Il faisait beau en ce jour. Le soleil était au beau fixe, les oiseaux chantaient, les arbres dansaient sous l'impulsion de la douce brise qui se faisait présente de temps à autre et des papillons se livraient à un ballet aérien. La nature semblait livrer une bien belle représentation aux yeux de jeune rôdeur qui revenait au Pays après 28 longues années passées sur les route d'Ephaëlya. A la vue de ce spectacle, ce dernier ne pu s'empêcher de réprimer un léger sourire qui sembla illuminer son visage au teint neigeux.

Quelques heures auparavant, le jeune guerrier elfique se trouvait dans la clairière qui l'avait vu grandir, là où était située la maison de ses parents, mais aussi le lieu de pèlerinage où il se rendrait jusqu'à la fin de sa vie, l'endroit où étaient enterrés ses parents. En effet, il s'était recueilli sur leur tombe très longuement, chose qu'il n'avait plus faite depuis son départ d'Evanya. Ces retrouvailles furent, pour lui, emplies d'émotions et il promit à ses parents de revenir les voir plus souvent, autant qu'il le pourrait. Il avait donc pris le temps de nettoyer les tombes et de les embellir un peu afin de les rendre plus gaies. A la suite de cela, celui que l'on surnommait Silmaredhel avait entreprit de se rendre à l'Arbre aux Lucioles, son deuxième lieu de pèlerinage. Peut être espérait-il croiser là bas la raison de son retour, après tout, n'était-ce pas là qu'ils avaient pris pour habitude de se retrouver, le lieu où ils venaient parfois se changer les idées, le lieu théâtre de leur première rencontre ?

Sûnaiwë Dîn-Lothlossë s'était empressé sur les lieux et le sourire qu'il avait arboré quelques minutes auparavant devant le spectacle de la nature en fête, finit par s'estomper. Ayliän n'était visiblement pas là et le rôdeur se demanda si ce dernier viendrait.

*Après tout, cela fait bien des années que je ne suis plus venu, peut être a-t'il changé ses habitudes. Il est même fort possible même qu'il ait de grosses obligations qui le retiennent et l'empêchent de venir ici à sa guise. Et puis comment pourrait-il savoir que je suis ici ? Nous n'avons pas eu le moindre contact depuis 28 ans...*

L'expression du visage de Sûnaiwë redevint aussi neutre qu'à son habitude, insondable et glaciale. Il s'approcha de l'Arbre qu'il considérait comme magique et le contempla un instant. Il enleva son arc qu'il portait en bandoulière et le posa au pied de l'arbre avant de prendre place à son côté, assis, adossé au tronc. Il ferma les yeux et des bribes de souvenirs s'enchainèrent dans sa tête. Il revit les fois où, se rendant ici même avec Gelydhwenn, sa mère, ils avaient rencontré Ayliän, le jeune elfe si gentil qui lui offraient des friandises à chaque rencontre. Puis il se souvint des fois où il venait ici, là où il avait l'impression d'être au plus proche de ses parents désormais morts. Et pour finir, il se remémora tout ce qu'il avait pu vivre ici même avec Aylian. Ces souvenirs semblèrent animer une imperceptible flamme sur le visage de l'elfe. Il ouvrit les yeux, saisit de sa main droite, un de ses deux sabres elfiques argentés, à manche blanc de nacre, qu'il portait à son flanc gauche et le brandit en l'air.

"Prince Ayliän, mon frère, l'heure est maintenant venue pour moi de mettre ces sabres à votre service et de vous montrer les fruits de vos enseignements. Ce n'est désormais plus qu'une question de temps d'ici à ce que nous nous retrouvions et cette fois-ci, je l'espère, nous ne serons plus jamais privés de contacts. Frère ! Je vous aiderai, par tous les moyens dont je disposerai, à atteindre vos objectifs !"

Silmaredhel avait prononcé ces phrases à voix haute et on pouvait deviner une forte vitalité cachée en lui. Ses yeux reflétaient une flamme de vie insoupçonnable et le guerrier semblait de nouveau vivant. Il observa un instant sa lame, brillante à la lumière du soleil et la rangea.

"Désolé mes chers compagnons de route, je ne sais pas si je pourrai encore longtemps vous préserver. Jusque là, nous n'avons encore jamais eu à tuer un être humain mais nous devrons peut être bientôt nous y résigner. La route d'Ayliän vers le sommet rique longue et sinueuse et nous devrons peut être nous souiller, mais je m'y suis résigné depuis le temps et je n'ai qu'une parole. Ma vie pour lui ! Prêtez moi votre force je vous prie, ainsi nous pourront tous mener une vie paisible digne de nos rêves."

