Sujet: Re: Concours : Le retour de la magie Sam 6 Juil 2013 - 18:02
Bou ! Alors, comme ça fait longtemps que je n'ai pas fait mon casse-burne de lapin rose albinos, j'ai décidé de poser une petite question :
Pourquoi, après votre délibération, les différentes œuvres ne seraient-elles pas toutes publiées ? Chaque participant a une récompense mais autant partager ces écrits avec les mortels du bas-monde dénués d'inspiration pour leur en faire profiter. Personnellement, même si j'participe j'ai trop envie de lire ce que les autres ont fait ... (Si la réponse du staff est non, vous pourriez pas me les envoyer que je fasse de l'espionnage industriel que j'ai de la lecture. ) Voilà ! Sev.
Invité Invité
Sujet: Re: Concours : Le retour de la magie Sam 27 Juil 2013 - 18:56
Suite à une erreur dans la date, la fin du concours est reportée au lundi 29 Juillet 23h59.
Merci de votre compréhension!
Maitre d'Ephaëlya PNJ
Messages : 326
Sujet: Re: Concours : Le retour de la magie Mar 6 Aoû 2013 - 0:46
Concours : Le retour de la magie!
Quel est ce mystère ?
Récit d'Ashlyn Frontaliem :
Spoiler:
L’éleveuse de l’Eternel, l’elfe des bois, la soigneuse d’Evanya. Plusieurs noms, plusieurs expressions pour désigner une seule et même personne. Pour désigner cette elfe qui vivait dans la forêt depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvennait, tous ces termes avaient été utilisés, et bien d’autres encore. Le fait est que cette femme, Ashlyn, vieille de plusieurs siècles et ayant oublié son passé trouble était devenue une personne ayant dédié sa vie à la faune et la flore de sa contrée natale.
Elle ne cessait de penser aux habitants de cette forêt, n’hésitant pas à sortir les armes pour les défendre. Tout ce qu’elle faisait, c’est pour eux et les animaux le lui rendaient bien. Soigner, protéger, secourir, voilà le but de la vie d’Ashlyn.
Du haut d’un arbre, attentive aux sons et odeurs qu’elle percevait, elle restait à l’affut du moindre élément qui pourrait indiquer que les choses ont changées, qu’il y a quelque chose de différent et qu’elle doit intervenir. Depuis quelques jours, les êtres les plus sensibles et les plus craintifs sont aux aguets, le moindre son les faisait fuir et ils ne reviennaient que de longues heures après dans le meilleur des cas, ou alors ils ne reviennaient pas tout simplement. Les feux de forêt se multipliaient, laissant derrière eux des scènes de carnage et de désolation. La frustration emplissait lentement le cœur de l’Elfe des bois, plus le temps passait et moins elle comprennait ce qui arrivait. Incapable de comprendre l’origine du mal qui habite les lieux, son impuissance l’agaçait plus qu’autre chose et elle ne veoulait qu’une chose, parvenir à guérir sa demeure du mal toujours croissant, réussir à nouveau, là où elle avait réussi à chaque fois pour le moment.
Plus d’une heure après son ascension, elle finit par décider de descendre de son promontoire, pour regagner les vestiges de sa maison d’enfance. Ces lieux devenus dévastés et délabrés par le temps demeurent sa maison. La végétation a repris possession de la place et jamais Ashlyn ne quittera cet endroit de plein gré. C’est également dans cet emplacement précis que les voyageurs et autres habitants d’Ephaëlya viennent, pour faire soigner des animaux blessés, qu’ils soient sauvages ou domestiques. C'est également en ce domaine que l’elfe offre parfois des orphelins aux personnes en lesquelles elle a confiance, même si cet acte reste extrêmement rare.
En retournant dans sa maison, elle remarqua immédiatement la présence d’étrangers. L’odeur et le bruit du métal, les voix s’élevant au-dessus du calme habituel ne pouvaient pas la tromper. Des gens étaient là, pour elle. Craintive devant l’inconnu, elle prit rapidement de la hauteur et finit sa montée en haut d’un grand arbre feuillu. Son abri de fortune lui avait permis de se rapprocher sans être vue et de pouvoir observer en toute discrétion les trois soldats de la garde elfique.
Ces hommes ne semblaient pas avoir de mauvaises intentions, ils semblaient la chercher sans pour autant vouloir lui faire du mal. Le fait qu’ils appartiennent à la même race qu’elle fut le dernier argument qui lui permit d’accepter de leur faire confiance. Sans pour autant descendre de son arbre, l’elfe à la chevelure couleur cuivre quitta la protection des feuilles pour s’exposer au regard des hommes armés. Des mots furent échangés, la conversation fut brève, écourtée par le manque de vocabulaire de la Sauvage. Tout ce qui était important avait été dit. L’elfe qui servait de dirigeant aux elfes avait demandé sa présence, comme celle de toutes les personnes susceptibles de comprendre ce qui se passait. En entendant cette nouvelle, Ashlyn fut immédiatement apeurée. Elle n’avait jamais été dans la Capitale, aussi loin que ses souvenirs lui permettaient de remonter au sein de sa mémoire. Jamais elle n’avait été amenée à fréquenter autant de monde d’un coup, jamais elle n’avait été exposée au regard de tant de personnes en une seule fois. Seulement, ce n’était pas pour faire plaisir aux autres qu’elle envisageait d’effectuer ce voyage au cœur de la civilisation, c’était pour protéger ceux qu’elle considérait comme sa famille.
Quelques jours plus tard, Ashlyn finit par arriver dans les rues d’Ardamir, équipée uniquement d’un petit baluchon de voyage. Elle avait fait un effort de présentation et avait noué sa chevelure en une tresse qui lui tombait sur l’épaule. Sa tenue vestimentaire n’avait pas changée et se limitait toujours au strict nécessaire, ce qui lui valut sans surprise des regards étonnés des habitants qui se considéraient comme civilisés. Ashlyn prit sur elle pour ne pas faire demi-tour et retourner se terrer dans sa forêt. Si la dirigeante de la contrée était allée la demander, c’est parce que l’heure était bien trop grave pour qu’elle s’écoute. ~ ~ ~
L’entretient avec la chef de sa contrée avait été bref mais l’urgence de la situation ne laissait pas le temps aux longs discours, encore moins si l’interlocutrice était Ashlyn. De retour dans sa forêt avec plus d’information, l’elfe sauvage passait le plus clair de son temps à chercher, à remuer terre et ciel pour tenter de comprendre ce qui se passait. Elle devait comprendre ce qui se passait, et surtout l’origine des perturbations. Les grands animaux commençaient à fuir, tout comme les prédateurs qui quittaient le havre de paix que constituait la forêt, non pas pour suivre le gibier mais pour sauver leur propre peau. Seuls les plus fidèles alliés de l’elfe étaient encore présent, parmi lesquels figuraient un aigle et une fée.
Après plusieurs jours de recherche, Ashlyn finit par se poser près du lac Miriel, observant la montagne calmement. Elle tentait vainement de comprendre ce qui se passait, de rassembler tous les éléments dont elle disposait pour parvenir finalement à élucider le mystère qui planait sur Evanya. Ashlyn savait qu’elle avait toutes les clefs en main pour trouver une réponse à cette question qui lui occupait l’esprit depuis plusieurs cycles à présent mais il était tout simplement impossible pour elle de trouver une réponse pour le moment. Le vent soufflait doucement ce jour-là, mais il permettait tout de même à la Solitaire de ressentir une odeur qu’elle sentait presque quotidiennement à présent. L’odeur des cendres, du feu et de la destruction.
Relevant la tête, elle remarqua alors le point lumineux dans la montagne qu’elle fixait sans réellement le voir. Un feu s’était déclaré, au beau milieu des roches, ce qui n’était tout simplement pas logique. Perplexe et étonnée devant cela, elle décida de gravir cette montagne pour aller voir cela de plus près.
Son ascension dura près de deux heures avant qu’elle n’atteigne l’endroit où les flammes étaient nées mais à son arrivée, il n’y avait déjà plus rien, comme toutes les fois précédentes. Sur ses gardes, elle observa les lieux, cherchant un indice mais elle ne trouva rien parmi les cendres, mis à part une carcasse d’un malheureux animal qui devait se trouver sur les lieux, lorsque l’incendie s’était déclaré.
