Le retour à la maison

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Episode précédent.

Le voyage avait été tranquille. Pas d’interruptions inopinées, pas de traque ni de massacres. Depuis que l’elfe était revenu avec une jambe réparée comme par magie, celui-ci trottinait gaiement sur les chemins qui conduisaient le duo à la grande cité de Kazad Duraz. Ce qui avait pour don d’énerver le nain. Mais malgré cela, Karnak n’avait pas trop à ce plaindre de ce compagnon qu’il estimait désormais un peu plus, dans la limite du raisonnable vu que c’était un elfe, mais il avait prouvé sa valeur lors du combat contre le géant et cela, il ne pouvait le nier. Les souvenirs de Karnak revenaient un peu plus chaque jour, ainsi que sa haine prononcée envers les lycans. Chaque nuit apportait son lot de cauchemars plus ou moins violents. Il y avait toujours de nombreux trous dans sa vie, mais Karnak savait désormais que ce n’était que temporaire. Ils avaient mit une semaine entière pour marcher jusqu'à la capitale naine, discutant de tout et de rien, croisant voyageurs, bandits de grands chemins, mais ils prenaient soin d’éviter tout contact avec les gardes et autres milices du genre.

Ils arrivèrent en vue de la montagne qui abritait la puissante et magnifique forteresse naine, ce qui mit du baume au cœur de Karnak, il était enfin de retour chez lui. Il faisait un soleil éclatant donnant l’impression que la montagne brillait de milles feux. Les hautes tours gardant l’entrée de l’unique pont montaient fièrement vers un ciel sans nuage telles des colosses de pierre affrontant un ennemi aérien. Le nain se retourna vers son compagnon elfe qui semblait un peu faire la tête.

« J’espére que t’as fait ta provision de carottes et autres elferies l’ami ! Car la ou nous allons, tu risque d’avoir un peu plus de mal à trouver des arbres…vivants en tout cas ! Ta jambe aura plus de mal à repousser comme par magie et les seuls bruits que tu entendras seront celui du marteau sur l’enclume et les beuglements des putains !»

Karnak reprit la marche dans un rire tonitruant. Oui, il était heureux de rentrer chez lui. Les deux compagnons arrivèrent à l’entrée du pont gardé par une unité complète de soldats nains. Karnak reconnut l’un d’eux et se dirigea vers lui.

« Ca alors ! Par les couilles du grand Molgor ! Barns toujours pas mort vieux sac à vinasse ? »

L’intéressé fut surpris car après tout, la garde de l’entrée de Kazad n’était pas vraiment excitante.

« Ca alors ! Ne serait-ce pas cette bonne vieille poche de Karnak ! On t’aurai cru mort et t’arrive comme une fleur aux portes de ma cité…Accompagné d’un elfe en plus ! Bah mon vieux tu tombes bien bas ! »

Les gardes se mirent à rire mais cessèrent bien vite lorsqu’ils virent les yeux fulminants de Karnak.

« Fermes la ! N’oublie pas qui a été ton instructeur lorsque tu faisais tes classes ! J’ai peut être pris de l’âge, mais ma Gasna sait toujours comment discuter avec les vermisseaux de ton espèce. La vieille Molly a toujours son palais dans le quartier des artisans ? »

« Euh… oui je crois qu’elle a pas bougé ! Tu restes là longtemps ? »

Karnak se calma peu à peu puis repris la marche en se dirigeant sur le pont de pierre.

« Je resterai le temps que je veux, passe me payer une choppe à l’occasion, on discutera un peu ! Tu sais ou me trouver. »

L’elfe et le nain s’engagèrent bientôt au-delà des immenses arches de pierres qui cernaient de part et d’autre une immense porte de métal. L’odeur de poudre, de sueur et une chaleur omniprésente accabla rapidement les deux compagnons.

*Me voilà enfin chez moi, comme c’est bon de retrouver son foyer*

Le nain salua quelques personnes qu’il connaissait ou croyais connaitre, recevant ainsi quelques regardes surpris au passage. Mais ce n’était rien comparé au fait que tout le monde regardait le drôle de duo pénétrer dans le quartier des artisans. Karnak s’adressa alors à son compagnon de route.

