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| Sujet: Mise à mort du Marchombre ~ Mar 11 Jan 2011 - 4:16 | |
| La 1ère place revient à Karnak Bugman- Spoiler:
Sur le panneau était affichée une note sale, et à moitié déchirée. Elle disait :
« Forte récompense à celui qui m’apportera la crinière d’un Marchombre. Ces bêtes rares se trouvent dans le parc régional de Màvreah d’après les rumeurs. Signé : … »
Le bas du papier était déchiré si bien qu’il était purement impossible de connaitre l’individu qui avait épinglé ce mot. Au début Karnak n’y avait pas prêté attention car il savait bien que les Marchombres étaient des créatures que l’on qualifiait facilement d’inaccessibles, mais les événements ont voulu que le manque d’or mène les pas du Nain dans la sombre région de Màvreah, le territoire des Vampires, une race qui faisait horreur au Nain, leur nature dérangeante et pas naturelle ne méritait pas le respect de la race naine, quoi que finalement un peu plus que pour les Elfes.
Karnak avait enfin atteint le parc régional de Màvreah, c’était un endroit principalement composé de plaines étendues mais on pouvait également y trouver des forêts composées d’arbres sombres comme si ils n’étaient plus que des débris de la splendeur qui les avaient caractérisé autrefois. Un froid glacial et peu naturel régnait sur la région, tout comme une épaisse brume qui réduisait le champ de vision de quiconque se trouve dedans à moins de vingt mètres. Karnak avait cependant repéré de nombreuses traces de bottes en arrivant.
*Apparemment, je ne suis pas le seul à savoir lire !*, s’était-il dit.
Les Marchombres étaient décrits comme de grands chevaux rapides et sombres qui ne s’arrêtaient jamais de galoper et les Nains comme des coureurs endurants mais pas vraiment rapides, si bien que la tache allait se révéler difficile pour le Nain mais il en fallait plus pour que ce dernier ne se décourage car après tout, il avait été entrainé dés son plus jeune âge à remplir des missions plus difficiles les unes que les autres.
Karnak prit juste le temps de se restaurer un peu avant de reprendre sa route. Son repas composé de viande séchée, de pain commençant à rassir, de fromage et d’un cruchon de bière fut rapidement expédié, car il savait qu’il n’était pas seul sur le coup et qu’il serait sans doute bientôt impossible de trouver le moindre Marchombre, si tant est qu’ils existent réellement.
Karnak passa les trois jours suivants à explorer le parc à la recherche de traces pouvant indiquer la présence des créatures. Il ne trouva rien, et les seules choses qu’il croisa furent un elfe qu’il s’était retenu d’étriper et le cadavre d’un humain tué semblerai t’il par un choc violent peu de temps avant mais aucune trace ne venait ou partait du cadavre, ce qui semblait étrange. Karnak avait cependant entendu des bruits de galop par six reprises et ce seulement la nuit, il en avait déduit que les créatures se déplaçaient exclusivement de façon nocturne et profitait donc de la journée pour se reposer et établir ses plans.
Le quatrième jour, Karnak fut alerté par un bruit de sabots qui passait à proximité de son lieu de repos. Cela ne correspondait pas à ses observations et rendaient toutes ses hypothèses quant au comportement des Marchombres erronées. Curieux, il alla en direction des bruits et vit un humain monté sur un cheval moucheté, l’humain était assez bien vêtu, son équipement était soigné, son pourpoint de cuir et ses chausses couverts de poussière semblaient de grande qualité, il était armé d’une épée batarde forgée en acier nain et d’une arbalète à deux coups. La vision de ce cavalier donna une idée au Nain. Karnak posa son sac au pied d’un de ces grands arbres noirs et se tint prêt à attaquer l’homme. Par chance, l’humain se dirigeait vers la position du Nain. Lorsqu’il fut à portée, Karnak sortit de sa cachette et asséna un violent coup de hache vertical. Le coup toucha l’humain à la cuisse et le fit démonter par la même occasion. Les yeux du pauvre homme trahissaient la surprise, la douleur et la terreur. Il n’eut même pas le temps de dégainer l’un ou l’autre de ses armes que déjà la hache du nain lui ouvrait la cage thoracique dans un sinistre craquement. Karnak fouilla rapidement l’humain, pas de bourse et une simple chevalière qu’il revendrait une fois arrivé en ville. Karnak laissa le cadavre là puis retourna chercher son sac et se mit à la recherche du cheval qui avait fui pendant l’attaque. Deux heures de traque plus tard, il le retrouva prés d’un bosquet entrain de brouter paisiblement. Le Nain préférait largement les béliers ou les sangliers mais il avait besoin du cheval. Il passa près de vingt minutes à essayer de régler les étriers à sa taille, ce qui se révélait assez difficile car le cheval était relativement grand. Il finit cependant par arriver à un résultat convenant et monta sur sa nouvelle monture grâce à la souche d’un arbre sur laquelle il avait du monter pour atteindre le haut de la selle. Le cheval passait à rechigner car le nain en armure pesait lourd sur son dos.
