*Alors que j'avançais dans la forêt des Murmures, mon esprit était en proie à de nombreuses questions.
Les paroles de Sophie-Anne avaient résonné longtemps dans ma tête, errant à la recherche de réponses plus ou moins véridiques.
J'étais partie sur un coup de tête, je suis sûre qu'ils ne m'ont même pas cherchée. Après tout j'avais rendez vous avec Sophie-Anne lorsque j'ai fuis.
Elle a su me donner courage, la force d'être moi-même... et voilà comment j'en suis arrivée là.
Perdue, les hululements douteux des chouettes me glaçaient le sang. Une seule chose était sûre, mon sang froid était toujours aussi néant.

Il y a un an je quittais le manoir familial en quête de mon père, parcourant des terres inconnues de moi. Aujourd'hui, je me rends compte que je n'ai toujours pas évolué.
Je pensais trouver un prince charmant, déboulant sur son grand cheval blanc. Me prenant sur sa selle et me faisant galoper loin de ces terres maudites, à la lumière du jour. Si cruel châtiment que d'être un vampire de noble sang mais errant, seul, sans famille.
Où était passé mon confort? Où étaient passées mes années à étudier les livres, ces mêmes livres qui étaient mes seuls amis.

Au détour d'un arbre gigantesque, larmoyante je vis alors une ombre étrange. Mon esprit embrouillé ne savait définir s'il s'agissait d'un loup, d'un humain, de quelque chose d'agressif ou pacifiste ou même si ce n'était simplement qu'un lapin.
Terrorisée je me mets à hurler. Gonflant mes poumons d'air, expirant tout ce que je peux le plus fort possible.*

"Au secouuuuuurs !!!!"

Isâ Zellbreth... Vampire téméraire.
Alors qu'elle avait hurlé de toutes ses forces pour que quelqu'un vienne à son secours, quelqu'un avait réalisé son vœu. Il arriva dans un coin d'ombre.

"Vous allez bien? Pourquoi avez vous crié?"

En entendant ces mots elle déglutit dans un premier temps. Leva le bras et montra du doigt un buisson devant elle puis hurla à nouveau.
Elle semblait à la fois terrorisée et morte d'angoisse. Un niveau bien au delà de la raison. A la limite du conscient et de l'inconscient. Et dans cette forêt sombre rien n'était fait pour rassurer la jeune Isâ, même pas la présence de cet homme dont elle ignorait tout.
A vrai dire... il était plus une source d'angoisse supplémentaire qu'autre chose.

Alors comme un éclair de génie elle cria.

"Sophiiiia !!!!!!!"

Elle se mit à reculer doucement, pas à pas fixant à la fois le buisson et l'individu qui venait d'arriver.
Trébuchant sur une souche d'arbre derrière elle, tombant à la renverse.
Elle ne trouva rien de plus logique que pleurer.

Isâ Zelbreth observait cet homme, il ne semblait pas lui vouloir de mal. Quand elle se rendit compte qu'il s'approchait du buisson, tout en jetant des regards derrière lui pour s'assurer qu'elle aille bien, elle cessa de hurler.

Ses paroles... "Calmez-vous très chère! Je suis là pour vous aider, n'ayez pas peur. Je m'en vais de ce pas trouver ce qui vous terrorise à ce point." Il avait su trouver les bons mots, Isâ se calma très rapidement.

Isâ était vêtue d'une longue robe tout droit sortie d'un couturier. Malgré les tâches de boue et la poussière, la robe semblait à peu près neuve. Noire, ornée de dentelles et décorations argentées, les yeux d'Isâ étaient cachés par un masque en velours de style vénitien. Malgré ce dernier on lisait à travers, la peur qui régnait dans ses yeux.
Isâ observa cet homme prendre tous les risques pour elle, instinctivement elle ouvrit la bouche et mordit dans le vide, troublée.

Les crocs d'Isâ avaient toujours été ainsi, jamais personne ne lui avait expliqué ce qu'il en était.
Le duc et les nombreux frères et sœurs de la jeune fille étaient tous, normaux... Elle ignorait que la faculté d'un vampire peut aussi être de rentrer et sortir ses crocs à volonté. Isâ était restée bloquée à mi chemin entre non-dit et réalité. Si tous rentraient leurs crocs dans la demeure familiale, ils n'en restaient pas moins tous des vampires assoiffés de sang. De terribles tueurs, restés en retrait du monde afin d'obéir à leur propres lois et n'être en rien freinés dans leur pulsions.
Ce que Isâ refusait d'accepter, ce qu'elle croyait être le mal et l'abomination. Ce qu'elle haïssait plus que tout était en réalité ce qu'était sa famille tant aimée.

