Laisser mourir pour pouvoir vivre [Abandon]

Invité

L'air frais lui glissa entre les poils de sa fourrure d'un blanc cassé, rafraichissant délicieusement son cuir et l'ébouriffant à chaque rafales. Le vent portait en lui les odeurs marines et salés que l'océan infinie avait à donner, il en empli les poumons par respirations lentes et savoureuses. Le sel lui piqua le museau et lui assécha la langue tandis qu'il expirait cette air froid et nocturne. Il lui rappelai le village des Hurle Vent, sa côte, ses monts, ses falaises. A chaque respiration, une nouvelle image naissait dans son esprit, comme si la marée refluait des souvenirs qu'il pensait perdu. Ses pattes de louveteau sur le sable humide et froid, les courses effrénées contre le vent marin, les heures à étudier tel ou tel plante afin d'en savoir par cœur les propriétés et préparations.

Masha dont le rire était porté par le vent.

Sirius ouvrit les yeux et une larme s'échappa pour disparaître dans sa fourrure. Il regarda le ciel d'un noir constellé d'étoile qu'aucun nuage ne venait caché. Il sentait la lune dans son dos, mais il ne s'en souciait pas, pas ce soir. Une nouvelle bouffé d'air marin et il revint à la falaise des Hurle Vent, où, face à la mer, Masha et lui avaient parlé de ce lieu.

-Tu ne passe presque pas de temps avec nous à la chasse, comment compte tu t'imposer?
-Je serait chaman, je vivrais un peu à l’écart de tout le monde.
-Ne te cache pas derrière tes excuses, tu sais qu'il faut être fort, mieux que tout le monde.
-Ho... mais je serais fort. Je n'ai pas l'intention de laisser cet imbécile de chef nous laisser couler encore longtemps.
-Tu compte devenir chef?
-Je ne vois pas d'autre solution, personne n'a l'envie de l'être,, pas même lui. Je le provoquerai une fois ma formation accomplie.
-Ça tombe bien, j'ai toujours voulu voir le rocher au clair de lune.
-Et bien nous le verrons ensemble alors.

*Ho Masha... J'y suis au rocher de lune. Il est impressionnant de voir un ciel aussi clair, un air aussi frais, la pleine lune doit y être tellement belle de la haut... Masha...*

Sirius arqua sont dos et poussa un long hurlement qui résonna dans les pierres de la falaise, comme d'autre lycans chantant à l'unisson la douleur de la perte de l'être aimée. Ils avaient voulu voir ce lieu dont tous parlaient, ce lieu où il aurait du affronter le chef, et prendre Masha pour femelle, enfin après toutes ces années.
Mais elle était morte, et Sirius était venu lui rendre hommage, ici, au sommet du rocher de lune, face à l'océan devant lequel ils avaient passé tellement de temps, et pourtant si peu de temps. Il poussa de nouveau un hurlement du plus profond de ses entrailles, du plus profond de son âme. Ce soir, il faisait le deuil de sa bien aimée.

Il sentit une présence derrière lui. Lors des nuits de pleine lune, les plus forts venaient se mesurer aux autres au sommet de cette montagne, mais la lune était à peine croissante ce soir. Il y avait des rumeurs comme quoi de jeunes loups venaient se battre ici les autres nuit, pour imiter leurs ainés, aussi Sirius avait il craint ce genre de situation. Mais le poids de la mort de Masha était devenu trop lourd pour qu'il puisse continuer à l'ignorer.

*Adieu ma douce, puisse la vie que tu m'a offerte être à la mesure de l'amour que je te portais*

-Je ne suis pas la pour me battre, fit il sans se retourner.

Invité

La présence d'un nouveau loup avait été signalée à Arielle par le SST (service de Sécurité de Thaodia) dont elle était la fondatrice. Non-alarmée mais plutôt curieuse, la louve avait décidée de se rendre elle-même au Rocher, ou semblait apparemment se rendre le nouveau venu. Son odeur lui était inconnue, facile à suivre par une personne connaissant bien le terrain... Après tout, ils étaient sur son territoire.

La chef l'observait depuis plusieurs minutes et venait de s'approcher de lui lorsqu'il prit la parole sans se retourner. Sa remarque la fit rire, puisqu'elle s'approchait totalement désarmée. Du moins, sous cette forme qui était la sienne pour le moment.

<< Alors nous sommes deux... Je n'ai jamais aimée me battre. >> Déclara-elle simplement.

La louve resta sur place, décidant de s'asseoir dans l'herbe pour lui montrer qu'elle n'avait en effet pas d'intentions agressives. Elle s'assit en indien et attendit.

Invité

Le lycan se retourna pour voir qui lui parlait ainsi. La voix était posée, sans aucune agressivité ni excitation. Il pensait qu'il aurait eu affaire à quelque jeune au sang chaud, désireux d'en découdre sur ce rocher en cette pourtant magnifique soirée. Il eu la surprise de voir qu'il s'était de loin trompé.

