Après une bonne demi-heure les deux êtres collés malgré eux arrivèrent aux portes d'Ambroisie, capitale des vampires où il logeait depuis la mort de celui qui l'avait transformé. Vladimir se mit à marcher cette fois-ci, portant son humaine dans les bras comme s'il avait ramené un trophée. Il ne fit pas attention aux regards intrigués que portaient les habitants sur lui, il n'avait jamais été sensible aux regards des autres de toute manière. Passif comme à son habitude il traversa donc la ville, il n'avait toujours pas jeté un regard à sa sorte de cargaison, elle avait cessé de gigoter dans tous les sens et ne s'en était donc pas préoccupé. Finalement ils se retrouvèrent devant une grande grille sombre qui s'ouvrit devant eux, laissant place à un chemin parsemé de graviers lui-même entouré de grands arbres sur toute sa longueur. Son manoir se trouvait au bout, aussi grand qu'un château, où deux valets l'attendaient déjà devant l'entrée.

Il déposa alors la jeune femme à terre, toujours couverte par son manteau qu'il ne pris pas la peine de récupérer. A peine étaient-ils arrivés qu'il s'éclipsa sans dire un mot, laissant sa trouvaille entre les mains de ses employés. Les lieux n'étaient pas à l'image du vampire, les murs étaient couverts de divers tableaux, l'ambiance était plutôt éclairée, tous les meubles dataient de l'ancienne époque et étaient recouverts de nombreuses statues, sculptures et toute sorte de chose qui avait un sens artistique. Le personnel chargé de l'humaine la conduit dans une chambre spacieuse, réservée aux invités, qui se trouvait au bout d'un escalier avant de la laisser seule, accompagnée d'une longue robe rouge censée servir de remplacement en attendant que ses habits sèchent. Les employés disparurent à leur tour comme leur maître, sans dire un traître mot.

Quelques notes de piano s’élevèrent dans le silence dérangeant de la demeure. Après avoir revêtue une élégante tenue, s'être brossés les cheveux mouillés en arrière, Vladimir s'était enquit de retrouver son ami de toujours, son piano. Un verre remplit d'un liquide rougeâtre lui avait été apporté, posé sur l'imposant instrument noir. Le vampire n'avait pas encore bu une goutte, il était retourné dans son monde solitaire et ses longs et fins doigts pressaient les touches de son clavier pour y faire résonner une mélodie grave et lente ponctuée d'une légère mélancolie. Il s'était attelé à son art musical en attendant que l'humaine se remette de ses mésaventures et se prépare mais paraissait finalement l'avoir complètement oublié. De toute façon elle finirait bien par le rejoindre, ne serait-ce que pour lui dire qu'elle aurait pu se débrouiller seule. Plongé dans son sombre élément, Vladimir quant à lui pianotait gravement sur son instrument et plus rien ne semblait exister autour de lui.

Kanâa ne vit plus vraiment ce qui l'entourait au bout d'un court moment. Une bonne demi-heure semblait s'être écoulée. Elle était chargée sur l'épaule droite du vampire comme une sorte de gêne. Les yeux entrouverts, elle discernait des personnes aux airs ébahis. Enfin. Elle poussa un soupir résigné avant de fermer les yeux. Elle resta sage durant tout le trajet, trop fatiguée pour protester. Elle ne fit même pas attention à l'endroit où elle se trouvait, se contentant d'oublier le froid. L'homme la posa par terre, et sans plus se préoccuper d'elle s'en alla. Deux personnes la prirent donc en charge.
Elle se laissa mener jusque dans une chambre somptueuse et spacieuse où trônait une robe rouge qu'elle aurait sans doute été incapable d'acheter, ou même de voir. La jeune femme ne prit même pas la peine de la regarder.

Elle étudia longuement les vêtements posés sur un fauteuil. Franchement, pensait-il vraiment qu'elle aurait le cran de s'habiller dans un vêtement si précieux ? Ses pieds la menèrent jusqu'au rebord du lit moelleux où elle se laissa tomber. Elle inspira profondément. En quelques secondes, elle se retrouvait seule, et jeta un coup d’œil autour d'elle. La décoration était à la limite de l'opposé du vampire. Éclairée, lumineuse et chaleureuse, des couleurs accueillantes, et des objets d'arts un peu partout. Ses yeux était lourds. Elle tenait à remercier le vampire pour son hospitalité, mais elle voulait aussi rester ici, à se reposer jusqu'à demain midi. Elle soupira et commença à enlever ses habits mouillés et sales. Elle se frotta les yeux avant de se renverser en arrière, tombant de nouveau sur le lit à l'odeur de draps propres.
Elle entendit des notes légères s'envoler, et ferma les yeux. Une magnifique mélodie s'échappait de derrière la porte de la chambre, et elle se demanda qui la jouait, bien qu'elle s'en doutait.

Elle se replia en boule au milieu du lit, son corps froid à cause de la pluie sous les couvertures chaudes et douces. Cela devait faire des mois qu'elle n'avait pas dormit dans un lit digne de ce nom. Elle bailla et papillonna des yeux. Le vampire pourrait bien l'attendre quelques minutes... Juste le temps qu'elle se repose...un peu...

Sans aucun remords, la jeune femme fondit dans un sommeil doux et agréable, sa respiration régulière faisant se lever et baisser les draps au même rythme...

Sa fièvre musicale avait fini par s'estomper et Vladimir daigna enfin se demander ce que faisait son invitée. Il referma son instrument et se dirigea vers la chambre d'invité et frappa trois petits coups. N'ayant point de réponse il se décida à y entrer silencieusement. Il se sentit soudainement stupide lorsqu'il vit la jeune femme dormir à poings fermés. Quel idiot, il avait complètement oublié que ces créatures-là vivent le jour et dorment la nuit de plus sa journée éprouvante avait la fatiguer davantage. Il soupira en voyant qu'elle en avait même oublié de fermer les fenêtres, elle faisait vraiment tout pour tomber malade. S'affairant donc à fermer les volets avec le moins de bruit possible, son regard fût attiré par le rouge vif de la robe qu'avait laissé ses employés. Il n'aurait jamais pensé qu'elle puisse servir un jour, il l'avait simplement acheté parce qu'il l'avait trouvé splendide et tiqua d'ailleurs qu'ils aient osé lui donner sans demander son avis. Mais après tout, autant qu'une si jolie robe soit portée, d'ailleurs l'humaine n'avait pas du l'enfiler car ce genre de vêtement n'est pas très pratique pour dormir. Ou bien ne l'appréciait-elle tout simplement pas ?

Vladimir secoua doucement la tête, qu'en avait-il à faire des goûts de cette fille après tout, s'il l'avait emmené ici c'était uniquement pour acquérir son dessin. Tel un soupir il glissa au bord du lit et posa ses yeux grisés par l'obscurité sur l'humaine. Dormir chez un vampire avec une telle innocence... était-elle naïve ou simplement exténuée ? Il observa les draps faire des vagues doucereuses tandis que son cœur battait à pulsions régulières. Quelle douce mélodie que celle d'un cœur en vie, depuis combien de temps le sien n'avait-il pas battu ainsi ? Le vampire approcha soudain ses lèvres près du visage de l'endormie, elle avait l'air vraiment délicieuse et il ne s'était contenté pour le moment que d'une simple perle du liquide qui la faisait vivre. Pourtant il n'osa planter ses crocs dans le cou de cette enfantine créature qui faisait remontrer en lui des souvenirs peu désirables. Pourquoi s'était-il attaché à cette faible créature ? Il se redressa brusquement, énervé contre lui-même de ressentir de pareils sensations au goût amère et quitta la chambre en claquant violemment la porte sans y faire attention.

Il marcha à pas rapides dans sa propre chambre et s’éclipsa sur son balcon aussitôt qu'il eut pénétré à l'intérieur. Il attrapa le bouquin dont il avait entamé la lecture avant d'aller à la rencontre de l'humaine et se décida à le terminer. Il avait toute la nuit devant lui pour sa part et il ne se coucherait qu'aux premières lueurs de l'aube. C'est bien la seule chose qu'il regrettait de sa vie humaine, le soleil. Il avait tenté de le voir se lever jusqu'à s'en brûler la peau mais n'avait pas résisté très longtemps. Son invitée pourrait peut-être lui en dessiner un ? Il secoua une nouvelle fois la tête et passa une main dans ses cheveux en soupirant. Tant pis s'il ne revoyait pas la jeune femme avant qu'elle parte, il était résigné à renoncer à ses dessins. Elle insufflait en lui des sensations qu'il n'aimait guère et mieux valait la laisser partir avant que son indifférence légendaire n'en pâtisse.

