Les sentiers de la perdition - abandon -

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Voilà maintenant deux jours que Zykurah tournait en rond dans cette maudite forêt. Son visage d'habitude si décontracté et un fin sourire au lèvre avait laissé place à un masque d'impatience et une bouche figée en une moue boudeuse. Cette myriade d'arbres morts, cette mousse aux odeurs de souffre, ces cris d'animaux plus surnaturels et étranges les uns que les autres avaient d'abord paru un endroit "amusant" pour le jeune homme, de manière à explorer et se mesurer à des créatures insolites. Désormais lassé de ce paysage, cette odeur particulière, cette ambiance macabre lui laissait un goût bien amer dans la bouche et il se félicita d'avoir emporté avec lui des réserves de nourriture. Hélas, celles-ci ne dureraient pas éternellement. Etait-il vraiment condamné à mourir de faim dans cette forêt sordide? De rage, il frappa un grand coup dans un pan de mousse qui chevauchait mollement une racine d'un arbre aux couleurs cendrées, mort... Lui aussi. Il manqua de s'étrangler en apercevant que cette soit-disant mousse se révélait être une... chenille? Zykurah haussa les épaules, souffla de dépit, puis emboîta le pas à ce qui lui semblait être un sentir pour la énième fois, au bord d'une crise hystérique tant la colère bouillonnait en lui.
Lui, qui avait escroqué des brigands renommés, avaient échappé aux chasseurs de tête, parcourait le monde sans soucis depuis maintenant quelques mois, et même survécu à l'abandon de ses parents dans ce milieu brutal et impitoyable. Condamné à mourir pour s'être perdu dans une forêt? C'était tout simplement stupide. Le vagabond commençait à avoir chaud, de plus. Depuis quelques jours, il avait croisé plusieurs élémentaires de feu, et leur seule présence avait suffit à modifier la température de quelques degrés en l'espace de quelques heures! Il tira sur les peaux de bêtes et cuirs qui constituaient ses vêtements, tous de teintes marrons, parfaits pour se fondre dans un environnement naturel, de manière à aérer son corps trempé de sueur. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux, lesquels pendaient en bataille aux côtés de son visage. Puis il saisit sa dague qu'il cachait astucieusement dans sa botte droite, pour découper la liane qu'il avait nouée à son sac de voyage pour le transporter plus facilement. Le bagage s'écrasa sur le sol, soulevant un amas de poussière qui vint agresser les narines du jeune orphelin, le faisant tousser, l'obligeant à fermer les yeux pour ne point les voir rougir. Il s'assit à même le sol, résigné à passer une nuit de plus dans cet endroit qu'il trouvait de plus en plus incommode.
Fouillant dans son sac, il parvint à trouver un peu de pain, dur comme du bois, qu'il commença à mâchouiller pour apaiser les crampes qui lui tordaient l'estomac depuis maintenant... Il ne savait même pas s'il faisait jour ou nuit. Ici, tout était toujours sombre. L'alternance jour et nuit n'était pas assez ponctuée pour qu'il distingue un quelconque changement. Après avoir avalé sa maigre pitance, il prit la résolution de monter un petit abris. Pour cela, il devait se mettre en route pour trouver quelques branches suffisamment épaisses et des pierres, afin de monter une hutte de fortune servant à s'y lover, l'espace d'un somme.
Se levant brusquement, il fit quelques pas avant de trébucher pitoyablement sur une bande de mousse, une fois de plus. Jurant comme un diable, il arma son pied droit pour châtier cet amas inerte. Au moment de l'impact, cette "mousse" qui n'était autre qu'un Tervroker s'attacha à sa botte à l'aide de ses tentacules, planta des sortes de pince dans le cuir souple.
Pris de panique, Zykurah se mit à gémir tout en frappant de son autre pied l'extrémité de l'abominable bestiole qui gagnait du terrain sur sa botte. Il la retira finalement, profitant d'un moment d'inattention de la créature. Malheureusement, son adversaire semblait plus intéressé par sa jambe à moitié dénudée désormais plutôt que par un morceau de cuir qui n'avait pas l'air si appétissant. Reculant à quatre pattes alors que le tervroker approchait, le jeune homme se prit la main gauche dans une racine d'arbre, qui lui tordit affreusement le poignet. Hurlant de douleur, il chercha de son autre main sa dague... Qui était bien entendu dans la botte qu'il avait enlevée, à quelques mètres de là. Décidé à lutter, il jura avant de frapper avec sa botte restante l'animal, qui plus attentif cette fois, s'écarta de la trajectoire de son pied pour enfoncer des pinces acérées dans sa cuisse, mettant le vagabond malchanceux au supplice. Malgré des efforts acharnés, le Tervroker gagnait inlassablement du terrain, et bientôt son corps de deux mètres submergeait Zykurah, l'immobilisant avec ses tentacules. Ce dernier, le visage crispé, crut bien que sa dernière heure avait sonné...