Son nez parla pour elle, malgré tout ce qu'elle s'efforçait de croire, elle avait senti l'odeur de son sauveur, elle sentait que son sang était "différent" qu'il s'agissait là d'un immortel, d'un être de la nuit.
La chose derrière le buisson s'échappait, elle dévala comme une flèche sur Isâ...
Celle-ci tomba à la renverse mais se retint de hurler pour une fois... Quand elle ouvrit les yeux une fois la peur passée elle vit qu'il s'agissait d'un lapin...

Seulement un lapin...

Isâ vit le lapin sauter sur elle et tomba à la renverse. Une fois l'effet de surprise passé elle saisit la bestiole et la câlina.

"Oh petit lapin, tu est vilain tu m'as fait très très peur !"

Elle sanglotait à moitié, le lapin ne bougeait pas. Il ne le pouvait pas, Isâ l'agrippait comme un "doudou" et le cajolait de toutes ses forces.
L'homme prit la parole à toute vitesse. Elle leva la tête pour l'écouter et fut assommée par le flot de paroles.

"Pardonnez mon impolitesse, avec toutes ces péripéties je n'ai pas trouvé le temps de me présenter. De ce fait je m'incline devant vous en disant que mon nom est Jaral Kerr. Daignerez vous à me donner le vôtre très chère?" dit-il

Il marqua un temps d'arrêt, reprit sa respiration et parla plus calmement.
"Comment une vampire telle que vous puisse avoir peur des lapins? Veuillez excuser mon impolitesse mais cela m'intrigue. J'ai ouï dire plusieurs fois dans ma vie que notre race était la plus crainte."

Son ton était sec et froid. Isâ fut décontenancée, elle serra fortement le lapin contre elle et baissa la tête. Elle avait un sentiment de déjà vu.
Dans sa tête un souvenir enfoui refaisait surface. Elle vit son père à la place de Jaral, elle tombée à terre.
Il avait ce même ton, cette même façon de parler. Isâ l'observait désabusée. Elle savait que s'excuser n'allait qu'envenimer les choses. Machinalement lorsque Jaral eut fini son récit elle mit une main devant son visage, après chaque parole de ce genre elle avait droit à une bonne gifle. Une gifle qui ne vint pas. Étonnée, elle se releva le lapin toujours dans les bras.

"Mon nom est Isâ Zelbreth, fille cadette du duc Zelbreth. " Mais à vrai dire ce titre n'avait plus aucun sens... Elle s'efforça de sourire à son interlocuteur malgré tout.

"Peut-être que j'ai simplement eu peur d'une chose qui bougeait derrière un buisson dans une forêt où même les arbres peuvent vous tuer! De plus Je ne suis pas une vampire, moi, j'ai une vie à préserver !"

"Mon nom est Isâ Zelbreth, fille cadette du duc Zelbreth. " dit-elle avec un léger sourire. Jaral plongea son regard dans le sien en se demandant où il avait pu entendre ce nom auparavant. En effet le nom de Zelbreth lui était étrangement familier mais il ne trouva dans aucun de ses souvenirs l'endroit où il avait pu entendre prononcé ce nom. Elle reprit la parole

"Peut-être que j'ai simplement eu peur d'une chose qui bougeait derrière un buisson dans une forêt où même les arbres peuvent vous tuer! De plus Je ne suis pas une vampire, moi, j'ai une vie à préserver !"

Jaral recula légèrement et la regarda avec beaucoup d'étonnement. En effet il venait d'entendre pour la première fois, depuis qu'il avait su sa véritable nature, une personne qui reniait clairement son appartenance à une race. Il n'en était pas choqué mais seulement surpris et il comprenait la jeune femme mieux que n'importe qui. Avant de comprendre réellement qu'il resterait à tout jamais un prédateur, il avait haï sa race de vampire et il ne souhaitait pas du tout vivre cette vie. Cependant le destin s'est retourné contre lui et l'avait transformé en monstre assoiffé de sang. Perdu dans ses pensées, il ne remarquait pas que quelques larmes lui montaient aux yeux donc il prit une grande inspiration et dit d'une voix calme et posée

Ne vous énervez pas. Je ne souhaitais pas vous blesser. Pardonnez-moi de vous avoir importuner avec ces questions. Je ne suis pas là pour juger vos choix. Cependant que vous le vouliez ou non, vous ne pouvez pas nier que vous faites partie de la race des vampires et tout comme les autres races, nous avons tous une vie à préserver.