Kanâa dormait à poings fermés, quand une porte claqua. Elle se réveilla dans un sursaut. Bon sang, pourquoi claquait-on la porte de sa chambre ? Puis elle se rendit compte que ce n'était pas sa chambre. Bon dieu, pourquoi faisait-il si noir alors que... Puis tout lui revînt. La forêt, le vampire, l'orage, le manoir... Elle se frotta les yeux et s'étira. La robe était toujours sur le dossier du fauteuil. Elle lorgna ses habits toujours aussi mouillés. Les fenêtres étaient fermées alors qu'elle n'y avait pas touché. Peut-être la personne qui était rentré les avait fermées... Elle bailla et passa la main dans ses cheveux afin d'y mettre de l'ordre, ses yeux roses voyant mal dans la pénombre de la pièce.

Elle se quitta de force le lit moelleux et s'empara de la tenue hors de prix. Puis la reposa. Elle ramassa ses habits et s'habilla. Après s'être cognée quelques fois dans les meubles et trébucha à plusieurs reprises, elle sortit de la pièce, frissonnante. Elle descendit des escaliers aussi somptueux et impressionnants que le reste de la maison et marcha au hasard des couloirs. Elle leva les yeux au plafond, admira les statues et les œuvres d'arts au murs. Ses yeux roses presque translucides reflétait sa fatigue, mais ne se lassait pas d'enregistrer les détails. Elle tâta ses poches et sortit son carnet. Elle enleva le dessin du vampire de celui-ci et remit le calepin dans sa poche.

Il fallait qu'elle trouve quelqu'un pour lui indiquer où se trouvait le vampire, mais elle ne trouvait pas la sortit. Des escaliers, des portes, encore un escalier, puis une porte, un salon... Elle soupira. Bon sang, quand pourrait-elle rentrer chez elle après avoir remis à l'homme ce fichu dessin ? Ce qui l’inquiétait, c'est que les deux valets qui l'avait aidée tout à l'heure avaient disparus. Le visage renfrogné, elle continua donc de marcher. Tournant à droite, à gauche, ouvrant et refermant des portes... Quelle idée d'avoir une aussi grande maison quand on vivait seul ?
Une pensée la frappa. Peut-être le vampire ne vivait-il pas tout seul, justement. Kanâa reprit l'espoir de rencontrer quelqu'un et se mit à marcher, quand elle vit une statuette qu'elle avait croisée il y avait quelques minutes... Serait-ce possible que...

" Oh non... Ne me dites-pas que je tourne en rond !"

Elle tapa du pied à cette idée et soupira, agacée et furieuse en même temps... Elle continua de déambuler de couloirs en couloirs et de jeter des coups d’œil furtifs. Elle n'avait plus l'habitude des manoir, elle qui vivait dans une petite maison de campagne... Elle grimpa un escalier et frappa à une porte choisie au hasard, espérant que quelqu'un se trouvait derrière.

Raté, ce n'était toujours pas la bonne porte. Le vampire à l'ouïe fine avait entendu les pas incessants de l'humaine ainsi que son remue-ménage. Et sans en être consciente, elle avait malheureusement frappé à la mauvaise porte. La pièce qui se trouvait à l'intérieur était un lieu où Vladimir avait interdit à quiconque d'y entrer et c'est lui qui vint trouver la jeune femme. Il s'était glissé une fois de plus dans son dos sans faire un bruit et il posa brusquement ses mains sur les épaules de son invitée avant de dire d'une voix bien plus glaciale qu'il n'avait plus se montrer auparavant.

« Un pas de plus et vous le regretterez. »

Même si elle n'avait pas eu l'intention de pénétrer les lieux, Vladimir avait parlé instinctivement, au moins il était à présent clair que cette pièce lui était interdite. Elle avait été sans le savoir à deux doigts de toucher l'unique point sensible du vampire. Il resserra son étreinte de façon peu rassurante avant d'ajouter d'une façon toujours aussi froide.

« Fouinez où vous voulez, jeune humaine, mais prenez garde à ne pas dépasser cette limite. »

Sans lui laisser le temps de répondre, le vampire attrapa le poignet de l'humaine au sens de l'orientation défectueux et l'éloigna de la fameuse porte sans lui demander son avis. Il l'emmena à la salle où il avait joué quelques notes de musiques un peu plus tôt. Tandis que le piano trônait fièrement au milieu de la pièce immense, des fauteuils et canapés en cuir noir parsemaient les contours des lieux. Il invita l'humaine à s'asseoir sur l'un d'eux et se posa quant à lui juste en face. Vladimir entrecroisa ses doigts et posa ses coudes sur ses genoux, observant longuement sa compagne avant de briser le silence pesant, sa voix ayant repris sa neutralité habituelle.

« Pourquoi portez-vous encore vos vêtements mouillés ? Vous n'en avez pas l'air mais vous êtes encore plus difficile que la plus coquette des nobles. »

Il s'enfonça dans son fauteuil croisa mains et jambes. Posture qu'il prenait habituellement avant d'entamer les négociation pour conclure une affaire. Il était bien plus bavard que lorsqu'ils étaient dans la forêt même s'il n'en devenait toujours pas sympathique.

« A la vue de votre mine aussi agacée qu'exténuée je vais tenter d'être bref. J'aime ce que vous faites, c'est d'ailleurs l'unique raison pour laquelle vous êtes ici. Et si vous comptez rester encore un moment en  Màvreah, j'aimerais m'offrir vos services... de dessinatrice bien entendu. Vous m'avez l'air plutôt difficile à combler mais j'ai de quoi payer et je suis certain que nous trouverons une somme qui vous convienne. »

Vladimir quitta l'humaine du regard et se leva en silence. Il marcha à pas lents jusqu'à son piano et posa délicatement ses doigts sur le verre qu'il avait oublié là avant le prendre en main et le contempler d'une façon nonchalante.

« Vous pouvez loger ici pour la nuit, même le temps de votre séjour à Ambroisie si vous le désirez bien que le service de ma demeure semble vous déplaire. »

Ses lèvres se posèrent sur le rebord du verre cristallisé et tout en plongeant son regard dans celui de sa compagne, comme s'il se délectait du sang de celle-ci, il but une longue gorgée. Il s'essuya ses canines pointues d'un rapide coup de langue et exécuta une légère et élégante courbette avant de reprendre :

« J'en oublie les principales politesses. Vladimir Vancheri, enchanté. »

La jeune femme allait pousser la porte quand deux mains puissantes s'abattirent sur ses épaules, la surprenant. Elle reconnu alors la voix du vampire, et en quelques secondes, retira sa main de la poignée. Glaciale. Elle fronça les sourcils. Il pouvait le dire plus gentiment... Franchement. Elle allait lui répondre quand la pression sur ses épaules s'accentua. La tension du vampire était presque palpable. Inconsciemment, elle se promit de voir se qui se trouvait à l'intérieur ce cette pièce pour que le vampire réagisse ainsi... La menace fût suivi d'une mise en garde des plus froide, et elle se tendit. La gentillesse et la compassion était de trop pour lui ? Et bien pour elle aussi.
Sans lui laisser le temps de parler, il la saisit par le poignet et l’emmena dans un immense salon ou reposait un piano... Kanâa écarquilla les yeux et son regard se voila au doux et amères souvenirs que faisait remonter la vue de l'instrument.

Elle secoua la tête et s'assit, à la demande du vampire, sur un des confortables fauteuils de la pièce. Elle eût l’impression de s'enfoncer dedans. Elle fixa ensuite son attention sur le vampire, et ses yeux roses et chaleureux se figèrent. Le vampire croisa les jambes avant de prendre la paroles de sa voix toujours aussi indifférente. Il lui posa la question de pourquoi était-elle encore en vêtements mouillés... Elle secoua la tête. Comment lui expliquer qu'elle ne voulait pas porter de vêtements nobles ou quoi que se soit....
Elle allait répondre quand il enchaîna :

« A la vue de votre mine aussi agacée qu'exténuée je vais tenter d'être bref. J'aime ce que vous faites, c'est d'ailleurs l'unique raison pour laquelle vous êtes ici. Et si vous comptez rester encore un moment en Màvreah, j'aimerais m'offrir vos services... de dessinatrice bien entendu. Vous m'avez l'air plutôt difficile à combler mais j'ai de quoi payer et je suis certain que nous trouverons une somme qui vous convienne. »

Elle souffla par les narines, l'air agacé... Elle réfléchit un instant, laissant le vampire parler. Tout en se dirigeant vers son piano, il lui proposa de rester ici afin qu'elle dessine pour lui. Il bût ensuite un....liquide qui se trouvait dans un verre brillant avant de reprendre.