La nuit venait de tomber, associé au brouillard habituel, on ne voyait quasiment plus rien. Heureusement les Nains habitués à vivre dans les tunnels avaient développés une certaine capacité à voir dans le noir, mais pas à travers le brouillard ce qui au final n’apportait qu’une faible amélioration pour Karnak. Il entendit alors des bruits de sabots proches de lui, mais il lui était impossible de voir quoique ce soit mis à part un épais brouillard. Se reposant sur les sens qu’il n’utilisait que rarement, le Nain sentit une odeur à laquelle il n’avait alors jamais prêté attention, un mince filet d’une odeur musquée, l’odeur de la transpiration animale, et celle-ci était récente car très peu diffuse. Quelque chose était passé ici très peu de temps auparavant, Karnak décida de suivre ce fin filet odorant et lança sa monture au galop. Bien que n’aimant pas les chevaux, il dut avouer que celui-ci était un très bon cheval, sans doute un cheval ayant servi dans une armée quelconque, ses enjambées étaient puissantes, sa respiration lourde et régulière. Karnak se rapprochait il le sentait, et l’entendait… Les bruits de sabot se rapprochaient si bien qu’il lança sa monture au triple galop, le Nain qui n’était pas un grand cavalier manqua par plusieurs reprises de chuter mais se rattrapa à chaque fois in extrémis au pommeau de la selle. Enfin, il aperçu une forme sombre, elle était grande, au moins deux mètres de haut. A mesure que la distance séparant le Nain et la forme rétrécissait, Karnak parvenait à mieux la distinguer, c’était un cheval d’un noir de jais et il était immense, bien plus grand que sa propre monture qui était déjà bien trop grande à son gout.
« Alors comme ça ce doit être toi ma cible, soit j’aurai préféré un elfe mais je me contenterai de ta tête ! Hue ! »
Karnak poussa sa monture au delà des limites de cette dernière qui se mit rapidement à montrer des signes de fatigue. Karnak n’était plus qu’à cinq mètres du Marchombre, il entendait désormais son souffle quasi mécanique, la régularité de ses coups de sabots. Sa propre monture était sur le point de s’écrouler.
*Je n’ai qu’une seule chance, alors viens pas me claquer dans les doigts maintenant salopard de poney elfique !*
Trois mètres…deux mètres… Karnak empoigna sa hache et arma son bras, prêt à frapper lorsque soudain il sentit sa monture faillir. Il prit son élan comme il put et asséna un puissant coup de hache au niveau de la patte arrière de la créature. Il perdit prise et se retrouva à rouler sur le sol, sa hache quant à elle était toujours accrochée au Marchombre, dépassant a moitié seulement de la plaie béante qu’il venait d’infliger.
*Bon au moins, il ira pas loin dans cet état là, c’est déjà ça… Fichu poney, j’aurai même pas pu te revendre pour dix pièces d’or…*, pensa t’il en se retournant.
Karnak regardait sa monture gisant par terre, de l’écume coulait de ses narines dilatées, son regard était désormais vide. Le cheval foudroyé par une crise cardiaque suite à l’effort ne servait plus à rien au Nain, si bien qu’il ne fit que récupérer ses affaires et s’en alla. Une seconde phase de traque allait désormais avoir lieu, Karnak se fia à nouveau à son nez pour suivre la trainée de sang que le Marchombre laissait derrière lui. Mais cette fois c’était plus difficile, car il était lui-même recouvert du sang de la créature. Après vingt-cinq minutes de déambulations il aperçu une forme brillante au sol.
« Ah ! Te voilà Gasna, toujours aussi têtue à ce que je vois ! Tu voulais pas être loin de moi, hein ? »
Le Nain ramassa sa hache et la nettoya rapidement avant de la ranger. Il entendit alors le souffle fort d’une créature qu’il pouvait désormais reconnaitre entre mille. Une quinzaine de mètres plus loin reposait le Marchombre qui se vidait de son sang. Le plus dérangeant dans l’histoire était que ses pattes bougeaient encore, au même rythme qu’avant, mais plus avec la même force. Karnak regarda la créature dans les yeux, elle était effrayée. Il mit fin à son agonie en la décapitant d’un coup sec et précis, puis s’attela au but de son voyage en découpant la crinière de la créature sur tout son long.
