Orage au désespoir... [Terminé]

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Dorian avançait avec difficulté dans la forêt des murmures, recroquevillé sous sa grande veste de soie afin de se protéger de la pluie battante : le tonnerre grondait très fort dans le ciel ce soir là, l'orage devait donc se trouver juste au-dessus de lui.
Étrangement, il n'avait pas vu la météo se dégrader, mais cela était certainement dû aussi à l'épaisseur de la végétation au-dessus de sa tête ; celle la même qui retenait le plus gros de la pluie, empêchant ainsi que le jeune homme ne fut complétement trempé.
Son esprit était encore un peu faible après avoir apprit ce qu'il était vraiment et avoir gagné sa liberté : cela ne faisait même pas deux jours que Drek et Tombétoile étaient venus le chercher pour l'arracher à sa monotonie quotidienne d'esclave.
Il n'arrivait pas à remettre les choses en ordre dans sa tête, et il songeait à tant de choses à la fois qu'il lui était impossible de faire le tri correctement. C'est donc engourdit par ses doutes et par la pluie glaçante qu'il continuait d'avancer, fixant le sol six pieds devant lui, respirant par la bouche afin de ne pas aspirer accidentellement de l'eau par le nez.
Ses cheveux parfaitement noirs étaient plaqués sur son visage par la pluie, et des goutes en ruisselaient abondamment, donnant au jeune-homme un air plus mélancolique encore. La symphonie des goutes d'eau heurtant la végétations et du tonnerre lui donnait l'impression que la tempête qui se déroulait dans son esprit s'était finalement projetée jusque dans le ciel. Et, étrangement, cette pensé lui fit du bien. Quoi de plus apaisant que de se sentir en harmonie avec la nature qui vous entoure ?
Froid, mouillé, abattu et en proie au chaos.
Il cessa un instant de marcher et s'immobilisa prêt d'un arbre, ramenant ses mèches de cheveux derrière ses oreilles, relevant vaguement la tête, les yeux plein de fatigue. Son visage était toujours aussi beau : le ruissellement de la pluie mettant en valeur ses formes parfaites, ses cheveux plaqués et humides lui dressant un cadre magnifiquement triste... De plus, ses vêtements de soie complétements trempés lui collaient au corps, dessinant chaque contour de ses muscles, épousant sa silhouette de manière remarquable. Dans cette état, qui ne serait pas tomber en émoi face à Dorian ? A la fois fort et inflexible sous la tempête, mais aussi incroyablement vulnérable et sans défense.
Il rangea alors ses avants bras dans les amples manche de sa veste de soie et les fit tourner afin d'en essorer le maximum d'eau. Il devait se trouver rapidement un abri, sans quoi il finirait par tomber malade, ce qui serait dommage.
Il accéléra donc le pas, sentant l'épée courte qu'il portait battre sur son flan gauche au rythme de sa marche, produisant un léger tintement accompagnant le vacarme du tonnerre et de l'averse. Heureusement qu'il n'y avait pas de vent en plus de cela, sinon il serait immédiatement tombé malade.
Après quelques minutes de marche rapide, il aperçu finalement un grand aggloméra de rochers ; lesquels semblaient assez grand pour comporter des interstices suffisamment larges pour faire office de grotte. Il s'approcha alors tandis qu'un sourire de soulagement commençait à se dessiner sur ses lèvres... Mais la joie fut de courte durée, car un grondement sourd résonna alors tout prêt de lui. Un gros loup au poil hirsute avait surgit furtivement d'une des grottes naturelles qui se trouvaient là.
Et l'animal semblait vouloir chasser Dorian hors de son territoire. Mais le jeune homme ne se laisserait pas faire ; et si il devait gagner son abri pour la nuit, alors il se battrait.
Il dégaina alors son épée, le bras tremblant légèrement, pointant son arme vers le loup qui grognait, tentant de contourner le jeune homme. Ce dernier tenta alors de donner un grand coup verticale à son adversaire qui l'évita avec agilité avant de contre-attaquer.
Dorian recula de quelques pas afin d'éviter les mâchoire enragé de l'animal qui grognait de plus belle. Il ne s'était jamais battu auparavant, et pour une première fois il trouvait cela un peu rude, aussi continua-t-il de reculer un instant avant de s'immobiliser, encrant d'instinct tout son poids dans le sol, observant attentivement la féroce créature, prêt à réagir à la première occasion.
Occasion qui ne mit pas longtemps à se présenter, car après un grand coup de tonnerre, le loup se rua sur lui toutes dents dehors, fonçant pour attraper sa gorge vulnérable.
Comme si il savait ce qu'il devait faire, le jeune homme ne bougea qu'au dernier moment, baissant les épaules, fléchissant légèrement sur ses genoux et envoyant la lame vers l'avant, laquelle alla directement se fiche en travers de la gorge de l'animal qui poussa un grognement étranglé se terminant en un horrible gargouillis.
Dorian retira son épée et la garda un instant en main, observant avec stupéfaction le corps du prédateur, ensanglanté et inanimé... Une odeur fétide de sang et de chien mouillé se dégageait du corps, se qui fit se couvrir le nez au jeune homme, affichant une expression de dégout mal dissimulée.
Il venait de tuer... Il venait d'accomplir l'impitoyable rituel de la loi de la nature, manger ou être mangé. Et cela le dégoutait.
Il aurait préféré que l'animal parte sans faire d'histoire ou au pire partager sa grotte le temps d'une nuit. Mais alors pourquoi avait il dû en arriver la ? Et pourquoi la mort d'un simple loup semblai tellement peser sur sa conscience ? Il était déjà fragile après tout ce qu'il avait vécu, mais tout de même.
C'est alors qu'il entendit d'autres gémissements, plus plaintifs. Et il vit alors un autre loup, plus petit et au pelage plus clair, tenant sa queue entre ses jambes, la tête basse... Une femelle.
Trois louveteaux la suivaient, sortant de la même caverne que celui qu'il venait d'occire. L'un deux gémit et se dirigea vers la dépouille, mais il fut rattraper par sa mère qui le força à courir en sens inverse sur quelques mètres. Chacun des membres de cette famille de loups semblait soigneusement éviter de regarder Dorian. Celui-ci était resté figé pendant toute la scène, tremblant des bras et des jambes, bouche bée. Et il aurait juré qu'avant de partir, la louve lui avait lancé un regard plein d'accablement et de tristesse.
Le jeune homme tomba finalement à genoux et sentit un spasme gagner le bas de son ventre et remonter jusqu'à sa gorge... Il pencha alors la tête, vomissant tout ce qu'il avait pu manger aujourd'hui à quatre ou cinq reprise.

-"Je suis désolé... Je voulais pas..."

On aurait guère put distinguer les larmes des goutes de pluies sur son visage, mais ses traits crispés dans un élan de tristesse le trahissaient. Il avait subi un traumatisme énorme il y a deux jours de cela ; et à présent il en subissait un autre. Et quoi que plus infime que le précédent, il n'en restait pas moins choquant à ses yeux.
C'est donc tout tremblant de nervosité qu'il rengaina son épée et s'avança vers la grotte toute proche, se courbant à peine pour y pénétrer.
L’intérieur était incroyablement vaste pour une simple grotte ; et à en par l'absence d'odeur, la famille de loups ne devait pas y avoir élu domicile depuis plus de quelques heures...
Non ! Il ne devait plus y penser, il devait penser à sa survie maintenant, sinon tout cela n'aurait servit à rien.
Il songea alors à faire du feu, pensant aux précieuses sacoches de cuir parfaitement imperméable que lui avait offert son ancienne maîtresse. Ainsi, il avait rangé son nécessaire de feu dans l'étui de sa carte, qui était le plus imperméable de tout ses bagages.
Il se sécha alors les main tant bien que mal, les frottant contre les parois bien sèches de la caverne, puis l'une contre l'autre.
Il se mit finalement à chercher de quoi démarrer le feu, ce qui n'était pas évident dans cette obscurité : mais par chance, il tomba sur un petit tas de poils de loups, surement l'endroit ou ils se couchaient pour dormir... Cela ferait bien l'affaire.
Puis, grattant son silex contre le grattoir d'acier crénelé réservé à cet effet, il produisit de brèves étincelles afin de voir momentanément dans cet obscurité. Une gerbe d'étincelles révéla alors la présence d'une vieille souche d'arbre encore pleine de bout d'écorces et de feuilles mortes. Tout cela était plus que parfait pour démarrer un bon feu.

Quelques minutes plus tard, Dorian était confortablement installé près d'un bon feu, ses précieux habit séchant juste à côté, étalés sur un gros rocher. Il n'avait gardé sur lui que son caleçon long, afin d'éviter de mettre en contacte ses parties sensibles avec la roche sale. Un peu de repos et de chaleur lui faisaient un bien fou après toutes ses épreuve, et il s'en trouva tellement détendu qu'il se surpris à sourire...

-"Le confort... Ça ne tient finalement pas à grand chose..."

Spoiler:

Cela faisait quelques temps déjà qu’Emerence marchait sous cet orage battant, le regard vide. La jeune femme se déplaçait sans même s’en rendre compte, physiquement présente, son corps ne représentait plus que le reflet de la combattante qu’elle était, se déplaçant au rythme de la symphonie de la pluie et du tonnerre. Mentalement ailleurs, la jeune femme divaguait cette fois complètement, en plein désarroi. Emerence faisait face à la pire des souffrances, la trahison, la douleur de l’amour. Son passé venait de refaire surface et la jeune femme était incapable d’y faire face. Pourtant c’était ce qu’elle souhaitait au plus profond d’elle-même, savoir la vérité, ce qui était réellement arrivé à l’homme qu’elle avait tant protégé, tant chéri, tant aimé. Et pourtant, maintenant qu’elle savait, qu’il n’avait été que l’ombre de lui-même, qu’elle n’avait été qu’un jouet entre ses mains, qu’une passade… Elle ne parvenait plus à avancer.

Elle avait tant enduré pour lui, de sa transformation en passant par l’apprentissage du combat et de sa nouvelle culture. Et voilà, voilà que tout ça n’avait été qu’un simple jeu, jeu auquel elle avait lamentablement perdu. Il l’avait manipulé, s’était servi d’elle et c’est tout… Une aventure de quelques années, une lamentable courtisane voilà ce qu’elle avait été pour lui. Une passade. Elle avait pourtant continué après sa mort, enfin sa fuite. Mais à présent la jeune femme s’en sentait incapable. Son passé n’avait été que mensonge, trahison et passe-temps. Alors qu’était elle finalement ? Un vampire ? Un jouet que chaque personne s’amuserait à casser ? Une ancienne humaine ?

Elle ne parvenait pas à trouver la réponse, mais le voulait-elle vraiment ? Elle aurait souhaité qu’on en finisse, revenir dans le temps et ne pas agir comme elle l’avait fait. Ne pas tuer tous ses humains, ne pas le défendre, elle aurait même souhaité perdre un de ses combats. Mais tout cela était impossible malheureusement.
Poursuivant son chemin dans l’intense forêt, poursuivant dans ses pensées, Emerence en venait à croire que mourir serait plus facile que de vivre.

La pluie commençait à traverser sa capuche, parcourant son visage jusqu’à sa robe blanche. Celle-ci commençait à s’éclaircir. Et la froideur des goutes, ne venaient qu’accroitre le sentiment de tristesse qui parcourait la sang-froid. Les larmes de la jeune femme s’étaient à présent mêlées à la flotte. A cet instant précis, elle n’avait plus aucune raison de poursuivre son éternité, éternité qui ne suffira pas à cicatriser la blessure de son passé.

