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| Nous ne te lâcherons pas. | |
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Invité Invité
| Sujet: Nous ne te lâcherons pas. Mar 13 Mar 2012 - 22:43 | |
| Cela faisait des mois que Sëleucos n'était pas sorti de son château, hormis pour des visites officielles. Il s'occupait de ses deux filles et d'Aisleen, ayant enfin la famille qu'il souhaitait depuis des siècles. Il était heureux. Enfin.
Cependant, depuis quelques temps, on lui communiquait des rapports d'agressions inexpliquées. Des hommes, des femmes et des enfants, toutes races confondues, avaient été retrouvés, mutilés, dans la Vallée Nocturne. Ces agressions commençaient à prendre une propension inquiétante et le général avait décidé d'aller enquêter sur place. Aisleen lui avait conseillé de prendre des gardes avec lui. Il avait refusé.
Arrivé sur place, une étrange sensation l'envahit. Une sensation connue et pourtant oubliée depuis longtemps. Une sensation qui arrivait à le faire frissonner, à lui faire peur. Il comprit, soudainement, qu'il n'aurait jamais dû venir.
Un courant d'air à sa droite le fit se retourner, trop tard pour éviter un coup direct au foie. Il tomba à genoux, choqué sur le coup. Un autre coup, d'une rapidité fulgurante, l'atteignit au visage. Il s'écroula sur le sol. Ils étaient peu les hommes assez forts pour renverser le général ou assez rapides pour le surprendre. Celui-là était les deux à la fois.
Un rire narquois s'éleva. Un rire qu'il connaissait. Un rire qu'il commençait à reconnaître. Il se releva, tant bien que mal, sans pouvoir éviter l'attaque suivante. Deux dagues vinrent se planter dans ses épaules, ouvrant des plaies bien plus profondes qu'elles n'auraient dû, lui arrachant un nouveau cri. Il attendit. Il n'avait plus qu'une chance, vu le handicap. Lorsqu'il sentit son adversaire suffisamment proche, il brandit sa lame dans un coup d'estoc, transperçant l'ombre.
Puis rien. L'homme ne s'écroula pas. L'homme ne recula pas. L'homme ne saigna pas. Il se contenta d'éclater de rire. Un rire à nouveau froid, effrayant, transportant des siècles de souvenir. Ca y était. Critias avait compris. Il savait.
Un nouveau coup l'envoya au sol, pour la troisième fois, deux nouvelles dagues l'y clouèrent. C'était fini, il avait perdu. Il n'avait même pas pu rendre un seul coup à son adversaire.
- "Comment veux-tu ? Comment pourrais-tu vouloir être général sans pouvoir te protéger toi-même ? Comment vas-tu protéger les autres si tu ne peux pas sauver ta propre vie ? Tu es toujours aussi faible ... Mon frère."
La vue du général se brouillait. Il avait reçu trop de coups, d'une violence inouïe, il avait perdu trop de sang. Il ne pouvait qu'écouter.
- "Tu ne mérites pas ce que nous ne pouvons pas avoir, nous autres. Tu ne mérites pas ta vie que nous envions. Tu ne seras jamais heureux. Nous ne te lâcherons pas. Endors-toi, mon frère, à ton réveil, tu auras perdu tout ce que tu chéris. A ton réveil, tu souhaiteras être mort, comme nous. Uniquement pour réaliser, comme nous, que ton calvaire est loin d'être terminé, que ta route continue, que tes souffrances ne font que commencer. Je ne les ferai pas souffrir, j'espère que cela te rassure."
Il fut atteint une nouvelle fois, un coup sur le sommet du crâne, et sombra dans l'inconscience. Il avait compris. Il allait tout perdre.
Aisleen ... |
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| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Mar 13 Mar 2012 - 23:41 | |
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NOUS NE TE LÂCHERONS PAS
La vie suivait son court. Voilà quelques jours qu’Elenwë parcourait de nouveau Ephaëlya, sans but précis maintenant qu’elle avait abandonné celui qui guidait sa vie. Depuis son enfance, elle avait cherché sa mère ou ses assassins. Après tout, elle n’avait jamais su ce qu’il était advenu de cette femme qui l’avait si bien élevée et tant aimée. Passant plusieurs années à traverser de long en large chaque contrée de son monde, les moindres petites pistes s’évanouissaient bien rapidement dans la nature. La jeune elfe avait fait des rencontres à la fois étonnantes et merveilleuses sans pour autant trouver un endroit où s’arrêter et continuer tranquillement sa vie.
Jamais Elen n’avait pu cesser de bouger, cherchant l’aventure et l’action dans son quotidien. Pour elle, s’installer aurait voulu dire choisir une vie monotone. Pourtant, sa quête abandonnée, elle ne savait que faire. Elle retourna donc en Evanya, pour retrouver sa famille adoptive.
Les retrouvailles furent émouvantes, mêlées de cris et de larmes de joie. La famille humaine qui l’avait recueilli avait énormément vieilli par rapport à elle. Face à eux, Elenwë comprit enfin sa différence. Durant son enfance, elle ne s’était pas considérée comme différente d’eux, malgré les moqueries incessantes des enfants du village. Ce couple d’humains s’était installé chez les elfes pour « plus de tranquillité » d’après eux, même si tout le monde doutait des raisons de leur présence dans cette contrée. La vieillesse avait pris peu à peu les membres de ce foyer d’adoption, quittant le monde des vivants pour rejoindre celui des esprits. Ne pouvant guère supporter d’assister à toutes ces pertes, Elen avait fui une fois de plus.
La voilà maintenant, errante, son voyage l’ayant mené en Oryenna. Traversant les landes éternelles, la jeune elfe n’avait pu qu’admirer la beauté des lieux, songeant à y rester un moment. Son destin finirait bien par la reconduire sur le chemin de l’aventure. Un jour, Elenwë eut vent de cette vallée où guerriers et combattants venant s’entraîner, non loin de landes à perte de vue. Sautant sur l’occasion, elle reprit sa route vers ce lieu plein de renouveau.
Tout était sombre et aucun bruit de combat ne résonnait entre les parois rocailleuses de la vallée. Un frisson parcouru le dos de la blondinette, comme ci son instinct la poussait à repartir de suite. L’atmosphère était lourde, pesante, en devenait presque inquiétante, mais Elen s’aventura quand même dans cette endroit aux allures lugubres.
L’écho d’un rire diabolique se fit entendre, venant de loin. Marchant à pas furtifs, guettant un quelconque signe de danger, la jeune elfe analysait les alentours de son regard saphir. Après plusieurs minutes d’inspection, Elenwë remarqua enfin cette silhouette au sol, dans une marre de sang. Elle regarda autour d’elle et s’approcha doucement. Le corps semblait inerte, sans vie. Pourtant, elle se pencha et posa ses doigts fins sur la cou de l’homme. Une légère pulsation vint se cogner contre sa peau fine, faisant le contact entre l’homme et l’elfe. Il était encore en vie. Comment était-ce possible ? Le sang autour de lui semblait montrer qu’il s’était complètement vidé et les plaies sur son corps ressemblaient à celles d’une attaque. Deux dagues avaient cloué l’homme au sol et une bosse sur son crâne témoignait de l’état d’inconscience de celui-ci.
