Cela faisait quelques temps déjà que la jeune femme suivait le mercenaire avec son casque à la main. Elle gardait une distance raisonnable entre elle et lui, passant sous les branches, enjambant les troncs au sol, le tout silencieusement bien-sûr. Elle aurait pu l’interpeller, lui signaler sa présence mais sa curiosité débordante voulait savoir ou l’humain pouvait aller aussi rapidement. Elle s’appliquait à garder un contact visuel, afin d’être sûr de ne pas perdre sa piste. Pour l’instant l’ombre des arbres, les longues branches étaient parfaites pour la dissimuler, son poids ainsi que sa race l’avantageait et lui permettait de rester silencieuse. Sauf si bien-sûr, elle chutait en perdant l’équilibre ou pour une autre raison quelconque.
Pour une fois, la jeune femme ne pensait à rien, enfin rien la concernant. En effet, elle ne se concentrait que sur cet humain au comportement bien étrange. Il avait commencé par tout prendre à la légère, ne prenant pas en compte le danger, puis il avait paru sensible, enfin du moins avec les enfants. Mais ce dont la vampire était certaine, c’est qu’il n’était pas insensible au pouvoir de séduction des femmes, elle l’avait vu dans son regard. Alors maintenant qu’elle avait observé plusieurs traits de la personnalité de l’humain, pouvait-il encore la surprendre ou l’amuser ? Elle en doutait fortement, cependant Emerence ignorait encore beaucoup de lui et ne connaissait même pas son nom et prénom.

Quand elle se reconcentra sur l’environnement, elle aperçût au loin l’océan reflétant la lune, celle-ci brillait avec intensité. Emerence en profita pour s’arrêter un peu, elle ne pouvait pas perdre le mercenaire des yeux puisqu’à présent, il n’y avait plus qu’une étendue d’herbes hautes, de fleurs, ou de végétations basses. Observant le ciel, la jeune femme apprécia l’illumination des différentes étoiles. Elle savourait chaque luminosité puisqu’au final elles étaient la source de lumière que la peau d’Emerence supportait encore. Et comme à chaque fois qu’Emerence observait le ciel étoilé, le souvenir de son dernier lever du soleil lui revenait en mémoire : La chaleur de l’astre chauffant sa peau encore humaine, ses yeux s’écarquillant sous la beauté des différentes couleurs qu’il provoquait. Il n’y avait pas à dire, si il y avait bien une chose que la vampire regrettait de sa transformation c’était bien ça, le fait de ne plus pouvoir observer un lever du soleil.

Elle sortit enfin de ses souvenirs, secouant doucement sa tête. Emerence se reconcentra sur son objectif : Le mercenaire. Il était déjà beaucoup plus loin et avançait à travers les hautes herbes, une chance qu’il n’y avait pas d’arbres, sinon la jeune femme l’aurait certainement perdu. Alors qu’elle allait se remettre en route, une chose la fit réfléchir, comment allait-elle pouvoir être discrète alors qu’elle n’avait aucun moyen de se cacher ?

Sans vraiment réfléchir la jeune femme passa le casque sur la tête. Il était trop grand pour elle, et l’empêchait de voir convenablement, mais le porter l’amusé. Il était plutôt lourd aussi, enfin lourd pour la petite tête du vampire. Elle poursuivait son chemin, effleurant le haut des herbes avec douceur, elle avançait calmement sans quitter l’humain qui semblait s’être mis à genoux. Alors qu’elle était plus qu’à quelques pas de lui, le casque toujours sur la tête, les yeux du sang-froid s’écarquillèrent sur l’immensité de la tombe qui se dressait devant eux. Il semblait énormément la respecter ce qui étonna davantage Emerence.
Alors qu’elle reculait de quelques pas afin de ne pas se faire repérer, la jeune femme sentit le regard du mercenaire se poser sur elle. Trop tard, il l’avait vu, en même temps rester discret dans un endroit sans cachette, c’était impossible. Elle garda le casque de l’humain sur la tête, elle commençait à s’y être habitué, elle n’allait pas le retirer alors qu’enfin elle supportait son poids. A ce moment, elle se retrouva un peu perdue, elle n’avait pas prévu ce qu’elle allait lui dire, si elle devait l’agresser, lui poser des questions, ou simplement ne rien dire. Et puis il allait certainement la charrier, après tout elle devait avoir l’air maline avec l’énorme casque sur la tête, qui ne laisse dépasser que ses longs cheveux noirs. Elle hésita un instant, réfléchissant à ce qu’elle pouvait lui dire… Un bonsoir je vous ai suivi, je voulais vous manger mais j’ai changé d’avis en chemin ne serait certainement pas une bonne idée…

