Angaïla, la terre des nains et de la bonne chopine... Surtout de la chopine en fait, c'est ici que Kyo préparait sa prochaine expédition. Grâce aux informations que contenait le carnet de son père, il avait réussi à savoir où Morguar Marteaucendre ce « cachait », il résidait dans une sorte de ville souterraine, dans les bas-fonds d'une mine qui ce situait à quelques kilomètres de la taverne de Foisur... C'est d'ailleurs ici que Kyo préparait son périple, il n'avait besoin que d'une chose maintenant... Des compagnons.

L'alcool, les rixes et le sang... Voilà à quoi ressemblait une taverne naine, le parquet couvert de poussière et de sang, les nains qui se battent pour un oui ou pour un non et l'alcool qui coule à flot. Au milieu de ce carnage était assis un homme, attendant patiemment, une capuche lui recouvrant la tête et un long manteau, cachant les nombreuses cicatrices qu'il portait sur son corps. La capuche empêchait les autres de voir ses yeux... Des yeux rouges comme le sang, oui vous l'avez reconnu, c'est bien Kyo qui est assis là, dos au mur, attendant que la petite annonce qu'il avait posée face son effet

Recherche :

Homme ou femme (priorité aux nains)

Qui connaissent chaque recoin de la mine du désespoir

Et qui savent se battre

Pour une quête très dangereuse

Dans les profondeurs de cette fameuse mine

Si intéressé, adressez-vous au Barman

Le Conteur Sanglant

Kyo resta là à fixer l'annonce qu'il avait écrite lui-même, ça faisait un jour qu'il était arrivé ici et il commençait à s'impatienter, une petite voix dans le creux de son oreille lui murmura

-C'est quand qu'on s'en va ? Je m'ennuie moi

Kyo soupira, c'était Lilith qui lui avait adressé la parole, elle était cachée dans ses longs cheveux noirs, attendant « patiemment » de pouvoir se dégourdir les ailes, le Lycan lui murmura

-Bientôt Lilith, Bientôt

Il espérait qu'il ne lui mentait pas, car il commençait à en avoir plus qu'assez de rester ici à siroter sa bière. Si personne ne répondait à son annonce, il irait seul dans la mine, laissant les ténèbres l'emporter

Le colosse tira sur les rennes puis la cariole blindée s'arrêta. Assis à la place du cocher, Drahler le brasseur-chimiste nomade farfouilla dans un boîte ouvragée posée à sa gauche sur le banc. Il en sortit un vaste pipe en bois, y fourra une poignée de tabac sec et pinca un petit champignon rouge juste au dessus de l'orifice. Une flamêche jaillit, faisant rougeoyer les feuilles aromatisées. Une profonde inspiration et les naseaux du voyageur expulsèrent un nuage de fumée blanc, faisant penser à un taureau en colère.

Bon, songea Drahler, on m'a dit qu'ici, à la Taverne de Foisur, on fait de la très bonne Fracasse-Foie. Il me faut la goûter sans plus attendre. Ainsi je pourrai compléter mon Atlas des bières d'Ephaëlya. Peut-être même que le rondouillard qui tient cet établissement pourra me donner la recette, nous verrons bien.
Le brasseur se dressa sur ses deux pattes poilues et bondit de sa cariole. Il s'écrasa lourdement sur le sol et manqua de tomber. Il tira alors une nouvelle bouffée sur sa pipe, puis se retourna et saisit sa vaste hache qu'il accrocha à sa ceinture. Drahler remit en place son casque cornu ainsi que son kilt et enfin se mit en marche vers la Taverne de Foisur.

La porte s'ouvrit brutalement et deux nains énervés en éjectèrent un troisième. Lequel, ivre mort, vint s'aplatir sur le sol en ronflant. Les deux premiers partirent d'un rire gras mais s'écartèrent sans pour autant s'arrêter lorsque Drahler enjamba le dormeur vautré devant la porte de l'édifice.
Drahler pénétra dans la taverne. A l'intérieur tout n'était que vacarme et agitation. Les nains buvaient, mangeaient, chantaient, dansaient, hurlaient et se battaient sans cesse. Drahler se sentit chez lui, au milieu de ses frères nains. Car en effet bien qu'il soit humain de naissance il avait été receuilli à mort de ses parents et élevé par des nains. Ainsi il s'était toujours considéré comme un nain, bien qu'il mesurait près d'un mètre quatre-vingt dix. Il remarqua par ailleurs un groupe d'étrangers dans le fond de le salle mais ne s'y attarda pas, supposant que ne s'agissait là que de voyageurs égarés.

Drahler s'assit au bar
- Hola tavernier ! Sers-moi donc ton plus puissant Fracasse-Foie, trois pinte je te prie. J'aimerai savoir si il est à la hauteur de sa réputation.
Le tavernier, un nain portant une barbe noire fournie, lui lança un regard torve.
- Dis-donc, étranger. Te prendrais-tu pour Boonhaul pour parler ainsi à un honnête tavernier ? Et surtout pour juger du caractère et de la saveur d'une bière ?
- Hé bien vois-tu, tenancier. Je suis ne suis autre que Drahler Boonhaul. Brasseur-chimiste nomade et polyvalent.
- Ça alors ! En voilà une surprise ! Voilà pour toi cher confrère !
Dit le tavernier en posant trois pintes pleines d'une liquide rouge rubis surplombé d'une couronne de moussa blanche comme la neige.

Drahler avait en effet une petite réputation auprès des brasseurs et des taverniers de tout Ephaëlya. En particulier ses compères nains. Ses longs voyages étaient connus de bon nombre d'entre eux.

L'air patibulaire, Drahler fumait tranquillement sa pipe et sirotait son Fracasse-Foie lorsque soudain un nain à l'allure brutale brandit un morceau de parchemin jauni. Il poussa un cri qui surpassa par sa puissance le vacarme ambiant :

" Qui a fait cette annonce ?! Qui est la pucelle qui se fait surnommer le Baron sanglant ? J'vais lui faire connaître le Marron cinglant moi ! Tediou !"