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 Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ

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MessageSujet: Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ   Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ EmptyLun 2 Avr 2012 - 16:10

L'aube était levée depuis quelques heures, et le calme régnait enfin sur la caravane. La princesse du tonneau était retournée dans son antre, et le nain cuvait sa bière, bien au chaud dans la caravane. L'elfe était en train de brosser Korthar, tout en gardant un oeil vigilant sur la génisse qui broutait un peu plus loin. Depuis les premiers rayons de soleil, il s'occupait des deux tireurs infatigable. Le groupe s'était arrêté près d'une rivière au flot paresseux, leur assurant un apport aqueux suffisant pour refaire leur provision.

Le mercenaire se releva après avoir vérifier les fers de la bête. S'étirant de tout son long, il passa la main sur sa cuisse blessée, avant de revenir en boitillant vers l'endroit ou les braises d'un feu réchauffait un restant de ragoût (fait par les soins de Mishaila et Melchiam). Soulevant le couvercle, il y renifla les arômes et chercha du regard son écuelle. Après s'être servi, il prit place par terre, et étendit sa jambe droite, avant de plonger vers la nourriture. Une fois sustenté, il prit enfin la peine de saluer une des rares personne qui partageait ses journées.

- Bon matin Mishaila, bien médité? lança-t-il à la jeune femme, alors qu'il se resservait une portion.

Le fait que le mercenaire était un goinfre n'était un secret pour personne. Bien que les elfes pouvaient difficilement jeuner, puisqu'ils étaient assez disposé à l'inanition, la quantité de nourriture qui passait entre les mains de l'albâtre pouvait souvent être ahurissante. Et pourtant, il ne prenait pas une once. Plongeant la cuiller dans la touille, il se passa un ongle entre deux dents. Puis il dévisagea sans vergogne la pauvre petite gazelle qui partageait son espace.

Biensur, il avait déjà noté les caractéristiques physique de la jeune femme, et si elle n'était pas la cadette de Melchiam, il aurait déjà tenté une approche. Mais la plupart du temps, elle était magnifique, jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche. L'on voyait alors la très subtile ressemblance avec son aîné; les deux avaient en effet, un des plus bel exemplaire de caractère de "princesse gâté n'en faisant qu'à sa tête". Mais d'un autre côté, cela faisait de la jeune femme une personne qui, malgré son jeune âge, avait une bonne idée de ce qu'elle voulait, et ce qu'elle ne voulait pas.

Avec un soupir, le mercenaire gratta le fond de son écuelle avant de jeter un oeil critique vers la casserole; pour savoir s'il en restait encore assez pour les autres, et s'il pouvait se risquer à se resservir sans se faire gronder. Malheureusement, le nain avait probablement autant d'appétit qu'Aelon, et s'est avec une moue déçue qu'il posa son écuelle à sa gauche, avant de s'étendre pour attraper un quignon de pain. Sortant son couteau de sa botte, il s'en découpa une tranche. Après un moment de réflexion, il tendit la tranche de pain à Mishaila, avant de s'en couper une.

- Tu as des plans pour la journée? Mel ne sortira pas de son domaine avant l'aurore, et le nain en a au moins jusqu'à midi à cuver sa cuite d'hier. Pour ma part, j'ai terminé l'entretien de Korthar et Daelia. Je crois qu'il serait peut-être temps que tu apprennes un peu à te défendre et à faire quelques passes à l'épée?

Avec un oeil expert, il évalua la carrure de la jeune femme; un peu plus longtemps que nécessaire pour le simple plaisir de remarquer les tissus un peu plus saillant qui soulignait une taille fine. Puis, il se leva, et avec son boitillement normal, se dirigea vers la caravane. Farfouillant parmi le bordel qui y régnait, il eut une petite exclamation lorsqu'il trouva ce qu'il cherchait. Revenant vers l'origine de son court périple, l'elfe déposa deux lames à coté de la jeune femme, avant de se laisser tomber à ses côtés.

- Une épée serait trop lourde et encombrante pour ta physionomie. Et comme tu es probablement aussi rapide que ton frère, mais moins forte pour des raisons qui ne s'explique pas, je crois que les dagues seraient plus adaptées. Celles-ci sont de la collection personnelle de Mel. J'en ai bien une, mais elle n'est pas conçue pour l'attaque, mais seulement lorsqu'il y a urgence. Donc, j'imagine que tu sais instinctivement comment tenir une arme?


Le mercenaire se releva avec un léger couinement de protestation, et fit quelques pas pour s'éloigner de la caravane, car les bruit d'un combat pourraient alerter les personnes qui se reposaient dans l'ombre de leur domicile. Il attrapa un bâton assez épais, il fit quelques moulinets pour vérifier à quel endroit de la branche il avait le plus bel équilibre.

- Premièrement, bien beau pouvoir attaquer, mais il faut aussi avoir une posture qui ne permet pas d'être déstabiliser au premier coup. Laisse-moi te montrer.

S'approchant de la jeune femme, il se plaça derrière elle, il d'un coup de pied bien placé, lui écarta légèrement les jambes. Puis, saisissant fermement ses hanches, il la força à se planter plus solidement dans le sol. Avec un sourire qu'il se garda bien de lui montrer, il profita de la sensation des os de son bassin sous ses doigts, du parfum de ses cheveux, et du poids de son torse contre le sien. Il se sépara presque à regret de la chaleur que lui procurait une autre personne contre lui, et jeta un regard critique sur la posture.

- Il faut que le poids soit bien réparti, pour être sur de ne pas se faire faucher facilement. Je sais, c'est pas super agréable les premiers temps, mais tes muscles vont s'adapter avec le temps. Maintenant, relève toi, et reprend la position.


Il lui refit faire l'exercice plusieurs fois, peut être un peu plus que nécessaire, mais ça faisait un temps qu'il n'avait pas eut l'occasion d'empoigner une jeune femme. Lorsqu'il fut satisfait, il hocha la tête, et pris sa propre position à quelques pas d'elle, bâton en main.

- Bien, maintenant, attaque-moi
, fit-il, demi-sourire.


Dernière édition par Aelon Cyredatear le Lun 28 Mai 2012 - 21:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ   Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ EmptySam 7 Avr 2012 - 2:23

Le doux son de l’eau qui s’écoulait lentement parvenait délicieusement aux oreilles de l’elfe. Cette dernière s’était mise à la méditation une fois qu’elle eu terminé de consommer le repas qu’elle avait elle-même préparé. Elle se laissait bercer par le faible flot de la rivière non loin de l’endroit où le groupe de voyageurs avait décidé de faire une halte. Cet acte pourtant si simple qu’était la méditation lui faisait plus de bien que jamais. Après l’épisode du dragon à la Cité de l’Aurore, elle avait besoin de ces moments de solitude et de réflexion afin de remettre ses idées en place. Elle avait encore de la difficulté à se remettre de toutes les émotions qu’elle avait vécues ce jour-là, pour ne pas parler des images horrifiques qui s’étaient offertes à elle. Elle avait trouvé cette créature des dieux aussi effrayante que magnifique. Cependant, elle n’avait trouvé aucune beauté à admirer des cadavres brûlés par le souffle infernal de la bête ou, encore, écrasés sous des bâtiments qui étaient tombés en ruine en un clignement de paupière. En somme, cet événement, aussi bref fut-il, suffit pour l’ébranler jusqu’au plus profond d’elle-même et l’opportunité de se recueillir était devenue un havre de paix intérieur. Ces quelques heures de silence suffisaient souvent à l’armer d’assez de courage pour affronter une autre journée sans craindre de s’envoler en flamme ou de voir le ciel s’obscurcir dangereusement.

À la suite d’une profonde inspiration, elle ouvrit les yeux. Elle demeura dans cet état pacifique quelques instants de plus. Elle admira l’eau qui coulait devant elle. Elle aimait la pureté de l’eau et les reflets du soleil sur cette surface liquide, cette source de vie. Cette paix fut légèrement troublée lorsqu’elle entendit le bruit de quelqu’un qui se servait dans le chaudron qui était resté sur le feu. Elle revint à la réalité en tournant doucement la tête en direction de l’affamé. Elle esquissa un sourire au coin de ses lèvres en apercevant Aelon se délecter du ragoût. Ce que cet elfe pouvait être goinfre! Il dut s’apercevoir que le regard de la cadette des Caranthir était posé sur lui, car il la salua et lui demanda si elle avait bien médité. La principale concernée acquiesça puisqu’elle se doutait bien que l’albâtre n’écouterait que distraitement sa réponse si elle daignait lui en donner une. Il s’affairait déjà à se servir une seconde portion. La demoiselle le trouvait exaspérant jusqu’à une certaine limite. Il pouvait bien se plaindre qu’elle représentait une bouche de plus à nourrir… à lui seul, il pouvait facilement manger la ration de quatre personnes! Elle fronça le nez à voir le mercenaire se passer le doigt dans la bouche pour déloger un morceau de nourriture; quel manque de bonnes manières! Mishaila ne put cependant retenir un rire lorsqu’elle vit la déception se peindre sur le visage de son compagnon de voyage quand il se rendit compte qu’il devait laisser du ragoût pour le nain. Le pauvre devait désormais se rabattre sur du pain, nourriture dont il lui offrit d’ailleurs une tranche.


« Pardon? »

L’elfe fut prise de court lorsqu’Aelon lui demanda quels étaient ses plans pour la journée. Depuis quand était-elle libre de choisir ce qu’elle allait faire en attendant le réveil de son frère? Jusqu’à maintenant, elle s’était toujours retrouvée dans l’obligation de suivre les indications du voyageur, puisqu’elle était involontairement à sa charge. En d’autres mots, cette question aux airs d’abord anodins s’avérait plutôt suspecte. Elle se mit à regarder son interlocuteur avec suspicion dans le regard, se gardant un doute au fil et à mesure qu’il parlait. Il insinua ensuite que c’était le temps parfait pour lui apprendre le maniement de l’épée et des techniques de défense puisque Melchiam et Fegnar dormaient tous les deux comme des bûches. N’aidant pas à la détendre, l’albâtre se mit à la reluquer comme s’il jaugeait chaque aspect de sa physionomie. Ce regard évaluateur et soutenu la mettait sérieusement mal à l’aise… à un point tel où elle avala difficilement sa bouchée de pain une fois qu’Aelon repartit en direction de la caravane. Une fois qu’il disparut de son champ de vision, elle frissonna de la tête aux pieds. Elle n’avait pas du tout aimé l’expérience. L’attardement du mercenaire lui avait rappelé des souvenirs qui seraient mieux oubliés. Elle reconnaissait ce regard des miles à la ronde et elle savait malheureusement trop bien ce qui se cachait derrière. Elle l’avait apprit aux dépends de son innocence. Elle devint donc méfiante quant à la suite des événements.

L’albâtre revint vers elle avec deux dagues qu’il déposa près de sa compagne de jour. Celle-ci inspecta des yeux les armes qu’elle reconnaissait pour avoir vu son frère les manier. Les détails étaient magnifiques, mais cela ne changeait rien au fait qu’elle redoutait de les prendre dans ses mains. Elle était peu convaincue du besoin d’apprendre à s’en servir, mais elle écouta néanmoins son «maître» improvisé donner ses explications. Lorsqu’il eu terminé, elle haussa à nouveau un sourcil.
« Pour des raisons qui ne s’expliquent pas? » Elle pouvait lui en donner, des explications de pourquoi elle était moins forte que Melchiam. Elle était une femme, d’abord et avant tout. Ensuite, elle ne s’entraînait pas et n’était certainement pas une mercenaire. Elle n’avait aucune expérience en combat et, plus important encore, elle n’était pas un vampire! Il était donc aussi clair que l’eau qui coulait dans cette rivière non loin d’eux qu’elle serait moins forte que son aîné. Peu importe, il était sans doute mieux qu’elle garde ses réflexions pour elle-même. Elle se redressa quand Aelon assuma qu’elle savait comment tenir des dagues. Évidemment, qu’elle le savait! Qui n’avait aucune idée de comment faire une chose aussi banale? Il n’y avait pas 56 façons de tenir un manche aussi court.

Elle soupira avant de prendre les armes dans ses mains et suivre le voyageur. Elle n’avait pas particulièrement envie d’avoir une leçon de combat, mais ça n’était pas somme si elle avait autre chose à faire pour tuer le temps. Elle sursauta à voir Aelon promener une grosse branche dans tous les sens. Elle passa même à deux doigts d’échapper les dagues de son frère. C’était que le mercenaire allait la faire mourir de peur avant même de lui montrer sa première technique à cette vitesse. Il n’agissait pas de façon à lui donner envie de s’approcher pour apprendre, voire qu’elle était plus tentée d’aller dans la direction inverse. Par ailleurs, l’elfe aux cheveux d’ébène eut un mouvement de recul lorsqu’il s’approcha d’elle. Ses réflexes lui disaient de rester en mode défensif, surtout s’il était pour la contourner sournoisement comme un renard. Il la força à écarter les pieds car, vraisemblablement, la première étape consistait à adopter une bonne posture. Misha n’eut pas la chance de se remettre de ce changement de position brutal qu’elle se raidit instinctivement quand son compagnon la prit fermement par les hanches. C’était beaucoup trop de contact physique, surtout quand cela était accompagné par une posture affreusement désagréable.


« Comment veux-tu que j’arrives à bouger quand mes cuisses sont en feu! » se plaignit-elle à haute voix.

Elle venait de comprendre une des raisons pour lesquelles elle n’avait jamais été attirée par le monde de l’aventure, notamment pour tout ce qui incluait des batailles. Il n’y avait aucun confort, voire plus de douleur que de plaisir à ce mode de vie. Ce fut avec peine et misère qu’elle se releva et retrouva par conséquent une posture normale. Il était plus qu’évident que ses cuisses allaient nécessiter un temps d’adaptation avant de cesser de se plaindre lorsqu’elle adopterait cette posture infernale. Elle hésita lorsqu’Aelon lui demanda de reprendre la posture qu’elle venait d’abandonner. Ne pouvait-elle pas garder son rôle de demoiselle en danger, voire de princesse gâtée? Ce serait plus simple pour tout le monde, non? Elle était déjà excellente pour ces deux rôles; personne n’aurait à la former. Malheureusement, la suite des événements ne se déroula pas comme elle l’eut espéré. Le mercenaire revint à la charge pour lui faire pratiquer davantage la position. Quel tortionnaire! Elle ne savait pas ce qu’elle avait mal fait dans son ancienne vie, mais cet homme se faisait un point d’honneur de la faire souffrir. Si ça se trouvait, il aimait ça! Il devait en profiter pour balader ses mains sur la pauvre biche sans défense qu’était la jeune femme. Les hommes étaient réellement tous pareils; ils ne pensaient qu’à la chaire féminine. Cela était d’autant pire pour les voyageurs de la trempe d’Aelon qui passait sa vie entouré d’hommes.

Il allait de soit que Mishaila résista au départ de se deuxième round de pratique, car elle pensait sincèrement que la première fois avait été la fois de trop. Elle dut toutefois se résoudre à faire l’exercice correctement. C’était en y mettant du sien qu’elle allait faire cesser son calvaire plus vite. Son tortionnaire ne la laisserait pas filer d’entre ses doigts tant et aussi longtemps qu’elle ne semblait même pas être proche de maîtriser la posture demandée. L’elfe ne fut dont libérée qu’après de nombreux essais. Elle soupira de soulagement, croyant qu’elle avait terminé pour la journée et qu’elle pourrait subtilement s’éloigner pour quelques heures. Elle fut rapidement déçue, car l’albâtre lui demandait maintenant de l’attaquer. En temps normal, elle aurait sauté sur la première occasion de lui sacrer un bon coup, ça n’était pas le cas présentement. Elle n’était pas particulièrement habitée de cette envie de lui balancer des trucs en pleine tronche.


« Mais… mais qu’est-il arrivé à ‘que tu apprennes UN PEU à te DÉFENDRE’!? Il y a une différence entre l’offensive et la défensive… même moi, je sais ça! »

Elle refusa de s’en prendre à lui, ne bougeant pas d’un poil de l’endroit où elle se trouvait. Elle espérait fortement qu’il change d’avis et la laisse tranquille. Elle était prête à faire le tour de tous les buissons dans les environs pour lui concocter un dessert quelconque, de quoi s’acheter la paix s’il le fallait. Elle comprit cependant à son demi-sourire que ce qu’il désirait vraiment au moment présent, c’était qu’elle s’essaie au combat. Elle resta figée sur place une bonne minute sans ne rien dire de plus. À son plus grand malheur, Aelon n’abandonna pas. Merde, il s’attendait vraiment à ce qu’elle charge! Incertaine, elle fit un premier pas et se lança vers lui, mais son regard glissa rapidement vers une couleuvre su sol. Le reptile venait de ses faufiler entre les jambes des deux elfes, provoquant une réaction immédiate chez la plus jeune des deux. Elle s’arrêta net dans son élan, cria de toutes ses forces tout en lâchant les dagues qu’elle tenait jusqu'alors. Elle se sauva ensuite à grands pas, ne jetant même pas un regard derrière. Elle courut se mettre en boule derrière les bovins, trouvant un minimum de confort derrière Korthar. Elle se retint difficilement d’éclater en sanglot sous le coup de l’émotion. Un dragon, c’était une chose… il pouvait la tétaniser de peur sur place, mais il provoquait indéniablement de l’adrénaline puisqu’il venait tirer directement sur la corde «survie». Une couleuvre était autre chose complètement. Ça ne faisait que lui foutre la trouille et elle pouvait espérer s’en sauver. Misha alla placer ses bras autour de ses genoux, faisant de son mieux pour se calmer. Elle n’attendait que le signal que le lieu d’entraînement était sécuritaire à nouveau. Aelon était un homme viril, il allait bien se charger de ça, n’est-ce pas?
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MessageSujet: Re: Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ   Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ EmptyMer 11 Avr 2012 - 17:58

- Arrête de geindre et attaque moi, aboya le mercenaire impatient devant le stoïcisme de sa compagne.

Elle allait devoir apprendre à s’endurcir si elle voulait suivre la voie qu’elle empruntait. Être mercenaire itinérant n’était pas de tout repos; il fallait être en permanence sur ses gardes pour ne pas se faire prendre au piège par des bandits, ou encore d’autre groupe de mercenaires un peu moins chanceux. Cette règle, les frères Cyredatear l’avaient appris à la dure avec Melchiam lors de leurs débuts. Ce monde n’était pas que beauté, empathie et entraide; les côtés qu’exploraient les mercenaires étaient beaucoup plus sombres et malfamés. Des endroits, où parfois, c’était leur vie ou la votre. Revenant au présent, Aelon eut un soupir irrité à la réticence qu’exprimait son élève.

