Un rire frais et cristallin résonne dans l’air. Une femme, les cheveux libres couret à perdre haleine, les joues rouges. Plus loin derrière, un homme masqué, portant des bois de cerf la poursuit. Une scène qui peut sembler étrange et pourtant la femme n’estpas du tout terrifiée. Par moment, elle s’arrête et vérifie que son poursuivant était toujours là. Elle repart alors en riant à travers champs et disparait soudain. La femme roule sur le dos, une racine a eu raison de sa course folle. L’ombre de l’homme recouvre maintenant son corps. Il ôte son masque et aucune expression de dégoût n’apparaît sur le visage féminin si angélique. Voilà plusieurs jours qu’il la travaillait au corps et cela avait porté ses fruits.

Elle s’offre à lui en une position plus qu’équivoque. Ridoc accepte son invitation sans réfléchir et s’allonge à côté d’elle. Sa main avide glisse sur les tissus qui cachent la perfection de ses courbes. La femme passe un bras autour de sa taille et la caresse de sa main sur son dos le grise. Il prend ses lèvres férocement et glisse une main sous la robe. Peu après ils sont nus, l’un contre l’autre et Ridoc prit tout son temps pour assouvir ses besoins. Des cris et des râles emplissent l’air alors que les corps se couvrent de sueur, se mêlent, se séparent pour mieux se retrouver. Plus tard, Ridoc s’allonge sur le dos, les mains croisées derrière la tête et un brin d’herbe au coin de la bouche.

Ridoc est doué pour trouver les mots qui charment les femmes, les gestes et les postures qui les rassurent, aiguisent leur curiosité et les excitent. Il en abuse sans vergogne, encore et encore. La femme a sa tête posée sur son torse et sa main le caressa langoureusement. Elle se redressa et le regarda avec un petit sourire.

« Je dois y aller. On se voit demain ? »

L’homme se contente de hocher la tête en la dévorant du regard et elle rougit. Elle se lève et prend étrangement son temps pour se rhabiller, adoptant des poses qui dévoilent ses secrets les plus intimes. Ridoc se lève, l’enlace et l’embrasse longuement, caressant son corps avec tendresse même si cela est joué, il en connait le résultat. La femme caresse sa joue et part enfin, à son grand soulagement. Demain, il ne sera plus là, il a obtenu tout ce qu’il voulait aujourd’hui. Heureux, il se rallonge bien décidé à faire une petite sieste. Erreur de sa part car quelque chose vient vers lui, sournoisement.

Mon amour folie me quittait tendrement peu à peu face à cette réalité, mais ma colère était toujours là, elle ne m'avait sans doute jamais quitté. Des envies destructrices parcouraient mon corps à chaque pas, comme si un courant acide remontait mes veines pour alerter mon cœur. Il me fallait quelques choses à chasser sans retenue, à tuer sans vergogne et à dévorer juste pour le plaisir des entrailles chaudes et suintante au creux de mon estomac vide de souffrance si je voulais ne tuer personne avant demain. J'avais arrêter de manger les Elfes, les hommes, ou bien encore loup. Je ne pouvais concentrer ma rage que sur les vampires à présent, ils n'étaient pas d'excellent repas, et sur les animaux de la forêt. Je marchais depuis d'interminables jours, mes sabres éternellement accrochés aux sangles de cuir dans mon dos.
Je cherchais à comprendre qui avait fait de moi cette monstrueuse machine à tuer sans répit, sans honte ni remord. L'idée de parcourir Thaodia tout entier m'était venue car je n'avais eu aucune autre vision d'un autre pays, j'étais née ici, j'avais tué ici et j'avais perdu une part de moi ici aussi. Peut être que des lieux familiers me rendraient douloureusement la mémoire.
Péniblement, j'avançai dans ces bois morts et ternes, sur cette terre poussiéreuse et noire, à la recherche d'un passé depuis trop longtemps enfoui mais aussi d'une proie à la chair tendre.
Le rocher du clair de lune n'était plus loin, je devais trouver un endroit où stocker mes affaires avant de m'y rendre, si des loups s'y tenaient encore, je ne donnais pas chère de mes vêtements déjà vieillis, tachés et abimés par le temps féroce et mes nombreux meurtres sanglants. De mes iris noires, je caressais le paysage des yeux, j'étais déjà venue ici, mais pour manger seulement. En cherchant un peu, j'aperçus une crevasse entre deux vieux rochers. Je m'agenouillai en prenant soin de vérifier qu'aucune créature ne vivait ici. En souriant, une mimique de nervosité et de contentement, je retirai mes sabres pour les glisser à l'intérieur de cette faille avant d'y ajouter mes vêtements. En tenue d'Eve, j'avançai pour finir par courir à pleine allure, bondir sur mes deux pieds pour atterrir sur quatre puissantes pattes. Je humai l'air avec précision, agitant mes oreilles, à l'affut du moindre son trahissant, de moindre odeur soupçonneuse, du moindre indice me permettant de me nourrir. J'entendis des grignotements au loin, une créature assez faible et petite devait grignoter innocemment des insectes un peu plus loin, à quelques mètres de là. Sans réfléchir je me mis à courir, à pleine allure, comme aveuglée par la faim qui tordait mes entrailles, je n'eus que le temps d' apercevoir des yeux rouges regroupés sur un minois gris avant de le croquer sauvagement au cou dans un fracas d'os écœurant. Un arachnéens. Qu'est ce que cette bestiole faisait là? Elles vivaient dans les souterrains ces foutues trucs là. Je penchai la tête, la gueule salies de sang devant ce petit corps fragile, puant désormais la mort et le parfum mielleux et métallique du sang frais.
Je me métamorphosai de nouveau, peinée devant le massacre accomplie pour manger.
C'est lorsque je me retournais, que je vis un masque pour le moins étrange, décoré de cornes, m'arrachant un cris aussi aigu que terrifié.

Bon sang !