Elle resta non loin de cet endroit, et lorsque la nuit fut tombée, l’elfe était toujours là, à la recherche de cet étrange pyromane. Le temps s’écoulait lentement mais la patience d’Ashlyn était sans fin. Sa persévérance finit par être récompensée lorsqu’un cri déchira le silence des montagnes. Des flammes traversèrent le ciel avant de se poser brutalement au sol, sans pour autant s’éteindre. Les yeux de la jeune femme s’ouvrirent en grand et elle resta interdite devant ce qui se passait devant ses yeux. Un gigantesque oiseau se tenait face à elle, étendant ses ailes, rendant son envergure encore plus impressionnante. L’oiseau de Feu faisait environ cinq mètres à vu d’œil mais il n’était pas impossible qu’il soit plus grand que cela. Tout ce qui venait à l’esprit d’Ashlyn, était un profond respect, ainsi qu’une immense confusion. Dans sa quête pour ramener le calme, elle en était arrivée à se trouver face à une créature d’une beauté sans égale qui ne vivait que dans les légendes. Un Phoenix, ou plutôt Phoenix Originel qui habitait les légendes qui sa mère lui racontait. Comment se souvenait-elle de cela alors qu’elle ne se souvenait même pas de ses parents ? Elle n’en avait pas la réponse, tout ce qui importait, c’était que cette créature réveillait en elle des souvenirs qu’elle pensait oubliés.
Lorsque le regard de la jeune femme croisa le regard de l’oiseau millénaire, il y eut comme un déclic dans l’esprit de la jeune femme, comme si un dernier rouage venait de se mettre en place. Elle ne pouvait pas parler avec cet être, mais elle pouvait le comprendre. Elle comprenait ses actes et la raison pour laquelle il était venu. Elle comprenait tout. Elle s’avança lentement vers lui, avant de s’incliner, à plus de dix pas de lui. Dans sa langue natale, elle le remercia. Elle le remercia de s’être montré à elle ce soir-là et de l’avoir aidé à avance dans sa mission.
Une sorte de gazouillement retentit soudainement, incroyablement grave et puissant pour un son de ce genre et sans comprendre pourquoi, l’elfe fut frappée instantanément de fatigue qui la força à entrer en méditation contre son gré. Quelques heures après, lorsque le soleil fut haut dans le ciel, elle ouvrit à nouveau les yeux. L’oiseau était parti mais avait laissé auprès d’elle une plume arc-en-ciel, comme pour montrer que tout ceci n’était pas le produit de son imagination. Elle ramassa la plume et la regarda attentive, observant avec plaisir les rayons du soleil la faire changer de couleur.
La Magie était de retour sur Ephaëlya et les créatures ancestrales se réveillaient petit à petit. Elle ne savait pas comment elle pouvait l’expliquer, elle le ressentait, avec encore plus de force qu’avant. Elle ressentait l’appel de la nature, comme jamais auparavant.
Lolia Ambraleya Ephaëlyen accompli
Messages : 542 Métier : Aventurière intérimaire Age du personnage : 134 Alignement : Bon En couple avec : Célibataire Ennemis : Tout ceux qui me prennent pour cible. Double Compte : Thôrya Dwiline
Sujet: Re: Concours : Le retour de la magie Mar 6 Aoû 2013 - 14:36
Whoua, merci beaucoup Ashlyn, félicitation pour ton texte, j'ai beaucoup aimé :DJe suis impatiente de lire les autres, c'est amusant de voir comment chacun a interpréter le contexte différemment
Ashlyn Froñtaliem Ephaëlyen débutant
Messages : 36 Métier : Éleveuse Age du personnage : 269 Alignement : Neutre strict Double Compte : Kimaya Laraheris • Jayne Caldin
Sujet: Re: Concours : Le retour de la magie Mer 7 Aoû 2013 - 17:41
Merci beaucoup o/ J'ai hâte de lire vos écrits également
Maitre d'Ephaëlya PNJ
Messages : 326
Sujet: Re: Concours : Le retour de la magie Jeu 8 Aoû 2013 - 22:10
Bonsoir,
Voici donc les écrits des participants !
Participation d'Ashlyn Froñtaliem:
L’éleveuse de l’Eternel, l’elfe des bois, la soigneuse d’Evanya. Plusieurs noms, plusieurs expressions pour désigner une seule et même personne. Pour désigner cette elfe qui vivait dans la forêt depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvennait, tous ces termes avaient été utilisés, et bien d’autres encore. Le fait est que cette femme, Ashlyn, vieille de plusieurs siècles et ayant oublié son passé trouble était devenue une personne ayant dédié sa vie à la faune et la flore de sa contrée natale.
Elle ne cessait de penser aux habitants de cette forêt, n’hésitant pas à sortir les armes pour les défendre. Tout ce qu’elle faisait, c’est pour eux et les animaux le lui rendaient bien. Soigner, protéger, secourir, voilà le but de la vie d’Ashlyn.
Du haut d’un arbre, attentive aux sons et odeurs qu’elle percevait, elle restait à l’affut du moindre élément qui pourrait indiquer que les choses ont changées, qu’il y a quelque chose de différent et qu’elle doit intervenir. Depuis quelques jours, les êtres les plus sensibles et les plus craintifs sont aux aguets, le moindre son les faisait fuir et ils ne reviennaient que de longues heures après dans le meilleur des cas, ou alors ils ne reviennaient pas tout simplement. Les feux de forêt se multipliaient, laissant derrière eux des scènes de carnage et de désolation. La frustration emplissait lentement le cœur de l’Elfe des bois, plus le temps passait et moins elle comprennait ce qui arrivait. Incapable de comprendre l’origine du mal qui habite les lieux, son impuissance l’agaçait plus qu’autre chose et elle ne veoulait qu’une chose, parvenir à guérir sa demeure du mal toujours croissant, réussir à nouveau, là où elle avait réussi à chaque fois pour le moment.
Plus d’une heure après son ascension, elle finit par décider de descendre de son promontoire, pour regagner les vestiges de sa maison d’enfance. Ces lieux devenus dévastés et délabrés par le temps demeurent sa maison. La végétation a repris possession de la place et jamais Ashlyn ne quittera cet endroit de plein gré. C’est également dans cet emplacement précis que les voyageurs et autres habitants d’Ephaëlya viennent, pour faire soigner des animaux blessés, qu’ils soient sauvages ou domestiques. C'est également en ce domaine que l’elfe offre parfois des orphelins aux personnes en lesquelles elle a confiance, même si cet acte reste extrêmement rare.
En retournant dans sa maison, elle remarqua immédiatement la présence d’étrangers. L’odeur et le bruit du métal, les voix s’élevant au-dessus du calme habituel ne pouvaient pas la tromper. Des gens étaient là, pour elle. Craintive devant l’inconnu, elle prit rapidement de la hauteur et finit sa montée en haut d’un grand arbre feuillu. Son abri de fortune lui avait permis de se rapprocher sans être vue et de pouvoir observer en toute discrétion les trois soldats de la garde elfique.
Ces hommes ne semblaient pas avoir de mauvaises intentions, ils semblaient la chercher sans pour autant vouloir lui faire du mal. Le fait qu’ils appartiennent à la même race qu’elle fut le dernier argument qui lui permit d’accepter de leur faire confiance. Sans pour autant descendre de son arbre, l’elfe à la chevelure couleur cuivre quitta la protection des feuilles pour s’exposer au regard des hommes armés. Des mots furent échangés, la conversation fut brève, écourtée par le manque de vocabulaire de la Sauvage. Tout ce qui était important avait été dit. L’elfe qui servait de dirigeant aux elfes avait demandé sa présence, comme celle de toutes les personnes susceptibles de comprendre ce qui se passait. En entendant cette nouvelle, Ashlyn fut immédiatement apeurée. Elle n’avait jamais été dans la Capitale, aussi loin que ses souvenirs lui permettaient de remonter au sein de sa mémoire. Jamais elle n’avait été amenée à fréquenter autant de monde d’un coup, jamais elle n’avait été exposée au regard de tant de personnes en une seule fois. Seulement, ce n’était pas pour faire plaisir aux autres qu’elle envisageait d’effectuer ce voyage au cœur de la civilisation, c’était pour protéger ceux qu’elle considérait comme sa famille.
Quelques jours plus tard, Ashlyn finit par arriver dans les rues d’Ardamir, équipée uniquement d’un petit baluchon de voyage. Elle avait fait un effort de présentation et avait noué sa chevelure en une tresse qui lui tombait sur l’épaule. Sa tenue vestimentaire n’avait pas changée et se limitait toujours au strict nécessaire, ce qui lui valut sans surprise des regards étonnés des habitants qui se considéraient comme civilisés. Ashlyn prit sur elle pour ne pas faire demi-tour et retourner se terrer dans sa forêt. Si la dirigeante de la contrée était allée la demander, c’est parce que l’heure était bien trop grave pour qu’elle s’écoute. ~ ~ ~
L’entretient avec la chef de sa contrée avait été bref mais l’urgence de la situation ne laissait pas le temps aux longs discours, encore moins si l’interlocutrice était Ashlyn. De retour dans sa forêt avec plus d’information, l’elfe sauvage passait le plus clair de son temps à chercher, à remuer terre et ciel pour tenter de comprendre ce qui se passait. Elle devait comprendre ce qui se passait, et surtout l’origine des perturbations. Les grands animaux commençaient à fuir, tout comme les prédateurs qui quittaient le havre de paix que constituait la forêt, non pas pour suivre le gibier mais pour sauver leur propre peau. Seuls les plus fidèles alliés de l’elfe étaient encore présent, parmi lesquels figuraient un aigle et une fée.
