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| Retrouvailles... - clos - | |
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Invité Invité
| Sujet: Retrouvailles... - clos - Mer 18 Jan 2012 - 1:04 | |
| Des mois. Cela faisait des mois que Gïlh'Or n'avait plus vu son visage, serrer ses mains, serrer son corps tout entier contre le sien. Sa chaleur et son odeur sucrée lui manquaient. Mais certains évènements l'avaient empêché de la voir depuis tant de semaines... La lâcheté de Sheiz ne lui avait pas fait perdre seulement sa meute, son statut enviable, ses biens et richesses. Il avait aussi perdu pour trop de journées, si longues et éprouvantes, sa dulcinée. Depuis peu il avait pu retrouver une place en tant que chef, à la tête de la meute de Drack. Une meute pacifique, comme celle de sa bien-aimée. Peut-être est-ce que cela lui ferait plaisir, quelque part, de savoir que son lycanthrope avait choisi une voie qu'elle jugeait certainement plus sage. Cela dit, il ne savait pas réellement comment elle réagirait en le revoyant. Sa longue absence, savait-elle seulement à quoi elle était due ? Si oui, si elle avait eu vent des rumeurs sur sa mort, elle devait sûrement y croire encore... La pauvre. Et lui qui avait tant traîné à lui donner de ses nouvelles ! Avec une certaine angoisse, il avait décidé la veille d'aller à sa rencontre. Connaissant le caractère fort de sa belle, il craignait presque qu'elle le renvoie. Le ferait-elle ? Quelque part, il ne la connaissait pas depuis si longtemps... Leur première rencontre ne remontait pas à des années en arrière, et vu qu'il avait été laissé pour mort pendant plusieurs semaines, leur relation n'avait pas énormément évolué. En fait, ses retrouvailles auraient un parfum de première rencontre, en quelque sorte.
D’une allure un peu traînante, car il avait passé une nuit courte, agitée et désagréable, il s’était habillé ce matin avec comme unique but pour cette journée : revoir Arielle. A la fois plein d’entrain, d’espoir et d’appréhension, il mit son sac sur son épaule et s’engagea hors de sa Résidence, hors de la Cité, dans les profondeurs des Grandes Racines puis se perdit sur les chemins sauvages des marécages. Déambulant une fois à droite, deux fois à gauche, puis continuant tout droit sans prendre plus d’une seule pause, malgré l’endroit très peu fréquenté, plutôt hostile et au paysage très monotone, Gïlh’Or marchait d’un pas assuré. Il évitait aisément les terrains de sables mouvants, les nids de sangsues géantes et le repaire d’autres monstres peu recommandables de croiser sur sa route. Il semblait être incapable de se perdre réellement en ces lieux où peu de personne osait s’aventurer. Lui, il s’y sentait assez bien, quoique toujours sur ses gardes, et traversait les marais d’un bout à l’autre. Le silence qui y régnait lui plaisait, la minuscule probabilité de croiser quelqu’un d’autre aussi. La solitude, toujours la solitude. Et Arielle, dans ses pensées, déroulait son corps gracile, nu, et se penchait sur lui, sa blanche poitrine sur son torse tanné par le soleil, déposant avec une douceur infinie ses lèvres humides de rosée sur les siennes, et l’embrassait… enfin…
Il dut sortir de sa rêverie érotique lorsque le paysage changea. Des plaines s’étendaient alors face à lui. Souriant, il continua droit devant lui. Il fallut encore plusieurs heures pour qu’une ville fasse enfin son apparition. Belle mais modeste, la petite cité respirait la vie active et la bonne humeur de ses citoyens. Le chef de Drack, anonyme en ces lieux, se fondit dans la foule. Il put voir avec plaisir que les gens, ici, étaient relativement heureux. Des enfants couraient dans les ruelles, des petits groupes de garçons, riant, hurlant lors de jeux de bataille héroïque tirée de leur imagination, ou quelques gamines jouant à la dînette sous l’œil attentif des mères et des grands-mères. Au loin, les rires virils retentissant des champs où, la sueur au front, les hommes travaillaient le sol. L’atmosphère qui s’écoulait ici était à peu près la même que chez lui, il s’y sentit très bien dès son entrée.
Il demanda rapidement le chemin de la résidence d’Arielle Müdrin. On lui indiqua le palais. Sans plus attendre, alors que le soleil déclinait à l’horizon et allait bientôt se cacher derrière les bâtisses les plus hautes, il suivit les indications du membre de Nord-Bois et se retrouva bientôt face à un portail. Des gardes passaient passivement devant, l’air assez joyeux, pas vraiment méfiants. Toutefois, lorsqu’il vit l’inconnu qu’était Gïlh’Or pour eux débarquer devant le portail, ils se redressèrent et toisèrent le chef de Drack, sans savoir qui il était. Devenus assez agressifs, quoiqu’assez maladroitement, ils bloquèrent le passage au plus vieux des trois lycanthropes.