Elen poussa un soupire et déchira quelques morceaux de tissus qu’elle avait dans son sac à dos, avant de retirer les dagues et pansant doucement les plaies de l’homme. S’occupant du blessé avec attention et douceur, elle remarqua le silence étonnant qui les entourait. Elle finit par s’asseoir, attendant quelques instants si l’homme se réveillait…
Son regard saphir fixant l’inconscient, elle remarqua directement quand celui-ci ouvrit les yeux doucement, dans un effort qui paraissait surhumain. Elenwë lui sourit et dit d’une voix douce…
" Re-bienvenue dans le monde des vivants… "
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Mar 13 Mar 2012 - 23:58 | |
| Petit à petit, le général reprenait connaissance. La première figure qu'il aperçut lui était totalement inconnue ... Une elfe, vu les oreilles ? Blonde ... Qui était-elle ? Où était-il ? Que lui était-il arrivé ? Il ne se souvenait de rien ... Puis, peu à peu, des souvenirs revinrent.
Un rire ... Son frère. Une menace ? Quelle était-elle ? ...
- "Aisleen ! Il faut que j'y aille !"
D'un bond, il se releva, beaucoup trop vite pour le sang perdu. Il tomba de nouveau, s'écroula sur le sol. Mais il ne s'arrêta pas, il rampait, continuait de bouger. Il devait la sauver. Il devait les sauver. Elles étaient tout ce qui comptait pour lui, ce qu'il avait mis des siècles à construire. Il ne pouvait pas laisser cela arriver ... Il ne pouvait pas les laisser mourir ... Il ne pouvait pas ...
Il avait déjà perdu trop de gens. Ses frères étaient tous morts et le hantaient encore, étaient devenus complètement différents de ce qu'ils étaient à l'époque. Ils étaient cruels, haineux, tout cela par sa faute.
Il avait causé le suicide d'une vampire ... Il avait, involontairement, mené à sa perte son meilleur homme. A cause d'un plan stupide, sa première femme était morte, leur enfant aussi, après s'être fait violer. La femme qu'il avait sauvée des vampires s'était enfuie et était sans doute morte à l'heure actuelle. Il avait abandonné la prêtresse elfique, amoureuse, pour partir avec une autre femme.
Tous ces désastres, toutes ces vies perdues, tout cela par sa faute. Il ne pouvait pas laisser faire, il ne pouvait pas causer d'autres morts ... Mais il ne pouvait plus marcher, il n'avait plus la force de ramper, il allait y rester avant d'atteindre le château.
Il se tourna vers l'elfe. Son regard montrait à la fois de la colère, de la détermination, de la tristesse et de la supplication.
- "S'il vous plaît ... Menez moi à la cité de l'Aurore. Au château ... C'est urgent ... C'est une question de vie ou de mort ... Ma femme, mes enfants ... Je vous en prie." |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Mer 14 Mar 2012 - 12:53 | |
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Il n’y avait aucun bruit, seul l’écho de la douce voix de l’elfe, ce qui avait un côté légèrement effrayant. Une brise légère et froide s’insinua sous les quelques vêtements qui essayaient malencontreusement de cacher le corps d’Elenwë. Son regard saphir observait attentivement l’homme qui reprenait peu à peu conscience.
Le blessé posa son regard le visage de la blondinette. La luminosité était tellement peu présente qu’Elen eut d’abord du mal à bien apercevoir sa figure. Se concentrant, elle détailla peu à peu les traits de ton visage. Quelques marques exprimaient la froideur et l’indifférence, même si à ce jour, il semblait tout à fait différent de son quotidien. Dans ses yeux sombres et profonds, Elenwë vit de la peur s’installer rapidement.
Il cria le prénom d'une femme, devant accomplir son devoir, aller la rejoindre.
D’un seul coup, l’homme se releva rapidement en un bond, sous le regard surpris de la jeune elfe qui s’avança pour le rattraper, préparant déjà sa chute. En effet, il retomba au sol dans un bruit assourdissant qui ne sembla en rien l’arrêter. Une fois à terre, il gesticula rapidement pour commencer à ramper vers la direction opposée à l’elfe qui ne savait que faire face à cet homme désemparé.
Allongé sur le ventre, le blessé tourna rapidement la tête vers Elenwë. Dans son regard hypnotisant, une sorte de panique et de peur y brillait bien que la colère déforma les traits de son visage qui auraient dû rester doux.
" S'il vous plaît ... Menez-moi à la cité de l'Aurore. Au château ... C'est urgent ... C'est une question de vie ou de mort ... Ma femme, mes enfants ... Je vous en prie. "
Sa voix tremblait légèrement d’émotion, ce qui ne sembla pas le préoccuper pour le moment. Quelque chose de bien plus grave se déroulait. L’homme qui paraissait si fort, l’implorait presque, la suppliant de le mener à la cité de l’Aurore au cœur d’Oryenna. Elen regarda l’homme et se rapprocha rapidement de lui sur ses genoux.
" Écoutez-moi… Vous ne pouvez pas y aller dans cet état... Calmez-vous. Je vais nous trouver un cheval mais tachez de vous apaiser un peu. J’ai pansé vos blessures, essayez de ne pas ouvrir les bandages. "
Elenwë lui avait parlé calmement, de sa voix posée pour le rassurer. Elle passa sa main dans les cheveux de l’homme et remarqua leur couleur étonnante. D’un bleu foncé, ils reprirent rapidement leur place une fois qu’elle eut retirée sa main. Lançant un petit sourire au blessé, la jeune elfe se leva rapidement, à la recherche d’un cheval.
S’éloignant de l’homme, lui jetant de temps en temps des regards inquiets pour voir s’il allait bien, les pensées de l’elfe furent bien vite occupées. Qu’est-ce qui terrorisait tant cet homme ? Pourquoi avoir parlé de sa famille d’un coup ? La scène qui venait de s’être déroulée repassait en boucle devant les yeux d’Elenwë. Il semblait si perdu, si vulnérable qu’elle ne pouvait que faire ce qu’il demandait. Une autre question vint à l’esprit de l’elfe. Était-il surhumain ? Après avoir perdu tout ce sang, frôlé la mort, l’homme pouvait encore parler et n’avait qu’une seule idée en tête, aller à la cité de l’Aurore.
Au loin une tour de garde se détacha peu à peu du fond noir de la vallée. Elen se mit à courir vers le bâtiment, s’élançant de son corps souple et agile. Sa foulée était gracieuse, comme si elle imitait la course d’un félin. Dans une discrétion des plus totales, elle détacha un bel étalon blanc non scellé d’un poteau en bois. Se hissant rapidement sur son dos, après quelques mots en elfique, elle le fit partir au trot vers l’homme qui n’avait pas bougé.
Elenwë glissa au sol. S’approchant à nouveau du blessé, elle se remit à genoux à ses côtés. La jeune elfe paraissait frêle mais elle glissa son épaule sous le bras du soldat, d’après sa tenue. Le faisant s’appuyer sur elle, elle l’aida à se redresser doucement, histoire qu’il souffre le moins possible de ses blessures. L’homme semblait de plus en plus mal en point, mais elle obéit à sa demande. Le hissant sur le dos du cheval blanc qui hennit doucement, Elen murmura des mots elfiques une fois de plus. La jeune elfe monta derrière lui, appuyant sa poitrine contre son dos pour le soutenir, passant ses bras autour de lui pour saisir les rennes. Elle chuchota à son oreille.
" Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée au vue votre état... "
Pourtant, la blondinette donna un léger coup de talon qui fit avancer leur monture doucement…
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| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Mer 14 Mar 2012 - 23:34 | |
| Le général était à moitié inconscient durant tout le voyage qui les séparait de la capitale. S'il ne tombait pas totalement dans le comas, ce n'était que parce que sa haine et son inquiétude lui donnaient l'énergie nécessaire pour se maintenir conscient. Il fallait qu'il arrive à temps. Il ne pouvait pas, encore, arriver trop tard. Il ne pouvait pas, encore, perdre tout ce qui comptait pour lui. Il ne pouvait pas, encore, être le seul responsable ...
A peine arrivé et sans prendre le temps de remercier l'elfe, il courut, en tout cas il tenta, jusqu'au château. Ses gardes tentèrent d'abord de l'arrêter, vu l'état de sa tenue et le sang séché sur son visage, ils crurent à un sans-abri. L'un d'entre eux vola, l'autre le reconnut et ne s'interposa pas plus longtemps.
Il se pressait dans les couloirs, se tenant aux murs pour ne pas tomber, devant le regard incrédule du personnel. Enfin, il tomba devant sa femme de chambre qui, l'air horrifié, le regardait, de haut en bas.
- "Général ? ... Mais que ... Que s'est-il passé ? Que vous est-il arrivé ? Pour..."
- "Pas le temps ! Aisleen ! Où est ma femme ?"
- "Eh bien, la dernière fois que je l'ai vue, elle partait donner le bain aux fil... Général, où allez-vous ?"
Sans finir de l'écouter, il se précipitait à nouveau, rouvrant ses plaies que les bandages ne pouvaient soutenir plus longtemps, laissant une trainée de sang derrière lui. Il ne devait pas être trop tard. Il ne pouvait pas être trop tard. Il arrivait à proximité de la salle de bain quand il entendit deux gardes parler.
- "Tu as senti ce courant d'air à l'instant ? C'est étrange, il n'y a même pas de fenêtres ouvertes ... En plus, j'ai senti une présence, pas toi ?"
Non ... Arrivait-il vraiment trop tard ? Il ne pouvait pas le croire ... Il ouvrit la porte de la salle de bain à la volée. Puis le temps se figea. Durant plusieurs secondes, qui lui parurent des heures, il s'arrêta. Il tomba enfin à genoux, ne pouvant croire ce qu'il voyait.
Là, dans la baignoire, se trouvaient sa femme et ses deux filles. La baignoire était pleine, débordait même. Mais ce n'était pas l'eau le problème. Plutôt l'abondant liquide rouge, épais, s'étalant sur les dalles de marbres. Elles étaient là. Elles flottaient, sans vie.
Une fois de plus, il arrivait trop tard. Il ne pouvait plus rien faire. Il n'entendit même pas le cri, qui réveilla le château entier, de la servante qui arrivait derrière lui. Il ne remarqua pas les hommes qui le frôlèrent pour vérifier le pouls des filles. Il ne sentit pas ses gardes le secouer pour le ramener à la réalité. Sa vie s'était une nouvelle fois arrêtée. Il avait de nouveau tout perdu.
Combien de fois allait-il mourir avant d'être véritablement libéré ? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Jeu 15 Mar 2012 - 10:30 | |
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Pendant toute la durée du voyage, Elenwë était perdue dans ses pensées, soutenant par moment l’homme qui se battait pour sa vie. Elle avait accéléré l’allure, après tout l’homme avait bien parlé d’une question de vie ou de mort, elle ne pouvait que l’aider. Appuyant le corps du blessé contre le sien, elle le serrait doucement entre ses bras pour ne pas qu’il tombe, sous l’inconscience ou autre. Elle reprit le cours de ses pensées, donnant un énième coup de talon pour que l’étalon presse le pas.
L’homme la guida vaguement à la cité de l’Aurore. Pourquoi un tel lieu ? Serait-il un de ses hommes connus et influents d’Oryenna ? Elen ne s’était jamais penchée sur la hiérarchie qui guidait le peuple humain. Elle avait juste entendu parler deux ou trois fois dans les tavernes d’un général à sa tête. Selon les rumeurs, son charme n’avait d’égal que sa force et son courage. Elle soupira, s’imaginant au bras d’un homme de cette importance, l’aimant et le chérissant.
Mais ces pensées puériles furent bien vite bousculées quand l’homme glissa du cheval alors qu’ils étaient arrivés. La jeune elfe voulu l’aider mais celui-ci se précipita à vive allure vers le château chancelant, ses forces le quittant peu à peu. Des gardes essayèrent de l’arrêter. Elenwë commença à s’avancer. Les hommes en armure ne semblèrent pas le reconnaître, alors pourquoi était-il venu ici ? Puis l’un deux vola un peu plus loin et l’autre se recula devant l’homme blessé, s’éclipsant discrètement.
L’homme pénétra rapidement dans l’enceinte du bâtiment. Elenwë fit une grimace et se décida à le suivre de loin au cas où il lui arriverait malheur. Des marques de ses mains ensanglantées étaient présentes sur les murs, témoignant du soutien qu’il avait eu pour marcher. Des cris fusèrent. L’elfe reconnut la voix de l’homme qu’elle avait sauvé et se précipita donc. Elle eut à peine le temps de le rejoindre quand il repartit de plus belle. La femme de chambre non loin, jeta un regard incrédule à Elenwë qui secoua la main comme pour chasser une mouche et lui demander de ne pas poser de questions.
Sans perdre la trace du soldat, suivant les trainées de sang au sol qui prouvaient que ses blessures s’étaient ré-ouvertes. Des vois résonnèrent encore et Elen vit son homme blessé poser une main sur la poignée de la porte, la poussant rapidement. S’arrêtant pour attendre, la jeune elfe vit le soldat s’arrêter, ne plus bouger comme pétrifié sur place. Puis d’un coup, il s’écroula au sol.
Elenwë s’avança et derrière elle, la servant cria devant le spectacle effroyable. Des gardes passèrent à leur côté, se dirigeant vers la baignoire. Personne ne se souciait de l’homme qui était au sol, qui ne bougeait plus et semblait avoir perdu toutes forces de ses battre encore contre cette journée qui avait probablement décidé de lui retirer la vie. La jeune elfe s’avança, s’interposant entre la baignoire et l’homme, se mettant accroupi face à lui. Elle prit son visage entre ses mains, cherchant à capter son regard.
" Venez… Ne restez pas là. "
Une fois de plus, Elen glissa son bras sous son épaule, le relevant. Son corps semblait inerte, sans vie, alors qu’il ne se battait plus, pesant sur le corps mince de l’elfe. Dans un regard à la femme de chambre, celle-ci lui montra l’escalier du doigt, son regard toujours glacé par l’effroi. Elenwë se dirigea alors vers le chemin indiqué.
Elle avait connu cela, la perte d’un être cher. Sa mère, son père, sa famille adoptive emportée par la vieillesse ou la maladie. Ce soir là, elle en vint à se demander si la mort était partie intégrante de sa vie. Se repassant la scène devant ses yeux, elle revit cette baignoire, ses trois corps, cette belle femme et ses deux petites filles. Une boule se forma dans sa gorge, prise par l’émotion. Des larmes montèrent à ses yeux alors qu’elle gravissait les marches de l’escalier. Qui avait bien pu commettre quelque chose d’aussi cruelle ?