Ces paroles avaient étaient prononcées par l'elfe, à l'intention de ses armes qu'il regardait alors. Il en détourna les yeux, les porta sur point dans le ciel que seul lui voyait. Il le scruta un instant durant puis ferma les yeux de nouveau tout en chuchotant :

"Prince Ayliän, attendez moi je vous prie, je suis proche de vous désormais..."

Sûnaiwë avait été tiré de ses songes par un bruit. Ses oreilles de rôdeur elfique avaient capté un bruit de toux proche de sa position. Son cœur accéléra d'un coup.

*Ayliän !?*

L'elfe se redressa un peu, comme s'il voulait capter plus précisément les bruits.

*Ce pourrait-il que... Non ! Ce n'est pas lui...*

L'elfe serra le manche de son sabre et se concentra plus pour tenter d'identifier la source de cette alerte, mais il eut un choc. Il venait à peine de réaliser que quelqu'un se tenait debout non loin de lui. Tellement absorbé par ses pensées, il n'avait même pas remarqué que quelqu'un s'était approché de lui. Il se crispa un peu et se sentit soudain mal à l'aise. Lui qui n'aimait pas trop se mêler aux gens se retrouvait face à un visiteur surprise

Il la regarda un instant, hésitant. Visiblement, elle avait dû l'entendre parler. depuis combien de temps était-elle là? L'elfe la dévisagea. Elle semblait ailleurs, comme si elle ne le voyait pas et cela accentua son malêtre. Tout à coup, elle perdit connaissance. Sûnaiwë hésita un instant, ne sachant trop que faire, puis il entrepris de lui porter secours, mais cette dernière revint à elle avant qu'il n'eût pu esquisser le moindre mouvement. Elle le contempla un moment, avec un intérêt assez dérangeant, du point de vue du jeune elfe, puis prononça ses premiers mots :

"Excusez-moi mais, vous allez penser que je suis naïve, mais êtes-vous réel ?"

Elle semblait gênée et s'inclina. Lorsqu'elle se redressa, Sûnaiwë Dîn-Lothlossë croisa son regard. Le regard argenté de celui-ci fut engloutit par la vague bleu de l'œil bleu de la jeune elfe qui le dévisageait. Il rougit et en guise de réponse à la jeune femme, il se contenta de hocher la tête. Bien sûr qu'il était réel !

Silmaredhel détourna quelque peu son attention de la demoiselle. Il hésita longuement, se releva, rajusta ses armes et prit la parole.

"Bien le bonjour à vous ô gente demoiselle. Auriez vous l'amabilité de m'indiquer où je pourrait trouver Seigneur Faën, protecteur de la nature? "

Le guerrier avait parlé même s'il n'aimait pas trop converser avec des inconnus, car la situation l'imposait. Il voulait au plus vite rejoindre Ayliän. L'elfe se tenait debout face à elle et avait parlé de façon révérencieuse, mais ne souriait toujours pas. Il semblait gêné et fuyait le regard de son interlocutrice.

*Elle est vraiment jolie ! Je n'avais encore jamais rencontré pareille créature.*

Il sentit son rythme cardiaque accélérer. Sûna baissa la tête et rougit.

*Pourvu qu'elle ne se lance pas dans un grand dialogue, il faut que j'abrège ceci au plus vite et que je me mette en route !*

La jeune elfe semblait perturbée du fait que Sûnaiwë regarde son œil et le fait qu'elle essaya de cacher quelque chose sur son visage ne fit qu'accentuer la curiosité de ce dernier, autant que ses soupçons. Pourtant, il passa outre et fit comme s'il n'avait rien remarqué de son étrange attitude et ne chercha pas plus loin.

"Je suis sincèrement désolée mais... Je ne le connais point, je ne peux donc vous renseigner sur vos désirs."

L'elfe sembla marquer un temps d'arrêt, comme si elle songeait et plongea un bref instant son regard dans celui de Silmaredhel. Elle sembla sur le point de s'évanouir un court instant, mais se ressaisit directement malgré son souffle court.

*Elle est vraiment très étrange ! Oui, vraiment très très... Étrange... *

Elle plongea de nouveau son regard de le sien et répéta.

"Je suis désolée encore une fois de ne pas pouvoir vous aidé.. exprima t-elle du même ton que tout à l'heure."

*...*

Il y eût un blanc de quelques secondes qui semblèrent des minutes. Sûna la détailla un court instant, hésita un instant et prit la parole.

"Je vous remercie de votre aide gente demoiselle."

Il marqua une petite pause, observant l'elfe qui lui faisait face et reprit :

"Vous me semblez de bien frêle constitution... Puis-je faire quelque chose pour vous venir en aide? Ma conscience souffrirait de vous savoir livrée à vous même ici, loin des regards..."