Elle observait Jaral étonnée., il avait reculé et elle apercevait qu'il semblait décontenancé.
Il prit la parole, elle l'écoutait attentivement. Après tout, il avait un certain charisme.
Elle aperçut même des larmes lui monter aux yeux, ce dont il ne semblait pas avoir conscience. Isâ semblait gênée de provoquer ceci.
Néanmoins, elle s'interrogea un instant sur le fait qu'il puisse avoir un cœur.

"Ne vous énervez pas. Je ne souhaitais pas vous blesser. Pardonnez-moi de vous avoir importuner avec ces questions. Je ne suis pas là pour juger vos choix. Cependant que vous le vouliez ou non, vous ne pouvez pas nier que vous faites partie de la race des vampires et tout comme les autres races, nous avons tous une vie à préserver."

Elle sourit amusée. Après tout ce n'était pas la première fois que quelqu'un se méprenait sur sa nature. Une vie à préserver, cela l'avait interpelée, d'une mélancolie profonde Isâ ôta son masque et dévoila son visage de jeune poupée à la peau de porcelaine. Blanche... éternelle..

"Je ne m'énerve pas, vous n'êtes pas le seul à vous tromper mais je puis vous assurer que je ne suis point de la famille des vampires, je suis juste une noble. De plus vous ne m'importunez pas, vous êtes la première personne que je rencontre depuis que je suis partie du palais de Sophia, je voulais rentrer chez moi et me suis perdue, cela va faire plus d'un mois que j'erre sans savoir où je vais."

"Je ne m'énerve pas, vous n'êtes pas le seul à vous tromper mais je puis vous assurer que je ne suis point de la famille des vampires, je suis juste une noble. De plus vous ne m'importunez pas, vous êtes la première personne que je rencontre depuis que je suis partie du palais de Sophia, je voulais rentrer chez moi et me suis perdue, cela va faire plus d'un mois que j'erre sans savoir où je vais."

Une noble... Le vampire la regardait droit dans les yeux et s'inclina. Il se demandait pourquoi elle avait quitté la demeure de Sophia mais n'osait pas lui poser la question car il pensait que c'était peut-être personnelle et qu'elle ne dirait rien à un vampire aussi fou que lui. Il inspira longuement à nouveau et dévisagea à nouveau la jeune femme. Elle avait ôté son masque et il la trouvait belle comme une pâle fleur du matin mais il sentait aussi qu'il y avait une pointe de mélancolie en elle. Il s'approcha d'elle et murmura d'une voix plus douce désormais:

"Je vais vous faire un aveu." dit-il en gardant ses yeux fixés sur elle et la jugeant digne de confiance il reprit la parole:

"Je déteste ma vie de vampire. Jamais je n'ai voulu tuer des gens pour survivre. Cependant je fus pris d'une crise de démence et durant plus d'un siècle je n'avais cessé de faire couler le sang des humains. Je l'avoue je suis né pour être un chasseur comme l'était mon père..."

Il s'interrompit craignant d'en avoir trop dit. Il se demandait si elle l'écoutait vraiment. Jamais auparavant il n'avait ouvert son coeur. Il s'arrêta de parler et baissa les yeux.

"Je vais vous faire un aveu." dit-il en gardant ses yeux fixés sur elle et la jugeant digne de confiance il reprit la parole:

"Je déteste ma vie de vampire. Jamais je n'ai voulu tuer des gens pour survivre. Cependant je fus pris d'une crise de démence et durant plus d'un siècle je n'avais cessé de faire couler le sang des humains. Je l'avoue je suis né pour être un chasseur comme l'était mon père..."