Poussant la porte de la première pièce venue, Elenwë tomba nez à nez avec une superbe chambre, mais l’heure n’était pas à l’admiration de la décoration. Le poids de l’homme était de plus en plus pesant sur son dos, son épaule commençant à la faire souffrir. Elle le fit glisser sur le lit, d’abord le haut de son corps puis ses jambes. Celui-ci n’avait toujours pas dit un mot. Sur la table de chevet une petite bassine et une serviette trônait. La jeune elfe la saisit et le trempa dans l’eau tiède pour la passer doucement sur le visage du blessé anéanti, retirant peu à peu le sang séché…
Elle ne dit pas un mot, par respect. Attendant soit qu’il parle ou qu’il sombre une fois de plus dans un demi-sommeil sous l’effet de son état de santé…
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Jeu 15 Mar 2012 - 16:09 | |
| Critias avait perdu la notion du temps. Il n'avait rien compris à ce qu'il s'était passé après la découverte du corps de sa femme et de ses filles. Il ne se doutait de rien, n'avait conscience de rien, n'entendait rien, ne voyait rien, ne percevait rien. Il était figé, simplement. Après de longs instants, qu'il vécut comme un rêve, il reprit conscience du monde extérieur. Il était sur son lit, toujours blessé, ses plaies ouvertes, mais il ne souffrait pas. Ou alors il ne pouvait plus sentir cette douleur, insignifiante par rapport à celle qui lui écrasait la poitrine. L'elfe était là aussi, elle avait dû le suivre.
- "Ce n'était pas un cauchemar, pas vrai ? Elles sont bien ..."
Il n'acheva pas sa phrase, ne put pas achever sa phrase. Il connaissait la réponse, bien sûr, ce n'était pas un cauchemar, c'était la dure réalité. Elles étaient mortes, par sa faute, encore une fois.
Par sa faute ? Pas vraiment, au final ... Ses frères avaient changé depuis leur mort, depuis cette malédiction. Ils lui en voulaient d'être le seul encore en vie, d'être le seul à pouvoir profiter des plaisirs de l'existence. Ils avaient passé leur vie entière à lutter, à se battre, pour finalement ne jamais être récompensés. Sëleucos était le seul à avoir eu ces récompenses. Une femme, des enfants, une vie de famille, la gloire, la célébrité, la reconnaissance, la fortune, il avait tout. Alors ils lui prenaient tout, ils se vengeaient.
Il ne pouvait plus se contenter de subir. Cette situation durerait encore et encore. Comme il l'avait fait avec Kratos, il allait devoir affronter son frère, il allait devoir le tuer une deuxième fois lui-même, il allait devenir fratricide une nouvelle fois.
La haine et la tristesse se mêlaient en lui, son visage changea du tout au tout. Une détermination presque sans précédent pouvait se lire dans son regard. Il allait d'abord se faire soigner. Puis il repartirait en guerre. Il y aurait au moins deux victimes dans celle-ci ... Il devrait couper deux têtes pour s'en sortir. Deux têtes qu'il avait vues grandir, s'épanouir, lui apprendre à marcher, à tenir une épée, à combattre, à aimer ...
Il fut sorti de ses pensées par le bruit de sa porte s'ouvrant aux éclats. Deux gardes, armés, se présentèrent, menaçant l'elfe de leurs épées. Dans l'action, ils n'avaient pas fait attention à cette femme qui attirait leur chef au loin. Mais après tout, et si c'était elle la meurtrière ? Si c'était une façon de détourner l'attention du personnel du château de sa véritable cible, le général ?
- "Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? Est-ce vous qui avez blessé le général ? Répondez !"
Ce dernier voulut répondre, levant la main pour les arrêter, mais un mouvement trop brusque lui arracha un cri de douleur, du sang recommençant à couler de sa bouche. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Sam 17 Mar 2012 - 0:46 | |
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Le souffle calme de l’homme était le seul bruit qui faisait vivre la pièce. Elenwë continuait de nettoyer son visage et ses plaies qui avaient recommencé à saigner abondamment. Les efforts qu’il avait fournit n’auraient pas dû être possible pour un être normal. Mais était-il normal ? Ses blessures, elles, avaient ressenti le choc au sol, sa course et ses efforts inhumains. La serviette qu’Elen tenait en main était maintenant couverte de sang, d’un rouge vif. Puis l’homme ouvrit les yeux et posa sur elle un regard empli de tristesse.
" Ce n'était pas un cauchemar, pas vrai ? Elles sont bien ... "
Son regard montrait à quel point il était perturbé quand il stoppa sa phrase en plein milieu, n’osant pas la finir. Il savait la vérité, c’était certain, mais oserait-il l’accepter telle qu’elle était ? Si malheureuse soit elle…
Le soldat semblait à nouveau perdu dans ses pensées, songeant surement à ce qu’il s’était pensé. Elen se demandait à quoi il pensait, pourtant ce fut elle qui se mit à méditer ensuite. La perte était un sentiment horrible, qui laissant dans le cœur un vide. Certaines personnes disent avoir comblé ce manque en trouvant l’amour à nouveau, en ayant des enfants ou en rencontrant un ami cher qui jamais ne vous abandonnera. La jeune elfe n’avait jamais rencontré une quelconque personne qui aurait pu lier une si forte relation avec elle, que ce soit en amour ou amitié.
Perdue dans ses pensées, Elenwë remarqua soudain le changement d’air de l’homme. La colère devenait tristesse et inversement. Dans son regard, une nouvelle chose brilla, de la détermination. Même une certaine rage passa dans un éclair. L'elfe ne cessait de l'observer avec attention, le trouvant bel homme même dans cet état.
Dans un fracas étonnant, la porte vola aux éclats. La jeune elfe, prise d'un réflexe, bondit de l'autre côté du lit, une dague dans chaque main. Fléchie sur ses jambes, elle fixait les deux gardes armés qui venait de rentrer, pointant leur épée sur elle. Elen fronça les sourcils, mais après tout, elle comprenait leur réaction. Elle ne s'était pas présentée ni rien. Seule dans la chambre avec l'homme, ils pouvaient la prendre pour n'importe qui, donc pour la meurtrière aussi.
" Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? Est-ce vous qui avez blessé le général ? Répondez ! "
Alors qu'Elen allait lui aboyer dessus en disant que non mais le fameux général leva la main dans un geste rapide, sûrement beaucoup trop brusque car il hurla de douleur quelques centièmes de secondes après, du sang coulant de sa bouche. La jeune elfe allait se précipiter à ses chevets alors que les hommes en armure tendirent leur armes. Elle ne pouvait rien faire mais eux semblaient complètement dépasser par ce qu'il se passait. La panique faisait trembler leur regard. Elenwë se mit alors à leur crier dessus.
" BAH ALLEZ-Y REGARDEZ LE MOURIR PLUTÔT QUE ME LAISSEZ FAIRE ! JE NE LUI VEUX AUCUN MAL ! "
Les deux soldats s'échangèrent un regard et hochèrent de la tête rapidement. La blondinette lâcha ses dagues et sauta sur le lit. A cheval sur l'homme en état critique, n'appuyant pas son poids sur lui, elle reprit la serviette, essuyant le sang qui coulait de sa bouche. Elle prit son menton entre ses mains, planta son regard dans le sien. Admirant au passage la profondeur de ses beaux yeux.
" Regardez moi ! Ne regardez que moi... "
Elenwë pria en silence pour ne pas qu'il sombre encore dans l’inconscience, il devait rester avec elle le temps qu'il reprenne un minimum de forme...