Après plusieurs jours de recherche, Ashlyn finit par se poser près du lac Miriel, observant la montagne calmement. Elle tentait vainement de comprendre ce qui se passait, de rassembler tous les éléments dont elle disposait pour parvenir finalement à élucider le mystère qui planait sur Evanya. Ashlyn savait qu’elle avait toutes les clefs en main pour trouver une réponse à cette question qui lui occupait l’esprit depuis plusieurs cycles à présent mais il était tout simplement impossible pour elle de trouver une réponse pour le moment. Le vent soufflait doucement ce jour-là, mais il permettait tout de même à la Solitaire de ressentir une odeur qu’elle sentait presque quotidiennement à présent. L’odeur des cendres, du feu et de la destruction.
Relevant la tête, elle remarqua alors le point lumineux dans la montagne qu’elle fixait sans réellement le voir. Un feu s’était déclaré, au beau milieu des roches, ce qui n’était tout simplement pas logique. Perplexe et étonnée devant cela, elle décida de gravir cette montagne pour aller voir cela de plus près.
Son ascension dura près de deux heures avant qu’elle n’atteigne l’endroit où les flammes étaient nées mais à son arrivée, il n’y avait déjà plus rien, comme toutes les fois précédentes. Sur ses gardes, elle observa les lieux, cherchant un indice mais elle ne trouva rien parmi les cendres, mis à part une carcasse d’un malheureux animal qui devait se trouver sur les lieux, lorsque l’incendie s’était déclaré.
Elle resta non loin de cet endroit, et lorsque la nuit fut tombée, l’elfe était toujours là, à la recherche de cet étrange pyromane. Le temps s’écoulait lentement mais la patience d’Ashlyn était sans fin. Sa persévérance finit par être récompensée lorsqu’un cri déchira le silence des montagnes. Des flammes traversèrent le ciel avant de se poser brutalement au sol, sans pour autant s’éteindre. Les yeux de la jeune femme s’ouvrirent en grand et elle resta interdite devant ce qui se passait devant ses yeux. Un gigantesque oiseau se tenait face à elle, étendant ses ailes, rendant son envergure encore plus impressionnante. L’oiseau de Feu faisait environ cinq mètres à vu d’œil mais il n’était pas impossible qu’il soit plus grand que cela. Tout ce qui venait à l’esprit d’Ashlyn, était un profond respect, ainsi qu’une immense confusion. Dans sa quête pour ramener le calme, elle en était arrivée à se trouver face à une créature d’une beauté sans égale qui ne vivait que dans les légendes. Un Phoenix, ou plutôt Phoenix Originel qui habitait les légendes qui sa mère lui racontait. Comment se souvenait-elle de cela alors qu’elle ne se souvenait même pas de ses parents ? Elle n’en avait pas la réponse, tout ce qui importait, c’était que cette créature réveillait en elle des souvenirs qu’elle pensait oubliés.
Lorsque le regard de la jeune femme croisa le regard de l’oiseau millénaire, il y eut comme un déclic dans l’esprit de la jeune femme, comme si un dernier rouage venait de se mettre en place. Elle ne pouvait pas parler avec cet être, mais elle pouvait le comprendre. Elle comprenait ses actes et la raison pour laquelle il était venu. Elle comprenait tout. Elle s’avança lentement vers lui, avant de s’incliner, à plus de dix pas de lui. Dans sa langue natale, elle le remercia. Elle le remercia de s’être montré à elle ce soir-là et de l’avoir aidé à avance dans sa mission.
Une sorte de gazouillement retentit soudainement, incroyablement grave et puissant pour un son de ce genre et sans comprendre pourquoi, l’elfe fut frappée instantanément de fatigue qui la força à entrer en méditation contre son gré. Quelques heures après, lorsque le soleil fut haut dans le ciel, elle ouvrit à nouveau les yeux. L’oiseau était parti mais avait laissé auprès d’elle une plume arc-en-ciel, comme pour montrer que tout ceci n’était pas le produit de son imagination. Elle ramassa la plume et la regarda attentive, observant avec plaisir les rayons du soleil la faire changer de couleur.
La Magie était de retour sur Ephaëlya et les créatures ancestrales se réveillaient petit à petit. Elle ne savait pas comment elle pouvait l’expliquer, elle le ressentait, avec encore plus de force qu’avant. Elle ressentait l’appel de la nature, comme jamais auparavant.
Participation de Lolia Ambraleya:
"La terre était maintenant chaude, elle irradiait une légère vapeur aux senteurs enivrantes. Le froid typique des sous-bois qui l’avait couvert toute l’après-midi semblait avoir totalement disparu. La terre était chaude et sablonneuse et comme couverte de spasmes inexplicables. Les vagues incessantes d’un vent chaud commençaient à refluer lentement alors que la cime des arbres semblait encore agitée par une force supérieure. Le monde était silence alors que mille bruits auraient dû résonner en ce lieu. Les rares oiseaux qui étaient encore là ouvraient leur bec sur un mutisme lugubre. Tout était sombre mais reprenait peu à peu des couleurs. Avec la chaleur de la terre revenait la chaleur du corps. Peu à peu, les cils s’écartaient sur un monde nouveau. Une main tremblante commença à remuer sur le sol, caressant la terre sèche. Le rythme paresseux devint vite plus saccadé et la main commença à griffer le sol comme pour s’y accrocher. Une peur irrépressible de tomber envahi l’espace et se propagea dans l’air avant d’être balayé par une énième rafale. Et c’est alors que les yeux s’ouvrirent, découvrant l’espace qui les entourait. Ils ne voyaient rien, ces yeux, si ce n’est les hautes branches vertes qui flottaient dans un vent encore violent. Un doux soleil les éclairait mais il ne descendait pas jusqu’à ces yeux en demande. Aucun bruit de frottement et cette absence languissante qui s’insinuait toujours plus profondément dans ce cœur vide. Vide de tout, que ce soit joie ou tristesse. Mais c’est alors qu’un souffle nouveau envahi ce corps à la dérive, une bouffée d’air qui le fit se relever d’un bond. Lolia regarda autour d’elle, essoufflée comme si elle venait d’être sauvée de la noyade. Mais l’effet retomba vite et un calme total envahi son corps. Elle regarda la terre qui n’était plus que cendres et qui formait une spirale sur quelques mètres autour d’elle. La poussière noire fumait encore légèrement, de fines volutes, alors que, peu à peu, les sons revenaient. Avec les sons, les sens, ce fut la mémoire. Et même si cette terre ne semblait pas faite pour qu’on y pose le pied, un sentiment étrange d’être exactement à sa place envahi la jeune elfe. Il lui fallut quelques minutes pour être à nouveau en plein possession de ses moyens. Mais ce temps fut bénéfique.
Il y avait Calydon et ses plumes noires fixées dans la fourrure du cou. Il y avait Sên et ses branches de lierres incrustées sous la peau. Il y avait Malanée et son aura bienfaitrice étincelant autour du corps. Il y avait Anushka et son pelage teinté de vert. Il y avait Morwën et ses bois de fer plantés sur le haut du crâne. Ils étaient tous là, réunis en un seul et même animal ; un loup à tête de cerf.
Lolia arriva enfin à se lever. Elle contempla les cercles que formaient les cendres et s’avança vers la forêt. Cette petite clairière avait été le lieu d’une bien étrange apparition. L’elfe se sentait le corps plus en forme que jamais mais l’esprit vide et fatigué. Cette fatigue intérieure lui brulait les tempes et laissait son cœur en peine. Elle savait pourtant que la chose ne durerait pas. Un long voyage l’attendait de toute façon. Elle devait rentrer, elle devait raconter, expliquer. La chose étrange qu’ils avaient tous poursuivie était loin de ce qu’on imaginait. Mais alors que certains reniaient encore l’existence même d’un quelconque mystère, d’autres courraient les bois à la recherche de cette entité. D’autres encore priaient les dieux pour comprendre le nouveau cataclysme qui leur tomberait bientôt sur la tête. Mais elle, à présent, elle savait.
Cinq voix parlant en même temps, d’une seule bouche, se mêlant dans un étrange résonnement, grinçant et chantant tout à la fois. « C’est un cadeau. Offre ta voix au monde, offre lui ce présent que nous te confions. Approche, fille de la lumière et soit le lieu de cet échange. » Rien n’aurait su empêcher ce rapprochement, ces quelques pas et cette main elfique se posant sur l’animal incarné par les dieux.