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Derek et son nouveau compagnon de route, le nain ruthven marchaient en direction de Thaodia tranquillement. L'un avait pour but de récolter des objets rares dont il avait entendu parler de l’existence à Thaodia tandis que l'autre était toujours à la recherche de sa meute en Hurle-Vent. Depuis l'épisode de la mine, les deux jeunes compèrent avaient effectuer une longue et douloureuse marche pour arriver jusqu'ici, heureusement pour Derek, Ruthven avait beaucoup plus le sens de l'orientation que lui. Il se disait finalement qu'il n'aurai pas du sécher les cours de géographie. Après quelques jours de marche, ils arrivèrent dans un endroit très obscure. Soudain, Derek eut un déclic, il reconnu parfaitement l'endroit car c'est ici même qu'il s'est réveillé le lendemain de sa fuite. Une explosion de joie commença à s'emparer de Derek, il savait qu'il n'était à présent plus loin de sa meute. Il s'imaginait déjà retrouver sa famille et les serrer très fort dans ses bras. Après quelques minutes de rêve, il reprit ses esprits et continua de marcher avec un rythme assez soutenu que lui imposé le petit homme à ses côtés. Tout était plus ou moins comme dans ses souvenirs mais il ne prit pas le risque de se perdre à nouveau et laissa encore à Ruthven de prendre les initiatives.

La faim commençait à se faire sentir, ils décidèrent donc de s'arrêter pour manger. Derek devait se charger d'aller chasser le gibier pendant que Ruthven s'occupait de couper du bois afin de faire un feu. En quelques coups de hache, grâce à sa forme phénoménale, Ruthven coupa un arbre en deux et commença à faire un feu. Derek savait qu'il ne devait pas traîner, son ami nain avait l'air d'avoir vraiment faim. Il partit donc à la chasse, il traversa de nombres arbres et beaucoup de feuillages pour enfin trouver une créature comestible d'environ 100k, c'était sa plus grosse trouvaille. En quelques secondes, Derek se transforma en loup et attaqua férocement le gibier. Mais, ce-derniers était plus coriace qu'il avait prévu, il repoussa Derek grâce ses défenses et commença à charger sur lui. La vitesse de la créature était monstrueuse, mais par chance, il réussi à se dégager et de mordre de plein fouet la bestiole. Derek était très fière de lui et avait hâte de montrer sa trouvaille à son ami.

Sur le chemin du retour, Derek entendit quelque chose se passer non loin de lui. Il savait que si il commençait à traîner en route, Ruthven n'allait pas être très content. Mais sa curiosité prit le dessus, il déposa le gibier près d'un arbre, le sentit un bon coup pour le retrouver après grâce à son odorat et partit voir ce qu'il se tramait. Il traversa des arbres pour suivre le bruit et enfin, il arriva devant le lieu d'action. Il vit un humain et un Tervroker accroché à lui. Il avait l'air en très mauvaise posture ! Sans savoir ce qu'il faisait, Derek se transforma en loup et hurla de toutes ses forces pour indiquer sa position à Ruthven. Mais, il ne fallait pas attendre, il prit l'initiative d'attaquer et compta sur son amis pour qu'il lui vienne en aide...