« Laissez-moi passer, s’il vous plait, je dois voir Arielle… »
« Il est tard et elle est occupée. Revenez demain. »
« Ecoutez, jeune homme, je suis Gïlh’Or Rwênoskraj et j’ai fait un long voyage pour… »
« On se fiche de qui vous êtes. Retournez sur vos pas, sans histoire, et revenez demain ! »
Ah ? Son nom n’était donc pas si connu que ça. Les gardes d’Arielle eux-mêmes ne réagissaient pas en entendant son patronyme. L’avait-elle oublié ?
« Pour la dernière fois, laissez-moi passer, jeunes hommes. » dit-il alors, essayant de faire fonctionner l’autorité dû à son statut de chef.
En vain. Les deux gardes l’empoignèrent aussitôt qu’il eut fini sa phrase et le poussèrent brusquement plus loin. Cela énerva fortement Gïlh’Or. Il rugit alors et envoya son poing dans le visage le plus proche, envoyant valser le garde au sol. Le premier, gémissant, ordonna à l’autre de sonner l’alerte. Le second garde n’hésita pas, il sortit un cor de sa ceinture et souffla dedans. Un son unique, grave et mélodieux à la fois, en sortit. Gïlh’Or jura, pesta, la fatigue du voyage l’avait rendu trop impulsif. Heureusement qu’il n’agissait pas ainsi au sein de sa meute… A peine eut-il pensé cela que six autres lycanthropes se ruaient sur lui. Ils jetèrent un coup d’œil à leur coéquipier à terre, puis levèrent leurs visages pour fusiller du regard l’étranger. Regrettant son geste, il tenta vainement de se rattraper par quelques paroles amicales, les mains levées en signe de paix. Mais cela ne suffit pas et les six gardes tentèrent de le maîtriser. La situation s’envenimait dangereusement… Lui qui voulait juste voir son aimée… |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Retrouvailles... - clos - Mer 18 Jan 2012 - 22:17 | |
| Arielle lisait lorsqu’une bagarre éclata entre ses gardes. Elle avait beau être au deuxième étage du bâtiment, ses fines oreilles avaient captées les bruits de combat au rez-de-chaussée. Elle fronça les sourcils, fermant son manuel d’herbes médicinales. Il n’était pas coutume à ses loups de se battre entre eux… Ni de se battre tout court, d’ailleurs, en dehors de la caserne. Elle se leva de son fauteuil et descendit les escaliers. Depuis la mort de Gïlh’Or et la visite de Sheiz, elle ne sortait pas beaucoup de Nord-Bois.
Cette agitation la fit sourire malgré tout, peut-être allait-elle mettre un peu de piquant à sa fin de journée. Elle ne se doutait pas à quel point cela allait être vrai.
« Alors, messieurs, que me vaut l’honneur d’autant de bruit? »
Celui qui tenait Gïlh’Or à revers, Laurent, tourna la tête vers elle, l’air embarrassé.
« Désolés de t’avoir fait descendre… Cet homme voulait te voir. Il dit être le nouveau chef de Drack, et répond au nom de… »
La chef avait froncée les sourcils et coupa le jeune loup :
« Ai-je dit que je ne voulais pas être dérangée? »
« Heuuu… Non mais… Tu… enfin… »
« Alors pourquoi n’as-tu pas envoyé quelqu’un m’avertir? »
« Parce que tu ne vas pas bien depuis que… M’enfin… Non? »
Arielle soupira. Avec toute cette frustration contre son garde qui, bien entendu, ne voulait que son bien mais désobéissait à ses ordres habituels de « Avertissez-moi quand quelqu’un me demande, peu importe quand, compris? », elle n’avait pas reconnue l’odeur de Gïlh’Or dans le concentré d’odeurs viriles. De plus, Laurent le tenait dos à elle, donc elle ne voyait pas son visage dans la mêlée. Elle tenta de garder son calme et sa sagesse légendaires mais faillit craquer. Son subalterne dût le ressentir car il lâcha l’homme qui ne se tourna pas vers elle, semblant écouter.
« Donc. Récapitulons. Quelqu’un m’a demandé. »
« Oui. »
« Et tu n’es pas venu me chercher. »
« Les autres non plus… »
Le dernier mot du soldat s’étouffa sous le grognement d’Arielle. Elle poursuivit.
« De plus, c’est le nouveau chef de Drack. »
« Oui. »
L’homme commençait à reconnaitre son impolitesse car il sembla diminuer de taille. Elle continua, plus en colère qu’amusée, quoi qu’elle oscillait entre les deux. Ce qui, pour ses hommes qui ne l’avaient jamais vu en colère, avait l’air de faire de l’effet. Ils avaient tous un peu reculés. Le plaisir d’être un Alpha.