C’est à ce moment que le corps de la jeune femme ne supporta plus son poids, et que ses genoux tremblant finirent par fléchir sous le poids de ses pensées. S’écroulant sur le sol froid, la jeune femme se mit à hurler, laissant sortir sa colère et son désespoir. Elle ne ressemblait plus à rien et l’image extérieure qu’elle reflétait, reflétait parfaitement la façon dont elle se voyait.
Relevant ses yeux tremblant, la jeune femme aperçut un peu plus loin ce qui ressemblait à un feu. Se relevant avec difficultés , elle tituba jusqu’au lieu éclairé. Observant le jeune homme installé, elle soupira et d’une voix défaillante murmura :

-« Je peux… ? Je veux juste m’abriter un peu… »

Le regard encore perdu la jeune femme s’installa proche de la sortie, prit ses genoux entre ses mains et s’abrita le plus loin possible du jeune homme. Elle n’avait pas pris la peine d’observer ce qu’il était, ni même de prendre garde à a un possible danger. Cela lui était complètement égale.

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Dorian commençait à peine à se détendre, se laissant doucement bercer par la chaleur ondulante du beau feu de camp qu'il avait réussit à faire naître tout à l'heure. Ses vêtement seraient sans doute bientôt sec, et il pourrait alors se réchauffer d'avantage. Cette seule perspective lui apportait un peu de réconfort, et il était tellement fatigué à présent, que même ses angoisses n'eurent point la force de revenir le hanter.
Il était désormais hors d'atteinte de la pluie et du tonnerre qui résonnaient au dehors, il ne les craignait plus. Et cela ne fit qu'ajouter à son impression de confort, tant et si bien qu'il aurait pu se laisser aller à la somnolence...
Si ça n'avait été ce cri terrifiant et lointain qu'il entendit alors ; une série de hurlement de rage hystérique, comme il en avait rarement vu.
Mais qui donc pouvait bien être si mal en point en ce début de soirée, dehors sous une pluie torrentielle ?
La réponse ne se fit pas longtemps attendre, car Dorian aperçu alors une haute silhouette féminine pénétrer dans la grotte. Il ne put la distinguer clairement que lorsqu'elle passa près du feu, la lumière de celui-ci éclairant les traits de son visage. Elle était encore crispée, ses yeux étaient rouge d'avoir pleuré et sa voix lorsqu'elle demanda si elle pouvait s’abriter ici trahissait un certaine fatigue morale.
C'était une dame vampire ; probablement à l'origine des hurlements de tout à l'heure.
Quoi qu'il en fut, le jeune homme ne pouvait décemment pas se sentir menacer par une personne ayant un l'air d'avoir tant souffert. De plus, il connaissait bien les vampires, et venir s'abriter près d'un feu en compagnie d'un humain, en se montrant si pleine de détresse n'était pas dans leur habitudes... Cela devait être quelque chose d'important, pour ne pas dire terrible.
Cette personne, tout comme lui, était en proie au doute, au désarroi et à la tristesse. Tout comme lui elle avait pleuré et avait cherché un endroit ou se recroqueviller en attendant que la douleur se calme...
En plein cœur de l'orage et de la pluie glaçante, ils avaient tout deux finalement trouvé un coin ou se réchauffer, ou se reposer...
Le jeune homme contemplait son visage avec curiosité. Non seulement pour y lire quelques indication sur la nature de son malêtre, mais aussi car il savait qu'une robe blanche mouillée laisserait transparaitre des parties de son corps qu'une Dame digne de ce nom ne montre pas à tout le monde.
Son visage était d'une beauté sépulcrale, pour ainsi dire, car il avait la pâleur du marbre et l'aspect de la soie. Cela faisant un magnifique et incroyable contraste avec ses lèvre rouges et ses yeux incroyablement brillants. Non pas seulement à cause des larmes ou de la pluie, mais ses yeux brillaient de désire... Celui, certainement, de mettre fin à cette souffrance qui semblait la tenailler en son âme.
Dorian détourna alors les yeux et observa le feu attentivement, comme si il y voyait le visage de la Dame vampire en face de lui. Puis il jeta un œil à son épée, rangée dans son fourreau orné de pierreries et d'argent, posé contre la roche, ou dansaient les reflets orangés du feu de camp.
Il avait conscient d'être, lui aussi, presque nu, mais il n'y prêta guère attention. De la d’où il venait, il arrivait qu'on lui ordonne de se dévêtir en certains cas...
Il se risqua finalement à prendre la parole. Du ton le plus doux possible.

-"Ma Dame... Je m'appelle Dorian Escher... Et je crois deviner que la tristesse vous ronge tout comme elle me rongea... Puis-je faire quelque chose pour vous ?"

Il avait l'habitude d'adresser la parole à des vampires, nobles et moins nobles. Mais il ne se doutait pas une seconde que rencontrer ceux-ci en dehors du manoir ne lui garantissait en aucun cas une réaction positive.
Mais il avait agit par réflexe, en bon serviteur qu'il était, il avait appris à être de la meilleurs compagnie possible pour un suceur de sang, tant est si bien que cela affecta sa personnalité... La peur de décevoir autrui naquis alors en lui bien des années auparavant, une réactions normale lorsque l'on est au service de maître exigeant pendant si longtemps.
Il adressa son sourire le plus aimable à la Dame devant lui. Espérant une réponse de sa part. Espérant qu'elle ne se draperait pas dans quelques froideurs pour ce qu'elle ne voulait pas lui adresser la parole.

Emerence sentait le regard de l’humain se poser sur elle, contrairement à son habitude elle n’eut aucun sentiment de rejet, et ne lui sauta pas non plus à la gorge. Bien au contraire, elle se sentait horriblement fragile et avait l’impression qu’à la moindre brise elle allait tomber en poussière. Son regard tremblait encore, observant la pluie battante s’abattre contre les parois extérieures de la grotte. Elle tentait de se ressaisir doucement retenant ses larmes qui étaient prête à ruisseler une nouvelle fois le long de ses joues. Une douce voix l’obligea à déposer son regard sur son interlocuteur :

- « Ma Dame... Je m'appelle Dorian Escher... Et je crois deviner que la tristesse vous ronge tout comme elle me rongea... Puis-je faire quelque chose pour vous ?" »

Déposant son regard sur Dorian, Emerence remarqua enfin la beauté du jeune homme. Ce qui la frappa en premier sont certainement ses grands yeux gris, s’opposant parfaitement à ses lèvres roses pales, vint ensuite la pâleur de son visage semblable à celle des vampires.
Elle resta figeait un long moment, cloitrait dans son silence. Observant le sourire du jeune homme, elle ne vit pas l’ombre d’une canine ce qui la rassura un tant soit peu. Elle n’aurait pas à se battre ou à résister a un de ses congénères et à leur pulsions. Elle finit par discrètement rendre un semblant de sourire, dévoilant deux canines bien aiguisées. Entrouvrant ses lèvres afin de donner une réponse à l’humain, aucun son ne sorti de sa bouche.
Elle referma ses lèvres, soupirant. Et reporta son attention sur la chaleur du feu, ses pensées était encore ailleurs et son propre comportement la dégoutait. Ce sentiment de vulnérabilité prenait de plus en plus de place dans son esprit. La jeune femme se sentait faible et n’avait pas la force d’être agressive, de se défendre ou d’avoir son comportement habituel. Elle finit par serrer les plis de sa robe entre ses doigts, prenant sur elle, puissant la force de répondre.

-« Je… Je ne crois pas. Sauf si vous acceptez d’ôter la vie à une éternelle ? »

Retirant doucement sa cape, la jeune femme se pencha a fin de l’étaler pour la faire sécher. Ses propres paroles raisonnaient encore en elle. Emerence était tombée bien bas et rien n’y personne ne pouvait changer ça. Essorant sa chevelure, la vampire paraissait sérieuse dans ses propos.
Elle finit néanmoins par se redresser, remarquant enfin la transparence de sa robe. Elle haussa simplement les épaules, ce n’était pas son souci le plus important, elle s’approcha un peu plus de l’humain et surtout du feu afin de se réchauffer un peu. Elle finit par sourire une nouvelle fois, remarquant enfin l’étrangeté de la situation… Elle était là, elle si hostile, si sauvage. En train de discuter avec un humain, qu’elle aurait normalement tué sans perdre de temps.
Et lui qu’attendait il ? Qu’attendait il pour profiter de sa faiblesse pour l’abattre, la blesser ou même pire ?
Relevant le regard vers Dorian, la jeune femme finit par murmurer :

-« Je me nomme Emerence de Gainbourd… Que faites-vous ici humain? »

Déposant une nouvelle fois son regard sur lui, la curiosité maladive de la jeune femme prenait petit à petit le dessus sur sa tristesse. Cet humain l'intriguait, qui était il pour ne pas être hostile vis à vis des vampires ? Qu'est-ce qu'il avait voulu dire avec sa tristesse ... " Et je crois deviner que la tristesse vous ronge tout comme elle me rongea.." Que pouvait-il bien arriver a un humain de si dramatique, pour comparer sa peine à celle de la jeune femme ? Pourquoi était il si calme et si doux avec elle ?

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Dorian sentait bien le malaise qui habitait la Dame vampire... Tout comme il se l'était imaginé, se montrer aussi vulnérable devant un être humain était quelque chose d'incongru pour ceux de sa race, et il pouvait parfaitement le comprendre.
Cela dit, et à son grand soulagement, elle ne parut pas se murer dans le silence et la froideur, au contraire même, elle daigna lui adresser la parole, même si ce fut pour lui répondre quelque chose de si sinistre.
Elle était donc à ce point en proie à la tristesse qu'elle pouvait parler de mourir avec une telle conviction ?
Le jeune homme n'avait jamais pensé vouloir mourir, même récemment ou il avait pourtant vécu des moments si difficiles. Mais en y repensant, il avait bien fait de vouloir rester en vie jusqu'au bout, et si il avait souhaité la mort à ces moments la, il serait surement entrain de le regretter en ce moment.
Il leva alors à nouveaux les yeux vers ceux de la Dame et dit avec un sourire qui se voulait compréhensif.

-"Vous voulez mourir maintenant... Mais la prochaine fois que vous trouverez un peu de bonheur, vous vous souviendrez de cette idée comme d'une sottise... Sauf votre respect..."

Sur la fin de sa phrase, il baissa légèrement les yeux, à défaut de pouvoir s''incliner dans la position ou il se trouvait actuellement.
Il la vit alors retirer sa cape tandis qu'il focalisait son regard sue le feu de camp. Cette souche et son contenu étaient une aubaine, elle pourrait flamber presque toute la nuit à elle seule, et vu que l'orage ne semblait pas perdre en force, cela serait bien pratique.
Il vit ensuite du coin de l’œil la dame essorer sa chevelure avant de se redresser, lui offrant ainsi une vue en contre-plongé sur sa robe rendue transparente par la pluie. Ayant suivit son geste du regard, il se dépêcha de détourner les yeux, les reportant à nouveau sur le feu.
Peut être était-elle intrigué par le jeune homme ? Après tout, un humain normal ne devait il pas avoir peur ? Craindre pour sa vie.
Mais Dorian était tellement habitué à la présence de vampires qu'ils n'y songea pas. Il s'était fait mordre des millions de fois par divers vampires, et tous l'avaient complimenté et avait avoué ne vouloir en aucun cas lui faire de mal, de crainte d'être privé de son sang délicieux.
Qu'avait-il de sis spécial finalement ? Était-ce le gout du sang de ce héros ? Ou était-ce le savant mélange de celui-ci avec le sien ?
Mais il fut tiré de ses rêveries Par la haute silhouette qui le dominait, l’œil et la voix pleins de curiosité, quelques gouttelettes d'eau perlant des pointes de ses cheveux pour venir s'écraser sur le jeune humain...
Ce dernier fixait le visage de la Dame avec un mélange d'admiration et de calme. Elle lui donna alors ses nom et prénom et lui demanda ce qu'il faisait ici ; et c'était assez inattendu d'ailleurs, car personne ne lui avais jamais posé ce genre de question. De sa vie il n'avait reçu que des ordres, et cette personne était bien la première à vouloir faire connaissance avec lui.
Il eut un sourire charmant et reporta à nouveau son attention sur les flammes.