Il se sentait certe un peu mal à l'aise au début, mais il ne voulait pas abandonner une personne qui semblait mal en point. C'était tout bonnement contraire à ses idéaux. Au fur et à mesure que les minutes s'écoulaient, le mal être de ce dernier diminuait et son assurance remontait, en puissance, à la surface.

"Non, non ne vous inquiétez pas pour moi, j'ai l'habitude de ce genre de chose..
Je vous remercie quand même de votre gentillesse"

Sûna se sentit soulagé même si la réponse ne le satisfaisait pas pleinement, mais il préféra croire qu'il s'agissait tout simplement de sa méfiance démesurée envers les autres être vivants. Il observa tout de même un peu plus en détail la jeune femme. Il s'apprêtait à lui poser une question mais il n'en eut pas le temps. En effet, la jeune femme lui sourit légèrement et il se sentit légèrement décontenancé.

*Décidément, je suis bel et bien faible face aux jolies femmes... Dois-je demander conseille à Grand frère Ayliän ? Je crois qu'il...*

L'elfe prit la parole, l'extirpant de son monde intérieur et le ramenant à la réalité Ephaëlienne.

"Monsieur Faën doit se trouver aux conseil des
hauts elfes ou même dans la grande ville. Vous devriez vous y rendre,
vous y trouverez beaucoup d'informations."

La jeune elfe avait parlé de sa douce et mélodieuse voix et Sûna la regardait à présent bouche bée. A se demander s'il avait réellement entendu ce qu'elle avait dit. Il resta ainsi quelques secondes puis il se ressaisit. Les pénétrèrent son esprit les uns après les autres et la phrase prit enfin sens.

*Est-ce une chanteuse? Sa voix... Ou une comédienne? Son regard...*

Il secoua la tête.

*Ressaisis toi ! Ce n'est pas le moment d'être victime d'un quelconque sortilège aussi naturel soit-il ! *

Il fit quelques pas, levant les yeux au ciel.

*Le jour touche à sa fin... Il va vite falloir me remettre en route, autant exploiter cette piste, même si elle ne fait que supposer, toute piste est bonne à prendre.*

Il se retourna vers la jeune elfe.

"Merci pour vos informations. Je m'en vais donc tenter ma chance là où vous m'avez conseillé de faire route. Cependant... Je sais qu'on ne se connait pas et je crois qu'il serait mal vu de ma part de vous demander de faire route avec moi ou de vous demander votre destination, mais puis-je tout de même vous demander ne fut-ce que comment vous vous appelez?"

Sûnaiwë rougit un peu. Il regardait la jeune elfe d'un air anxieux.

Sûnaiwë parut offusqué. Le refus de la jeune elfe lui était certes compréhensible, mais il ne le digérait pas.

*Ai-je vraiment l'air si mauvais que çà? C'est vrai que j'ai les traits sévères pour un elfe, mais tout de même...*

L'elfe leva les yeux aux ciel. Le soleil entamait sa lente ascension et l'océan bleu se teintait d'une couleur orangée. Il inspira profondément, retint un bref instant son souffle, puis il expira et pris la parole.

"Je vois... Ainsi soit-il ! Je n'irai point contre votre volonté et ne chercherai guère plus loin. Dans ces cas là, laissé je prends l'initiative de vous surnommer et à ce propos, je pense vous appeler Laiwaeldar, en raison de votre faible et frêle constitution, Laiwaeldar, l'elfe malade... N'y voyez, je vous prie, aucune offense de ma part. C'est juste ce qui saute aux yeux en premier lorsqu'on vous voit comme vous m'avez permis de vous voir. Vous avez des malaises et des quintes de toux récurrentes. Il faudrait peut être penser à vous faire soigner...

Sûnaiwë croisa le regard de la jeune elfe et son visage neigeux prit une teinte rosée.

"Nous nous éloignons quelque peu de notre sujet... Je suis Sûnaiwë Dîn-Lothlossë, dit le Silmaredhel. Je ne puis présentement accéder à votre requête car j'ai grandement à faire. Je rentre d'un long périple en dehors de nos frontières et je dois m'entretenir urgemment avec un très cher amis je n'ai plus vu depuis maintenant 28 ans, et ce, en privé. Je crains que no routes doivent ici se séparer, mais peut être auront nous l'occasion de nous rencontrer de nouveau. Vous avez un avantage sur moi, vous connaissez mon prénom..."

Il sembla une fraction de seconde, qu'un léger sourire s'était dessiné sur le visage de celui qu'on surnommé Silmaredhel, en raison de ses yeux, ses armes et son armure argentés. Était-ce un vrai sourire ou juste un impression? Toujours était-il qu'il la regardait fixement de son air impartial, neutre, froid et distant. Il semblait impossible de le sonder.