C'était une lycan d'apparence adulte qui se tenait devant lui. Derrière elle, de façon très théâtrale, le croissant de lune jetait sur eux une lumière pâle qui, s'il rendait le pelage de Sirius un peu plus blanc, faisait presque scintiller la chevelure de la femme qui le regardait, impassible. Elle était superbe, mais Sirius n'eut pas le cœur de savourer la beauté de l'instant. Étrangement, il aurait eu l'impression de souiller cette nuit dédiée à Masha en appréciant de tels considérations.
Il regarda la lycan avec un certain soulagement, il n'aurait pas à se battre. Peut être pas.

-C'est assez amusant de voire une créature en Thaodia qui n'aime pas se battre...

Il poussa un soupir et lui fit face, assit lui aussi. Elle était visiblement seule, et n'avait pas vraiment l'air de craindre que de jeunes loups viennent se battre, voir la défier. D'ailleurs, elle n'était plus une jeune fille. Avait elle des choses à faire ici, elle aussi? Il sentit les paroles monter en lui, brutes et sans enrobage, parce qu'il avait été interrompu dans son moment de recueillement intime. Il les laissa sortir avec une certaine dureté, mais surtout de la lassitude.

-Que me voulez vous

Il était revenu quelques jours en Thaodia après avoir sentit le poids de la pensée immonde alourdir son âme et débiliser son esprit. C'était un détour sur son chemin, un moment secret dans sa vie. Il ne pouvait s'empêcher, au travers de cette brume de tristesse, d'en vouloir à la lycan pour son intrusion.

Invité

La jeune femme ne releva pas la froideur dans le ton du lycan. Elle se contentait de sourire d’un air posé, en femme qui sait ce qu’elle fait et quels sont ses droits. Il était sur son territoire, et même si elle n’avait pas d’intentions agressives à son égard, il y avait peu de chances qu’il soit d’un rang égal au siens, donc, selon leurs lois, devait lui témoigner un minimum de respect.

Mais Arielle n’avait pas grandie au sein des loups… Et ne tenait pas à dévoiler son statut comme argument.

« Je ne vous veux rien. Pourquoi êtes-vous à ce point sur la défensive? Et si je puis me permettre, vous êtes bien mal informé sur Thaodia. La meute de laquelle je viens est pacifiste, et nous entretenons de bons rapports commerciaux avec les autres pays, notamment Angaïla et Evanya. »

Observant sa réaction, la louve décroisa les jambes, se leva souplement et regarda à son tour la statue.

« Je vous dérange, peut-être. Nombreux sont ceux qui viennent s’y recueillir, par curiosité, inspiration ou parfois deuil. Cette statue est le symbole des espoirs brisés, celui des hommes et femmes qui voulaient se battre pour un avenir meilleur… Pour la liberté. Ainsi, je vais vous retournez votre question. Vous êtes seul, sans arme apparente. Vous semblez nostalgique et étant donné que je ne reconnais pas votre odeur, vous n’êtes probablement jamais passé ici. Que voulez-vous à cette statue? »

Invité

La femme resta impassible et sûr d'elle, elle était parfaitement à l'aise ici et n'avait visiblement pas peur de Sirius. Non qu'elle en ait eu quelques raison. Il avait franchit la frontière elfiques quelques jours plus tôt, une détermination farouche dans le regard, traverser les terres de Thaodia et gravi cette montagne pour faire son deuil... Il avait tout fait pour éviter la confrontation, et si on lui donnait le choix, il ne la provoquerait pas.

La lycan se révéla être de Nord Bois, étonnante coïncidence. Ou peut être pas. Il connaissait Nord Bois pour y avoir passer une nuit avant son départ pour Evanya, et avait prit connaissance de leur nature paisible. De toutes les meutes qu'il avait rencontré, ils étaient les plus... humains. Mais sans aucun doute, ils étaient des lycans, c'était juste qu'il contrôlaient bien mieux leur société, qu'ils s'imposaient plus de règle et faisaient front à l'hostilité des forêts avec une méthode sophistiqués.
C'était la meute la plus proche, leurs lycans y venaient sans doute plus fréquemment que les autres. Et c'était peut être pour ça qu'elle savait ne rien avoir a craindre.

Elle se leva puis lui demanda, question dont la réponse était évidente, si elle le dérangeait, et ce qui le menait ici. Le chaman eu un soupir et tourna son regard vers l'océan. Il y avait tellement à dire, mais que pouvait il lui dire? Irait il confier une partie de son histoire à une inconnue? En fait, c'était parce que c'était une inconnue que parler était tentant. Il ne la reverrait sans doute jamais, elle oublierait certainement. Mais allait elle comprendre?

-Il y a quelques mois commença t il, ma vie a changé. J'aurai dut mourir, j'ai été... imprudent.

Il marqua une pause douloureuse, l'océan était soudain passé d'onde calme de souvenirs enfouit à un torrent de malaise et d'angoisse. La pensée immonde le tiraillait au plus profond de son âme et il sentit ses yeux s'humidifier. Un loup qui pleure, la belle blague! Mais ce soir, il n'était pas vraiment un loup. Il était juste... Conte-Vent...

-Elle est morte, je suis en vie, conclu t il la voix enroué par le chagrin. Cette nuit... cette nuit, je ne devrait même pas être en vie...

» La folie est la desertion de soi même, il s'agit en fait de s'observer des nuages en pleurant, sans pouvoir agir. [ ABANDON ]
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