En cette grande salle des plus luxueuses du Donjon Suprême rayonnaient les lumières de l'astre brûlant, caressant dans ses moindres recoins ses murs somptueusement blancs et ses nombreux sièges en cristal. Etincelants de motifs dorés semblant être quelques écritures elfiques des temps anciens, ces bandelettes gravées dans le marbre exposées de grands messages d'espoir et d'honneur, enserrant la salle du Gardien de la Nature.





Au fond de celle-ci, une tribune s'élevait à quelques mètres où siégeait sur son trône le commandant d'Evanya lui-même. Troublé, celui-ci se voyait torturer son esprit avec hargne car voilà plus de trois heures qu'il n'avait bougé le moindre cils. Ressassant encore et encore ce discours qu'il avait fait en la caserne de l'armée, son armée. Celui-ci avait motivé les troupes de toutes races à combattre aux côtés des elfes, enflammant le cœur des combattants du bien. Maintenant, fallait-il encore assumer ses paroles... et de cela, Ayliän se devait de rester seul à noircir son cœur de mauvaises pensées afin d'ériger quelques plans en vue de la guerre pour éviter le pire.

Huit jours s'étaient écoulés depuis son discours et la caserne d'Eléänya n'avait jamais été aussi agitée par les cris et les coups de lames, les sabots des cheveux et les chants d'honneurs des volontaires de toutes races. De ça, il en était fier, mais tout comme pour la guerre en Angaïla autrefois, il savait que nombreuses seraient les pertes et n'avait pour ainsi dire jamais réellement encaissé tout cela, se rendant responsable de nombreux morts et autres sanglots des proches. Se sentant coupable, son peuple ne lui en voulait pourtant pas, bien au contraire, il était bien plus qu'un simple commandant pour les habitants d'Evanya. Il faut dire que le peuple, bien que triste, se voyait honorer de mourir sous le commandement d'Ayliän Faën. Les familles des disparus étaient fières de cela. Mais celui-ci n'avait de cesse de se tourmenter l'esprit à culpabiliser de ses choix en temps de guerre. Se questionnant sans cesse à savoir s'il aurait dû faire ceci ou cela et si de ces manières divergentes les pertes auraient été moins lourdes. Il ne voulait reproduire le massacre en cette guerre contre une meute lycane mais voilà tout le problème, il savait qu'il se devrait de se soumettre à bien pire... car ce conflit n'avait aucune raison d'emprise de zone territoriale mais bien d'un massacre n'ayant comme seule nourriture que la vengeance. En somme, le plus fort l'emportera.

Réveillant le commandant de ses pensées noires, la grande porte blanche de la salle s'ouvrit lentement. Un Faucon s'avança sans bruit, ne laissant que les tintements de son armure faire échos avant qu'il ne s'agenouille respectueusement à quelques mètres devant la tribune.

- Commandant Faën.
- Que se passe-t-il, Faucon d'Evanya?
- Un soldat voudrait s'entretenir avec vous.
- Je n'avais prévu aucun entretien et je n'ai aucunement la tête à ça pour l'instant.
- Nimalaï Välian, Chef du Conseil de la Garde lui-même m'ordonna de conduire ce jeune soldat à vous.
- Si c'est aux ordres de Nimalaï Välian, alors soit, faites-le entrer, soldat.
- Bien commandant Faën. dit le garde avant de rebrousser chemin pour sortir de la salle.

Le regard du commandant à l'armure bleutée épia la porte.
Il devait s'agir de quelque chose d'important venant du Chef du Conseil de la Garde.

La jeune elfe qui venait d'entrer en la salle avait une certaine élégance qui ne laissa le commandant indifférent. S'avançant avec assurance, elle s'inclina à lui. Elle avait la carrure d'une combattante, portant cette armure brune et mauve comme à croire qu'elle était en ce monde pour une seule chose, l'armée. Ses mots étaient fluides et sans faille, son regard s'inclina vers le sol et n'osait trop le regarder de peur de le dévisager.

Ayliän s'était relevé de son siège, laissant sa paperasse sur le bureau afin de rejoindre la jeune guerrière. Effectivement, la nouvelle ne lui plaisait guère mais petit à petit, en y réfléchissant Nimalaï n'avait pas tort... Ayliän avait besoin d'aide et de quelqu'un sur qui s'appuyer dans les moments difficiles. Alors soit, lorsqu'elle eut fini son discours, il prit la parole, attendant que le regard d'Elanora ne perce à travers le sien, ce qui fut chose faite après quelques secondes de silence.

- Nimalaï Välian est comme un deuxième père pour moi, je lui dois ma place en ce lieu et le peuple elfique devrait l'aimer autant qu'il m'aime. Il a toujours veillé sur moi depuis mon entrée en la caserne en tant que Gardien de la Nature. Il ne prend pas les choses à la légère et ses choix sont toujours les bons. Alors soit, j'accepte.

Elanora Mëllys, tu sembles tant déterminée dans cette nouvelle quête que t'offre le destin.
Tu seras donc ma conseillère et garde privée. Qu'il en soit ainsi.

Ayliän porta sa main droite à l'épaule gauche de la jeune guerrière qui laissa entrevoir un léger sourire empli de fierté.

- Elanora Mëllys, Garde Personnelle du Gardien de la Nature.
J'annoncerai la nouvelle à Nimalaï Välian dés que je le verrai.

Les rayons du soleil transpercèrent plus intensément les grandes baies vitrées jusqu'à éblouir les deux elfes, unis par la fierté et le devoir.






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