« J'en oublie les principales politesses. Vladimir Vancheri, enchanté. »

La jeune fille pris une inspiration avant de répondre poliment mais froidement.

"Kanâa Nydiralaeth, de même."

Elle ne savait pas pourquoi, mais travailler chez ce vampire lui semblait à la fois une bonne et mauvaise idée. Bonne car elle pourrait gagner de l'argent rapidement et vivre agréablement, mauvaise car elle le connaissait à peine, et qu'il semblait y avoir bien plus que des secrets dans ce manoir... Elle pris alors une grande inspiration, s'apprêtant à répondre.
Elle sentait que sa simple réponse, ce simple choix, lui donnerait du bon... Beaucoup. Mais aussi du mauvais. Et elle se sentait prête à accepter la proposition du vampire. A condition que celui-ci accepte certaines règles de son côté...

Jouait-elle à son propre jeu qu'il avait exécuté dans la forêt ? Elle n'avait répondu à aucune de ses questions et n'avait daigné que dire son nom, ce qui était déjà bien en soit. Il répéta d'ailleurs le prénom de l'humaine dans un murmure puis s'approcha d'elle, délaissant son verre. Debout alors qu'elle était assise, il la jaugea du regard, c'était fou comme touts les doutes de son invitée passait dans ses yeux ! Vladimir ouvrit à nouveau la bouche, il aurait voulu être plus chaleureux mais sa voix restait toujours aussi implacable.

« Est-ce moi qui vous ôte les mots de votre bouche ? Aussi joli soit votre minois, vais-je devoir m'amuser à décrypter toutes les pensées qui défilent dans vos deux améthystes ? »

Le vampire s'accroupit soudain pour se mettre à sa hauteur. Il posa ses mains sur les accoudoirs du fauteuil et murmura presque, seule façon qu'il avait trouvé de paraître moins intransigeant.

« Vous m'avez l'air hésitante, vous avez le droit de refuser vous savez, je ne mords pas... enfin je ne compte pas le faire. Même si vous avez l'air des plus appétissantes et qu'une simple morsure ne vous tuerait pas si je m'arrêtais à temps. »

Vladimir secoua doucement la tête, le sujet avait dérivé sans qu'il ne le veuille. Il se redressa alors et retourna s'asseoir en face dans le but de s'éloigner. Il croisa les bras et évita soigneusement le regard de l'humaine, le sien se posant instinctivement sur son instrument. Il s'en voulait à lui-même d'avoir ainsi été dévié de la conversation principale par un désir qu'il contrôlait en général parfaitement, sa voix se fit donc plus sèche.

« Je vous l'ai dit, damoiselle Nydiralaeth, je suis prêt à y mettre le prix. Ainsi dites-moi vos conditions, ce qui vous arrange et ce que vous désirez, je pense pouvoir accepter tout cela facilement. D'ailleurs si vous avez des questions à propos de n'importe quelle interrogation n'hésitez pas. D'ailleurs si cela pour rassurer d'une quelconque façon, tous mes employés son de votre race. »

Il se demanda lui-même l'intérêt de sa dernière phrase, il finit par se dire qu'il voulait la rassurer quant à la nourriture. Le vampire passa une main dans sa chevelure enfin sèche et daigna enfin poser à nouveau ses yeux dans ceux de son interlocutrice. Il parlait beaucoup en cette nuit et celle qui se tenait en face de lui semblait quant à elle avoir perdue la voix. Pourtant il aurait juré qu'elle était une jeune fille plutôt bavarde, peut-être qu'il lui faisait peur, il était conscient de ne pas être le plus rassurant des hommes mais après tout il ne lui voulait aucun mal, il espéra qu'elle finisse par le comprendre. Alors que les chandelles placées un peu partout dans la pièce se consumaient lentement, il attendait patiemment une quelconque réponse de la part de l'humaine.

La jeune femme venait à peine de dire son nom, qu'elle entendit comme un écho dans la bouche de Vladimir. Elle continuait à réfléchir à un vitesse hallucinante à la proposition du vampire... Elle haussa élégamment un sourcil lorsque le vampire s'approcha d'elle.

« Est-ce moi qui vous ôte les mots de votre bouche ? Aussi joli soit votre minois, vais-je devoir m'amuser à décrypter toutes les pensées qui défilent dans vos deux améthystes ? »

Elle haussa les épaules. Si cela l'amusait de jouer à ça. Sans ouvrir la bouche, elle contempla un instant le vampire avant de reporter son attention sur autre chose.
Puis le sujet dériva sur son sang et elle écarquilla sensiblement les yeux.... Vladimir avait l'air de se contrôler, pourquoi, alors, lançait-il sa conversation sur ce point...comment dire... sensible, de toute personne... Pourquoi parlait-il de ça ? Elle secoua la tête, tentant d'ignorer la conversation. Comme si cela avait gêner le vampire, sa voix se fit soudainement glaciale et il se détourna.

« Je vous l'ai dit, damoiselle Nydiralaeth, je suis prêt à y mettre le prix. Ainsi dites-moi vos conditions, ce qui vous arrange et ce que vous désirez, je pense pouvoir accepter tout cela facilement. D'ailleurs si vous avez des questions à propos de n'importe quelle interrogation n'hésitez pas. D'ailleurs si cela pour rassurer d'une quelconque façon, tous mes employés son de votre race. »

Sujet quelque peu.... superflu ? Elle fut à la fois rassurée et gênée. Qu'importe, si il pouvait lui faire gagner une somme aussi importante en peu de temps, cela l'aiderait... Mais elle aurait aussi l'impression de l'abuser.
Elle posa son menton dans sa main, sa culpabilité pesant lourd contre ses besoins... Elle devait peut-être donner une réponse, et vite.... Le vampire pouvait aussi retirer son offre si elle tardait à se décider. Puis quelque chose lui revînt. Elle ne s'était toujours pas... Elle se leva vivement et s'avança au milieu de la pièce.

Elle ne demandait pas de l'argent.... Mais... S'il pouvait... Oui, c'était ça. Cette proposition lui permettrait d'accomplir ce qu'elle devait faire... Sa curiosité était à son plus haut point.

" Je pourrais dire que j'accepte votre proposition."

Elle laissa planer un silence pendant quelque seconde puis reprit d'une voix ferme :

"Néanmoins, je désire une certaine liberté et le droit de résider ici. Je m'engage ainsi à travailler pour vous... Ceci avec une certaine forme de.. curiosité."

Elle s'inclina puis observa l'homme. Jamais avant elle n'avait été payée pour quoi que se soit. Ceci serait sûrement une bonne occasion de découvrir la personnalité de son employeur. Il ne lui faisait pas peur. Loin de là... Seulement il était intriguant. Tandis que lui devenait bien plus bavard que lors de leur épopée dans la forêt, elle avait le sentiment qu'il fallait se taire.
C'est le moment exact que choisi son pendentif pour s'illuminer violemment, projetant une lumière rosée dans toute la pièce. Elle le recouvrit vivement de sa main et recula. Pourquoi maintenant !?

Elle le camoufla sous sa veste sale et grimaça, en espérant que le vampire n'avait rien vu. Ce qui était peu probable... Ce phénomène était déjà arrivé dans son enfance, et elle n'avait pas vraiment envie qu'il se répète... C'était quelque chose d'assez... Désagréable.
Gardant toujours une lueur de défi dans les yeux, elle fixa le vampire, faisant passer le message de ne poser aucune question. Surtout pas. Si seulement cette foutue pierre pouvait s'arrêter de briller comme une fée !

Une question se forma dans son esprit.... Pourquoi elle ?!



[ Désolée pour la médiocrité -^_^"- Je pense que ma prochaine réponse sera meilleure. J'était un peu en manque d'idée pour celle-là, et pas mal de choses en tête. Donc désolée encore ! >.< ]

Tant de mystères pour une si banale proposition à ses yeux. La jeune femme n'en finissait pas de tourner autour du pot, que cherchait-elle au juste ? Le mot curiosité finit par s'échapper des lèvres de son interlocutrice et Vladimir arqua un sourcil de la même façon qu'elle l'avait fait quelques instants plut tôt. Il était pourtant très fort quand il s'agissait de deviner les pensées de ses interlocuteurs, mais celle-ci... il ne comprenait tout bonnement strictement rien à ce qu'elle désirait au fond d'elle-même. Cela irritait affreusement le vampire de ne pas réussir à lire dans les yeux de la jeune femme et il s'enquit de lui demander une bonne fois pour toute ce dont elle avait envie.