Ce souvenir ramena Lolia dans une bien triste vérité. Un mouvement égoïste lui fit froncer les sourcils alors qu’elle ouvrait la bouche pour parler… Tout ça n’avait pas été qu’un rêve. Au mutisme des oiseaux avait suivi le sien. Le monde reprenait ses sons mais plus aucun ne sortiraient jamais de sa propre bouche. Elle tenta bien de prendre le dessus mais se rendit vite à l’évidence ; on ne récupère pas ce que les dieux nous ont pris. Lolia sortit de la forêt et accéléra un peu le pas. La ville la plus proche se trouvait à un peu plus d’une journée de marche. Une fois sur place, elle trouverait une monture pour se rendre au plus vite dans la cité d’Ardamir.
L’éclair avait été fulgurant, elle n’avait pu empêcher son corps de hurler. Ça devait être un cri de douleur mais aucun mal ne se propageait en elle. L’endroit se rempli d’éclairs et de lumières aveuglantes. Le monde étincelait et des millions de particules s’envolèrent aux quatre coins de la forêt. Les voix reprirent en un écho : « C’est un don que nous rendons au monde. Soyez-en dignes, enfants de la vie. » Si ce message ne s’adressait plus à elle en particulier, elle le sentit la traverser comme une onde douloureuse. Et alors que les choses se calmaient, une vague de puissance inimaginable se propagea dans son corps et sortit par son hurlement en suspens. Tout était noir et la terre était froide.
Lolia arriva dans la cité quelques jours plus tard. Elle avait retrouvé son énergie mais pas sa voix. Un mutisme profond taisait son âme et pourtant, elle allait bientôt révéler au monde la plus grande nouvelle de son temps ; le retour de la magie."
Participation de Dante McAllister:
- Misère … je deviens trop vieux …
Le vampire était allongé à l'arrière d'une charrette cahotante quand elle ne manquait pas de se briser au moindre obstacle. Le craquement des branches, le ululement des chouettes, le sifflement du vent. Le souffle impétueux de ce dernier faisait rouler des nuages sombres dans un ciel aux nuances pourpres. La créature des ténèbres n'arrivait pas à trouver le repos. Son âme était tourmentée, son corps était affamé, dévoré par la fièvre. Il savait que pour l'heure son seul refuge serait la demeure de l'Impératrice. C'était la seconde fois qu'il revenait en piteux état d'une requête confiée par son employeur préféré. La seule différence était qu'il ne portait aucune séquelle de son épopée et pour cause, cette fabuleuse aventure avait permis à notre héros d'obtenir une faculté inédite. Les rayons de l'astre nocturne agressaient sa peau, ses pupilles azurées fuyaient leur contact, il était fortement irrité par tout ce qui l'entourait. La « bête » pouvait surgir à n'importe quel instant. Dante était âgé d'un quart de millénaire. Son humanité – du moins ce qu'il en restait, avait été parfaitement conservée. La fougue de la « bête » s'était amenuisée au fil des années, ses interventions étaient toujours très peu fréquentes. Il faut avouer que le vampire se nourrissait régulièrement et avait le mérite de perdre son sang en quantité négligeable malgré une profession dangereuse. Il vivait une crise violente. De l'extérieur il semblait exténué alors qu'en réalité un feu ardent rongeait ses entrailles, la colère et la haine tentaient de détruire ses barrières mentales, de subjuguer son esprit pour le transformer en monstre. Il avait cédé une fois cette nuit, il ne récidiverait pas. Trêve de bavardages, laissez moi vous conter une histoire. Celle d'un homme qui pensait pouvoir jouer avec la vie …
Quelques heures plus tôt, le mercenaire avait reçu une missive très concise de la part de la femme qui louait actuellement ses services à plein temps, Emerence de Gainbourd, impératrice de surcroît. Investi par une mission avec une double obligation en tant que mercenaire et vampire, Dante McAllister se mit en route. Sans trop savoir où aller il faut bien l'avouer. Le vampire devait trouver des explications à des phénomènes qui pouvaient paraître anodins mais se révélèrent inquiétants. Les habitudes des animaux dans la forêt des murmures avaient changé, les vagues de récits colportant l'apparition d'une créature mythique se multipliaient. Le mercenaire se mit en route pour la forêt des murmures, arpentant des routes sinueuses et des chemins détournés. En une heure il voyait les premiers bouleaux morts. L'aspect fantomatique des arbres de la forêt dégageait une atmosphère lugubre. Un œil rouge se posa sur le vampire, des croassements, un corbeau dont le poids malmenait une branche morte. Il avait le ventre enflé, signe que la nourriture pour charognards ne manquait pas dans le coin. Dante poussa un soupire puis sorti de quoi rouler une cigarette. Une fois allumée, il prit quelques bouffées de fumée avant de s'engager d'un pas assuré dans cette forêt qu'il connaissait parfaitement. La brume s’épaissit, la lune était haute dans le ciel, les hulées des animaux brisaient le silence pesant. Tout était propice à l'épouvante, la forêt portait le masque de la terreur. Pourtant le vampire ne montrait aucun signe de crainte, il se déplaçait d'un pas soutenu. Vers où allait-il ? Nul part en particulier. De nombreux vampires affirmaient que c'est en se perdant dans la forêt qu'il avait fait une surprenante rencontre.
Après une nouvelle heure de marche, Dante McAllister le sentit enfin : il était perdu. Il connaissait ces lieux dans leur moindre recoins mais cette partie de la forêt ne lui disait rien. Sur ses gardes, le mercenaire amena machinalement sa main au fourreau de son épée pour constater que tout était en place. Les cris avaient cessé, une absence mortelle de bruit envahissait la forêt. Il ralentissait, adoptant une démarche lente. Son regard se posait à droite, à gauche, vers le ciel, vers le sol. Ce silence inquiétait le mercenaire, il y avait de la magie là-dessous à n'en point douter. Aucune feuille morte, pas de branchages que sa botte ferait craquer. Rien. Ses pupilles azurées dansaient, elles cherchaient la cause tout ceci. Il avait marché pendant une heure et les animaux de la forêt avaient disparu, comme par enchantement. La tension atteignit rapidement son paroxysme, ce calme soudain lui rongeait les nerfs. Lorsque tout à coup, une voix résonna dans sa tête :
- Par là … Venez … Enfant de la nuit … Par là …
Ces mots sortaient de nul part, d'aucune direction et de toutes à la fois. Le vampire haussa un sourcil et regarda autour de lui. Furtivement, il jeta un regard par-dessus son épaule pour apercevoir l'objet de tant de récits. Se tenait alors derrière lui la créature mythique, tantôt décrite comme un monstre démesurément grand tantôt comme le noble et beau protecteur de la forêt. Un cerf, d'une carrure si impressionnante comme pourrait le confondre avec un cheval. Une crinière grisâtre, inhabituellement longue, prêtait une certaine sagesse à l'animal. Un museau blanc, de grands yeux rouges, des cornes et oreilles gigantesques. Cette bête suintait la magie, cette dernière s'échappait par tous les pores de sa peau. Des effluves de cèdres et de romarin se dégageait de la bête et entretenaient une certaine ambiguïté. Il était plutôt grand, possédait des cornes mais pas les autres «attributs » d'un mâle. Sa voix, car il n'y avait plus aucun doute sur l'identité de la voix qui avait pénétré l'esprit du vampire, était chaotique sans être celle d'un homme ou du femme. Même son parfum était tant masculin que féminin. Le vampire haussa un sourcil, la bête le dévisageait avec une prestance rare chez les animaux. Il déglutit puis sans plus tarder fit quelques pas vers la majestueuse créature. Des flammes jaillirent soudainement, créant un mur qui les séparait. Le vampire leva le bras devant son visage pour se protéger. La crainte des flammes était vivace chez le peuple de la nuit. Il finit par baisser son bras, toisant de ses yeux bleus l'animal à travers cette barrière de flamme. Sans mâcher ses mots, il débuta la conversation :
- Alors c'est tout ? Ça m'agresse au bout milieu de la nuit, pénètre mon esprit puis fait apparaître des flammèches. Tout ça pour quoi ? Dans l'espoir de me faire peur ? Je devais chercher à comprendre ce qui se passe ici … Je pense que je vais me contenter de te dépecer et de ramener ta toison en trophée à Emerence.