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Sam 17 Mar 2012 - 21:52 | |
| Critias avait perdu beaucoup plus de sang qu'il ne le croyait. Ce simple mouvement, sorti du contexte où l'adrénaline lui supprimait toute sensation de douleur, l'avait plié en deux. Ses côtés, cassées, étaient sans doute en train de percer ses organes internes, causant de multiples hémorragies, le tordant de douleur.
Il la regardait, comme elle le lui ordonnait. Il n'entendait plus rien d'autre que sa voix, alors que ses gardes, affolés, couraient chercher du secours, son médecin personnel qui avait sa chambre à quelques portes seulement de celle du général. Celui-ci débarqua assez vite, demanda à l'elfe de s'écarter et l'examina.
- "Général ... Combien de fois je vous ai dit d'arrêter de vous battre contre une armée ? Ou prenez vos gardes avec ! Un jour vous allez vraiment finir par mourir ... Vous n'êtes pas immortel, vous savez ? Enfin ... Si, en fait ... Mais pas ce genre d'immortels !"
- "Ce n'était ... Pas ... Une armée ..."
- "Pas une armée ? Allons donc ? Et combien étaient-ils, alors ?"
- "Un ... Seul. Jasper ..."
Le médecin stoppa net chacun de ses mouvements. Il ouvrit grand la bouche, ne trouvant plus ses mots. S'il était de retour et qu'il s'en prenait même au général, alors ils avaient à craindre qu'il ne débarque au château ou, pire, qu'il ne s'attaque aux villages alentours. Personne ne pouvait le stopper ...
- "Soignez moi, vite ... Je dois ..."
- "Vous ne devez rien du tout. Nous allons organiser la défense du périmètre, des patrouilles, avec ordre de ne pas l'attaquer s'ils le voient. Vous vous reposez. Si vous vous lancez à sa poursuite dans votre état, autant que je vous achève tout de suite, ce sera moins douloureux."
Critias se tut. Il avait raison, bien sûr. Même au mieux de sa forme, il n'avait aucune certitude de gagner face à son frère. Il était rapide, fort, vif ... Mais il avait une arme ... Un moyen de le faire plier.
Il se laissa cependant aller, se contentant de se faire soigner, rajoutant une dernière chose au passage.
- "Cette elfe ... Elle m'a sauvé. Nourrissez la. Logez la. Qu'elle reste autant qu'elle le veut. Sans elle, je serais mort là-bas ou en route. Faites en sorte qu'elle ne manque de rien."
Puis, se retournant vers elle.
- "Nous nous reverrons à mon réveil ... Je dois vous parler."
Sans plus rien ajouter, il tomba dans l'inconscience, aidé par le produit que lui faisait inhaler son médecin, pendant que celui-ci s'occupait de ses plaies. |
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| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Dim 18 Mar 2012 - 4:47 | |
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La chambre blanche et les draps de la même couleur prirent vite une autre teinte, le rouge dévorant le blanc petit à petit, avançant rapidement sur le tissu. L'homme semblait souffrir atrocement alors que sous elle, la jeune elfe sentait les chocs que ressentaient l'intérieur du corps du blessé. Ses cotes n'étaient plus à leur place et semblaient se balader pour achever quelques organes encore intacts au passage. Tout semblait aller si vite, il y avait quelques minutes, sa force semblait impossible et maintenant, le voilà entre la vie et la mort, Elen le savait.
Leur regard ne se lâchèrent pas de suite. Elenwë continuait de nettoyer ses blessures rapidement, réfléchissant à un moyen de lui sauver la vie, mais elle ne cessait de se perdre dans ses yeux sombres qui paraissaient s'accrocher à elle comme bouée de sauvetage. Autour d'eux, les mouvements ne cessaient, comme les entrées et sorties dans la chambre. Les gardes couraient partout, le bruit de leur amure clapotant doucement autour du lit, dans chacun des pas qu'ils faisant, cherchant de l'aide. Puis un homme arriva rapidement, l'air âgé mais toujours en forme. Il pénétra dans la pièce suivit par quelques soldats donc l'inquiétude brillait dans leur regard. D'un mouvement rapide de la main, le médecin demanda à Elen de se pousser pour utiliser ses remèdes et autres. Celle-ci hésita quelques instants à lâcher son nouveau protégé, mais se releva doucement, se reculant dans un coin de la chambre, le regard vide.
Là dessus, le médecin et le général commencèrent une discussion animée malgré les blessures mortelles de l'un. Elenwë était perdue une fois de plus dans ses pensées. Le général ? Elle venait de saisir qui était la personne qu'elle avait sauvé. La personne qui dirigée Oryenna avait failli mourir sous ses yeux. Elle avait du l'aider, le transporter, le faire marcher, le soulever et le soigner dans un lit. En temps normal, la jeune elfe aurait du rougir à ses pensées mais là, elle n'éprouva qu'une certaine fierté. Pour commencer, elle avait aidé une personne à échapper à sa mort. Ensuite, il s'agissait d'un dirigeant d'une contrée. Rien n'était plus honorable. Elle sourit en coin, restant discrète, quelques bribes de la conversation avoisinante atteignant ses oreilles pointues.
Ainsi, Elen apprit que le général n'avait pas été attaqué par une armée d'hommes comme le laissaient entendre ses nombreuses plaies, mais par une seule personne, qu'il semblait connaître en plus. Le général voulait retrouver l'homme qui l'avait agressé, ce contre quoi le médecin ne semblait pas du tout d'accord. L'elfe tendit alors un peu plus l'oreille, écoutant attentivement mais la conversation était déjà terminée. Son protégé rajouta pourtant quelques mots. Il parla d'elle. Celui-ci ordonna qu'elle soit nourrie, logée et blanchie car elle lui avait sauvé la vie. Lui-même le reconnaissait, c'était un bon point pour lui s'il était honnête. Elenwë croisa encore son regard quand il tourna la tête vers elle pour dire quelques mots.
" Nous nous reverrons à mon réveil ... Je dois vous parler. "
" Bien sûr... Je vous attendrai... Général... "
Sa phrase finit, il ferma les yeux sombrant à nouveau dans l'inconscience. Elen soupira, sans savoir s'il l'avait entendu ou pas. Avec un peu de chance, il souffrirait moins comme cela. Le silence revint peu à peu...
La nuit était toujours présente bien que la luminosité revenait peu à peu, indiquant que le petit matin n'était guère loin. La femme de chambre qu'Elenwë avait croisé plus tôt, lui demanda gentiment de la suivre, ce qu'elle fit. Marchant dans les couloirs, sans un mot et derrière la femme, la jeune elfe détaillait chaque parcelle du château. Après quelques minutes, la servante lui indiqua une porte et que tout se trouvait dans la pièce. Elen ne comprit pas de suite, puis elle entra dans la salle indiquée quand la femme fut partie. Une joli chambre dans les tons bleus et verts, comme ses yeux, semblait avoir été préparée pour elle. Elle soupira et se précipita vers le lit, s'allongeant en décontractant ses muscles pour la première fois de la nuit. Bien qu'un sourire atteigne son visage, elle ne cessait de penser au général. Pourtant, peu à peu, ses paupières se fermèrent doucement, la faisant voyager au pays de l'imaginaire.
Un jour passa où Elenwë n'eut pas le droit de rendre visite au blessé, son état s'étant encore dégradé. Un autre, puis encore un, sans nouvelle. Elle occupait ses journées dans le parc ou à lire à la bibliothèque. Le général lui avait bien qu'il voulait lui parler, alors elle attendrait. La nuit du quatrième jour, la jeune elfe se dirigea à pas furtifs vers la chambre de son protégé qu'elle n'avait pas vu depuis le jour J. Entrant sans faire de bruit, elle s'assit sur un gros fauteuil, face au lit, regardant l'homme endormi. Son visage était moins pâle, les couleurs l'ayant légèrement égayées. Le général avait un charme fou, même dans son état.