-"J'étais le domestique et le nectar personnel d'une Dame un peu comme vous...
Mais on m'a rendu de force à la liberté en m'apprenant que..."

Il ne sut formuler exactement la chose tout de suite. Il ne pouvait pas dénoncer les exactions de sa maîtresse, mais alors que dire d'autre ? Surtout que cette Emerence aurait pu reconnaitre le blason sur l'épée. Alors comment résumer le fait de porter en soit le sang de quelqu'un d'autre, mort depuis des années, au nom d'un fantasme morbide ?

"Que je n'étais pas vraiment qui je croyais être depuis tout ce temps...
Je suis partis, et , surpris par la tempête, suis venu m'abriter ici d’où j'ai dû déloger une... famille... de loup..."

Se disant il eu un frisson, un frisson de remord et de dégout. Il imaginait parfaitement la douleur que l'on pouvait ressentir : perdre un être cher ainsi que son foyer, tout cela à cause des caprices d'une seule personne...
Dorian serra les dents un moment.
Puis il sourit finalement à la vampire, plongeant ses yeux dans les siens.
Toute sa vie il n'avait fait que servir une noble vampire entant que domestique, et la seule manière qu'il avait de se sentir à sa place, s'était encore de rendre service.

-"Mais ma Dame... Je vous ennuie avec mes histoires. Ne souhaiteriez vous pas vous restaurer ? Nous pourrions ainsi discuter une fois rassasiés."

Le sourire qu'il lui adressait était des plus sincères, et le ton de sa voix était franc, et pas moins sincère. Tout en lui semblait dire à voix haute : "Je sais que tu ne me fera pas de mal."
Et si Emerence ne savait pas contrôler sa soif, ce qui pouvait arrivé même chez les plus expérimentés des vampires, Dorian saurez lui apprendre. Il saurez la servir comme il convient de servir une dame de son rang. Quel que soit la situation ou les circonstance.
Il ferma alors doucement les yeux, sentant la présence de la vampire à côté de lui, attendant de savoir ce qu'elle déciderait de faire ensuite.
Les yeux ainsi clos, le jeune-homme sentait toujours avec plus d'intensité les contactes sur sa peau, que ce soit les mouvement de l'air, les caresses ou encore la brûlure des crocs qui transpercent sa chair... Tout le "rituel" de morsure dont il avait prit l'habitude représentait pour lui une consolation, comme un enfant qui se laisse bercer par sa nourrice préférée...

- « Vous voulez mourir maintenant... Mais la prochaine fois que vous trouverez un peu de bonheur, vous vous souviendrez de cette idée comme d'une sottise... Sauf votre respect... »

Haussant les épaules, Emerence s’installait à ses côtés, repliant ses jambes afin de s’assoir à son aise. Ce jeune humain était soit complétement idiot de laisser une telle occasion passer, soit réellement gentil. Et la jeune femme penchait plutôt pour la seconde option. Étonnement, il parvenait à la faire sourire intérieurement, elle savait qu’il n’avait pas tort et que comme elle l’avait toujours fait. Elle finirait par tourner la page, et continuerait à avancer. Même si a l’instant présent elle n’envisageait pas la possibilité. Elle déposa son regard sur les flammes, illuminant ainsi son regard rouge d’une étincelle. Elle pencha sa tête sur le côté, comme à chaque fois qu’elle réfléchissait et écoutait avec attention le récit de son interlocuteur. Ainsi était-il un domestique d’une grande famille noble de vampire ? Cela laissait la jeune femme perplexe. Qu’est-ce qui pouvait pousser un humain à servir les vampires, à offrir son sang. En plus d’être gentil, cet homme était inconscient. Avançant dans son récit, Emerence en apprit d’avantage. Il avait été relâché pour des raisons encore floues, il n’était pas réellement qui il pensait être ? Il avait très certainement du boire un peu trop avant de partir de la demeure. La jeune femme observait depuis le début du récit le jeune homme avec grande attention, remarquant enfin le blason sur l’épée. Elle esquissa un fin sourire, mais ne posa pas plus de question sur le sujet de cette noblesse.

- « Je suis partis, et , surpris par la tempête, suis venu m'abriter ici d’où j'ai dû déloger une... famille... de loup.. »

Vu l’expression qu’affichait le visage du jeune homme, cela n’avait pas dû être une partie de plaisir pour lui. Et la sang-froid ne put s’empêcher de rire, le pauvre homme était là à parler avec une vampire, alors que cela ne devait pas être évident pour lui. S’était battu avec un loup ou une famille de loup, et s’était pris un orage sur la tête. La situation était aussi amusante que déroutante. Enfin, il aurait très bien pu se moquer d’elle également, heureusement, il ne la connaissait pas. La grande Emerence chasseuse hors-pair, sans pitié, la sans cœur par excellente était là, prête à se laisser tuer par un vulgaire humain. Echanger avec calme et éprouver même un certain réconfort d’être tombé sur lui. La phrase qu’ajouta Dorian fit stopper presque immédiatement les rires de la jeune femme.

- « Mais ma Dame... Je vous ennuie avec mes histoires. Ne souhaiteriez-vous pas vous restaurer ? Nous pourrions ainsi discuter une fois rassasiés. »

Haussant les sourcils, la jeune femme resta un moment sans voix face à cette proposition déroutante. Cette fois, elle en était sure. Cet humain avait un problème certainement, aussi gros qu’elle. Il avait certainement bu avant son départ et n’avait plus les idées claires, ou bien il souhaitait lui aussi mourir et sous les crocs d’un vampire en plus. Ou peut-être pire, il souhaitait être transformé. A cette pensée, elle grimaça un instant. Il fallait être fou pour vouloir une transformation de son plein grès. Elle finit par répondre à sa proposition à sa façon :

-« Cessez vos politesses avec moi, vous n’êtes plus un courtisan ou je ne sais quoi. »

Elle avait pensé bien pire, mais avait préféré le remettre en place en douceur. Elle ne voulait pas le blesser ou le fermer a la discussion. Emerence voulait simplement le faire réagir, il n’était plus un esclave, il n’était plus domestique. Mais bien libre et il devait en profiter. Elle ajouta plus calmement, un doux sourire affichait sur ses lèvres :

-« Vous devriez vous conduire en homme mon cher, méfiez-vous de mon espèce car pour nous vous n’êtes qu’un garde mangé. N’oubliez jamais ça. »

Elle avait été honnête avec lui et serrait doucement les plis de sa robe entre ses doigts. Repensant aux horreurs qu’elle avait pu commettre par le passé, à ses jeux aussi sournois que sadiques qu’elle avait entretenu avec chacune de ses victimes. Une question lui traversa alors l’esprit et elle s’empressa de la poser :

- « Vous l’aimiez ? Votre vampire. Si ce n’est pas le cas, pourquoi n’avez-vous jamais pris la fuite ? »

Redéposant ses yeux sur lui, elle remarqua enfin qu’il avait fermé les yeux, qu’il attendait patiemment qu’elle le croque. Observant le cou du jeune homme, sa veine, cette sensation de chaleur qui se dégageait des humains…. La jeune femme eut du mal à contenir ses pulsions et pourtant elle resta stoïque. Détournant le regard et se forçant à penser à autre chose.

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Il aurait pourtant dû s'y attendre, mais Dame Emerence semblait tellement perplexe qu'elle prit sa proposition et son geste comme des actes inconscients et inconsidéré, tout juste digne d'un... Courtisant, comme elle l'avait si bien souligné.
L'entente de ce mot arracha un sourire au jeune homme qui avait gardé les yeux fermés.
Ce qu'elle dit ensuite attira tout particulièrement l'attention de Dorian. C'était à la fois vrai et faux. Ou tout du moins, le propos méritait d'être grandement nuancé à ses yeux, mais il ne voulut pas lui couper la parole alors il patienta encore un peu, les yeux toujours clos.
Puis, lorsqu'il entendit finalement sa dernière phrase, cette question qui semblait réellement lui brûler les lèvres, il sentit son cœur louper un battement, et sans doute le rouge lui monta aux joue, ne serait-ce qu'un peu.
C'est à se moment qu'il rouvrit lentement les lui et se pinça les lèvres avant de se lever doucement, rejoignant le rocher sur le quel séchaient ses vêtements. Il avait un petit sourire gêné tandis qu'il pris la parole. Il enfilait son pantalon de soie.

-"Je comprends votre point de vue ma Dame. Et il est normal que vous ayez une telle vision des choses. Mais la mienne est... différente."

Il lui adressa un sourire poli tandis qu'il enfilait ses escarpins de toile et de paille tressée. Tout avait l'air parfaitement sec à présent.

"Mon plaisir, je l'éprouve sincèrement à rendre service à autrui... Car, quelle qu'elle soit, la forme de reconnaissance ou d'amour je reçoit en échange me comble... Je ne saurais vous expliquer cela davantage mais..."

Il nouait à présent la ficelle de cuir qui resserrait son pantalon autour de sa taille, sa chemise de soie jetée sur l'épaule.

"Je ne suis pas un humain comme les autres. Ma mémoire à été altérée et j'ai passé des années à vivre exclusivement dans l'enceinte d'un manoir. Sans compter que le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui qui m’appartenait au départ."

Il sentit poindre en lui la sensation d'en avoir trop, d'avoir presque trahis sa maîtresse... Mais il ne pouvait pas non plus passer sous silence cet élément de sa vie.
Il venait de finir d'enfiler sa chemise et veillait à ce qu'elle n'ai pas de faux plis.

"Et l'image de garde-manger est juste quoi qu'elle mérite d'être... Nuancée.
Même lorsque j'étais suspendu complétement nu au lustre du salon par les poignets en attendant que quelques invités viennent me mordre, je ne me suis jamais senti comme du bétail. Mais plutôt comme le centre de l'attention.
Ses lien à mes poignets étaient le témoignage de l'affection de ma maîtresse car elle n'aurait pour rien au monde voulut me voir m'en aller. Ma nudité était aussi une preuve d'amour, car cela prouvait que ma Maîtresse me trouvait si beau qu'elle voulait que tout ses amis nobles me voient, comme l'ont montre un nouveau diamant...
Et ce sang dan mes veines, auquel elle était presque dépendante, c'est avec ce sang que j'accaparais tout son amour..."

Une larme roula sur la joue de Dorian sans qu'il s'en aperçu le moins du monde, il avait tant parlé. Comment pouvait il se montrer aussi impoli et monopoliser la parole de la sorte ? Était-ce parce qu'il n'avait jamais eu l'occasion de se confier à quiconque ? Était-ce simplement sa faiblesse, les circonstance ?
La liberté impliquait cela aussi... Découvrir des choses inconnues, parfois terrifiantes ou délicieuses... Voir les deux à la fois...
Ses geste était lents, ralentis par l'hésitation lorsqu'il enroula sa grande ceinture de soie autour de son ample chemise. Il hésita un instant puis tourna à nouveau la tête vers Emerence, comme si il la voyait pour la première fois, tout en passant nonchalamment son épée à sa ceinture.

