La nuit n’était pas encore tombée, il ne restait plus qu’une heure tout au plus, Aurore était déjà réveillé mais n’avait pas bougé d’un millimètre afin de ne pas réveiller son amant qui dormait encore profondément, après les derniers événements elle ne voulait pas empirer la situation. Cependant une envie inexplicable lui tiraillait le ventre, dire Adieu au soleil. Doucement elle retira les mains entourant son corps, sortit avec beaucoup de soin des bras du vampire avant de se déplacer silencieusement jusqu’à la sortie de la grotte. Une fois dehors elle leva la tête, le soleil était déjà en train de disparaître, elle n’allait  le voir que quelques secondes, elle se précipita vers un petit tas de terre afin de se surélever légèrement. Le doute n’était plus envisageable mais l’adieu à la lumière fut plus difficile que ce que l’humaine avait imaginé, plus aucuns rayons ne chaufferaient son corps et même la sensation de froid allait disparaître d’elle. Sans quitter l’astre des yeux, Aurore s’installa sur le sol, relevant la tête pour éviter de perdre une seule seconde de luminosité. Difficile de dire adieu à tous ce qu’on avait connu, difficile de s’imaginer renaître une seconde fois et ceux malgré les sentiments qu’elle pouvait porter à Adrän. Soupirant, elle ne put s’empêcher de se laisser envahir par un léger sentiment de tristesse accompagné d’une petite angoisse. Faisait-elle vraiment le bon choix ? N’allait-elle pas le regretter par la suite ? Non elle ne devait pas regretter, jamais. C’était la seule façon de vivre enfin paisiblement avec le vampire, elle devait devenir une créature de la nuit, la transformation était obligatoire.

Une fois le soleil complètement disparut, elle se releva et retourna à l’entrée de l’abri. Elle s’appuya contre une pierre et se força à sourire afin de faire disparaître cette légère tristesse. Rapidement, elle entendit un peu de bruit au fond de la grotte, elle comprit qu’Adrän devait la chercher elle prit donc la parole suffisamment fort pour se faire entendre :

- «  Adrän je suis déjà dehors ! Je t’attends, ne t’inquiète pas ! »

Elle attendit se postant sur l’entrée, un large sourire sur les lèvres, il ne tarda pas à apparaître devant elle. Le vampire avait l’air un peu mieux, ce qui soulagea rapidement l’humaine. Elle se prépara à reprendre la parole pour annoncer  à son sang-froid, qu’elle voulait être transformée sans attendre davantage. Les événements de la nuit dernière lui avait fait comprendre qu’elle était une sorte de danger pour le vampire et elle ne voulait plus jamais qu’une telle situation se reproduise, Aurore ne voulait plus le revoir dans le même état. La transformation était donc à effectuer sans plus tarder. Alors qu’il la regardait elle se glissa dans ses bras, afin de l’embrasser tendrement. Une fois l’échange passionné finit, la jeune femme se mit sur la pointe des pieds pour murmurer à l’oreille du vampire :

- «  Il faut que je te parle… »

Elle descendit ses mains pour attraper celle du vampire, et le tira vers elle afin de lui faire face convenablement :

- «  Je pense qu’on a suffisamment attendu, je n’irais plus nulle part en tant qu’humaine Adrän… Je ne veux plus qu’une situation comme hier se reproduise. Ce n’est pas négociable. »

Le vampire répondit immédiatement à la jeune femme, précisant qu’il n’allait pas chercher à la dissuader, Adrän était visiblement d’accord avec elle et respecter son choix ce qui soulagea grandement la future transformée. Le sang-froid mit cependant une condition il descendit plaçant un genou à terre, gardant une main de la jeune femme dans la sienne. Aurore sentit son cœur s’emballer et un millier de questions traverser son esprit, qu’allait-il dire ou faire ? Qu’est-ce qu’il voulait qu’elle lui offre en plus alors qu’elle lui donnait son âme… Oui parce que c’était bien de ça qu’il s’agissait toute les légendes l’expliquaient parfaitement bien, une personne devenant vampire perd son âme. Mais que pouvait-elle bien faire de son âme, si Adrän n’était plus à ses côtés ?

Le buveur d’hémoglobine reprit la parole, demandant à la jeune femme si elle était prête à vivre avec lui pour l’éternité, elle ne put s’empêcher de sourire et de le tirer vers elle –de façon à ce qu’il se relève- pour l’embrasser langoureusement et amoureusement. Si elle était prête à vivre avec lui ? La question ne se posait même pas c’était beaucoup plus que ça, elle voulait vivre autant qu’elle le pourrait avec lui sans jamais être séparé. L’amour que l’humaine portait au vampire était inqualifiable, inexplicable, Aurore avait l’impression d’avoir retrouvé un morceau d’elle-même, un deuxième elle, un alter ego… Alors la petite condition que lui « imposait » Adrän était très très très loin d’être un problème. L’humaine rapprocha encore ses lèvres de celle du buveur d’hémoglobine provoquant un nouvel échange passionné, elle l’arrêta pour lui répondre d’une voix particulière douce :

- « Et bien plus encore Adrän, je veux tout partager avec toi, pour toujours… Je te donne mon âme, mon cœur, ma vie d’humaine, et ma future vie vampirique… C’est toi, que toi, juste toi pour mon éternité… Adrän je t’aime plus que je n’ai jamais aimé. »

