Délicate, mince et légère, cette petite feuille d'un vert-orangé tombait doucement d'un arbre pour venir se poser tout droit devant mes pieds. L'automne avançait tranquillement, démontrant un peu plus sa présence à chaque semaine. J'avançais à travers cette forêt que j'avais toujours tant aimée, la forêt de l'éternel, arrêtant alors mes geste dans un mouvement lent afin de lever le menton pour mieux pouvoir observer la chute des feuilles qui venaient se tapisser avec grâce et beauté sur le sol de verdure. Je levas alors la main vers elles, en effleurant quelques-unes au passage, pour ensuite en voir une autre se réfugier dans ma paume comme si elle désirait protection et réconfort. Ce décor était à en couper le souffle certes, mais semblait quelque peu étain sans la présence d'un être que j'avais tout juste rencontré.

Étrange non? Qu'un si bel endroit puisse m' être devenu sans aucunes importances sur une durée de temps aussi courte. Mon cheval à mes côtés m'observait depuis que nous avions quittés ces chutes que j'avais si souvent prit l'habitude de me rendre afin de réfléchir ou tout simplement afin de décompresser, penser à autres choses. Il m'avait depuis semblé inquiet de mon comportement, donnant l'impression d'être depuis ce moment perdue dans mes pensées et de ne pas être en mesure de les quitter. De temps en temps, Luthèr, mon fidèle cheval, osait me donner une toute petite poussée d'affection afin de me faire signe qu'il était toujours à mes côtés, là pour moi. Me sentant coupable de lui faire endurer une Ezëkielle telle que moi déprimée et ne sachant pourquoi, je le caressais à chaque fois en serrant délicatement sa tête contre moi pour ensuite lui offrir un tendre baiser sur le front.

Luthèr semblait fort heureux de cette réaction mais puisque je retombais à chaque fois dans mes pensées à paraître troublée, mon cheval recommençait à s'inquiéter une fois encore. Bien que je sache quelle était la cause de mon malaise et de ma baisse de moral, je ne comprenais toujours pas pourquoi je réagissais de la sorte. Pourquoi ne pouvais-je cesser de penser à Ayliän seul dans ces bois qui devait sans aucun doute porter ce même regard qui m'avait tant peinée? Pourquoi souhaitais-je autant retrousser chemin afin de retourner à ses côtés et de le consoler? Je ne pouvais malheureusement le dire, puisque j'ignorais sincèrement la réponse à cette question. Continuant alors ma marche vers la cité des elfes, je tentais de me retirer ces images qui entaient mon esprit. J'avançais à nouveau, alors qu'un bruit derrière moi vint à capter mon attention, éveillant ma curiosité. J'entendis, faiblement mais assez fort pour parvenir jusqu'à mes oreilles, quelqu'un qui prononçait désespérément mon nom dans un souffle court. Je me figeas alors un instant sur place, inquiète de me retournée. J'osas tout de même le faire, et ce que j'y vis fit serrer mon coeur au plus haut point. Toujours figée par l'émotion grandissant en moi à petits feus, je restas un instant là, à seulement regarder l'homme mal en point devant moi.

Ayliän tenta d'avancer vers moi, y parvint difficilement. J'étais pétrifiée par le choc de le voir dans un tel état, ne pouvant donc rien faire ni rien dire. Une seconde plus tard, il posa un geste que jamais je n'aurais pu voir venir. Ayliän déposa sur mes lèvres un doux baiser qui parût durer une éternité de temps comme s'il s'était arrêté, juste avant de retomber devant moi vidé de toute énergie. Il me fallut un court moment pour reprendre mes esprits, comprenant enfin ce qu'il venait de se produire. À ma reprise de possession de mon être, je me précipitas aussitôt sur l'elfe devant moi qui était dans un piteux état. Je sentis une fine larme couler le long de ma joue sans que je puisse la retenir, puis je soulevas Ayliän pour pouvoir venir poser sa lourde tête sur mes genoux dès que je me fus accroupie. Je glissas mes doigts dans sa longue chevelure qui me plaisait tant, les laissant continuer leur chemin jusqu'à la joue de l'homme.

«Ayl...Ayliän...Je t'en supplie, ouvre les yeux... Je... Je n'aurais pas du te laisser seul ainsi... Qui aurait cru qu'il t'arriverait pareil malheur dès que j'aurais quitté tes côtés...?»