« J’ai des affaires à régler mon p’tit gars, tu peux me suivre si t’en a envie ou aller te balader à la recherche d’un coin d’herbe si ça te chante. Faut que je passe à ma forge, mon armure a pris quelques bosses à cause de ce foutu géant et ma hache a bien besoin d’une cure de renforcement. Tu peux v’nir si tu veux, sinon on se retrouvera dans deux jours chez la vieille Molly, t’aura qu’a demander aux gars du coin, ils sauront t’indiquer l’endroit … »

Invité

Cela faisait maintenant plusieurs semaines que Keytho était perdu et errait dans tout Ephaelya. En effet son combat contre les vampires, dans la forêt des murmures, avait plutôt mal tourné pour ne pas dire qu'il avait essuyé une cuisante défaite. Il était resté une demi journée allongé, reprenant ses esprits, laissé pour mort par les nocturnes grâce à l'odeur dégagée par le cadavre du rat qui lui avait servi durant ses quatre derniers repas. Deux jours encore lui furent nécessaires pour sortir de la forêt en rampant.

Depuis, il erre en évitant au maximum tout contact avec les villes et les puissants qu'il haïssait. En revanche, il descendait parfois dans les petits villages ou camps pour y faire quelques besognes que l'on daignaient accorder à un jeune étranger mourant. Le peu qu'il gagnait ne lui permettait pas de survivre et il du s'abaisser à rapiner à droite à gauche.

Un jour qu'il cherchait du travail, on lui indiqua la maison de l'ancien du village. Une fois arrivé sur le lieux indiqué Keytho se trouva face, non pas à l'ancien, mais à son cadavre séché. Très vite il décida, après une petite réflexion tout de même, de fouiller la masure et de se rendre propriétaire de tout ce qu'il l'intéresserait c'est à dire nourriture et possession vénale. Une fois cela fais il parti en laissant deux pièces d'or sur le mort qu'il avait prit soin d'enterrer dignement.

C'est sur ce nouveau départ que l'humain prit la route des pays des peuples qui le dégoutait le moins, celui des elfes et celui des nains.
Hélas il fut encore victime de la discrimination chez les elfes. En effet ses jongleries et tours, étant sans grandes prétentions, étaient raillés par les pratiquants indigènes bien plus habiles. Sa traversé du pays des oreilles pointues se passa cependant sans autres accrocs.

La difficulté commença au beau milieu du pays nains car on arnaque pas un nain mais un nain a vite fais de vous entuber. C'est ainsi que son petit pactole provenant d'un certain ancien de village s'envola comme plume au vent. En arrivant devant la porte de leur capitale un garde de mauvais poil lui avait fais payer le reste de ses économies pour pouvoir passer, maintenant Keytho était sans un sous dans une cité complexe où il s'était déjà perdu trois fois en une heure.

Il alla se poser contre un mur, à l'ombre, pour réfléchir à sa situation. C'est alors qu'il aperçu un elfe, chose plutôt étrange en pleine capitale naine. Cette présence le rassura, il se sentait moins seul, il décida donc d'aller lui parler. L'elfe était en discutions avec un nains qu'il semblait connaitre. l'humain voulait faire demi tour mais ils l'avaient vu, il n'avait plus le choix, il fallait y aller. il s'avança vers eux et se présenta :

"Bonjours messieurs, mon nom est Keytho Zark, je parcours tout Ephaelya pour découvrir de nouveaux arts martiaux, affiner mon propre style et apprendre à maitriser de nouvelles armes. Je vous avoue qu'un peu de compagnie dans certaines régions n'aurais pas été de trop et c'est pourquoi je vous demande : est il possible d'avoir une place dans votre groupe et pourquoi pas faire route ensemble?"

L'humain avait peur de leur refus mais il faisait tout pour ne pas le montrer. Si ils refusaient, L'oryennien devrait rentrer à un chez lui qui n'existe plus et 19 ans de sa vie auraient été inutile. Il ne pouvait accepter ça donc il ne les lâcherait pas, c'était décidé.

Invité

Astriol avait tout de suite détesté Kazad Duraz. Cette ville sentait la sueur, la bière, la luxure, la crasse...elle sentait le nain. Et des nains il y en avait. La plupart étaient sur le sol, rond comme des barriques, une partie des nains riaient entre eux en se crachant à moitié dessus, et le reste était dans les tavernes, et commençait la tournée des bars. Non, décidément, Astriol n'aimait pas cette ville. Ils avaient fait à peine une centaine de mètres, et déjà cinq nains l'avaient bousculé, deux avaient tenté de lui faire des croches pieds, quatre avaient essayé de lui prendre sa bourse, un avait carrément tenté de le tuer, et les autres lui lançaient des regards noirs. Où était l'harmonie des villes elfiques? Ces villes dans lesquelles l'art était mis en valeur, où la nature était présente? Ici, aucun arbre ne pouvait pousser, le sol était jonché d'immondices, et les quelques endroits où le peuple n'avait pas jeté de détritus, étaient recouverts de pavés noirs, immondes. Karnak l'avait conduit devant une taverne, sans doute était-il en crise d'hypoalcoolémie.