"Si je l'aimais ? ... je ne pense pas, enfin, pas en ce sens la... Elle me traité à la fois comme son enfants, son amant, son esclave... Sans oublié Rosia, la jeune sang pure d'à peine 10 ans. Elle me considérait elle aussi comme un grand frère, puis un futur mari à tour de rôle.
Mais grâce à l'aide d'un mercenaire du nom de Drek et à une autre vampire, j'ai pu me rendre compte de ma situation avec du recul... Et pour que ma maîtresse ne se fasse pas accusé de nécromancie ou d'esclavage sur un membre de la race humaine, j'ai dû les quitter. Mais je ne le regrette pas, et eux non plus. Je mérite et ai le devoir de vivre pleinement ma vie nouvellement acquise."

Il avait fini de s'habiller. Parler autant lui avait fait un bien fou, il avait l'impression que ses angoisses étaient désormais plus légère à porter, l'impression que cette Dame Emerence lui avait rendu un grand service, sans même peut être s'en apercevoir...
Hésitant, il se mordit la lèvre inférieure et souleva alors légèrement le pommeau de son épée, juste de quoi laisser dépasser une partie de la lame pour pouvoir s'entailler le pouce.
Une perle de sang se créa alors sur son doigt, magnifiquement sombre et reflétant les flammes du feu de camp qui crépitait bruyamment.
Il passa alors son pouce sur ses lèvres, empli de la curiosité de comprendre quel était ce sang qui n'était pas le sien, et pourquoi devait il être si délicieux.
Mais lui ne sentit sur ses lèvres que l'acidité, le gout iodé du fluide rouge, comme si il avait embrassé un bloc de fer.
Ses lèvres étaient rouges de sang, et un peu de ce liquide coula à la commissure de sa lèvre tandis qu'il observait Dame Emerence. Était-elle attirée, elle aussi ? Par l'odeur sois-disant enivrante de son sang ? Voudrait-elle le gouter finalement ? Le trouverait-elle divin ?
Il aurait tellement aimé faire quelques chose pour lui redonner le moral, tout comme elle l'avait fait pour lui... Indirectement.

Le jeune homme racontait à présent son histoire à Emerence, et celle-ci l’écoutait avec attention. Son regard était fixé sur lui, l’observant se vêtir, la jeune femme ne pouvait que savourer du regard la beauté et le corps de cet humain. A plusieurs reprises, elle haussa les sourcils, relativement surprise par les révélations de Dorian.

- « Et l'image de garde-manger est juste quoi qu'elle mérite d'être... Nuancée.
Même lorsque j'étais suspendu complétement nu au lustre du salon par les poignets en attendant que quelques invités viennent me mordre, je ne me suis jamais senti comme du bétail. Mais plutôt comme le centre de l'attention.
Ses lien à mes poignets étaient le témoignage de l'affection de ma maîtresse car elle n'aurait pour rien au monde voulut me voir m'en aller. Ma nudité était aussi une preuve d'amour, car cela prouvait que ma Maîtresse me trouvait si beau qu'elle voulait que tous ses amis nobles me voient, comme l'ont montre un nouveau diamant...
Et ce sang dans mes veines, auquel elle était presque dépendante, c'est avec ce sang que j'accaparais tout son amour...»

A cette nouvelle révélation, la jeune femme se crispa. Comment pouvait-il voir les choses ainsi ? A ses yeux, il n’avait été qu’un bout de viande, un vulgaire esclave, un nouveau jouet qu’on montre puis qu’on jette. Cependant il ne voyait pas les choses ainsi, et Emerence ne put s’empêcher de faire le rapprochement entre son propre passé, n’aurait-elle pas été capable de faire la même chose pour Hippolyte ? A cet instant, elle aurait voulu secouer l’humain face à elle, lui faire comprendre que les vampires étaient des monstres, des chasseurs redoutables, qu’il n’avait plus la protection de cette famille.. Qu’il ne pourrait plus ressentir cela, que c’était fini ! Mais la larme qui dévala la joue de son interlocuteur la fit renoncer, elle le laissa poursuivre silencieusement :

-« Si je l'aimais ? ... je ne pense pas, enfin, pas en ce sens la... Elle me traité à la fois comme son enfants, son amant, son esclave... Sans oublié Rosia, la jeune sang pure d'à peine 10 ans. Elle me considérait elle aussi comme un grand frère, puis un futur mari à tour de rôle. Mais grâce à l'aide d'un mercenaire du nom de Drek et à une autre vampire, j'ai pu me rendre compte de ma situation avec du recul... Et pour que ma maîtresse ne se fasse pas accusée de nécromancie ou d'esclavage sur un membre de la race humaine, j'ai dû les quitter. Mais je ne le regrette pas, et eux non plus. Je mérite et ai le devoir de vivre pleinement ma vie nouvellement acquise. »

Elle releva le regard, il avait l’air à la fois si vulnérable et si fort à la fois. Malgré sa situation, il n’avait pas renoncé à la vie et continuait à se battre. Cet humain forçait le respect.
Dorian finit par s’entailler le doigt afin de gouter son propre sang, l’odeur de celui-ci et le comportement de Dorian mit la jeune femme mal à l’aise. Emerence observait la scène incrédule. Sa gorge commençait à la bruler, et la jeune femme luttait contre elle-même, contre ses pulsions de vampire. Elle tenta donc de porter son attention sur autre chose, comme la pluie, le son de l’orage à l’extérieur de l’abri.

-« Laissez-moi insister, tous les vampires ne sont pas des nobles. Certains ne vivent que pour tuer, ils ne mangent pas pour vivre… Ils vivent pour manger. Vous comprenez ? »

La jeune femme se releva doucement, s’éloignant de l’odeur du sang. Elle essayait de paraitre naturelle, mais son acte était réfléchi. Elle avait de plus en plus de mal à contenir ses pulsions et la discussion ne l’aidait pas. Doucement, elle se refermait dans sa froideur habituelle, cherchant à dissimuler ses difficultés. Elle dépoussiéra doucement sa robe désormais sèche avant de se retourner pour observer Dorian, le regard figé sur les lèvres du jeune homme. Etait-il en train de la tester ? Voulait-il à ce point qu’elle craque et qu’elle s’abreuve en lui ?

Emerence avait beau y mettre toute la bonne volonté du monde, elle était en train de craquer intérieurement. S’avançant inconsciemment vers lui, enfin surtout vers le sang qu’il avait lui-même fait couler. Elle n’était donc qu’un animal, une bête. Au fond, elle espérait qu’il ne la laisserait pas faire, qu’il la repousserait si jamais elle n’arrivait pas à se ressaisir. Mais en était-il capable ?
Face à lui, elle le contemplait de ses grands yeux rouges. Le détaillant avec minutie, aussi proche, elle ne pouvait rien rater de son physique qu’elle trouvait déjà avantageux. Entrouvrant ses lèvres, elle dévoila ses canines… Son regard reflétant la bataille qu’elle se livrait intérieurement. Fermant les yeux, elle prit une respiration avant de les ré-ouvrir mais cela ne changea en rien. Elle n’avait plus qu’une idée en tête, le mordre, profiter de sa présence, boire. S’avançant d’un pas de plus, elle tenta de déposer ses lèvres sur le cou de l’humain, afin d’y déposer un baiser vampirique, juste avant d'essayer de le mordre tout en douceur.

Invité

Dorian lécha délicatement son pouce afin de nettoyer les dernières gouttes de sang qui y perlaient. Tout ce qu'il venait de dire à l'instant, à l'attention d'une dame qu'il ne connaissait même pas, tout cela lui paraissait tellement impertinent. Il avait aimé s'exprimer sur ses émotions, quoi qu'il jugea ne pas avoir trouvé les mots parfaitement justes pour ce faire ; mais quelque chose l'embêtait quelque part. S'ouvrir ainsi ne lui était guère coutumier et il ne savait pas trop comment son interlocutrice aurait pu le prendre.
Il reporta alors ses yeux sur elle, et il vit qu'elle semblait faire des efforts pour concentrer son attention ailleurs... Luttait-elle déjà contre l'envie de le mordre ? Et même dans ce cas, pourquoi lutter ? Avait-elle peur de lui faire mal ou de le tuer ? Ce qu'elle dit arracha alors un sourire à Dorian, encore une fois elle n'avait pas tord, mais son point de vue était bien trop tranché à son gout. Le jeune homme lui répondit alors calmement.

-"Il en va de même pour les êtres humains ma Dame. Il existe toujours de bonnes et de mauvaises personnes.
Mais sous prétexte que les vampires se nourrissent de sang humain, je devrais les craindre davantage ? Je suis désolé mais je n'y parviendrais pas."

Ce disant, il baissa les yeux. Il comprenait bien la relation de terreur qui s'était installée au cours des siècles et des siècles entre les humains et les vampires, les un se nourrissant des autre, parfois avec cruauté ; mais lui n'arrivait pas à se faire à l'idée. Après tout, pourquoi pas ? Si il était encore en vie à présent et si il appréciait offrir son sang, pourquoi ne pourrait-il pas faire comme bon lui semble ? Et en y repensant, il fini par se demander si il était vraiment un être humains lui-même...
Mis il fut interrompu dans sa réflexion en voyant du coin de l’œil Emerence qui s'avançait vers lui, le fixant d'un regard intense. Ses yeux paraissaient plus rouges encore, ou était-ce le reflet des flammes dans ses prunelles ?
De toutes manières, Dorian connaissait bien ce regard, car c'était celui qui lui procurait le plus de frisson de tous.
Les yeux affamés d'une créature nocturne, qui souhaite plus que tout gouter à du sang, peu importe la manière de le faire couler. Elle dévoilait déjà ses canines, ce qui déclencha un frisson dans le corps du jeune-homme, un frisson d’excitation. Cela faisait déjà quelques jours qu'il avait quitté sa Maîtresse, et ne pas recevoir ses morsures quotidienne lui avait procuré une sensation de malaise certain.
Aussi, par réflexe, le jeune homme défit légèrement sa veste de soie afin de dévoiler son cou et une partie de son épaule, puis leva délicatement les bras pour y accueillir Emerence, qui semblait avancer vers lui presque sans le vouloir.
Le cœur de Dorian battait un peu plus fort sous l'effet de l'excitation : il éprouvait cette délicieuse sensation chaque fois qu'il laissait boire son sang à un ou une nouvelle inconnue. Un sourire calme s'étira sur ses lèvres tandis qu'il passait un bras autour de la taille de la Dame vampire, restant à hauteur respectable. Puis il sentit qu'elle luttait encore, tentant de prendre sa respiration pour se calmer. Cela ne la rendait que plus charmante encore, et le jeune homme se surpris à lui murmurer, comme un soupir :

"Laissez vous aller..."

Et aussitôt eut il soufflé ces mots qu'il sentit un baisé posé sur son cou, ce qui lui procura un nouveau frisson. Cela faisait tellement longtemps qu'on ne l'avait pas étreint, qu'il était devenu tout sensible, ressentant et anticipant chacune des étapes de la morsure avec plus d'intensité que jamais.
Elle planta alors ses crocs dans sa chair, avec délicatesse, comme pour ne pas lui faire trop mal.
Il sentit alors leurs pointes déchirer lentement sa chair, phase pendant laquelle il ferma les yeux, fébrile, dans l'attente de...
Puis finalement, les deux aiguillons vampiriques atteignirent sa veine gorgée de sang, après un à-coup qui lui fit ressentir une grande vague de frisson dans tout son corps. Il ouvrit grand les yeux de stupeur tant la sensation était puissante et sa bouche s’entrouvrit presque d'elle-même.