- Parfois, même souvent, la meilleure défense est une offense. Et je veux tester ta force et ta poigne pour évaluer quelle méthode seraient le plus adaptées pour toi, parce qu’il y a plusieurs moyens de se défendre – certains plus honorable que d’autres…

L’albâtre était en fait très reconnu pour être un combattant qui ne ratait pas une occasion d’être déloyal lors d’une escarmouche armée. Il répétait souvent en riant à Melchiam, qui était un peu plus juste dans ses attaques, qu’un jour, à vouloir combattre à armes égales, il se ramasserait avec un poignard entre les omoplates; cela ne le tuerait probablement pas, mais le mercenaire doutait que cela soit des plus agréable. D’ailleurs, même durant leurs entraînements l’un contre l’autre, on pouvait remarquer cette différence entre leur style de combat. Aelon n’hésitait pas à faucher les jambes où à abuser du décor pour parvenir à faire décoller le vampire de ses talons. Malheureusement, avec le temps, les deux comparses commençaient à connaître les tactiques de l’autre, ce qui ne rendait plus les combats aussi intéressant qu’avant. D’où le fait d’initier la jeune sœur de Caranthir pour amener un peu de fraîcheur et de diversité dans les entraînements.

Enfin, après une attente qui sembla interminable pour l’albâtre, la jeune femme fit enfin un pas en sa direction. Marmonnant un "C’est pas trop tôt" il resserra sa garde pour amortir le choc qui allait se produire, la scène qui se déroula sous ses yeux le laissa au contraire pantois. Il vit le regard de la jeune elfe dévier vers le sol, stopper comme si elle avait heurté un mur, et lâcher un cri à percer les tympans d’un sourd, avant de s’enfuir pour se réfugier derrière le bœuf qui n’en avait littéralement rien à cirer. Baissant sa garde, il laissa tomber son arme improvisée, et leva les bras au ciel en une complainte aux dieux qui se foutaient carrément de sa gueule.

- Non mais c’est une plaisanterie?!? S’exaspéra-t-il en regardant la planque de la jeune elfe.

Regardant par terre pour voir quelle chose avait pu l’effrayé à ce point, il remarqua une ligne verte vive qui se faufilait parmi les feuilles et l’herbe de leur champ de bataille; une couleuvre. Un pauvre petit serpent même pas dangereux qui ne faisait qu’aller du point A au point B sans chercher d’embrouille à personne, et Mishaila perdait la carte. Reprenant son bâton pour insister le reptile à hausser la cadence de ses ondulations, il fit ensuite les quelques mètres qui le séparait de la cadette des Caranthir. Le poing sur la hanche, l’autre main serrant la perche qui éraflait le sol, il dévisagea sa compagne.

- Je peux savoir ce que tu fais présentement? C’est une nouvelle tactique, on crie et on s’enfuit pour distraire l’ennemi? Je peux te dire que ça marche, mais que je ne garantirais pas le résultat à tous les coups… Il est parti le serpent en passant, tu peux sortir de ta cachette avant que tu rendes Korthar nerveux.

Il tendit sa main calleuse vers la jeune femme pour l’aider à se relever. Lorsqu’elle fut debout, il lui passa une main tendre dans le dos, comme pour la rassurer. Bon, elle avait une peur panique des couleuvres; c’était un peu ironique en soit mais bon, même Aelon avait des phobies, cependant, il les gardait bien pour lui. Il passa un instant à lui caresser le dos, soudainement attendri par la vulnérabilité de la jeune demoiselle.

Remettant son masque de marbre, il se sépara de Mishaila avant de reprendre le court périple vers leur lieu d’entraînement. Son regard, redevenu dur comme l’acier qu’il représentait, toisa l’elfe du regard, avant de lui faire signe du bout de sa branche de revenir se placer à l’endroit indiqué. Il vérifia quand même rapidement si la couleuvre avait décidé de prolonger son séjour parmi eux, et repris sa position de combat.

- [b]Alors, on s’y met avant que le soleil se couche? Parce que j’ai pas envie d’y passer la journée, encore moins la nuit. Allez, attaque et vas-y franchement, n’ai pas peur d’y mettre du chien, en même temps ça va te faire du bien de te défouler un peu, ça va t’enlever le bâton que t’as dans le cul. Tu vas voir, tu vas te sentir mieux après…


Le mercenaire ancra ses pieds dans la poussière, sa jambe gauche en arrière pour lui servir de pilier et de pivot, et de la main droite, dirigea la pointe de son bâton vers le sol, prêt à bloquer et contre-attaquer. Il n’avait pas prévu se battre très sérieusement, mais visiblement, la jeune femme avait une dent contre lui; probablement avec ces manières un peu rustre, et de sa tendance à s’acharner sur la petite princesse qu’elle était; ce dont il était parfaitement conscient. Mais il était tellement plaisant de voir le rouge lui monter aux joues lorsqu’elle était en colère, ou encore le port de tête qu’elle avait lorsqu’elle le boudait. Comment ne pas en redemander? De toute manière, Aelon était un mufle qui s’affirmait comme n’ayant d’elfique que quelques principes et l’apparence physique.

Dire qu’il y a quelques années, la situation était bien différente. Du temps qu’il voyageait avec Isulas et Melchiam, il était encore un elfe courtois et se faisait un point d’honneur à respecter le code du bretteur. Mais maintenant, Isulas n’était plus, vulgairement assassiné comme un gueux, et Melchiam était un vampire, ce qui avait transformé le jeune elfe en un mercenaire aguerri et dépourvu de code d’honneur au combat.

La mort de son aîné avait été une lourde épreuve pour l’albâtre, car il était très près de lui, jusqu’à se soir fatidique. Avec les années, la vagabondite d’Isulas s’était calmée, et l’appel à une vie plus tranquille commençait à sonner dans ses entrailles. Il avait donc laissé la caravane à Aelon quelques années après la disparition funeste de Melchiam, pour revenir à Ardamir; où un poste de garde bien rémunéré et franchement plus sécuritaire l’attendait. L’albâtre, quant à lui, continuait à arpenter les routes en solitaire, faisant parfois équipe avec d’autres mercenaires souvent peu commode. Il repassait souvent dans une auberge d’une petite ville humaine, où le tavernier gardait son courrier moyennant une compensation monétaire. Il apprit, quelques mois plus tard, que son aîné avait l’intention de se marier avec la fille d’un garde d’Ardamir, et qu’Aelon était convoqué à la cérémonie, qui devait se dérouler dans un peu moins d’un mois. Se mettant en route, le mercenaire eut un certain malaise à retourner dans sa contrée natale après toutes ses années. Il arriva seulement quelques jours avant l’union, et fut accueilli assez froidement par sa famille avec qui il n’avait pas eut de contact depuis belle lurette. Seules Isulas et sa mammy furent sincèrement heureux de voir le mercenaire.

Alors qu’ils étaient sur la route qui ramenait les frères vers leur maison – ils avaient passé une soirée bien arrosée à la taverne, discutant de tout et de rien, l’inévitable et l’inexplicable se produisit. Un bruit subtil se fit enterrer par la cohue que produisaient les Cyredatear, visiblement dans un état d’ébriété avancé, et alors qu’Aelon se retournait pour dire quelque chose à son aîné, une lame couleur de lune transperça le cœur du futur marié, et une marre de sang se mit à dégouter de ses lèvres. L’elfe était bel et bien mort avant même d’avoir touché le sol. N’ayant pas le temps de réagir, vu son état d’ivresse et l’incompréhension de la situation, il n’eut le temps que d’apercevoir un détail avant que l’obscurité ne se referme sur lui; sur le bras de l’assassin, était dessiné la forme d’une panthère noire.

Lorsqu’il se réveilla, une douleur sourde lui vrillant les tempes et le cramoisi lui peignant les cheveux; il avait été assommé assez lourdement, la première chose qu’il vit, fut le cadavre déjà froid de son frère, froidement assassiné sous ses yeux. Pris de panique, le mercenaire avait fui la ville sans même rapporter son témoignage à la garde; il n’avait, depuis ce jour, jamais remis les pieds dans sa ville natale, et n’eut jamais plus de correspondance de sa mammy, ni d’aucun membre de sa famille. Probablement qu’il fut considéré comme étant le meurtrier de son propre frère, il n’en avait aucune idée. Mais, alors qu’il mettait le plus de distance possible entre les forêts elfique et lui, il se promit de retrouver celui ou celle qui avait sauvagement trucidé Isulas. Il pourrait ainsi ramener cette personne à Ardamir pour laver son honneur et prouver son innocence.

Cela faisait maintenant plus de trente ans qu’il cherchait toujours subtilement l’assassin avec le tatouage de panthère sur le bras, sans que personne ne soit au courant de son dessein. En fait, il avait toujours été terriblement secret à se propos; Melchiam savait que l’aîné des Cyredatear était décédé, mais même le vampire – probablement la personne la plus près du mercenaire – ne savait pas les causes de son décès.

Revenant au présent brusquement, il bloqua l’impact qui se produisit en lançant un grondement digne d’un animal sauvage ayant reçu un coup fatal. Ses yeux s’écarquillèrent pendant un instant, lui-même surpris par sa propre réaction et se rétracta un instant, quittant sa position de combat. Il s’inclina légèrement, et pria Mishaila de l’excuser avant de se diriger vers la source d’eau, un voile sombre devant les yeux. Il s’accroupit avec peine, et laissa traîner ses doigts dans l’eau glacé un instant avant de s’asperger le visage et la nuque. Poussant ensuite un soupir à fendre l’âme, il se demanda pourquoi ces souvenirs lui remontaient dans le cerveau précisément aujourd’hui?

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MessageSujet: Re: Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ   Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ EmptyMer 25 Avr 2012 - 20:43

Bien que consciente que cette position ne faisait certainement pas honneur au Caranthir, la cadette de cette maison était recroquevillée sur elle-même. Elle était presqu'en position fétale derrière un boeuf. Elle tremblait légèrement et ça n'avait pas grand chose à voir avec la température ambiante. La pauvre elfe ne s'était toujours pas remise de la visite de la couleuvre entre ses pattes quelques instants plus tôt. Voir se truc se faufiler aussi horriblement dans l'herbe l'horripilait au plus haut point. Ça n'était pas tant qu'ele avait une phobie des couleuvres, mais...eElle trouvait ce genre de créature tout simplement dégoûtant. Ça n'était donc pas sans raison qu'elle était présentement en mode panique. Elle avait déjà oublié les explications de son compagnon qui lui avait expliqué les façons de se battre. Elle refusait catégoriquement de retourner sur les lieux d'entraînement tant qu'elle ne jugerait pas la situation comme étant sécuritaire. D'ailleurs, le commentaire du mercenaire qui voyait la situation comme une mauvaise plaisanterie passa dix pieds au-dessus de la tête de la demoiselle. Celle-ci se concentrait plutôt sur sa prière intérieure qu'elle adressait à Mère Nature pour la délivrer de cette situation éprouvante. Elle n'aspirait qu'à voir Aelon se charger de se montre écailleux ou, encore, que la créature décide par elle-même de disparaître magiquement pour ne jamais revenir.

Mishaila tourna à peine son regard en direction des pieds de son «sauveur» lorsque celui-ci vint enfin se planter en face d'elle. Elle se doutait très bien de ce qui s'en venait et elle n'était pas particulièrement enchantée à cette idée. Elle pinça donc les lèvres alors qu'elle se faisait sermonner sur sa trouillardise. Il la narguait assez ouvertement sur sa supposée «tactique» qui consistait à fuir lâchement. L'elfe n'avait même pas envie de répliquer à l'albâtre qu'elle n'irait certainement pas essayer ça lors d'une réelle situation de combat. Elle n'était pas plus tentée de lui dire que ça n'était pas tout le monde qui était sans peur comme lui. Elle se retint également de lui balancer que ça n'était pas un secret pour personne qu'elle n'était pas une guerrière-née. Elle ne lui fit pas non plus remarquer qu'elle n'avait jamais demandé à se retrouver là où elle était maintenant. Bref, elle n'avait pas envie de se lancer dans une engueulade avec le mercenaire puisqu'elle savait que ça ne mènerait à rien, si ça n'était qu'un autre commentaire dégrandant ou une moquerie quelconque. Elle se contenta d'un faible
«La ferme.» qui manquait franchement de conviction. Son ton avait clairement fait savoir que son égo avait été blessé et qu'elle redoutait le retour au lieu où cette couleuvre maléfique s'était faufilée.

Elle hésita par la suite à prendre la main tendue qui apparut dans son champ de vision. Elle était bien dans le confort du poil et du calm de Korthar... Sans compter que le bovin ne la jugeait pas. Du moins, si c'était le cas, il avait au moins la décence de ne pas le lui faire savoir. Il la laissait s'asseoir là le temps que sa panique passe. Misha tourna la tête un moment, encore mécontente de s'être fait sermonner. Elle considérait qu'elle était en droit d'avoir peur d'une couleuvre, non? Il fallut une longue minute avant qu'elle ne prenne une grande inspiration et accepte finalement l'aide qu'Aelon lui proposait pour se relever. Cependant, elle ondula son dos à l'image d'un chat qui se laisse flatter même s'il ne veut pas lorsqu'elle sentit la main de son partenaire se promener dans son dos. Elle avançait avec le dos courbé, car elle n'arrivait pas à se résoudre de lui crier d'arrêter ça. Son corps ne semblait pas plus enclin à tenter de s'éloigner davantage afin d'échapper à ces caresses qui se voulaient réconfortantes. Sa tête, quant à elle, bloquait sur le «pourquoi» que le mercenaire était soudainement délicat avec elle alors que qu'il y avait à peine quelques minutes, il semblait plutôt vouloir profiter de ces exercices pour explorer des régions auxquelles ses mains n'avaient pas accès en temps normal. Elle ne parvenait sincèrement pas à percevoir une arrière pensée quelconque derrière ce geste. Elle le regarda alors pratiquement comme s'il venait d'une autre planète quand il se détacha d'elle pour retourner prendre sa position de professeur de combat. Elle ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Elle ne savait d'autant plus pas si elle devait se méfier ou quelque chose dans le genre.


«Le quoi que j'ai dans... !? Non, mais oh, un peu de respect!»

Elle était fort probablement en train de tomber dans le panneau, se laissant berner par Aelon qui cherchait sans l'ombre d'un doute à la mettre en colère. Il devait chercher à la pousser à vouloir lui amener les dagues à la gorge. C'était relativement clair qu'il la provoquait pour faire avancer cette leçon de combat. Malheureusement pour la jeune Caranthir, elle se laissait effectivement être offusquée par le commentaire cru d'Aelon. Elle était rouge comme une pivoine; elle fulminait de l'intérieur. Elle était outrée qu'il ne fasse même pas un effort pour lui parler correctement, voire qu'elle se demandait si on ne li avait jamais appris à parler à une demoiselle? Ça faisait sans doute trop longtemps qu'il voyageait exclusivement en compagnie masculine et il ne savait donc plus comment parler à une femme. Soit ça, soit il tirait un malin plaisir à la faire monter dans les rideaux étant donné qu'elle se faisait avoir à chaque fois. Elle serra les dents, se mit à respirer des narines et leva légèrement le menton, contenant de son mieux sa colère.

Il voulait qu'elle l'attaque avant la tombée de la nuit? Eh bien, soit, elle le ferait. Alors qu'elle reprenait ses dagues au sol et prenait la position qu'elle avait péniblement pratiquée avec son adversaire, elle ne remarqua même pas que ce dernier était parti dans ses pensées et ne lui accordait plus d'attention. De toute façon, cela n'aurait sans doute rien changé puisqu'il lui avait parlé qu'il n'était pas obligatoire de toujours être loyal dans ses attaques. Bref, elle se jeta sur l'elfe en y mettant tout ce qu'elle avait, même si elle savait pertinemment qu'elle ne faisait pas le poids contre un guerrier d'expérience. Elle se retrouva effectivement au sol malgré toute sa volonté d'asséner un coup à l'albâtre. La réaction quasi animale de l'elfe lui fit perdre pied et elle s'écrasa douloureusement dans l'herbe. Elle ne s'était pas attendu à ça, mais aucunement. Elle ne savait même pas qu'un elfe pouvait grogner aussi férocement. Elle fixait son enseignant avec une peur visible dans son regard, puis son coeur battait à vive allure dans sa poitrine. Voyant la surprise se peindre sur le visage d'Aelon, elle comprit que ce qui venait de se passer n'était pas une blague de mauvais goût destiné à la ridiculiser, ni à prouver à quel point elle était facile à effrayer. Elle ne pipa mot lorsqu'il s'excusa pour ensuite se diriger vers le cours d'eau. Elle devait avouer avoir été sincèrement déstabilisée et elle craignait de se rapprocher de lui. Jamais elle ne s'était douté qu'il pouvait être aussi imprévisible.

Se sentant faible dans tous ses membres, ayant eu son lot d'émotions fortes pour la journée, Mishaila se releva péniblement. Elle ne voulait plus se battre après ce dernier choc. Elle préféra faire son chemin jusqu'à la caravane, ayant un frisson suite au vent froid qui se levait. Elle frotta ses bras tout en marchant dans le but de se réchauffer, puis elle se disait qu'elle trouvait la température plus froide que ce à quoi elle était habituée. Ce devait être le climat d'Oryenna qui différait de celui de la nation elfique. Toutefois, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à Aelon. Sans savoir pourquoi, elle s'inquiétait pour lui. Ça ne faisait pas réellement de sens dans la mesure qu'il était beaucoup plus apte qu'elle à se défendre... mais elle n'y pouvait rien. Elle revoyait sa surprise suite à sa réaction bestiale. Elle avait des remords à le laisser seul suite à ça. Elle se mordit la lèvre inférieure. Elle savait qu'ellle allait le redouter, mais elle craqua. Elle ne prit pas une seconde supplémentaire pour réfléchir. Elle déposa les dagues de son frère dans la caravane, prit une couverture en faisant attention de ne réveiller personne, puis retourna au lieu d'entraînement. Aelon n'avait pas bougé d'où il s'était accroupi. Misha regroupa son courage et s'approcha son compagnon. Elle l'enveloppa délicatement de la couverture, s'accroupissant à côté de lui par le fait même. Et puis, bien qu'elle ne l'admettrait jamais ouvertement, elle se mit à lui caresser affectueusement le dos de la main droite en guise de remerciement pour ce qu'elle croyait avoir été une démonstration de réconfort de la part d'Aelon. Elle alla ensuite enlacer son bras de sa main gauche et elle appuya sa tête sur son épaule musclée.