Les jambes repliées contre sa poitrine, les pieds sur le bord du fauteuil et la tête sur l'accoudoir, Elen s’endormit doucement alors que les rayons du soleil commençaient à faire leur apparition...
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| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Mar 20 Mar 2012 - 18:23 | |
| La partie inhérente à tout affrontement que le général détestait le plus était bien celle qu'il était en train de subir. Le repos qui entrainait la guérison des plaies. Critias n'avait jamais été du genre à se reposer et, même si en temps de paix il pouvait déléguer presque toutes les affaires d'Oryenna à ses ministres, il s'en occupait généralement tout seul. Il devait se tenir au courant des problèmes quotidiens, il voulait se sentir proche du peuple, il ne voulait pas n'avoir de dirigeant que le titre sans la vocation.
Cependant, il n'était pas stupide. S'il faisait encore mime de se débattre, de râler contre ce repos forcé, il savait que c'était sa seule chance de survie. Son corps, bien qu'immortel, restait humain. Si les organes se régénéraient, lui conférant ainsi cette jeunesse éternelle, ses plaies commençaient à avoir du mal à se refermer, ses cicatrices étaient de plus en plus apparentes. Peut-être la magie du vieux roi atteignait-elle ses limites ? 500 ans ... Il aurait eu une longue vie, bien remplie. Mais qui était loin d'être terminée. Il le savait. Il le sentait. Il avait encore beaucoup trop de choses à accomplir pour mourir de cette façon.
Après plusieurs jours de convalescence, alors qu'on lui refusait presque tout mouvement, il eut enfin la permission de se lever le lendemain. C'est donc avec plaisir qu'il ouvrit les yeux à l'aube pour découvrir la jeune elfe, celle qui l'avait sauvé, dormant sur un fauteuil. L'avait-elle veillé toute la nuit ? Tant de sollicitude était à la fois touchant et quelque peu vexant ... Il n'avait, jusqu'à présent, jamais eu besoin d'un garde du corps et encore moins qu'on veille sur lui. D'un autre côté, il se le répétait à nouveau, elle lui avait en effet sauvé la vie. D'ailleurs, il ne comprenait pas, ça, non plus ... Pourquoi était-il encore en vie ? De deux choses l'une, ou Jasper avait voulu le tuer et avait raté ou son but avait bien été de le laisser vivre. Cependant, dans le premier cas, il aurait pu l'achever beaucoup plus facilement et dans le second, il n'aurait pas pu prévoir que l'elfe passerait à ce moment là. Donc pourquoi ? Quelle était son intention ?
Chassant ces questions sans réponse de son esprit, le général se leva enfin. Il faillit tomber sous son propre poids, ses jambes étant passablement affaiblies après son alitement de plusieurs jours, mais se rattrapa à temps. Une bande entourait son torse, nu, aux endroits blessés. Le lit semblait toujours couvert de sang, bien que les draps aient été changés plusieurs fois. Son adversaire était vraiment fort, cette fois ... Sa blessure n'était pas aussi grave que celle écopée lors du combat contre Kratos qui avait failli le priver de son bras gauche, mais tout de même ... Il devrait faire attention, les jours qui suivaient.
Immédiatement, il entreprit quelques exercices physiques. Il souffrait, au passage, bien sûr, mais il devait être sûr que ses muscles étaient encore en bon état. Il aurait besoin de chacun d'entre eux pour son affrontement à venir. Puis, il descendit aux cuisines, laissant l'elfe à son sommeil, pour lui ramener un petit-déjeuner qu'il posa sur une table devant elle. Il profita du fait qu'elle dormait toujours pour se laver, changer ses pansements et s'habiller.
Lorsqu'elle se réveilla enfin, il lui présenta, d'un sourire, le plat devant elle. Il enchaîna tout de suite.
- "Si je voulais vous parler ... C'était pour votre récompense. Vous m'avez sauvé la vie, je dois le reconnaître, et je vous en suis reconnaissant. Vous pouvez donc me demander ce que vous voulez, dans la mesure du possible, et ce sera vôtre ... Et pour les présentations, je n'en avais pas encore eu le temps, je me nomme Sëleucos Critias, général d'Oryenna, mais cela vous avez sans doute dû le comprendre par vous-même ?"
Alors qu'il parlait, son regard se plongea dans ceux de son interlocutrice. De beaux yeux bleus qui, involontairement, lui rappelèrent le violet de ceux d'Aisleen. Son Aisleen qu'il ne verrait plus. Ses filles qui avaient été ...
D'un seul coup, son visage changea, de nouveau, pour reprendre temporairement une apparence froide, solide, reclue. En lui, les larmes coulaient à flot. A l'extérieur, il ne laissait rien paraître. Il avait subi trop de catastrophes pour se laisser toucher de nouveau. C'est du moins ce qu'il se répétait ... Mais il n'y arrivait pas. Elle, elle avait été différente. Elle ... Il aurait aimé la garder. Elle ... |
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| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Mer 21 Mar 2012 - 14:13 | |
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Les rayons du soleil apparaissaient peu à peu. La nuit avait été longue. Perturbée par l’absence de nouvelle de son protégé, Elen ne dormait plus. Cela faisait deux ou trois jours qu’elle attendait, ne comptant plus les heures qui passaient. Depuis son sauvetage, elle avait l’impression d’être lié à cet homme. Après tout, elle lui avait sauvé la vie. Il lui serait surement reconnaissant, lui offrant une récompense. Pourtant, était-ce ce qu’elle voulait ? Pour le moment, l’elfe voulait juste savoir s’il était encore vivant et si ces blessures se refermaient bien.
Dans son lit, le général avait semblé si paisible. Elenwë avait sourit en le regardant dormir. Assise face à lui, dans le gros fauteuil confortable, elle pensait à ce qu’il devait être avant. Un homme fort ayant tout pour en faire jalouser certains. La puissance, l’argent, la renommée, la famille, le bonheur et le courage. Il semblait avoir tout ce dont une personne normalement constituée voudrait. Sur le coup, même la jeune elfe l’envia, mais elle se rappela ce qui venait de lui arriver. Lui en voulait-on pour ça ? Son bonheur avait-il déplu aux plus envieux ? C’était une raison comme une autre, il lui fallait des réponses sur ce pourquoi son nouveau protégé avait-il faillit mourir.
La fatigue pesa vite sur les épaules de la jeune elfe qui s’endormit rapidement après les dernières nuits à attendre ne serait-ce que la plus petit nouvelle. Sa tête posait sur l’accoudoir, elle ne bougeait plus, seule sa poitrine se soulevant sous le rythme de sa respiration régulière. Elle fut rapidement engloutie dans le pays des rêves, rejoignant Utopia, lieu où tous ses rêves pouvaient se réaliser comme elle le souhaitait. Mais que voulait-elle ?