« Que voulez-vous donc de moi au juste ? »

Elle n'eut pas le temps de répondre, son étrange collier illumina la pièce d'une lueur violacée. Les sens en alerte comme si cet incident avait été l’œuvre d'une quelconque tentative à son égard, les yeux de Vladimir s'étrécirent alors que ses sourcils se fronçaient et il bondit soudain sur sa proie. La distance qui le séparait de l'humaine fût envolée en claquement de doigt. Le vampire attrapa brusquement les deux poignets de la jeune femme, lui empêchant d'exécuter le moindre mouvement. Oubliée la neutralité dont il faisait précédemment preuve, son regard était à présent glacial et tandis qu'il resserrait sa prise, il forçait dangereusement sa victime à reculer jusqu'à ce qu'elle soit plaquée contre l'un des murs de la pièce.

Il ne faisait que se défendre à sa façon, la meilleure défense est l'attaque, voilà comment il agissait. Il avait trouvé le comportement de son invitée étrange et lorsque tout à coup son bijou s'était mis à briller, il n'avait pu su rester de marbre, empli d'une soudaine méfiance. Quoi qu'il en soit, Vladimir posait un regard suspicieux sur celle dont il enserrait fermement les poignets et attendait des explications. Quelle insolente cette humaine ! Elle osait encore le défier de ses yeux et semblait lui intimer l'ordre de ne lui poser aucune question. Mais à présent c'était lui qui mènerait la danse, il n'avait été que trop patient avec la dessinatrice et exigeait qu'elle se justifie sur le champ. Vladimir ouvrit donc la bouche pour en laisser sortir sa voix qui avait perdu toute once de sa sympathie, aussi infime eut-elle été.

« Quel est donc cet objet ? Pourquoi vient-il de briller ? Était-ce dans l'intention de me tuer ? Je ne vous veux pas de mal Kanâa, mais si vous en revanche, vous m'en voulez, je suis dans l'obligation de me défendre. Je ne puis pour le moment pas prendre le risque de vous laisser bouger, votre comportement m'a paru étrange et votre collier pourrait bien être une arme, comprenez que je me méfie ainsi. Expliquez-moi donc cet étrange phénomène et je vous laisserai tranquille. »

L'humaine ne semblait toujours pas vouloir lui répondre et Vladimir décida de lui faire clairement comprendre qu'elle n'avait pas le choix de rester muette. Il était temps qu'elle comprenne à qui elle avait affaire. Ainsi donc, la vampire plaqua à leur tour les bras de l'humaine contre le mur. Il aventura par la suite ses lèvres dans le cou de sa victime et les fit glisser lentement le long de sa peau. Tout aussi sensuel que cela pouvait paraître, c'était bel et bien une menace qu'il exécutait à ce moment-là. Il lui fit d'ailleurs comprendre lorsqu'il entrouvrit la bouche posa la pointe de ses crocs sur sa peau, prêt à les planter dans sa chair si elle tentait une énième résistance.

La jeune femme s'apprêtait à reculer, quand Vladimir lui bondit dessus. Kanâa serra les dents. Fichu morceaux de rocher sadique ! Pourquoi dans une situation pareille elle ne pouvait pas se défendre ? Les poignets enserrés par les mains glaciales du vampire, elle fut forcée de reculer jusqu'à ce que son dos soit plaqué contre un mur.

« Quel est donc cet objet ? Pourquoi vient-il de briller ? Était-ce dans l'intention de me tuer ? Je ne vous veux pas de mal Kanâa, mais si vous en revanche, vous m'en voulez, je suis dans l'obligation de me défendre. Je ne puis pour le moment pas prendre le risque de vous laisser bouger, votre comportement m'a paru étrange et votre collier pourrait bien être une arme, comprenez que je me méfie ainsi. Expliquez-moi donc cet étrange phénomène et je vous laisserai tranquille. »

Il voulait qu'elle lui explique ce qu'il se passait ? Comment faire si elle-même ne savait pas ce qui déclenchait cette pierre ? Comme elle ne répondait toujours, le vampire plaqua ses bras contre le mur, et elle grinça littéralement. Sa voix était froide, pire que la première fois qu'il l'avait mise en garde. Franchement, il n'avait pas de quoi s'inquiéter ! La seule personne pour qui ça allait être désagréable, c'était elle. Elle soupira. Elle sentit alors les lèvres glaciales du vampire effleurer la base de son cou, puis remonter lentement. Un frisson la parcourut quand elle se rendit compte de ce qu'il s'apprêtait à faire. Elle se crispa en sentant la pointe aigüe des crocs du vampire et un frisson parcourut tout son corps. Elle ouvrit la bouche pour lancer d'une voix mi-agacée, mi-suppliante :

"Arrêtez donc de vous faire du souci pour votre personne, Vladimir. Une bataille humain et vampire n'est pas équitable, et ce pendentif ne fait, pour l'instant, rien que briller... Si vous pouviez me lâcher, cela serait agréable, vous me faites assez mal, je dois l'avouer... Sinon, je vous jure que cette pierre ne fera rien d'autre et qu'elle n'est pas une arme... Juste quelque chose d'assez dérangeant pour moi. Aussi, si vous pouviez me relâcher que je me calme, je pense que la situation serait beaucoup moins tendue..."

Sa colère était au plus haut point. Pourquoi donc s'énervait-il ? N'était-il pas assez puissant à son goût ? Elle sentit quelque chose changer dans la personnalité de son interlocuteur. Comme... un agacement suprême ou une colère non feinte... Se pourrait-il qu'il se force depuis le début ?
Elle produit un petit claquement de langue agacé, lui aussi, et attendit bien sagement que Vladimir retire gentiment ses mains de ses poignets et qu'elle puisse de nouveau bouger... Franchement, ce vampire était vraiment susceptible, ou était-ce elle qui devenait indésirable ?

Vladimir n'écouta que d'une oreille distraite ce que l'humaine lui racontait. Il était peut être allé un peu trop loin, et maintenant un désir profond montait en lui. Obnubilée par cette douce peau, il la désirait, il avait atrocement envie de goûter son sang, juste un peu... Les gestes du vampire se furent soudainement plus doux, comme s'il avait répondu à la détresse de la jeune femme, il lâcha ses poignets mais ne la libéra pas de son étreinte pour autant. Il glissa lentement ses mains qui avaient été si rudes avec l'humaine et entrecroisa leurs doigts. S'il avait eu un cœur fonctionnel, celui-ci aurait battu la chamade en cet instant précis. Vladimir huma le délicieux parfum de sa victime et libéra enfin les mains de celle-ci. Ses membres à lui vinrent enlacer la jeune femme avec une délicatesse infinie, une de ses mains s'aventura dans son dos et remonta jusqu'à ses cheveux qu'il couvrit d'une caresse. Le vampire serra l'humaine contre lui et ouvrit grandement ses lèvres jusqu'à appuyer ses crocs sur sa peau.

Une étincelle de bon sens sembla finalement lui rendre sa conscience et il n'alla pas jusqu'au bout. Il s'écarta vivement, libérant son invitée de son étreinte et lui tourna le dos. Vladimir s'avança jusqu'à son piano et s’accouda sur celui-ci, chancelant. Il prit son visage dans ses deux mains et resta un long moment dans cette position de faiblesse, silencieux. Il était mort de honte, comment avait-il pu se laisser envahir de cette façon par ses pulsions vampiriques ? Comment avait-il osé saisir de force cette jeune femme qu'il avait lui-même invitée en sa demeure ? C'était la première fois qu'il était aussi inconvenant et cela l’emplissait d'une tristesse soudaine. Il avait résisté à tellement de cous où il aurait pu aisément planter ses canines, pourquoi avait-il réagit ainsi ? Le jeune vampire se morfondait en silence, à moitié avachit sur son instrument, l'esprit embrouillé par ses interrogations. Il daigna finalement ouvrir la bouche et parla d'une voix faible, presque tremblante.

« Excusez-moi. Allez vous reposer. Partez même si vous voulez, je comprendrais parfaitement que ma proposition tombe à l'eau. Demandez un dédommagement à l'un de mes employer si vous le désirez. Au revoir. »

Vladimir lui tournait toujours le dos, il attendait qu'elle parte pour effectuer un quelconque geste. Il n'osait plus la regarder dans les yeux, trop honteux. Il attendait juste qu'elle parte pour qu'il puisse s'éclipser à son tour. Tant pis pour toutes les curiosités de cette fille qui l'intriguait, il ne voulait pas prendre le risque que cela recommence, qu'il ait de nouveau ce comportement intolérable et ne finisse par se haïr lui-même.