Après avoir laissé un temps plus ou moins long, Emerence finit par avancer se voulant sûre d’elle. Elle plaça les mains sur ses hanches, et finit par prendre la parole :

- « Dite-moi vous abandonnez souvent vos affaires sur le chemin comme ça ? Un manque de respect pour la nature, ce n’est vraiment pas sympa ! »

A peine avait-elle eu fini sa phrase, qu’elle se sentit bien bête, l’excuse la plus stupide qu’elle venait de formuler. Enfin, tant pis ce qui était dit, était dit inutile de chercher à se rattraper cela ne pouvait-être que pire. Elle changea donc presque aussitôt de sujet :

- « Je parlais de votre casque… Enfin ou somme nous ? Je n’étais jamais venu ici. »

Drek s'était retourné tandis qu'il adressait ses prières à son
oncle, et s'attendait à croiser le regard d'une des deux vampiresse
qu'il avait rencontré dans le grenier.
Mais toujours est-il qu'il ne
s'attendait surement pas à voir sa propre tête dans son champ de vision.
Il resta perplexe un instant puis un sourire s'étala lentement sur son
visage tandis que la Dame prenait la parole.
Avec un aplomb
formidable, pour quelqu'un qui porte un casque deux fois trop grand, la
buveuse de sang déclara, les mains sur les hanches, qu'il n'était pas
très avisé de laisser trainer ses affaires dans la nature, par respect
pour elle.
Les zygomatiques du mercenaire furent quelques peux
secouées et son abdomen se contracta ; mais il retint son rire : il
était tout de même entrain de se recueillir, alors il aurait été malpoli
d'éclater de rire.
Il s'avança alors finalement vers la vampire et
lui ôta son casque d'une main, dégainant sa lance de l'autre. Il planta
alors son arme dans le sol à l'écart de la tombe et posa son couvre-chef
pardessus.

"La nature... Me faites pas rire j'ai mal aux cottes."

Puis,
finalement, comme si sa présence ici était tout à fait naturelle, la
Dame demanda sur le ton de la conversation dans quel endroit ils se
trouvaient.
Drek joua le jeu et lui sourit en haussant brièvement les sourcils.

"Vous êtes dans un endroit que seul la famille Escher devrait fréquenter..."

Il
afficha alors un sourire taquin et passa une main sur son menton tout
en jaugeant sévèrement du regard l'inconnue du grenier.

"Dois-je prendre cela comme une demande en mariage ?"

Il
s'autorisa un seul petit rire, silencieux mais bien appuyé, prenant
plaisir à mettre ainsi dans l'embarras une parfaite inconnue qui pouvait
décider de vouloir l'agresser à tout moments.
Ah, les vampires,
tous différents mais finalement tous les même... Prisonniers d'une soif
de sang qui les tortures et qui leur fait commettre des meurtre et cette
histoire de soleil qu'il ne verront plus jamais...
Eux qui ont
cette chance de pouvoir rentabiliser chacune de leur victime, une très
bonne excuse de ne vivre que la nuit et une immortalité toute relative.
De quoi se plaignaient il ?
Un
mercenaire tue à longueur de temps parfois sans que ça ne lui rapporte
quoi que ce soit, parfois même sans savoir pourquoi ; puis il doit tout
de même passer une bonne partie de la nuit éveillé et se relever le
lendemain. En plus, sa santé à lui n'est pas inébranlable. Mais bon, il
semblerait qu'il ne puisse "pas comprendre" ce qu'ils endurent etc et
etc... Ça ne l'étonnait même plus désormais de voir toujours les même
physiques chez ces vampires. Des gringalets beaux garçon ou des femmes
fatales qui jouent les séductrice ; pas de quoi en faire de vrais
guerrier.
Cessant de fixer impoliment la vampire pour laquelle il
avait tout de même un petit peu d'égards, il reprit un peu de sérieux et
s'agenouilla de nouveau devant la tombe, appliquant un dernier chiffon à
la lame, afin de rincer l’excédant de vinaigre.