«Tu devrais faire attention au froid, ce serait dommage que tu tombes malade...» débuta-t-elle avec la voix la plus tendre qu'elle pouvait avoir. Elle ne savait pas comment l'elfe réagirait à son instinct maternel... Du moins, elle le justifiait par un instinct maternel puisque ça lui évitait de s'avouer à elle-même qu'elle appréciait ce nabot d'elfe qui se faisait un plaisir de la mettre en colère. Elle reprit la parole et ce, sans cesser de laisser sa main glisser le long du dos d'Aelon. «Prends ton temps pour te remettre de.... peu importe ce qui t'as fait réagir de la sorte. Bon, je sais que tu ne veux sans doute pas de leçon de vie... surtout de moi. Qu'est-ce que je peux savoir? J'en sais sans doute moins que toi sur la vie, mais je sais très bien que nous avons tous des comptes à régler à quelque part, des démons intérieurs dont on ne parvient pas à se débarrasser. Je ne sais pas ce qui a bien pu se passer, ni ce à quoi tu pensais, mais je peux reconnaître ce qui s'est manifesté dans tes yeux.» Elle poussa un soupir et força un sourire au coin de ses lèvres. Elle avait peut-être dépasser les bornes, voire qu'elle était peut-être en train de dire n'importe quoi. Elle donna quelques tapes amicales dans le dos du mercenaire avant de se pencher et plonger son regard dans le sien. «Que dirais-tu que j'aille faire du thé? Il commence à faire affreusement froid... puis s'il ne fait pas trop noir, tu me montreras d'autres techniques de combat.»


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MessageSujet: Re: Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ   Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ EmptyJeu 26 Avr 2012 - 21:24

Les coudes toujours appuyés sur ses genoux, l’elfe continuait à ressasser le passé en se torturant mentalement. L’image restait très nettement gravée dans son esprit; la surprise entrecoupée de panique dans les yeux de son aîné alors que la lame traversait sa chair, du flot de sang qui se déversait de ses lèvres, et du bruit sinistre de son corps frappant mollement le sol. Réprimant un haut le cœur, il amena un peu d’eau glaciale à ses lèvres. Il lui sembla soudain que la température avait chuté de plusieurs degré, mais l’envie de bouger pour se réchauffé ne se présenta pas dans son esprit. Fixant péniblement un point qui se perdait dans les tumultes aqueux, il ignora le tiraillement imposé par sa position accroupie, et commença à rassembler les informations qu’il avait sur le meurtrier; soit pas des masses.

Le mercenaire poussa un nouveau soupir et retourna dans sa contemplation passive, lorsqu’une couverture déposée sur ses épaules le sortit de sa rêverie. Fixant Mishaila qui se trouvait à présent à ses côtés, son regard descendit vers sa main sous la sienne. Il fronça les sourcils d’une manière interrogative; en quel honneur avait-il réussi à avoir l’attention de l’enfant gâtée? Il étendit son bras pour partager la couverture, puis il prit place directement sur le sol, ses jambes commençant à fatiguer sous la tension engendrée par la position accroupie prolongée. Par pur réflexe, il alla poser sa tempe sur le sommet du crâne de la jeune elfe alors qu’elle s’appuyait contre son épaule. Il lui sembla qu’une éternité passa sans qu’un mot ne soit prononcé, sans qu’un mouvement ne soit fait. Puis, la princesse parla sur un ton qu’il ne lui avait jamais entendu. Une voix qui lui fit penser tout de suite à du miel, et il s’y laissa bercer lentement, s’engluant sans ses paroles. Une main légère commença à lui caresser le dos inlassablement. Pendant un moment, le mercenaire se demanda si la jeune femme comprenait ce que pouvait susciter ce genre de geste envers un homme. Peut-être n’avait-elle aucune arrière pensée, mais l’albâtre quand à lui, commençait à en avoir malgré lui. Alors qu’elle lui disait qu’il ne voudrait probablement pas avoir de leçons de vie de la part d’une personne aussi jeune qu’elle, Aelon eut un reniflement moqueur. Cependant, une phrase lui vrilla les tympans, attisant sa curiosité. Elle connaissait ce genre de regard; pour pouvoir le repérer chez quelqu’un d’autre, il fallait l’avoir vécut soi-même… La jeune demoiselle avait elle aussi un passé, probablement pas si lointain, dont elle n’était pas fière? Néanmoins, il se força à lui rendre son sourire; qui lui parut un peu faux quant à lui, et accepta son offre de faire du thé. En effet, la température commençait à être polaire!

Il se leva à son tour, et s’étira de tout son long, avant de revenir près de l’endroit ou le foyer brûlait encore. Il étendit la couverture par terre, et alla chercher sa cape de fourrure dans la caravane. Remarquant elle de Melchiam qui gisait tout près de la sienne, il la saisit et la rapporta à Mishaila, avant de la lui jeter sur les épaules.

- C’est celle de ton frère, elle fera plus l’affaire qu’une simple couverture, fit-il tout simplement.

Il lui aurait bien donné la sienne, mais il ne désirait pas vraiment finir frigorifié, et il avait un doute sur le fait qu’elle lui offrirait de le réchauffer avec son corps. Un sourire vague se forma à cette idée alors qu’il prenait place sur la couverture et se racla la gorge.

- Les leçons de vie sont valides pour tout le monde et à tout âge. Ce n’est pas parce que tu es plus jeune que moi que tu n’as rien vécu…Mon frère…est mort, il y a bien des années. Ce que je vais te raconter, même Melchiam ne le sait pas, et si c’est possible, j’apprécierais que cela reste entre nous. Isulas s’est fait assassiné il y a longtemps, par quelqu’un que je n’ai jamais pu retrouver.

L’elfe soupira avant de changer légèrement de position, tout en acceptant la tasse de thé que lui présentait Mishaila. Il la souffla avant d’en prendre une gorgée et invita la jeune femme à prendre place à ses côtés. Puis, il poursuivit son récit

- J’étais présent cette nuit-là… Nous revenions d’une auberge située un peu en retrait du centre d’Ardamir. Il devait se marier peu de temps après cette nuit. Il avait tout pour être heureux, je ne comprends pas ce qu’il a put faire pour s’attirer ce genre d’ennuis. Néanmoins, nous étions en boisson, voire totalement saoul. On devait faire assez de boucan pour ne pas entendre la personne s’approcher de nous… Jamais je n’oublierai son regard alors qu’il se faisait poignarder comme un vulgaire gueux. Isulas était un homme d’honneur, jamais il n’aurait du mourir d’une manière aussi lâche… Direct dans le cœur, précis et meurtrier, il était décédé avant même de toucher le sol. Je me suis fait assommer à mon tour. Je n’ai eut le temps que d’apercevoir un détail avant de sombrer dans l’inconscience; une panthère tatoué sur l’avant-bras de cette personne. Je ne peux même pas dire s’il s’agit d’un homme, d’une femme, d’un humain ou d’un elfe…

Portant à nouveau la tasse à ses lèvres, il eut un sourire exprimant beaucoup de tristesse et de fatigue. D’une main, il écarta quelques mèches ébène du visage de Misaila, laissant traîner ses doigts légèrement plus longtemps que nécessaire. Il se ravisa par la suite, et sa main retourna sous sa cape, punie d’une si grande témérité. Mettre son âme à nue était difficile, mais il sentait que pour la première fois de sa vie, il devait vider son sac, pour peut-être avoir espoir de faire bouger les choses.

- J’ai paniqué, je n’ai pas su quoi faire, alors je me suis enfui. Je suis absolument sur qu’à Ardamir, je suis accusé du meurtre de mon propre frère; la personne même qui m’a servi de modèle dans la vie… Je ne suis jamais retourné là-bas, ni pris des nouvelles de quiconque dans ma famille depuis…Je cherche depuis un peu plus de 30 ans la personne qui aurait commis cet acte odieux, sans pourtant jamais trouver la moindre trace de quoi que se soit. Si c’est un humain, il doit probablement être mort à l’heure qui est. Mais pourtant, je souhaite le retrouver pour avoir des réponses à mes questions, et surtout me venger…

Se passant une main dans les cheveux, il frissonna en regardant autour de lui. Le soleil était pourtant haut dans le ciel, et pourtant on gelait dehors. Il se leva un instant, le temps de mettre une buche de plus sur le feu, et revint à son point d’origine. Le mercenaire osa même passer un bras autour des frêles épaules de la bourgeoise, histoire de lui communiquer un peu de chaleur et un abri potentiel contre le vent qui commençait à se lever.

- Tu parlais de mon regard. Pour savoir ce qu’il veut dire, il faut l’avoir déjà eut soi-même… Qu’est-ce qui t’as poussé à partir de ta maison pour aller t’aventurer dans le monde sauvage pour retrouver un frère que tout le monde croyait mort, et de te retrouver avec une bande d’imbéciles comme nous? Si tu ne veux pas en parler, ça ne me dérange pas, des fois, il faut du temps pour trouver les mots pour en parler… Mais si je peux te demander une faveur, est-ce qu’on peut rester comme ça encore un moment avant de reprendre une vie normale ou je passe mon temps à te taquiner et toi à me faire la gueule?

Il lui caressa doucement le bras, l’invitant à mettre plus de poids contre lui, pour profiter de l’échange de chaleur entre les deux corps. Il passa la nez dans ses cheveux et huma profondément son odeur, résistant à l’envie soudaine de l’embrasser. Pourquoi réagissait-il ainsi? Était-ce à cause du fait que cela faisait un bail qu’il ne s’était pas retrouvé seul avec une femme, ou bien son épanchement sur son passé l’avait laissé un peu sans inhibitions face à une certaine quête de réconfort? Il n’en savait rien, et il n’avait même pas le goût de se poser la question. Il avait simplement envie de glisser sa main le long de sa joue, de lui remonter le visage en lui soulevant le menton du bout des doigts, et de poser ses lèvres sur les siennes. Ironiquement, il se surprit à se lécher les lèvres, se racla la gorge et pris à nouveau sa tasse de thé pour se changer les idées. C’était même pas la peine d’y penser, la princesse était farouche, et il doutait qu’il soit de son genre. Secouant la tête, il alla même jusqu’à se demander pourquoi il s’interrogeait sur le fait qu’il soit de son goût ou non… Vraiment, son cerveau était une bouillasse incompréhensible d’idées de propos qui le faisait tourner en bourrique.

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MessageSujet: Re: Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ   Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ EmptyMar 1 Mai 2012 - 22:35

[HJ: Je suis désolée pour la longueur. XD Je vais me retenir à l'avenir, promis.]

Au centre de cette clairière de l’espoir, Mishaila était aveugle au regard interrogateur de son entraîneur au combat. Elle ne portait guère attention à ses yeux qui lui criaient avoir une question à lui poser. Elle mettait son cœur entier dans sa mission de réconfort. Elle avait la sensation d’avoir l’obligation de remettre la gentillesse à laquelle elle avait eu droit. À cette heure-ci de la journée, de toute façon, elle était la seule à pouvoir procurer de la compassion à l’elfe à la chevelure trempée, le reste de la caravane se trouvant dans les bras de Morphée. Simultanément, elle se trouvait transportée dans un autre monde au fur et à mesure que le contact augmentait entre les deux jeunes gens. Il en fallu peu pour que son univers se réduise à Aelon et elle, assit au sol devant cette rivière au flot paisible, enveloppés dans une couverture et leurs têtes se touchant doucement. D’un geste innocent, elle lui caressait le dos, comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle au monde. Elle était inconsciente des effets que provoquait ce mouvement langoureux, ni chez lui ou chez elle. Elle se concentrait sur le peu de sagesse qu’elle tentait de partager avec le mercenaire, avec l’espoir d’ainsi lui venir en aide. Et puis, étrangement, au lieu de s’offusquer du reniflement moqueur de l’albâtre, elle dut retenir son envie de rire face à la situation et continua plutôt son discours. Pouvait-elle seulement lui en vouloir de trouver son monologue aussi ridicule qu’elle? Ils partagèrent néanmoins de faux sourires, démontrant une volonté de s’apprivoiser, ne serait-ce que la volonté d’être sympathiques l’un envers l’autre pour une fois.

Cachant un réel sourire derrière son expression attendrie, elle observa son compagnon se lever. Elle était heureuse qu’il ait accepté son offre de prendre du thé afin de combattre ce froid qui s’installait si vite dans la clairière. Si ce liquide traditionnel pouvait lui changer les idées, en plus de le réchauffer, elle aurait atteint son but. De plus, cette banale initiative lui donnait l’impression d’être utile… si ça n’était de lui donner un coup de main pour qu’il cesse de broyer du noir. Misha gardait son regard rivé sur le dos du voyageur alors qu’il s’éloignait d’elle et ce, sans se questionner sur la raison qui la poussait à agir de la sorte. Elle appréciait de pouvoir le contempler librement pendant qu’il faisait ses choses. Finalement, elle se leva à son tour. Elle s’étira félinement, laissant échapper un bruit de soulagement de ne plus être accroupie au sol. Elle se massa distraitement les cuisses alors qu’elle allait chercher le nécessaire pour concocter son thé légendaire. Elle s’empressa de retourner à la rivière pour de l’eau fraîche. Elle se dirigea ensuite devant le feu qui brûlait encore. Elle changea la marmite pour le repas qu’elle avait également préparé plus tôt dans la journée pour son chaudron rempli d’eau. Elle choisi méticuleusement les feuilles et les fleurs séchées qu’elle déposait dans sa concoction. Elle tirait un plaisir démesuré, pour ne pas dire inexpliqué, de cette préparation de thé pour Aelon. À la voir aller, on aurait pu aisément croire qu’elle préparait le breuvage d’un roi. La concentration de la jeune Caranthir se brisa suite à son léger sursaut provoqué par une cape en fourrure qui fut déposée sur des épaules. Elle leva les yeux vers son compagnon diurne, lui retournant le regard interrogateur qu’il lui avait lui-même lancé avec l’apparition de la couverture. Elle alla porter une main au doux col de la cape alors que le mercenaire lui expliquait qu’il s’agissait d’un morceau appartenant à Melchiam. Cela expliquait la faible odeur familière qui se dégageait du poil et d’où provenait la cape.

« Je devrai éventuellement investir dans une telle cape, n’est-ce pas? … Mais je devrai gagner mon propre or avant cela. »

À l’aide d’un fouet, elle fit faire quelques derniers tours aux feuilles et fleurs dans le liquide bouillant. Elle fit peu attention à Aelon qui s’affairait derrière elle. Elle se disait qu’il ne faisait que faire passer le temps pendant qu’elle lui préparait à boire. Elle vit quand même du coin de l’œil qu’il s’était installé sur la couverture qu’il avait vraisemblablement mis sur le sol alors qu’elle ne s’occupait plus de lui. Elle eut un sourire amusé lorsque l’albâtre revint sur le sujet des leçons de vie après s’être raclé la gorge, réaction qu’elle se garda de lui montrer. La demoiselle ne voulait surtout pas l’offusquer quand elle venait de s’efforcer à lui remonter le moral. Seulement, il était plus fort qu’elle que de rire intérieurement à constater qu’ils trouvaient tous deux qu’il s’agissait d’un étrange sujet à aborder entre deux jeunes personnes. Elle perdit cependant son sourire assez rapidement, voire qu’elle passa à un cheveu d’échapper son fouet qu’elle venait à peine de retirer du thé. Que le mercenaire mentionne la mort de son frère l’avait surprise. C’était donc cela qui le tracassait depuis quelques instants… Or, qu’avait-elle fait pour lui rappeler un tel moment funèbre? Était-ce dans la façon maladroite dont elle s’était approchée de lui ou, encore, sa crise provoquée par cette créature de malheur qui leur avait filé entre les jambes? Mishaila reprit tout son sérieux en versant le thé dans les deux tasses qui étaient destinés à elle et son compagnon, choses qu’elle amena justement à celui à qui c’était destiné. Elle s’assied gracieusement cette fois. Elle regardait une fleur solitaire tournoyer dans le fond de sa tasse, ne sachant pas quoi dire alors qu’Aelon lui confiait dont même Melchiam n’était pas au courant. Elle était vaguement au courant pour avoir habité à Ardamir toute sa vie… du moins, jusqu’à tout récemment.

« Ne t’inquiète pas, je ne dirai rien… Ce que tu révèles ou non à Melchiam est une décision qui ne revient qu’à toi. »

L’elfe tendit maladroitement une tasse de thé au voyageur à ses côtés à la suite de sa promesse implicite de garder le silence. Elle était attristée d’apprendre le meurtre du deuxième fils des Cyredatear par la bouche de son frère cadet. Son geste paraissait tellement anodin qu’il était presque déplacé d’offrir un maigre thé au guerrier. Elle avait l’impression qu’elle devrait faire infiniment plus pour lui, trouver un moyen afin davantage faire preuve de compatie. Ainsi, elle caressa la main de son interlocuteur quelques secondes en guise de condoléances tardives. Outre cela et sa tasse de thé, elle se rendait bien compte qu’il n’y avait rien d’autre qu’elle pouvait faire pour lui. Le tragique événement remontait à plusieurs années déjà, que pouvait-elle dire maintenant? La belle accepta ensuite l’invitation à prendre place plus près d’Aelon qu’à son habitude. Elle était toute oreille à son histoire. Elle se faisait un point d’honneur de ne manquer aucun mot de cette révélation. Elle considérait que c’était un honneur que d’entendre cette histoire qui ne devait pas avoir été partagée auparavant, ou très peu si c’était le cas. Elle serra sa tasse de thé plus fort entre ses doigts lorsqu’elle apprit qu’Isulas avait trouvé la mort dans un poignard au travers de son cœur. Elle fut si absorbée qu’elle s’enfonça dans une réflexion par rapport à ce qu’elle savait sur le sujet. Elle était pensive au point de froncer les sourcils. Elle cherchait dans les tréfonds de sa mémoire pour tout ce qui était relié à ce cas de meurtre. Elle avait été vaguement mise au courant à l’époque, mais ce détail de tatou de panthère lui était entièrement inconnu avant maintenant. Cela ne lui disait absolument rien et elle ne parvenait pas à replacer quiconque ayant cette marque distinctive sur l’avant-bras. Le visage de Mishaila se détendit au contact des doigts d’Aelon sur son visage. Elle prit une seconde à comprendre qu’il lui avait doucement replacé une mèche de cheveux. Elle eut soudainement un nœud dans la gorge, puis elle cligna vivement des yeux. Son cerveau cherchait encore la façon d’analyser ce geste qui, pourtant d’apparence simple, pouvait cacher tant de secrets. Ce mouvement n’avait pas la même… ardeur que les contacts qu’Aelon avait avec elle en temps normal. Il n’avait pas ce regard qui en disait long sur ses hormones masculines, ni la force de la prise ferme des hanches de sa compagne. Non, ce geste avait été plus délicat, pour ne pas dire affectueux. Elle ouvrit la bouche afin de dire quelque chose, mais abandonna puisque l’albâtre venait de reprendre son récit.