"Ahhh..."

Toute l'émotion et les sensations qui le submergeaient le tétanisaient, et parmi tout cela, parmi toute cette stupéfaction et cette douleur... Il en tira un plaisir immense, presque coupable. Il referma finalement les yeux en sentant le liquide rouge et vital couler hors de lui, aspirer par la séduisante Dame Emerence de Gainbourd.
Il passa alors sa main libre dans son dos, juste sous sa nuque, pour la tenir ainsi contre lui ; il n'avait tellement pas envie qu'elle s'arrête maintenant... Il ressentait cet chaleur singulière au creu de son bas ventre, celle du plaisir qu'il avait, chaque fois, lors de ces étreintes sanglantes.

Puis, au fur et à mesure que le sang coulait, son cœur s’accélérait pour compenser le manque.
Un corps humain habituel contient six litre de sang. Dorian, lui, dû à la nature de ses origines, en possédait huit litre. Mais ni lui ni personne d'autre que sa Maîtresse ne connaissait ce détail. Et son organisme s'était adapté bien vite au traitement des vampires autours de lui, et générait plus rapidement qu'un autre du sang nouveau, à condition que le jeune-homme se nourrice correctement.
Mais alors, lorsqu'il eu cette sensation particulière, que son plaisir monta à son paroxysme, il reprit alors lentement une respiration normal, passant ses mains autour des épaules de Dame Emerence, y exerçant une pression infime, afin de ne pas la brusquer.

"Ma Dame... Il suffit maintenant, ou sinon je pourrais mourir, et vous n'aurez alors plus l'occasion d'y gouter."

Cette phrase suffisait, environs quatre-vingt dix-neuf pour cent du temps, à faire cesser celui ou celle qui lui suçait le sang.
Et dans toute sa vie, il n'avait dû se montrer physiquement insistant que deux fois. Trois fois si l'on comptait celle ou sa maitresse était intervenu, broyant la gorge du malappris.
Et cela avait chaque fois gâché le plaisir de Dorian, devoir réprimander ses consommateur, pour ainsi dire, était pour lui déplaire.
Mais il savait au fond, que cette Dame ne pouvait vraiment lui vouloir de mal, quelle que fut l'intensité de sa soif déjà bien étanchée. Ou du moins pouvait on l'espérer après que le jeune-homme l’ai laissé absorber trois plein litres.
Comme il apprécierait reposer encore un peu entre les bras de la Dame, juste le temps de reprendre son souffle, prolongeant ainsi un petit peu son contacte...

- « Laissez-vous aller... »

La phrase résonna un moment dans l’esprit de la jeune femme, elle venait de lui dévoiler sa plus grande faiblesse, l’impossibilité de résister au sang. Ne pouvant se contenir, la jeune femme ferma les yeux, plantant avec toute la douceur qu’elle possédait ses canines dans la chair de l’humain, afin d’atteindre la veine gorgée de sang. Elle le sentit frémir, éprouvait-il du plaisir à se faire mordre ainsi ? A cet instant et pour la première fois, Emerence éprouva un sentiment de bien-être, une sensation de chaleur qui peu à peu envahissait tout son corps. Elle n’aurait su expliquer si c’était l’étreinte de l’humain, si rassurante ; ou simplement le doux nectar qui parcourait lentement chacun de ses membres. Inconsciemment, la jeune femme avait passé ses bras autour du torse de Dorian, se retrouvant ainsi telle une enfant dans les bras d’un père ou une compagne dans les bras d’un amant. Au fur et à mesure qu’Emerence aspirait son liquide préféré, elle ressentait les battements du cœur de Dorian s’accélérait, certainement pour compenser la perte d’autant de sang. A la pression que lui exerça le jeune homme, Emerence ré-ouvrit calmement les yeux.

-« Ma Dame... Il suffit maintenant, ou sinon je pourrais mourir, et vous n'aurez alors plus l'occasion d'y goûter. »

Décidément la jeune femme ne comprendrait jamais cet humain. Resserrant son étreinte autour de sa taille, Emerence retira avec délicatesse ses canines. Elle n’éprouva d’ailleurs aucune difficulté à le faire, à son grand étonnement. Cependant elle se fit la promesse de ne plus jamais mordre Dorian. Elle jugeait ça malsain pour le jeune homme, et était certaine qu’un jour cela se retournerait contre lui. D’ailleurs en d’autres circonstances, la jeune femme ne se serait jamais comportée ainsi et il ne s’en serait certainement pas sorti vivant. Alors qu’elle déposait son regard sur le jeune homme, elle ne put s’empêcher de lui poser une question :

-« Pourquoi… Pourquoi ne pas m’avoir repoussé ? »

Déchirant un petit morceau de sa robe, elle le déposa sur la morsure afin de stopper le petit saignement qu’elle avait provoqué. Elle se retira ensuite des bras de l’humain relâchant également son emprise, afin de reculer de quelques pas. Elle ne se sentait pas mieux pour autant, bien que sa soif fût calmée, cette sensation de bien-être la perturbait fortement. Ce sentiment n’avait rien à voir avec ce qu’elle ressentait après une chasse éprouvante, ou un de ses jeux morbides. Pourtant, elle la trouvait plus agréable, plus douce, plus intense. Mais surtout beaucoup plus perfide et malsaine.

-« Vous avez raison, vous n’êtes pas comme les autres… »

Prendre du plaisir, aimer se faire prendre son sang était pour la jeune femme incompréhensible. Et si il souhaitait poursuivre ainsi, elle finirait certainement par un drame. Si elle n’avait pas souhaité arrêter, qui l’aurait obligé à le faire ? Ce n’est pas la force d’un humain qui aurait retenu une vampire. Il était inconscient, mais surtout très déroutant. La jeune femme n’avait pas détaché son regard de lui, réellement déstabilisé par cette situation nouvelle pour elle. Il l’avait vu comme personne ne l’avait vu, perdue, troublée, il connaissait sa faiblesse, pourtant elle ne souhaitait en rien le tuer.

-« Vous n’avez donc jamais peur ? Qu’allez-vous faire à présent ? »

Invité

Drek fut agréablement surpris de voir que la Dame n'avait pas eu trop de mal à cesser de boire son sang ; il en fut peut être même un petit peu déçu...
Puis lorsqu'il sentit les canines acérées se dégager de son cou avec douceur, il en eu un dernier petit frisson, sentant sa plaie palpiter légèrement.
Il appréciait se tenir ainsi, entre les bras d'Emerence, car sa peau était douce et qu'il sentait sa poitrine généreuse pressé contre la sienne. Mais il la relâcha tout de même, retirant ses mains de sa taille et de ses épaules tandis qu'elle le regardait à nouveau dans les yeux ; elle avait des yeux magnifiques.
Puis elle lui demanda pourquoi il ne l'avait pas repoussé, et il fut choquer de cette question. Comment pouvait on repousser si charmante Dame après l'avoir invité sciemment à boire son sang ? De plus, elle s'était arrêtée presque immédiatement après qu'il lui ai fait signe que cela suffisait, alors pourquoi un tel commentaire ?
Elle arracha alors un morceau de sa belle robe blanche afin de couvrir les deux petites plaies qu'elle avait faites dans le cou du jeune homme ; puis elle retira ses bras de son corps avant de s'éloigner de quelques pas...

"Ma Dame... Pourquoi vous repousser alors que vous vous êtes retirée au plus vite après que je vous en eu fait signe...?"

Un sourire doux s'afficha alors sur son visage, son regard se voulait compréhensif. Après tout, elle avait l'habitude de tuer, peut être même dans d'horrible circonstance, alors du sang aussi délicieux, offert gracieusement, devait déclencher en elle un millier de questionnements.
Elle conclu finalement à voix haute, que le jeune homme en face d'elle n'était "pas comme les autres". Répondant sans doute à un processus de pensés secrètes, de réflexion qu'elle se faisait.

"Merci..."

Il sourit, baissant les yeux vers le feu de camp, toujours adossé à la roche ou Emerence venait de le prendre, de l'enserrer tout contre elle avant d'enfoncer en lui ses dents avide de son fluide vital. La position n'était pas des plus confortables, mais il avait dors et déjà assimilé cet inconfort au souvenir de l'étreinte vampirique qu'il venait de recevoir.
Prendre du plaisir et aimer à se faire prendre son sang était pour le jeune homme tout à fait naturel.
Mais elle avait raison au fond, il se pourrait qu'il invite un jour un vampire à boire son sang et que celui-ci l'en vide complétement, sans aucune pitié ni vergogne. Les chose pourraient mal finir.
Mais Dorian ne se donnait pas à n'importe qui non plus. Maintenant qu'il était un homme libre il donnerait son sang uniquement à qui il voudrait ; car il s'agissait de son corps et que lui seul décidait quoi en faire. Et si un jour il trouvait une personne unique à laquelle il voudrait se donner exclusivement, alors il le ferait. Mais pour le moment, il y avait en lui cette volonté de découvrir les divers choses de la vie et les gouter, avant de se décider sur la bonne décision à prendre.
D'ailleurs, la Dame vampire souleva un point en rapport avec les pensées du jeune homme, puis un autre qui l'était moins.
Mais il lui sourit cependant, un sourire doux et plein de gentillesse, comme si ils venaient de partager un moment intensément intime. Ce qui était le cas aux yeux de Dorian. Puis il lui répondit en se redressant, s'approchant du feu de camp près duquel se tenait encore Emerence, parlant d'une voix douce.

"Si j'ai peur. Mais sans cela il n'y a pas de plaisir..."

Son sourire changea légèrement et il soupira, les yeux perdus dans le vague.

"Mais je ne sais que faire... Je vais voyager et découvrir de quoi ce monde est fait, puis je prendrais une décision...
Je me dirige vers la frontière d'Evanya en ce moment, mais Je pressens que tout va bien se passer. Après tout les elfes sont connu pour leur sagesse et leur discernement."

Il changea de ton à la fin de cette phrase, il savait fort bien ce que les vampires pensaient des elfes et espérait n'en avoir pas trop dit non plus.
Il hésita alors un instant, et , voyant le visage un peu chamboulé par les émotions de Dame Emerence, il décida de tirer d'une de ses sacoches de cuirs un paquet de cartes tout banal.
Puis, se mettant à le trier avec beaucoup d'adresse, il questionna la Dame.

-"Cela vous plairait de voir un tour de magie ?"

Il avait cessé de battre ses cartes et s'enquit de sa réponse d'un haussement de sourcils ; peut être préférerait elle s'étaler d'avantage et questionner le jeune homme sur son troublant passé. Si cela devait l’accommoder, alors il s'en acquitterait avec plaisir, mais il n'avait pu s'empêcher de proposer un divertissement un peu plus gai à son invitée. Il ne faudrait pas qu'il meurent s’ennuie en attendant que l'orage cesse.
Dorian se sentait de bonne humeur, de si bonne humeur à présent. Était-ce le plaisir coupable qu'il avait ressentit en se faisant mordre par Emerence ? Ou encore la joie d'avoir pu se confier sur ses problèmes ? Ou peut être même, et surtout un mélange des deux.

- "Si j'ai peur. Mais sans cela il n'y a pas de plaisir..."