- Vous en êtes incapable
Ces mêmes sons désordonnés, cette voix chaotique. Ses mots sonnèrent comme une provocation à l'oreille du vampire mais dans la bouche de l'animal ils représentaient simplement la vérité. Dante se mit à sourire d'une horrible manière qui indiquait tout de ses pensées et de ses actes. Une hésitation, une seule mais pas plus d'une seconde. Il recula sans quitter des yeux sa proie et une fois qu'il jugea être à bonne distance, il entama une course folle vers le mur de flamme avant de s'élancer à travers ce dernier, protégeant son visage avec ses mains et priant pour que l'élan soit suffisant pour qu'il échappe aux flammes. Lorsque le vampire rouvrit les yeux, il avait violemment percuté le sol. Il se releva rapidement en posant la main sur le pommeau de son arme mais il n'y avait plus de cerf magique, plus de mur de feu. On s'était joué de lui. Il étouffa un juron et retourna la terre de son talon pour dégager sa colère. Ce satané cerf enchanté, il le retrouverait puis il l'égorgerait sans pitié. Un éclair fendit le ciel, le tonnerre perça ses tympans, la foudre venait de s'abattre plus au nord. Une foudre magique car il n'y avait aucun orage. Sous le regard attentif de la lune, le sang-froid se précipita dans la direction du phénomène surnaturel. Une fois arrivé sur place, sa surprise fut grande.
Devant lui se tenait l'entrée d'une caverne sculptée à même la roche. Une œuvre grotesque mais terrifiante, le vampire n'arrivait pas à regarder sereinement cette entrée. C'était là un visage de pierre qui était taillé. Un visage déformé par la douleur, dont l'expression souffrante était à jamais conservée dans la pierre. Les yeux clos, débordants de larmes, une bouche pavée de dents, grande ouverte – et qui servait accessoirement d'accès à la caverne. Son nez, les rides sur son visage, ses dents, ses cheveux … tout était si réaliste, une réalité sinistre. Des bruits de pas tirèrent Dante de sa contemplation. Ils étaient espacés, c'était le bruit que font des talons qui claquent sur la pierre humide. Le vampire se montra méfiant à la seconde même où une femme dans une robe courte se présenta à l'entrée de la caverne. Son corps ne présentait aucune imperfection, son visage était divin, sa tenue était splendide. Elle resplendissait même au creux de la nuit. Pourtant le vampire émit un grognement, exhibant ses canines. Il y avait quelque chose de pernicieux chez cette femme. L'aura qui émanait d'elle était si sombre que le vampire aurait pu se surprendre à trembler. Il en fallait plus pour l'effrayer mais elle avait touché la corde sensible :
- Pourquoi tenir votre arme ? Vous ne vous sentez pas en sécurité ?
Sans même y réfléchir, le vampire avait mis la main sur le pommeau prêt à faire surgir sa lame à tout instant. Une goutte de sueur perla de son front tandis qu'il jeta un regard étonné sur sa propre main. Il n'avait absolument pas eu l'intention de se saisir de son arme, pourtant son corps avait réagi par instinct. Une sensation désagréable lui tenaillait l'estomac, il ne savait pas si c'était la peur ou le sang de ce notable obèse qu'il avait du mal à digérer. La persistance de cette douleur le fit pencher pour la seconde proposition. En effet, la passion commençait à le gagner. Le vampire voulait voir l'étendu des pouvoirs de cette créature, cette femme qui était l'animal magique de tout à l'heure, la source de toutes ces bizarreries magiques. Elle l'invita à entrer d'un signe de la main, un sourire charmeur aux lèvres. Dante McAllister ne se fit pas prier. On ne refuse pas l'invitation d'une jolie femme, même si c'est une sorcière et qu'elle vous invite dans sa demeure dont la porte d'entrée est un visage distendu par la souffrance. Il descendait les escaliers avec prudence, sans jamais écarter son regard de la dangereuse femme. A croire qu'en Ephaelya, tout ce qui avait une paire de seins cherchait, à un moment ou à un autre, à nuire au vampire à la chevelure d’albâtre. Il poussa un soupir, il ne trouverait donc jamais le repos. Pourtant, cette vie n'était pas pour lui déplaire, il y avait des bons côtés dans le métier. Un coup d’œil expert vers la croupe de la voluptueuse femme incita Dante à redoubler de vigilance. Ne pas céder face à ce monstre aux charmes multiples ne serait pas une mince affaire. Néanmoins le vampire n'avait jamais raté une bonne occasion lorsqu'il en trouvait une. Il se mit à se trifouiller la barbe, en pleine réflexion. Il passait peut-être les derniers instants de son existence et tout ce qui l'intéressait était de savoir comment passer dans le lit d'une sorcière puis s'en sortir vivant après.
- Oubliez tout de suite.
Sa voix cristalline acheva les songes du vampire. Elle pouvait même lire dans ses pensées. Une expression neutre, il n'avait même pas haussé un sourcil. S'il n'affichait rien de l'extérieur, il ne cessait de répéter «Fesses» dans sa tête, inlassablement et dans l'espoir secret d'exaspérer cette femme si elle lisait effectivement ses pensées. Cette dernière finit par pousser un soupir quant à lui un large sourire prenait place sur ses lèvres. Ils étaient enfin à égalité. Une fois les escaliers descendus, ils se retrouvèrent dans une grande salle. Au centre, une épaisse table en marbre avec des chaises tout autour. Trois issues possibles, l'escalier et deux autres portes. Ne sachant pas où elles menaient, le vampire s'abstint de trop y faire attention pour ne pas être tenté par l'idée de visiter. La femme prit place à la table et il fit de même. Un long silence s'imposa de lui-même. Ils se dévisageaient, elle avec dédain tandis que lui se contentait de l'observer avec froideur. Elle rompit la trêve silencieuse par sa voix cristalline :
- Vous savez que vous allez mourir ?
-Tu m'en diras tant …
Les mains gantées du mercenaire se rejoignaient sous son menton. Elle le toisait toujours, sans sourire, une certaine antipathie se lisait sur son visage. Cela amusait le vampire, il avait souvent rencontré des cibles qui le prenaient de haut. Jamais pour très longtemps. La femme envoûtante reprit la parole :
- Et bien vous …
- Silence.
La jeune femme resta interdite. Le regard du vampire se durcit. Ses yeux aux teintes azurées s'étaient parés d'un voile sombre, devenus durs comme l'acier. Ils imposaient une forme de respect à son interlocutrice. Sans plus attendre, c'est Dante qui décida de mener la danse.
- Qu'es-tu exactement ?
- Qui croyez vous être, vous?
- Je crois que t'as pas tout saisi ma grande : je pose les questions dit-il en soulignant chaque mot avec dureté.
La femme à la chevelure de jais jouait avec ses mains sur la table, peu encline à céder face aux intimidations du vampire. Ce dernier se mit alors à rire aux éclats pour s'opposer à la désinvolture de la jeune femme. Sans plus de cérémonie, il s'étendit sur le dossier de la chaise pour faciliter son prochain mouvement. Son glaive runique, qu'il tira tout doucement de son fourreau en émail noir, étincela lorsqu'il le posa sur la table. Il regardait avec un air de défi la jeune femme dont l'attention fut attirée par l'arme d'une beauté sans pareil.
- C'est celui qui a la plus grosse qui pose les questions …
Le petit visage pâle ne broncha pas. Aucun mouvement de lèvres, de sourcils. Ses muscles faciaux étaient raidis dans une expression dérangeante. Dans ses yeux anthracites dansaient les flammes de la haine, Dante le sentait. La femme poussa un nouveau soupir. Les commissures de ses lèvres frémirent, elle haussa un sourcil. Puis sa voix cristalline perça dans les ténèbres :
- Je suis quelque chose de bien plus ancien que vous, misérable vermine.
- Une sorcière ?
Elle éclata de rire, sa chevelure ondoyante virevoltait et retombait gracieusement sur ses frêles épaules. Une fois qu'elle fut calmée, elle reprit :
- On m'a donné bien des noms au cours de mon existence. Monstre, sorcière, déesse de la forêt, princesse … Pour moi la magie est ce que le feu est au forgeron. Elle me permet de modeler la réalité à mon envie comme l'artisan forge le métal. Je suis une déesse entre ces murs, vous comprenez ?
- Alors, déesse dit-il d'un ton sarcastique, comment expliques-tu la soudaine réapparition de ton outil de travail ?
- Ahahaha … pauvre sot, il n'a jamais disparu. C'est vous, mortels, qui ne savaient déchiffrer les signes. Lorsqu'il pleut une journée et que le ciel est voilé, le soleil a-t-il disparu pour autant à jamais ? Pour moi, les siècles ne sont qu'une parcelle de mon existence, une poussière.
- Je suis un immortel.
- Ça, j'en doute.