La cadette des Caranthir sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Elle ne pouvait faire autrement qu’être attristée par ce que le mercenaire lui révélait. Selon lui, sa famille entière le blâmait de la mort de son frère. Il croyait avoir laissé comme dernière impression à Ardamir celle d’un meurtrier sanguinaire. La bourgeoise savait ce que c’était que d’avoir le cœur si lourd, s’imaginer à quel point tous les êtres chers pouvaient s’être mis à nous détester pour un événement dans lequel n’eut aucun mot à dire. Il était loin d’être facile d’accepter ce fait et même lorsque cela était accompli, la douleur ne disparaissait pas. Elle-même avait été chassée de chez elle, on pouvait donc aisément dire qu’elle en savait long sur le sujet de laisser une réputation négative derrière elle. Il ne s’était pas passé une journée sans qu’elle ne serre les poings en s’imaginant ses parents souhaiter la faire disparaître de l’arbre généalogique des Caranthir ou, encore, avoir honte d’être associé avec une fille «dévergondée» comme elle. Au fond d’elle-même, Mishaila aurait aimé pouvoir faire quelque chose pour enlever cette peine à Aelon, n’importe quoi pour qu’il ne se torture plus de la sorte. De plus, elle comprenait parfaitement pourquoi il n’avait jamais cherché à avoir des nouvelles; elle-même préférait ne pas entendre parler de ses parents… de peur que ses pires craintes s’avèrent vraies. Elle alla taper avec compassion l’épaule de son compagnon deux ou trois fois. Selon elle, ce désir de vengeance dont il parlait était des plus légitimes. Si quelqu’un en venait à faire du mal à Melchiam, elle aussi partirait en quête de vengeance et ce, même si elle ne savait pour ainsi dire rien du combat. Elle profita ensuite du moment durant lequel le guerrier allait placer une nouvelle buche dans le feu afin de prendre la parole à son tour.

« J’aurais aimé pouvoir te fournir une pièce du puzzle, sincèrement, mais… autant que je puisse chercher dans ma mémoire, un homme avec un tatou de panthère ne me dit absolument rien. Pour ce qui est de ta réputation… il y a 30 ans, je n’y portais pas réellement attention. J’en ai entendu parler puisque j’étais à Ardamir, certes, mais…» L’elfe poussa un soupire avant de planter son regard dans celui d’Aelon qui était revenu à ses côtés. « Du peu que j’ai pu entendre… je te dirais que l’opinion est divisée. Beaucoup de gens t’en veulent, mais il y a une partie qui pense comme toi. Si ça peut te rassurer, je suis d’accord avec eux. Je sais à quel point je tiens à Melchiam et je ne serais jamais capable de lui planter un pieux dans le cœur. Ça devait être la même chose pour toi et Isulas. On peut peut-être te placer sur les lieux du crime, mais… avais-tu seulement les motifs pour commettre un tel acte?»

Elle détourna le regard uniquement lorsqu’elle sentit à nouveau Aelon passer un bras autour de ses frêles épaules. Elle ne savait guère pourquoi, mais pour une raison quelconque, elle craignait être blottie contre son compagnon de voyage tout en se regardant les yeux dans les yeux. Elle fit cependant face à cette peur ridicule et le regarda à nouveau dans les yeux. Elle cherchait silencieusement à lui faire comprendre qu’elle était là pour lui s’il ressentait le besoin d’élaborer davantage sur les démons de son passé ou s’il avait simplement besoin de chaleur corporelle pour retrouver son entrain. D’un autre côté, elle ne pouvait négliger qu’il la protégeait ainsi plus du froid glacial qui s’installait en Oryenna. Elle se vit poser son regard sur les traits du visage de l’albâtre, s’attardant sur ses lèvres. Son expression contemplative changea complètement, pour ne pas dire qu’elle avait carrément disparue, lorsque la discussion tourna sur le regard qu’elle avait détecté chez son entraîneur et de la raison de son départ de la capitale elfique. Coincée, dans un sens, la belle toussota avant de se mettre à boire avidement son thé. Elle fixait le sol alors qu’Aelon énumérait toutes les raisons pour lesquelles il était illogique pour une fille comme elle de partir seule à la découverte d’un monde si hostile. Il n’avait pas tord… pour ne pas dire qu’il avait raison sur toute la ligne. Elle-même avait jadis utilisé les mêmes arguments pour justifier pourquoi elle ne voulait pas quitter son domicile luxueux. Elle se mit à essayer de contrôler sa respiration, de quoi la calmer puisque l’anxiété montait en elle. Elle appréciait toutefois qu’il soit prêt à accepter son silence. Cela lui faisait un bien fou de ne pas se sentir pressée de mettre son âme à nue, mais de tout de même savoir qu’il y avait quelqu’un d’important pour elle qui était prêt à l’écouter du début à la fin.

N’eut-elle pas le temps d’ouvrir sa bouche pour lui partager sa décision qu’elle lui jeta un regard confus une fois de plus. Avait-elle bien comprit? Aelon Cyredatear lui demandait une faveur à elle, la princesse attitrée de la caravane? Aujourd’hui était réellement une journée d’exceptions, car non seulement les deux elfes qui jouaient au chat et au chien se retrouvaient à partager leurs secrets les plus intimes, mais ils étaient lovés l’un contre l’autre et Aelon demandait de rester tels qu’ils l’étaient encore un instant avant de retourner à leurs caractères habituels. Tout à coup, Misha se mit à sourire. Ce nabot reconnaissait donc chercher volontairement à la faire grimper dans les rideaux pour qu’elle en profite pour lui en faire voir de toutes les couleurs. Ils étaient réellement comme deux enfants qui se cherchent simplement parce qu’ils en tirent un plaisir inexplicable.

«Je peux bien faire exception pour aujourd’hui… mais tu sais, j’aime bien me faire caresser les cheveux, alors fait gaffe…» termina-t-elle en rigolant, alors qu’elle se blottit contre lui.

Elle ne répondit sans doute pas assez vite car, déjà, elle le sentit humer et passer une main dans ses cheveux. Ne venait-elle pas justement de le mettre en garde? Cela ne faisait pas cinq secondes qu’elle l’avait prévenu de s’abstenir… pas tant parce que ce geste la dérangeait, mais plutôt parce qu’elle trouvait étrange qu’un mouvement si petit pouvait lui procurer un si grand plaisir… sans compter qu’elle avait passé les dernières semaines à redouter tout contact physique avec un homme, soit depuis… cette nuit. Hélas, elle avait un point faible pour les caresses dans ses cheveux et elle n’y échappa pas cette fois, un frisson la parcourant au même moment. Elle répliqua avec un faible coup de coude dans les côtes de son partenaire. C’était à se demander si elle avait parlé dans le vide ou s’il n’avait simplement pas pu s’en empêcher. Par la suite, elle l’entendit se racler la gorge à nouveau. N’ayant pas prononcé un mot depuis plus d’une minute, il était plus qu’évident qu’une idée venait de lui traverser l’esprit et qu’il tentait vainement de s’en débarrasser. Mishaila fit de son mieux pour retenir le rire qui naissait dans sa gorge. Elle ne bougea cependant pas, étant étonnamment confortable dans cette position. Elle pouvait bien laisser l’imagination de se cher Aelon faire des siennes, tant et aussi longtemps qu’il savait se tenir. Elle recommença lentement à siroter son thé, s’abandonnant de tout son poids sur le torse du mercenaire. Son cœur se mit à battre de plus en plus vite, mais cela ne l’empêcha pas de déclarer subitement : «Je t’accorde ta faveur, mais… tu ne risques plus de vouloir me tenir de si près une fois que tu sauras pourquoi je suis partie d’Ardamir.»

Elle prit une grande inspiration… Elle avait envie de vider son sac une bonne fois pour toute, mais elle ne pouvait s’empêcher de redouter le moment où elle se ferait repousser… car elle ne doutait pas un instant que l’albâtre allait perdre tout intérêt une fois qu’il connaîtrait la vérité. C’était d’autant plus dommage puisque la révélation venait au moment où la demoiselle voulait davantage de tendresse, pour ne pas dire de caresse. Elle hésitait encore, malgré qu’il soit trop tard pour qu’elle puisse faire marche arrière. En même temps, la journée était aux confidences et, d’une certaine manière, la réaction d’Aelon permettrait peut-être à la cadette des Caranthir de juger qu’elle sera la réaction de son frère. Les deux se connaissaient depuis qu’ils étaient petits, il pouvait donc être une bonne référence. Si l’albâtre se mettait à la fuir comme la peste, elle saura qu’il ne lui resterait plus qu’à plier bagage et disparaître… non dans la nuit, mais lorsque tous seraient en train de dormir ou méditer, ne laissant qu’une lettre derrière elle ou un scénario dans la même lignée. Sinon, dans le cas le plus improbable de tous, elle pourrait entretenir ce fol espoir que son frère ne soit pas entièrement dégoûté avec elle. De plus, elle ne pouvait négliger que le voyageur avait partagé avec elle une histoire intime, quelque chose qu’il n’avait même pas partagé avec son partenaire d’affaires et de voyage et meilleur ami. Étant une personne digne de confiance pour lui, Misha voulait en faire de même. Et puis, de toute façon, elle ne saurait jamais ce que ça faisait d’alléger le fardeau qu’elle portait si elle ne tentait jamais de le dire à voix haute. Garder ce traumatisme pour elle-même ne l’aiderait jamais à le surmonter, encore moins à tourner la page. Bien qu’elle ait la gorge serrée, elle se jeta enfin à l’eau après de longues minutes de silence.

« Poussée est un mot… assez approprié, je dois dire, bien que ce ne soit pas tout à fait ça.» Elle prit une inspiration profonde; elle devait se donner un peu de courage avant de continuer. «J’ai été chassée de chez moi, à vrai dire… C’était suite à…» Merde, comment pouvait-elle formuler la suite? Elle ne pouvait pas tout bonnement lui lancer la vérité en pleine figure. D’un autre côté, elle devait trouver l’ordre logique de lui conter la chose… Conter l’histoire à reculons ne ferait pas l’affaire et puis, elle devait également trouver les mots justes, ce qui n’était pas chose facile pour elle. Elle soupira à nouveau.«J’ai l’impression de commencer par la fin… Débutons par la base, veux-tu? Comme tu le sais, je me dirige lentement vers l’âge adulte et… je ne crois pas être la plus hideuse d’Ardamir. Alors, du coup, plein de prétendants me tournaient autour. Par contre, je n’étais pas rendue là. Je voulais continuer de profiter de ma liberté, de ma jeunesse et de ma belle vie dans le commerce de la soie. Je n’étais pas prête à me caser… Je ne voulais pas me marier tout de suite. Je n’étais pas rendue là dans ma vie. Il n’y en avait aucun qui me plaisait, d’ailleurs. Certes, il y en avait des beaux, mais… Je ne sais pas, je les comparais tous à Melchiam et aucun ne lui arrivait à la cheville. Oui, je sais, j’étais jeune et naïve, cherchant le romantisme digne d’une princesse. Je sais que je suis une incurable du syndrome de la princesse, ne t’inquiète pas pour ça.» Mishaila fit tourner son pouce sur le rebord de sa tasse de thé désormais vide. Elle déposa ensuite le contenant sur le sol à côté d’elle.

«Le soir avant que mon père ne me chasse de chez moi, j’avais rendez-vous avec mes deux meilleures amies à la Prairie des murmures. Nous voulions y admirer le ciel étoilé, les lucioles… C’est un endroit très populaire pour la jeunesse d’Ardamir. Seulement… ce ne fut pas elles que je retrouvai à la prairie. Il y avait ce… garçon, un de ceux qui me tournait autour. En fait… je suis tombée dans un piège, je crois bien. Apparemment, je l’avais invité sans ne jamais lui adresser la parole. Il… Il avait des idées en tête et… il ne comprenait rien quand je lui disais que ça devait être une erreur et il n’acceptait pas un non comme réponse…» Tremblotante, Misha alla chercher la main d’Aelon et l’enleva de son épaule afin de lui caresser la paume du bout de ses doigts. Elle avait besoin de temps pour faire passer le haut de cœur qui l’assaillait violemment au souvenir de cette affreuse soirée. «Je ne sais pas si tu as remarqué, mais je suis plutôt facile à jeter par terre. M’y tenir… n’est pas bien plus compliqué.»

Sa voix se cassa dès qu’elle termina sa phrase. Elle savait qu’il serait difficile pour elle de s’ouvrir à ce sujet, notamment puisqu’elle remettait constamment à plus tard le moment où elle allait devoir exposer la vérité à Melchiam… mais s’être attendue à de la difficulté ne lui rendait pas la tâche plus facile. Elle revivait le même calvaire que lorsqu’elle était plaquée au sol dans la Prairie des murmures. Elle revoyait la scène comme si c’était hier. Elle pinça ses lèvres dans un ultime effort de contenir ses larmes, mais elle essaya en vain. Elle se mit à pleurer à chaudes larmes, serrant inconsciemment plus fort la main de son confident. Elle devait se battre avec elle-même pour étouffer ses sanglots le plus possible, car elle voulait éviter d’attirer l’attention du nain qui dormait dans la caravane. Soudain, elle tourna la tête dans la direction opposée d’Aelon, ne supportant plus qu’il la voit être aussi faible et dans un sale état. Elle se rassit de façon plus droite, délaissant la main de l’albâtre par la même occasion. Elle tremblait de la tête au pied, le froid n’aidant en rien sa condition. Elle porta ensuite une main à sa pommette, comme si ce geste allait magiquement faire cesser ses pleurs… ce qui ne se produit évidemment pas.

«Je ne te dis pas le dégoût que ton propre corps te fait après ça.» Elle renifla, se foutant royalement de son manque de classe à cet instant. Elle croisa les bras par la suite. Elle prit alors une autre grande inspiration; elle ne pouvait pas arrêter là. Certes, Aelon avait sans l’ombre d’un doute compris ce qui lui était arrivé, mais il n’avait pas entendu la fin de cette histoire ayant poussé la bourgeoise à quitter sa maison. En temps normal, n’importe quelle victime serait restée chez elle, cherchant le réconfort auprès de sa famille. Cependant, ce ne fut pas ce qui se passa pour Mishaila. «Je ne fus pas capable de retourner chez moi le soir même et ce, même si le mec était parti… Comment annonces-tu ça à tes parents, merde!?» s’écria-t-elle en se tournant vivement vers son interlocuteur, comme si elle cherchait son accord pour dire que c’était le genre de choses qu’on ne pouvait raconter à ses géniteurs… surtout pas lorsque l’histoire était encore fraîche dans la mémoire. «J’avais si honte… Je me sentais souillée, je… » Il était impossible de trouver tous les mots pour décrire comment elle se ressentait face à cela. Souillée était ce qu’il y avait de plus près, mais il y avait tout un mélange d’émotions différentes. L’elfe essuya ses larmes sans ménagement, en ayant un peu marre de se faire fouetter le visage par le froid à cause que ses pleurs avaient mouillés ses joues entières.

«Et sais-tu ce qui m’attendait quand je suis revenue? Ça n’était pas un père inquiet, non… C’était un père qui me traitait de garce, d’aguicheuse et d’autres versions plus colorées et moins plaisantes à entendre encore. Apparemment, je n’avais pas droit à un moment de faiblesse. Mon absence signait ma culpabilité. Mes amies et mon «prétendant» étaient passés avant moi pour raconter à quel point j’étais dévergondée et que je l’avais dragué. J’étais en tord. Mon père m’a jeté dehors, me laissant juste prendre quelques vêtements et pièces d’or… Et ma mère… ma mère n’a même pas dit un mot. Elle n’a pas essayé de me retenir, ni de convaincre mon père. On ne m’a jamais demandé quelle était ma version de l’histoire. On me chassa de chez moi sans même me faire de procès. On me dit seulement à quel point on avait honte de moi.» Penaude, elle la demoiselle s’emmitoufla dans la cape de son frère afin de pleurer encore un peu. «Je ne savais pas quoi faire. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée de passer de la prunelle des yeux de mon père à une moins que rien. Je suis partie sur un coup de tête. J’avais beau détester Melchiam avec une passion pour m’avoir laissée toute seule, sans signe de vie, mais je voulais qu’au moins lui me dise qu’il me croyait. Je voulais… Je voulais juste quelqu’un qui m’écoute et me dise qu’il me croyait moi. J’ai pris la direction d’Oryenna puisqu’il m’avait dit y être dans sa dernière lettre. C’était idiot, n’est-ce pas?»

Sans crier gare, la jeune femme aux cheveux d’ébène s’esclaffa d’un rire qui démontrait à quel point elle était exaspérée avec elle-même, pour ne pas dire désespérée que sa situation se soit détériorée à ce point. Elle riait de sa propre stupidité. Non, mais qu’avait-elle pensé ce jour-là? Elle se rendait maintenant compte qu’elle avait été idiote de s’éloigner autant de chez elle. Si elle n’avait pas eu de la chance, il aurait pu lui arriver bien pire encore… Elle aurait aisément pu laisser sa peau dans une petite ruelle douteuse de la Cité de l’Aurore. De plus, elle ne s’était aucunement battue pour garder sa place. Elle avait simplement fuit ses problèmes puisqu’elle était incapable d’y faire face comme une adulte. Elle était trop faible pour se tenir avec la tête droite et défendre sa personne. Elle était tombée de si haut qu’elle se croyait incapable de remonter la pente. Ironiquement, ce même malheur l’avait amené à avoir un destin bien différent qui, à vrai dire, ne lui déplaisant pas autant qu’elle ne le laissait paraître. Le destin avait fait en sorte de lui donner une seconde chance, soit de croiser son frère alors que les probabilités étaient pour ainsi dire nulles. Elle était tombée rapidement sur Melchiam et ce dernier n’avait pas hésité à la prendre sous son aile, comme il l’avait toujours fait du temps qu’il était lui aussi à Ardamir… et ce, malgré qu’il savait pertinemment que sa sœur lui mentait en affirmant que son père avait fait affaire en personne dans le territoire humain et qu’il la laissait explorer le monde par elle-même. Enfin, la bourgeoise soupira et s’efforça de retrouver un semblant de calme, bien que sa réussite était discutable.

