A LA RECHERCHE D'UN BONHEUR OUBLIE

Voilà bien des jours que le jeune lycanthrope avait quitté le campement de sa meute afin d'accomplir son fameux périple jusqu'en territoire de la meute des Croc-Noir afin de retrouver de son frère jumeau qui selon les dires de chacun, se cacherait parmi les membres de cette terrible meute que Godric ne supportait guère. Pourquoi voulait-il à ce point là retrouver cet homme qui était son frère? Eh bien, le jeune homme se devait de lui demander le pardon pour cet affrontement qui les avait opposé quelques années auparavant et qui s'était soldé sur une défaite légèrement cuisante de Godric. En effet celui-ci s'était retrouvé sur le sol, inconscient et il avait remarqué à son réveil que son frère avait filé tel un serpent pour ne plus jamais revenir. Durant ces années, le jeune lycanthrope avait pris la ferme décision de ne plus faire apparaître ses émotions et en particulier la joie, la colère et la tristesse, sur son visage et pour ce faire, il avait entrepris de revêtir un foulard sur sa bouche et qui ne le quittera jamais, ou plutôt lorsqu'il se décidera enfin à le retirer. Ce jour-là n'était pas encore prêt à arriver... En ce jour, le jeune homme, après sa rencontre avec la jeune Croc-Noir qui se prénommait Aryanna, se trouvait dans la région de la Statue des Lycanthropes qu'il connaissait très bien grâce aux récits historiques que lui contaient ses parents tous les soirs afin qu'il puisse s'endormir gaiement. Cependant, étant donné que c'étaient des histoires, le louveteau qu'il était en ces temps là ne retenait que très moyennement les détails... Sauf les détails sur la description de la Statue des Lycanthropes, en effet son paternel avait longuement insisté pour qu'il se rappelle de cette histoire vu que cela lui servirait un jour. Le jeune garçon avait toujours respecté et obéi aux dires de son père et en ce jour, il remarquait que le fait de l'avoir écouté lorsqu'il était plus jeune, lui avait permis de mieux s'adapter aux nouvelles régions...

Arrivé devant la Statue vers le milieu de la journée, Godric fit une halte plus que méritée devant celle-ci afin de l'admirer et ainsi pouvoir s'évader en faisant une relaxation qui le plongerait dans un tel état second qu'il s'endormirait sur place, s'il n'avait pas des sens aussi développés. Ceci était un sacré avantage pour le jeune homme, qui était tout le temps en alerte et en particulier en ces lieux qui appartenaient tout de même à la meute de Croc-Noir... Cette pensée lui traversait l'esprit plusieurs fois et de différentes manières, néanmoins, il parvenait en l'espace de quelques dixièmes de secondes à retrouver son calme et il repartait de plus belle exécuter ce qu'il avait envisagé de faire... Cela faisait déjà plusieurs et très longues minutes qu'il se trouvait en ces lieux à admirer cette statue représentant la beauté des Lycanthropes tombés au combat lors de la gigantesque et sanglante guerre des Titans, il adorait cette légende véridique et il avait toujours voulu quérir ce courage des Lycanthropes d'antan. Se croyant esseulé, le jeune homme s'évada dans ses plus belles pensées, cette fois-ci, mais soudainement un léger frémissement se fit entendre, ce qui réveilla Godric en sursaut. Il se redressa aussitôt, se mit en posture de combat au corps à corps, tenant de la main droite tout de même le pommeau de sa dague. Il s'éclaircit la gorge en toussotant faiblement avant de parler d'une voix forte et concise:

" Qui va là? Veuillez vous montrer? "

Le jeune homme s'interrompit, tout en humant l'air afin de guetter le moindre mouvement pouvant se révéler hostile à son égard. Il adoptait toujours sa forme humaine, bien qu'il privilégiait autrefois sa forme lycanthrope, néanmoins il n'hésiterait pas plus de quelques millièmes de secondes afin de prendre sa décision pour se transformer en loup... Son flair sera encore plus fiable qu'à l'ordinaire ainsi que ses autres sens...