Il était loin d’imaginer à quel point il pouvait avoir raison, la vie D’Emerence ne se résumant plus qu’à cette sensation, la peur, le risque, le jeu. Aller toujours plus loin dans l’inconscience de ses gestes, regarder la mort en face et l’inciter à venir la chercher sans jamais la laisser la prendre. A cette pensée, Emerence se mit à sourire et retrouva peu à peu son humeur habituelle. Sans le savoir, le jeune homme venait de faire comprendre à la jeune femme qu’elle avait toujours vécue pour elle. Qu’il ne fallait jamais abandonner. La jeune femme eu l’impression de revivre intérieurement, de comprendre enfin qu’elle n’avait pas était que la compagne de … Mais bien Emerence de Gainbourd, Vampire transformée et redoutable au combat.

- « Mais je ne sais que faire... Je vais voyager et découvrir de quoi ce monde est fait, puis je prendrais une décision...
Je me dirige vers la frontière d'Evanya en ce moment, mais Je pressens que tout va bien se passer. Après tout les elfes sont connu pour leur sagesse et leur discernement. »

Il avait raison la encore, il devrait poursuivre son histoire que ce soit chez les elfes ou ailleurs. Et intérieurement, la jeune femme pensait qu’il serait mieux chez les mangeurs de salade que chez les sang-froid au moins, il ne serait pas un vulgaire repas ambulant.

- « Cela vous plairait de voir un tour de magie ? »

La jeune femme acquiesça simplement avant de venir s’installer à ses côtés, repliant ses genoux pour plus de confort. Elle pencha la tête vers lui, ne sachant réellement à quoi s’attendre. Elle approcha doucement son visage de celui du jeune homme afin de déposer un baiser sur une joue de celui-ci. Elle esquissa un sourire, savourant l’instant. Elle avait envie de jouer, observer les limites de cet humain. Savoir de quoi il était capable, si il était toujours aussi calme. Cependant, il ne méritait pas d’être une proie de ses jeux. Et la jeune femme murmura simplement :

- « Autant qu’il ignore ma véritable nature.. »

Elle ignorait si celui-ci l’avait entendu et même si cela était le cas, était-ce vraiment grave ? Elle en doutait fortement. Observant une nouvelle fois les cartes, la jeune femme attendait toujours que l’humain lui montre un tour de magie, même si elle ne le pensait pas capable de la surprendre. Elle finit par prendre la parole à voix haute cette fois :

- « J’espère que vous trouverez ce que vous cherchez dans le royaume elfique, les longues oreilles connaissent tant de choses. Cependant, il ne font que rarement confiance aux autres races, j’espère sincèrement que vous serez les convaincre de vous accorder leur confiance »

Elle hocha doucement la tête, se voulant sincère. Que pouvait-elle souhaiter d’autre à cet humain qui venait de tant lui apporter. Elle ne le tuerait pas ce soir, ni dans les prochains jours. Malgré ce qui venait de voir, cette facette d’Emerence qu’elle dissimulait aux yeux de tous, elle savait que jamais il ne lui ferait du tort, le jugeant trop faible ou plutôt trop gentil. Elle poursuivit son discours :

-« Que voulez-vous apprendre Dorian ? De quelle décision parlez-vous ? »

La jeune femme voulait en apprendre plus, sa curiosité la dévorant de l’intérieur. Elle ne quittait plus l’humain des yeux, attendant son tour de magie, ainsi que des réponses.

Invité

La Dame vampire vint finalement s'assoir près de Dorian au coin du feu, déposant au passage un baisé sur sa joue. Une telle marque d'affection après si peu de temps passé tout les deux fit agréablement sourire le jeune homme qui, si il n'avait pas été aussi timide, lui aurait rendu son geste : mais il se contenta de la regarder en lui offrant son plus beau sourire. D'ailleurs, son expression à elle avait changée aussi, comme si elle venait de se rendre compte de quelque chose, comme si un processus de pensés secrètes s'était noué puis résolu de lui-même à l’intérieur de son esprit. Pourquoi pas après tout ? Qui a dit que les réflexion personnelles ne devaient mener nul-part ?
Dorian battait machinalement les cartes qu'il tenait entre ses mains, tandis que la Dame reprit la parole, souhaitant au jeune homme de trouvait ce qu'il cherchait en Evanya, le mettant toutefois en garde contre la propension des elfes à ne pas faire confiance aux membre des autres races. Mais venant d'une vampire, que cela valait-il vraiment ? Non pas qu'il souhaite mettre sa parole en doute, mais tout de même, comment pouvait on se montrer objectif dans de pareilles condition. Et encore, le jeune homme trouvait que la Dame vampire faisait certains efforts.
Il aimait cela, plus que de raison sans doute, se retrouver ainsi bloquer dans une grotte par l'orage, en compagnie d'une charmante suceuse de sang... Ils avaient tout deux froid, que ce soit dans leur corps ou dans leur âme, et c'est autour d'un bon feu qu'ils échangeaient leurs idée, leurs question.
Et quelque part, Dorian aurait voulu que ce moment ne s'arrête pas, tout comme l'étreinte qu'il avait reçu tout à l'heure...
Mais il fut tirer de ses songes par Emerence qui lui posa une autre question, que le jeune homme accueillit avec seulement un demi-sourire.
Il déposa alors le paquet de carte sur une petite pierre plate devant lui et prit une grande inspiration avant de soupirer légèrement.
Puis il prit la parole sur un ton calme, mais qui portait tout le poids de l'incertitude.

"Hé bien... Je veux apprendre qui je suis."

Il piocha une carte face vers son interlocutrice, c'était le joker. Représenté avec toutes les cartes dans ses mains, en équilibre sur un gros ballon multicolore, il tentait de garder l'équilibre tout en examinant son jeu.

"Je veux découvrir ce qui se cache dans mon cœur, et savoir si il peut tomber amoureux..."

Il piocha successivement l'As de cœur et la Dame de cœur, les joignant l'une à l'autre avant de refermer le point, le joker restant toujours coincé entre ses phalanges. Puis, quand il rouvrit la main, les cartes avaient disparues...

"Je veux ensuite apprendre à connaitre ce héros dont le sang coule dans mes veines..."

Il piocha alors le valet de pique, représenté par un beau jeune-homme musclé, tenant entre ses mains une hallebarde se terminant par la forme du pique.
Puis, il joignit cette carte à celle du joker, les remis dans le paquet et continua son explication.

"Je veux savoir si j'ai ma place dans ce monde... Si vraiment un homme tel que moi à le droit ou la possibilité d'exister.
Je ne désire pas découvrir mon passé, mais je souhaite découvrir si je possède un futur... Et si ce monde me donne une raison de vire alors je vivrais. Mais si ce n'est pas le cas..."

Son visage s'assombrit. Et lui qui fixait les yeux d'Emerence jusque la, avait finalement laisser tomber son regard sur le sol froid de la grotte.
Il ne savait pas trop quoi dire ni comment le formuler.
Puis alors il releva la tête et se pencha vers la Dame.

"Si je n'y ai pas ma place, je préférerais alors le quitter..."

Il approcha alors sa main de la poitrine de la vampire sans regarder, puis s'arrêta à quelques centimètres à peine de sa peau, fixant toujours la beauté de son visage avec un sourire.
Soudain, il fit un mouvement avec ses doigts et fini réapparaitre l'As de cœur, le tenant comme si il venait de le prendre au creux du corsage d'Emerence.

"Mais même dans ce cas, je resterais tout de même dans votre cœur n'est ce pas ?"

Il lui fit un nouveau sourire, un peu espiègle celui-ci. Espérant avoir réussit l'effet de son petit tour. Laissant la carte entre les mains de sa spectatrice improvisée, il se redressa et se mit à battre les cartes à nouveau avant de les ranger soigneusement.

"Et si vous vous demandez ou est passée la dame de cœur... Je suis sûr que je la trouverait un jour, épinglée dans les cheveux d'une Dame qui me mettrait en émoi..."

Il dégagea une de ses mèches de cheveux qui lui tombait sur le visage et se rendit soudain compte qu'il avait faim. Surtout après avoir perdu tant de sang. Il tira alors d'une de ses sacoches un morceau de viande séché qu'il se mit à mâcher avec délice. C'était la première fois qu'il en goutait, et pourtant il adorait cela. D'ailleurs, son ancienne maîtresse avait prit soin de remplir deux de ses besace de ces morceau de viande si succulent, comme si elle avait deviné que Dorian adorerait. Ce qui d'ordinaire aurait titillé sa curiosité, mais il était trop occupé à se rassasié pour le moment. Et une fois le morceau avalé, il se sentit mieux et souffla avant de reporter son regard sur la vampire.
Comme elle était belle tandis que les ombres de ses forme et de ses vêtements dansaient sur sa peau...

Le jeune homme attaqua son explication qu’Emerence écoutait d’une oreille attentive. Dorian expliquait avec un calme remarquable, qu’il souhaitait découvrir sa nature, découvrir si son cœur était capable d’aimer et d’être aimé en retour. Cette phrase aurait certainement fait sourire n’importe quelle jeune femme, mais pas Emerence qui au contraire se renfermait à chaque fois que le sujet de l’amour était abordé. Alors que la jeune femme commençait à repartir dans ses pensées profondes, elle secoua la tête afin de se reconcentrer sur le premier tour de l’humain. Emerence examina la carte et la mémorisa, esquissant un bref sourire. La suite l’interpella beaucoup plus.

La disparation des cartes sans explication, ou sans que la jeune femme n’ai remarqué une astuce, la fit sourire.
Continuant son explication, Dorian avoua vouloir connaitre ce héros dont le sang coulait en lui. Quoi de plus normal ? Pour Emerence, il était tout à fait compréhensible de vouloir connaitre ses origines et dans le cas de Dorian, connaitre cette partie de lui qu’il n’avait pas choisi. Continuant son tour, le jeune homme piocha le valet de pique, qui était représenté par un beau jeune homme musclé tenant entre ses mains une hallebarde qui se terminait par la forme de pique. Il la plaça avec le joker avant de les remplacer dans le paquet. Emerence plissa les yeux, se concentrant davantage. Cette fois, il ne la surprendrait pas et elle comprendrait le tour, elle en était sûr !
Malheureusement pour la vampire, les paroles du jeune homme la fit sortir de sa concentration. Relevant le regard des cartes aux yeux de Dorian, celui-ci expliquait vouloir connaitre sa place dans leur monde, il voulait savoir si la vie lui était autorisé. Encore une pensée stupide des humains, savoir si la vie leur était accordé ou non, à quoi bon ? Qui aurait le droit de vie ou de mort sur une espèce …. Si ce n’est les vampires, et encore la jeune femme n’en était plus sûr. A partir du moment où il était face à elle, vivant pour Emerence il était évident qu’il méritait sa vie. Du moins jusqu’à que quelqu’un lui prenne ou qu’une maladie quelconque l’emporte. Ainsi était la loi de la vie, la loi de la chaine alimentaire, la loi du plus fort.

