Lunéa avait prévu de faire sortir un peu son amie : Enyëlle. Elle aimait beaucoup sa présence, calme, posée, une jeune fille qu’elle avait pris sous son aile et elle en était très fière. Elle n’arretait pas de progresser et de s’investir pour la meute. Puis la petite Louise s’amusait beaucoup avec elle, toujours fourrée dans ses pattes, un peu trop même. Mais au moins elle culpabilisait moins à laisser son enfant quand elle partait en mission pour la meute. Elle la savait entre de bonnes mains.

Ce matin là elle décida de l’amener chasser pour la seconde fois de sa vie lycane. Elle savait cette action peu évidente pour la jeune louve mais il le fallait c’était une chose qu’elle ne pourrait plus ignorer désormais dans ses habitudes de vie. Puis la meute avait besoin d’être ravitailler, il y avait eu un problème avec les provisions d’enfance. Un peu d’aide pour nourrir une meute entière ne serait pas de refus, cette fois ci il fallait viser que les gros gibiers, rien d’autre, c’était important. C’était d’ailleurs pourquoi elle avait choisit la forêt des sanglots. En général elle aurait choisi d’aller dans la forêt des damnés, les animaux s’éloignant le plus possible de la meute mais elle ne voulait pas réveiller de trop gros mauvais souvenirs à l’elfette. Elle devait faire attention à son équilibre intérieur, elle avait déjà vu des loups sombraient très rapidement peu de temps après avoir été mordu. Et celle-ci elle ne voulait pas la perdre, elle s’y était attachée.

Elle avait repérer un gibier, rapide mais bien nourrissant pour les siens, elles devaient être plus malignes que lui. Un défi et dieu sait comme Lunéa les aimait ! Mais le jeu fut de courte durée, un hurlement les détourna de la course, laissant filer l’animal. Elles étaient trop loin maintenant pour le rattraper, quelques secondes et la distance était trop grande… Lunéa n’aimait pas ça du tout, elle fut aussitôt tendue. Il ne fallait pas la déranger dans la chasse, c’était son élément ! Oui c’était bien la louve qui habitait depuis quelques mois près de la meute. Mais assez loin pour la laisser tranquille. Décidément elle était tenace à rester ici seule. Selon Lunéa les loups étaient fait pour vivre en groupe, pas en solitaire. Ce n’était plus possible, elle ne supportait pas toutes ses âmes en perdition et malgré les dires cohérents de son amie, elle voulait allé convaincre cette lycane d’en finir avec cette vie de débauche et lui proposer une place confortable au sein de la meute.

« Enyëlle, écoute-moi bien… Nous allons aller à la rencontre de cette femme mais j’ai peur de t’amener directement dans la gueule du loup. Il ne faut pas que tu prennes de risques inutiles alors si tu vois que la situation dérape je te demande de courir le plus vite possible jusqu’à la meute et d’en alerter directement Arielle. Ne t’en fais pas pour moi je saurais me défendre jusqu'à votre arrivé ! Promets-moi de le faire ! »

Elle lui fit signe de la suivre et s’avança vers le rocher. Les deux louves blanches se postèrent face à la troisième. S’observant mutuellement Lunéa dit enfin :

« Je suis Lunéa Ménulis, subalterne de la meute Nord-Bois. Nous sommes vos voisins, nous venons sans quelconque hostilité. »

« Pourquoi chassez-vous sur mon territoire? La forêt autour est suffisamment étendue pour que vous n'ayez pas besoin de poursuivre MES cerfs, non? »

La négociation n’allait pas être facile, Lunéa se demanda enfin si ceci avait été une bonne idée finalement. Peut importe désormais elles étaient là et un signe de retrait aurait totalement ridiculisé la meute entière. La louve blanche regarda son élève qui ne semblait pas vraiment comprendre la situation. Et c’est son murmure qui donna raison à Lunéa :

« Va falloir m’expliquer tout ça Lunéa… ce principe de territoire car j’y suis perdue. »

Elle lui fit les gros yeux, non pas pour l’engueuler mais pour lui faire comprendre que faire des messes basses à ce moment précis n’étaient vraiment pas adéquat et que la louve rousse aurait pu prendre ça pour un nouvel affront. Elle lui expliquerait tout ceci au clair, mais là l’instant était trop dangereux pour ceci. Lunéa se remis face à la louve et lui dit d’une voix calme et posée, montrant aucun affront ou provocation :

« Nous chassions ce cerf sur nos terres et il nous a conduit ici, je suis désolée, nous laisserons ce cerf en paix pour éviter un quelconque soucis avec vous. » Puis elle ajouta pas si sure que ce soit une bonne idée « Savez vous que la forêt des sanglots appartient tout de même à la meute Nord-Bois ? » Pour concrétiser ses paroles elle envoya dans l’esprit de Dall une image de la meute, plus précisément de son palais où plusieurs lycans ainsi que quelques louveteaux vivaient en harmonie. Elle espérait que ceci ne mette pas plus en colère la louve.

Lunéa fut surprise par le retournement de situation. Ainsi la douceur était une bonne méthode pour calmer les plus grandes colères. Ou du moins pour cette fois. Elle tiqua lorsque la louve rousse traita son amie Enyëlle d’enfant. Certes elle n’était pas une louve depuis bien longtemps mais elle était tout de même à l’âge adulte. Mais la louve blanche ne préféra rien dire pour ne pas envinimer les choses, ça pouvait aller très vite dans ce genre de situation. Elle regarda tout de même sa cadette pour lui faire comprendre qu’elle n’en pensait rien.

L’elfe se lança à la suite de Dall. Lunéa ne mit pas longtemps à réagir et fit de même. Elle apprécia intérieurement l’initiative de son amie, elle n’allait pas passer sa vie à lui demander ce qu’elle devait faire. Elle devait petit à petit se construire son chemin, et Lunéa serait le plus souvent là pour l’ épauler. Elle était vraiment attachée à cette petite, elle avait un bon potentiel pour un jour pouvoir prendre sa succession en temps que subalterne de la meute. Lunéa y pensait depuis peu, tout comme le fait de demander à devenir seconde de la meute. Ainsi elle pourrait permettre à sa jeune élève de se faire une place respectée dans la meute. Mais ceci elle ne lui en parlerait que plus tard, il fallait encore un peu de temps pour que tout ceci soit possible.

Le cerf était déjà bien loin mais les trois louves étaient bien plus rapides, encore quelques minutes et elles le rattraperaient. Puis leur odorat permettait une rapide avancé tout en sachant exactement où le cerf était passé. Il n’aurait que très peu de chance à s’en sortir vivant après tout. Trois louves rien que pour lui, c’était fichu d’avance… Soudain le cerf était à quelques mètres devant eux, surement épuisé par cette course.