Le mercenaire commença à s'impatienter. Elle le méprisait, le traitait comme un moins que rien et cette interrogatoire gentillet ne mènerait nul part sans un peu d'action. Le vampire saisit audacieusement sa lame posée sur la table et atterrit sur cette dernière d'un bond. Laissant son interlocutrice sous le coup de la surprise, il se rua vers elle en parcourant la grande table de marbre d'un pas gracieux. Le mouvement était parfait, la rotation du poignet, le positionnement des jambes, l'impulsion donnée par l'épaule. Le glaive avait pénétré sa chair et la chaise avec une facilité déconcertante, comme dans du beurre. La jeune femme hoqueta, un mince filet de sang s'écoula depuis la commissure de ses lèvres. Il avait atteint le cœur, il pensait que la sorcière l'éviterait ou dévierait la frappe avec une barrière magique. Tant pis, c'était son destin de mourir là. Alors qu'il s'attendait à retirer son épée d'une dépouille fraîche, l'effroi saisit le vampire. Son hôte se mit à rire à gorge déployée alors qu'une épée lui transperçait le cœur. Un vampire agé de plus d'un demi-millénaire ne pourrait avoir autant d'aisance dans cette situation. Elle reprit la parole :
- Ça mon petit, c'est l'immortalité.
Le visage du vampire se crispa dans une expression de terreur. La peau de la jeune femme se craquela, des crocs démesurés apparurent dans sa bouche, des griffes exubérantes poussèrent en un clin d’œil de ses doigts. De femme elle n'avait plus qu'une vague apparence. Dans un réflexe éclair le mercenaire retira son glaive et sauta en arrière pour esquiver un coup de griffes. Derrière ses lèvres carmins brillaient des crocs acérés. La créature se releva de la chaise, ploya l'échine à la façon d'un félin et hurla avec férocité. L'onde sonore était telle que le mercenaire eu l'impression d'être percuté par un bélier. Le souffle coupé, il se cambra pour maintenir sa position sur la table. Ses oreilles et son cerveau étaient transpercés par des pointes de douleur. La sorcière redoubla d'effort, sa hulée gagna en puissance et envoya voler ce colosse à la chevelure d'argent. Le peu de souffle qu'il lui restait, il l'expulsa dans un gémissement de douleur lorsque son dos craqua contre le mur. La créature filiforme déploya des appendices ignobles de son dos. Deux longs membres veineux desquels pendaient des haillons de chairs percés. Il s'agissait d'ailes, en piteux état certes mais assez pour qu'elle puisse léviter. Ses ailes membraneuses battirent sans un bruit, la créature difforme était toujours vêtue de sa robe noire échancrée dans le dos. Le vampire sentait le goût ferrugineux du sang dans sa bouche, le choc avecle mur était conséquent mais il avait connu pire. Il se releva, l'arme au poing, faisant craquer son dos dont la petite fracture se régénérait à vue d’œil sous sa peau. L'avantage d'être un vampire. L'immonde créature vrilla à vive allure en direction de Dante qui tenait fermement son épée avec sa main droite. Le vampire fit un pas sur le côté en espérant qu'elle irait s'encastrer dans le mur mais malgré sa vitesse, elle vira et reprit son envol en ricanant. Elle parvint à atteindre une dizaine de mètres de hauteur – c'est pour cela que le plafond de cette caverne était si haut. Ensuite, elle piqua avec vélocité à la verticale, toutes griffes dehors pour déchiqueter son adversaire. Aussitôt, le vampire fit un bond pour esquiver la confrontation et porter une botte en avant, une estocade rapide. Avec une agilité insoupçonnée, la gracieuse créature effectua un demi-tour en ployant les ailes, s'appuyant sur ses pieds puis tournoya autour de lui pour le contourner. Elle reparti à l'attaque dans son dos mais le mercenaire aguerri ploya le genoux pour épargner à sa tête de rouler sur le sol. Effectuant une roulade sur le côté, il reprit position face à la terrible sorcière. Sa gueule béante présentait une rangée de crocs scintillant dangereusement.
La bête recula puis reprit son envol avant de charger en ligne droite sur le mercenaire. Le bretteur tenait toujours son arme de la main droite. Il se prépara à la confrontation en tenant des deux mains son arme. Au dernier moment, alors que l'on s'attendait à un choc frontal, le vampire bondit sur le côté et effectua une légère rotation pour soulever son épée à revers de bas en haut afin de trancher la gorge de son adversaire. Le mouvement était spectaculaire. Il la manqua. Un échec surprenant qui détourna momentanément l’attention du bretteur. Il esquiva la contre-attaque de la créature aux longues griffes une fraction de seconde trop tard. Il se ramassa sur lui-même, balança son poids sur sa jambe arrière puis roula vers l'arrière, accroupi et en garde. Son visage s'en trouva balafré par des plaies très superficielles. Une minute suffit à faire cicatriser les quatre entailles qui bientôt disparurent. Même si on avait l'impression que ce combat venait de commencer car la forme physique des deux adversaires étaient toujours à son meilleur niveau, la confiance de Dante commençait à s'effriter. Ses possibilités pour venir à bout de cette créature se réduisaient progressivement. Alors qu'il réfléchissait, la gueule du monstre s'ouvrit de nouveau. Le vampire frémit et se rua vers elle en hurlant mais son cri fut supplanté par celui de la sorcière dont l'onde sonore déferlait avec rage, emportant sur son passage chaises et meubles. Le guerrier tenait bon, serrant les poings sur le manche de son arme et grinçant des dents, tous les muscles crispés. Le cri strident débordait de haine, il lui vrillait les tympans. Il entendait des chants macabres, des voix d'enfants qui pleurent, de femmes qui implorent la pitié. Elle tentait de s'immiscer dans son esprit pour le briser, le morceler. Le guerrier tenait bon. Pas pour longtemps. Son visage se détendit, il se laissa glisser sur les genoux. La vibration sonore s'amenuisa puis s'estompa. Fière de son œuvre, la monstrueuse créature nocturne contemplait le mercenaire à genoux, brisé. Elle venait d'établir la fragilité de notre espèce. Elle vola lentement vers lui, les bras croisés. Une fois arrivé à son niveau, elle ébouriffa de la paume de la main ses soyeux cheveux d'albâtre en prenant soin de ne pas abîmer son repas. Sauf que le repas n'était pas tout à fait consentant.
Le vampire se releva d'un bond, doté d'une célérité jamais vu auparavant. L'adrénaline agissait sur son cerveau inconscient. La «Bête» venait de prendre le relais. Immédiatement, il asséna des deux mains une frappe puissante vers la gorge sans défense de son adversaire. Lorsque la lame se déplaça, l'air hurla, le monstre aussi. L'épée n'avait rencontré aucune résistance. Elle avait déchiré la chair, rompu les articulations. La créature pourvue d'une agilité extraordinaire n'avait eu le temps de se décaler que de quelques centimètres. Sa tête ne vola pas mais elle n'était rattaché à son tronc que par un mince morceau de chair, une plaie béante faisant à présent office de cou. Elle hurlait tandis que le vampire présentait un sourire horrible et des yeux révulsés. Il leva son arme. Elle s'abattit si vite qu'un œil qui n'y était pas habitué ne pouvait distinguer la lame. Il fendit l'épaule de la créature difforme et entama l'os. La capacité de régénération unique de la sorcière se mettait en marche. La chair sur son cou se reformait, son omoplate se ressoudait mais Dante était plus rapide. Le vampire répéta inlassablement son coup, déchiquetant la chair et une aile du monstre. Une entaille gigantesque lui barrait le torse. Tandis qu'elle s'efforçait de régénérer les chairs mortes, le vampire fit un pas en avant. Sa voix avait prit une intonation mauvaise, sardonique :
- Crie, crie plus fort ! Personne ne t'entendra ici.
