Je m'enfonce dans cette forêt lourde et sombre en me demandant ce que je faisais ici. Peu à peu que je m'aventure dans toute cette verdure, je remarque qu'elle commence à décliner, les arbres se dispersent. Certains sont sans feuilles, d'autre à la limite de la pourriture, l'herbe jusqu'alors verte, n'existe plus, ce n'est de la terre légèrement boueuse. Cet endroit ne me dit rien qui vaille. Je m'arrête devant un saule qui se trouve au sol, à la vue de son tronc, je pouvais aisément en déduire qu'il a du être arraché par une force hors du commun … Ambrale, troll ou une autre créature qui pourraient correspondre à une telle description physique.
Je m'apprête à rebrousser chemin, ne voulant pas me retrouver nez à nez avec l'assassin de cet arbre, lorsque j'entends une légère voix provenant de derrière moi.
«-Tu as encore bien grandi … Mon fils. » Cette voix … Je pouvais la reconnaître entre mille. Je ne l'ai jamais oublié, pas un seul instant de ma vie. Je savais qu'un jour ou l'autre j'allais l'attendre de nouveau, mais cette fois-ci, je serais prêt … Je me retourne pour en avoir le cœur net.
C’était bien elle, elle n'avait pas changé depuis ces deux années où je ne l'avais pas revu. Toujours aussi chétif, aussi petite qu'elle fait à peine quinze années humaines. Cependant, elle a rangé au placard ces anciens haillons pour une robe … Elle se serait ainsi vêtit pour notre rencontre ? Peut importe.
Je ne lui réponds pas, je n'en avais pas envie et je n'ai qu'une seule ambition en ce moment et rien ni personne ne pourra me résigner, aucune force en ce monde ne pourra m'empêcher de commettre ce crime … Celui qui me ronge, celui que je rêve.
Je dégaine rapidement mon épée, la regardant droit dans les yeux. Un mince sourire orne ses lèvres. Ma réaction ne se fait pas attendre lorsque j'aperçois ce sourire perfide et provocateur. Je fulmine comme un affamé face à un bout de viande, je hurle son nom à m'en faire exploser les poumons.
«-Oneriaaa !!!!»Je bondis par dessus l'arbre couché et continue ma lancer jusque là où elle siège sans un moindre mouvement, et de toute manière, je l'aurais pourchassé jusqu'en Omërie s'il le fallait. Je serre le manche de mon arme avec puissance, un filet de sang s'échappe à travers mon étreinte et viens couvrir la boue d'une couleur rubis.
Après une course frénétique et haletante, j'arrive à son niveau, je garde mon élan et lève ma lame jusqu'à son paroxysme en ayant la ferme intention de la couper net et sans bavure. Oneria, jusqu'alors, aussi stoïque que le marbre, tournoie sur elle même et vient loger son pied dans mon buste laissé sans protection. Sous le choc de l'impact, je laisse mon arme s'envoler dans les airs tandis que je suis projeté en arrière où je fini mon essor contre ce bon vieux saule.
«-Tu as une siècle de retard pour pouvoir me toucher.»Je tente de me relever, légèrement sonné mais un coup de pied à l'épaule vient me coller à nouveau contre le bois. Pris au piège par ma sois-disant mère, j'adresse un mince regard vers elle et plonge mes yeux dissociés dans ses pupilles rouges incarnats. Je serre les poings et grince des dents, je suis aussi impuissant qu'à l'époque, d'où pouvait-il tirer une force incommensurable dans un si petit corps ? Mes cotes hurlent de douleur. Elle passe une main dans mes cheveux encore dérangés par mon envolé fulgurante.
«-Tu ressembles de plus en plus à ton père …»Que pouvait-elle bien savoir à qui je ressemble, et heureusement, je ne lui ressemble pas. Je m'imagine les cheveux rouge et les yeux de la même couleur … On m'aura arrêté un nombre incalculable de fois aux portes des cités. Je détourne la tête pour esquiver sa main avant qu'elle aille plus bas puis je lui murmure.
«-Qu'est-ce que tu veux ? -Ôh allons … Pourquoi une mère viendrait-elle voir son fils ? Je veux juste savoir comment tu allais, n'est-ce pas normal ?»La haine et la rage montent en crescendo en l'écoutant parler. Je pivote de nouveau la tête et la regarde une nouvelle fois, je voulais la tuer, lui arracher les boyaux … Que son sang m'entache.
«-Ne me regarde pas comme ça, mon fils …-De quel droit m'appelles-tu ainsi ? ! Comment oses-tu venir me voir comme si de rien n'était ? ! Tu as tué Hylianna ! Tu as brisé mes rêves, tu as réduit à néant tout ce que j'aimais !-Je l'ai fait pour toi.»Interloqué par cette réponse, je reste bouche bée quelques secondes, ne comprenant où elle voulait en venir. Tuer ma seule raison de vivre, pour mon bien ? Je baisse le regard étant dans l'incompréhension la plus totale.
«-Que veux-tu dire ?-L'amour rend mou, l'amour rend faible. Je te l'ai prouvé en la tuant sous tes yeux … Tu n'es qu'un homme apathique, vulnérable … Enfin si on peut t’appeler homme … Je te voyais plutôt comme un gamin terrorisé.»L'amour, n'avait-elle pas succombé a cette sensation étrange afin d'engendrer mon existence ?
«-Ton père n'avait pas besoin de m'aimer … Tout ce qu'il voulait, c'était du plaisir charnel, mon corps en somme ...»Je lui montre ma paume blessée pour lui demander expressément d'arrêter de parler.
«-Tes divagations libidineuses et perverses ne m'intéressent pas … Mais merci, maintenant je sais d'où je viens et quels parents j'avais avant d'être adopté en Ephaelya.»Je me tente de me relever en espérant qu'elle ne me remette pas à terre comme précédemment. Elle ne fit rien ... mon dos est en miette aussi que mes cotes. Je ne vais pas pouvoir la combattre à présent.
«-Qu'est-ce que tu veux de moi ? Qu'est-ce que tu cherches ?-Protège moi de ton père, et tout ira bien … Tu es né pour ça, tu n'as pas d'autre choix que de le faire … Sinon ...»Sans que je puisse réagir, elle plante sa main dans mon buste brisant plusieurs cotes au passage. Je reste sans voix puis je crache mon sang sur son bras tout en remarquant que sa main avait littéralement disparu dans mon corps.
«-Je serais obligé de te tuer … Toi et tout ceux que tu protèges.»Elle retire sa main hâtivement, un flot de sang s'en suivit. Je me retrouve à genoux essayant d'arrêter cette fluctuation vermeille à l'aide de mes mains. Rien à faire, je perds tout mon sang, pour un vampire, c'est presque ironique.
Je me réveille en sursaut, faisant s'envoler quelques oiseaux curieux. Je me relève en me tenant la tête ton en repensant a ce qu'il s'est passé plus tôt. De me souviens de cette blessure, avec prestesse, je défais mes vêtements à la recherche d'une quelconque plaie béante. Je n'avais rien, enfin rassuré, je balaye l'endroit du regard. C'était le lieu que j'avais investi pour m'endormir … Une forêt luxuriante et dense pour avoir la tranquillité.
Ce rêve, encore elle. Oneria la démone, comment faisait-elle pour s’immiscer dans mes rêves. Cependant, une chose est sûre, c'est qu'elle est toujours vivante.