Pour la première fois et en déposant sa main sur la joue du vampire elle partagea plus ou moins volontairement toute les images/sentiments positif qu’elle avait vécu avec lui. De la première rencontre, à l’entrainement, au premier baiser, à la première relation, elle partagea absolument la totalité de ses souvenirs/sentiments positif avec lui, elle termina par la douleur qu’elle avait ressenti face à son absence, à cette dépression, cet isolement, cependant elle ne laissa pas le sentiment négatif à son apogée elle le canalisa parfaitement bien. Puis brusquement elle stoppa l’échange en retirant sa main, ajoutant avec la même douceur :

- «  Je veux pouvoir te suivre n’importe où, je veux te voir évoluer, je veux pouvoir être à ton image. Je ne veux plus jamais te laisser seul et je ne veux plus que tu me laisse seul à mon sort. Je n’étais qu’une humaine perdue dans un monde beaucoup trop grand pour moi. Je n'ai jamais aimé  le monde dans lequel je vivais. J'ai toujours eu  l'horrible impression d'être dans une pièce pleine de monde et j'avais beau hurler comme une folle, il n'y avait personne qui se souciaient de moi ! Et puis tu es arrivé, toi le beau vampire et tu m’as fais ressentir ce que je n’avais jamais voulu ressentir ce que j’ai toujours voulu fuir… Alors Adrän je te le demande, laisse-moi en cette nuit t’offrir mon âme, fais-moi devenir ce que es… Laisse nous partager notre éternité. Transforme-moi…»

Le cœur d’Aurore battait la chamade, il lui semblait que c’était la première fois qu’elle s’ouvrait autant à quelqu’un et même à Adrän. Jusque-là, la jeune femme avait plutôt gardé pour elle les sentiments énormes qu’elle lui portait. Cette fois-ci la petite humaine venait de dévoiler la grandeur de ses émotions et étaient même parvenue à partager volontaire l’apogée de son don, le partage d’image se rapportant à des émotions fortes. Elle aurait voulu partager plus en détails mais son organisme et sa maîtrise encore faible de son empathie ne lui permettait pas de faire davantage, elle préféra terminer sa pensé en l’embrassant tendrement.

- «Tu es comme moi, Aurore … Tu m'as fait découvrir Ephaelya sous un autre angle … Tu as été la seule à m'avoir accepté tel que je suis et à m'aimer. Je suis fier de mon amour envers toi et le temps n'aura pas d'impact sur lui.»

La jeune femme ne put s’empêcher de sourire face aux paroles du vampire, elle sentit ses mains passer autour de son bassin, leurs deux corps se rapprocher, ses lèvres toucher les siennes. L’humaine profita de chaque instant, savourant encore les sensations de différences de températures qu’elle avait appris à tant aimer. Mais l’angoisse était elle aussi de plus en plus présente, l’hésitation aussi… Peut-être même l’envie de tout annuler à cause de la crainte, mais rien n’était visible ou perceptible et finalement elle ignorait tout de ce qui allait se passer. Adrän lui annonça qu’il l’aimait avant de venir s’attaquer à sa substance vitale. Aurore se contracta, déposant ses mains sur le ventre du vampire, hésitant à le repousser. Mais la sensation qu’elle ressentit au début, agréable comme à chaque fois qu’il l’avait mordu la fit résister. Elle ferma les yeux, savourant l’instant avant de sentir peu à peu chacun de ses membres s’alourdirent, se refroidirent, la jeune femme sentit sa force physique la quitter, tout comme sa détermination à ne pas sombrer dans un sommeil profond. Au dernier moment elle eut quand même un geste particulièrement faible cherchant à repousser le vampire –certainement l’instinct de survie- puis plus rien.  Elle sentit tout son corps lâcher sous son propre poids et heureusement qu’Adrän était là pour la maintenir. Doucement et délicatement son corps inerte, sans vie, fut déposé sur le sol humide de la forêt. La jeune femme percevait encore certain bruit mais il lui était impossible de bouger, de crier ou de parler.

Difficile pour elle de comprendre si elle était morte, en vie ou entre les deux. Le vampire ne parlait pas, et les battements faibles de sa poitrine qui cherchait à compenser  la perte en grande quantité de son sang, raisonnaient en elle, lui prouvant qu’elle était bien encore vivante. Oui mais pour combien de temps ? Elle aurait voulu supplier Adrän de l’achever, de mettre fin à cette sensation horrible d’être face à la mort mais dos à la vie. Elle aurait voulu hurler au combien elle voulait changer d’avis, que la peur était trop grande trop grandissante… Insurmontable. Mais rien, le silence, juste le silence, rien que le silence.  Aurore commençait à croire qu’elle était définitivement morte et qu’il allait laisser son corps ici… Que son cadavre blanchâtre, froid comme le marbre allait se faire dévorer par les animaux nocturnes, comme les corbeaux qui les avaient tant nargués la nuit précédente.  Une petite voix féminine raisonna dans sa tête, comme une petite brise agréable, était-ce le fruit de son imagination ? De la folie de la mort qui l’attendait ? Cette douce mélodie l’incitait à tenir encore un peu, à ne pas sombrer dans un sommeil sans retour, mais la mettait aussi en garde face à la douleur horrible qui l’attendait.

