Dix ans que j’avais attendu ce si bel instant.
Une décennie entière à prier Têlio – mon père, d'accepter que son fils cadet entreprenne seul ce long voyage vers la contrée elfique d'Ëphaëlya, Evanya. Depuis tout ce temps, les propos que j’avais pu recueillir sur ladite contrée, n'avait fait que bâtir sa renommée digne de son nom. C’est ainsi que moi, Eurysthée Nûrias, fils d'un modeste orfèvre de la Cité de l'aurore et moi-même orfèvre, je vénérais Evanya et ses habitants. Oui. Je vouais un véritable culte au Tout-Evanya. J’aimais entendre dire au sujet de la population elfique, que cette dernière se gardait bien de préserver la Nature, plus vivante que jamais.
Le jour du départ s'était avéré déchirant pour mes parents. Mon père ne modérait plus les mises en garde qu'il me prodiguait à la hâte, tandis que Bérénice – ma mère, m’avait enlacé de son amour 'enfant et aurait voulue me retenir aussi longtemps que possible au foyer familial. Elle était folle d'inquiétude à l'idée même de ne plus me revoir pendant une durée indéterminée. Hélas! cela ne suffit pas à retenir le jeune homme, que j’étais et qui bouillonnait de joie à l'idée de partir découvrir la grande contrée des elfes. Et il je me mis en route pour Evanya.
Tout en longeant le fameux Lac de l'Aube, je repensai aux combats qu'il l'avait opposé – accompagné d’autres humains et d’une vampire. Cette lutte m’avais révélé aux yeux de mes compagnons et miens.

"Ô sublime lac aux mille reflets, combattre à tes côtés a été un grand honneur."

Enfin bon, trêve de rêveries, j’ai encore du chemin sur la planche. En chemin, je longeai la maison du lac. C'était le lieu idéal pour quiconque désirait s'y arrêter ou se reposer. En s'approchant de la modeste masure, je vis des humains que je reconnus comme étant pour la plupart d'entre eux, des connaissances de ma jeunesse. Je les saluai de loin. Les autres me demandèrent où est-ce que je me rendais en ce début de matinée. Le jeune aventurier que j'étais devenue leur répondit les mots que voici:

— Je m'en vais découvrir une contrée nouvelle, mes amis !

Puis je poursuivis ma route à destination d'Evanya la Mystérieuse. Ayant quitté les abords du Lac de l'Aube, j'arrivai peu de temps après face à l'orée d'un bois, symbole de la frontière humano-elfique à cet endroit. À peine ai-je pénétré dans cet agréable petit bois, que des oisillons sifflotèrent de gaieté, comme pour me faire savoir que j'étais le bienvenue en ces terres. En réponse aux sifflotements de ces êtres ailés, je sortis une flûte sculptée dans du bois d'ébène, et je commençai à jouer un air joyeux. Mes spectateurs – tous issus de la faune locale sortirent de leurs cachettes. Tous étaient charmés par le son produit par mon instrument doté d'une aura magique. Toutes ces créatures, enfants de la Nature, m'admiraient dans un silence profond, mais pourtant significatif. Et puis vint l'instant de la séparation. Nous dûmes nous quitter, les habitants du bois et moi. Cependant je leur promis de repasser par ce bois à mon retour. À la sortie du bois le décor avait radicalement changé. Désormais, la verdure était maîtresse du terrain. C'était elle qui donnait à cet environnement si exceptionnel soit-il, son caractère unique. Il restait cependant à s'orienter parmi tout ce paysage. C'était certes captivant à voir, mais si je ne savais pas où me diriger, cela n'équivaudrait pas à grand chose. Je consulte la carte que m'a confié Père. Le lieu indiqué le plus proche du lieu où je me trouve se trouve être la hutte d'Eowend l'Ancien. En marchant un peu, j'aperçus une hutte. La voici ! De la fumée s'échappait de la cheminée. On raconte que ladite hutte appartient à Eowend l'Ancien, l'elfe le plus vieux de tout Evanya. Beaucoup s'accordent à penser qu'il fut et reste une brillant sage elfique. Selon d'autres, une tragédie familiale l'aurait personnellement affecté. Je poursuis mon chemin en direction d'un tout autre lieu indiqué sur la carte comme étant l'Arbre aux Lucioles.
En fait, deux lieux se trouvaient à proximité de l'endroit où je me trouvais actuellement: le Labyrinthe d'Amarth, seul édifice elfique dont j'ignore tout, et le fameux Arbre aux Lucioles. Je n'ai pas hésité longtemps, ce sera l'Arbre à l'aura si mystérieuse. Pendant que je marche, je découvre – émerveillé, les lieux. Faune et flore ne forment plus qu'une seule entité. Une entité magique, voire féerique. J'atteins l'Arbre vénéré par tout le peuple elfique. Je cache difficilement ma joie. Quel arbre imposant, de par sa taille gigantesque et par le pouvoir qu'il dégage. Passés l'émerveillement et l'euphorie, je consulte à nouveau ma carte. Quatre directions s'offraient à moi. Au Nord, la vallée aux cascades, au Nord-est, le village de Lïm, à l'Est, la Forêt de l'Éternel et enfin, au Sud-est, la réputée Cité des Elfes. Cette fois-ci, j'hésite cinq petites secondes avant de sélectionner le lieu que je visiterai en premier. Ce sera la vallée aux cascades. Je me mis donc en route vers cette nouvelle destination. Les quelques hauteurs à traverser ne seront pas un réel problème.