Ma voix était douce, mais tremblante. Pour la première fois de ma vie, je ressentais ce qu'était communément appelé un énorme chagrin, mélangé d'une culpabilité qui ne devait probablement pas être mienne. Je voyais bien que l'elfe sur mes genoux n'ouvrait pas l'oeil, et de voir une telle chose sous mes yeux fit en sorte de ne pas m'aider à retenir mes larmes. Justement, elles terminèrent par sortir et pas à la légère. Mes larmes coulaient abondamment sur chacune de mes joues, laissant sortir mes émotions que je ne pouvais toujours pas décrire. Puis, l'évident me frappa à la poitrine. Ça ne pouvait être que ça.

Ouvrant grand les yeux à cette hypothèse, j'observas le visage éteint de l'elfe contre moi pour m'assurer que cette simple hypothèse pouvait être la raison de mes tourments que j'avais eu depuis quelques instants. Comprenant donc enfin la source de mes ennuis, je me mis à pleurer de plus belle en observant à nouveau le corps de celui qui m'avait montré ce qu'était ce sentiment unique. Avais-je perdu Ayliän? C'était pourtant l'impression que j'en avais, chose qui me déplaisait bien plus que ce que à quoi j'avais toujours imaginé perdre un être m'étant cher. Quelques larmes coulèrent alors jusqu'à tomber sur les joues d'Ayliän, et je me blottis ensuite contre son corps. Ma tristesse était sincère, je ne pouvais la cacher ni la faire disparaître. Puis, sans réfléchir réellement à ce que je disais, ces quelques mots sortirent.

«Tu ne peux pas me laisser... Ayliän...Je t'aime...», dis-je dans un soupçon d'espoir.

Mon corps entier tremblait, la peine d'avoir cru perdre à jamais l'homme qui avait su éveiller en moi ce sentiment si puissant et merveilleux qu'était l'amour. Puisse-t-il se réveiller, pour venir rendre réciproque ces sentiments qui débordaient de mon être.

La souffrance au fond de ma poitrine était indescriptible. J'avais le sentiment insupportable qu'on m'avait comme arraché une partie de mon âme. Comment avais-je pus le laisser seul avec une telle expression sur le visage? Pourquoi n'avais-je pas réfléchit plus longtemps des conséquences possibles à mon simple geste? J'avais été sotte de le laisser seul avec lui-même, sotte d'être la cause de sa mort sans même l'avoir souhaité. Certes cela ne faisait à peine quelques heures que je l'avais rencontré, mais le sentiment qui avait eut le temps de naître en moi était incomparable. Mon coeur se déchirait tranquillement à force de regarder le cadavre de l'homme qui avait sut gagner mon amour, me laissant dans d'affreuses souffrances qui m'étaient presque fatales. Maintenant que j'avais enfin découvert l'amour, je comprenais et je ressentais aussi ce qu'était de le perdre.

Quelques instants passèrent et tout à coup, quelque chose d'étrange capta mon attention. Le corps mort sous moi s'était réchauffé d'un coup, puis j'entendis qu'on prononçait mon prénom. Dans un sursaut inattendu, je relevas la tête. Ayliän n'était pas mort, mais bien vivant qui se relevait désormais. Mes larmes ne cessèrent par contre guère de perler le long de mes joues alors que mon bien aimé m'enlaça pour ensuite m'offrir quelques mots. J'étais figée sous le choc, croyant rêver de le voir en vie. Puis, je compris au moment où le gardien de la nature déposa son visage contre ma joue. Je ne pouvais rêver. C'était tout simplement impossible. Je sortis alors de mes pensées, tentant un début de phrase.

«Ayliä...», dis-je avant de me faire couper net.

Je n'eus pas moyen de compléter mes dires, puisque mon amour avait déjà déposé ses douces lèvres contre les miennes pour m'offrir le baiser le plus magique qui soit. J'aurais tout donné pour que ce simple instant persiste jusqu'à la fin des temps. Je lui rendis son baiser, mais cette fois par contre mes larmes se transformèrent en larmes de joie. Il m'avait répété ces mêmes mots d'amour que je lui avais si tendrement offert, prononcés avec délicatesse et sincérité. Ce seul baiser sembla avoir stoppé le temps, me procurant au passage une infinité d'irrésistibles frissons. Une envie nouvelle monta alors soudainement en moi, qui me gêna maladroitement au passage, rien que d'y penser. Ce fut par contre plus fort que moi, je dus l'avouer.

Mon corps appelait celui de mon compagnon, où j'eus pour réflexe de l'enlacer fougueusement malgré ce que ma raison me criait. Puis, cette pluie de tendres baisers cessa doucement alors qu'Ayliän prit à nouveau la parole. Ses propos me firent alors sourire, riant même ensuite. Il ne sembla pas tout à fait comprendre la raison de ma réaction, ce qui m'amusa particulièrement. Lui offrant alors mon plus tendre sourire, je le poussas sur le dos rapidement avant de venir me coucher contre lui. Je vins alors chatouiller ses lèvres des miennes, y déposant un baiser rempli de passion et de sensualité. Je relevas ensuite lentement la tête, toujours étourdie par l'effet qu'avait provoqué chez moi ce baiser, puis je tentas de lui faire comprendre la situation.