Isâ avait bu ses paroles. Une larme lui monta même aux yeux. Attristée de ce sort si funeste, tel était le destin des vampires? Elle semblait à la fois choquée et décontenancée.
Peut-être s'était-elle leurrée tout ce temps, peut-être qu'après tout le cœur d'un vampire pouvait pleurer lui aussi?
Elle fut envahie par ce flot de pensées. Tout en elle se remettait en question. Si lui pouvait souffrir alors qu'il était vampire, si tout le monde disait d'elle qu'elle était vampire alors peut-être que... cela était vrai.
Elle baissa la tête, tristement, murmurant pour elle même.

"Peut-être suis je de ceux là moi aussi..."

Elle sentait quelque chose la rattraper, des souvenirs qu'elle voulu oublier par le passé.

Elle leva le regard vers Jaral.
"Vous êtes quelqu'un de bien. Je crois en votre humanité."

Jaral la regardait, surpris par les dires de la jeune femme et resta pendant quelques secondes sans voix. Puis il inspira doucement et répondit d'une voix amicale et douce:

"Merci. C'est la première fois qu'une personne croit en mon humanité.."

Elle le vit s'approcher d'elle et la dévisager. Il semblait humer l'air de la forêt. Étrangement, l'environnement lourd et terrifiant semblait se dissiper autour d'eux. Isâ sentit l'air frais longer sa peau, ses cheveux bouger légèrement en fonction de l'orientation. Elle entendit les arbres murmurer et sentit la terre respirer. Elle comprit. Observant Jaral elle murmurait.

"Ce n'est pas la nature en elle-même mais la façon d'être qui change la perception des choses. Nous contrôlons le monde par nos sentiments."

Elle riait, ses crocs dépassaient de ses lèvres. Elle posa sa main droite sur l'herbe au sol.
Sentant les brins d'herbes secs frôler ses doigts, se longer sous ses ongles, montrant leur désir de résister à l'environnement hostile que le destin leur avait offert.
Quelque part au fond de son esprit, elle avait accepté le fait d'être éventuellement, peut-être, une vampire et le monde autour d'elle semblait changer. Les dangers semblaient plus doux et la lumière réapparaissait dans sa vie.
Bien qu'elle eut une idée de la tragédie qui l'avait conduite ici, l'espoir regagnait sa place dans son cœur.
Il existait un monde, un monde qui lui avait toujours été caché, un monde vaste et merveilleux, un monde peuplé d'êtres si différents les uns des autres. Doucement, l'idée pesante de devoir retrouver sa famille pour retourner au manoir et continuer sa vie d'avant s'évaporait.
Isâ redécouvrait la vie.

"Ce n'est pas la nature en elle-même mais la façon d'être qui change la perception des choses. Nous contrôlons le monde par nos sentiments."

Jaral sourit et la vit rire. Quelque chose en elle avait changé comme si elle semblait renaître et redécouvrait la vie. En effet elle était totalement absorbée par la forêt, par l'herbe qu'elle était en train de toucher avec sa main droite. Toujours souriant, le vampire l'admirait car cela devait être la première fois depuis des années qu'il n'avait pas vu une personne aussi heureuse. Il se demandait si c'était grâce à lui mais préférant garder cette question au fond de lui, il se racla la gorge et reprit la parole d'une voix douce:

"Vous avez raison. Sans les sentiments de chacun, le monde ne serait qu'anarchie et tyrannie... En chacun de nous existe une force qui nous permet de demeurer maître de nous mêmes. Elle nous permet également de voir le monde d'une autre vision."

Jaral avait parlé très vite et n'avait cessé de garder ses yeux rivés sur elle. Il sentait un étrange sentiment lui envahir subitement. En effet sans qu'il ose se l'avouer, son coeur était en train de s'emballer et Isâ n'était pas étrangère à tout cela mais il se tut attendant la réponse de la jeune femme tout en gardant ses yeux fixés sur elle.

"Vous avez raison. Sans les sentiments de chacun, le monde ne serait qu'anarchie et tyrannie... En chacun de nous existe une force qui nous permet de demeurer maître de nous mêmes. Elle nous permet également de voir le monde d'une autre vision."