"Merci à toi, ô chère Evanya de m'ouvrir les portes de ta contrée."

Après une bonne heure de marche, je vis les premières cimes de montagnes s'offrir gracieusement à moi. Je les remerciai pour cet accueil, si chaleureux soit-il. Il paraît qu'en Evanya, la Nature est réellement vivante. Oui. Elle naît, vit et meurs comme la plupart des êtres vivants. À ce propos, une légende transmise par le bouche-à-oreille raconte que ces montagnes auraient été – par le passé, des elfes d'une grande beauté. Celles-ci auraient pénétré dans le merveilleux lieu qu'est la vallée aux cascades, et se seraient mises à saccager les lieux. Les fleurs s'en trouvèrent arrachées de leur terre nourricière, les arbres, écorchés à vif et les animaux chassés de ces terres. Ce fut le Maître des lieux en personne, Mahantöe le Grand Cerf, qui tint à les châtier pour leurs ravages. Il les maudit toutes aussi fort que le pouvait son esprit – l'Esprit de la Forêt, et les condamna à être transformées en montagnes, gardiennes de la Vallée aux Cascades. Leur nouvelle fonction était exactement l'opposé des actes qu'elles avaient commis sous leur forme elfique. Voilà pour la légende expliquant la création de ce que je nommerai les Montagnes du Nord. Au fur et à mesure que j'avançais vers l'endroit prévu, je m'aperçu que l'environnement naturel m'enlaçant de ses bras avait changé. Et, quand je parle de changement, c'était un changement non négligeable aux yeux de quiconque. Y comprit aux yeux d'êtres étrangers à la culture des elfes. Ce qui était mon cas. J'étais littéralement ébahi par tant de verdure et par la présence renforcée du caractère sauvage de la nature environnante.

Ainsi te voilà, noble vallée aux cascades.

J'étais très ému d'en fouler le sol aux allures plutôt vierges. Et sitôt l'émotion passée, je m'enfonçai plus profondément dans ces terres qui avaient du être sacralisées de nombreuses fois. La sensation d'émerveillement n'avait pas disparue, bien au contraire, elle s'en était vu amplifiée. Ne serait-ce que par l'immense beauté qui régnait ici. Je déambule donc sur le chemin de terre, avec sur mes côtés, de magnifiques rangées florales. À certains endroits, dame Fleur s'était élevé au-dessus dudit chemin pour former une sorte de voûte fleurie. N'y a-t-il pas plus merveilleux spectacle que celui-ci ? On raconte que Fáliadëa Niodë, la Grande Prêtresse d'Evanya viendrait s'y rendre fréquemment, et ce, afin d'y passer du bon temps. Bercée par la pureté de l'air et par la douce mélodie chantée par les enfants de Gaïa, il apparaît comme certain qu'elle devait s'y plaire. C'est alors qu'au détour d'un bosquet, je vis une jeune elfe. Cette dernière était allongée dans un champ de fleurs. Je l'observai. Quelle grâce, quel charme ! L'aperçu que j'avais eu de sa beauté, m'avait époustouflé. Il fallait que j'aille lui parler. Au moins pousser l'audace jusque là.

— Bel endroit pour se reposer, n'est-ce pas ?

