Cela faisait plusieurs semaines que le jeune chef de la Guilde des Strakker n'était pas sorti de la demeure des Bradingard, son nouveau lieu de refuge pour sa guilde et surtout sa famille. En effet depuis qu'il a appris sa véritable identité, il faisait honneur à sa vraie famille. Sa mère était devenue la Matriarche grâce à ses relations affluentes et plein d'autres choses... En cette nuitée fraîche mais douce, Jaral Kerr regardait par delà la fenêtre de sa chambre conjugale et il se demandait ce qu'il souhaitait accomplir car il ne voulait plus rester enfermé de la sorte par peur d'être assassiné ou autre. Il jetait de temps en temps un regard enamouré en direction de son épouse Rosalba qui dormait paisiblement dans le lit conjugal.. Le vampire hésitait à la rejoindre, en effet il avait besoin d'action ou même simplement de sensation forte... Il avait finalement longuement inspiré et avait rejoint son épouse dans leur lit...

Lorsqu'il arriva à ses côtés, Rosalba se réveilla aussitôt comme si elle avait senti l'état de son mari. Jaral lui sourit avec tendresse et déposa un doux baiser sur ses lèvres tout en murmurant qu'il allait retrouver l'air pur de l'extérieur car il se sentait étouffé en restant ainsi enfermé. Sans qu'il ne prenne la peine de s'expliquer davantage, elle lui indiqua d'un simple baiser fougueux qu'il pouvait sortir. Il sourit donc et se leva du lit pour pouvoir s'habiller prestement. Il enfila aussitôt une cotte de maille, bien qu'inutile mais il craignait tout de même une attaque par surprise de ses ennemis. Par dessus la cotte, il enfila sa chemise de soie de couleur brunâtre puis il mit son pantalon de cuir de la même couleur et enfin il enfila ses bottes préférées, faites de peau de dragon. Lorsqu'il fut fin prêt, sa femme le rejoignit et déposa un baiser dans son cou tout en lui posant son épée à sa ceinture. Il se retourna et l'embrassa longuement, puis après avoir interrompu le baiser, il sortit de la chambre et se dirigea vers les écuries afin de prendre un cheval de bonne prestance. Il choisissit un Pur-Sang, grimpa sur lui. Il murmura quelques paroles à l'oreille de l'animal qui hennit et partit au trot... Il galopa en direction de la Forêt des Murmures: lieu où d'après les dires de plusieurs personnes se cacherait un Dragon... Le vampire se mit à sourire à la perspective d'affronter un si noble monstre...

Durant de longues minutes il galopa en direction de la forêt puis finalement il l'atteignit. Il descendit de cheval, tapota sur le flanc de celui-ci afin qu'il puisse déguerpir le plus vite possible. L'animal ne se fit pas prier et répartit au galop en sens inverse. Une fois que le cheval sortit de son champ de vision, Jaral inspira, puis pénétra dans la forêt tout en dégainant son épée. Il avança d'un pas leste mais avec le maximum de circonspection. Mais où cet animal se cachait-il? Telle était la question qui occupait l'esprit du vampire durant toute sa progression... Il ne remarquait pas qu'il s'enfoncait profondément dans la forêt... Mais...

GRRRRRRRRRRRRR

Un puissant rugissement se fit entendre ce qui surprit totalement le vampire qui chuta. Furieux, il se releva et courut en direction de l'endroit de provenance de ce rugissement. Il courut jusqu'à atteindre une clairière. Il écarquilla les yeux mais ne vit rien... Non il ne pouvait pas ici. Mais au moment même il voulut faire demi-tour, le Dragon apparut noble et majestueux...

GLUPS

Jaral le fixa et s'apprêta à se défendre du mieux qu'il pourrait... C'était un Dragon Noir, l'un des plus forts selon les légendes... Seul il ne réussira jamais mais il allait faire de son mieux... Il lança au dragon:

- Allons-y l'ami! Offre moi cette danse

Le dragon lui lança un terrible regard et s'appreta à s'élancer dans sa direction. Mais Jaral l'attendait de pied ferme...

Cinquième cycle de Floryël, Mortaeï 29. An 244

Clic. Clic. Tchac. Les dernières sangles étaient passées, les dernières préparations achevées, j’étais fin prête. Me regardant dans le miroir j’ai doucement détaillé mon corps sous toutes les coutures. Je ressemblais à une frêle poupée prisonnière d’une prison de métal. Mes employés m’avaient même affublés d’un heaume. L’avantage était qu’ainsi, personne ne saurait que je n’étais rien d’autre qu’une femme, je serais traitée d’égal à égal. L'autre côté positif de cette armure était qu'elle était assez légère bien qu'elle me protégeait à la perfection. Je pouvais donc jouir d'une aisance de mouvement sans pour autant craindre le moindre coup.

Il était rare que je prenne les armes, il était très rare que je devienne une guerrière et peu de personne savaient que j’en était capable. Je ne savais même pas si ma mère et mes sœurs savaient que je pouvais tuer aussi facilement qu’elles pouvaient ressentir un sentiment de supériorité face à moi. J’étais ce qu’elles voulaient que je sois mais je ne leur avais jamais montré qui j’étais réellement. Me dirigeant vers le mur de ma chambre, j’ai saisi avec délicatesse la grande épée maintenue dans son fourreau noir comme l’ébène. La lame était magnifique, d’une finesse sans égale, d’une beauté et d’une noblesse sans pareil. C’était une arme de puissance et de la Haute Société. Une arme de légende tombée dans l’oubli. Attachant cette dernière à ma ceinture et sans me retourner sur mon chemin, je suis sortie dans a nuit noir, montant dans le carrosse qui partit immédiatement, direction le front.

Je savais que trois dragons exerçaient leur terreur sur nos terres et que personne ne réagissait. Pendant quatre jours j’ai repris sans répit l’entrainement, de nuit comme de jour pour me dérouiller. Puis je suis partie pour me battre. Le plus proche de notre domaine était le dragon Noir. Et c’est assez rapidement que nous y sommes arrivés. Descendant d’un bond leste au sol, je me suis dirigée avec rapidité et discrétion sur les lieux, autant que me le permettait mon armure récemment huilée pour l’occasion. J’ai vu la bête au moment où elle fondit sur le vampire. Les dragons noirs…. Mon assistant m’en avait parlé pendant tout le trajet, je savais tout ou presque sur lui. Je savais que la force brute ne ferait pas tout face à lui, qu’il fallait de la stratégie et de l’intelligence.

Laissant le vampire de face, je suis montée avec difficulté dans un arbre avant de sortir un poignard de ma ceinture et de le lancer directement sur la bête. Me laissant tomber lourdement au sol, je suis partie vers un autre arbre, me déplaçant le plus possible à couvert. Je pourrais reprendre par trois fois ce manège avant de devoir me battre réellement face à cette bête.