«Tu sais, Aelon… ça n’est pas si mal d’être prise avec une bande d’imbéciles comme vous. Bon, je suis toujours au centre des moqueries, mais… c’est plutôt marrant en bout de ligne. Ça me fait découvrir plein de choses que je n’aurais jamais imaginé voir de mes propres yeux. J’expérience des choses que je n’aurais jamais vécues… Je prends conscience que mes idées préconçues avaient besoin d’être mises au défi. Par exemple, je cherchais tellement un remplacement pour Melchiam que je ne me rendais pas compte qu’un Aelon aurait fait l’affaire… quoique, bon, il n’y a pas vraiment d’Aelon à Ardamir, n’est-ce pas?» Elle le regarda avec un sourire aux yeux tristes, mais sincère.

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MessageSujet: Re: Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ   Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ EmptyJeu 3 Mai 2012 - 21:05

Aelon était réellement soulagé d’avoir pu révéler l’histoire au grand jour; il lui semblait que le poids sur ses épaules avait diminué grandement, et le fait que Mishaila lui avait promit de ne le répéter à personne le fit rougir légèrement. Il fut touché par la sollicitude de la jeune femme qui fouillait les recoins de sa mémoire pour tenter de lui fournir quelconque indice qui pourrait le mettre sur la voie. Une ombre se glissa cependant lorsqu’il eut la confirmation partielle de ses dires; oui, certaines familles le reliaient au meurtre d’Isulas, mais d’autres, heureusement, c’étaient plus tempéré sur leurs opinions. Peut-être qu’un jour, il pourrait enfin songer à rentrer à la maison?

- Non, aucun motif, mais mon amour démesuré pour mon frère n’était un secret pour personne. Certains gens pourront penser que je l’aimais d’une autre manière, et que je n’aurais pas toléré qu’il quitte mon cercle. Une espèce de crime passionnel en quelque sorte. Oui, je vouais littéralement un culte à Isulas, mais jamais dans le sens que certains pourraient le prendre… Mais le fait que tu me crois innocent me touche beaucoup…

Elle plongea son regard doré dans le sien après un instant d’hésitation. En fait, le mercenaire pouvait bien comprendre qu’elle soit intimidée par lui, et un contact aussi intime. Après tout, normalement, il n’avait pas un contact physique aussi doux avec elle, préférant lui mettre une baffe derrière la tête, ou la pousser de la jambe pour qu’elle arrête de geindre. Mais il appréciait l’avoir dans ses bras présentement, sa main lui caressant inlassablement l’épaule, légèrement déçu de ne pas avoir accès à sa peau nue. Il se contenterait de sentir les muscles fins de la jeune elfe rouler sous ses vêtements. Le moment aurait été parfait pour tester les limites de Mishaila, mais encore, il fallait que le mercenaire gâche tout en ouvrant encore sa grande gueule, pour la pousser à se confesser. Pendant un long moment, le silence régna, et il eut l’impression qu’il avait touché une corde sensible, et qu’il fallait du temps à la princesse pour rassembler ses pensées. Les siennes, quant à lui, étaient très occupées à enregistrer l’odeur des cheveux de son élève, et leur texture soyeuse. Elle sentait la femme; ce discret mélange floral, entrecoupé des épices qu’elle avait utilisé pour le ragout, et les relents de la fumée du feu de camp. Ses doigts glissèrent dans l’encre de ses mèches sans rencontrer la moindre résistance, et il se dit qu’il aurait pu passer la journée simplement ainsi. Faire gaffe? Mais gaffe à quoi, elle venait de dire qu’elle appréciait se faire jouer dans la crinière, ne pouvait-elle pas s’abandonner à un peu de plaisir inoffensif pour une fois? L’envie d’empoigner les mèches coulantes à la base, et de la faire basculer vint lui tirailler le corps, et il résista de peine et de misère, surtout qu’elle ne faisait rien pour se dégager de son étreinte. Alors qu’elle s’accordait à mettre plus de poids sur le torse de son partenaire, Aelon changea de position pour qu’elle se retrouve assis entre ses jambes, et ses bras musclé vinrent l’emprisonner contre son torse alors qu’il respirait dans sa nuque.

Les yeux clos, le mercenaire était en pleine béatitude, il en ouvrit cependant un lorsqu’elle mentionna le fait qu’il ne voudrait plus la tenir dans ses bras une fois qu’elle lui aurait avoué ce pourquoi elle était partie de sa contrée d’origine. Et pourquoi diable voudrait-il seulement lâcher prise d’une chose aussi présente dans ses bras en ce moment même? Elle pourrait être le pire tyran que la terre ait porté qu’il ne la laisserait pas; il était complètement intoxiqué par son odeur, sa présence et son charisme; même si elle avait un sale caractère à temps partiel. Le silence retomba sur la caravane, seulement entrecoupé par le ronflement de la respiration des bovins, de leur pas dans l’herbe, et du vent dans les arbres. Aelon relâcha légèrement son étreinte et rabattit les pans de sa cape sur eux deux, pour ensuite ne caresser tendrement les épaules et les bras de son élève.

Il était tout ouï à son histoire, lui laissant le temps de chercher ses mots, posa sa tête blanche sur l’épaule de Mishaila pour pouvoir avoir un contact oculaire avec elle, hochant périodiquement le crâne pour lui faire savoir qu’il était toujours attentif à ses mots. Il ne put cependant s’empêcher de rouler des yeux lorsqu’elle mentionna le syndrome de la princesse, et étouffa un gloussement. Ainsi donc, elle recherchait Melchiam dans ses prétendants; c’était un peu logique, puisqu’il se rappelait, que dans leur jeunesse à Ardamir, la jeune fille le suivait toujours comme un poussin. Cependant, son histoire, qui avait commencé assez normalement, pris une tournure beaucoup plus sombre.

Elle lui narra assez vaguement, mais mentionnant assez de choses pour que le mercenaire puisse arriver à ses conclusions, qu’elle avait été victime d’un viol, tout cela parce qu’elle avait osé rejeter un elfe qui ne l’avait pas toléré. Il voulut resserrer sa poigne contre la jeune femme qui tremblait comme une feuille par temps de tempête, mais elle se dégagea de sa main pour la lui caresser doucement. La volonté du mercenaire se cassa en même temps que la voix de Mishaila, et lorsqu’elle se mis à pleurer, Aelon sut qu’il était perdu pour toujours. Même dans le désespoir, la bourgeoise tentait de garder ce port de tête, cette fierté qui était probablement la seule chose qui lui restait en ce bas monde, et cela, le mercenaire ne pouvait pas le supporter. Les jeunes femmes comme elles, élevées dans la soie du monde des riches, ne devait pas subir des choses aussi ordurières! Elle se dégagea ensuite doucement de lui, continuant à trembler et à sangloter; l’elfe aurait bien voulu se fondre en elle pour lui apporter le support dont elle avait besoin, mais il jugeait qu’elle avait probablement besoin d’espace pour terminer son récit.

Ironiquement, le fait qu’elle fût impure avant l’union expliquait certains agissements qu’elle avait avec lui. La manière dont elle le regardait comme une biche effarouchée lorsqu’il, par mégarde, l’effleurait simplement par exemple. Elle se tourna vivement vers lui, cherchant son approbation, et croisa le regard furieux du mercenaire. En ce moment même, il imaginait milles et une façon de faire souffrir cet enfant de chienne qui avait osé voler le bien le plus précieux d’une jeune femme. Cependant, à la vue des larmes qui coulaient en rivières sur les joues de la belle, il y glissa le pouce et le porta à ses lèvres pour y gouter le sel, tout en lui faisant signe de continuer son récit, qu’elle ne serait pas totalement soulagée tant qu’elle ne l’aurait pas terminé.

Le métal des yeux d’Aelon se durcit à nouveau lorsqu’il entendit de la bouche même de Mishaila, qu’elle n’avait pas pu se défendre contre l’acte; que ses parents l’avaient, sans cérémonie, mise à la rue sans qu’elle se soit expliqué. Elle s’esclaffa pathétiquement de sa situation, et le mercenaire pris le temps d’agir avant qu’elle ne continue à s’enfoncer encore plus dans le miasme de ses pensées.

- Si cela peut te soulager, je te crois, tes agissements envers les rustres tels que moi, prouve que tu ne pouvais pas être innocente. Je m’explique; j’ai remarqué les regards apeurés que tu me jetais lorsque nous commencions à partager nos journées, cette peur de te retrouver seule avec moi, comme si j’étais pour te croquer tout rond sans même te demander ton avis. Bien sur, je reste un homme, mais jamais je ne tolèrerais de prendre cela à une femme sans son accord! Et non, tes agissements n’étaient pas idiots…Téméraire, oui, mais idiot, non. Tu as suivi ton instinct, tu as recherché du réconfort dans des espoirs et des questionnements qui devaient être révélés…Et…si tu n’étais pas partie…

Il laissa sa phrase en suspend, ne voulant pas se mouiller tout de suite. Il n’était pas sur que ses sentiments étaient amoureux, ou s’il était simplement en manque charnel, ou bien que la situation de la jeune femme animait en lui un sentiment d’empathie mal placé. Mais tout ce qu’il savait pour l’instant, c’est qu’il voulait être là, à cet endroit précis, à ce moment précis, avec elle. La princesse sembla se calmer pendant un instant, du moins en surface, et elle lui fit la déclaration la plus surprenant qu’il eut put entendre. Elle lui aurait dit qu’elle était un centaure volant qu’il aurait eut la même réaction. La mâchoire du mercenaire se décrocha lorsqu’elle mentionna qu’il aurait fait l’affaire, et il s’empourpra violemment, cherchant à dévier du regard. Il se racla la gorge, avant de regarder par terre tout en se passant une main dans sa tignasse couleur neige. Comment exprimer le malaise qu’il avait en lui présentement?

Soudainement, il attrapa la jeune femme par les épaules et la taille, et se plaqua contre son dos, ses bras se refermant sur elle comme un étau. Il la pria de s’excuser dans un souffle, alors qu’il s’engouffra dans le labyrinthe de ses cheveux, respirant son odeur à pleins poumons, recherchant un contact avec sa peau nue. Il trouva ce qu’il cherchait à la base de sa nuque, et y posa rudement les lèvres, ce contact le rendant presque fou.

- Tu vois ce que tu fais de moi? Tu vas me rendre fou Mishaila…Quitte-moi maintenant, ou je ne pourrai jamais te laisser partir… Comment ont-ils osés maltraiter une chose aussi parfaite que toi? Tu dis que je ne voudrais plus te toucher en connaissant tes malheurs, au contraire, en ce moment, je ne peux penser à autre que ta peau sur la mienne…

Le souffle court, il immobilisa son front contre sa nuque, recherchant ses esprits avant qu’il ne fasse quelques choses de répréhensible. Après tout, ce n’était pas une vulgaire serveuse qu’il pouvait coucher dans le foin, effectuer sa besogne et partir comme si de rien n’était. C’était Mishaila, la dangereuse femme qui était en train de réduire le fier mercenaire qu’il était, à un vulgaire esclave à son service. C’était à son tour de trembler, mais pour des raisons légèrement différentes que celle de la jeune femme. Il combattait présentement l’urgence de ses besoins primaires. Il avait besoin de prendre du recul, de retrouver sa lucidité… Il était probablement en train de rêver…C’est ça, il s’était bourré la gueule avec Fegnar, et, ivre mort, il s’imaginait ce fantasme. Pourtant, ce corps mince contre le sien, cette chaleur qu’ils partageaient, semblait trop réelle pour n’être qu’un rêve. Ses mains trouvèrent les hanches de la jeune femme, et il la repoussa doucement.

- Pardonnes-moi, je ne sais plus ce que je fais, je ne pense qu’à moi présentement fit-il en baissant la tête, mais en laissant toujours ses mains sur les hanches de Mishaila, allant même, sans qu’il ne s’en rende compte, à les caresser doucement, cherchant toujours inconsciemment cette complétion à laquelle son corps s’attendait. Mishaila, si je n’avais qu’un souhait à faire présentement, je voudrais qu’un jour tu sois mienne, corps et âme. Je suis probablement le pire fou doublé d’une pâle imitation d’elfe, mais je serais le plus heureux des hommes de pouvoir un jour ne faire qu’un avec toi… Je ne m’attends à rien, je voulais simplement que tu sois au courant de l’effet que tu peux me faire, et si par miracle, tu acceptais mon offre, que je suis près à attendre le temps qu’il faudra pour t’apprivoiser… Tu vois à quel point tu me perturbe? Je me mets à jacasser comme un elfe maintenant…

Un sourire éclaircit le visage de l’albâtre alors qu’il faisait de l’ironie sur sa propre race. D’une main, il replaça le massacre qu’il avait fait dans la coiffure de la jeune femme, puis laissa glisser sa main jusqu’à son menton, plongeant son regard d’acier dans le sien, pour lui prouver qu’il ne se payait pas sa tête. Voudrait-elle d’un elfe bourru, estropié, à moitié alcoolique et qui plus est, était un goinfre de première? Il n’en était pas sûr, mais au moins, il aurait se souvenir à se repasser mentalement lors de ses méditations. Il se sépara à regret d’elle, et se leva pour s’étirer, sa mauvaise jambe réclamant un peu de mouvement, et nota la fumée qui se dégageait de son souffle. Un peu comme un lion dans une cage, il fit les cents pas devant la jeune femme, se demandant ce qui lui arrivait; visiblement, ses sentiments étaient à la base plus profond que ce qu’il avait songé. Il s’arrêta soudainement face à elle, et la regarda intensément. Son regard croisa le sien et l’instant d’après, il l’agrippait fermement, la plaquant contre lui, un de ses bras lui enserrant la taille, l’autre se perdant dans la masse encrée couvrant son dos, et ses lèvres s’emparèrent de celle de la bourgeoise, dans une étreinte passionnée. Qu’elle le veuille ou non, il aurait au moins le souvenir de l’avoir gouté une fois avant de mourir par la main de la jeune femme, ou celle de son frère. Mais pour l’heure, il s’en foutait. Il accaparait les lèvres de Mishaila avec l’énergie du désespoir, se noyant dans son odeur et sa chaleur.

Il la relâcha aussi brusquement qu’il l’avait capturée, et recula de quelques pas, s’essuyant la commissure des lèvres, goutant encore sa salive dans sa bouche. Il se sentait fiévreux malgré le froid, et avait presque honte de ses agissements. Les joues en feu, le souffle court, les cheveux encore plus en bataille, il la dévisagea un instant, ne sachant pas trop à quoi s’attendre, puis secoua la tête pour tenter de reprendre ses esprits. Aelon songea à aller prendre un bain froid dans la rivière, ça lui remettrait les idées en place, en plus de lui mettre un bon coup de fouet…

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MessageSujet: Re: Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ   Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ EmptyMer 9 Mai 2012 - 23:09

«Ne dis pas n’importe quoi… même avec un amour démesuré, je doute que tu serais allé aussi loin… Ce serait ne pas te connaître du tout que de croire que tu serais en mesure de commettre un tel crime de passion.» eut l’elfe comme réponse à l’hypothèse que son compagnon venait de formuler par rapport aux raisons qui auraient pu le pousser à commettre le meurtre de son frère aîné. Ce fut les dernières paroles à être dites à ce sujet.

Ensuite, ce fut installée dans le confort des bras de son tuteur, qui lui caressait d’ailleurs tendrement les épaules, que la bourgeoise entama de raconter l’enfer qu’elle avait vécu. Il s’agissait de la première fois qu’elle relatait l’événement à quiconque autre qu’elle-même. Elle avait eu peur de révéler la vérité; or, l’homme à ses côtés l’avait encouragée à la confidence. Ce fut ainsi qu’elle débuta avec le contexte qui expliquait pourquoi elle s’était retrouvée dans une telle situation infernale par la suite. La belle chercha momentanément du courage dans la main d’Aelon, acte qu’elle délaissa une fois que le pire eut quitté ses lèvres. Elle se punissait elle-même, en un sens, d’avoir été aussi faible lors de ce moment qui allait marquer sa vie à jamais. Elle se laissait grelotter de froid alors qu’elle avait une source de chaleur réconfortante, pour ne pas dire protectrice, tout juste derrière elle. Plutôt, elle pleurait, se laissant seule dans sa misère.

Elle se retrouva interdite face à Aelon qui essuyait ses larmes avec son pouce, goûtant par la suite aux larmes de sa belle. Jamais personne avait-elle eut ce geste envers elle, pas même son frère qui l’avait pourtant vu pleurer à maintes reprises durant leur jeunesse. L’albâtre était réellement le premier à chasser manuellement des larmes de son visage. Ce geste était si contraire au comportement qu’il avait avec elle en temps normal qu’elle s’y perdit un instant… Elle découvrait une nouvelle facette au mercenaire qui cachait habituellement tout ce qui pouvait l’atteindre. Naturellement, la cadette des Caranthir fut reconnaissante outre mesure qu’il affirme la croire, voire simplement du fait qu’il l’eu écoutée sans broncher. Il avait effectivement suivit son récit avec la tête sur son épaule, la laissant prendre de la distance au besoin. Savait-il seulement que ses agissements agissaient tel un baume sur ce cœur meurtri par une blessure si profonde qu’elle n’avait cessé de saigner depuis des semaines interminables? Elle lui murmura un :
«Merci.» sincère, provenant du fond de son cœur.