« J’ai des affaires à régler mon p’tit gars, tu peux me suivre si t’en a envie ou aller te balader à la recherche d’un coin d’herbe si ça te chante. Faut que je passe à ma forge, mon armure a pris quelques bosses à cause de ce foutu géant et ma hache a bien besoin d’une cure de renforcement. Tu peux v’nir si tu veux, sinon on se retrouvera dans deux jours chez la vieille Molly, t’aura qu’a demander aux gars du coin, ils sauront t’indiquer l’endroit … »

Deux jours à picoler? Astriol était prêt à lui dire qu'une journée serait déjà bien suffisante lorsqu'un drôle de personnage vint les accoster.

"Bonjours messieurs, mon nom est Keytho Zark, je parcours tout Ephaelya pour découvrir de nouveaux arts martiaux, affiner mon propre style et apprendre à maitriser de nouvelles armes. Je vous avoue qu'un peu de compagnie dans certaines régions n'aurais pas été de trop et c'est pourquoi je vous demande : est il possible d'avoir une place dans votre groupe et pourquoi pas faire route ensemble?"

Astriol en était à se demander si ce n'était pas le rendez vous des glandus. Il devait les attirer. Mais bon, ce Keytho lui offrait une chance de ne pas s'ennuyer. Et si un humain avait réussi à survivre dans cette ville de fous, pourquoi un elfe n'y parviendrait pas? Il examina donc Zark avant de lui répondre:

« -Écoute l'ami, l'espèce de boule de poils en décomposition qui me sert de compagnon de voyage a à faire. Il estime en avoir pour deux journées complètes. Étant donné que je ne supporte que très peu la vue de la pourriture vivante et l'odeur de la bière, je te propose de m'accompagner, à la recherche d'un endroit un minimum intéressant. Je ne sais pas si cette quête vaut bien la peine d'être tentée dans ce genre de ville, mais nous pouvons toujours essayer. J'ai besoin de renseignements sur une affaire qui a couté la vie de la mère. Pendant ce temps, Karnak -il baissa le regard pour parler au nain dans les yeux- tu peux t'occuper de tes petites affaires. Mais j'aimerais que tu fasses tout ça dans la journée, et que tu nous retrouves. Je pense que nous seront dans une bibliothèque, nous pourrons, par la même occasion trouver des informations sur ton passé, et toi, Keytho, on te trouvera un bouquin sur les art martiaux. Mais il me semblait que dans cet art, la rapidité était très importante? Bon, on essaiera de trouver un livre écrit par un elfe, ou, au pire, un humain. Car j'ai bien peur qu'ici, le simple fait de mentionner le nom de ma race est un crime punit de mort. »

Karnak ne laissait rien transparaitre de ses pensées, comme à son habitude. L'humain en revanche, semblait apprécier l'idée, mais L'elfe ne savait pas s'il voulait faire un bout de chemin avec eux pour acquérir un nouveau savoir, ou si c'était simplement pour rire de deux compagnons n'arrêtant pas de se chambrer. Dans tous les cas, une nouvelle tête était toujours la bienvenue. Il ne manquait plus qu'un vampire et un lycan pour créer le club des cinq fantastiques représentants d'Ephaëlya. Mais ce n'était pas une bonne idée. A part lors de ses anicroches, le groupes n'aurait rien de fantastique.

C'est ce moment précis dont profita un nain pour voler la bourses de l'elfe, et partir en courant, se fondant dans la masse barbus et puantes. Astriol se tourna vers Karnak:

« - Tu me rappelleras de ne jamais remettre les pieds chez toi? Ce n'est pas que je n'aime pas les nains hein, va pas te faire d'idées. Mais l'accueil est trop chaleureux à mon goût. Je n'avais pas besoin d'autant de sympathie tu sais. Je pense qu'on devrait organiser une petite fête et je me pendrai par les pieds tandis qu'avec un bâton vous me frapperez dessus. C'est convivial et festif non? »

Puis, d'un air résigné, il se tourna vers l'humain:

« -Bon et bien je crois qu'il est l'heure de montrer ce que tu sais faire. On va essayer de le rattraper, mais j'ai peu d'espoir...Au pire, ce n'est pas très grave, cette bourse ne contenait que quelques pièces de bronze. »

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