Sans comprendre vraiment comment, elle sentit les mains du vampire entrouvrirent ses lèvres afin de déverser un liquide… Le gout infecte, acide, était inqualifiable et elle manqua de s’étouffer dans un silence morbide. Ne pouvant ni se redresser pour recracher, ni tourner la tête, ni faire quoi que ce soit pour l’empêcher… Finalement elle parvint à avaler, ou plutôt son corps luttant pour sa propre survie la força à avaler la substance. Alors qu’elle espérait que tout ceci cesse enfin, elle sentit le même liquide revenir dans  sa bouche et cette fois-ci la difficulté pour l’ingérer fut grandissante. Mais la douleur qui parvint par la suite dans son être fut encore plus terrible […]

Son corps à présent n’exprimait plus rien, les battements de son cœur n’étaient quasiment plus perceptibles, son teint devait être livide et du sang devait s’écouler le long de ses lèvres, signe qu’elle n’était pas parvenue à tout avaler. Aucun signe de respiration n’était visible et tout son organisme restait sans signe de vie. La mort était en train de venir la chercher et visiblement Aurore était prête à la retrouver, avait-elle oublié à quel point elle attendait cette transformation et ce qui l’attendait par la suite ? Encore fallait-il survivre…

On dit souvent qu’on ne se sent pas mourir, que notre âme nous quitte, que nous ne pouvons rien y faire. On dit aussi que malgré toute la volonté du monde la mort est inévitable.

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Il y a une vérité universelle à laquelle nous sommes toutes et tous confrontés, que nous le voulions ou non, tout a toujours une fin. Même si tout le monde attends ce jour avec impatience, tout le monde a toujours détesté les fins. Le dernier jour de soleil pendant la période de chaleur, le dernier chapitre d'un livre génial, la séparation d'avec un ami proche. Mais les fins sont inévitables. Les feuilles tombent, on ferme le livre. On se dit au revoir. Aujourd'hui, est un de ses jours-là pour Aurore. Aujourd'hui, elle dit au revoir à tout ce qui était familier, à tout ce qui était confortable. Pour aller de l'avant. Mais même si elle semble partir, même si ça fait mal, il y a des personnes qui font tellement parti de nous, qu'elles nous accompagneront toujours quoi qu'il arrive. Elles sont la terre sur laquelle nous marchons. L'étoile vers laquelle nous nous dirigeons. Et ces petites voix claire qui résonnent pour toujours dans les cœurs.


Et ce sentiment d’être encore en vie mais de ne respirer qu’à peine, priant un dieu auquel elle ne croit même pas parce qu’elle a du temps pendant qu'il a la liberté. L’impression de tomber en morceaux, l’impression que son cœur cesse de battre que chacun de ses organes se tordent encore et encore, l’impression qu’un poisson circule dans chacune de ses artères, veines, capillaires. L’impression que son corps lutte intérieurement, physiquement contre cette substance qui envahit son corps provoquant petit à petit la mort de tout son être. Rien ni personne ne pouvait imaginer cette souffrance, enfin si ce n’est certainement ceux étant passé par cette étape. Etait-elle en train de mourir, était-ce la fin que tout être redoute ?  Peut-être que finalement l’amour ne suffit pas, que tout deux avait misé sur la résistance physique, la volonté de la jeune femme, peut-être que finalement rien de tout ça n’avait été suffisamment fort. Et chacun de ses dernier battement l’achevaient, chacun étant encore plus douloureux que le précédent, révulsant à chaque fois ce malaise que tout son être semble appeler, l’appelle de la mort, de la fin de cette souffrance. Pourtant elle continue de lutter, ses lèvres refusant de supplier un achèvement, elle était la par choix, par envie par désir. Ses mains se resserrèrent sur le sol, dévoilant cette douleur intérieur qui la dévorait davantage, sublimé par la malice de l’incompréhension.  Mes aucuns cris ou gémissement ne sortaient de ses cordes vocales.

Pourquoi ?

On dit que l’on entend les âmes des morts, qu’ils restent là où ils ont vécu. Lorsqu'il n'y a pas de bruit, pas de vent, on dit qu’on peut entendre les esprits. Est-ce que celle d’Aurore resterait ici là dans ce lieu où elle avait choisi de renaitre ou de mourir. Et pourquoi ce cœur qui l’avait fait vivre lui faisait tant de mal à présent, était-ce le son de la mort qui débarque. Et cette vision qui se trouble, cette audition qui défaille, ce touché défaillant, tous ses sens perturbés. Cette preuve de cette fin qui s’approchait et puis plus rien. Elle venait de sombrer définitivement, n’entend plus rien, ses mains se relâchèrent, son corps n’était plus qu’un cadavre qui ne reflétait que la moitié de ce qu’elle avait pu être. Sa pâleur n’était plus aussi douce, son corps avait fait place à la froideur extrême du marbre, sa respiration se stoppa, ses lèvres n’était plus rose mais bleu, son cœur cessa, aucune blessure ne se soignèrent il ne restait plus rien.  Le silence, le vide, un corps inerte, l’absence de battement, de pensée, de vie, la fin.  

[Ce passage ce passe en plusieurs longues, très longues heures –environs 4- ]