Après deux jours de recherches intensives sans aucune pose j’avais enfin trouvé ce que je cherchais. Les informations qui m’étaient vitales et nécessaires. Une journée de plus pour recopier les documents avant que je ne quitte le territoire de Sans-Chaud. En chemin, j’avais entendu parler de cet humain transormé par Asha. A présent que mes recherches étaient terminées, je n’avais aucune raison de conserver mon calme ni même me forcer à être aimable avec ceux de cette meute. Pour certain, un loup ne représentait peut être pas grand-chose mais pour les miens, une personne de plus ou de moins avait un effet considérable sur nous.

Laissant de côté ces tracas pour le moment je suis partie des terres de cette meute, me dirigeant comme à l’aller vers la statue des lycanthropes. Je voulais l’observer à nouveau, m’en inspirer et me souvenir. Sur le dos de Kishi, après être partie avant même que le soleil ne se lève, je suis arrivée à destination alors que la journée était déjà bien avancée et que le soleil brillait de mille feux dans le ciel. Ma licorne sombre ne semblait pas vraiment apprécier ce temps mais elle continua sa course en fidèle destrier qu’elle était mais également en amie. A présent j’approchais à grande foulée de ces lieux. Arrêtan ma jument, je suis descendue au sol avec douceur, l’amenant vers un bosquet que j’avais repéré au préalable lors de notre premier passage. Des baies rares et savoureuses y poussaient et elle les appréciait tout particulièrement.

La laissant se repaitre en paix, je me suis rendue auprès de la statue en silence, marchant parmi la végétation dense des bois. Ma robe s’accrochait dans certaines branches et j’étais souvent obligée de m’arrêter pour la sortir de cela sans la déchirer. J’avais vraiment eu une horrible idée en me mettant en robe pour faire bonne figure devant cette meute. En soupirant je me suis aventurée toujours plus loin jusqu’à ce que le monument soit en vue. M’arrêtant soudainement, j’ai sentie l’odeur d’une autre personne. M’accroupissant au sol telle une femme des bois, j’avais avancée avec discrétion pour mieux le voir. Posant ma main sur les branchages, les écartant pour mieux le voir, une des ramures tomba au sol dans un bruissement. Posée en équilibre sur celle que j’avais poussée, elle avait alors perdu tout appui et me fit repérer. Le lycan, immédiatement sur la défensive. Il toussota et m’arracha un faible sourire amusé. Il ne semblait pas vraiment sur de lui.

Sortant de mon abri, levant les mains pour montrer que je n’avais rien de dangereux je lui ai sourit amicalement

« Du calme monsieur, je viens en paix, détendez-vous. »

Ai-je lâché, m’arrêtant à une distance respectable de lui. Ma chevelure noire était ramenée sur mon épaule droite la cachant intégralement. Un châle était posé sur mes épaules , offrant une couverture plus grande que la robe que je portais. Cette dernière était élégante mais pas le moins du monde richement décoré ou quoi que ce soit, une robe banale que ‘on trouvait dans n’importe quel marché. Le saluant avec respect à l’ancienne je lui ai à nouveau souri. Son odeur était celle de Drack, et je n’avais aucune raison de le craindre, après tout je connaissais un Drack qui malgré ses grands airs n’était pas si méchant que cela, ou du moins envers moi.

« Je suis Kimaya Laraheris et vous ? Vous êtes venu vous aussi admirer cette œuvre commémorative ? »

Mes yeux bleus comme la glace se posèrent sur lui, le détaillant rapidement avant de tomber sur son bandeau masquant sa bouche, avait-il quelque chose à cacher ? Une cicatrice ou autre ? Je n’en savais rien, je ne faisais qu’attendre qu’il réponde à mes questions, qu’il poursuive la conversation ou qu’il lance les hostilités. J’étais prête à affronter toutes les possibilités, toutes sans exceptions ou du moins je le pensais.

« Vous n’avez rien à craindre vous savez ? Si vous ne lancez pas les hostilités je ne le ferais pas. Je ne vois pas l’utilité de me battre sans raison. »

Le regardant avec un regard se voulant rassurant, je me suis avancée vers la statue posant ma main sur cette dernière et fermant les yeux. Adressant une prière à la déesse qui nous avait un jour dirigés. Après près d’une minute j’ai ouvert à nouveau les yeux, me tournant vers lui, le regardant, attendant de savoir s’il voulait quelque chose.