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Ce fût après une longue et difficile expédition que Derek et Ruthven décidèrent de faire une halte à proximité d’une forêt connu sous le nom de « Forêt des Sanglots ». A l’approche de cette étrange lieu, le nain pu lire dans les yeux du lycan un mélange de nervosité et de joie, peut être connaissait-il ce lieu … A cour de vivres, Ruthven s’empressa d’établir les tâches dont devaient se préoccuper les deux acolytes : Le nain devait s’occuper de rassembler assez de bois de par sa carrure et sa force, quant au lycan, du gibier grâce à son incroyable dextérité. Aussitôt dit, aussitôt fait, Derek se précipita vers les fourrés dans l’espoir de ramener un animal digne de ce nom, Ruthven lui, débuta la collecte de bois mort. Plusieurs minutes plus tard, tandis que le soleil commençait à se faire bas et que le feu brûlait déjà haut, le nain perçut un hurlement de loup strident non loin de la à travers les innombrables troncs et branches touffues de la forêt.

-Bon sang, il a dû se passer quelque chose …

Par sécurité, Ruthven ajouta encore quelques bûches dans le foyer, puis courut tête baisser en direction du puissant cri entendu quelques secondes auparavant. Toutes sortes d’idées sordides parvenait à son esprit tandis qu’il se battait avec la nature. S’est-t-il briser un membre, fait blesser par une bête, trouver quelque chose d’inquiétant ? Ces pensées noires ne faisaient que lui augmenter son adrénaline et son inquiétude. Suite à quelques minutes de course qui lui semblèrent être des heures, le nain arriva devant un spectacle digne des grands récits que l’on lui avait déjà raconter étant plus jeune. Là, à quelques mètres de lui, gisait au sol un humain le visage tordu par la peur tentant de se déjouer des puissantes tentacules d’un Tervroker. L’impressionnant monstre avait déjà entamé une bonne partie de la jambe du pauvre homme. Du fait de la rare violence de la scène, Ruthven n’avait pas encore percuté que son ami Derek était également en proie face au redoutable ver, tentant par-dessus tout de planter ses crocs aux endroits non protégés du monstre.

-Par la barbe de mes ancêtres … Tiens bon Derek !

Le nain s’empara de son marteau de guerre et se rua dans la bataille. Tandis qu’il chargeait un puissant revers, Ruthven fût percuté de plein fouet par une de ses nombreuses tentacules, qui le projeta violemment contre un arbre. La puissance du choc fût même tomber quelques branches faibles à divers endroits du sol. Le souffle court et la douleur lui asseyant la poitrine, il prit son courage à deux mains et exécuta une seconde tentative. Cette fois-ci, il ne chargea pas de front mais plutôt du côté ou se trouvait l’humain en difficulté dans l’espoir de le libérer de son fardeau et d’amener l’avantage du combat à trois contre un. Derek s’en sortait bien, son incroyable rapidité lui permettait d’éviter sans trop de problèmes les attaques du Tervroker.

-Derek ! Essaye d’occupé le plus de ses tentacules possibles !

Le loup acquiesça puis embrouilla le monstre grâce à divers sauts et esquives agiles. Ce fût le moment, Ruthven se précipita en direction de l’humain, esquiva une puis deux tentacules, et enfin percuta d’un formidable coup de marteau les tentacules qui retenait l’humain prisonnier. Aussitôt celui-ci se dégagea puis prit un peu de recul pour se remettre en position de garde. Ruthven jeta un coup d’œil en direction de l’homme et lui jeta une épée courte de sa propre confection.

-Sa ne vaut pas un bon arc ou une masse d’arme, mais sa vaut mieux qu’un cure dent l’ami !