Kanâa remarqua que le vampire l'écoutait à peine. Elle allait lui redemander de la laisser bouger, quand elle sentit son souffle froid s'accélérer sur son cou. Elle soupira de soulagement quand il lâcha ses poignets rouges. Sans qu'elle sache pourquoi, les gestes de Vladimir se firent doux, presque tendres, et il entrelaça ses doigts au siens. Elle eu un mouvement de surprise, mais le vampire ne l'avait pas totalement relâchée et elle ne put se dégager. Elle sentit une fois de plus le souffle du vampire lui chatouiller la base du cou et un second frisson la traversa. Avec une délicatesse exagérée, comme si elle eut été en verre soufflé, il l'enlaça. Que voulait dire ce soudain changement de comportement ? Kanâa avait le cœur qui paniquait depuis que le vampire l'avait pris dans ses bras. Avant qu'elle s'en rende compte, il avait passé une main douce dans son dos et la serrait contre lui, ses crocs s'appuya plus durement contre sa peau. Elle ferma les yeux, pressentant l'événement...

Au bout de quelques secondes, elle ne sentit toujours rien, et elle rouvrit les yeux avant de constater que son cou était toujours intact. Vladimir s'écarta rapidement avant de se réfugier à l'autre bout de la pièce, accoudé à son piano. Un long moment de silence s'en suivit, durant lequel elle se laissa glisser le long du mur, le souffle coupé. A la fois soulagée et intriguée, elle tentait de calmer ses pensées. Elle discerna une pointe de... frustration ? Non, non, non... Elle secoua la tête pour sortir cette information de son esprit et concentra son attention sur le vampire, visiblement bouleversé. Elle avait presque envie de le consoler, mais ses jambes ne lui obéirent pas. Étrangement, elle comprit le vampire. Mais pourquoi donc avait-il l'air aussi désemparé ? Pourquoi sentait-elle sa tension à travers toute la pièce ? Cet homme semblait aussi vulnérable que triste... Pourquoi ne libérait-il donc jamais ses sentiments ? Rire, pleurer, être en colère.... Tout cela faisait pourtant partie de lui, même à moitié mort, elle ne comprenait pas qu'on puisse renoncer à être heureux... Elle allait lui poser la question quand il annonça d'une voix faible :

« Excusez-moi. Allez vous reposer. Partez même si vous voulez, je comprendrais parfaitement que ma proposition tombe à l'eau. Demandez un dédommagement à l'un de mes employer si vous le désirez. Au revoir. »

Elle se leva alors et s'approcha silencieusement du vampire. Elle posa alors une main douce dans son dos et répondit d'une voix encore un peu tremblante mais qui semblait moqueuse :

" Et laisser passer une si belle occasion de me faire de l'argent ? Vous me prenez pour une imbécile, Monsieur ? Serais-je une si mauvaise invitée pour que vous me jetiez ainsi dehors ? Aïe, j'en ai bien peur..."

Elle sourit dans son dos. Elle comprenait que le vampire ai perdu son sang froid à cause de la pierre. C'est d'ailleurs ceci qui lui avait causer le plus de soucis dans sa jeune vie... Elle retira vivement sa main, ne sachant pas si cela gênait le vampire ou pas. Puis s'étira, encore quelque peu désarçonnée par les événements.

" Cela dit, un peu de repos ne serait pas de refus. Me donneriez-vous l'autorisation de rester ici cette nuit ? Et même les autres, étant donné que je dessinerais ici, bien sur."

Elle attendit patiemment la réponse de Vladimir. Elle lui laisserait tout le temps qu'il voudrait pour y réfléchir, mais le plus tôt serait le mieux, non ?

Le vampire frémit lorsqu'une main se posa dans son dos. Qu'est-ce qu'elle faisait encore là cette humaine ? Voulait-elle l'insulter de tous les noms avant de partir ? Il ne voulait pas la regarder, il ne voulait pas voir son visage en colère à cause d'une impulsion de sa part dont il avait affreusement honte aussi il ne daigna pas se retourner. Mais la présence de la jeune se faisait encore sentir, visiblement elle ne comptait pas partir d'ici dans la foulée, ou alors elle attendait quelque chose de sa part. Finalement ce fût pour une fois elle qui brisa le silence. Toujours fourré dans la cachette de ses bras, Vladimir écoutait attentivement ce qu'elle lui disait. Lorsqu'elle retira la main de son dos, le vampire se retourna brusquement, la réponse qu'elle désirait rapidement ne se fit pas longtemps attendre. Il lui jeta un regard où brûlait une indignation et pour la première fois il haussa le ton, absolument déconcerté qu'elle puisse penser une chose pareille de lui qui était tant à cheval sur l'étiquette en temps normal.

« Je ne vous jette absolument pas dehors ! Vous me prenez quant à vous pour un malappris ? Ne voyez-vous pas que je vous demande de partir pour votre propre sécurité ? Êtes-vous totalement inconsciente ou simplement désireuse de vous frotter à la mort ? Est-ce cette fameuse curiosité que vous avez énoncé tout à l'heure qui en est la cause ?»

Il se redressa et s'approcha à nouveau de la jeune femme. Il allait poser ses mains sur les épaules de celle-ci mais se ravisa au dernier moment, ne voulant pas prendre le risque que la scène précédente se répète. Le vampire fronçait les sourcils et dévisageait celle qui lui faisait face avec incompréhension.

«  Évidemment que vous pouvez rester ici, cette nuit et toutes les autres, ne serait-ce que pour racheter mon indigne comportement. C'est à vos risques et périls Kanâa, car c'est bien la première fois que j'ai du mal à résister à ce genre de désir et vous me donnez constamment envie. Quand je dis vous je parle évidemment de votre sang, qu'il n'y ait pas de méprise. »

Vladimir se demanda pourquoi il avait senti le besoin de préciser cette dernière remarque. Finalement il croisa les bras et posa un regard légèrement hautain sur sa compagne.

« Je crois moi aussi avoir le droit de poser des conditions. Tout d'abord, je veux que vous me disiez votre réel but en restant ici. Et ensuite, j'aimerais revenir sur ce que vous m'avez dit plus tôt... En quoi cette pierre est-elle dérangeante pour vous, qu'est-ce cela signifie ? »

C'était évidemment plus une envie d’étancher sa curiosité que de réelles conditions mais il voulait absolument savoir. Et même si elle restait là et qu'ils auraient forcément d'autres occasions de rediscuter, elle pouvait bien contenir sa fatigue encore un moment, non ?

Au moment où elle retira sa main, il se retourna vivement et lança d'une voix qui laissait transparaître toute son indignation :

« Je ne vous jette absolument pas dehors ! Vous me prenez quant à vous pour un malappris ? Ne voyez-vous pas que je vous demande de partir pour votre propre sécurité ? Êtes-vous totalement inconsciente ou simplement désireuse de vous frotter à la mort ? Est-ce cette fameuse curiosité que vous avez énoncé tout à l'heure qui en est la cause ?»

Elle sursauta quand le ton du vampire monta. Qu'avait-il à tout dramatiser... Elle se sentait à la fois honteuse, et gênée. La perte de son sang-froid avait sûrement remuée le vampire, mais ce n'était pas comme si elle ne pourrait pas se défendre elle-même ! Son sang ne fit qu'un tour, et soudain, elle sentit l'agacement monter en elle...

« Évidemment que vous pouvez rester ici, cette nuit et toutes les autres, ne serait-ce que pour racheter mon indigne comportement. C'est à vos risques et périls Kanâa, car c'est bien la première fois que j'ai du mal à résister à ce genre de désir et vous me donnez constamment envie. Quand je dis vous je parle évidemment de votre sang, qu'il n'y ait pas de méprise. »

La jeune femme ouvrit la bouche, l'air ahuri. Et il ne voulait pas qu'elle le prenne pour un malappris... Quelle indélicatesse de préciser cela... Enfin, ce n'était pas comme si ça la vexait qu'il ne soit pas attiré physiquement par elle, mais quand même... Et même si, ce n'était pas pour ça qu'elle devait s'énerver... Alors pourquoi avait-elle envie de le frapper à cause de cette dernière phrase ? Il enchaîna immédiatement, le regard froid et hautain.