Jaral avait parlé très vite et n'avait pas cessé d'observer Isâ. Son regard se leva vers lui, ses yeux profonds qui semblaient la sonder.
Elle cessa de rire brusquement et parut soudainement très sérieuse. Le temps semblait figé. Elle parcourut chaque trait de son visage.
Ses doigts s'enfonçaient dans la terre sans qu'elle ne s'en rende compte tandis que son autre main vint se placer au niveau de son cœur.
Elle sentit ses poumons se gonfler d'air, sa poitrine s'élevait et redescendait en rythme avec une musique inaudible.
Isâ tentait de comprendre. Une mélancolie la prit d'effroi. Jaral senti "son cœur était en train de s'emballer et Isâ n'était pas étrangère à tout cela". Étonnement, elle fut prise d'un frisson. La lune haut dans le ciel, éclairait le visage de Jaral, un souvenir...

Isâ sourit doucement. Une tendresse qui n'allait pas en accord avec ses actes enfantins, à ce moment l'on pouvait mesurer toute la tristesse de ce petit bout de personne si instable. Elle était une personne excessive, qui avait peur des lapins et qui s'émerveillait pour un papillon. Qui haïssait les vampires pour leur soif de sang et les adorait pour leur profondeur. C'est ce qu'elle appréciait en Jaral, cette souffrance sans limite qui la surpassait. Un destin et un passé tragique mais qui lui semblait pourtant si proche.
Isâ porta ses deux mains entre ses seins contre elle et annonça brusquement.

"Puis je te chanter une chanson pour te remercier ?"

Jaral prit une grande inspiration tout en observant Isâ :

"J'accepte volontiers de t'écouter chanter. Et tu n'as pas besoin de me remercier, ce que j'ai fait est normal et je suis sur que n'importe qui aurait fait la même chose à ma place"

La jeune femme se leva à ces paroles.
"C'est faux, nous savons tous les deux que personne n'aurait prit le temps de m'aider, voire même pire ! Quelqu'un aurait pu profiter de la situation."

Elle avait prit un air qui lui allait mal, elle avait parlé si sèchement.
Après tout, Jaral devant ses yeux avait prit une apparence de prince charmant, descendu du ciel sur un cheval blanc et qui la délivra, elle la princesse de sang noble d'un terrible ennemi! Certes cette vision était légèrement romancée...

Lorsqu'elle se rendit compte du ridicule de ses pensées, Isâ se mit à rire à gorge déployée. Elle se trouvait ridicule. Elle baissa les yeux, et murmura alors.

"Un jour, père m'a dit que les réponses sont dans notre sang. Lorsque le moment sera propice et que je jugerais quelqu'un d'assez digne pour écouter la vérité, alors je devrais chanter cette chanson."

Elle avait reprit un air sévère, on ne plaisantait pas avec les paroles de "Papa". Isâ se redressait de tout son long.
Ses os craquaient à chaque mouvement. Elle serra ses mains l'une contre l'autre toujours contre sa poitrine et leva la tête vers le ciel.
Ses gestes semblaient ceux d'une poupée que l'on aurait oublié de graisser et dont les rouages ne semblaient que trop mal entretenus.
Son sourire avait disparu, ses yeux brillants s'éteignaient. Elle ouvrit la bouche et entonna un rythme mélodieux. Une chanson qu'elle ne semblait elle-même pas comprendre.
Sa voix avait changé, celle de l'enfant avait été remplacée par une voix de femme mûre et harmonique. Non pas qu'elle chantait fort, elle chantait loin et la profondeur de ses mots laissaient deviner une mélodie qui accompagnait ce tout.


Isâ eut fini sur une note grave. Elle reprit doucement l'éclat dans ses yeux, la grâce dans ses mouvements.
Elle laissa ses bras tomber le long de son corps, ce bruit de rouage avait disparu tandis que son sourire revenait sur ses lèvres. Elle attendit une réaction de la part de Jaral pour oser dire quelque chose.

Enfin il toussota et reprit la parole d'une voix légèrement rauque:

Je ne trouve d'autres mots que magnifique.dit Jaral en gardant ses yeux fixés sur elle, les joues légèrement rosies. il inspira puis ajouta d'une voix douce:Tu me trouble... Ta voix est aussi magnifique que ton visage... Je.. ne sais ce que cela veut dire...mais...