Peu après avoir salué la jeune elfe qui se reposait dans toute cette verdure, je regrettai presque d'avoir importuné une si belle créature. J'ai éprouvé quelques remords quand à mon acte. Un acte que je qualifierai presque d'irréfléchi. J'aurais tant voulu que cet instant n'eut jamais eu lieu. Hélas ! le dérangement était entamé, je devais achever la conversation dans le calme qui m'était propre. Cependant, je vis – dans ses yeux, une lueur de méfiance. Je vis alors qu'elle regardait en direction de mon épée. Mes doigts s'étaient resserrés autour de la poignée. J'ai alors deviné en elle, une vile attaque de ma part. J'allais lui prouver le contraire, par le pouvoir des mots. Je me devais de lui prouver que j'étais venu jusqu'ici en ami. Oui, c'était une nécessité de premier ordre.

— Ne vous inquiétez point jeune elfe. Je ne vais pas vous faire de mal. Ce n'est pas mon but.

Bien qu'atténuée, la lueur de méfiance demeura dans son regard. Je ne l'avais pas encore tout à fait rassurée. Je décidai de persévérer dans cette voie.

— La raison qui m'a amené en ces lieux est que je désirais plus tout découvrir votre belle contrée d'Evanya. D'après ce que j'en ai ouïe dire, c'est vraiment la plus magnifique de tout Ëphaëlya. Elle est dotée d'une beauté divine. Voici la seule vraie raison de ma venue en terre elfique.

Entre temps, j'avais ôté mes doigts de la poignée de mon épée. Elle s'en aperçut. Dès lors, son regard sembla enclin à m'accorder sa confiance. Les mots avaient nos destins en mains. Encore fallait-il qu'ils en possèdent la maîtrise. Parallèlement, je m'approchai pas à pas d'elle. Pendant ce temps, elle ne fit que se relever. Si jamais, je commettais le moindre faux mouvement, j'ignorais quelle serait sa réaction.

Quelle ne fut pas ma chance d'être tombé sur un être doté d'une si grande beauté, qu'une elfe. Je faillis être surpris lorsque l'être façonné par la douceur qu'elle était, déclina une partie de son identité. Par ailleurs, – et entre temps, l'oiseau venu égayer notre rencontre sifflota gaiement.

- Je m'appelle Solena Laurelin et vous ?

Je restai interpellé par une présentation aussi inattendue fut elle. En aucun cas, je n'aurai imaginé qu'une jeune elfe qui appréhendait tout en moi, oserait me devancer en terme de conversation. Néanmoins, je luis répondis en ces mots.

— Moi ? Eh bien, je me nomme Eurysthée Nûrias. Jeune orfèvre de la Cité de l'Aurore dans la contrée voisine d'Oryenna.

À peine avais-je terminé ma présentation succincte que, l'elfe prénommé Solena en parut rassurée. Et je tiens pour preuve, la disparition de la lueur de méfiance dans son regard. L' «être de lumière» consentit à s'avancer vers moi. Libérée de l'oppressant poids de l'appréhension d'autrui, l'elfe Solena avança à pas sûrs dans ma direction. C'est alors que naquit en moi, une joie toute bouillonnante. Et pour cause ! J'avais rencontré une elfe au charme comparable au Divin ! Mais bien sûr, ce point ne justifie pas à lui seul cette joie immensément grande ! Non. Le point primordial justifiant de beaucoup mon exultation était l'ouverture prochaine d'un dialogue appelé à rester à jamais gravé dans ma mémoire; mais aussi à devenir un souvenir impérissable. Oui ! Je jubilais follement à l'idée de m'adresser la dénommée Solena Laurelin, dans le respect et la dignité qui lui sont dus. Comment allait-elle réagir, cette fois-i ? Telle est la question. Allait-elle m'en dire plus sur elle ? Ou bien m'interrogerait-elle afin de mieux me connaître, moi l'individu qui avait oser la sortir de ce si bel instant où elle était en pafaite symbiose avec la nature environnante. Seules les secondes qui viendraient à s'écouler sous peu nous le révèleront. Une éternité. La seconde même que je vis en ce moment même me semble être le reflet exact d'une éternité ardemment désirée. Éternel. Oui. Je voulais que cet instant fut pour toujours éternel. La «Seconde de l'Éternité» avec Solena Laurelin n'était pas infaillible. Et toute chose possède une fin. Ah malheur ! Enfin, je verrai bien ce que cette jolie créature aurait à me dire.