« Je crois moi aussi avoir le droit de poser des conditions. Tout d'abord, je veux que vous me disiez votre réel but en restant ici. Et ensuite, j'aimerais revenir sur ce que vous m'avez dit plus tôt... En quoi cette pierre est-elle dérangeante pour vous, qu'est-ce cela signifie ? »

La jeune femme serra les poings et s'apprêta à répondre d'une voix polie et forcée :

" Mon pendentif est un cadeau de mon... père. Je l'ai eu quand j'avais sept ans. Je ne sais pour quelle raison, mais dès que je suis en mauvaise posture ou que je me sens en danger, il s'illumine. Bien sur, il ne fait jamais la distinction entre angoisse et danger réel... Ce qui m'a valu bien des problème enfant. Voilà, j'ignore tout de cette... ce... morceaux de pierre sadique et inutile !"

Elle le prit entre ses doigts, jetant un regard furieux sur la pierre aussi rose que ses yeux, au reflets de lune. Elle fronça alors les sourcils et reprit, bien plus froidement :

"Pour répondre à vos questions, bien sur que je sais que c'est pour ma propre sécurité, mais je souhaiterais que vous évitiez de vous en occuper, et puis, n'est-ce pas plutôt pour votre sécurité à vous, que vous faites cela ? Je veux dire, vous pourriez tout aussi bien vous protéger vous-même... Ceci ne se reproduira pas, n'est-ce pas ?"

Elle secoua la tête, faisant en même temps, bouger ses cheveux élégamment. Elle ne pouvait pas en dire plus sur la pierre à Vladimir, puisqu'elle n'en savait pas plus que cela. En même temps, elle s'en fichait, les événements et le ton de son interlocuteur commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs, et elle ne le supporterait pas si longtemps qu'il ne le pensait. La précision que seulement son sang lui donnai envie, l'avait quelque peu mise en rogne, et une erreur de plus amènerait à une seconde dispute.

Elle se contenta donc de respirer calmement, fixant son attention sur le vampire qu'elle trouva toujours aussi tendu. Que pouvait-il bien se passer à l’intérieur de sa tête ?

«Si cette pierre vous incommode tant, pourquoi ne vous en débarrassez-vous pas tout simplement ? »

Vladimir avait parlé comme si elle était stupide de ne pas avoir pensé à une chose aussi logique. D'un ton tout aussi agacé que précédemment, il répondit à ses dernières paroles après avoir poussé un long soupir.

« Très bien princesse, je ne m’inquiéterais plus de votre bien-être. Et navré de vous décevoir mais vous ne faites pas vraiment peur, ainsi je n'ai aucune raison de m'occuper de ma propre sécurité. Qu'est-ce qu'une faible humaine telle que vous peut bien faire à un vampire qui a dix fois votre âge et de surcroît votre expérience ? »

Le vampire se trouvait affreusement ridicule mais sans savoir pourquoi il se sentait obligé d'être sarcastique avec sa compagne. Ils avaient l'air de deux gamins qui se disputaient pour une chose insignifiante et Vladimir s'exaspérait lui-même d'avoir un tel comportement enfantin. Mais l'énervement de l'humaine l'agaçait à son tour et ils finissaient bêtement par se mettre en colère mutuellement. Elle semblait frustrée depuis que... Une chose fort peu probable se produisit alors, au plus grand étonnement de la dessinatrice autant que celui du vampire. Effectivement, l'hôte de la demeure se mit à rire aux éclats, brisant l'intégralité de sa carapace de neutralité dont il se recouvrait habituellement.

Cela faisait bien un siècle qu'il n'avait pas rit ainsi ! Il venait simplement de comprendre pourquoi son interlocutrice semblait si vexée et trouvait cela absolument hilarant. Elle avait faillit être mordue par un vampire de force et c'est une simple remarque qu'elle avait mal comprise, croyant qu'il critiquait son physique, qui la mettait dans un état pareil. Décidément, cette fille n'en finissait pas de le surprendre. Vladimir se redressa finalement, parvint à arrêter son fou rire mais ne réussit pas à faire quitter son sourire moqueur de ses lèvres.

« Excusez-moi moi pour cet interruption, c'est juste que... vous n'êtes pas banale ! Vous êtes très jolie Kanâa, si j'étais un humain insouciant comme vous, soyez sûre que je vous aurais déjà fait ma déclaration ! »

Il s'approcha soudain d'elle et posa une main sur sa joue, la dévisageant de son regard malicieux. Il n'était pas du tout habitué à faire ce genre de chose mais s'amusait follement de cette situation incompréhensible à ses yeux.

« Partagez donc ma couche ce soir, je vous prouverai que vous êtes désirable. »

Vladimir retint un nouveau rire, laissa glisser sa main le long de sa joue et la laissa finalement tranquille. Il s'éclipsa le temps d'un battement de cil et revint dans la pièce avec le bouquin qu'il avait laissé dans sa chambre.

« Vous avez le droit d'aller dormir, je tiens à le préciser puisque votre corps de faible humaine semble être à court d'énergie, j'ai quant à moi encore du temps à revendre. »

Il se posa alors sur l'un des fauteuils et délaissa Kanâ de son regard pour poser ses yeux sur sa lecture entamée qu'il continua comme si de rien n'était, comme si l'humaine qui n'avait pas encore bougé avait déjà quitté la pièce.

«Si cette pierre vous incommode tant, pourquoi ne vous en débarrassez-vous pas tout simplement ?

La jeune femme ne pouvait pas lui expliquer la raison de son attachement à cette pierre. Trop de mystère planait sur ce bijou inutile. Elle reporta son attention sur Vladimir et écouta ce qu'il avait à lui dire.

« Très bien princesse, je ne m’inquiéterais plus de votre bien-être. Et navré de vous décevoir mais vous ne faites pas vraiment peur, ainsi je n'ai aucune raison de m'occuper de ma propre sécurité. Qu'est-ce qu'une faible humaine telle que vous peut bien faire à un vampire qui a dix fois votre âge et de surcroît votre expérience ? »

Elle tapa du pied. Non mais pour qui se prenait-il ? Quel homme arrogant ! Elle s'apprêtait à lui lancer une réparti cinglante au visage quand sa réaction la figea littéralement sur place... Le vampire... Riait aux éclats. Il était en pleine crise de fou rire. Qu'est-ce qu'il y avait encore ? Elle l'observa, les yeux ronds, l'air ébahi, quand soudain il reprit, la voix encore moqueuse :


« Excusez-moi moi pour cet interruption, c'est juste que... vous n'êtes pas banale ! Vous êtes très jolie Kanâa, si j'étais un humain insouciant comme vous, soyez sûre que je vous aurais déjà fait ma déclaration ! »

La jeune femme ouvrit la bouche. La referma. La rouvrit... Décidément, ce satané vampire faisait tout pour l'énerver ! C'est juste que.... Si seulement il... Raah ! Franchement ! Elle détestait qu'on se moque d'elle... Mais étrangement, cela lui faisait un peu plaisir... Mais bon sang, pourquoi ne pouvait-il pas le dire plus sérieusement ? Sans qu'elle s'y attende, il posa une main délicate sur sa joue, le regard brillant.
Elle rougit du contact glacial sur sa joue et baissa la tête.

« Partagez donc ma couche ce soir, je vous prouverai que vous êtes désirable. »

La jeune femme écarquilla les yeux, cachée derrière ses longs cheveux noir. Ses joues aussi rouges que des pommes, elle se réfugia derrière le rideau de sa chevelure et marmonna vaguement quelque chose. Mais pourquoi donc ce vampire s'acharnait sur elle ? Sa gêne était à son comble quand la dernière phrase du vampire finit de l'achever :

« Vous avez le droit d'aller dormir, je tiens à le préciser puisque votre corps de faible humaine semble être à court d'énergie, j'ai quant à moi encore du temps à revendre. »

Puis il s'éclipsa un millièmes de secondes avant de revenir s'asseoir sur une des causeuse du salon et de l'oublier. Tout simplement... Elle secoua la tête avant de répondre d'un air farouche :

" Je suis loin d'être faible de constitution ! Détrompez-vous, je vais parfaitement bien, je n'ai pas une once de fatigue en moi. Passez donc votre nuit à..... faire je ne sais pas trop quoi, je m’occuperais bien avec ce que j'ai à faire !"

Elle se détourna alors et s'arrêta sur le seuil de la pièce... Elle ne savait pas où se diriger. Refusant de montrer son trouble au vampire, elle sortit la tête haute et s'aventura dans les couloirs du manoir, cherchant dans son esprit l'image de l’escalier qui menait à sa chambre. Par tout les Dieux d'Ephaëlya, pourquoi elle ?!