Observant le visage du jeune s’assombrir, la jeune femme soupira. Comment pouvait-il réellement penser ne pas avoir sa place. Elle roula des yeux, se concentrant une nouvelle fois sur les cartes, enfin plutôt la main du jeune homme qui s’approchait dangereusement de sa poitrine. Si il pensait qu’elle aurait pitié de lui et qu’elle lui apporterait un « petit plus » pour lui rendre le moral, alors là il se trompait lamentablement et finirait à terre avec une dague sous la gorge. Cependant, rien ne se passa comme l’esprit tordu d’Emerence l’avait imaginé, bien au contraire. Il fit apparaitre simplement une carte, comme-ci celle-ci venait de sortir du corset de la jeune femme. La sang-froid se mit à rire, son esprit avait encore était cherché beaucoup trop loin. Cependant, elle stoppa immédiatement son amusement à la phrase de Dorian : « Mais même dans ce cas, je resterais tout de même dans votre cœur n'est-ce pas ? »
Emerence haussa un sourcil et détourna son regard. La comparait-il à une femme digne ? Pensait-il vraiment qu’elle possédait un cœur ? Des sentiments ? Ou était-il simplement en train d’imaginer qu’elle s’était attaché à lui en si peu de temps ? Avait-il tort pour autant ?
Dans un sens, comment pouvait-il savoir que la jeune femme n’était qu’un monstre, une créature perfide s’amusant avec ses proies, trouvant son plaisir dans la souffrance des autres. Eprouvant une réelle passion pour le meurtre et la torture ? Qu’est-ce qui aurais pu lui laissait penser ça, depuis leur rencontre ? Absolument rien. Cette nuit, elle n’avait été que l’ombre d’elle-même, une personne faible emprunt a la souffrance d’un passé trop lourd, une bête à l’agonie qui n’attendait plus que d’être achevée. Alors, que penserait-il ? Que penserait il s’il s’apercevait que cette vampire si calme, à l’écoute, n’était en réalité que le fruit d’une souffrance, qu’elle n’existerait plus après cette nuit, qu’elle redeviendrait ce monstre horrible, cette créature sans scrupule, sans cœur, sans…âme.
Il finit par ranger ses cartes, expliquant que la carte de la dame de cœur se retrouverait épingler dans les cheveux d’une dame qui le mettrait en émoi… Une façon encore romantique de voir les choses, mais qui écœurait plus qu’autre chose la jeune femme. Mais avant de répondre à sa question, elle voulait lui montrer quelque chose, un geste qu’on lui avait fait faire à elle afin de lui faire comprendre que même vampire on existait encore.

Elle prit avec délicatesse la main de son interlocuteur et la déposa sur son torse du côté gauche, afin qu’il sente son propre cœur. Elle lui murmura doucement à l’oreille : « Vous voyez, ça c’est votre cœur, le vôtre et à personne d’autre. », elle poursuivit le faisant toucher son propre visage murmurant une nouvelle fois : « C’est votre visage et le reste de votre corps, celui-ci aussi est à vous et à personne d’autre. » Elle relâcha ensuite son emprise de la main du jeune homme et poursuivit à voix haute :

- « Vous êtes constitué comme n’importe quel autre être humain, alors oui vous méritez d’exister. Quand à votre partage de sang avec ce héros… Prenez cela comme un avantage. Une force que vous seul possédez. Soyez fière de ce que vous êtes : Un humain avec la main sur le cœur. Ne cherchez pas trop loin, vivez, vivez pour vous sans faire attention aux autres. »

Elle repensa ensuite à sa question, et réfléchit un long moment. Après un tel discours pouvait-elle réellement dire ce qu’elle pensait au plus profond d’elle-même ? La jeune femme n’en était plus vraiment sûre et préférait miser sur une phrase passe partout qu’elle employait si souvent par le passé :

- « Quand à votre question si vous resteriez dans mon cœur ? Eh bien, je suppose que je n’ai pas besoin d’y réfléchir puisque votre vie restera intacte et que vous ne disparaitrez pas de sitôt »

Elle se replaça ensuite convenablement, reprenant sa précédente position, les genoux pliés, les fesses sur ses mollets, une position qu’elle appréciait. Comme à son habitude, elle joua avec plusieurs mèches de cheveux, pour finalement y sentir une matière inconnue. Elle finit par y décrocher une petit épingle avec la fameuse carte et se retenu de rire. Avant de simplement lui tendre dans un sourire taquin :

- « Il me semble que cela vous appartiens. »

Invité

Emerence semblait appréciait les tours de magie du jeune homme, ce qui le réconforta davantage. Il avait peur, au début, que les yeux vampiriques puissent déceler les astuces et manipulations exécutées par ses doigts et ses mains.
Cependant, il voyait bien que ce qu'il disait n'était pas toujours du gout de la Dame ; après tout il formulait des pensées bien pessimistes.
Toujours est-il que cette vampire inspirait la compassion et la sensibilité à Dorian, chose vraiment très rare avec ceux de sa race.
D'habitude, s'était tout le contraire : les suceurs de sang se montraient charmeur, souriant, puis séduisant tour à tour, et finissaient ensuite par révéler leur vraie nature, arrachant le fluide vitale de leur victime plus ou moins sauvagement.
Chez Emerence, il semblait que ce fut tout le contraire... Car si elle était d'ordinaire une prédatrice sans pitié, elle se montrait finalement bien plus sensible et humaine qu'on aurait pu l'espérer de sa part. Perdue comme elle était en arrivant dans cette grotte, le jeune homme doutait fortement qu'elle ai pu jouer la comédie. Et en cela, pouvait on dire qu'elle était une prédatrice sans pitié cachant un cœur et une âme si beaux ?
Il n'eut pas vraiment le temps de se poser davantage la question, que la Dame avait délicatement saisit sa mains. Les siennes était fraiche et douce.
Elle lui expliqua alors qu'il était tout simplement lui-même, guidant sa mains vers son propre cœur puis vers son visage, lui assurant que son sang devait être prit comme un avantage.
Quelle charmante attention... Cela toucha vraiment le jeune homme, et son sourire devait en dire long tandis qu'il regardait la vampire d'un œil admiratif.
Ces émotions se reflétaient dans sa voix tandis qu'il lui répondait.

-"Ma Dame... Vous êtes si bonne de voir en moi toutes ces choses. Et je suis sûr que vous dites vrai. Mais être moi même ne me suffit pas, et je désire apprendre me connaitre afin de savoir reconnaitre les autres..."

Un petit silence s’installa, pendant lequel le feu de camp crépitait plus fort, s'attaquant surement à quelques bulles d'airs emprisonnée dans le bois de la souche.
Il se sentait vraiment bien près d'un bon feu, il devrait y repenser pour plus tard, dans les moments difficiles.
Puis Emerence répondit finalement à sa question, à savoir si il resterait dans son cœur d'une manière ou d'une autre. Elle s'esquiva alors avec une grâce sans nul pareil, mettant l'accent sur le fait qu'il ne mourrait pas de toute manières.
Cela le fit sourire... Puis il écarquilla les yeux lorsque la Vampire lui tendit la reine de cœur avec un sourire mutin. Il en resta bouche bée une seconde.
Il avait pourtant bien remit cette carte dans son paquet lui semblait il.
Il le tira à nouveau de sa sacoche et l'examina à toute vitesse : c'était bien sa dame de cœur, accroché à une de ses épingles dorée.
Il rougit alors jusqu'aux oreilles. Il avait fait se tour des centaines de fois pour charmer et divertir les nobles dames invitées par sa maîtresse, et chaque fois bien-sûr, il laissait la carte dans leurs cheveux. Et ici, par réflexe, il avait fait exactement la même chose.
Alors que faire ? Comment réagir ? Il ne voulait en aucun cas avouer s'être trompé ou révéler sans faire exprès le secret de ses tours qu'il avait mis tant de temps à apprendre.
Il se contenta alors d'improviser, battant son jeu de carte avant de tendre une main qui se voulait assurée vers la carte que tenait Emerence.

"Oh, vous avez raison... Et en effet. Et en l'état actuel des choses, douce et gentille envers moi comme vous l'êtes, si aimable ; j'aurais pu tomber amoureux. Mais comme nous le savons, c'est impossible... N'est ce pas ?"

Il referma alors sa main sur celle de la vampire qui tenait toujours la carte. Puis il fixa son regard dans le sien, un regard chargé d'émotions. Il lâcha ensuite sa main si douce qu'il aurait pourtant aimé tenir plus longtemps et continua de parler.

"Car même si je vous vois sous votre bon jour, nous ne pouvons fermer les yeux sur ce que vous êtes en votre nature..."

D'un geste, il invita alors Emerence à regarder de nouveau la carte qu'elle tenait entre ses mains. Elle représentait maintenant une dame de pique, représentée par une dame au tint pâle et toute vêtue de noir, tenant un pique contre contre sa poitrine, touchant son sommet de sa main droite d’où perlait une goute de sang.
Il espérait ne pas s'être montrer trop impudent, et le rouge sur ses joues ainsi que son regard devait surement laisser paraitre son appréhension.
Mais ce qu'il avait dit n'était en rien du spectacle, il le pensait réellement ; il avait juste profiter de sa bévue pour raconter un peu plus profondément ce qu'il ressentait.
Les cartes à jouer traditionnelles qu'il utilisait était plutôt communes dans tout Ephaëlya. Les têtes de cœur était représentées par des elfes, les carreaux par des Nains, les Trèfles par des humain, et les piques par des vampires ; tous stéréotypés. On pouvait aussi lire les quatre saisons dans les cartes. Les cœurs rouge évoquaient l'été et la chaleur, les trèfles noir évoquaient la plante du même nom qui poussait bien à l'ombre des grand arbres au printemps, les piques noirs représentaient l’hiver : le froid mordant et les longues nuits.
Puis le carreau rouge inspirait l'automne, ou les feuilles rougissaient avant de tomber, ou la nature se mettait en berne, laissant place à la roche et à la terre qui se gorgeaient de l'eau qui tombait abondamment du ciel.
Dorian aimaient les cartes pour cela : elles évoquaient tous aspects de la vie au sens le plus large. La joie, l'amour, puis l’âpreté et finalement la mort.
C'est de cela dont parlait le jeune homme, il voulait découvrir ce monde que les cartes décrivaient depuis des siècles. Un monde réglé comme du papier à musique, ou chaque vie était pourtant unique et ou chaque destin était différent...

Sujet: Re: Orage au désespoir... [Terminé] Mar 1 Jan 2013 - 16:09

- « Ma Dame... Vous êtes si bonne de voir en moi toutes ces choses. Et je suis sûr que vous dites vrai. Mais être moi-même ne me suffit pas, et je désire apprendre me connaitre afin de savoir reconnaitre les autres... »

Emerence releva doucement le regard, il la voyait donc ainsi comme une bonne chose. Peut-être même une créature à l’extérieur si dure mais pourtant si fragile. L’idée la fut sourire, après tout pourquoi pas. Cependant, il serait seul à connaitre cette facette, surtout dans sa race ou la loi du plus fort était primordiale. Alors montrer un semblant de sentiment et d’humanité était dangereux pour sa propre vie. De plus, la jeune femme n’appréciait guère ce côté d’elle-même. Pour elle, ce n’était que montrer sa faiblesse, donner son point faible à un potentiel adversaire et ça, elle s’y refusait catégoriquement.

Alors qu’un silence s’installait, Emerence prit le temps d’observer le feu, les flammes, et ferma les yeux un instant, afin de profiter de la chaleur de celui-ci. Elle aimait cette sensation, aussi agréable que dangereuse. Alors qu’elle ré-ouvrit les yeux, son regard se déposa immédiatement sur l’humain qui cherchait dans son paquet sa carte. Cette situation l’amusa beaucoup. Visiblement, il n’avait pas prévu le faite qu’Emerence la trouve, ou alors il l’avait accroché simplement par inattention ou par pur reflexe, ce qui fit sourire davantage la jeune femme et la rassura un peu.