Sans crier gare, le guerrier l’enlaça fermement, attirant sa douce vers lui par la même occasion. Mishaila sursauta dès qu’elle sentit cette emprise sur son corps. Elle se raidit avant de relâcher ses muscles une fois la surprise passée. Elle sentit l’albâtre se perdre fiévreusement dans l’océan de ses cheveux d’encre. Elle n’osait faire le moindre mouvement, de peur qu’il se noie à tant la chercher alors qu’elle était juste là, dans ses bras. Elle ne voulait non plus lui faire perdre de ce qu’il chérissait présentement. Elle calma sa respiration avant d’aller porter délicatement ses mains sur celles d’Aelon qui la tenait clouée sur place. Elle planta toutefois de façon involontaire ses ongles dans sa chair lorsque les lèvres de l’elfe blanc allèrent à la rencontre de sa nuque. Elle pouvait sentir son cœur s’emballer dans sa poitrine et elle se demandait si sa cage thoracique allait exploser. Elle n’était pas en mesure de comprendre comment il pouvait toujours être aussi envoûté par elle après ce qu’il avait appris. Comme s’il pouvait lire dans ses pensées, il répondit immédiatement à sa question. Son attirance pour elle allait bien au-delà de simplement la trouver belle. Elle était irrésistible à ses yeux. À cet instant-même, la «princesse» était touchée autant qu’apeurée. Le voyageur révélait vouloir qu’elle soit sienne et que son corps s’unisse au sien. Cette déclaration eut pour effet de couper le souffle de Misha. Celle-ci était muette face à cela. Elle sourit, attendrie, quand il la qualifia de parfaite; c’était si loin d’être le cas. Cependant, cela lui faisait plaisir de savoir que c’était ainsi que son garde du corps diurne la percevait. D’un autre côté, même si celui que son cœur avait apparemment élu disait n’avoir aucune attente… elle savait qu’un homme avait toujours des attentes. Elle avait appris cette leçon à ses dépends. .. Par contre, elle n’était pas prête pour autant de le «quitter à jamais» tel qu’il le demandait uniquement parce qu’elle était incapable d’accepter son offre présentement. Où irait-elle de toute façon? Si elle ne suivait pas la caravane telle une sangsue, elle n’avait aucun endroit où aller et très peu de tactiques de survie.

Tout bas, elle s’adressa à lui :
«Je suis désolée… de te faire ça… quoique peut-être pas tant que ça, à vrai dire.» Elle eut un court rire, car il y avait bel et bien une partie d’elle qui était heureuse d’être appréciée aussi spécialement. Elle espérait que son interlocuteur détecterait cette nuance cachée.

Outre cela, l’élève ne savait comment répondre sur le vif de la situation. Elle n’était pas dans une position pour lui promettre quoi que ce soit. Son être n’était pas encore prêt à s’abandonner à l’inconnu. À chaque fois qu’elle se rapprochait du beau combattant, elle avait l’impression de se jeter à reculons dans un gouffre et ce, sans avoir la moindre idée de si on allait la rattraper avant qu’elle ne percute le fond et ne se brise en mille morceaux. D’un autre côté, elle pouvait encore moins le repousser. Elle ne voulait pas passer à côté de quelque chose qui changerait positivement sa vie. Il était encore trop tôt pour savoir si Aelon Cyredatear était vraiment le prince charmant, son corps étant la citadelle la protégeant de tous les dangers et ses lèvres lui faisant connaître toutes les merveilles que le monde pouvait offrir… Or, rien n’empêchait la demoiselle de rêver un peu. Elle suivit son chevalier de son regard ambré alors qu’il tournait en rond devant elle. Elle eut un pincement de culpabilité de le mettre ainsi alors qu’en réalité, elle ne cherchait aucunement à le priver de plaisir charnel. Elle détestait le mettre dans un tel état, car le malaise remportait sur le peu de plaisir qu’elle pouvait tirer du fait qu’elle lui plaisait énormément. Elle n’était pas dupe, elle l’avait senti trembler tellement il avait envie d’elle et le voilà qui devait s’éloigner puisqu’il était sans doute incapable de rester auprès d’elle plus longtemps sans avoir de récompense. L’elfe alla jusqu’à se demander si elle ne le rendait pas plus malheureux qu’autre chose. Elle se releva, quelque peu attristée par le spectacle, et fit un pas en direction de l’albâtre. Leurs regards se croisèrent; le temps s’arrêta à nouveau. Le proverbe populaire : «Les contraires s’attirent.» prit alors tout son sens à ce moment. Elle tomba amoureuse malgré elle, sans même en être consciente. Là où régnait la noirceur de sa chevelure, celle de son compagnon était blanche comme neige. Ses yeux de la couleur de l’argent contrastaient avec l’or des yeux typiques des Caranthir. Il était un guerrier qui bravait sa peur pour vivre alors qu’elle, elle était la princesse qui s’enveloppait de soie. Il était fort lorsqu’elle était faible.

Toutefois, la magie se brisa quand il fit d’elle sa prisonnière. Elle n’eut aucune chance de réagir qu’il était déjà devant elle, la plaquant contre son corps. Ses gestes rapides et passionnés eurent tôt fait de faire sombrer Mishaila dans la peur. Elle sentait la crainte l’envahir jusque dans sa moelle. Elle venait de plonger la tête première dans la panique. Elle tenta désespérément de reculer, de se défaire de cette étreinte trop étouffante pour elle : malheureusement, la chose était impossible. Elle ne faisait pas le poids contre quelqu’un qui gagnait sa vie avec sa force brute. Elle le frappa sur le torse avec ses frêles poings, se remettant à pleurer face à cette anxiété grandissante. Elle essayait de le repousser quand, au travers du voile de peur qui lui brouillait l’esprit, elle sentit le désespoir de son bourreau. Elle s’agrippa alors fermement après la cape de son agresseur, car c’était ainsi qu’elle vivait la chose, puis tenta de se convaincre que ça n’était qu’Aelon. Il y avait à peine une minute, elle songeait à le gracier de se contact… et il lui avait bien fait savoir qu’il tenait à elle, en quelque sorte. Elle s’accrocha donc à cette pensée, répétant le nom d’Aelon en boucle dans sa tête. Il n’était pas Caelean… il n’irait pas plus loin qu’un baiser, n’est-ce pas? La bourgeoise serra le col de la cape plus fortement, alors que le reste de son corps se détendit… bien qu’elle tremblait légèrement. Elle passait sa colère et son anxiété dans sa poigne. Elle s’accrochait à l’idée que ce serait bientôt terminé.

Puis, aussi vite qu’il s’en était pris à elle, l’albâtre la repoussa sans la ménager et s’éloigna. Il était enfin rassasié. Sa victime se laissa tomber au sol, molle comme une poupée de tissu. Elle ne sentait plus suffisamment de force dans ses jambes pour se tenir debout par elle-même. Elle jeta un coup d’œil à la silhouette masculine qui ne se tenait pas si loin d’elle avec une mine de dégoût et lui cria un :
«Salopard!» avant d’éclater en sanglots. Elle se foutait royalement de réveiller toute la forêt à pleurer si fort; il fallait que cette explosion d’émotion quitte son corps. Comment Aelon pouvait-il seulement lui imposer une telle horreur après ce qu’elle venait à peine de lui confier!? Lui qui disait ne pas comprendre comment on avait pu voler l’innocence d’une jeune femme comme elle, il venait pourtant de commettre un crime de la même nature.

«As-tu la moindre idée de ce que tu viens de me faire? Sais-tu comment je me sens maintenant!? Au moment où je commençais à croire que peut-être, juste peut-être, il y avait un homme qui pouvait me faire croire en l’amour à nouveau… où je pensais que je pouvais être bien dans les bras de quelqu’un… que je pouvais peut-être caresser le coin de la page, espérant la tourner doucement… Quand j’ai croisé ton regard, je me suis dit que…» Et elle poussa un soupire à fendre l’âme. Elle n’arrivait pas à croire ce qui venait de se passer. Elle devait se battre à nouveau contre ses sanglots… car si elle ne désirait pas arrêter ses larmes, ses hoquets de douleur émotionnelle pouvaient aisément l’empêcher de parler. «COMMENT AS-TU PU ME FAIRE ÇA, AELON CYREDATEAR!?» cria-t-elle au bout de ses poumons. «Comment as-tu pu me forcer à faire ça? Tu disais être prêt à attendre pour mon corps et mon âme… Tu as peut-être eu mon corps, mais tu as brisé mon âme par le fait-même.» Elle appuya ses propos en martelant sa poitrine de coups, signe de sa douleur. «Comment pouvais-tu me prendre de la sorte après ce que je viens de te raconter et ensuite me jeter comme une ordure? Tout ça pour satisfaire tes bas instincts… Suis-je vraiment juste cela pour un homme? N’ais-je vraiment aucune valeur autre que celle de me faire prendre quand bon vous semble pour ensuite qu’on me délaisse une fois que votre besogne est terminée? Si tu voulais un baiser, tu n’avais qu’à le demander! Je t’aurais laissé faire; tu n’avais pas à le voler…»

Sa gorge se serra à un point où elle ne put continuer de vider son lot sur l’elfe qui était sensé la protéger quand le ciel trônait haut dans le ciel. Sans réfléchir, elle trouva en elle la force de se lever, prendre le chaudron contenant le thé et le jeta au bout de ses bras. Elle ne broncha pas au son du chaudron qui percuta violemment le sol. Autant elle avait envie de frapper le mercenaire, autant elle n’était pas capable de se résoudre à lever la main sur lui… d’où le fait qu’elle s’était vengée sur le liquide-même qu’elle avait savouré dans ses bras quelques minutes auparavant. Elle regrettait presque de le lui avoir préparé avec autant de soin, d’avoir pris plaisir à ce qui allait la mener dans le sale état qu’elle était maintenant. Elle prit le fouet qui avait servi à brasser les feuilles et les fleurs, puis lui fit subir le même sort que le chaudron. Par après, elle donna un coup de pied à cette stupide couverture qui la narguait par terre. Dans son élan de rage, elle arracha la cape en fourrure de son frère qu’elle avait sur les épaules et la jeta au sol. Elle voulait crier au point de s’époumoner mais, plutôt, elle s’acharna sur l’arbre le plus près. Elle donna coup après coup à cette pauvre plante qui ne pouvait se mettre hors de sa route. Elle s’y adossa éventuellement et se laissa choir. Sa colère était moins grande, bien qu’encore présente. Les larmes, quant à elle, étaient toujours aussi fortes. Elle regarda distraitement ses mains recouvertes d’un peu de sang, l’écorce ayant fait un numéro sur sa peau laiteuse. D’une voix passionnée, elle s’adressa à nouveau à Aelon.

«Si tu veux réellement voir ton vœu devenir réalité… donne-moi une chance, Aelon. Penses-tu vraiment être le seul à souffrir et devoir se retenir? J’aimerais pouvoir me perdre dans tes bras et tes baisers, question de voir où ça nous mènerait… Ce que ça me ferait… Moi aussi, je voudrais aller plus loin! Je voudrais pouvoir te donner ce que tu veux… mais je ne peux pas! J’en suis présentement incapable… Peux-tu comprendre ça? Peu importe ce que ma tête dit, mon corps répond à une autre façon de penser… Je n’ai pas le contrôle là-dessus!» Elle se mordit la lèvre inférieure, car elle avait remarqué qu’elle avait laissé son ton monter. C’était réellement un miracle que le nain ne se soit pas réveillé avec le vacarme qu’elle avait mené. C’était presque à se demander comment Melchiam, bien que vampire, pouvait dormir au travers de cela lui aussi. Parlant plus bas, la belle continua son discours. «Vas-y par étape… Apprivoise-moi avec tes caresses dans mes cheveux; tiens-moi chaleureusement… Fais-en un peu plus à chaque fois, mais ne me vole pas un baiser comme tu viens de le faire! Ne me donne pas cette impression de n’avoir comme choix que de subir ce que tu veux… Car à ce rythme, je fais un pas de l’avant pour ensuite en reculer de deux.» Elle soupira longuement. Elle essayait sincèrement d’être calme, mais plus elle parlait, plus elle sentait la colère monter en elle à nouveau. Elle était outrée qu’il l’ait retenue contre son gré alors qu’il aurait aisément pu avoir ce qu’il venait de lui prendre. «Je vais prendre de l’air.» annonça-t-elle sans plus de cérémonie.

Mishaila se remit sur ses pieds au moment où la neige se mit à tomber sur la Clairière de l’espoir. Pourtant, elle ne prit pas la peine de ramasser la cape à son frère afin de se protéger du froid. Tout ce à quoi elle pensait pouvait facilement se résumer en un seul mot : fuir. Si le voyageur avait eu besoin de s’éloigner d’elle pour contrôler ses pulsions; elle, elle avait besoin de s’éloigner afin de laisser retomber la poussière de sa peine. Elle marchait d’un pas décidé puis, tranquillement, ses pas se transformèrent en course. Elle franchissait les mètres de plus en plus rapidement et ce, sans même se soucier de la direction qu’elle prenait. Elle cherchait à épuiser son corps dans l’espoir de chasser le mauvais souvenir de son esprit. Éventuellement, son pied s’enlisa dans une racine… or, le reste de son corps ne s’arrêta pas pour autant. La pauvre cria sous la douleur qui jaillissait de sa cheville, ainsi qu’à cause de la surprise provoquée par sa chute. Elle mit instinctivement ses mains devant elle dans le but d’amortir le choc. Cependant, malgré ses efforts, elle tomba la tête première par terre, se cognant le menton et sentant quelque chose de pointu lui lacérer le bras gauche du poignet jusqu’au coude. Ce ne fut qu’après ce long moment à encaisser le mal qui semblait lui venir de partout qu’elle tenta de se relever. Malheureusement pour elle, sa jambe lâcha rapidement sous le poids de son corps et, avec son bras blessé, elle percuta à nouveau le sol. Gémissant, elle craignait s’être foulé la cheville si loin de la caravane qu’on mettrait un moment à la localiser. Sans compter qu’avec la crise de nerfs qu’elle venait de faire subir à Aelon, celui-ci ne devait pas l’avoir suivie. Lui aussi devait être parti dans une autre direction ou, encore, il était en train de radoter à Korthar et Daelia à quel point son élève pouvait avoir un caractère de merde. Malgré cela, tout bas, doutant fortement qu’il soit dans les parages, la demoiselle murmura péniblement un :
«Je ne suis pas capable de me relever… Aelon…»


[HJ : Je suis désolée si ça ne concorde pas trop… je n’avais pas accès à Internet quand j’ai fait ce post.]
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MessageSujet: Re: Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ   Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ EmptyJeu 17 Mai 2012 - 20:51

Le mercenaire la sentit se tendre contre lui alors qu’il l’embrassait avec l’énergie du désespoir. Dans son esprit, elle devait s’abandonner dans ses bras, lui rendre son baiser et ensuite il la lâcherait. Cependant, ce ne fut pas le cas, car il la sentit lutter contre lui. Pourtant, un baiser, c’était d’une innocence enfantine, alors pourquoi se débattait-elle? Elle finit par rendre les armes, et s’agrippa à sa cape, non pas par passion, mais comme pour essayer de se calmer. Avec une proximité telle, il pouvait sentir le moindre des spasmes dans son corps, et il sut clairement que quelque chose n’allait pas, même s’il ne comprenait pas pourquoi. Lorsqu’elle se détendit un tant soit peu, il l’avait repoussée, mais pour se brider lui-même contre sa folie et son envie. La réaction de la jeune elfe eut l’effet d’une bombe sur l’albâtre. Elle l’injuria, et éclata en sanglots pour une raison qu’il ignorait. Pantois, il oublia tout du bain froid et de son désir…Il était littéralement refroidi maintenant. Non mais, qu’est-ce qu’il lui prenait? Comment faire ça, mais faire quoi, il l’avait embrassé dans un geste désespéré de lui montrer sa passion pour elle, et la pauvre petite sotte prenait ça comme un affront? *Quelle teigne!* songea-t-il alors qu’il ravalait la réplique qui lui montait au lèvres, comme quoi il n’avait même pas eut son corps encore et que si elle réagissait comme ça à tous les coups, elle pourrait bien devenir la seule à le vouloir. Mais quel caractère de merde, c’était vraiment une Caranthir celle-là! Même si normalement, le mercenaire ne pouvait pas supporter de voir une femme pleurer, en ce moment présent, il l’aurait bien giflée pour lui remettre les idées en place, comme quoi il n’était pas un pervers de première, qu’il n’était pas pour la violer, et que de toute manière, s’il avait voulu assouvir ses bas instincts, là il l’aurait réellement forcé.

La différence de mentalité entre le féminin et le masculin faisait présentement rage dans la clairière. Un geste qui était innoncent pour un était l’équivalent d’un dragon déboulant sur leur tête pour l’autre. Alors qu’elle s’en prenait à l’ensemble vaisselle pour se calmer, la voix profonde et sourde du mercenaire monta parmi les arbres. Les élans de diva, il était pour les lui couper une fois pour toute! La rage se faisait sentir dans les impulsions alors qu’il découpait ses mots aussi nettement qu’une lame dans la chair.

- Non mais ça suffit maintenant la princesse. Tu vas arrêté de chialer pour si peu! Je t’ai embrassé, je t’ai même pas touché encore, et tu me fais une crise? Tu es peut-être une foutue sainte-nitouche, mais quand même, c’était complètement innocent ce baiser! Et pour ce qui est de mes bas instincts comme tu l’appelle, t’inquiètes pas, si j’avais voulu vraiment les satisfaire, tu n’aurais plus grand-chose sur le dos au moment où je te parles… Je ne voulais pas me satisfaire, loin de là, pauvre sotte! Poussant un long soupir, il laissa la colère le quitter, et tenta de se montrer un peu plus raisonnable, et explicatif. Commençant à faire les cents pas alors qu’elle s’échouait sur un arbre tout près, il tenta de se repentir.

- Misha…les hommes ne fonctionnent pas comme les femmes, je ne voulais pas…Je ne suis pas bon avec les mots, ça tu le sais très bien…Je préfère de loin y aller par les gestes, et je…m’enfin…c’est fait…

Il s’en allait ajouter quelque chose à sa rhétorique, mais la princesse changea discours, les larmes coulant toujours à flots sur ses joues crémeuses. Vraiment, plus elle tentait d’expliquer ce qu’elle était, et moins le mercenaire la comprenait. Lui qui avait dit que les humaines étaient complexes n’avait probablement jamais rencontrer une elfe…Elle le voulait, il la voulait, où était le problème? C’était un fait qu’elle avait été traumatisée par ce connard; dont Aelon aurait bien voulu lui toucher deux mots à ce propos, mais il était près à y aller par étapes. C’était juste que les étapes n’étaient pas les même pour un et pour l’autre. Ce massant une tempe. L’albâtre déclara forfait mentalement; il tenait trop à elle pour lui imposer quoi que se soit, et c’était le fait de se sentir contrainte qui l’effrayait tant. Il fallait dire qu’il n’était pas une fine lame au niveau de la subtilité et des frasques amoureuses; le mercenaire n’avait jamais vraiment eut à travailler pour avoir une femme couchée à ses côtés dans son lit, car si elle refusait, il passait instantanément à une autre. Mais avec Mishaila, c’était différent. Il ne voulait qu’elle, et les autres femmes qui pourraient lui passer entre les doigts, besoin naturel oblige, ne seraient là que pour assouvir ses bas instincts. Non pas qu’il voulait être infidèle, loin de là, mais il n’était pas en bois, et il n’attendrait pas ad vitam eternam qu’elle se décide à écarter les cuisses… Secouant la tête pour chasser de son esprit la pensée de l’infidélité; il était bien abstinent depuis qu’elle avait rejoint le groupe, il pourrait bien attendre encore un peu, il la regarda s’en aller, sans cape, sans armes, alors qu’une fine neige commençait à se dessiner dans l’air. L’elfe lui tourna le dos, et marcha directement vers l’attelage qui, stoïque, regardait droit devant lui. Il attrapa Korthar par une corne, avant d’enfouir son visage dans l’épaisse fourrure de son bovidé et de hurler à pleins poumons qu’elle l’énervait.