L’âme à un point infime comparait au reste du corps, ce qui fait que physiquement l’absence d’âme n’est pas visible au vu de l’extérieur. Le silence entourait le lieu et même les murmurent remplissant généralement la forêt s’étaient tues, il n’y avait que cette absence de bruits particulièrement angoissante qui régnait. Les battements du cœur d’Aurore n’existaient plus que dans les souvenirs tout comme sa respiration, sa cage thoracique ne se relevait plus, ses lèvres restaient d’un bleu inquiètent. Était-elle encore capable de revenir ? Sa détermination était-elle suffisamment forte pour ça ?  Le poisson quant à lui, poursuivait sa progression passant dans chacune des artères, des veines, des capillaires de l’organisme de l’ancienne humaine ce qui provoquait enfin une réaction physique, doucement particulièrement lentement même, les plaies visible à l’extérieur se refermaient pour finalement complètement disparaître, sa peau pâle prenait doucement la teinture de porcelaine si agréable au regard, ses joues se rosirent légèrement et toujours aussi lentement ses lèvres perdirent la teinte bleu pour abordée cette roseur et cette aspect légèrement pulpeux et « glossy » si enivrant. Mais aucun signe vitaux ne retentirent, absence de respiration, de battement, de réaction physique, le cadavre ne dégageait aucun bruit de plus.  L’évolution physique poursuivait, ses cheveux arborait cette aspect pleine de vie, la couleur reprit une teinte agréable et vivace. Sa poitrine se regonfla légèrement sans pour autant augmenter en volume, mais elle fut remise en valeur, sa taille ne changea pas, sa silhouette déjà fine ne fut que légèrement souligné…. Pour terminer et de façon inexplicable elle finit par avoir cette attirance physique que tous les vampires provoquait chez les autres races  -l’atout numéro 1 pour chasser-, ses canines s’allongèrent légèrement et furent beaucoup plus pointues afin de lui permettre la futur alimentation. Tout son corps venait d’obtenir les avantages mais aussi les inconvénients de la race vampirique, à présent il ne supporterait plus les rayons du soleil. Mais est-ce que l’ancienne humaine était parvenue à revenir ? Rien n’était moins sûr, plus qu’aucun mouvement n’étaient perceptibles.

Après encore une heure sans réelle évolutions, un signe fut enfin perceptible, un léger souffle très léger sortit des lèvres de la nouvelle née, son ventre remuant de façon particulièrement discret. Aurore reprenait doucement conscience, mais ses yeux restaient clos, ce qu’elle ressentait été déjà terriblement perturbant pour elle. Les bruits environnant lui semblait décuplés, elle avait l’impression d’être capable d’entendre la respiration d’un être vivant à plusieurs kilomètres de là et cela lui faisait terriblement peur. Alors qu’elle commençait à bouger ses doigts afin de vérifier qu’elle était encore bien vivante, sa sensation au touché lui sembla également beaucoup plus importante qu’avant, ce qui ne la surpris qu’encore davantage. Elle finit par ouvrir les yeux plutôt brusquement et là la surprise fut encore grandissante, sa vision était parfaitement net et précise, elle avait l’impression de voir des choses particulièrement loin très proche, comme-ci elle pouvait ajuster sa vue a sa guise… Elle déglutit, sentant une douleur horrible dans sa gorge, la jeune femme n’avait toujours pas parlé, ni même réellement réagis face à tout ça.

Elle se sentait horriblement différente sans même s’être vue et il était difficile pour elle de se reconnaître, les souvenirs des différentes douleurs qu’elle avait ressenti la hantaient, ce qui n’arrangeait pas forcement les choses. Fermant les yeux, les rouvrant, elle finit par rouler afin de se retrouver ventre contre le sol, elle inspira une grande bouffé, vérifiant qu’elle était bien vivante –oui parce que à ce stade là le doute était encore envisageable pour elle-, c’est là que cette sensation de vu adaptable se confirma, elle pouvait voir avec précision des éléments particulièrement loin, ce qui provoqua chez elle une migraine impressionnante, rapportant une main à ses tempes pour gémir presque silencieusement. Les changements si impressionnant et ce « choc »  lui permettait de ne pas se focaliser sur la soif ce qui était une bonne chose, une très bonne chose même. Lentement, sans faire de geste brusque elle finit par se mettre assise et chacun de ses gestes lui provoquaient des sensations et envies nouvelles, relevant ses yeux qui se fixèrent sur le sang-froid, qui la regardait également, elle n’exprima aucun sourire… Aurore était véritablement perdue et chamboulé par tant de nouveauté et sa crainte la plus présente était que ce changement fasse fuir le vampire –ce qui était stupide admettons-le-, cependant, cette fois elle décida de faire part à voix haute de cette angoisse :

- «  Adrän… Qu’est-ce que je suis devenue… Ou suis-je ? »

Elle s’arrêta net… Même sa voix avait légèrement évolué pour devenir une voix douce, attirante, mélodieuse, tout chez elle avait été fait –comme tous les vampires- pour provoquer une attirance irrésistible chez les autres races.  Et par son ou-suis-je, Aurore était très loin de parler du lieu, mais bien évidemment d'elle, puisqu’elle ne se reconnaissait en rien dans cette nouvelle créature, observant son teint de porcelaine sur ses mains, puis sur ses avants bras, le regard d’Aurore qui était bien l’unique chose qui n’avait pas changé chez elle, vibrait d’inquiétude reflétant à la perfection cette angoisse intense. Et elle allait aller de surprise en surprise plus que doucement elle commençait à comprendre que son don lui aussi était plus précis, mais qu’elle ne le maîtrisait de nouveau plus… C’était un réel nouveau départ qui était beaucoup plus difficile que tout ce qu’elle avait pu imaginer… Une larme finit même par dévaler le long de sa joue. Ou était-elle dans tout ce physique de chasseuse, de prédateur, elle porta une de ses mains à ses lèvres, effleurant ses canines du bout du doigt… Avant de retirer immédiatement sa main. L’adaptation allait être particulièrement difficile, surtout que doucement sa soif se réveillait et tentait de reprendre le dessus… Les yeux finalement rivé sur Adrän, la jeune femme n’osait pas bouger, réellement apeurée des nouvelles sensations qu’elle pourrait encore découvrir.