Soudain le jeune homme resta silencieux. Isâ plongeait son regard dans le siens. Elle souriait.
Le rose montant aux joues de Jaral ne passa pas inaperçu ni même les battements de son cœur.
Isâ le sentait.. Elle l'entendait, malgré ses mains posées à l'endroit où devait battre le siens elle ne sentit rien.
Isâ comprenait doucement. Jaral disait qu'il était un demi-vampire. Avait-il hérité un cœur de son parent mortel? Isâ pressait ses mains sous son sein. Rien. C'était une chose morte. Sans âme et sans vie. C'est vrai, Isâ n'avait qu'un seul parent... Lorsque l'on est humain il faut être deux pour avoir une descendance. Malgré tous les livres qu'elle avait pu lire, jamais cette idée ne lui aurait traversé l'esprit.

Isâ semblait déboussolée. Les battements du cœur de Jaral tambourinaient dans sa tête. Son sang semblait en ébullition. Elle n'avait jamais entendu ceci auparavant. Cette mélodie du cœur, une sorte d'appel au secours. Troublée, elle put distinguer une partie harmonieuse dans ce brouhaha, c'était une si jolie musique. Si tendre et romantique.
Jaral baissa les yeux et prit quelques secondes de respiration, tandis qu'Isâ semblait sur un petit nuage. Oui, elle voulait le connaître. Elle voulait tout savoir de lui, encore et toujours plus!
Doucement, en guise de réponse elle leva une main vers le visage du vampire et vint la placer contre sa joue, lui relevant la tête lentement.
Elle sourit, elle aimait voir ses yeux bien qu'elle ignorait pourquoi. Quelle chose étrange se passait en elle, pourquoi maintenant? Pourquoi lui? Elle pouffa de rire pour détendre l'atmosphère.

"Pff, je le sais bien ça que j'ai une jolie voix sinon je n'aurais jamais proposé de te chanter une chanson voyons. De plus! Je suis une noble ! Cela me rend belle par définition !"

Isâ se mordit la lèvre si fort que l'un de ses crocs s'enfonça dans sa chair et laissa s'échapper un mince filet de sang... en réalité ce qu'elle aurait voulu dire aurait plutôt été de cet ordre : "Merci pour tout, merci d'être là à mes côtés, et merci au destin de t'avoir mis sur ma route. Désormais je me fiche de rentrer chez moi car je veux faire ma route avec toi."

Jaral la regardait tendrement et gardait ses yeux à nouveau sur elle. Elle semblait déboussolée. Doucement, en guise de réponse elle leva une main vers le visage du vampire et vint la placer contre sa joue, lui relevant la tête lentement. Elle sourit, puis elle pouffa de rire comme si elle voulait détendre l'atmosphère.

"Pff, je le sais bien ça que j'ai une jolie voix sinon je n'aurais jamais proposé de te chanter une chanson voyons. De plus! Je suis une noble ! Cela me rend belle par définition !"

Isâ se mordit la lèvre si fort que l'un de ses crocs s'enfonça dans sa chair et laissa s'échapper un mince filet de sang. Jaral sourit et se rapprocha d'elle. Arrivé tout près d'elle il put distinguer tous les traits de son beau visage et humer son parfum si enivrant. Quelque chose naissait entre eux, l'ambiance qui régnait était devenue intense et romantique. Il se rapprocha encore plus près et en tendant le bras vers elle, sa main toucha le visage de la jeune femme. Sans attendre qu'elle réagisse, il murmura d'une voix douce en caressant son visage:

"Ce que tu dis est assez divertissant mais sérieusement tu me trouble vraiment... Depuis que je t'ai vue, je n'ai pas cessé de t'admirer et quelque chose en moi m'empêche de me détacher de toi.."Il s'interrompit quelques secondes et optant pour la vérité, il ajouta tout en rougissant de plus en plus:"Je suis en train de tomber amoureux de toi Isâ..."

Jaral se tut et regarda la jeune femme guettant sa réaction. Deux secondes... Deux années... Une éternité... Il se demandait s'il n'allait pas se cacher sous terre et il aurait donné n'importe quoi pour disparaître là en ce moment... Mais il préféra attendre la réponse de la jeune femme.

L'ambiance devenait très romantique, Jaral s'apprêtait à déclarer son amour naissant pour la jeune femme

Isâ restait bloquée. Là, bouche bée comme une idiote après les paroles de Jaral.

"Ce que tu dis est assez divertissant mais sérieusement tu me trouble vraiment... Depuis que je t'ai vue, je n'ai pas cessé de t'admirer et quelque chose en moi m'empêche de me détacher de toi.."Il s'interrompit quelques secondes et optant pour la vérité, il ajouta tout en rougissant de plus en plus:"Je suis en train de tomber amoureux de toi Isâ..."