Le rire mauvais du vampire s'acheva par une morsure sur le cou mutilé, à peine soigné, du monstre qui hurla de toutes ses forces. Elle planta ses longues griffes dans le dos du vampire qui ne cessait de boire son sang à grandes gorgées. Elle enfonça ses griffes à de nombreuses reprises mais en une minute ces répétitions s'espacèrent puis s'interrompirent. Les cris eux aussi prirent fin. Le vampire serrait avec hargne le corps chétif qui avait reprit une apparence humaine. Lorsqu'il n'y eut plus une seule goutte de sang dans le corps de la créature magique, le vampire la laissa s'écrouler à terre dans un bruit sourd. Le cadavre exsangue gisait au milieu de la caverne. Il prit soin de nettoyer son arme sur la robe noire du macchabée puis de la ranger dans son fourreau. Le vampire décida de ne pas traîner ici une seconde de plus et prit la direction des escaliers en essuyant l'hémoglobine qui avait giclée sur sa face. Alors qu'il s'apprêtait à monter la première marche, un bruit mit ses sens en alerte. Sans hésiter, le vampire dégaina son arme, se retourna et hurla de rage. Dante bondit, comme mû par un ressort. Chaque geste, chaque pas qu'il exécutait était automatique, d'une assurance assassine. Trois pas. Seulement trois pas. Le dernier pas, ferme, décidé, comme les centaines de dernier pas qu'il avait travaillé auparavant, se conclut par une torsion du tronc. Un coup prompt, vigoureux et qui ne laissait aucune chance à l'adversaire. Ses yeux croisèrent une dernière fois le regard vitreux anthracite de la femme diabolique. Elle n'avait rien de maléfique en cet instant, c'était une pathétique créature qui implorait pour sa vie. Il entendit sa voix,il n'y avait aucune magie dans sa bouche mais rien ne pouvait l'empêcher de faire son travail. Rien. Le tranchant de son épée se couvrit d'une teinte carmin, le reste de l'épée brillait d'une lueur angoissante. Un mince chapelet de gouttelettes rouges vola dans le sillage de son arme. La tête tomba sur le gravier et le corps s’affaissa une seconde fois, inerte. De nombreuses personnes étaient capables de tuer, peu pouvaient le faire de façon si méthodique. Dante avait ôté la vie à de maintes reprises, pourtant il était atteint d'un dégoût profond. Il ne savait pas encore qu'ingérer ce sang aurait de lourdes conséquences sur son corps. Le vampire fut pris de frissons puis de spasmes plus violents. Il jeta son épée et serra son crâne entre ses mains. Il suait à grosses gouttes. La chaleur de son corps – si tant est qu'il en ai une, avait grimpé vers des températures faramineuses. La créature de la nuit se dépêcha de nettoyer une nouvelle fois sa lame et de quitter cet endroit maudit. Une fois sorti, il comprit quel était le malaise qui l'avait saisi à la dernière goutte de sang. Il venait de se nourrir pour les trois semaines à venir pourtant il avait soif, une soif inextinguible. Le vampire lança un regard de défi vers la lune :
- C'était quoi ça ? Hein ? Répondez moi ?! Je sais que vous regardez, maudits dieux !
Dante avait vécu des époques troublées et il savait que le pire était à venir. C'est ainsi qu'il sorti assoiffé et vulnérable de la forêt des murmures. Si sa mission était de rétablir l'ordre, c'était fait. Cette mystérieuse sorcière immortelle n'était plus une menace et ne risquait plus de perturber la faune locale. Il avait peu de réponses à apporter à son impératrice mais une fascinante histoire à lui raconter. Et de nouveaux pouvoirs à exploiter.
Participation de Metter Lingh:
Les Flos
Le Grand Éveil
Les arbres se couvrent de bourgeons, la forêt s'éveille après la période de Grand Froid. Ours et écureuils sortent de leur longue période d'hibernation. Au cœur de la forêt du crépuscule vibre une flèche chling qui vient se loger dans le flanc d'une biche. Un bruit sourd suivi de pas légers et enfin le son métallique de la lame qui pénètre la chair, précédant le silence d'un cœur qui cesse de battre. La jeune femme à la chevelure bleue soulève le fruit de sa chasse qu'elle jette avec force sur ses épaules. Le soleil du Grand Froid sera bientôt caché par les larges feuilles des arbres à l'écorce noire. Alors que la jeune Tarikoise rentre paisiblement à la cité, satisfaite de sa chasse, près de ses pieds une famille de campagnol se désaltèrent dans une flaque de neige fondue. L'onde trouble l'eau stagnante avant de rugir. La plainte ressemble à un blizzard lointain, comme écouté à l'intérieur d'un logis aux murs épais. Effrayés, les petits animaux détalent vers l'Extérieur, imités par des centaines de leurs congénères. Metter frissonne en voyant la vague déferlante des rongeurs qui passent sur ses pieds sans se soucier une seule seconde que la jeune fille s'amusait à chasser leurs ancêtres alors qu'elle n'avait que sept ans. La forêt s'offre au début du Grand Éveil un manteau de fourrure. Tous, muent par le même mouvement fuient la menace que les humains mettront beaucoup plus de temps qu'eux à découvrir. Ces esprits malins et emplis d'une soif de vivre courent à toutes pattes vers une liberté à la lumière du jour. Les loups eux aussi apeurés ne tardèrent pas à imiter leurs cousins mammifères. Abandonnant leurs petits et leur territoire, ils fuient vers les prairies : plus accueillante que ce bruit lancinant qui ronronne au fond de la forêt. Metter continu son chemin, hébétée. L’odeur des arbres bourgeonnant empli ses narines d’un doux parfum rassurant.
Plus tard dans la soirée la jeune femme est félicitée de sa prise merveilleuse et la rumeur enfle dans la cité que quelque chose effraie les animaux. Ce soir-là le village admire le silence au clair de lune que les loups dans leur fuite ne peuvent plus briser. Les plantes qui en cette saison devrait être belles, épanouies, sont flétries. Les guérisseurs doivent envoyer leurs apprentis toujours plus loin pour recueillir de quoi soigner maladies et blessures. Metter et les autres jeunes chasseurs doivent s’enfoncer toujours plus profond dans la forêt pour ne trouver qu’une maigre subsistance pour leurs familles. Au début de Floryël les moutons se dévorent entre eux, et les cochons perdent l’appétit pour en devenir maigrelets. Les poules gardent leurs petits précieusement à l’intérieur de leur ventre pour les protéger de la menace extérieur, et en meurent, ne laissant aux éleveurs que des oiseaux aux ailes atrophiées, avec la peau sur les os, et gorgés d’œufs pourris ; quelques brebis assoiffées de sang et des cochons anorexiques. Les insectes pollinisateurs se désintéressent des fleurs pour manger les fruits bleus qui les font grossir et bientôt ils atteignent la taille des rats et souris désormais disparus. Les renards qui s’occupaient de chasser les lézards de la forêt semblent devenir herbivores, laissant à leurs anciennes proies le loisir de tuer les abeilles carnassières. Et le pire en ce temps de renouveau végétal : la mort et la disparition des arbres, clairsemant la forêt à l’extrême.
Le Grand Cheminement
Le Grand Cheminement n’arrange pas l’état de la cité et avec l’arrivée de la relève des chasseurs, celle des nouvelles venant de l’orée de la forêt, guère réjouissantes. En effet les plantes qui semblaient avoir disparues sont en réalité en train de fuir vers l’Extérieur, une marée rampante et vertes aux reflets bleus nuit avance dans les plaines aux alentours. Les bruits lugubres n’en finissent plus, et grand nombre d’habitants du village ne trouve plus le sommeil, et le chaman, privé de remèdes ne peux plus rien pour les Tarikois pris d’accès de folie. Les louveteaux abandonnés se voient offrir la béqueté par quelques oiseaux charitables et probablement un peu fous. Ceux-là même creusent des terriers pour eux et leurs nouveaux enfants. Les ours, grands solitaires en temps normal, se risquent à voler du miel chez les abeilles carnivores, qu’ils donnent ensuite aux chouettes et hiboux qui hululent au clair de lune à la place des loups disparus. Les fourmis elles aussi se rebellent contre leurs prédateurs, dévorant les blaireaux. C’est ainsi que les chèvres font le mur la nuit pour aller se repaître d’un festin de fourmis remplis de protéines animales. Metter dans la folie générale chasse de plus en plus loin, si bien que pour revenir chargée d’un maigre tribu elle est contrainte de dormir dans les ruines, mises à nues par la fuite des plantes qui formes un cercle régulier dont le diamètre ne cesse d’augmenter autour du temple noir, tombeau de Tarik. À cet endroit les cris raisonnent plus forts et plus effrayants que dans la cité et n’importe quel autre endroit dans la forêt du crépuscule. Plus loin sur les seuls arbres encore en bon état les fleurs crépusculaires ne s’ouvrent plus que la nuit, la forêt étant bien trop lumineuse le jour à présent.