"Nous
somme au bord du monde ma Dame. Au bout des landes éternelles, sur
cette falaise en particulier, se trouve la demeure du héros dont parle
les rumeurs... Mon oncle Dáinsleif y repose en paix, du moins j’espère."

Il se redressa et s'essuya les mains avec une autre serviette encore.
Sa voix était grave et calme, passant du tout au tout en un rien de temps, après s'être bien moqué de la vampiresse.

"Et
ce que vous voyez la n'est pas une magnifique sculpture funéraire ;
c'est la véritable arme dont il se servit pour mettre en pièce toute une
bande de lycans.
On m'a raconté qu'il pouvait la brandir d'une
seule main. Alors que moi avec les deux miennes, je n'ai même pas pu la
soulever de terre..."

Il roula des épaules
pour se remettre un peu les articulation en place et alla s'assoir près
de la falaise, son regard portant sur l'océan extérieur qui semblait
s'étendre à l’infini. Il sortit alors de sa besace une grande bouteille
d'hydromel qu'il commença à boire à même le goulot.
Prenait il en
compte la dangerosité de s'assoir tranquillement tandis qu'il était en
compagnie d'une vampire : tout à fait. Et il était d'autant convaincu
qu'à mains nues, il parviendrait à maitriser une femme aussi frêle, même
dopée aux pouvoir vampiriques. Si c'était vraiment aussi simple pour
eux, les vampires auraient plus souvent gagné leurs guerres...

"Alors
? Vous êtes venu boire un coup ou vous m'avez suivi uniquement par
curiosité ?... Ou alors peu être pour échapper à cette gamine...?"

Un
sourire moqueur s'afficha un instant sur son visage, juste avant de se
souvenir qu'il s'agissait réellement d'une enfant, et non juste d'une
apparence. Pourquoi sa conscience le torturait elle autant pour une
gamine buveuse de sang et immortelle qui aurait bien voulu le torturer
puis le tuer ? L'esprit humains est bizarre parfois... Et même souvent.
Il s'envoya une nouvelle rasade d'hydromel.

Emerence attendait sagement une réponse du mercenaire, elle était calme et ses yeux pétillaient de curiosité. Le jeune homme s’était retourné, et l’observait avec des yeux qui en disaient long.
A son tour, Emerence était parvenu à le surprendre en portant son casque et elle en était fière. Alors qu’elle avait commencé à bredouiller une excuse stupide, le visage du mercenaire changea et un large sourire tremblant laissait voir qu’il se retenait de rire. Se moquait-il d’elle ? Bon il fallait avouer que la situation prêtait à un sourire mais quand même, il faisait face à une redoutable prédatrice, qui le suivait en plus ! Il finit par lui retirer le casque, faisant retomber la chevelure d’Emerence dans son dos, elle esquissa un sourire, dévoilant ses canines.

Le mercenaire réfuta alors l’excuse de la jeune femme, ce qui ne l’étonna pas plus que ça. Après tout, elle n’avait pas réellement réfléchi à l’explication qu’elle allait lui donner quant à sa présence ici. Il expliqua par la suite qu’elle était dans un lieu uniquement connu de la famille Escher… Information désormais erronée, puisqu’à présent elle le connaissait également, et à ce qu’elle savait, elle ne faisait pas parti de la famille Escher.