Pendant plusieurs minutes, il ne fit que gueuler dans le pelage de la bête, qui, durant les premières secondes, avait regardé son maître, interloqué de sentir vibrer ainsi son poil. Puis, il avait recommencé à brouter comme si rien n’était alors que l’elfe continuait de vider son trop plein de rage dans les côtes du bœuf. À bout de souffle, et beaucoup plus calme, le mercenaire se laissa choir pendant encore un instant par terre, à profiter du silence. Cette quiétude qui n’était présente que lorsque les deux elfes étaient en des endroits différents, car Aelon était un vrai maniaque des crises de nerfs de la jeune femme, qui semblait se donner à cœur joie satisfaction au mercenaire. Les engueulades étaient probablement leur principal moyen de communication en présence d’autrui. Le mercenaire regarda ensuite le ciel qui s’était assombri, et les flocons qui amorçaient leur descente sinueuse vers la terre gelée.

Lui vint soudainement à l’esprit que la jeune fille était partie sans cape, sans arme, et que probablement que Melchiam était pour l’écouiller si elle n’était pas présente lorsqu’il se réveillerait. Et comme le mercenaire tenait à tous ses morceaux, principalement ceux-là, il se releva en mentionnant encore que la princesse l’énervait royalement. Attrapant la cape de la jeune femme, il remarqua rapidement la piste qu’elle avait laissé… Un autre point qu’elle devrait apprendre; comment disparaître sans laisser de traces… Il marcha pendant quelques minutes et finit soudainement par l’apercevoir un peu plus loin, ayant été la victime d’une vilaine racine qui voulait sa mort. Il s’approcha à pas de loup, alors qu’il l’entendit gémir son nom. Son sourire habituel se dessina sur son visage, et l’albâtre s’appuya sur l’arbre qui avait tenté d’assassiner son adorée.

- Tu t’amuses bien à te rouler dans la terre, t’aurais pu m’inviter, je suis sur que c’est une activité des plus amusante à faire à deux ironisa-t-il alors qu’elle posait les yeux sur lui. C’est à ce moment qu’il remarqua l’entaille qui avait osée marbrer son grain de peau. L’elfe s’approcha et attrapa son bras pour l’examiner de plus près. L’estafilade était certes longue, mais elle n’était pas si profonde que cela; c’était le genre de blessure qui étaient douloureuse, qui saignaient beaucoup, mais qui guérissait très bien sans laisser de marque, à condition de bien la traiter. Levant son regard acier vers l’ambre que constituait le sien, il fit une moue pour lui signifier qu’il n’y avait rien de grave. « Tu es blessée à autre part? » demanda-t-il, n’ayant pas été témoin de la magnifique chute qui lui aurait valu certainement un score parfait. Lorsqu’elle mentionna sa cheville, le mercenaire eut un soupir, et comme si de rien n’était, il l’emmitoufla dans sa cape puis passa un bras sous les siens, et l’autre sous ses jambes, pour la soulever de terre. « Passe ton bras autour de mon cou, ça va être plus confortable pour toi et pour moi »

L’albâtre se mit ensuite en route, faisant bien attention pour ne pas subir la même mésaventure que sa compagne. Sa démarche claudicante ne trahissait en rien l’effort ou la fatigue qu’il aurait pu subir, ainsi surchargé par un autre corps. Il la ramena au camp de base en peu de temps, et la plaça sur la couverture de cuir, lui intimant de ne pas bouger alors qu’il grimpait dans la caravane. Étonnamment, le nain ne s’était pas réveillé, et le mercenaire songea pendant un instant à vérifier sa respiration, de peur qu’il se soit noyé dans l’alcool. C’est alors qu’un rugissement jailli de la gorge de la table de chevet, lui assurant que le nain était bel et bien vivant, juste extrêmement sonné par l’alcool, et bien ronflant. Le royaume de Melchiam était tout aussi immobile, et aucun son ne semblait en provenir. Rassuré, le mercenaire se pencha sous la petite table et attrapa plusieurs longueurs de bandage, ainsi que du petit bois pour faire une attelle en cas de besoin et une outre d’eau. Revenant auprès de son élève, il prit place à ses côtés avec toute la grâce dont il était capable; ce qui n’était pas beaucoup vu sa souplesse légendaire. Il tendit la main pour qu’elle lui confie son bras gauche, et examina la plaie plus en détail. Il nettoya le tout délicatement, en la toisant du regard à chaque fois qu’elle faisait une plainte. Vraiment, il n’avait pas envie de l’entendre geindre pour son bras; elle aurait bien assez mal lorsqu’il s’occuperait de sa cheville endomagée. Il banda ensuite son bras avec une bonne longueur de tissus, et se déclara ensuite satisfait de son travail, et s’approcha de la jambe. Le plus lentement possible, il tira sur la botte pour la lui enlever, et ce malgré les plaintes de la jeune femme; il ne pourrait pas examiner convenablement sa cheville si elle était chaussée. Lorsque l’écrin de cuir fut retiré, il donna un temps de repos pour qu’elle reprenne ses esprits. Pendant ce temps, l’elfe se plaça pour que les deux soit plus à l’aise. Il prit place en tailleur à ses pieds, la cheville de la jeune femme reposant sur les siennes, et les pans de sa cape protégeant la chair exposée au froid. Après quelques minutes, il s’excusa et posa les mains sur le membre en question, le faisant lentement pivoter pour vérifier qu’il n’était pas fracturé. Du mieux qu’il put, il tenta de l’apaiser par des paroles, mais il avait un travaille à faire, et plus il trainait, plus elle souffrirait longtemps. Cela n’était pas le désir d’Aelon, et il essayait de réparer les dégâts le plus rapidement possible, tout en ne la brusquant pas trop; elle n’avait pas la même résistance physique qu’un mâle après tout! Heureusement, ce n’était qu’une foulure, et le mercenaire eut tôt fait de lui faire une attelle et de lui bander fermement sa luxation.

Se sentant soudainement aventurier, malgré les réticences de sa compagne; il n’était pas très rapide à comprendre par moment, il posa délicatement les lèvres sur le dessus du bandage, et lui caressa amoureusement le tibia, avant de se détacher d’elle, un air de défi au visage. Il rabattit les pans de la cape de Mishaila sur son pied, pour ne pas que ses orteils prennent froid, et s’installa paresseusement à sa droite, légèrement trop loin pour que leur corps ne se touche. Il se coucha sur le dos, les bras croisés sous sa nuque, et fixa le ciel un instant, avant de déclarer d’une voix blanche.

- À partir de maintenant, je ne te touche plus, si tu veux quelques chose, il faudra me le demander, ou me le faire. Ce n’est pas à moi te t’apprivoiser, mais bien à toi de le faire, alors si tu veux un baiser, ou une caresse, tu viendras la chercher comme une grande fille!

Son habituel rictus apparut sur ses lèvres, et il ferma les yeux un instant…Puis il se rappela qu’il faisait froid à l’extérieur, et se leva pour aller mettre une buche de plus dans le feu, histoire que leur principale source de chaleur ne s’éteigne pas. Alors qu’il picorait les tisons avec une autre branche, il soupira en se disant qu’il était pour faire disette pendant très longtemps, regrettant soudainement de l’avoir mis au défi. Le mercenaire afficha alors une moue renfrognée, et jeta un œil vers la caravane, pour s’assurer que tout était en ordre au niveau des animaux et du matériel. Il s’adonna mentalement pendant quelques secondes au fantasme d’entendre la voix de Mishaila le réclamer à ses côtés, et de sentir ses mains sur lui. Il pourrait ensuite la renverser sur lui; lui donnant ainsi plus de liberté et de contrôle, et s’abreuverait d’elle jusqu’à plus de soif.

Revenant à la réalité, il secoua la tête pour chasser de son esprit ses bas instincts qui faisait littéralement des dommages à ses convictions, et surtout à son orgueil de lui concéder une victoire aussi facile. Jugeant que le feu était suffisamment entretenu, il revint s’étendre sur la couverture, s’enquérant d’abord de l’état global de la jeune femme. Ses bras retrouvèrent leur position naturelle lorsqu’il était étendu; soit sous sa nuque, lui servant par le fait même d’oreiller. Il admira pendant un instant la beauté de l’elfe assise à sa droite, mais détourna le regard aussitôt, ne voulant pas qu’elle lise l’affection qu’il avait pour elle dans l’argent de ses yeux, mais il garda son petit rictus supérieur sur les lèvres, sachant très bien que tôt ou tard, il finirait par tomber sur les nerfs de la diva.

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MessageSujet: Re: Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ   Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ EmptyDim 27 Mai 2012 - 19:27

Dès qu’une chose se mettait à mal aller, on croirait que le reste de l’univers décidait de s’y mettre aussi. Un malheur ne venait jamais seul; il aimait la compagnie. À peine Mishaila avait-elle décidé de s’éloigner suite à sa dispute avec Aelon, car on ne pouvait décrire autrement l’activité qu’était de s’époumoner à crier des bêtises à l’autre, qu’elle se retrouvait par terre. Son côté gauche et son menton étaient paralysés sur place, l’empêchant de se remettre sur pieds. Le sang qui coulait de sa peau entaillée ne faisait en rien pour éloigner sa sensation d’être damnée par les dieux. Son initiative de faire évaporer cette colère qui bouillait en elle avait lamentablement échoué. À la place de cette frustration, la peur irraisonnable de mourir ensevelie sous la neige s’immisçait dans ses veines. Elle qui admirait habituellement l’œuvre de Mère Nature ne voyait plus la magie de ces flocons qui dansaient éperdument en direction du sol. Perdue et ne sachant faire mieux, elle murmura le nom de l’albâtre, se convaincant que c’était sans doute en vain… jusqu’à ce que le son de sa voix se rende jusqu’à ses oreilles. Évidemment, le mercenaire ne se gênait aucunement pour se moquer d’elle. La blessée lui jeta un regard meurtrier qui voulait tout dire : elle ne trouvait pas la situation comique, voire que ça n’était pas drôle du tout comme blague. Elle était en train de se vider de son sang par terre, pour ne pas mentionner qu’elle s’était mise à grelotter de froid, et tout ce qu’il trouvait à dire était que c’était mieux de se rouler par terre à deux? Oh, si elle avait pu, elle lui aurait asséné un coup de pied afin de le faire tomber au sol, question qu’il se joigne à elle.

N’étant toujours pas plus calme que lorsqu’elle avait quitté le campement, elle n’accepta pas l’aide du voyageur avec grande joie. En fait, elle le regarda farouchement alors qu’il examinait son bras. Maintenant, il se rendait compte qu’elle n’était pas en train de s’amuser avec la racine d’un arbre? Elle fronçât le nez en guise de réponse à la moue de son sauveur qui semblait vouloir lui indiquer qu’elle ne mourrait pas aujourd’hui, que la blessure n’était pas aussi grave qu’elle ne le paraissait. Bien qu’elle demandait aux divinités de le bénir d’être là, elle lui tenait encore rancune pour ses propos. Il avait bien tenté de se rattraper, mais le mal était fait. Elle le voyait s’occuper d’elle, mais elle ne pouvait faire autrement qu’imaginer tout ce qu’il pouvait se dire mentalement. Il devait la trouver idiote d’être partie de la sorte, énervante de lui crier dessus alors qu’il ne voyait pas de mal dans ses actions, exaspérante de se venger sur la vaisselle, maladroite de ne pas être capable d’aller se balader sans se fouler une cheville. Elle était persuadée qu’il était venu à sa rescousse uniquement par obligation, car elle avait un vampire pour frère. Si ça n’était pas de son aîné, Aelon l’aurait sans doute abandonnée sur le bord de la route il y a longtemps et ce, peu importe l’attirance qu’elle pouvait causer chez lui.


«Je crois m’être foulée la cheville… elle me fait affreusement mal,» marmonna-t-elle pour répondre à la question de son aide-soignant. Elle se renfrogna naturellement quand elle l’aperçut soupirer. Encore une fois, il devait la prendre pour un cas sans espoir; elle en était aussi certaine qu’elle avait les cheveux noirs. Non, mais ça ne lui était jamais arrivé de faire un vol plané et d’être interrompu dans sa trajectoire? Ça n’était pas comme si elle avait fait exprès de rendre sa jambe gauche totalement inutile. Elle conserva sa mauvaise mine quand il l’enveloppa de sa cape ou, plutôt, celle de Melchiam empruntée pour l’occasion. Toutefois, elle sursauta légèrement lorsqu’il la prit dans ses bras pour la ramener au bercail. Mal à l’aise et toujours en colère, elle alla porter malgré elle ses bras autour du cou de son compagnon de jour. C’était un mal nécessaire, il fallait croire. Une partie d’elle finit cependant par aimer ça, princesse qu’elle était. Oh, elle culpabilisait un peu de le sentir travailler si fort pour la porter dans ses bras… mais quelle femme n’aimait pas se faire lever de terre par un vaillant guerrier aux airs tout aussi charmants qu’inatteignables?

Une fois de retour près du feu, l’albâtre la déposa sur leur couverture, lui sommant de ne pas bouger. Comme si elle était en mesure de le faire? Avait-il déjà oublié qu’il l’avait tenu dans ses bras jusqu’ici parce qu’elle était incapable de se tenir debout? Il fallait bien un homme pour poser des questions inutiles lorsque la réponse était pourtant évidente. Elle cessa de le suivre du regard lorsqu’il retourna chercher le nécessaire pour la soigner dans la caravane. Pendant qu’elle patientait, elle médita quant au fait qu’Aelon s’occupait bien d’elle… que ce soit forcé ou pas… mais il l’avait quand même traité de sotte, de sainte nitouche et le qualificatif de princesse n’avait pas été utilisé avec une arrière pensée particulièrement positive. Elle accrochait royalement sur son «si j’avais voulu les satisfaire, tu n’aurais plus grand chose sur le dos au moment où je te parle.» Elle était consciente qu’il l’avait dit pour se défendre, ainsi que pour lui faire comprendre que s’il avait eut de louches intentions, il aurait pu les mener à bout… mais ça n’était pas le cas. Par contre, elle était tiraillée entre ça et ses excuses. Avec le passé qu’elle traînait lourdement sur ses épaules, c’était le genre de propos qui la blessait et qu’elle avait de la difficulté à essuyer. Ils lui donnaient l’impression que son prince charmant ne prenait pas au sérieux ce qu’elle avait vécu ou, encore, qu’il ne comprenait pas ce que ça l’impliquait chez une victime. Elle était tiraillée entre ces conclusions et les excuses du mercenaire… si ses explications pouvaient servir d’excuses. La belle aux yeux dorés observa un flocon descendre et de rendit finalement du côté du point de vue d’Aelon. Aussi déplaisant qu’il était dans sa façon de le dire, il n’avait pas tord que s’il voulait quelque chosse d’elle, il n’avait pas forcément besoin de son accord pour l’avoir. S’il était un homme malintentionné, ses mauvaises intentions seraient déjà faites puisque Misha ne faisait pas le poids contre lui.

Elle tourna la tête en direction de l’elfe quand elle entendit le bruit de ses pas revenir vers elle. Néanmoins, il n’était pas question qu’elle lui glisse un mot comme quoi elle avait enfin compris ce qu’il voulait dire et pourquoi il avait agit comme il l’avait fait. Elle était bien trop fière pour l’admettre.
«Ah, mais fait attention!» cria-t-elle aussitôt qu’il mit la main sur son bras. «Aïe, ça fait ma… aaah!» continua-t-elle. Ce fut une suite de gémissements et de plaintes de la part de la blessée. Dès qu’il y avait contact sur sa peau, elle laissait échapper quelque chose. Inlassablement, à chaque fois, son soignant lui lançait des regards visant à la faire taire pour qu’il puisse effectuer sa besogne en paix. La jeune Caranthir pleurnicha de plus belle lorsqu’il arriva à son pied. La douleur provoquée par l’action de lui enlever sa botte était difficilement endurable. Si c’était aussi pénible d’enlever une botte, elle n’avait pas hâte à la suite. Elle savait que trop bien qu’il ne la laisserait pas simplement se balader pied nu. Il allait y avoir une suite à cette torture. Ce fut le paradis sur terre quand il lui donna un instant pour qu’elle se prépare mentalement à ce qui allait inévitablement arriver.

Son corps se crispa lorsque l’albâtre s’excusa et elle ne perdit pas une fraction de seconde pour se mettre à crier… peu lui importait qu’il ne la touchait pas encore.
«Plainte préemptive, tu vois?» se justifia-t-elle alors qu’elle se mit à respirer plus rapidement. Elle ne voulait pas vivre la mise des bandages, mais elle n’avait pas le choix de passer par cette étape. Elle se mordit l’intérieur des joues et serra la couverture de cuir avec autant de force qu’elle pouvait alors qu’il tournait sa cheville dans tous les sens : quel tortionnaire! Il avait beau dire ce qu’il voulait pour la réconforter, ça ne changeait rien au fait que sa souffrance était immesurable. Toute l’affection qu’elle pouvait avoir pour lui s’était sauvée en un clin d’œil. Elle avait sincèrement l’impression qu’il prenait une éternité pour lui faire une attelle.

Mishaila lui jeta un regard courroucé, pour ne pas dire outré, alors qu’il embrassait ses bandages et passait la main sur le tibia de sa patiente. Mais il pensait qu’il était en train de faire quoi!? Elle gigota son genou comme riposte à sa témérité. N’avait-il aucune mémoire ou quoi? Malheureusement, sa cheville lui fit regretter tout de suite de s’être rebellé face à la mise au défi du mercenaire. Si ça se trouvait, il avait fait exprès! Elle laissa échapper un : «Hmph» et tourna la tête dans la direction opposée. Elle n’allait pas lui donner la satisfaction de faire un cas de son culot, encore moins du fait qu’il s’allongea si près d’elle. Il n’était pas question qu’elle lui donne ce qu’il voulait; elle se faisait avoir trop souvent à ce jeu-là… pour ne pas dire qu’elle tombait dans le panneau de façon quotidienne.