« Pas question d’en laisser pour les autres ! »
Finalement, après avoir nettoyé rapidement son équipement et rangé la précieuse crinière dans son sac, il partit un sourire mauvais aux lèvres en direction de la ville abritant sa récompense. Sur le chemin du retour, il dut abattre quelques concurrents qui avaient tenté de récupérer son précieux butin.
Trois semaines et six morts plus tard, Karnak arriva enfin aux portes de la ville, il devait désormais trouver son commanditaire pour recevoir sa fameuse récompense…
La 2ème place revient à Fenrir Coeur d'encre- Spoiler:
Le chef de meute de Hurle-vent laissa un sourire cupide s'afficher sur son visage à la lecture de la quête, il fallait donc assassiner un malheureux cheval pour gagner cette somme ? C'était du tout cuit pensa-t-il. Sans plus attendre il quitta pendant plusieurs jours ceux de son clan pour leur ramener une preuve de sa future aventure. Il devait récupérer un bout de la crinière d'un Marchombre, ces chevaux maléfiques passant leur vie à courir dans tout les sens sans jamais s'arrêter. On les trouvait généralement dans le parc régional de Màvreah, les contrées vampiriques qui étaient réputées extrêmement dangereuses, mais ce n'était pas le genre de chose qui stoppait notre loup. Courant jour et nuit jusqu'à sa destination, Fenrir faisait seulement halte pour chasser du gibier et prendre un peu de repos avant de rallier le Parc des buveurs de sang où il espérait trouver sa prochaine proie. Mais allait-il vraiment tenir le rôle de prédateur ? Cette question allait rester sans réponse...
Une brume inquiétante couvrait le sol de la forêt cette nuit-là, les statues d'antiques vampires se distinguaient parmi les arbres, aucun doute là-dessus il était bien sur les terres des immortels et l'aventure ne faisait que commencer. Alors que ses yeux effleuraient l'horizon, un hennissement macabre le fit sursauter, pliant ses jambes pour se déplacer discrètement à la manière des assassins le lycan plaça sa main sur la garde de son épée située sur son dos. Il parcourra quelques mètres et le vit enfin, un Marchombre arborant une robe de ténèbres, tournant en rond dans une petite clairière tout en massacrant le sol de ses puissants sabots. La marche à suivre était claire, "connaissant" la puissance de cet animal mythique, Fenrir comptait s'approcher lentement pour lui assener le premier coup et improviser par la suite.
Soudain, une branche craqua sous son pied ce qui attira le regard hargneux de la bête, lui adressant un léger sourire ennuyé au vu de sa posture, Fenrir vit alors sa "proie" fondre sur lui sans attendre. Il n'eut même pas le temps de bouger qu'il fut éjecté dans les airs par la tête du Marchombre, effectuant une acrobatie par mégarde il se retrouva sur le dos de la bête et qui plus est à l'envers. Tentant de garder l'équilibre, il sortit enfin son épée pour la planter dans la colonne vertébrale mais fut dégagé contre un arbre par un coup de postérieur du cheval. La créature n'en avait pas terminée et se retourna pour achever le loup, voyant sa proie prendre son élan, Fenrir prépara sa lame pour lui sectionner les jambes au même moment mais le Marchombre esquiva l'attaque en sautant dans les airs, plaquant en même temps l'un de ses sabots sur son torse découvert.
Se relevant comme pendant un lendemain de cuite, les iris bleus acier du lycan virent l'animal relancer l'assaut, à la manière d'un toréador il évita l'attaque et attrapa au même instant la crinière obscure de la bête d'une main agile. Celle-ci ne comptait toutefois pas s'arrêter, aussi elle le trimballa dans une bonne partie des bois, parallèle à l'animal il luttait désormais pour ne pas lâcher prise et il vit de la fumée se dégager de ses bottes à force de trainer les pieds sur le sol. Sa route s'arrêta contre un arbre, le hennissement moqueur du Marchombre s'éloignant pour de bon, sous la violence du choc il tomba dans l'inconscience. À son réveil, une partie de la crinière du cheval était collée à sa main, affichant un sourire victorieux le bougre pensait déjà alors à sa récompense...