Peu après avoir indiqué qui étais-je et d'où je venais. L'elfe Solena me dévisagea de la tête aux pieds, sans doute afin de mieux discerner quel était réellement son interlocuteur humain. Je comprends sa raison. Quoi de plus normal que de se graver pour soi-même l'image de l'autre personne ? C'est alors qu'elle s'en alla deux pas plus loin, s'assoir sur un imposant rocher qui dominait l'endroit. Elle me regardait toujours. Ce regard semblait être une invitation à venir s'assoir à ses côtés pour engager la conversation. Je le voulais plus que tout, mais... c'est comme si une force invisible et inextricable m'en empêchait en me liant les mains. Un invitation avec une elfe. Cela faisait si longtemps que j'en rêvais ! Soudain, l'elfe se décida à rompre le silence en ces mots.

-Vous avez l'air soucieux, est ce ma présence qui vous trouble ?

La question ainsi posée me surprit tant que je restai immobile. Comme si ses mots m'avaient envoûté. La raison de cet immobilisme s'expliquait par le fait suivant. Une elfe venait de m'adresser la parole ! Divinités de ce monde ! imaginez-vous la joie qui puisse être mienne en cet instant ?! Durant mes vingt premières années, aucun elfe que ce soit n'a croisé mon chemin. Alors forcément, lorsque vint l'Instant, vous imaginez bien que je suis au bord de l'exultation ! Pendant que je me perdais en pensées, la jeune elfe prit de l'eau pure des cascades dans ses mains et la regarda. Elle en profita pour remettre ses cheveux en place, avant de rendre la liberté à l'eau innocente. Puis elle porta à nouveau son regard sur moi. Plus exactement sur mon poignet. Rien. Qu'aurait-elle voulu voir ? Je ne le sais. Eh mais, ne lui avais-je pas indiqué quel fut mon métier ? Je crois que si. Je sais ! Elle voulait voir si je portais des bijoux ou autres objets de ce type. C'est alors qu'elle en vint à m'interroger à ce sujet. Ce dont à vrai dire, je me doutais.

-Vous étiez orfèvre, qu’elle pierre travaillez vous le plus ? Pourquoi avez-vous préférez partir de chez vous ?

Que de questions ! Parviendrais-je à leur attribuer à toute une réponse en temps voulu ? Je l'ignore. Cependant, avec toute la meilleure volonté du monde, – et par politesse, j'y serai obligé. J'aurai tant voulu donner suite aussitôt à ses questions, mais aucun son n'arrivait à sortir de ma bouche. Non, aucun. Ah ! immobilité ! Maudite sois-tu ! Pendant ce temps, la prénommée Solena Laurelin poursuivit.

-Si je vous gène dites le moi. J’ai quelque fois la mauvaise habitude de poser trop de question.

Le vent souffla dans mon dos et fis s'envoler les cheveux de Solena. Ce à quoi elle n'accorda aucune attention. Les minutes s'écoulèrent sans qu'un mot sorte de mes lèvres. Nous étions restés figés à nous regarder. Elle, attendait que je parle. Je parlerai. Mais j'allais devoir procéder par ordre.

— Hum, pardonnez ma lenteur, jeune Solena, mais j'étais comme envoûté. Et non, vous ne me gênez absolument pas. Pour vous répondre, ce qui me trouble, c'est ce premier dialogue avec vous. Jusqu'à présent, jamais, je n'ai pu parler à un représentant du peuple elfique. Mais passons, je vous prie. Oui je suis orfèvre. En fait, j'ai hérité du métier par une décision de mon père, qui se trouve être aux portes de la retraite. Il est parfois si fatigué vous savez. Quand à la raison de mon départ, celle-ci tient dans la fascination qu'exerce vôtre contrée sur moi. Une attraction sans limites si vous voulez. J'ai toujours apprécié le peuple qui est le gardien de la Faune et de la Flore d'Ëphaëlya.

Je m'avançai vers Solena Laurelin, souriant. Lorsque je fus arrivé à sa hauteur, je lui concédai ces paroles.

— Il n'y a pas de raison à ce que l'on ne s'entende pas.

Je luis tendis la main.

