dans une position de soumission. Il avait réussis à la convaincre de ne pas tenter une action dérisoire… Même si elle restait convaincue qu’elle n’aurait eut aucun mal à désarmer cette attaque… Elle se contenta de garder les yeux dans le vague, dressant les oreilles pour mieux entendre.

"Je dirai simplement que je suis une personne qui sait qu'il n'ai pas bon de tourner le dos à un inconnu en terre inconnue. Je ne sais pas à quel jeu vous jouez, mais ne me sous estimez pas chère elfe ou qui que vous soyez d'autre Atsarûth Amarthlossë ne saurait tolérer quelconque affront que ce soit."

Atsarûth Amarthlossë… Ce nom était, du moins sonné parfaitement elfique… Ce qui le sonnait moins, par contre était son attitude… Alors qu’un sourire fébrile s’affichait sur son visage, elle s’interrogea un peu plus sur le nom. Un double A… Le duo, le reflet, le miroir des lettres, toujours un symbole de luxe… Ce nom semblait lui aussi porteur d’une grande noblesse, comme le blason d’une grande famille, dont la descendance devait être riche, et les enfants beaux et biens portant… La manière de parler, également, était représentative de cette arrogante noblesse qui transpirait presque par tout les creux de sa peau. Parler de soit à la troisième personne… Même si il avait l’air innocent, il portait tout de même la force d’un grand de ce monde… Mais, bizarrement, ce nom ne lui disait rien. Alors qu’elle levait les yeux dans sa direction, elle entraperçut dans son regard de glace une pointe d’orgueil, embrasant un peu plus le sien. Cette arrogance, pourtant, était loin d’être rebutante, et elle n’en était que plus exaltée, plus fascinée encore.

D’un geste vif, il reprit sa lance vers lui, restant tout de même sur ses gardes. C’était une attitude sage. Mais elle trouvait cela étrange, pour un elfe. Elle avait eut l’habitude de les connaître sage, imbus de leur personne. Et pourtant, celui-ci défier une fois de plus la masse du beau peuple. Cette méfiance étai normal, et le fait qu’elle ait agis ainsi était évidement un signe de folie. Son intrigue était parfaitement légitime. Seulement, cet emportement là était étonnent. Les elfes, surtout les nobles, savaient l’art du contenu, et de la maîtrise de soit. Encore quelque chose d’étrange… Décidément, elle avait fait une rencontre des plus intrigantes… Et elle sentait que, d’une façon ou d’une autre, elle aurait un impact sur sa vie.

"Quelles sont vont réelles motivations? Etes-vous ici pour rencontrer des vampires? Je ne crois pas que vous soyez venue seulement pour voir ce lac. Il ne mérite pas la mort. Quelle est votre véritable but? Désirez vous devenir une... Une vampire?!"

Il avait prononcé ces mots avec un mélange de sentiments, allant du dégoût pointu à la vive curiosité. Un autre sourire s’afficha, plus innocent cette fois, sur la figure de la brûlante. Nath’anaëlle était parfaitement charmée par la situation. Cette question, cette attitude l’amusait encore plus, et elle rit même, d’un léger rire franc, alors que le reste de son corps brûlait par d’une euphorie malsaine… Ses vrais motivations? Les savait-elle vraiment? * Pourquoi suis-je venue…?* Se dit-elle, en regardant le ciel étoilé, éclairait d’une lueur, chargée du mirage de la neige qu’il déverserait le lendemain. Rencontrer des vampires?… Peut-être bien. Mais de là à en devenir une… Peut-être pas. Le lac ne mérite pas la mort… Cette formulation était étonnante, comme si il la prévoyait. Elle ne discernait pas pourtant pas dans quel but. Enfin, là n’était pas la question. Il était évident, l’onde aérienne balayant ses cheveux, caressant sa beau de sable, qu’elle ne le désirait pas, même si l’hypothèse, bercée au fond de son cœur, ne lui déplaisait pas. Seulement, elle avait l’impression qu’elle n’avait pas encore vécu sa vie d’elfe assez longtemps… Mais la vie d’un vampire présentait tellement d’avantage… Non, elle ne savait pas quoi penser.

Soudain, l’idée d’un nouveau jeu malsain lui vain à l’esprit. Une idée noire qui germait dans sa tête, petite graine de folie dont les bourgeons, plus vifs, de plus en plus rayonnant, prenaient formes. Elle avait décidé de la suite des choses, et revêtit alors le plus habile des vêtements d’actrice. Comme si elle l’avait toujours fait, elle avait choisie de mentir. Le visage haut, la posture élégante, elle se retourna lentement, pour lui faire face à nouveau, le fixant de sa sylvestre figure. Il était intrigant, et ce jeu lui plaisait de plus en plus. Elle du bien avoué que cet air de crainte lui donnait un certain charme, et pâmait un peu trop son arrogance. Rapidement elle se ressaisit pour tenter de garder le contrôle qu’elle pensait avoir sur la situation.

‘’ Devenir une vampire, n’est-ce pas? Dit elle sur un ton calme, presque serein. Pourquoi pas… J’avoues que cela ne me déplairait pas…’’

Elle ne brisait pas le contact visuel qu’elle avait instauré. Hésitante elle-même entre sincérité et mensonge, elle se confondait dans la situation. Mais elle désirait emmener la conversation sur un autre front. Lentement, elle fit un pas en avant, le plus simplement du monde, avec un visage neutre et innocent, les lèvres légèrement entrouvertes, fixant son visage étrangement angélique encadré de mèche doré.

‘’ Mais vous m’avez donné votre nom. Je vous dois donc le mien: Lïlith Nath’anaëlle. ’’

Son ton restait toujours neutre, alors qu’elle faisait un pas de plus. Bizarrement, elle n’avait pas peur, ni de cet elfe en position de défense, ni de la lance qu’il pointait dans sa direction. Doucement, une fois qu’elle fut assez proche ,elle tendit une main curieuse, qu’elle posa sur la lame de l’arme qu’il lui présentait. Lïlith affichait à présent un visage fasciné, en fixant le métal glisser sous ses doigts délicats, alors que l’argent lui renvoyait son reflet. Elle avait de plus en plus de doutes concernant son interlocuteur… Alors que son emprunte passait sur une partie aiguisée, elle pensa soudainement à un test, qu’elle refoula immédiatement. Non, elle continuerait de parler calmement, sereinement, comme elle se montrait, brûlant d’innocence, enflammée par l’euphorie grisante du jeu auquel elle jouait. Elle quitta quelques secondes les yeux de la lames pour ceux de son possesseur, ajoutant alors:

‘’ Vous avez vraiment une arme fascinante. Parfaitement intéressante… ’’

L’elfe regarda alors à nouveau sa rousseur dans l’arme, jouant avec son orgueil, s’amusant aussi à chasser le reflet doré de l’homme dans le tranchant de la lance. Elle se délectait de cette scène, s’amusait de ce dialogue. Cet autre était toujours là, devant elle, représentant l‘objet de son attention, et elle sentait, outre le danger qu’elle risquait à tout moment, et qui ne cessait d’agiter son cœur depuis de longues minutes, que cette rencontre avait peut-être quelque chose de crucial. Des corbeaux croassèrent soudainement, non loin de là, assis sur une branche, comme pressentant un événement proche. Cette fois-ci, seul un léger frisson hérissa sa peau, seul signe de son trouble. Cette forêt n’était après tout peu rassurante… L’innocente elfe, sous son caractère arrogant, ne sentait pas sur ses épaules le danger planer…

Fascinée, amusée, le jeu prenait enfin toute son intensité...