Déposant son regard sur la carte, Emerence n’eut que le même sentiment de dégout. Comment pouvait-on faire ou dire des choses aussi belles, pour finir par abandonner la personne à son triste sort ? Puisqu’au final, c’est ce qui se passait toujours, dans tout ce que la jeune femme avait pu observer au fil des années. La fin d’un amour était le plus souvent tragique et non heureux. Alors pourquoi, pourquoi chaque espèce y retournaient ? Pour souffrir encore ? Pour la jeune femme, il ne s’agissait qu’une forme d’égoïsme et non de sentiments. Vouloir à tout prix être important pour quelqu’un, pour voir à quel point un départ peut faire souffrir. Une certaine forme de sadisme également.

Alors que le jeune homme rougissait à cette action maladroite, Emerence contenait cette colère qui se déclenchait à chaque fois que le sentiment de l’amour était abordé. Et l’enchainement des paroles du jeune homme n’arrangeait en rien la situation, il la complimentait.
Emerence observa la main du jeune homme sur la sienne, quand il la retira la jeune femme observa la carte qui avait alors changé. Cette fois-ci, elle représentait une dame de pique, illustrée par une femme au teint pâle et toute vêtue de noir, tenant un pique contre sa poitrine, touchant son sommet de sa main droite d’où perlait une goutte de sang.
Emerence resserra ses mâchoires. En lui-même, l’acte était d’une beauté et d’une sensibilité remarquable, mais comme à son habitude, la jeune femme ne put s’empêcher d’y voir uniquement une souffrance. Soupirant, Emerence finit par lui rendre presque immédiatement la carte, la replaçant entre les mains de l’humain. Puis répondit à toutes les remarques de Dorian :

- « En effet, c’est impossible. Je pense surtout que ce serait une grave erreur de votre part. Un acte bien plus que suicidaire. Et si vous êtes là aujourd’hui, c’est que vous tenez à la vie. Il est donc inutile de la mettre en danger. »

Elle repensa ensuite à sa vraie nature, détournant le regard cette question laissa Emerence perplexe. Elle n’avait jamais su réellement y répondre. Et qui pourrait y répondre ? Sa vraie nature, était-elle Humaine ou Vampire ? Secouant la tête, la jeune femme se refusa d’y réfléchir. Elle était tout simplement Emerence, femme transformée par un vampire, formée pour tuer et c’est tout. Inutile de chercher plus loin, cette nuit n’avait été qu’une douce erreur dont elle se souviendrait en bien ou en mal. Elle répondit finalement :

- « Si vous saviez ce que j’étais réellement vous ne seriez pas là, vous ne me parleriez pas ainsi. C’est pourquoi si un jour, après cette nuit, nos chemins se recroisent vous ne me reconnaitrez certainement pas. Et vous oublierez alors cette nuit que nous venons de passer. Et je pense que c’est mieux ainsi, les sentiments ne sont qu’une faiblesse, une faiblesse qui mènera chaque espèce à sa perte. »

La jeune femme venait d’être sincère et au plus profond d’elle-même, elle croyait en ce qu’elle venait de dire. Cependant, elle ne s’arrêta pas là dans son explication et poursuivit, se permettant même de lui donner un conseil :

- « Vous savez je pense que ce serait une grave erreur de votre part d’aimer, j’admets que cela apporte un certain confort et que la sensation de se sentir vivre dans le cœur d’une autre personne que nous même est agréable. Cependant, en aimant, vous donnez la possibilité à un être de vous détruire, et vous offrez à vos adversaires votre point faible sur un plateau. »

Invité

Dorian fut désolé de l'attitude d'Emerence, qui semblait voir dans ses propos comme une menace ou quelque chose qui l’écœurait.
Il avait pourtant fait preuve du plus de doigté possible en choisissant ses mots et ses tournures de phrases avec grand soin.
Puis la Dame lui rendit presque immédiatement sa carte tandis qu'il la rangeait avec célérité dans le paquet, rangeant celui-ci avec autant de précipitation.
Puis, écoutant la vampire, il croisa ses doigts et les posa entre ses jambes, signe chez lui de nervosité et de honte. Il se sentit si mal qu'il faillit murmurer un "pardon", mais il tint ses lèvres closes et écouta poliment.
Son interlocutrice tenait un propos bien pessimiste à son tour : elle semblait mettre l'accent sur l'impossibilité de l'amour entre un vampire et un mortel, se prenant elle même comme exemple.
Elle déclara à plusieurs reprise, avec force détails et insistance que sa véritable nature était incompatible avec les nobles sentiments.
Et plus elle parlait, plus Dorian baissait la tête d'un air désolé. Et la rougeur de honte qui s'était installée sur son visage, comme un gamin que l'on réprimande après qu'il ai cassé un vase précieux, se transforma peu à peu en une expression de sincère compassion. Ce serait égoïste de se sentir sans cesse accablé de tels propos tandis que ceux-ci étaient surtout inquiétant pour celle qui les prononçait...
Mais ne s'arrêtant pas la, elle poussa même son propos jusqu'à dire que l'amour lui même était une erreur, qu'il n'aboutissait qu'à l'exploitation d'une faiblesse nouvellement constituée et ne valait pas tout les risque encourut.
Le jeune homme en était livide d'entendre de tel choses ; et tandis qu'il relevait la tête dans l'espoir de répondre, un bruit étrange vint l'interrompre...
Le bruit assourdissant du silence.
La souche d'arbre n'était plus qu'un petit amas de braises rougeoyantes et n'émettait aucun son. Dehors, il n'y avait plus aucun bruit.
L'orage avait cessé, plus aucune goute de pluie ne tombait, et les animaux n'étaient pas encore sortis de leurs cachettes. Ce silence était troublant. Si troublant qu'il eu couper la parole de Dorian Escher...
Celui-ci se redressa et étira son dos en ramenant ses épaules en arrière, faisant entendre plusieurs craquement d'articulation se remettant soudain bien en place.
Puis il se rassit un peu en hauteur, les fesses posées sur un gros rocher avant de prendre la parole. Lâchant même un léger soupir.

"Je suis désolé Emerence, de vous avoir offusquée... Et je ne sais quoi vous dire d'autre..."

Il passa une main sur son visage, puis dans ses cheveux afin de les ramener en arrière. Ses yeux exprimaient une certaine impuissance.

"Si c'est l'idée que vous avez de l'amour, alors je ne peux que l'accepter. Même si j’espère que vous vous trompez.
Les propos que vous tenez semblent avoir été vécus, et je ne puis rien y redire, étant moi même sans expérience...
Mais mon espoir demeure que mon expérience ne sera pareille à la votre.
Mais sachez que j'aime cette part de vous que vous m'avez montré. Et en effet si nos chemin se croisent à nouveau et que vous n'êtes plus sous le jour que vous m'avez présenté, alors nous ne seront plus qu'une proie et son prédateur..."

Il se redressa et tourna le dos à la vampire, un étrange sentiment de peine mêlée de déception lui mettait un vague à l'âme, il se pinça les lèvres avant de tourner la tête.

"Mais à votre place, je n'accepterais pas la vérité et chercherais à la changer... Mais peut être suis-je trop têtu ?"

Il laissa un petit instant de silence et quitta la grotte, se dirigeant au nord-est, continuant son chemin vers Evanya, il tentait déjà d'oublier cette rencontre pour se focaliser sur la prochaine qu'il ferait, et qui peut être lui donnerait de l'espoir plutôt que des mise en garde.

Sujet: Re: Orage au désespoir... [Terminé] Mar 1 Jan 2013 - 22:11

Emerence observa la scène impuissante, s’apercevant du malaise de son interlocuteur… Mais elle savait qu’il était trop tard, qu’elle avait parlé trop vite, sous la colère et la peine qu’elle avait ressentie à ce moment-là. Et la jeune femme se sentit atrocement coupable des paroles qu’elle venait de prononcer. Et si elle s’était trompée, si la carte n’avait pas été en réalité une erreur et que cet humain avait éprouvé un peu de sentiment à son égard… Elle venait de faire la même chose que ce qu’on lui avait fait, la destruction d’un rêve, d’un espoir. Il ne répondit a aucune de ses remarques, et le silence qui s’emparait de la grotte était le même que celui après un champ de bataille. Emerence détourna le regard comprenant qu’elle avait été beaucoup trop loin dans ses paroles. C’est dans ce silence pesant que la jeune femme comprit que l’orage avait cessé, que le départ était proche. L’image du feu s’éteignant ne fit que confirmer l’hypothèse d’Emerence. Elle soupira, allait devoir trouver un endroit sombre, une grotte afin de se reposer pour la journée, le soleil n’allant pas tardait à se lever. Elle allait reprendre sa vie de solitaire, alors qu’elle oubliait presque la présence du jeune homme celui-ci la fit sortir de ses pensées. Il s’excusa de l’avoir offusqué, avait-si seulement fait cela ? Il était simplement tombé sur la blessure de la jeune femme sans s’en rendre compte.

Pouvait-on lui en vouloir pour ça ? A ce moment Emerence aurait voulu s’excuser à son tour, lui demander pardon mais ce n’était pas digne d’un vampire, et son égoïsme l’en empêcha. Il poursuivit son explication en lui expliquant qu’il n’avait pas la même idée de l’amour qu’elle, ce qui fit comprendre à Emerence que sa peine prenait beaucoup trop de place dans son cœur, l’empêchant d’être objective. Cependant, elle stoppa immédiatement ses pensées quand il se compara à une proie et qu’il compara Emerence a une prédatrice. Elle ne pouvait se résoudre à cela, la jeune femme le savait au plus profond d’elle-même. Jamais elle ne le tuerait, jamais elle ne le chasserait. Il finit par partir, laissant la vampire en proie à ses pensées sombres. Devait-elle le retrouver afin de lui expliquer, afin de lui redonner l’espoir ? Après tout ne lui devait-elle pas ça ?

Elle finit par sortir à son tour de la grotte, observant l’homme de dos. Elle n’avait toujours pas pris sa décision. Devait-elle le laisser avoir une mauvaise image d’elle, afin de s’assurer que jamais il ne chercherait à la revoir ? Ou devait-elle lui dire qu’il avait raison et qu’elle espérait qu’il trouverait une personne digne de lui, que ce soit vampire humain ou elfe ? Observant le ciel qui ne tarderait plus à s’éclaircir, la jeune femme savait que partir à sa poursuite serait un risque.
Risque qu’elle décida de prendre, et partit le plus rapidement possible derrière lui, elle le rattrapa vite, peut-être trop vite. A présent, elle était juste derrière lui, elle ne savait pas quoi lui dire… Elle ne parviendrait pas à formuler une phrase d’excuse, elle respira et prit la parole sans vraiment réfléchir :

- « Attends… Enfin Attendez… »

Elle finit par passer devant lui avant de lui barrer la route, elle reprit une nouvelle fois une respiration afin de s’encourager dans sa démarche :

- « Vous avez raison, ne perdez pas espoir… Je.. Vous ne serez jamais ma proie, vous resterez un bon souvenir. »

Elle s’arrêta une nouvelle fois, ne trouvant pas des paroles adéquates à la situation… Elle avait dû tellement le décevoir. Cherchant ses mots, cherchant une façon de s’excuser sans s’excuser, elle finit par reprendre la parole, bafouillant un peu :

- « Que ce soit avec une vampire, une elfe, une naine ou je ne sais quel créature.. Je suis certaine que vous trouverez la personne qui vous rendra heureux. Ne vous laissez pas démoraliser par des… des aveugles comme.. comme moi ! »

Emerence l’enlaça avec douceur, le serrant contre lui un instant. Avant de repartir sans rajouter un mot de plus. Elle devait à présent trouver un abri pour la journée.

» Kemya Dre' Helientas, ou Les Hurlements Du Désespoir...(Terminée)[validée]
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Orage au désespoir... [Terminé]

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