* * *
Une luminosité intense empêcha Elenwë d’ouvrir les yeux de suite. Et peu à peu, la lumière baissa légèrement, lui permettant de laisser ses paupières se relâcher. La jeune elfe observa les alentours. Son rêve se situait dans un coin qu’elle connaissait bien. Dans la vallée des cascade en Evanya, elle avait souvent été se baigner dans un petit point de source d’eau chaude. Dans son songe, elle se mit à courir vers l’eau et se déshabilla rapidement, jetant ses vêtements au loin. Peu à peu, la jeune elfe pénétra dans l’eau chaude, y trempant d’abord son pied pour vérifier la température puis s’y glissa doucement. Chaque parcelle de sa peau qui se plongeait dans l’eau chaude semblait se détendre, ses muscles se relâchant dans un effet de bonheur. Elle poussa un soupire de bien être.
Là, appuyée sur un rocher et les yeux fermés, Elenwë se sentait si bien, l’esprit vide. Cela faisait si longtemps que ces rêves n’avaient pas été si calmes. D’habitude, rêvant de la nuit de la disparition, des différents combats et des différentes vies qu’elle avait ôtées durant sa quête, elle ne dormait jamais paisiblement. Près d’elle, un clapotis se fit entendre sur l’eau sereine. Ouvrant doucement les yeux, une silhouette se tenait devant le soleil, empêchant l’elfe de voir correctement de qui il s’agissait. Les épaules carrées et le corps musclé devant elle, lui laissait penser qu’il s’agissait là d’un homme. Elle semblait persuadée de l’avoir déjà vu. Peu à peu, celui-ci s’approche doucement. Elen ne bougea pas, confiante. Le visage de l’homme fut éclairé par un reflet du soleil dans l’eau. Se savant à Utopia, l’elfe ne silla pas en découvrant la personne, seul un sourire naquit sur ses lèvres. Face à elle, son protégé, le général d’Oryenna, celui qu’elle avait sauvé. Elle aurait du rougir, se cacher, mais elle se contenta de le regarder, observant les détails de son corps. L’eau lui arrivait à la taille, dévoilant son corps merveilleusement bien sculpté. Plus aucune de ses blessures n’étaient visibles, comme ci rien de tout cela ne s’était passé. Le bel homme s’avança, son corps nu à présent plus qu’à quelques centimètres de celui d’Elenwë. Celle-ci se pencha en avant, posant ses mains fines sur ses épaules et approcha ses lèvres des siennes.
* * *
Aucun bruit ne l’avait réveillé, pourtant, toujours perdue dans son rêve, elle ne perçut plus la lente respiration du général. Un bruit d’eau qui coulait avait remplacé ce doux son si paisible. S’arrachant à son sommeil, sans même avoir pu goûter aux lèvres de l’homme de son fantasme, Elen ouvrit les yeux rapidement.
La lit blanc était encore tâché du sang du général. Encore recroquevillée sur son fauteuil, la jeune elfe remarqua le plateau de nourriture qui était posé devant elle. Son ventre émit un grondement pour exprimer la faim qui le tiraillait. Pourtant, elle attendit que l’homme revienne, l’écoutant se préparer dans la salle de bain voisine. Elle referma doucement les yeux, ne s’inquiétant que moyennement. Puis le général revint. Il sentait bon et était habillé avec élégance. Il lui sourit et montra le plat devant elle. Elenwë ne put s’empêcher de rougir rapidement alors que son regard se perdait sur ses lèvres, se remémorant son rêve. L’homme ne lui laissa même pas le temps de le remercier, et parla de sa voix forte.
" Si je voulais vous parler ... C'était pour votre récompense. Vous m'avez sauvé la vie, je dois le reconnaître, et je vous en suis reconnaissant. Vous pouvez donc me demander ce que vous voulez, dans la mesure du possible, et ce sera vôtre ... Et pour les présentations, je n'en avais pas encore eu le temps, je me nomme Sëleucos Critias, général d'Oryenna, mais cela vous avez sans doute dû le comprendre par vous-même ? "
La jeune elfe songea à re-rougir rapidement. Non, elle ne s’en était pas doutée, du moins pas au début. Puis on l’avait accusé d’avoir attaqué « le général ». Pourtant, elle ne connaissait pas son nom, c’était la première fois qu’elle l’entendait. Elle se sentit soudainement gênée de ne pas en connaître d’avantage sur la contrée humaine. Mais elle oublia rapidement ses pensées lorsqu’elle croisa le regard du fameux Sëleucos Critias. Ses yeux sombres semblaient l’hypnotiser alors qu’elle se perdit dedans. Pourtant, l’expression du visage de l’homme changea du tout au tout. Son sourire envoutant disparu, laissant place à une figure aux traits froids et durs. A quoi avait-il pensé ?
Elenwë fit une moue triste d’avoir perdu ce doux sourire. Elle se leva, s’étirant comme un chat en s’excusant rapidement. Elle s’inclina doucement devant l’homme.
" Excusez mon impolitesse mon Général. Je suis Elenwë Fën-Ayl. A vrai dire, je ne connais pas grand-chose sur la hiérarchie d’Oryenna, mais je reste honorée de faire votre connaissance, Général. "
La blondinette se releva doucement et ne put s’empêcher de lui sourire, le trouvant encore plus beau, maintenant qu'il était bien habillé.
" Pour ce qui est d’une récompense… Je n’en veux pas. Du moins pas pour le moment. C’était mon devoir de sauver la vie d’une personne en détresse, qu’elle soit pleine de renommée ou non. Vous n’auriez pas pu vous en sortir seule bien que, jamais, je n’ai vu quelqu’un d’aussi résistant que vous. "
Après un regard interrogateur, elle se pencha doucement vers la petite table et saisit une belle pomme verte. Elle croqua dedans avec envie, savourant le jus du fruit qui envahissait sa bouche. Après tout, ce repas était pour elle, elle méritait bien cela. Elen n’osait pas se rassoir, restant devant le général, debout. Elle le détailla encore du regard, cherchant les bons mots pour aborder le sujet.
" Pardonnez mon manque de commodité, mais j’étais inquiète à votre propos je n’ai pas songé à manger… "
Elle sourit timidement une fois de plus.
" Mon Général ?... Savez-vous qui a osé vous faire cela ? "
En parlant, ses yeux se posèrent sur les plaies de son corps blessé, maintenant cachées par ses vêtements…
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| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Lun 26 Mar 2012 - 17:24 | |
| Critias reprit bien vite ses esprits, tentant d'oublier - temporairement au moins - sa femme et ses enfants. Il ne pouvait pas se laisser aller en public, ne devait montrer aucune faiblesse ni aucune émotion, c'était la règle commune à tout dirigeant. Il l'écouta donc parler et apprit son nom, qui ne lui disait absolument rien. D'un autre côté, cela l'arrangeait, si sa vie avait été sauvée par un haut dignitaire elfe, il aurait eu une dette plus profonde envers le peuple elfique entier et cela aurait pu amener quelques complications.
Il décida tout de même de lui répondre. Il remua, machinalement, les doigts bagués de sa main gauche. Quatre bagues pour quatre frères. Il les montra à l'elfe.
- "Vous voyez ces bagues ? Elles représentent chacune un de mes frères. La première, ici, est brisée car ce frère est mort il y a bien longtemps. La seconde est en morceaux parce que j'ai dû achever Kratos, mon second frère, moi-même. Les deux autres sont ternies car leur vie l'est tout autant. Jasper et Edward vivent encore, si on peut appeler cela une vie. Ils ont reçu le même don que moi, la jeunesse éternelle. Celle-ci se poursuit au-delà de la mort ... Ils vivent sans vivre, sont morts mais respirent. La haine des déchus les habite. Si je n'étais pas là, cela fait longtemps qu'ils auraient entrepris de raser Oryenna. Mais, profondément ancré entre eux, subside un soupçons d'amour fraternel. Kratos, il y a peu, m'a défié. Comme j'achève de le dire, je l'ai tué, une seconde fois, et il s'en est parti pour les limbes, le repos éternel ou la souffrance éternelle, nous n'en savons rien, personne n'a d'information sur ces lieux.