L’humain fixa ensuite sévèrement la jeune femme, son cerveau venait apparemment de comprendre qu’Emerence ne faisait pas partie de sa famille, la sang-froid se contenta de penser que les humains étaient plutôt lents dans leur réflexion. Et puis à part avoir un bon sang, Emerence ne leur demandait rien d’autre. Elle fut stoppée dans ses pensées par la boutade du mercenaire qui lui demandait si la présence de la vampire était une demande en mariage. Etait-il seulement sérieux dans ces propos ? Emerence se contenta de rouler des yeux. S’il voulait jouer, il venait de trouver une adversaire redoutable. Cependant, avant de répondre à la taquinerie, la jeune femme voulait en savoir plus, et elle était persuadée que les explications n’allaient pas tarder.

Et à peine avait-elle ignoré le rire du mercenaire que celui-ci se reprit, cessa de la fixer impoliment et prit la parole, expliquant qu’ils se trouvaient au bord des landes éternelles et qu’en ce lieu reposait un héros, un héros qui aurait affronté les boules de poils. Ce qui commençait à fortement intéresser la sang-froid qui venait d’apprendre que les Hommes se battaient également contre les lycans. Information qui était loin de tomber dans l’oreille d’une sourde.

L’humain s’installa ensuite au bord de la falaise et posa ses questions, Emerence se contenta de sourire et de se placer juste derrière lui, déposant ses mains sur les épaules du jeune homme. C’était une façon pour elle de contrôler la situation, de se rassurer. En un geste, elle pourrait le pousser dans le vide, le tuer. Mais ce n’est pas ce qu’elle souhaitait actuellement.

- « Pour commencer, je ne souhaite en rien vous épouser. Pour être honnête j’aurais trop peur de vous casser. J’ai besoin d’un homme résistant vous voyez… Pas comme vous.»

Emerence avait répondu avec une voix taquine, elle le cherchait ouvertement. Après tout n’était-ce pas lui qui avait commencé ? Elle poursuivit simplement :

- « J’ignorais que les humains se battaient contre les chiens, votre peuple est peut-être plus intelligent que ce que je pensais. C’est une bonne chose que de vouloir éliminer ses monstres au sang écœurants. Si ils n’étaient pas dans notre monde, les espèces ne s’en porterait que mieux.»

Cette fois la voix de la jeune femme avait changé, elle avait pris une voix des plus sérieuses dévoilant par la même occasion toute la haine qu’elle portait à la race. Elle s’appuya sans le vouloir un peu plus sur les épaules de l’humain, avant de poursuivre plus calmement :

- « Quand à votre dernière question, pour être honnête avec vous. J’étais venu pour vous tuer, non pas pour me nourrir, non, ça c’est déjà fait. Mais simplement pour mon propre plaisir. Et puis en arrivant ici je me suis dit que ça serait du gâchis, vous m’amusez beaucoup. »

Encore une fois la vampire avait été honnête. Elle avait parfaitement conscience que le mercenaire pouvait mal le prendre mais cela lui était égale. Elle n’attendait peut-être même que ça. Le voir en colère, le voir se battre, savoir de quoi il était capable. S’il était aussi habile de ses mains, de son corps que de ses paroles.

- « Mais si vous m’invitez à boire avec vous je suppose que je ne pourrais refuser. On ne refuse pas du sang n’est-ce pas ?! »

- «Oh, quel dommage ! Car le seul homme à ma connaissance plus robuste et fort que moi se trouve juste derrière nous... Peut-être devriez-vous aller voir du côté des nains ? »

