Les premiers pas étaient faits. Un sentiment de soulagement prenait doucement le dessus dans l’être de la jeune personne. Certes, il lui restait beaucoup à faire, mais le processus était maintenant entamé.

- Tu as cognée à la bonne porte mon enfant. Viens, ne reste pas lèa. Rejoins-moi dans la Grande Salle. Nous parlerons devant une bonne tasse de café.

Séléna adressa un sourire à Eramos, acceptant de le suivre. Le commandant tenait alors la porte et une vue de la Grande salle s’offrait à elle. L’humaine n’entra pas tout de suite, préférant observer cette pièce quelques instants. Elle fît quelques pas vers celle-ci, observant rapidement à droite et à gauche. Les nombreuses tables rondes donnaient lourdement l’impression que les deux jeunes gens se trouvaient dans une taverne. Cette pièce était charmante pensa-t-elle. La guerrière prit place et le jeune homme s’installa devant elle. Il lui servit une tasse de café et elle le remercia. Ses petites lèvres minces et délicates soufflèrent sur le breuvage afin de tenter d’adoucir sa température. Elle bût une gorgée puis elle posa sa tasse sur la table ronde qui les séparait.

- J'aimerais en savoir plus sur toi, Séléna mais plus avant j'aimerais savoir d'ou tu connais la Guilde. Je suis quelque peu curieux de rencontrer une jeune femme arriver sous le pas de ma porte dans un moment aussi providentiel.

Pourquoi serait-elle arriver dans un moment providentiel ? Cette question titillait grandement la jeune femme, mais elle se promit d’y revenir plus tard. Pour l’instant il fallait répondre à la question d’Eramos.

« Vous savez déjà mon prénom et je pense qu’un événement remontant à ma quinzième année pourra vous intéressé.»

Séléna posa ses deux coudes sur les accotoirs de sa chaise, se reculant un peu dans celle-ci. Elle croisa également les jambes. Sa position laissait entendre qu’elle n’aimait pas parler de ce qui allait suivre, mais Eramos devait comprendre pourquoi elle avait choisit de défendre le bien. Ses souvenirs remontèrent alors doucement, créant un film dans son esprit. Tout semblait si réel alors.

« Depuis mon plus jeune âge, j’avais un ami. Un grand ami qui était pour moi un frère. Justin et moi passions chaque heure de chaque journée ensemble. Nous nous entendions si bien. Je me demandais comment un être humain pouvait me ressembler et me comprendre autant. Plus les années passaient et plus notre amitié se solidifiait. J’aurais tout fait pour lui et il aurait tout fait pour moi. »

Séléna prit une pause et elle baissa le regard au sol. Se rappeler ses souvenirs était douloureux pour elle puisqu’elle tentait habituellement de ne pas le faire. Cette fois-ci, il était important qu’elle termine son histoire. Elle prit donc une grande inspiration avant de continuer.

« À l’adolescence, le père de mon ami nous avait gentiment fait don de deux épées. Les premiers à se lever pouvaient déjà apercevoir nos ombres s’entraîner au sommet de la colline. Nous nous arrêtions seulement au coucher du soleil. Puis, un jour Justin ne venait plus s’entraîner. Lorsque j’allais chez lui, ces parents me disaient qu’il était absent. Ils ne semblaient pas comprendre, tout comme moi. Je me demandais ce que j’avais bien pu faire de mal, mais je ne trouvais point. »

Séléna prit une pause, une nouvelle fois, mais cette fois-ci elle releva le regard afin de rencontrer celui du commandant. Son corps gardait la même position, démontrant toujours que raconter ces événements n’était pas agréable.

« Un soir, Justin à passé devant ma maison. Il était très tard, j’étais sur le point d’aller dormir. Je me souviens encore l’expression de son visage. Ces traits étaient durcis et ses yeux sévères. Je ne le reconnaissais plus. J’ai donc décidé de le suivre. Je n’eus pas à le suivre bien longtemps. Il avait prit un chemin peu fréquenté, une sombre ruelle pour être plus précise. Je vous épargnerais les détails, mais j’ai vue que mon meilleur ami était un assassin et qu’il semblait privilégier le mal et les meurtres. Je lui ai donc dis que j’avais choisis mon camp. J’étais âgé de quinze ans et je ne l’ai plus revu depuis.»

Elle ferma les yeux, l’espace d’un instant afin de chasser ces désagréables moments de son esprit. Séléna releva alors les yeux vers l’homme, s’avançant quelque peu vers la table pour poser les coudes sur celle-ci. De sa main droite, elle entoura la tasse de café.

« Je m’entraîne durement depuis six ans et je me crois à la hauteur Eramos. »

Son regard noisette était planté dans celui du commandant, lui témoignant une grande sincérité. La jeune femme prit ensuite une gorgée de café afin de calmer son âme. La chaleur de ce breuvage lui faisait grand bien.

L’homme qui se tenait devant elle possédait une grande sagesse qui impressionnait la jeune femme. Elle savait pourtant qui elle venait voir, mais elle ne pouvait s’empêcher de l’admirer. Après avoir sagement écouté les conseils du commandant, l’humaine sourit avant de prendre la parole.

« En effet, j’ai plusieurs questions. »

La jeune femme décroisa ses jambes, les laissant l’une près de l’autre. Elle bu et termina sa tasse de café avant de la poser près de celle d’Eramos, c’est-à-dire plus loin sur la table. Séléna, toujours les coudes sur le meuble rond, posa son regard dans celui de son interlocuteur.

« Votre guilde est connu de tous. C’est le cas ici dans la cité de l’aurore, du moins. Je sais que votre organisation comporte des postes tel que l’associer, l’apprenti ou encore l’érudit. Je pense savoir ce que ces postes représentent, l’ayant entendu. »

Séléna se leva doucement tout en poussant sa chaise de ses mollets. Elle détache doucement la ceinture en cuir qui orne ses hanches et elle la pose sur la table tout en faisant bien attention de ne pas frapper les tasses.

« Voyez. »

La jeune humaine retira une vieille épée de son fourreau, puis elle la posa doucement sur la table ronde qui se trouvait entre les deux inconnus.

« C’est avec cet épée que j’ai remporté bien des combats. L’arme n’est qu’un artifice. Les gens maîtrisant l’art du combat n’ont pas besoin de l’épée la plus tranchante d’Oryenna. L’agilité des mouvements et les stratégies suffisent à remporter une bataille. »

Séléna jeta un regard vers son arme, repensant alors à son père. Elle n’allait pas se débarrasser de celle-ci puisqu’elle était vielle. Elle posa alors ses mains sur la table et elle se pencha un peu en avant, regardant directement Eramos dans les yeux.

« Toute ma vie, les gens m’ont sous-estimé puisque je suis une femme. Aujourd’hui, je vous demande un combat. Je vous demande ce duel afin que vous puissiez évaluer mes capacités de vos propres yeux. Vous n'aurez pas que mes paroles sur lesquelles vous appuyer. »

L’humaine se releva doucement, maintenant debout et droite face au commandant de la guilde. Elle prit son épée, héritage familial, qu’elle glissa à nouveau dans son étui. La jeune femme entoura sa taille du bout de cuir avant de l’attacher.

« J’aimerais que ce combat se déroule à la colline. Là où je m’entraînais avec Justin. Qu’en dîtes-vous ? »

Les bruits de la ville commençaient à retentir dans la bâtisse où ils se trouvaient. Le matin était avancé et la population s’éveillait doucement. Des voix, des bruits d’épées et des cris d’animaux étaient vaguement perceptibles.