La 3ème place revient à Elina Atracide- Spoiler:
J'ai peut-être était bête d'accepter cette quête. J'aurais mieux fait de me taire et de ne pas arracher le parchemin. J'aurais mieux fait de passer mon regard d'un air désintéressé sur lui et poursuivre ma route sereinement. Mais, non, ma bêtise, aussi phénoménale soit-elle, m'a fait prendre ce parchemin et poursuivre une quête que je me sais très bien incapable d'accomplir.
Je n'avais jamais vraiment voyagé en Màvreah. Quand Susan était encore en vie, nous passions la plupart de notre temps en Evanya, l'esprit aussi flâneur que notre raison. Elle était attachée à cette terre, peut-être le fait que la guerre nous avait empêchée d'avoir une vie assez stable pour vivre sur une terre que nous devrions chérir, en temps que sédentaire, ce serait pour cela, qu'elle aimait faire d'Evanya cette terre qui nous n'avions pas connue. Mais moi, je n'aimais pas trop ce genre de vie. Donc, pour nous satisfaire aussi bien l'une que l'autre, il nous arrivait de partir, vers un horizon lointain … Ou peut-être pas assez. Nous allions que dans des endroits sereins et majestueux, bien qu'ils ne le soient pas autant que notre chère Evanya. En tout cas, que se soit par peur ou crainte de l'inconnu, Susan ne voulait pas que l'on y mette les pieds. Ce ne fut qu'après sa mort que je pus m'y aventurer. Mais je l'avoue, je ne le fis pas souvent. A croire que la crainte était contagieuse. Alors, aller là-bas, qui plus est pour une quête aussi dangereuse que absurde, s'en était pure folie. Mais … c'est derniers temps, il faut bien l'avouer … mais je ne faisais rien de rationnelle. Avais-je quelque chose à me prouver ? Craignais-je le fait d'être une Elfe qui doit être la pureté respectée et au service de la nature ? Ces questions me tourmentaient depuis la mort de ma très chère Susan. Je dois l'avouer, mais je vivais selon sa mentalité. Ce qu'elle définissait de bien, je l'approuvais, et ce qui était mal, je le reniais, même si certaines de ces choses définies de mauvaise était des choses qui faisaient parties de moi. C'était ainsi et pas autrement. Alors, j'étais prête à tuer une créature pour me prouver que je n'était pas qu'une simple Elfe bonne à aimer et à servir. Oui, c'était à croire. Et je pensais à cela tout le long du chemin qui me ramenais à Màvreah.
Faisait-il nuit ? Ou était-ce la brume qui me cachait la lumière du jour ? Toutes notions du temps m'étaient perdues. Au fond de moi, j'avais si peur que j'étais prête à partir en courant jusqu'à la lumière de Evanya. Mais, les poings serrés, les yeux durs et fiers, une dague à la ceinture, je marchais d'un pas assuré. Une simple dague serait-il suffisant ? Je dois avouer sans me vanter que mes longs voyages et années que je possédais derrière moi m'avaient permis d'atteindre une certaine culture. Et j'en savais beaucoup sur ce qu'était l'animal, fruit de dame nature, que je devais abattre. Un Machombre, je me souvenais m'être amusée à écrire un comte sur ces chevaux si grands et si beaux, courant dans une direction inconnue de tous. Et bien, je me promis que si je ressortais vivante de cette aventure, je reprendrais ce comte et le réécrirais. Je me souvenais vaguement avoir inventé une destination inconnue à ces animaux pleins de mystères. Un horizon lointain qui serait peuplé par des petits êtres dotés d'ailes, comme certaines fées, mais qui parlaient de façon distincte et qui passaient leur temps à chanter. Et que dès qu'un Machombre entendaient ce chant, il s'arrêtait pour de bon pour enfin descendre vers la mort.