A cette réflexion, Emerence eut envie de rire. Elle avait toujours aimé les nains. Mais comme à chaque fois que le sujet de l’amour était abordé, la jeune femme se crispait. Mais elle avait voulu jouer, autant en assumer les conséquences et puis il n’y avait rien de sérieux dans ses propos. Ensuite, il poursuivit en expliquant que les lycans tenaient occupés les vampires et que par conséquence, cette race était bien utile. La jeune femme haussa les épaules, cela lui importait peu. Leur race n’était plus solidaire, alors qu’est-ce que les boules de poils pouvaient bien attaquer ? En revanche, la dernière information qu’il céda interpella la vampire et surtout le terme de contrat… Un large sourire se dessina sur son visage. Le mercenaire revint ensuite sa proposition, ce qui ne fit pas une surprise pour Emerence, elle s’y attendait. Elle n’était plus une enfant, alors pourquoi lui cèderait-il un peu de son précieux liquide ? L’humain plaisait de plus en plus à la jeune femme, enfin il l’amusait énormément. Et ce n’est pas la suite de ses propos qu’il la ferait changer d’avis, il la cherchait encore toujours davantage. Alors qu’il venait de retirer le haut de son armure, Emerence redéposa ses mains sur les épaules du mercenaire, s’appliquant à le masser avec énormément de douceur. Alors comme ça il voulait en savoir plus sur elle ?

- « Si vous me disiez ce que vous voulez savoir exactement ? Cela serait plus simple non ? »

La jeune femme n’était pas stupide et se doutait bien qu’il voulait connaitre son identité, mais la vampire avait également conscience que lui dévoiler son nom, était lui donner la possibilité de comprendre qu’elle avait été humaine. Après tout, elle était issue d’une famille noble, et la noblesse était sensée se connaitre entre eux.

- « Je me nomme Emerence, Emerence De Gainbourd. Je suppose que c’est ce que vous vouliez savoir en priorité ? Puis-je savoir à mon tour à qui j’ai honneur ? »

Elle poursuivait toujours avec douceur le massage, se penchant vers lui. Faisant tomber sa chevelure contre le visage du mercenaire, elle lui murmura : « Somme nous suffisamment proche à présent ? ».
Se redressant, la jeune femme ne cessa pas le message, elle aussi aurait bien voulu en connaitre plus au sujet de l’humain. Qu’est-ce qui pouvait bien le faire agir sans réfléchir ? Pourquoi n’avait-il pas peur du danger ? Etait-il suicidaire ? Autant de question qui traversa l’esprit de la sang-froid. C’est à ce moment qu’elle repensa à l’histoire du contrat et eu besoin d’une confirmation.

- « Si je vous suis, il suffit qu’une personne mette un contrat sur la tête de quelqu’un, d’une race quelconque pour que vous décidiez de la tuer ? »

Voilà qui pouvait-être intéressant, si jamais une guerre se déclarait, il était bon de savoir qu’une somme d’argent aussi grosse soit-elle était capable de convaincre ce mercenaire.

Drek fut positivement impressionné de voir que la Dame vampire ne s'offusqua pas de sa proposition. Ses mains et gracieuses et au combien dextres s'appliquèrent alors à défaire les horrible nœuds que faisaient ses nerfs et ses muscles.
Il eu un frisson de contentement et poussa un soupir de satisfaction tandis qu'elle lui massait fort habilement les épaules.
Elle lui dit alors qu'il serait plus pratique qu'il pose des questions auxquelles elle pourrait répondre, ce qui n'était pas faut. Le mercenaire soupira à nouveau lorsqu'elle passa ses doigts à un endroit de ses épaules particulièrement noué.

"Oh ouais, parfait."

Et tandis qu'il se détendait enfin après que ses muscles eurent été convenablement réchauffé, il continua de complimenter intérieurement sa masseuse improvisée.
Quels talents tout de même, était-ce dû à son sang vampirique ? Avait elle pratiqué la médecine ? Ou était-ce simplement un don ?
Toujours est-il qu'elle se présenta sous le nom d'Emerence De Gainbourd, le genre de patronyme qu'on trouvait dans la noblesse humaine.

"Ah, et vous avez décidé qu'être vampire, c'était mieux qu'être noble ?"