Je m'étais avancé vers Solena en lui tendant ma main. Elle resta bloquée, ne sachant quoi faire sans doute. Puis sans prévenir, sa main prit la mienne. À cet instant-là, je la regardai, elle sourit. (Grand Dieu ! si tous les elfes étaient aussi magnifiques qu'elle... je serai comblé !) Cette si belle pensée fut interrompue par un fait des plus inattendus: le départ prématuré de sa main, si doux fut son toucher. Mon regard qui balayait la zone allant de son gracieux visage au serrage de mains – lequel dégageait une intense chaleur, se fixa dès lors, sans trop de brusquerie. Elle venait de retirer brusquement sa main, comme si... comme si une vision d'horreur l'avait frappée en un bruyant éclair. Que s'étai-il donc passé pour qu'elle retire de la sorte sa main ? Je l'ignore. Avais-je fait un acte déplacé, ou bien mon regard fut-il porteur d'une méchanceté tout à fait inexistante en moi à cet instant précis ? Je ne pense pas. J'étais décidé à en avoir le coeur net, car cette question sans réponse commençait à ronger mon âme de l'intérieur.

— Oh ! Vous aurais-je donc offensé ?

J'enchaînai.

— Vous savez, la brusquerie n'est pas dans mes habitudes, mais je ne peux semer mon instinct de fermeté. C'est pourquoi, je vous prierai de m'excuser pour un éventuel acte déplacé de ma part. Je n'ai pas voulu vous causer de désagrément.

Rien. Durant une durée indéterminée, elle ne parla plus. S'était-elle fâchée avec les mots ? Nul ne le sait. Malgré l'absence de parole, elle continua à me sourire. Son sourire... je l'aimais aussi fort que je m'étais épris de cette contrée et de ses innombrables merveilles. Il m'a semblé que même dame Nature s'était tut, et ce, afin que nous savourâmes cet instant si magique était-il. Moi et Solena Laurelin, en tête à tête ! (Était-ce une utopie devenue réalité ? Il semblerait que oui !) Pour moi qui ai depuis ma plus tendre enfance développé une «elfophilie» – ou sympathie aigüe pour les elfes, c'était comme un rêve. Oui. Une conception purement chimérique devenu la réalité que j'enviais le plus depuis que j'ai pris conscience de la richesse ethnique en Ëphaëlya. Bien sûr, il y avait la «classe» des humains – celle à laquelle j'appartiens, suivie de la classe vampirique, naine, lycanthrope. Enfin, la classe que j'estimais le plus, était celle des elfes: le «Peuple de la lumière». Ah, les elfes ! Je n'en parlerai jamais assez pour vanter leurs mérites, aussi bien quantitatifs que qualitatifs. C'est pourtant simple ! Je suis un épris, un amoureu, voire un adorateur du peuple elfique dans toute sa majestueuse grandeur ! Tout cela est-il que notre dénouement se faisait toujours attendre. Qui de nous deux aurait assez de courage pour briser l'étreinte du silence ? Serait-ce moi, l'orfèvre en quête d'aventures ? Ou bien elle, représentante d'un peuple digne de foi ?

Alors que mon esprit vaquait à ses pensées pro-elfiques, un fait surprenant se produisit. De ce fait, la chute fut rude. Solena retira soudainement sa main, comme si une horrible pensée l'avait traversé. De nouveau, le silence s'installa. L'absence totale de dialogue – même partielle, était pesante à ressentir. C'est alors qu'un bel oiseau vint se percher sur un arbre non loin de l'elfe et se mit à siffloter gaiement. Cela du inciter la belle Solena à reprendre le fil de la conversation, puisqu'elle reprit avec un calme étonnant.

-Non bien sur que non vous ne m’avez pas offensé. Et vous êtes loin d’être brusque. Je suis désolé si je vous ai fait peur par mon geste, mais cela n’était pas voulu. Je…..vous….

Elle ne termina pas sa phrase. J'en ignore encore la raison. Dans tous les cas, je restais sur ma faim. Je voulais entendre ce qu'elle avait à me dire. Mais l'heure n'était pas à l'impatience. Non. Il fallait que je m'interroge sur l'origine prématurée de cette séparation. Pourquoi cette frayeur éphémère traversa cet être, reflet d'un intense charisme ? Elle m'a affirmé que ce n'était pas mon improbable brusquerie qui était mise en cause. Qu'était-ce donc alors ? J'aurai beau me poser mille fois et une fois la question, la dernière fois ne résoudra certainement pas la problématique !
Mais, pas de fixation ! Parlons du beau temps qu'il faisait ici. Et c'était vrai ! Depuis ma venue en Evanya, le soleil avait ensoleillé la terre elfique. Cela m'avait rendu heureux de le savoir ! C'est alors que l'elfe Solena Laurelin jeta de rapides regards aux alentours – si paisibles étaient-ils, puis elle descendit de son rocher, si paisibles. Souhaitait-elle que nous fûmes seuls, en tête à tête ? C'est ce que j'ai pensé en la voyant balayer de son regard mystique, l'environnement proche. Ne voyant personne faire intrusion, elle se montra rassurée. Moi aussi quelque part en moi. En effet, je souhaitais réellement rester seul face cet être de lumière. J'étais encore évasif lorsque Solena reprit la parole.