La jeune femme devint livide. Ses petits yeux étaient grands ouverts. Elle essaya de balbutier un mot, sans succès.
Une larme coula même sur sa joue, Isâ sembla dès lors paniquée. Murmurant tout bas pour elle-même.

"Je ne te laisserais jamais faire la même erreur que moi."

Isâ se mit à trembler. La forêt semblait s'assombrir autour d'elle. Le ciel se grisait alors que les arbres semblaient plus morts que jamais.
Les bruits des animaux sauvages la faisaient sursauter. Le hululement d'une chouette la fit frémir et un simple courant d'air la fit défaillir.
Le froid mordait ses chairs, son sang semblait figé, le petit lapin de tout à l'heure la terrifiait et de sa vision seules ses deux grandes dents de devant menaçantes semblaient vouloir la déchiqueter. Elle regardait partout autour d'elle sur le qui vive.
Son regard se porta alors de nouveau sur Jaral, un sourire lui vint aux lèvres. Tout se dissipait, il la rassurait par sa présence. Il dissipait ses peurs.

Isâ écouta alors la déclaration de Jaral (très joli lien au passage), les larmes lui montaient aux yeux. Elle retira sa main et vint se blottir contre lui rapidement pour qu'il n'aie pas le temps de la repousser. C'était la première fois qu'elle voyait un homme n'appartenant pas à sa famille, n'étant pas sous le joug de son père et la première fois qu'elle rencontrait un homme qui n'essayait pas de la tuer. Mieux encore, elle se sentait bien à ses côtés et le monde lui même semblait beau.

Un sourire angélique apparut sur le visage de Jaral qui déposa dans la foulée un baiser sur les lèvres d'Isâ.
Il la tenait serrée contre lui puis murmura. Elle l'écouta avec attention.

"Tu es vraiment magnifique. Je veux te rendre heureuse..."

Ces paroles entraient dans son esprit, elle souriait tendrement. Malgré tout, des zones d'ombre persistaient. Isâ était à la foi intimidée et troublée. C'était la première fois de sa vie que quelqu'un d'autre que son père lui soufflait ces mots.
Elle était divisée. Une part de son être aurait tout donné pour être dans son manoir avec sa famille tandis que l'autre était heureuse d'être ainsi.
A la découverte du monde et de ses habitants. La vie en elle-même. Isâ plongea son regard dans celui de Jaral. La chose qu'elle désirait le plus était la découverte. Elle voulait tout savoir de lui, le moindre détail. Comment vivait-on dans le monde, comment grandissait-on et quels souvenirs pouvait-on avoir...
Isâ semblait toute excitée à cette idée. Elle se redressa et se mit à quelques centimètres du visage de Jaral, après avoir à son tour déposé un baiser sur ses lèvres tendres elle lui demanda.

"Je veux tout savoir de toi et ton passé. Peux tu tout me dire ?"

Isâ semblait émerveillée elle avait retenu surtout ces paroles : "par des événements que je ne voudrais pas oublier de te conter". Il voulait lui conter, elle allait connaître son histoire?
Elle le regardait droit dans les yeux, folle de joie. C'était un acte qui la touchait bien plus que n'importe quel baiser, n'importe quel mot doux. Le passé était un être si merveilleux, bien conté, il entrait en Isâ pour ne plus jamais en sortir. La jeune femme avait une capacité à enregistrer les vies qu'elle croisait et de toujours le passé était la seule chose qui comptait.
Après tout, comme une noble respectant les anciennes valeurs pouvait vivre dans le présent?
Isâ était de celles qui ne connaissent que leur famille jusqu'à ce qu'on leur présente un "mari", le court de son histoire était déjà changée en présence de Jaral.
Enregistrer sa vie permettrait peut-être de lui montrer comment les gens vivent, comment survivre et surtout pourquoi vit-elle... Si elle était un vampire, elle croyait au moins qu'elle serait comme dans les livres et comme tous ceux qu'elle a rencontré jusqu'à présent... "forte"...

Doucement elle murmura à Jaral essayant de retenir son excitation pour ne pas le brusquer.
"Je veux tout savoir de toi ! Conte moi ton histoire avec tous les détails, même ceux qui sont insignifiants! "