« Et qu'avez-vous donc à faire ? »

La voix de Vladimir résonna dans le couloir où se trouvait l'humaine. Caché dans la pénombre, il observait son invitée à proximité, l'ayant suivit sans faire le moindre bruit.

« Non pas je ne puisse plus me passer de vous, j'aimerai seulement éviter que vous fouiniez partout comme la dernière fois, laissez-moi donc vous guider jusqu'à votre chambre. »

La vampire avait surgit comme à son habitude dans le dos de la jeune femme avec rapidité et discrétion. Sans attendre une quelconque réponse de sa part, il l'invita à le suivre à travers sa demeure qu'il connaissait par conséquence sur le bout des doigts. Il était effectivement aisé de se perdre dans cette multitude de couloir interminables lorsqu'on n'était pas habitué. Il l'emmena à gauche, puis à droite, puis une nouvelle à gauche et ils arrivèrent finalement devant la fameux escalier qu'elle cherchait auparavant. Vladimir monta les marches une à une puis ouvrit la porte et laissa passé l'humaine la première. Il s'adossa à l'un des murs et croisa les bras.

« Devrais-je rester ainsi toute la nuit pour vous surveiller, ou alors vous accorder un peu de confiance ? A vrai dire il semblerait que je vous ai encore froissé, aussi j'ai bien peur vous ne jouiez les détectives dans l'unique but m'embêter à votre tour. »

Vladimir plissa légèrement les yeux avant de s'approcher de la jeune femme. A quelque centimètres d'elle seulement, il la dévisagea froidement durant un long moment. Finalement

« Eh bien, tant de mépris votre regard, vous allez finir par m'attrister. Ou alors seriez-vous frustrée que je ne sois pas allé plus loin lorsque je vous démontrais combien vous étiez jolie ? Ne vous en faites pas je compte bien vous dévorer dès que j'en aurais l'occasion, du regard, évidemment. »

Ses lèvres se retroussèrent en un léger sourire puis il fit volte face, reprenant sa place initiale, adossé au seuil de la porte. Le vampire embrassa la pièce du regard, s'attarda un moment sur le vêtement que l'humaine n'avait toujours pas daigné enfilé puis reposa finalement ses yeux sur son invitée.

« Des questions avant que je ne vous quitte définitivement ? Au pire des cas si vous me cherchez vous me trouverez. »

Son visage impassible refit surface alors qu'il s’apprêtait à partir, quasiment certain que l'humaine serait bien trop fière pour lui demander quoi que ce soit. En cette nuit l'envie de planter ses crocs était intense, mieux valait ne pas s'attarder trop longtemps.

« Et qu'avez-vous donc à faire ? »

La voix du vampire la surprit quand elle résonna dans le couloir. Elle fronça le nez. Pourquoi la suivait-il toujours silencieusement. Il ne pouvait pas faire un peu de bruit, comme tout le monde ?

« Non pas je ne puisse plus me passer de vous, j'aimerai seulement éviter que vous fouiniez partout comme la dernière fois, laissez-moi donc vous guider jusqu'à votre chambre. »

Elle haussa les épaules. Comme si elle savait où aller. Sans attendre, il commença à la guider à travers les couloirs sombres du manoir. Sans aucun doute, il avait l'habitude, lui, de ce dédale de portes et de corridors. Il tourna quelques fois à gauche, mais Kanâa ne fit pas attention au chemin. De toute façon, si elle se perdait, elle finirait bien par croiser quelqu'un. Elle freina alors devant l'immense escalier qu'elle avait descendu, et rejoignit le vampire déjà en haut, les bras croisés contre son torse. Il prit alors la parole :

« Devrais-je rester ainsi toute la nuit pour vous surveiller, ou alors vous accorder un peu de confiance ? A vrai dire il semblerait que je vous ai encore froissé, aussi j'ai bien peur vous ne jouiez les détectives dans l'unique but m'embêter à votre tour. »

La jeune fille fronça le nez, agacé. Sa curiosité piquée au vif venait d'aligner deux éléments important pour elle. D'abord, le vampire n'avait pas nié qu'il y avait ici des pièces interdites aux humains, en quelques sortes. Ensuite, elle avait tenté de mémoriser le couloir où elle avait croisé la porte à laquelle le vampire l'avait trouvée. Elle jura mentalement.

« Eh bien, tant de mépris votre regard, vous allez finir par m'attrister. Ou alors seriez-vous frustrée que je ne sois pas allé plus loin lorsque je vous démontrais combien vous étiez jolie ? Ne vous en faites pas je compte bien vous dévorer dès que j'en aurais l'occasion, du regard, évidemment. »

Elle avala sa salive de travers, et après deux ou trois toussotements finit par secouer la tête d'un air perdu. Bon sang, mais elle n'avait rien dit encore... Et puis, "frustrée" n'était absolument pas son état d'esprit. Le vampire s'approcha imperceptiblement d'elle et retourna ensuite à sa place. La jeune femme recula de quelques pas.

« Des questions avant que je ne vous quitte définitivement ? Au pire des cas si vous me cherchez vous me trouverez. »

Son visage impassible la dévisageait. En un haussement de sourcil, elle ignora la dernière remarque de Vladimir. Pourquoi aurait-elle la mauvaise idée de le chercher ? Elle serait parfaitement sereine. Elle se sentait profondément troublée et préférait être seule. Pourquoi tout ce que lui disait le vampire la vexait ?

" Bien. Alors, je vais me débrouiller. N'ayez crainte, je saurais parfaitement passer mon temps seule. Sur ce, bonne nuit Vladimir"

Et en haussement d'épaules, elle entra dans la chambre sombre, fermant la porte en passant. Si le vampire voulait finir sa nuit, qu'il le fasse, elle, elle voulait simplement la commencer. Soupirant, elle s'affala sur le lit moelleux et rumina de sombres pensées... Premièrement, si elle voulait jouer les détectives, elle devrait le faire de jour. A moins que les rideaux du manoir soit fermés ou que les employés du vampire ait tous des capacités hors normes, elle pouvait le faire. Sinon, elle verrait bien, Mavréah devait être bien vide la journée...

Réfléchissant au moyen de pénétrer dans la pièce si secrète à ses yeux, elle se retourna sur le ventre et fixa de ses yeux roses, quelque chose que sûrement elle seule pouvait voir, vers l'extérieur noir et froid.

Eh bien au moins cela avait le mérite d'être clair. Elle venait littéralement de lui claquer la porte au nez pour ainsi pouvoir dormir en paix, sous-entendant certainement que la présence du vampire lui était désagréable. Vladimir glissa lentement sa main sur la poignée dans un soupir puis d'un geste irrité, tourna des talons et s'éloigna à travers les couloirs où résonnait le bruit de ses pas agacés. Maudite humaine, qu'avait-elle donc à le mépriser de la sorte alors qu'il la logeait, qu'il la nourrirait et qu'en plus il la payerait. Certes il n'avait pas été des plus sympathiques mais tout de même, elle avait bien qu'il faisait des efforts non ? Puisque c'était ainsi il n'en ferait plus rien, il resterait l'éternel Vladimir au visage fermé et se contenterait de la croiser pour voir son travail. Et puis pourquoi était-il énervé, qu'en avait-il bien à faire de cette dessinatrice qu'il venait à peine de rencontrer ?

Après un énième soupir, le vampire enfila son long manteau, donna la consigne à ses employés de surveiller les pas de la potentielle fouineuse et quitta son manoir en claquant la porte. Cette fille avait le don de l'agacer alors qu'il n'était pas du tout du genre à se mettre en colère, de plus il avait une furieuse envie de planter ses crocs lorsqu'elle était présente. Il avait donc décidé d'essayer d’étancher sa soif avant qu'il ne finisse par mordre sa propre invitée, ce qu'il se refusait bien évidemment à faire, il lui restait encore son honneur. Des humains curieux, il y en avait quasiment tous les soirs à Ambroisie et il ne fût guère difficile au vampire de repérer l'odeur de l'un de ces voyageurs un peu trop courageux. Parfois il avait une once de pitié et laissait ses victimes à moitié sous le choc sans les tuer. Mais cette nuit-là, il était de très mauvaise humeur à cause d'une mortelle aussi lunatique qu'exigeante.