-M’accorderiez vous votre bras pour aller faire une promenade dans ce magnifique lieu ?

Une promenade ! Mais quelle charmante idée était-ce ! J'étais enthousiasmé à l'idée de déambuler dans la richesse de la faune locale en compagnie de ma toute première connaissance elfique ! J'acceptai évidemment.

— Volontiers, chère Solena !

Lorsque je lui eu répondu, je m'étais aperçu qu'elle m'offrait une fois encore, son si beau sourire. Des oiseaux gazouillaient gaiement des airs que seuls eux connaissaient. Tout ce contexte était plus que propice à notre bonne entente.

Aussitôt, mon approbation lui fut-elle accordée, que Solena Laurelin marcha d'un pas certain vers moi. Sa démarche relevait de l'élégance même. Il aurait même été probable que celle-ci fut une caractéristique du peuple d'Evanya. C'était encore un atout tout à fait indéniable chez une elfe. Puis, elle me prit par le bras. Dès lors, notre promenade ensemble pouvait commencer. Promenade durant laquelle Solena rit, comme si l'instant présent l'amusait. Nous marchâmes au beau milieu de cette verdure flamboyante que constitue la Vallée aux Cascades. Un ruisseau se présenta à nous sous sa forme première, car je crois aux Nymphes incarnant les éléments naturels. Ce ruisseau en était le parfait exemple. Nous mouillâmes nos pieds sans hésitation. Pendant tout ce temps que dura ladite promenade, nous nous nous sommes tenus main dans la main. Pendant que nos bouches restaient muettes, comme si elles savouraient ces instants de pur bonheur. Ce n'est pas pour autant que le monde qui nous entourait fit acte de silence. Non. Bien au contraire, celui-ci n'avait pas cessé de nous aduler et se manifestait par le biais du bruit faites par les feuilles des arbres mais aussi par le ruissellement de l'eau des nombreux petits cours d'eaux. Et c'était sans compter avec le vacarme créé par les quantités importantes d'eau qui jaillissaient d'en haut pour former ces cascades impressionnantes.

- Comment trouvez-vous cet endroit? Cela était il fort différent de chez vous?

La question ainsi posée me surprit gaiement, en me soutirant aux rêveries auxquelles j'était prêt à m'adonner. Néanmoins, je fis le courtois effort d'y donner suite.

— Ce lieu, je le découvre avec vous, et d'après ce que j'ai pu voir jusqu'à présent, c'est un lieu à l'essence préservée. Un lieu qui regorge de vie. En somme, j'apprécie vraiment cet endroit aussi agréable soit-il. En ce qui concerne les différences de contrastes, c'est effectivement très contrastant. C'est cette différence même qui rend plus agréable encore le long voyage que j'ai entrepris depuis la Cité de l'Aurore.

C'est alors que je réalisai que Solena s'était arrêtée de marcher. Je fis de même, avec un léger retard presque indigne de moi.
À peine cette pensée avait-elle traversée mon esprit, que l'elfe reprit la marche sans crier gare. Le vent souffla face à nous et fit voler les cheveux de ma partenaire. Elle n'y prêta aucune attention. Notre marche n'en fut pas ralentie par pour autant. Certainement pas ! Nous continuâmes alors notre promenade en longeant le ruisseau, fier d'égayer ces instants d'intimité partagés. Solena regarda la surface polie de l'eau.

-Vous aimez l’eau ? Qu’elle est dans les quatre éléments qui constitue la terre votre préférez ?

— Si j'aime l'eau ? Bien sûr que oui. C'est même parmi les quatre éléments constituants nôtre monde, mon favori ! Vous savez, l'Eau est la source de la vie, celle qui nous permet à tous d'exister.

J'espérais par cette réponse, avoir correctement répondu à la question posée. J'attendais impatiemment, ce que Solena allait me répondre. En attendant, je me contentais d'écouter le beau langage de la dame Nature.