La main d’Adrän vint effleurer avec délicatesse la joue d’Aurore, éliminant la petite perle salé qui glissait le long de son visage de porcelaine. L’ancienne humaine resta une nouvelle fois sans réaction face à cette nouvelle sensation, avant son corps aurait frissonné face à la différente de température mais à présent tout deux dégageait la même froideur. Avec délicatesse la nouvelle née, déposa sa main sur celle du vampire afin de savourer ce nouveau contact plutôt agréable, elle descendit doucement leurs mains jusqu’au sol puis entrelacèrent leurs doigts. Il n’y avait rien de plus perturbant que de redécouvrir la vie, d’un point de vue différent. Aurore se demandait inlassablement ce qu’elle avait fait, ce qu’elle était devenue et luttait intérieurement contre cette brûlure qui lui anéantissait l’arrière de la gorge. Adrän ne répondit pas à sa question, préférant lui souhaiter la bienvenue dans le monde vampirique… Les yeux de la future buveuse d’hémoglobine se déposèrent sur ses lèvres, pourquoi était-il tant préoccupé par cette chose atroce qu’elle allait devoir accomplir… Aurore ne s’était jamais demandé la façon dont elle allait réagir face à ça, face aux meurtres, ce qui provoquait chez elle une angoisse dévorante. Mais Adrän ne semblait pas s’en soucier –peut-être ne le remarquait-il même pas ?- , bien au contraire il l’encourageait même à laisser son prédateur intérieur prendre les commandes. Malgré toute la résistance du monde, Aurore comprenait qu’elle ne parviendrait pas à lutter, la jeune femme était épuisé psychologiquement et avait même des regrets qu’elle n’osait pas s’avouer.

Lentement elle se leva prenant le temps de contrôler chacun de ses nouveaux mouvements, elle avait l’impression d’être redevenue au stade de l’enfance, au stade des premiers pas, des premiers mots… La précision de sa vue était impressionnante, tout comme  son ouïe particulièrement précises, elle soupira, cherchant à trouver un repère, mais rien n’y faisait, même la présence d’Adrän ne suffisait pas à la rassurer. Malgré sa connaissance des vampires, Aurore avait l’impression d’être devenue un monstre, une meurtrière, peut-être même pire que tout ça. Nerveusement elle se pinça la lèvre inférieure avec sa canine, laissant perler plusieurs gouttes de sang, elle fut immédiatement surprise par l’odeur que la substance dégageait… Amenant sa main à ses lèvres, l’odeur du sang réveilla en elle ce qu’elle avait tant voulu refouler… Aurore succombait à son démon intérieur et rien n’y personne ne semblait pouvoir se mettre en travers de son objectif recueillir un maximum de sang. Les yeux de la jeune femme se déposèrent sur Adrän, le suppliant visuellement de l’aider, de ne pas la laisser faire, tout son être criait à l’aide. Elle était dans un corps qui ne semblait plus vouloir lui obéir, qui n’était créer que dans l’objectif de tuer et c’est ce qu’il n’allait pas tarder à faire.

- «  Adrän… »

C’est tout ce qu’elle eut le temps de lui dire avant de perdre définitivement le contrôle de son organisme de ses sens qui venait de sentir un être vivant, qu’est-ce que c’était ? Un humain, un animal ou un autre vampire, ou autres choses ? Il était impossible pour Aurore de le savoir à cause de son manque d’expérience… Soudainement, elle se précipita vers la source potentielle de nourriture tel un animal en chasse, impossible de la stopper, elle venait de trouver sa proie et il était hors de question que quiconque ne lui prenne. Alors qu’elle se rapprochait à une vitesse remarquable –ce qui sur le coup ne la déragea pas vu qu’elle avait l’impression qu’être unique témoin observateur de la situation-. Aurore ne parvenait pas à s’arrêter alors qu’intérieurement elle hurlait pour que la sensation de soif s’arrête sans pour autant avoir à tuer, elle n’était pas prête à donner la mort, même si le fait qu’Adrän le fasse pour survivre ne l’avait jamais déranger, pour elle s’était complètement différent. Elle se stoppa net, camouflé derrière un arbre, tel un félin devant une souris, observant l’être vivant chercher de quoi se sustenter… Chasser ou être chasser, cela a toujours était une question primordiale de la vie, Aurore chassait elle sans le vouloir réellement ce qui la rendait psychologiquement fragile.

De ses grands yeux rosés, l’ancienne humaine observait ce qui semblait être un être humain… Que diable faisait un humain ainsi ? Impossible pour elle se freiner de ne pas attaquer, elle s’approcha sans bruits, avec l’agilité d’un chat, escaladant sans difficultés l’arbre devant elle, passant entre le feuillage, laissant juste deux yeux rosés briller sous la force de son désir…. L’Homme était de sexe masculin, particulièrement beau et attirant, il semblait lui aussi chercher quelque chose, oui mais quoi ? Son odeur était envoûtante, mais aurore ne voyait qu’une chose le flux sanguin qui circulait en lui, elle était prête à attaquer, les lèvres retrousser légèrement dévoilant deux aiguillons d’une blancheur remarquable.  

Aurore ne bougeait plus, tapis dans l’ombre des feuillages attendant le bon moment, immobile ses yeux ne se détachaient plus de ce qui semblait être sa première victime, sa langue passa instinctivement sur ses canines et l’ancienne humaine ne put s’empêcher de déglutir, elle venait définitivement de perdre le contrôle. Adrän étant particulièrement loin dans son esprit, il n’était plus la priorité. Ce qui pour l’humaine qui tentait encore de lutter contre son démon était particulièrement insupportable. Aurore avait lu énormément de chose sur les vampires et elle savait pertinemment qu’un nouveau née comme elle était dangereux, la vitesse, la force était plus avantageuse qu’un vampire ancien, en revanche Aurore aurait toujours cette soif, cette envie insurmontable pour encore de longues années. Des bruits de pas d’une personne courant se fit entendre, la jeune femme ne bougea pas d’un millimètre n’imaginant pas une seule seconde qu’il puisse s’agir d’Adrän, elle se contenta de retenir un grognement face à cette agitation qui l’empêchait de se concentrer. Ne jamais déranger un animal pendant le repas, les conséquences pourrait-être dramatique, il semblerait que ce conseil soit aussi valable pour les vampires nouvellement transformés.