Un bruit persistant me sortit de mes pensées qui accompagnaient mon interminable marche. Ce bruit avait commencé comme un bourdonnement incessant et insupportable, pour se faire de plus en plus proche et fort. Je reconnus des bruits de sabots au galop. Je devinais aisément la cause de ce vacarme. Mon cœur se mit à battre à la même vitesse que les sabots qui claquaient au sol dans ma direction. Autant vous dire que c'était fort rapide et que ça eut pour cause de totalement me déstabiliser. Je les vis, ils se dirigeaient vers moi à une vitesse ahurissante. Je n'arrivais pas à réagir et à dégainer ma dague. J'étais comme paralysée. S'arrêter. Ils devaient s'arrêter ou sinon ils me percuteraient et m'écraseraient. Je mourrais de cette façon ? Je refusais catégoriquement. Mais je n'arrivais pas à actionner mes jambes pour fuir. Je devais passer à l'action ou se serait la fin. Tuer ? J'en était bien incapable. Mais je me devais de le faire. Je ne suis pas faible ! Ce n'est pas parce que je suis une Elfe que je ne peux pas assouvir certains de mes désirs, même les plus insensés et prohibés dans la communauté Elfique. Puisque je me sentais si différente et que j'étais réduite à admirer cette pureté que je ne possédais pas. Je voulais montrer que j'étais aussi capable qu'un vampire, un nain, un humain ou bien même un lycan ! Je dégainai ma dague, ils étaient à quelques mètres de moi. Je ne pensais plus au froid que je ressentais lors de la marche. Je fixai le troupeau qui était sorti des brumes pour peut-être me piétiner et me tuer. Ils étaient là, trop proche. Par peur, j'esquivai le premier qui poursuivit alors sa route sans faire attention à moi. Dans le feu de l'action, je ne réfléchis pas, je me contentai de foncer sur le Machombre qui le suivait de près. Ce n'était pas du courage. Non … Juste la perte de la raison, et l'abandon à la peur qui vous ronge jusqu'à la moelle des os. Ma dague transperça inexorablement la peau de l'animal. Je la sentais s'enfoncer lentement, m'emportant dans la course du cheval. Ne lâchant pas la dague, et sous la rapidité du Machombre, je tombais. Cette chute m'obligea à lâcher mon arme, et je me retrouvai à percuter le sol avec violence. Je me souviens de l'assourdissant bruit qui se produisit lorsque je touchai la terre. J'en fus même terrifiée. Je croyais m'être cassé quelque chose. Je relevai lentement la tête. Au début, je ne vis que des formes floues, puis, je distinguai le cheval qui se cambrer et hennissait de douleur. Il me fallut quelques instants avant de comprendre et de me relever brusquement. Je réussis, mais je ressentis une douleur à ma jambe gauche. Au moins, je savais qu'elle n'était pas cassée, vu que j'avais pu me relever. Je remontai le pan de ma robe, il n'y avait personne à par le cheval qui continuait de gémir. Après un rapide diagnostic, je conclus que je m'en sortais avec une plaie et quelques bleus. Ensuite, j'accourus vite près du Machombre. Enfin pas trop près, car il ne cessait de gesticuler dans tout les sens. Son troupeau était parti. J'avais eu de la chance de ne pas m'être faite piétinée. Mais … Quelque chose me tracassait. Pourquoi le Machombre ne les avait pas suivi. ? Bien que blessé, je ne pensais pas qu'il s'arrêterait.
Le cheval gesticulait de douleur. C'était peut-être une impression, mais la brume s'estompait peu à peu. On entendait plus que les terrifiants gémissement du pauvre animal. Il m'était impossible de m'en approcher au risque de me prendre un violent coup de sabot. Je compris alors pourquoi le Machombre n'avait pas suivi ses congénères. La dague que je lui avait planté, se trouvait profondément ancrée dans sa patte arrière droite. Le pauvre se trouvait donc incapable de la bouger et de pouvoir les suivre. Je me sentis alors coupable. Je l'avais séparé des siens dans un but personnel et absurde. C'était pitoyablement égoïste. Plus les cris de l'animal se faisaient forts et intenses, plus c'était comme s'il me rendait le coup de dague que je lui avait affligé dans mon cœur. Je l'observais agoniser avec un regard qui se laissait gagner par les larmes. Après un temps que je ne pouvais déterminer, le Machombre finit par se laisser tomber, comme s'il était épuisé de lutter. J'osai alors m'approcher. Je me sentais coupable. Pourquoi avais-je commis une telle chose. Pour me prouver quoi au juste ? Je me sentais si différente que je voulais l'être encore plus ? Simple bêtise … Je m'agenouillai près de la bête qui soufflait bruyamment. Je ne pouvais pas retenir quelques larmes de couler lentement sur mes joues. J'étais décidément trop perdue pour me retrouver. Réduite à admirer ma race, à porter des deuils indéfinis. Susan ... Elle aurait su me guider. Mais on ne luttait pas contre la mort. Et pour le moment, j'étais ce que j'étais. Et mon être tout entier s'en voulait d'avoir fait un si grand mal. Tu dois avoir honte de moi Susan. Je comprends. Pardon. Je finis par poser une main apaisante sur la tête du cheval.