«Ayliän, tu n'es pas entrain de rêver. Je suis bel et bien là à tes côtés et oui, je t'ai réellement avoué t'aimer sincèrement et oui, nous nous sommes bel et bien embrassés pendant de longues minutes.», dis-je avec amusement.

Je plongeas mon regard dans le sien, déposant délicatement mes mains sur chacune de ses joues afin de mieux pouvoir l'admirer. Alors, je pris l'une de ses mains dans les miennes, puis je vins la porter jusqu'à la zone où se retrouvait mon coeur.

«Tu ne rêves pas, mon amour. Peux-tu sentir ceci? Entends-tu le son des battements de mon coeur? Si oui, c'est que tout ceci n'est nul autre que réalité. Me crois-tu maintenant? Crois-tu que je suis bien là, à t'offrir mon éternité et mon amour sincère?», continuais-je avec joie.

Mes yeux étaient enfouit au plus profond de ses magnifiques yeux couleur d'émeraude qu'avait été choyé Ayliän, guettant une réaction à mes dires. J'étais envoûté par le regard pur qu'il m'offrait, envoûtée par son être au grand complet.

Les battements de mon coeur s'étaient amplifiés depuis le premier baiser qu'Ayliän m'avait si tendrement offert. Bien que c'était le cas, la réaction que j'eus lorsque l'elfe reprit le contrôle sur ma personne en me virant sur le dos pour qu'ensuite celui-ci vienne se positionner par dessus moi, fut bien pire que ce que j'aurais imaginé. Mon premier réflexe fut de rougir, exactement comme une tomate. Jamais je n'avais senti mon coeur battre comme il le faisait présentement. J'avais le sentiment étrange qu'il allait rapidement exploser et sortir à toute allure de ma poitrine, me laissant donc bouche-bée et bien entendue, morte. Mes joues continuaient de brûler, me causant toujours plus d’embarras qui n'était pas très rassurant présentement.

En second lieux, je tombas rapidement profondément dans mes pensées les plus éloignées en moi. Ce que j'y vis fut loin de me calmer, bien au contraire. Au fond de mon subconscient m'apparaissait de multiples images et idées que jamais, oh dieu jamais, je n'aurais crut y retrouver. Toutes ces obscénités étaient la preuve flagrante que j'étais petit à petit entrain de perdre le contrôle sur le désir sensuel et même...sexuel qui était enfouit au plus profond de mon être. J'étais maintenant à mon maximum question de gêne, mais je ne pouvais me permettre de laisser la flamme en moi de sortir tout de suite au grand jour. Celle-ci se devait de rester enfermée en moi, n'ayant le droit d'en ressortir qu'au jour où j'allais, souhaitons le, dire «Oui» devant dieu pour devenir la femme d'un seul et unique homme pour l'éternité.

En attendant ce jour tant désiré de ma part au point d'en rêver constamment, je ne pouvais me permettre de laisser ce désir faire comme bon lui semblait. Tout ceci eut pour cause de me donner une expression faciale que jamais je n'avais eut. C'était un mélange de la torture que je ressentais de ne pouvoir relâcher mes pulsions, du plaisir sensuel qui semblait démontrer combien j'avais présentement envie de cet homme plus que tout et, bien sûr, de l'amour simple et pur que j'avais pour Ayliän. Je me sentais impuissante face à la force qu'il démontrait, qui faisait disparaître chacune des parcelles du peu de force qu'il me restait. J'étais à sa merci, consumant passionnément chacun de ses baisers avec passion. Juste avant que j'en arrive à en perdre la raison, je repris le contrôle de mes mots. Entre deux langoureux baisers, je parvenus à glisser quelques mots.

«Ayliän...je t'en pris cesse ceci...si...si tu continuas comme ceci...je...ne pourrai plus me retenir d'aller plus loin encore...et je ne veux pas aller aussi vite...», dis-je d'une douce mais faible voix.

Les rougeurs réapparurent lorsque je fis cette affirmation, puis je plaças timidement ma main sur mes lèvres tout en fermant lentement les yeux. J'avais peur de décevoir Ayliän, mais j'avais toujours préféré être franche. Mon expression était érotique bien que ce n'était pas ce que j'avais souhaité, contredisant mes paroles. Je n'osas guère regarder l'elfe dans les yeux, trop effrayée de découvrir sa réaction.