Pourquoi pas après tout. Être Noble paraissait être une vie ennuyeuse, sans aucune surprise ni rebondissement ; si ce n'est de savoir avec qui allait-on diner ce soir ? Puis Drek sentit le doux souffle de la voix d'Emerence contre sa joue, ses cheveux retombants autour de lui, ces épaules toujours agréablement pétries par les mains habiles... Il sourit mais ne répondit pas : il prenait un plaisir extrêmement malsain à se sentir en si charmante et chaleureuse compagnie alors que celle-ci ne pensait qu'à boire son sang. Le tout sous les yeux de Dáinsleif, pour ainsi dire, qui avait vécu une expérience quasi-similaire.
Il se demandait si un jour dans sa vie il s'était senti aussi bien, aussi vivant...
Cette fois là dans ce bar ou il avait finalement pris le petit déjeuné avec trois jeune femmes dont une serveuse ? Non. Cette fois ou il avait vaincu à lui seul cinq ennemis, jonché sur une pile de cadavres de ses précédent adversaire ? Non. Ou alors était-ce chez les elfes, en se baignant dans ce petit bains chaud en plein air ou la nature se révélait sous son plus beau jour et ou les rayon du soleil venait faire briller chaque fleur comme un joyau ? Non.
C'était dans les moments comme celui-ci qu'il était le plus heureux. Du danger, une belle femme, un bon massage, de l'intimité... Et une bonne boisson.
Emerence aborda alors un sujet d'une banalité impressionnante, comme pour mine de ne plus s’intéresser au sang de Drek. Ce qui l'aurait déçu.

"Ah... Vous avez des doigts en or Emerence... Et oui, c'est le principe du mercenariat, nous combattons contre de l'argent.
Mais nous ne sommes pas des assassins, aussi refuserons-nous les mission qui pourrait nous mettre dans l'embarras... Comme tuer un de nos proche ou une personne que nous jugeons innocente ; ou encore participer à une guerre contre notre propre race... Ne riez pas, cela m'est déjà arrivé de devoir dire non..."

Se redressant alors quelques peu et se retournant pour se trouver à genoux face à la vampire, il posa une de ses grandes mains sur son épaule, à l'endroit ou le cou et le dos fusionnaient, la fixant dans les yeux, une expression de délice sur le visage.

"Mais à vous, je dis oui..."

Il pencha alors la tête de côté pour dévoiler son cou, l'invitant à gouter ce qu'était du vrai sang de guerrier.
Loin d'être complétement idiot, il avait gardé une petite dague du même alliage que sa lance coincé dans sa botte. Juste au cas ou la demoiselle serait du genre trop gourmande en plus d'être dominatrice.

Le jeune homme semblait particulièrement apprécier le massage d'Emerence, elle s'étonna elle-même de le réussir aussi bien. Cela devait certainement être dans les gènes vampiriques, après tout dans ses souvenirs, Hippolyte massait bien lui aussi. A peine avait-elle eut pensé ce nom, qu'elle le refoula aussitôt. Ce n'était pas le moment de divaguer bien au contraire, elle devait garder la pleine possession de son esprit.

Malheureusement pour elle quand le Mercenaire lui posa la question fatidique quant à sa transformation, elle ne put s'empêcher de se souvenir de cette nuit ou elle avait tout quitté par obligation, où elle avait dû choisir entre la vie et la mort... Dans un sens, dans les deux cas elle perdait la vie, une pour la mort, l'autre pour reprendre une vie immortelle en tant que vampire. Cependant, Emerence n'avait jamais réellement regretté son choix. Elle avait gagné en maturité, apprit des aptitudes que jamais elle n'aurait apprises en tant que noble, avait eu un entrainement sans limites pour le combat. Et aussi drôle que cela puisse paraitre, elle avait même réappris à se comporter en humain, à respirer enfin faire mine de respirer, se mouvoir doucement et surtout contrôler sa soif de sang toujours plus importante. Ce fut une deuxième naissance pour elle, et elle avait vécu cette vie avec passion.