Le jeune lycanthrope se demandait intérieurement qui venait l'importuner dans sa contemplation de la statue commémorative de la force et de la bravoure de sa race. Ne prenant nullement la parole, il attendait patiemment mais avec le maximum d circonspection que l'intrus daigne se montrer à lui... Quelques secondes passèrent, puis enfin une femme sortit de sa cachette, levant les bras comme pour montrer qu'elle venait en paix et c'est ce que confirmèrent ses dires. Le jeune homme ne répondit rien jugeant préférable de jauger uniquement du regard le degré d'hostilités de son interlocutrice et surtout de quelle meute faisait-elle partie... Elle appartenait à la meute de Hurle-Vent, il en était prêt à mettre sa main au bûcher pour prouver qu'il avait raison. Son intuition fut confirmée par la femme à la chevelure noire de jais et aux iris bleutés qui se présenta et demanda par la même occasion l'identité du lycan ainsi que la raison de sa présence en ces lieux même si cela n'avait pas été spécifié... Le jeune homme fut un temps soit peu surpris en apprenant l'identité de son interlocutrice, en effet il avait devant lui une personne ayant une importance capitale: la nouvelle Chef de meute des Hurle-Vent. Il la fixait d'un regard étrange se posant des questions sur sa présence en ces lieux également. Comme pour répondre à cette question, Kimaya se dirigea vers la statue afin de poser sa main dessus et prononcer d'une voix inaudible quelques prières en l'intention de la déesse des lycanthropes puis elle reporta son attention sur Godric qui la regardait calmement sans prononcer un mot, ni esquisser un mouvement... Elle lui fit un regard qui se voulait rassurant mais le jeune lycanthrope gardait toujours un visage d'une impassibilité déconcertante.

[color=violet] " Vous n'avez rien a craindre vous savez? Si vous ne lancez pas les hostilités, je ne le ferais pas. Je ne vois pas l'utilité de me battre sans raison.."[/ color]

Godric fit apparaître une sorte de sourire sur son visage néanmoins cela était masqué par son bandeau, qu'il garderait jusqu'à ce qu'il retrouve son frère. Il plongea des iris grisâtres dans le regard azur de la chef de meute et répondit d'un ton courtois:

"Je me nomme Godric Lackey et je suis enchanté de faire votre connaissance Dame Laraheris. Oui comme vous Pouvez le voir, je suis venu pour admirer cette belle statue, cet hommage de notre belle race. Et vous hormis la contemplation de cet hommage, que faites-vous en ces lieux?

Il la regarda droit dans les yeux et attendit patiemment qu'elle réponde

Je voyais dans son regard que ce que je faisais ne le laissait pas indiffèrent mais je ne savais pas vraiment si c’était positif ou négatif pour le moment. Je vis que son expression avait changé mais je ne savais pas si c’était en bien ou en mal. Le foulard qui masquait sa bouche m’empêchait d’interpréter correctement ses expressions et cela m’exaspérait au plus haut point. Son regard se plonge dans le miens sans aucune crainte apparente et c’est avec un sentiment de confiance qui commence à m’habiter lentement. Adossée à la statue, je le regardais avec attention, tentant de voir si les expressions de son corps, ses gestes et mouvements ne pouvais pas remplacer les mimiques de son visage. Je trouverais un moyen de contourner cette faible barrière quel qu’en soit le prix.

« Ce que je fais en ces lieux ne regarde que moi il me semble, n’allez pas croire que je cache quelque chose mais je préfèrerais ne pas dévoiler la raison de ma présence ici à un inconnu. Je suppose que vous me comprenez Messire Lackey. »

Ai-je dit avant de m’avancer vers les bois à nouveau. Puis je me suis tournée vers lui à nouveau, je ne savais pas vraiment quoi dire, ni que penser. Je me sentais mal à l’aise, je commençais à avoir un peu le mal du pays et être loin de ma meute commençais également à jouer sur mon moral.

« Connaissez vous Thorolf Gunnar ? Il me semble que c’est votre maitre de guerre si je ne me fourvoie pas.»

Je me suis rendue compte que malgré le fait qu’il ne m’ai pas donné sa meute je le savais à l’odeur. Je ne savais pas s’il était capable d’en faire de même ou s’il allait prendre cela comme un signe d’agression mais le mal était fait en tout cas. Au loin j’ai entendu ma jument hennir, elle me prévenait juste qu’une patrouille de loup arrivait de son côté. Elle allait revenir vers moi sous peu, je n’avais que peu de temps devant moi pour faire plus ample connaissance avec ce loup avant que la troupe n’arrive.