A maintenant trois contre un, l’avantage de la bataille tourner en leurs faveur et toutes les aptitudes requises étaient réunies, la force du nain, l’agilité du lycan, et la malice de l’humain. En effet, dans ses yeux Ruthven avait pu lire une formidable quantité d’intelligence. Le gros ver était maintenant encerclé, les trois personnages près a lui bondir dessus à tout moment.

-Finissons-en …

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Tout s'était joué en quelques instants. D'abord le loup, puis le nain. Ces deux inconnus sortis de la pénombre, au milieu de ce nulle part qui agaçait tant Zykurah, semblaient soucieux de le sortir des pinces acérées de son ami le ver. Leur acharnement à lui porter secours en devenait presque douteux. Agité par les attaques du Tervroker, l'esprit embrumé par ses songes, pensées et doutes, le jeune homme n'était même plus attentif aux chocs, hurlements et mouvements qui tourbillonnaient autour de lui à une allure ahurissante. Etait-il en ce moment même secouru par deux chasseurs de tête souhaitant lui apporter eux-mêmes une mort douloureuse et peu enviable? Les bandits fricotaient-ils maintenant avec des nains dresseurs de loups enragés? Cette seule idée obligea le vagabond malchanceux à esquisser un sourire, qui se mua en une moue de souffrance alors que sa jambe commençait à l'élancer à nouveau. Il distingua au milieu des tentacules qui l'immobilisaient le sang qui s'écoulait d'une plaie béante au niveau de sa cuisse.
Soudain, le cours de la bataille -et ainsi le destin du jeune Zykurah- sembla s'inverser. Le Tervroker fut projeté loin de lui par un coup de marteau qui rasa au passage le torse du malheureux, et Zykurah s'empressa de se relever. Il put d'ailleurs marcher sans peine et prendre une posture défensive, l'adrénaline jouant contre le brasier de ses nerfs qui devait continuer à incendier les récepteurs de son cerveau. Il réussit à saisir au vol une épée que le nain lui lança, et faillit se prendre à nouveau les pieds dans une racine. Il se sentit soudain très penaud, équipé d'une arme dont il ne savait même pas se servir et qui pesait son poids. Il fit de son mieux pour ne rien laisser paraître, alors que ses deux compagnons d'infortune s'étaient lancé dans une lutte sans merci pour venir à bout de ce vaurien d'insecte mangeur d'homme qui se débattait comme un démon, encerclé de toutes parts.
A force de mouvements incontrôlés et aussi dangereux pour le Tervroker que pour ses trois opposants, Zykurah parvint à sectionner quelques tentacules baladeurs à coups d'épée. Au bout de quelques minutes, les forces de la bête commencèrent à la quitter, alors que des coups de mâchoire et de marteaux finissaient d'écraser et de déchirer ce corps difforme.
Ce furent trois combattants essoufflés qui vécurent les derniers instants de l'insecte, sans qu'aucun cri de joie ne vienne apparemment saluer la victoire. Reprenant ses esprits, Zykurah resta un instant immobile, espérant pouvoir filer sans avoir à se justifier de sa présence dans ces bois. Aussitôt, les regards des deux survivants se portèrent sur lui avec insistance. Le jeune homme ne demanda pas son reste: ce devaient être les chasseurs de tête envoyés à ses trousses...
Il leur jeta l'épée qu'il tenait lors du combat entre ses mains et partit en courant, s'empara au passage de sa botte et de sa dague qu'il empoigna fermement, faisant blanchir ses jointures. Malheureusement pour lui, sa jambe recommençait à le faire souffrir, et le sang qui continuait à s'en écouler aurait raison de ses forces tôt ou tard... Ses deux poursuivants n'auraient aucun mal à le rattraper et alors, il devrait à nouveau lutter. Il connaissait cependant les brigands et leurs sbires. Pour la plupart, tous n'avaient pas plus d'esprit qu'une chaussette trouée et les embrouiller était facile. Sa bouche s'étirant déjà en un sourire narquois et victorieux, Zykurah poursuivit sa course, boitillant légèrement sur sa droite...

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