Le mercenaire confirma ensuite l'hypothèse de la vampire, visiblement un mercenaire humain acceptait tout type de contrat. Cependant, il gardait tout de même des limites qui semblaient évidentes à la jeune femme, comme la famille, ou bien sa propre race ; quoi qu'elle ne fût pas réellement sûre de ça. Elle apprit également que l'humain avait déjà refusé des contrats, pour elle il n'avait dû en refuser qu'à des hommes, elle en était certaine. Cet humain était incapable de refuser quoi que ce soir à une femme.

D'ailleurs, le comportement du jeune homme ne fit que le confirmer. Il se retourna face à elle, l'autorisant à goûter son sang. Emerence en fut presque déçue, cela avait été beaucoup plus facile que ce qu'elle avait pu imaginer. Il venait de plonger son regard dans celui de la vampire, ce qui la frustra davantage. Certaines personnes parvenaient à lire dans les yeux de n'importe qui, la jeune femme en était incapable. Elle descendit le regard jusqu'au cou du mercenaire, visualisant la veine qui l'intéressait, une chose qu'elle avait appris avec le temps, elle n'avait plus aucun doute quant à l'endroit précis où elle devait mordre.

Cependant, elle ne fit aucun mouvement vers lui, se demandant pourquoi il lui offrait cela si facilement. Elle venait de se persuader qu'il lui tendait un piège, pour la tuer ou peut-être pire. Elle haussa les sourcils. Emerence était perdue dans ses pensées, était-il capable de la tuer alors qu'elle n'avait eu aucun geste hostile vis-à-vis de lui ? Etait-il simplement sous son charme vampirique ? Elle ne parvenait pas à trouver une réponse convenable. Et puis finalement, la proposition était trop tentante, une vie sans risque n'était pas une vie, de plus elle avait tout de même deux dagues accrochés à deux jarretières, dans le pire des cas elle pourrait riposter, même blessée. Elle s'approcha un peu plus de lui, souriant afin de dévoiler ses deux canines. Emerence approcha son visage de celui du Mercenaire, plongeant son regard dans le sien, une manière de prolonger le jeu encore un peu. Elle dévia sa trajectoire au moment où ses lèvres effleurèrent celle de l'humain afin de lui murmurer une nouvelle fois à l'oreille :

- « J’ignore encore votre nom, Mercenaire de la famille Escher »

Puis elle laissa ses lèvres glisser avec douceur le long de sa nuque jusqu'à l'endroit que le jeune homme avait désigné. Elle y déposa un baiser aussi tendre qu'elle le pouvait, avant d'insérer ses deux canines dans la chair, jusqu'à son objectif. Elle ferma les yeux, frissonnant de plaisir. Le sang du mercenaire était étrangement gouteux, enfin cela restait un sang quelconque, elle aspira une gorgée, les yeux toujours clos. Là encore, Emerence n'était dotée d'aucun don particulier, elle avait entendu certains vampires se vanter quand aspirant le sang de leur victime, ils connaissaient leur vie, leur sentiment, ce qu'il éprouvait. Cela n'avait jamais été le cas pour Emerence et cela l'arrangeait. Cependant, à ce moment précis, la jeune femme aurait voulu en connaitre plus sur ce mercenaire. Avait-il une femme des enfants ? Etait-il un combattant hors du commun ou était-ce une image qu'il se donnait pour impressionner les femmes ?

Rapidement, elle cessa sa dégustation, retirant ses canines de sa proie. Déposant ses lèvres sur la morsure afin d'y déposer un baiser. Elle se recula doucement histoire de se retrouver une nouvelle fois face au mercenaire. Emerence passe une main sur ses lèvres, afin d'y essuyer l’ éventuel sang qui y serait resté. Elle resta silencieuse, attendant sagement certainement une réaction de l'humain. Elle ne put s'empêcher de répondre à une de ses questions précédentes


- « Je n’ai pas eu vraiment le choix d’être vampire ou non. »

HRP//

Spoiler:

Emerence ne put s’empêcher de rire aux propos du mercenaire. Il ne s’en rendait pas compte mais il était très drôle. Elle ne pouvait pas non plus rester insensible aux compliments que celui-ci lui faisait, et à chacun d’eux, la jeune femme y répondit par un large sourire. Que pouvait-il y avoir de plus doux, que des compliments venant d’une autre race que la sienne ?
Visiblement l’humain s’appelait Drek et avait apprécié la morsure d’Emerence. Ce qui ne flatta que d’avantage la sang-froid. La jeune femme ne chercha pas en savoir davantage, étant persuadée de connaitre son nom de famille. Après tout, rien ne lui laissait croire qu’elle avait tort ? L’humain s’était relevée, avait récupéré sa lance qui laissait face contre terre et contourna Emerence afin de récupérer ses épaulières. La jeune femme suivit chacun de ses mouvements avec intérêt, enfin surtout pour être certaine qu’il ne tenterait pas un mauvais coup. Après tout, avoir confiance en un humain serait suicidaire !

Elle attrapa la main de Drek afin de se relever. Souriante, la jeune femme écouta la dernière phrase prononcée par le jeune homme. Il la complimentait encore, enfin cette fois pas uniquement elle, mais les femmes et leur atouts. Elle essayait de se retenir de rire, cassant ainsi son visage inexpressif par des petites grimaces de retenues. Les hommes tous les mêmes, une poitrine généreuse, une robe courte, un physique avantageux et les voilà à vos pieds. Ce qui ne déplaisait pas à Emerence, cependant, elle avait l’habitude de ce genre de situation et se servait régulièrement de son physique pour piéger ses proies. Elle avait parfaitement conscience de chacun de ses atouts, encore l’avantage d’être vampire, un charme redoutable, une attirance purement physique. Pour beaucoup de vampire, leur physique était un point faible, car selon les femmes vampires, les hommes ne regardent que leur physique et ne les aiment pas pour ce qu’elle sont. Pour Emerence, ce n’était que des stupidités inutiles, pourquoi vouloir absolument rencontrer quelqu’un ? Poursuivre sa vie avec une personne qui soit disant serait amoureux de vous ?

Emerence observa le ciel s’apercevant seulement de l’avancement de la nuit, elle ne devrait pas tarder à repartir si elle ne voulait pas mourir détruite par le soleil. Elle s’approcha du mercenaire, offrit son plus beau sourire avant de poursuivre :

- « Je sais que les femmes sont des créatures magnifiques, je vous rassure peu d’homme parviennent à leur résister. Cependant évitez de vous fier aux atouts des vampires, nous somme créée pour ça. Pour rassurer nos victimes, afin de mieux tuer par la suite. »

Elle se retourna afin de profiter encore un peu de la vue qu’ils avaient. Savourant le calme, l’odeur et le lieu si paisible, elle y reviendrait sans doute. Peut-être pour recroiser le mercenaire, ou simplement pour avoir la paix. Elle se replaça face à lui, un sourire au coin des lèvres.

- « Je vais devoir partir, le soleil ne va plus tarder. Vous le regarderez pour moi. Je pense que nous nous rêverons Drek de la famille Escher. J’aurais certainement un ou deux contrats pour vous. Enfin je commencerais doucement histoire de quoi vous êtes capable. A moins que vous soyez à la retraite ?»

Elle avait fini sa phrase avec un peu d’humour, histoire de la taquiner. Il lui paraissait plutôt jeune, mais la vampire savait qu’il n’y avait pas d’âge pour prendre sa retraite. Tout dépendrait de l’histoire et des différents contrats du jeune homme. Elle inclina poliment la tête et entama le chemin en sens contraire. Elle ne se pressait pas, voulant prendre le temps d’observer une dernière fois l’environnement. Elle s’attendait certainement à ce qu’il fasse le chemin avec elle, qu’il la retrouve afin de poursuivre la discussion. Mais la jeune femme n’en était pas sûre. Après tout il était libre de faire ce qu'il voulait, et elle ne parvenait pas toujours à le cerner.