Alors qu’elle s’apprêtait à bondir pour faire sienne sa victime, un élément imprévu vint la stopper dans son élan de gourmandise. Adrän fit son apparition, visiblement inquiet, sans qu’elle n’ait eu le temps de réagir son vampire se retrouva plaquer au sol par la proie qu’elle avait choisi. Sans vraiment comprendre, elle perdit de vu les deux hommes, son abri de feuilles l’empêchant de poursuivre l’observation, grognant fortement, Aurore sauta à terre avant de se précipiter vers les deux créatures de la nuit. Adrän était au sol maintenu par sa proie, pas de lame, pas de risque de blessure, il n’en fallut pas plus pour la jeune femme pour se décider. Elle laissa sa vitesse l’emporter et sa pulsion prendre le dessus il était hors de question qu’Adrän soit blessé, la distance qui séparait la nouvelle née des deux vampires fut rapidement récupéré par Aurore qui au dernier moment bondit avec une agilité et une férocité déconcertante et très loin de ses habitudes. Un grognement important qui la surprit elle-même, sortit du plus profond de sa gorge, elle avait terriblement soif mais plus que tout elle était incapable d’accepter qu’on puisse s’attaquer à Adrän.

Les deux créatures de l’ombre se retrouvèrent propulser plus loin dans un vacarme important, Aurore découvrait sa nouvelle force sans vraiment s’en rendre compte, après plusieurs roulades sur le sol humide de la clairière, la jeune femme se retrouva au-dessus de l’autre sang-froid, dominante. Les lèvres retroussées légèrement, les canines dévoilées à leurs maximums, les yeux de l’ancienne humaine ne reflétaient que cette soif insupportable qui la rongeait et cette haine vis-à-vis de l’agresseur de son vampire. Alors que les deux regards se croisèrent une nouvelle fois, la nouvelle née céda malgré elle à ses pulsions vampiriques, déchiquetant à l’aide de ses deux aiguillons la jugulaire de son agresseur, avant d’aspirer instinctivement le précieux nectar. Les différents enchaînements s’était effectués dans une rapidité incroyable et d’ailleurs la jeune femme était incapable de remettre dans l’ordre les dernières événements, elle ne se souvenait que de cette sensation de savoir Adrän en danger puis de s’être retrouvé sur l’agresseur aspirant son flux vital, en lui maintenant la tête avec une force que jamais elle n’avait eu jusque-là.

Rapidement le corps du vampire ne se débattit plus, ne gémissant plus, un silence morbide s’installa. Aurore eut du mal à comprendre qu’il n’y avait plus rien qui pourrait satisfaire sa soif qui semblait grandissante, elle relâcha le cadavre, comprenant peu à peu qu’elle venait de tuer. Ses mains étaient rougeâtre, le contour de ses lèvres également… Ses deux grands yeux s’écarquillèrent observant sa première victime sur le sol, inerte… Il était mort, elle l’avait tué… Aurore recula rapidement, laissant une distance entre elle, le cadavre et Adrän… Le choc fut terriblement violent peut-être même plus que la transformation, elle observa ses mains, souffla, trembla même. A ce moment précis, elle ne voulait plus qu’une chose fuir tout ça, oublier ce qui venait de se passer, elle ne voulait plus jamais que ça se reproduise, elle n’osa même pas regarder son amant, apeuré par son jugement… Et peut-être que le pire dans tout ça, c’est que ses pulsions, sa soif cherchait encore à reprendre le dessus. Alors qu’elle recula encore, elle finit par buter contre un tronc d’arbre, elle ne put s’empêcher de rabattre ses jambes contre sa poitrine, entourant le tout de ses bras avant d’y enfouir sa tête honteuse.

Il était impossible pour elle d’accepter tout ça, elle s’était très certainement surestimé, le pire étant peut-être la sensation d’être incapable de se contrôler, de gérer son propre corps. L’ancienne humaine s’était perdue dans le flot de ses pensées, ou s’était-elle peut-être perdue tout court même. Elle n’avait toujours pas regardé Adrän et se refusait même de l’approcher par crainte de ne pas pouvoir résister à l’appel du sang. Elle entendait déjà la respiration d’un animal proche, respirait déjà son odeur et sentait cette sensation de faim, ce démon en elle qui criait au meurtre. Cependant, elle avait eu un peu de chance dans son malheur puisque son don n’avait pas encore refait surface, ce qui finalement lui permettait de ne ressentir que ses propres angoisses.

Toujours en boule, Aurore avait envie de hurler, de pleurer, de supplier que ce cauchemar s’arrête. Elle généralement si forte perdait pied et s’en voulait atrocement d’avoir agis aussi vite, l’ancienne humaine avait pensé être prête pour le grand saut, mais visiblement ce n’avait pas été le cas. Alors qu’elle sentit des pas se rapprocher d’elle, elle ne bougea pas prenant juste la parole –sans pour autant sortir la tête de sa protection imaginaire- :

- «  T’approche pas… Ne t’approche pas de moi ! Je vais te blesser, laisse-moi. »

Alors qu’elle terminait à peine cette phrase emplie de désespoir et de réalité, elle finit par fondre en sanglot, tachant de rester la plus silencieuse possible. Elle qui pensait respirer la joie de vivre après sa transformation, ce n’était pas du tout le cas et elle culpabiliser déjà d’infliger sa souffrance à Adrän. Doucement elle tachait de se reprendre, de ne pas montrer cette tristesse qui la tiraillait, elle garda sa position, cherchant à se calmer sans perdre une nouvelle fois le contrôle. Était-ce seulement possible ?