« Tu es beau … Pardon. Je n'aurais pas du faire ça. Et dire que le destin m'a épargnée, moi, qui t'es fait ça. Tes amis auraient du me piétiner sans hésiter. Pardon. Je suis vraiment désolée ... »
Ma voix finit en sanglot. J'entamais de caresser la douce tête de l'animal souffrant. Je me levai, m'accroupis près de sa plaie. J'arrachai la dague brusquement Il hennit si fort qu'il avait percé le ciel. Un hennissement d'horreur et emplit de douleur. Je pleurai d'avantage. Je sortis de ma sacoche une plante commune pour apaiser les écorchures que se font les petits Elfes. Tous savent les propriété de cette plante. Nombreuses sont les mères qui l'utilisent après avoir nettoyer à l'eau la plaie que s'était faite leur enfant en tombant. Je n'étais ni guérisseuse, ni mère. Mais j'étais bien capable de ça pour ce pauvre animal. Je la posai sur la plaie et caressai doucement la peau dur de la bête.
« Attends moi, je vais essayer de trouver de l'eau pour te soigner. Je te comprendrais si tu veuilles t'enfuir, mais il faut que tu restes, sinon … J'ai peur du pire. »
Je courus à la plus grande vitesse que me permettait mes pauvres jambes. Je courrais dans une direction que moi-même je ne connaissais pas. Non … En fait, en venant ici j'avais repéré un cours d'eau. Il était peut-être éloigné de l'endroit où se trouvait le Machombre, mais en courant, je me sentais capable d'y arriver. Le plus dur, ce fut une montée, certes pas très grande, mais au milieu de ma course, elle me parut interminable. L'image du pauvre animal et de ce que je lui avait fait me permettait d'avoir le courage nécessaire. Même si parfois, je marchais plutôt que courir. Je mis une quinzaine de minutes pour atteindre ce cours d'eau. Je le vis comme un miracle. Je me surpris à apprécier sa douce mélodie que produisait l'eau en se faufilant entre les pierres et parcourant sa route. Je sortis ma gourde vide, et je la remplis. Je ne possédais sur moi que le strict minimum pour voyager. Et je me maudissais de ne pas avoir rempli ma gourde quand j'avais aperçu le cours d'eau pour la première fois. Pure fainéantise, et j'en payais le prix. Le chemin du retour fut plus rapide, et je fus prise d'une grande joie quand je vis le Machombre, debout, me regardant arriver au pas de course. C'était … comme s'il m'attendait … C'était impossible … Mais. Ce regard. J'avais tellement cette impression que j'étais réjouie et mon cœur était enjoué. Je m'approchai lentement de lui, le sourire aux lèvres. Je commençais par tendre une main hésitante, puis j'atteignis sa tête. Je la caressai avec amour, puis j'allai voir l'état de sa blessure. Je déchirai le pan de ma robe et je versai une partie du contenue de ma gourde sur le bout de tissu. Puis, je lui fis un bandage de fortune. Je le caressai encore un peu avant de soupirer et de murmurer.
« J'espère que ça ira. »
Je le regardai dans les yeux quelques instants, puis je lui souris de nouveau.
« Voilà, encore pardon … Désolé. Bonne chance à toi. »
Il ne bougeait pas. Je me demandai s'il était encore capable de courir même avec sa blessure. Je m'inquiétai sérieusement. Mais je fis comme s'il comprenait mes paroles :
« Écoute. Moi aussi je t'aime bien mais il faut que tu aille rejoindre tes amis maintenant. Ca va aller ? »
Bien entendu, il ne répondit pas. Je ris de moi-même et je lui donnai une tape. Et là, il commença une course infernale. Il courrait dans un endroit que seul les Machombres connaissent. Je soupirai. Quelle aventure tout de même ! Puis je poussai un cri. Non … Mais qu'est-ce que j'étais bête ! J'avais carrément oublié de lui couper un bout de crinière pour montrer que j'avais accompli la quête. Je me tapai le front brusquement. Ce n'était vraiment pas mon jour. Sous le coup de la déception, je m'assis et réfléchis. Tout compte fait, tant pis pour la quête. Car; j'avais passé un doux moment, et j'avais fait la connaissance d'un être dont l'existence ne me serait jamais venu à l'esprit. Une âme que possédait ces créatures : Les Machombres. Çà allait m'inspirer de longs écrits, ça, c'était sur.
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