Aussi, au coin d'une ruelle, apparaissant dans le dos de sa proie silencieux comme à son habitude, il ne lui laissa pas le temps de comprendre et l'entoura brusquement de ses bras pour qu'il ne puisse pas se débattre avant d'ouvrir la bouche et de planter ses canines dans la chair du malheureux. Une, deux, trois, il arrêta même de compter, cette fois il buvait jusqu'à ce qu'il ne reste plus une goutte de sang à ce pauvre humain. Peut être un peu trop rapidement car il n'avait pas pris le temps de savourer quoi que ce soit, dicté par sa soif, il laissa tomber le cadavre à ses pieds, ne daigna même pas adresser un regard à sa victime et retourna sur ses pas. Vladimir ne sentait pas vraiment mieux, mais assez apaisé pour reprendre le contrôle de lui-même. Il se lécha le contour des lèvres, rehaussa son vêtement et flâna un bon moment dans la capitale, sans intérêt particulier. Après un long moment passé à ne rien faire dans les rues d'Ambroisie, il rentra finalement à son domaine.

L'aube ne tarderait pas à se lever, une bonne journée de repos ne le ferait que du bien. Ainsi il pénétra à nouveau chez lui, et marcha à vive allure jusqu'à sa chambre, non loin de celle de l'humaine qu'il ne passa pas voir cette fois-ci. Vladimir ferma tous les volets, tira tous les rideaux, se déshabilla et s'allongea finalement dans son lit, fixant le plafond en essayant de trouver le sommeil qui avait étrangement du mal à venir.

La jeune femme soupira. Les yeux perdus dans l'obscurité extérieur, elle grimaça en repensant à l'impolitesse dont elle avait fait preuve. Pourtant elle se devait d'agir comme ça... Elle n'avait aucune idée du pourquoi et du comment, mais cet pensée s'insinuait dans son esprit. Soupirant une seconde fois, elle se leva et s'assit à la fenêtre. Elle contempla un instant la Cité d'Ambroisie. Peut-être n'aurait-elle jamais du y mettre les pieds. Peut-être valait-il mieux qu'elle rentre chez elle. Elle n'avait plus rien à perdre... Elle était encore plongée dans ses pensées quand la silhouette sombre du vampire se détacha. Elle plissa les yeux, les forçant à voir par-delà les ombres, mais elle distingua à peine la forme spectrale de l'homme. Elle allait sortir de la chambre, quand elle se souvint de la semi-dispute qui les avaient opposés. Qu'à cela ne tienne. Elle le laisserait se débrouiller ! S'il voulait passer sa colère sur un humain prétentieux traînant dans les rues vampires, qu'il se décharge ! Elle pouvait bien se passer de lui. Il n'était pas une pierre précieuse indispensable.

Avec une rage à-moitié feinte, elle ramassa le peu de chose qui lui était tombé des poches et le fourra dans sa besace. Elle mit un minimum d'ordre dans ses cheveux, et jeta un regard violet sur la pièce. La robe rouge était toujours sur le dossier du fauteuil. Kanâa n'avait pratiquement rien déplacé dans cette chambre, et elle comptait bien ne rien oublier. Alors seulement quand elle eu récupérer toute ses affaires, elle sortit et descendit l'escalier prudemment. Elle réfléchit un long moment avant de refaire surgir la route que Vladimir lui avait montrée. Elle tourna donc à droite, puis à gauche. Elle hésita un moment devant deux allées, mais finalement, elle déboucha sur le salon où elle se trouvait environ une heure plus tôt. Elle se surprit à tenter de paraître discrète. Pourquoi diable devait-elle être discrète ? Secouant la tête, elle marcha jusqu'à une sortie et tourna en rond pas mal de temps.

Elle s'arrêta alors au milieu d'un couloir. La désagréable impression qu'il y avait du déjà-vu l'envahit. Elle se retourna lentement et fixa une porte. La porte. Celle qu'elle était censée ne pas ouvrir. Non mais, je ne sais pas. Quand vous dites à quelqu'un de ne pas faire quelque chose, forcément, il va le faire. Les humains sont ainsi. Ils passent leur temps à faire des conne... hum... des idioties. Imaginez qu'on mette un énorme bouton rouge, avec un gros panneau marqué dessus "Attention, Fin du Monde. Ne pas toucher." , vous êtes sur qu'un humain curieux va appuyer dessus. Juste pour "voir ce que ça fait".
Enfin, pour revenir à Kanâa, c'est exactement la situation dans laquelle elle se trouvait. Un dilemme. Soit elle obéissait sagement au vampire, soit elle continuait d'avancer et elle ouvrait cette foutue porte qui chatouillait sa curiosité. Elle soupira. Cela faisait un petit moment qu'elle avait cesser d'obéir à qui que se soit. Y compris ses propres géniteurs. Alors, dans un mouvement impulsif, elle se glissa jusqu'à l'entrée interdite et appuya sur la poignée.

Quels que soit les choses qui se trouvaient ici, cela avait gêné le vampire d'en parler. Le but de la jeune femme était simple.
Clacher les tabous.
Et en ce moment, c'est exactement ce qu'elle était en train de faire.

Il avait fermé les yeux, depuis un moment déjà pourtant ceux-ci s'ouvrirent avec brutalité lorsqu'il entendit LA poignée de porte tourner. Un mot lui vint à l'esprit, Kanâa. Forcément, cette fouine n'allait jamais respecter ses dires, surtout parce qu'il l'avait menacée. Il en avait été convaincu alors pourquoi diable l'avait-il laissé sans surveillance ? Vladimir se considérait comme un monstre, une créature de la nuit qui n'avait plus de cœur depuis fort longtemps, incapable du moindre sentiment, et il faisait véhiculer cette image un peu plus chaque jour. La pièce que l'humaine venait d'ouvrir était en quelque sorte ce que le vampire considérait comme ses faiblesses : son cœur, ses attaches, tout ce qu'il avait chérit au cours de sa longue vie. Une pièce remplie de portraits de femmes, d'hommes qu'il avait aimé ou apprécier, d'innombrables flacons de parfum dont les senteurs lui évoquaient des souvenirs heureux, des vêtements d'une autre époque qui appartenaient à ces mêmes personnes. Un fouillis de choses diverses et variées dont chacune était un souvenir d'une personne aimée. Un endroit qui prouvait finalement que ce n'était pas qu'un mort-vivant aux envies de meurtre.

Vladimir se redressa, ne prit pas la peine de se rhabiller il enfila simplement sa robe de chambre en satin noir ouverte sur son torse aussi pâle que son visage. Il comptait bien arrêter l'inspection de cette humaine à la curiosité bien trop élevée. De toute façon elle ne comprendrait à tout ce bazar, il lui dirait que ce ne sont que des affaires qu'il ne savait pas où ranger et qu'il gardait malgré tout pour leur valeur, que ce n'était qu'un tas de choses fragiles et que c'était pour cette raison qu'il ne voulait pas qu'elle y entre. Le vampire parvint rapidement au niveau de l'entrée de ladite pièce interdite. Il allait foncer sur sa proie, mais ses jambes s'arrêtèrent net au seuil de la porte. Combien d'années, depuis combien de temps n'avait-il pas lui-même pénétré cet endroit ? Cette lui était à lui aussi interdite, s'il entrait il se prendrait de plein fouet tous ses souvenirs qu'il avait désespérément enfouis dans un coin sombre de son esprit. Mais il n'allait tout de même pas laisser le jeune femme qui se trouvait en face de lui fouiller devant ses yeux. Un frisson ? Non, c'est tout son corps qui se mettait à trembloter alors que l'effluve de parfums oubliés parvenait à ses narines à l'odorat développé.

De quoi avait-il l'air, bloqué à l'entrée, fixant l'humaine de son regard troublé. Il se trahissait lui-même, l'amertume comment à se glisser dans son regard habituellement sombre et impassible. Vladimir ouvrit la bouche pour ordonner à cette insolente de quitter immédiatement la pièce mais ses mots restèrent coincés derrière la barrière de ses lèvres. Elle était futée, il le savait, plus il restait dans cet état d'homme accablé, plus elle se douterait que quelque chose n'allait pas. Le vampire devenu muet fit un pas en arrière, puis deux, nerveux. Il finit par s’éclipser totalement, incapable de franchir le seuil de cette pièce douloureuse, il alla se réfugier dans l'obscurité du couloir, non loin. Vladimir s'adossa au mur, se laissa glisser contre celui-ci avant de prendre son visage entre ses mains. Faites que ses pensées s'arrêtent ! Il ne voulait pas réfléchir à son passé, il ne voulait pas ressentir, il voulait vivre en fantôme dénué de cœur fonctionnel. Il fallait qu'il tue, qu'il tue jusqu'à ôter l'âme humaine qui l'abritait encore. Mais pour le moment il était coincé dans cet état de léthargie, assis à même le sol, incapable du moindre mouvement.