La réaction d’Adrän fut évidente, il refusa de laisser l’ancienne humaine à son triste sort, Aurore n’en fut pas soulagé bien au contraire. Elle était certaine de s’être perdue dans une transformation que finalement elle n’avait pas tant voulu que ça, la buveuse d’hémoglobine, la meurtrière était certaine que son démon allait reprendre le contrôle et que la situation deviendrait dramatique. La culpabilité la rongeait et bien que la mort soit justifiée pour l’autre vampire dont le corps était encore un peu plus loin devant-elle, l’ancienne humaine ne parvenait pas à s’en remettre. Les larmes ruisselaient le long de ses joues, -ce qui normalement aurait dû faire rougir son visage ou gonfler ses yeux, mais ce ne fut pas le cas, même dans cette situation elle restait étrangement attirante-. Doucement, Adrän posa un genou à terre, cherchant à lui faire face, la buveuse d’hémoglobine hésita de longues minutes avant de sortir la tête de sa protection imaginaire. La jeune femme l’observa alors, contrairement à elle, Adrän semblait sincèrement peut-être même soulagé de la voir « vivante », enfin vivante est un grand mot qui ne qualifie pas convenablement la situation. Le vampire la regardait avec ce regard remplit d’affection et au fond de ses yeux brillaient la flamme de l’inquiétude, rajoutant un nouveau sentiment de culpabilité chez Aurore. Qui en plus d’être une mauvaise vampire, n’arrivant à pas admettre qu’il faut tuer pour vivre, son comportement faisait souffrir celui qu’elle aimait et cela la dévasté, ce qui malgré toute la bonne volonté du monde n’arrivait pas à la faire réagir.

Adrän reprit la parole, expliquant qu’elle venait de lui sauver la vie… Drôle de manière de voir les choses, est-ce qu’une vie en vaut vraiment une autre ? La jeune femme répondrait certainement à cette question que celle d’Adrän valait tous les morts d’Ephaëlya mais même en ayant conscience de ça, elle n’arrivait pas à retirer cette culpabilité. De plus, alors que le vampire parlait de sa voix mélodieuse et si douce aux oreilles de l’ancienne humaine, celle-ci ne voyait que sa jugulaire se contractant au différent mouvement des lèvres du sang-froid. Aurore ne s’imaginait que ce fluide vital parcourant le corps de son amant, cette couleur rougeâtre qu’elle désirait temps, qui faisait sombrer tout son être dans la folie. Secouant la tête, la jeune femme tenta de se reprendre prenant une grande inspiration, ce qui fut une nouvelle erreur, la totalité de ses sens s’affolèrent devant l’odeur de l’animal qu’elle avait senti un peu plus tôt et son démon lui, était prêt à tout pour tuer une nouvelle fois –que ce soit Adrän ou un autre n’avait pas d’importance-.

C’est le moment que je choisis le vampire pour enlacer Aurore, déposant sa tête contre son épaule, la mettant face à face avec sa pulsion inavouable. Elle ne put s’empêcher de serrer le vampire aussi fort qu’elle le pouvait –ce qui dut faire étrange au sang-froid, qui n’avait pas l’habitude d’une Aurore aussi forte-, comprenant que sa force pouvait être une gêne, elle relâcha légèrement son étreinte, avant d’enfouir sa tête dans le creux de la nuque du buveur d’hémoglobine, respirant l’odeur qui la faisait chavirer. Finalement le meurtre avait été une bonne chose, le liquide qu’elle avait pu aspirer quelques minutes avant lui permettait d’avoir cet échange avec Adrän mais surtout lui permettait de ne pas le vider de son sang. Le vampire lui, confirma son amour la nouvelle née, allant jusqu’à lui proposer son sang. Avait-il réfléchis avant de parler, avait-il conscience qu’Aurore luttait déjà pour ne pas le mordre et qu’elle ne se pardonnerait jamais de craquer ? Visiblement pas. Elle sortit rapidement de ses bras protecteur pour lui faire la remontrance, déposant sont regard dans le siens :

- « Ne me propose plus jamais ça. Je ne sais pas si je vais me pardonner un jour de tuer, je ne sais pas si un jour je m’adapterais réellement à cette nouvelle vie…. Mais jamais je ne survivrais si je devais te faire la moindre égratignure, le moindre mal… »

Alors qu’elle terminait à peine sa phrase, elle la laissa en suspens. Aurore venait de comprendre qu’à partir du moment où elle tuait et se nourrissait sa brûlure à la gorge s’atténuait plus important que ça, elle était capable de discuter avec Adrän, de le doucher et de réveiller chez elle des envies plus… « Humain ». Depuis sa transformation, elle n’avait souhaité que fuir le vampire et l’événement qui aurait dû les rapprocher les avait finalement un peu éloigné, comprenant ça, Aurore embrassa brusquement et amoureusement son vampire, cherchant à réparer ce qu’elle avait brisé, entre deux langoureux baiser elle lui murmura :

- « Je t’aime…. Je ne vais pas pouvoir tenir encore longtemps… Ma gorge… *elle ne poursuivit pas certaine qu’Adrän comprendrait de quoi elle parlait*, je ne veux pas de ton sang Adrän… Je ne suis pas capable de m’arrêter. »

L’ancienne humaine prenait également conscience du courage qu’il avait failli pour le vampire pour ne pas la croquer sur toute la durée de leur relation et la reconnaissance que cela entraînait chez elle était grandissante. Alors qu’elle s’était un peu éloignée pour parler, elle reprit un léger élan pour l’embrasser, provoquant la chute du vampire sur le dos… Aurore fut une mine surprise face à sa force nouvelle avant de soupirer –peut-être avec un peu d’humour même….- :

- « Je vais finir par te casser… Vas falloir que tu t’entraines pour me résister… »

Elle fit sa moue enfantine, qu’elle savait si bien faire, finalement tout n’avait peut-être pas autant changé que ça.