Celui qui m'a fait ça, qui a ôté la vie de mes chéries, c'est Jasper. Vous voyez comme la bague bleue luit de temps à autres ? Comme elle s'anime en quelques sortes ? C'est signe qu'il s'agite. Il est entré en guerre contre moi. Cela ne se résoudra que par la mort d'un de nous deux, personne ne peut rien contre eux. Ils peuvent se rendre immatériels à souhait ... Mais j'ai une arme pour les combattre."
Il se releva, lui sourit tristement. Ses côtes le faisaient encore un peu souffrir mais il s'habituerait à la douleur. Il avait plusieurs détails à régler avant la fin de la semaine. Il l'affronterait bientôt, il serait prêt à temps.
- "Vous pouvez profiter du château aussi longtemps que vous le désirez, mais je vais devoir vous laisser, des affaires m'appellent. Si une récompense vous vient à l'esprit, demandez à l'intendante, elle saura où me trouver. Faites tout de même attention à vous, sans vouloir vous effrayer, si Jasper apprend que vous m'avez aidé, il pourrait se montrer ... Violent. Evitez les routes sombres et soyez toujours accompagnée si vous partez. Merci encore."
Il s'inclina une nouvelle fois, puis, lentement, sortit de la pièce pour la laisser prendre sa décision. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Nous ne te lâcherons pas. Mer 28 Mar 2012 - 12:43 | |
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Une fois de plus, le général sembla se perdre dans ses pensées, différentes émotions passant dans son regard pour finir par afficher un air froid et dur. Peut-être voulait-il se protéger ou tout simplement, ne pas montrer le mal et le chagrin qui le rongeait à présent. Il n’avait pas réagit à son nom. Rien de bien étonnant. Après tout, pourquoi aurait-elle été connue par le dirigeant de la contrée humaine ? Elle n’était personne et n’avait rien fait d’extraordinaire qui méritait qu’elle soit répertoriée dans les archives ou décorée par qui que ce soit. La fixant à nouveau, il bougea sa main gauche, exposant les différentes bagues qui s’y trouvaient à la vue de la jeune elfe.
" Vous voyez ces bagues ? Elles représentent chacune un de mes frères. La première, ici, est brisée car ce frère est mort il y a bien longtemps. La seconde est en morceaux parce que j'ai dû achever Kratos, mon second frère, moi-même. Les deux autres sont ternies car leur vie l'est tout autant. Jasper et Edward vivent encore, si on peut appeler cela une vie. Ils ont reçu le même don que moi, la jeunesse éternelle. Celle-ci se poursuit au-delà de la mort ... Ils vivent sans vivre, sont morts mais respirent. La haine des déchus les habite. Si je n'étais pas là, cela fait longtemps qu'ils auraient entrepris de raser Oryenna. Mais, profondément ancré entre eux, subside un soupçon d'amour fraternel. Kratos, il y a peu, m'a défié. Comme j'achève de le dire, je l'ai tué, une seconde fois, et il s'en est parti pour les limbes, le repos éternel ou la souffrance éternelle, nous n'en savons rien, personne n'a d'informations sur ces lieux. Celui qui m'a fait ça, qui a ôté la vie de mes chéries, c'est Jasper. Vous voyez comme la bague bleue luit de temps à autres ? Comme elle s'anime en quelques sortes ? C'est signe qu'il s'agite. Il est entré en guerre contre moi. Cela ne se résoudra que par la mort d'un de nous deux, personne ne peut rien contre eux. Ils peuvent se rendre immatériels à souhait ... Mais j'ai une arme pour les combattre. "
Elenwë l’écouta attentivement, buvant ses paroles comme un enfant écoutant le récit de la vie de ses ancêtres. Le général Critias parla d’un don qu’on lui avait fait. Mais qui ? Quand ? Et comment ? Pourtant, elle n’osa pas poser plus de questions. La jeunesse éternelle ? Chaque homme rêvait de l’avoir. Les autres races moins. Les vampires, elfes et nains vivaient parfois des siècles, ne mourant pas de vieillesse mais de maladies ou lors d’un combat. Les lycans avaient pour eux, deux vies. Celle de l’humain et celle de l’animal, qui leur allaient. Ils vivaient le temps de deux vies en une seule. Les humains, eux, n’avaient aucune de ses facultés et beaucoup rêvaient de pouvoir et de vie éternelle. Sëleucos avait-il eu ce que tout le monde voulait ? La beauté éternelle ? Bref, il avait donc définitivement tué l’un de ses frères alors que un était déjà mort il avait plusieurs années. L’homme avait marqué une petite pause avant d’enchaîner, sa voix tremblant légèrement d’émotion. Mais vite, la détermination brilla dans ses yeux sombres. Elen eut l’impression qu’il n’aurait jamais l’esprit tranquille tant qu’il n’aura pas tué son frère et vengé sa femme et ses filles. Il avait un plan et le réussirait.
La jeune elfe le regardait avec attention ne sachant que penser, mais avant qu’elle ne lui réponde, il se leva. Le général lui sourit tristement, ses pensées certainement occupées ailleurs. Elen aurait tant voulu l’aider, mais il semblait si sûr et fier de lui. Jamais il n’accepterait son aide.
" Vous pouvez profiter du château aussi longtemps que vous le désirez, mais je vais devoir vous laisser, des affaires m'appellent. Si une récompense vous vient à l'esprit, demandez à l'intendante, elle saura où me trouver. Faites tout de même attention à vous, sans vouloir vous effrayer, si Jasper apprend que vous m'avez aidé, il pourrait se montrer ... Violent. Evitez les routes sombres et soyez toujours accompagnée si vous partez. Merci encore. "
L’elfe ne fit pas attention à ses recommandations, le regardant partir, une leur triste dans les yeux. Malgré tout le chagrin qui occupait l’homme qu’elle avait sauvé, elle aurait aimé en apprendre plus sur lui, le connaître dans d’autres états que la tristesse, la colère ou la douleur. Mais il s’inclina doucement et se dirigea vers la sortie, sans lui adresser un dernier regard.
Elenwë s’assit un instant, sans bouger. Plusieurs minutes se déroulèrent et elle se releva, enfilant ses armes, qui étaient posées non loin, autour de son corps. Elle ne savait pas pourquoi, mais sur ses yeux et son esprit, un voile de tristesse se posa soudainement. Le général avait des choses importantes à faire, elle ne pouvait se permettre de rester dans ses pattes. Dans un soupire, elle prit une plume et une bout de parchemin écrivant de sa belle écriture.
* Je vous quitte… Dans l’espoir de vous revoir un jour mon général… *
Marchant vers la porte, Elen jeta un dernier regard à la chambre, au lit encore couvert de sang et à la petite table où se tenait le papier. Ces derniers jours ne deviendraient qu’un simple souvenir qu’elle oublierait surement avec les années. Pourtant, elle semblait persuadée de ne pas oublier le visage da Critias d’aussitôt… La jeune elfe quitta la demeure sans bruit, sans croiser personne, disparaissant telle une ombre n’ayant jamais existé…
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