« Donc… Qu’est-ce que vous faites encore à ne pas le laisser passer? »
Les loups le relâchèrent, fustigés d’êtres réprimandés devant un parfait inconnu. Le chef de Drack ne semblant toujours pas se retourner, la jeune femme se dirigea vers son salon après avoir lancé un bref :
« Si vous voulez bien me suivre… »
Arrivée au salon, elle si dirigea vers la fenêtre, qu’elle ouvrit. Elle s’assit sur le rebord de cette dernière, profitant du courant d’air frais. Ce n’est que lorsqu’il eut franchit la porte qu’elle se tourna, de manière à lui faire face, dos à l’ouverture vitrée.
« Félicitations pour votre nomination. Puis-je savoir pourquoi vous désiriez me voir? »
Le courant d’air soufflant encore dans son dos, elle ne sentait toujours pas l’odeur du loup, dont elle ne voyait que très peu le visage encapuchonné. Cependant cela ne l’énervait pas outre mesure, dans le pire des cas elle n’aurait qu’à sauter de la fenêtre pour atterrir sur le toit deux mètres plus bas. Et de s’arranger pour descendre le reste. Mais sa gestuelle ne montrait pas d’attentions hostiles. On aurait même dit qu’elle lui plaisait. Elle sauta au bas de son perchoir, l’homme ne disant toujours rien. Elle s’approcha.
« Puisque mes gardes semblent savoir votre nom et votre statut, j’imagine que vous n’êtes pas muet. Pourrais-je au moins savoir votre nom? »
Son odeur le frappa de plein fouet lorsqu’il l’attira vers lui pour l’embrasser. Elle fondit. Littéralement. Il dût la rattraper. Elle le gifla, les morts ne revenant pas à la vie. Et elle ne laisserait pas un autre l’embrasser. La blessure ne s’était pas refermée. Ses yeux clignèrent, croyant à une hallucination. Il y avait beaucoup trop d’hommes qui lui courraient après, ces temps-ci. Ne lui laissant pas le temps de se remettre, elle pivota et le fit passer par-dessus son épaule. Il tomba lourdement au sol.
« Non mais ça va pas! » |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Retrouvailles... - clos - Mer 1 Fév 2012 - 0:56 | |
| Il ne fallut pas plus d'une seconde pour que Gïlh'Or se retrouva au sol. Il avait à peine pu la toucher qu'Arielle avait réagi au quart de tour, l'envoyant valser, la tête la première, s'écraser directement contre la moquette. Le loup gémit à terre, le visage plaqué dans ses mains, essayant de ne pas laisser des larmes couler dues à la vive douleur qui parcourait à présent son nez. A peu de chose près, il se serait brisé, heureusement que le tapis moelleux avait amorti la chute. A genoux, il se frotta le bout du nez, les yeux humides à cause de la douleur particulièrement forte. Il resta ainsi de longues minutes. Dans son dos, il pouvait entendre Arielle soupirer, souffler par les narines, elle fulminait, enrageait. Si pour elle, l'homme qui s'était avancé vers elle était un inconnu, sa fierté avait été touchée. Elle ne le reconnaissait pas... Elle l'avait donc vraiment oublié ? Cette pensée faillit arracher une plainte déchirante à l'homme, toujours agenouillé.
Il se leva avec une lenteur calculée, attendit un instant qui parut interminable puis fit face à celle qu'il aimait sincèrement. Le capuchon masquant son visage auparavant avait glissé le long de sa nuque lorsqu'il avait été éjecté par la louve. Son visage à présent à découvert. Sous la lumière, on pouvait y lire une expression bouleversée, blessée, celle d'un homme amoureux et ensuite rejeté. Celle de quelqu'un dont les espoirs s'écroulaient, dont les désirs volaient en éclats. Larmoyant, mais trop fier pour verser véritablement des larmes, il murmura :
« Arielle... Ma dulcinée... Mon souvenir se serait-il déjà effacé de ta mémoire ? Ne suis-je plus qu'un loup parmi les autres, pour toi ? Une ombre anonyme ? »
Un frisson parcourut son échine. Une légère grimace déforma son visage et son regard fuit celui de la belle chef de Nord-Bois. Si elle ne l'acceptait plus en tant qu'amant, en tant qu'âme sœur, cela lui éclaterait le cœur en mille morceaux. Le seul fait d'y penser l'empêchait d'affronter les yeux clairs de sa bien-aimée. A la fois triste et dégoûté de s'être encore laissé et abandonné dans l'amour, dans des sentiments aussi mielleux et inutiles pour un chef, il fit volte-face, les épaules crispées, les poings serrés. Son voyage n'avait servi à rien. Il aurait mieux valu qu'il soit vraiment mort... L'heure était au retour chez lui...
Gïlh'Or continua d'avancer, le pas lourd, jusqu'à la porte... |
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