Un amour n’est jamais impossible, malgré les difficultés, les échecs, les souffrances, si les sentiments s’immiscent au fond de votre cœur, de votre âme alors rien n’est impossible. Un faussé avait beau s’être insérer entre Adrän et Aurore, une différence de nature, de race, le couple ne s’en était que consolidé, cherchant toujours à se rapprocher, à s’offrir plus. La transformation n’avait été que la finalité de cette Amour si passionnelle, si intense. Les difficultés se feraient certainement grandissante et le regret accompagnerait s’en doute le voile nocturne qui entourait désormais la jeune femme, mais ce que la race vampirique venait de lui apporter n’avait pas de prix. Une nouvelle vie différente, des envies changeantes, des pulsions, une force impressionnante, un épuisement inexistante, une renaissance agréable, un re-nouveau dans un monde trop grand pour la solitude.

Cette solitude l’avait accompagné si longtemps, s’insérant dans son ombre, planant comme la mort au-dessus d’un condamné, ne se décollant que pour laisser l’espoir qu’un jour elle la quitterait pour finalement la faire revenir à la dure réalité. Mais cette réalité n’existait dorénavant plus et plus jamais la nouvelle née ne la laisserait pénétrer dans sa vie. Son avenir ne lui semblait que particulièrement prometteur et Aurore rayonnait comme jamais elle ne l’avait fait. Comment douter, regretter réellement avec un tel revirement de situation. La jeune femme n’avait finalement pas changé tant que ça, son caractère restait le même et ceux malgré la brulure grandissante qui lui arrachait l’arrière de la gorge. Se relevant dans une douceur agréable le bruit de ses petits pieds nus sur l’herbe n’était qu’à peine audible, ramassant une à une ses affaires qu’elle ré-enfila en évitant plusieurs chutes de justesse, agrémentant chaque « non chute » par un large sourire, dévoilant ainsi deux belles canines d’une blancheur éclatante. Finissant de faire glisse le morceau de tissu couvrant la partie supérieur de son corps, Aurore s’approcha d’Adrän installé sur le sol, murmurant des excuses, s’installant à côté de lui elle ne put que sourire au câlin qu’elle reçut.

La nouvelle née, se contenta de déposer un léger baiser sur le front d’Adrän avant de se relever et de s’étirer doucement, laissant craquer ses os. Inexplicablement, la jeune femme sentit la fatigue l’assaillir, sans pouvoir lui résister, ses lèvres s’écartèrent pour laisser un bâillement s’échapper, alors qu’une de ses mains vint instinctivement couvrir sa bouche. Se retournant pour faire face à son vampire encore à moitié, son regard ce fit bienveillant, voir protecteur, s’étirant une nouvelle fois de manière incontrôlé elle finit par prendre la parole de sa voix la plus douce, le tout entrecoupé par des bâillements :

- « Je *bâillement* ne vois pas pourquoi tu t’excuses mon tendre… *bâillement* Je ne sais pas ce qu’il m’arrive… *bâillement* je me sens épuisée. »

Alors qu’elle faisait encore quelques petits, observant à droite et à gauche si elle ne voyait pas un coin ou s’allonger, elle remarqua que le ciel s’éclaircissait, pas encore de là à faire naître l’apparition du soleil, mais la nuit était déjà presque terminé. Aurore en fut réellement surprise, la jeune femme n’avait pas l’impression que le temps soit passé aussi vite, elle s’approcha alors d’Adrän afin de l’aider à se relever. Il était temps de trouver un abri pour la journée et de rejoindre les bras de Morphée. Une fois le couple relevé, la jeune femme ne put que constater la nudité de son amant, ce qui il fallait l’admettre n’était pas prêt de la déranger. Aurore passa une main sur le torse de son vampire, savourant l’instant faisant chauffer ses doigts le long de son ventre jusqu’à ses lèvres donnant l’impression de faire le « jeu de la bébête qui monte ». Une fois son passe-temps achevé elle releva les yeux vers son beau vampire, afin d’argument après un nouveau bâillement sa pensée.

- « Tu devrais mettre une feuille sur toi.. Oui une feuille parce que tes vêtements… Non ce n’est pas de ma faute ! Ensuite si ça te dérange pas…. *bâillement* je voudrais dormir, donc trouver un abri.»

Alors qu’elle s’éloigna gentiment afin de chercher son petit coin diurne qui lui permettrait de dormir sereinement, elle laissa le temps à Adrän de récupérer ce qui était récupérable. Chaussure à la main, Aurore cette envie particulière « de rester nature ». Écartant un groupe de feuillage, la vampire observa une petit grotte un peu plus loin, la chance était de leurs côtés. Satisfaite, elle fit signe à Adrän de la rejoindre lâchant un petit « Trouvé ! » enfantin. Calmement et en s’assurant de la présence de son sang-froid, Aurore s’avance jusqu’à la grotte, et une fois à l’intérieur s’installa évidemment dans les bras de son vampire pour attaquer son sommeil de jour, qui serait pour la première fois sans coupure.

L’aventure n’était pas prête de s’arrêter surtout avec une Aurore découvrant ses nouvelles possibilités.