La bourgeoise se mit à respirer du nez, comme à chaque fois qu’elle était irritée par son beau. Ce fut précisément à cet instant que celui-ci lui annonça qu’elle devrait désormais aller chercher ses caresses comme une grande fille. Elle se tourna vivement vers lui; elle voyait rouge. Pardon? C’était elle qui devait l’apprivoiser? N’importe quoi! Elle le dévisagea sans gêne pendant qu’il était retourné s’occuper du feu. Pour qui se prenait-il? C’était lui qui la désirait et qui n’arrivait pas à se retenir. Non, mais si ça se trouvait, il allait craquer avant même qu’elle n’ait à lever le petit doigt. Depuis qu’ils se connaissaient, il ne s’était pas passé une journée sans qu’il ne tente de mettre la main dans son dos, de lui caresser le bras, de sentir ses cheveux, et ainsi de suite. Oh, il ne devrait pas la sous-estimer. Elle était peut-être faible physiquement, mais il ne fallait pas questionner sa volonté. Par maintenant, il devrait savoir qu’elle était probablement la pire tête de mule que quiconque avait le malheur de croiser dans sa vie.

Elle lui rendit sa mine moqueuse qu’il avait si souvent quand il revint, voire qu’elle le regardait avec un air victorieux.
«Je vais très bien, ne t’inquiète pas pour moi.» chantonna-t-elle comme réponse. Elle haussa ensuite un sourcil, souriant davantage : elle l’avait aperçu la mâter rapidement. Il ne faisait aucun doute que ça le travaillait déjà. Malheureusement pour Aelon, il était trop tard. Sa compagne savait que son rictus moqueur n’était qu’une façade. Il essayait de la provoquer, c’était clair comme l’eau de la rivière qui coulait non loin de là. Un plan machiavélique naquit dans l’esprit de la belle. Elle s’accota sur ses coudes, mi-couchée, puis susurra sensuellement un : «Aelon…» Elle s’approcha encore un peu du visage de l’albâtre, le voyant bien se relever et se perdre dans les yeux ambrés et enflammés de son adorée. Vive comme l’éclair, cette dernière profita du moment durant lequel il baissa sa garde pour lui asséner une violente tape sur le ventre. Elle venait de littéralement lui couper le souffle.

«Oh, mais ne me fait pas cette tronche… tu m’as dis que si je voulais quelque chose, je devais te le faire. Je n’ai que suivit ton conseil,» expliqua-t-elle avec un ton angélique et un air innocent trônant sur son visage. Ça n’était pas de sa faute s’il n’avait pas précisé ce que sa clause n’incluait pas. Il n’avait aucunement été mention qu’elle ne pouvait pas le frapper.

Mishaila lui sourit telle une enfant qui venait de faire un mauvais coup et qui en était fière. Elle savait qu’il ne pouvait la réprimander, sans compter qu’il l’avait un peu cherché. Par la suite, elle s’étira félinement et alla déposer sa tête sur le torse d’Aelon, riant intérieurement. Pour une fois que c’était elle qui gagnait à ce jeu, elle avait bien l’intention d’en profiter. Machinalement, elle pinça un pli du chandail de son oreiller organique, tira dessus, puis le relâcha. Elle recommença ce manège en boucle, se perdant dans le dédale de ses pensées. Elle se laissa bercer par la respiration du mercenaire, car elle savait qu’il n’était pas pour la repousser, sans quoi il ne l’aurait pas invitée à faire les premiers pas pour commencer. La demoiselle aurait presque aimé être étendue de l’autre côté pour entendre le cœur de son beau battre. Détendue, elle se demandait si c’était ça l’insouciance… soit de se concentrer sur les petits plaisirs de la vie, sans chercher à savoir ni pourquoi, ni comment.

Elle fut soudainement tentée de tester la philosophie de son gardien diurne, car elle repensait à la façon dont il qualifiait son baiser passionné d’innocent. La princesse d’ébène se mordit la lèvre inférieure, cherchant à amasser un peu de courage. Elle eut quelque peu de difficulté à avaler sa salive, elle qui se préparait à faire ses premières avances. Elle n’avait pas autant de confiance que son partenaire sur ce point; ce n’était pas quelque chose qui lui venait naturellement encore. À chaque fois, elle se demandait comment procéder ou se surprenait à réagir instinctivement. Elle se sentit aussi prête qu’elle ne le serait jamais au bout d’une minute qui lui sembla être une éternité. Mishaila fit marcher son index et son majeur du bas-ventre d’Aelon jusqu’à sa clavicule. Elle ne lui laissa aucunement le temps de réagir ou de faire un commentaire quelconque. Délicatement, elle alla déposer ses lèvres sur celles de son amant. Elle ferma les yeux, savourant le frisson qui venait de la parcourir de la tête aux pieds. La bourgeoise recula à peine de quelques millimètres, le temps d’esquisser un sourire, avant de s’y remettre avec plus de passion. Elle y prit goût en l’espace d’un battement de cœur et se laissa aller, réagissant à tous les faits et gestes de l’albâtre. Elle n’irait peut-être pas jusqu’au bout avec lui aujourd’hui, mais rien ne l’empêchait de se délecter un peu de sa bouche. La blessée alla porter sa main indemne sur la mâchoire de l’elfe, l’embrassant avec plus d’ardeur. Elle lui caressa la joue de son pouce, puis sa main se plaça sur sa nuque, l’incitant à se pencher davantage vers elle tout autant qu’elle lui sommait de ne pas rompre cet échange. Elle se surprit à ouvrir sa bouche afin de laisser leurs langues s’entremêler. Elle ne contrôlait plus son corps ou, plutôt, elle le laissait la guider. Tout lui venait si naturellement… Elle ne se préoccupait plus du reste : la neige, la caravane, sa cheville…


«Aïe! Mais merde!» cria-t-elle, brisant la magie du moment avant même d’être rendue à la fin. Immédiatement, elle se recroquevilla sur elle-même. Elle se tourna sur le dos et alla porter ses mains à son tibia. Elle ne pensait plus à sa cheville foulée tant elle avait voulu que ses courbes épousent les muscles du mercenaire. Elle avait plié sa jambe gauche et mis du poids afin de se rapprocher davantage de son amant. Maintenant, elle pleurnichait tout en maudissant son idiotie. Comment avait-elle pu être aussi bête? Sans piper mot et toute penaude, elle retourna reposer sa tête sur le torse d’Aelon. Elle essuyait ses larmes sur les vêtements de ce dernier. La princesse attitrée de la caravane se remit à tirer sur un pli… cette simple action l’aidait à penser à autre chose que sa cheville qui la tiraillait. Au bout de quelques instants, elle demanda sérieusement au voyageur : «Que vas-tu faire si je prends trop de temps avant d’être prête à… te laisser butiner?» Ce n’était peut-être pas très mature comme façon de qualifier l’acte, mais il était hors de question qu’elle soit crue dans son discours. Elle passa ensuite un doigt sur son menton qui avait également passé un mauvais quart d’heure un peu plus tôt avant d’ajouter vivement : «Oublie ce que je t’ai demandé, je ne veux pas savoir.»

Évidemment, Misha n’osait pas regarder son compagnon… Elle savait instinctivement qu’il devait avoir son éternel sourire moqueur, surtout à l’idée que sa belle se questionnait soudainement sur la chose. En même temps, celle-ci se posait réellement la question. Il l’avait dit lui-même qu’elle était prude. Il la trouvait peut-être de son goût, mais elle n’était certainement pas la seule beauté d’Ephaëlya. Il était aussi improbable qu’elle demeure son seul choix éternellement. Il pouvait croiser une autre femme à n’importe quel moment et décider qu’elle était mieux pour lui que l’elfe qui s’appuyait présentement sur son torse. La cadette des Caranthir ne voulait pas le perdre… encore moins le partager. Maintenant qu’elle avait goûté au délice qu’était Aelon Cyredatear, elle voulait le garder pour elle seule. Par contre, elle n’était pas prête à passer à l’acte, son viol étant encore trop frais dans sa mémoire. En même temps, blottie contre lui, sentant son odeur masculine et distincte, elle ne pouvait faire autrement qu’être bien…
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MessageSujet: Re: Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ   Étude du combat - Tome 1 - TERMINÉ EmptyLun 28 Mai 2012 - 21:24

Couché près de la jeune femme, les yeux mi-clos, profitant de la chaleur qui émanait du feu, et de celle, plus subtil, du corps féminin très près du sien, le mercenaire gardait en permanence son rictus moquer, alors que celle-ci semblait en proie à un dilemme des plus philosophique; soit se lancer à l’eau ou non. Tout à coup, il entendit son nom, prononcé avec une sensualité qui équivalait à bien des femmes qu’il avait mené dans son lit. Ouvrant les yeux, il ouvrit grand les yeux lorsqu’il aperçut la belle penchée sur lui. Son sourire s’étira, et il se releva pour aller à la rencontre de ses lèvres pulpeuses, qui, selon lui, ne demandaient qu’à être embrassées. Il osa fermer les yeux alors qu’ils étaient si près l’un de l’autre, qu’elle lui asséna une claque retentissante sur les abdominaux. Ayant baissé sa garde; il n’avait pas vraiment besoin d’être sur la défensive en ce moment même, il eut le souffle coupé, et roula sur son flanc pour récupérer une respiration plus normale. Lorsqu’il revint sur le dos, il lui jeta un regard malicieux, mais il se ravisa lorsqu’elle lui expliqua qu’elle n’avait suivi que son conseil. Ce qui n’était pas faux; c’était à lui d’inclure la clause dans ses dires. En bon joueur, il lui concéda la victoire en un roulement des yeux. « C’est bon, tu as gagné cette manche, mais attention, ma vengeance sera terrible! » plaisanta-t-il, alors qu’il résistait à l’envie de la chatouiller à mort; elle était blessée après tout. L’elfe finit par glousser devant l’air enfantin de la jeune femme. Il finit par se recoucher sur le dos, alors qu’elle s’étirait de tout son long; tout en faisant bien gaffe à sa cheville, et à sa grande surprise, elle vint se mouler à son corps, la tête appuyé du côté droit de son torse. Il déplaça l’un de ses bras qui était niché dans sa nuque, pour lui enrouler autour des épaules, histoire qu’elle soit plus confortable.

Ils restèrent muet un bon moment; Mishaila pinçait son pourpoint inconsciemment, probablement perdue dans ses pensées, alors que l’albâtre commençait à somnoler lentement, glissant vers son état méditatif habituel. Il faut dire que le corps chaud d’une femme contre le sien, avec cet état de relaxation, le menait toujours invariablement vers cet état de veille. Sa respiration s’était approfondie, et il voguait sur la limite entre le conscient et l’état de rêve, alors que des doigts qui parcourait son torse, le ramenant du côté du réel. Il ouvrit un œil argent alors que la main de la jeune femme glissait sur sa clavicule gauche, et avant même qu’il eut le temps de bouger, des lèvres fraîches se posèrent sur les siennes, en un baiser chaste, mais bien présent. Il dura à peine quelques secondes, et le mercenaire se fit violence pour laisser la jeune femme mener à bien sa petite expérience. Après tout, elle connaissait ses propres limites, tandis que le mercenaire était beaucoup plus dégourdi. Ainsi, elle le mènerait jusqu’à l’étape où elle se sentait confortable, et Aelon pourrait ensuite en déduire jusqu’où il pouvait aller avec elle. Un soupir quitta ses lèvres fines en même temps que celles de Mishaila, plus pleines, plus tentatrices, se retiraient. Il n’eut pas à mentionner qu’il en voulait plus, que déjà, elle reprenait son assaut, visiblement plus cavalière qu’au premier baiser.

Les bras du mercenaire se refermèrent sur elle, sa main droite restant au niveau de ses épaules, tandis que la gauche, plus baladeuse, allait se perdre dans le creux de ses reins, alors qu’il résistait à l’envie de la ramener sur lui pour qu’elle le chevauche. *Bon sang, ce qu’elle à la peau douce* songea-t-il alors qu’elle lui caressait la mâchoire lentement, le menant à vouloir approfondir ce baiser; qui n’était plus très chaste, mais qui était en état de le devenir encore moins. Alors qu’elle lui enlaçait le cou, il se retourna et s’appuya sur ses avant-bras, l’avant de son corps se plaquant contre sa poitrine qui le faisait tant rêver. Aelon lui lécha la lèvre inférieure, lui quémandant un accès qu’il espérait avoir, mais qui était un peu inenvisageable. À sa grande surprise, elle ouvrit la bouche, et c’est avec un gémissement de plaisir qu’il s’y engagea, rencontrant la langue de sa compagne. Prenant un appui plus sérieux sur son avant-bras droit, sa main alla se perdre dans les méandres ébène de sa chevelure. *Mais c’est qu’elle se débride vite* constata-t-il alors qu’elle lui rendait son baiser avec autant d’ardeur qu’il en mettait, tentant de l’approcher toujours plus près d’elle, alors qu’il tentait de garder une certaine distance de sécurité, question de santé mentale. Sa main descendit le long de l’épaule, de la clavicule, poursuivit son chemin le long de la cage thoracique; tout en évitant certaines zones qui pourrait l’apeurer s’il les frôlait, et alla agripper sa hanche pour la maintenir un peu plus en place, ayant encore un peu la conscience qu’elle n’était pas en état de faire des cabrioles. Alors, il sentit son bassin bouger alors qu’une jambe fine avait l’intention de se refermer sur lui. Ronronnant intérieurement, il eut un moment de flottement lorsqu’elle se sépara de lui à cause de la douleur.

Prenant ensuite appui sur ses deux avant-bras, le souffle court, les cheveux encore plus en bataille qu’à l’origine, les joues rougies par le froid et la passion, il ouvrit son regard métallique sur la jeune femme qui s’était recroquevillée, en attrapant sa cheville. Sentant que l’ambiance était complètement à plat, le mercenaire se recoucha sur le dos, et se lécha les lèvres en souriant. Elle était incorrigible après tout, un casse ambiance sur deux jambes. Il l’accueillit quand même avec un sourire alors qu’elle retournait s’appuyer sur son torse. Lui caressant inconsciemment l’épaule et le bras, il remarqua qu’elle avait recommencé son rituel de jouer avec son chandail. Pendant se temps, l’elfe s’employait à se calmer le sang, qui bouillonnait encore dans ses veines. Il poussa un soupir de satisfaction, et de manque en même temps, et se gratta le fond de la tête de sa main libre. Plusieurs instants passèrent sans qu’un ou l’autre ne bouge, profitant du temps et de l’espace qui leur était accordé. Et puis, comme à son habitude, la jeune fille lâcha une bombe dans la conversation. Qu’allait-il faire si elle était prude trop longtemps?

Franchement, pour le mercenaire, l’amour physique et sentimental était deux choses complètement différentes. S’il partageait le lit des femmes, c’était plus pour se soulager que par passion pour ces dites femmes. Il n’en avait aimé aucune, mais c’était bien amusé avec elles; il avait veillé à la pleine satisfaction de leurs attentes, et de son besoin charnel, mais il n’avait aucune envie d’une deuxième soirée avec celles qu’il avait rencontré. Cependant, il ne pourrait jamais avoir assez de soirées et de nuits en compagnie de la princesse de la caravane. Elle lui coupait littéralement le souffle, et pas seulement avec une claque sur le ventre. Son parfum, la coupe cintrée de ses vêtements qui épousaient parfaitement ses courbes ondulantes, les petits gestes superflus qui trahissait ses origines plus nobles que celles du mercenaire. Lui vint aussi à l’esprit qu’elle n’était pas encore totalement adulte, et qu’elle voudrait peut-être attendre ce moment pour se donner à lui. Il ne désirait pas lui mettre la pression, et il ne savait pas comment lui dire qu’il coucherait avec d’autre femme, mais qu’il ne ferait l’amour qu’avec elle. Il se mordit la lèvre inférieure alors qu’elle vint rajouter qu’en fin de compte, elle ne désirait pas entendre la réponse. Un sourire s’étira sur le visage de l’albâtre, qui soupira légèrement de soulagement.

Il avait appris, avec le temps, qu’elle était le summum de la fleur bleue, et qu’elle ne tolérerait pas qu’il lui annonce sur le tas qu’il découchait avec d’autres femmes. La romance de la jeune fille et la réalité du mercenaire était deux choses complètement différentes. Aelon prit donc la résolution de lui donner deux saisons de ceinture pour lui donner la chance de l’apprivoiser; si, dépassé ce délai, elle n’était toujours pas parvenue à lui donner satisfaction charnelle, il ne se gênerait pas pour aller fouiner sous la jupe des serveuses et des filles de joie de ce monde.

Avec un grognement, il la ramena un peu plus vers lui, pour que leur flancs se touchent, et il lui caressa les cheveux avant d’y glisser le nez et de prendre une grande inspiration. « Je ne suis pas si pressé que ça, pour l’instant, ta simple proximité me suffit. Ta cheville va un peu mieux? Tu ne pourras probablement mettre tout ton poids dessus avant quelques jours… J’vais m’occuper de toi, ne t’inquiètes pas une seconde de ce fait. Même si tu me tapes royalement sur les nerfs avec tes airs de princesse, je crois que c’est ce que j’apprécie le plus de toi. » Sur ce, il lui embrassa le front, et laissa une volée de baiser le long de l’arcade sourcilière, la tempe, la joue, et en laissa un dernier à la commissure des lèvres sanguines de son amante. Il ne lui donna cependant pas satisfaction d’une seconde embrassade passionnée; il voulait la laisser mariner dans son jus, et la laisser venir quémander les caresses plus passionnées et plus intimes. Puis, il se calla un peu mieux dans le sol et son bras gauche vint retrouver sa place sous la nuque de l’albâtre, tandis que l’autre caressait les cheveux de la belle sur son torse. Il ferma ensuite les yeux pour plonger dans une méditation bien mérité avec tout l’exercice et les crises de nerfs de la journée. Alors qu’il se laissait glisser vers un état de veille, il se sentit attirer vers le fond de ses pensées, qui s’estompèrent au lieu de se vivifier. Au lieu de s’adonner à ses habituels jeux mentaux qui provoquait le repos des elfes, l’albâtre se retrouva endormi comme un vulgaire humain, ou encore lorsqu’il était complètement saoul.


[Fin du rp pour Aelon]
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