Le Grand Froid
La menace qui rend malade la forêt du crépuscule et ses habitants semble bien venir du fond du temple noir, beaucoup n’y croient pas et persistent à accuser l’Extérieur et sa menace continue, que la forêt affaiblie ne pourrait plus contenir. La jeune femme à la chevelure bleue, elle, en est certaine, c’est une créature qui a investi le temple noir et qui terrorise la tribu par ses cris depuis des mois. Les sangliers sont devenus anthropophages et il devient dangereux de s’aventurer hors de la cité de jour comme de nuit. Les biches, rares, se perchent sur les arbres penchés à la lisière de la forêt. Et les serpents profitent de l’aspect malade des branches qui pendent mollement pour prendre leur forme et attaquer tous ceux qui s’en approchent. Schens est inquiet, la forêt meurt et la tribu avec elle, il faut trouver une solution et vite. C’est lors d’une froide nuit de Ventusiar que Metter lui fait part de ses certitudes quant à l’origine de tous ces maux. Tous deux partent alors pour les ruines, domaine de la jeune fille. Ils entrent dans le temple maudit, où jamais personne après Tarik n’osa visiter. Là, une dizaine de créatures, à l’apparence de panthères aux os noirs apparents, entourées d’une fumée noire bleuté faisant office de chair fantomatique, leur fait face. L’une d’elle prend la forme d’une biche aux yeux blancs, comme la lune, pour les attendrir malgré son apparence cauchemardesque. Des Flos. Metter en avait souvent entendu parler dans les contes pour enfants et les légendes que sa mère lui lisait pour qu’elle cesse ses fugues. Des créatures invincibles. Ils s’étaient jetés dans la gueule du loup. Les Flos crient, et le son entendu depuis le Grand Eveil raisonne encore et encore dans le crâne des deux guerriers. Il ne reste plus à Metter qu’à faire appel à Anüshka. Elle prend dans sa main l’amulette de bois sphérique trempée dans l’eau de la rivière le jour de sa naissance.
« Grande Déesse, donnez nous la force de vaincre les créatures qui menacent notre foyer, permettez-nous de défendre nos enfants, nos familles, nos chasseurs, et la vie qui nous entoure, et qui fuit. » Murmure-t-elle.
Les Flos reculent toutes quand le temple gronde. L’image de Tarik apparaît au centre de la pièce, entre les chasseurs et le danger qui les menacent. Les pierres se descellent une à une, écrasant les Flos et les deux Tarikois. Quand la première pierre lui défonce le crâne Metter Lingh glisse doucement vers l'inconnu, un cri encore attaché sur ses lèvres. Le temple s’effondre sur eux et sur la malédiction qui l’habitait.
Tarik endeuillée de leur chef et de leur jeune chasseuse Metter Lingh tentera de se relever. Mais le geste de la jeune fille ne servit pas qu’à défendre les siens : peu à peu la magie des Dieux se répand lentement dans les terres d’Ephaëlya. Depuis ce jour, Tarikois et Tarikoises racontent à leurs enfants le funeste destin d’un chef courageux et d’une chasseuse prometteuse.
Maitre d'Ephaëlya PNJ
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Sujet: Re: Concours : Le retour de la magie Jeu 8 Aoû 2013 - 22:13
Et voici la participation de Sev Gayl ! (En deux parties.)
Participation de Sev Gayl (Première partie):
Chapitre I : Une certaine unité.
Shinma avançait devant son frère à petits pas, peu sûr de lui et du coin dans lequel son aîné l’avait encore obligé à se fourrer. Ils dépassèrent l’entrée de la bourgade qui se limitait à deux pieds de colonnes en terre ternies par le temps et aux allures inachevées. Le petit homme décida alors qu’il était grand temps de laisser la place d’éclaireur au plus âgé pour surveiller attentivement leurs arrières. En le dépassant, Narung se dit que son benjamin serait toujours le plus raisonné du trio que formait leur fratrie. Le côté paranoïaque était cependant commun à toute la famille Fayer même s’il était dosé différemment et qu’il prenait des formes plus ou moins originales selon les individus. Les deux frères avaient maintenant entrepris de remonter le chemin principal qui les mènerait à la demeure destinée au seigneur local. Narung avait été le second à naître et il avait toujours remarqué que l’insouciance, l’intrépidité et la détermination si présentes chez leurs géniteurs s’étaient déversées décrescendo chez les trois frères. La place de petit dernier attribuée naturellement à Shinma dans la hiérarchie familiale leur avait convenu à tous. Sa surprotection avait ainsi servi d’entrainement quotidien aux deux aînés même si cette dernière l’avait rendu un peu névrosé à l’idée de rester tout seul. Il avait malheureusement dû s’y contraindre lorsqu’ils s’étaient séparés quelques années plus tôt pour vivre chacun une vie différente. Lors de leur progression dans le village, le plus âgé avait pu remarquer le silence étrange qui y régnait ainsi que la végétation dense qui faisait deviner que la nature avait repris ses droits. Les ouvertures des différentes habitations étaient toutes couvertes par des tentures ou carrément condamnées par des planches de bois cloutées aux murs. Les présences humaines ne semblaient pas pulluler dans le coin même si des traces d’occupations récentes étaient visibles par-ci, par-là. Une ambiance semblable avait accompagné leur trajet jusqu’à ce village humain à l’apparence très chaleureuse placé à la lisière de la forêt du crépuscule. Un jeune cerf sortit soudain d’une maison pour leur couper la route, paraissant plus se soucier des touffes d’herbes qui y avaient poussées que de ces deux visiteurs à la constitution non végétalienne. Shinma poussa cependant un petit cri de surprise qui fit sourire d’amusement son grand frère. « - Désolé. S’excusa le plus jeune. C’est juste que le cadre est… disons, un peu dissuasif. Tu es sûr que tu n’es pas arrivé un peu en retard pour jouer les secouristes ? - On verra bien Shin’ ! répondit Narung en se retournant. Et puis, c’est dans ce genre de cadre justement que commencent les aventures les plus passionnantes ! » D’un geste affectueux, il pinça l’une des deux petites oreilles pointues de son frère pour l’inciter à continuer la marche. L’autre se contenta de lâcher un soupir de résignation non dissimilé avant de dépasser l’animal qui lui ne s’était pas donné la peine d’interrompre son repas. « - Eh Nar’ ? - Ouais ? - Tu trouves pas ça étrange que le cerf ne se soit pas enfuis en sentant ton odeur ? - Hum, t’as raison j’sens l’fauve. admit le plus vieux après s’être reniflé le bras. - Nan, mais tu vois où j’veux en venir… fit Shinma en levant les yeux au ciel. - Ouais, je vois, mais j’me dis que l’endroit en général est pas ordinaire alors au pire si on croise un cerf blasé aux penchants suicidaires ça doit être pour donner une certaine unité au coin. - Peut-être. - Ou alors le cerf n’a plus d’odorat. Comment on appelle les gens qui ne sentent plus rien avec leur nez ? - Je sais pas... Je crois qu’il n’y a pas de mot pour ça Narung. - C’est dommage. Je trouve qu’on donne trop d’importance aux muets, aux sourds et aux aveugles, c’est vrai l’odorat c’est ca-pi-tal ! - Capital... » Répéta machinalement l’autre en hochant la tête d’un air blasé. Le lycan allait argumenter sur l’importance du toucher qui à son goût était injustement placé au second plan quand ils se retrouvèrent devant la petite forteresse qui servait d’habitation au seigneur Guacamole –ou du moins devant ce qu’il en restait. « - Ouah… lâcha Shinma la tête en l’air. C’est pas des maniaques ici… - Parce que jusque-là t’avais un doute ? » Ironisa Narung en écartant une liane qui pendait près de ce qui avait dû servir d’entrée principale. On pouvait difficilement deviner qu’une porte se cachait derrière toutes ces plantes mais Shinma avait retrouvé ce qui restait du loqué en plongeant le bras à travers les racines. Son frère se dit que seule une vision d’elfe pouvait remarquer un détail pareil dans ce fouillis de rouille, de bois pourri et de feuilles plus larges qu’une tête d’homme adulte. «- On frappe ? demanda le jeune homme aux origines elfiques évidentes. - Ou on fait ça à l’ancienne ! » Shinma s’apprêtait à se protéger le visage au cas où le défonçage de porte de son frère occasionnerait des débris mais l’autre ne semblait pas vouloir honorer cette tradition familiale mêlant finesse, grâce et sensualité. En effet, il se contenta de mettre ses deux mains autour de sa bouche pour hurler : « Youhou ! Y quelqu’un là d’dans ? » Quelques oiseaux s’envolèrent mais il n’y eut aucune réponse. L’homme-loup ne voulut pas s’arrêter là. Il prit une pierre dans sa main et la balança pour qu’elle atterrisse de l’autre côté. Les deux jeunes hommes entendirent un léger fracas suivit d’un petit ‘aïe’, lâché par inadvertance. « - Ah-ha ! Aïe ! Tu as entendu Shin’ ? Interrogea-t-il, l’air soudain très enjoué. Il n’eut droit qu’à un soupir de plus suivit d’un hochement de tête songeur pour seule réponse puis sa pierre revint vers lui. - Qui est-là ? entendirent-ils - Moi c’est Narung Fayer ! J’ai avec moi mon frère Shinma ! Le seigneur Guacamole nous a envoyé un message… - T’AS envoyé un message ! précisa son acolyte. Moi j’accompagne juste temporairement ! - Euh, oui donc dans son message il m’a prié avec beaucoup d’insistance de lui venir en aide et me voilà… accompagné, temporairement, par mon frangin ! » Une petite tête se fit apparente du haut des remparts. C’était celle d’un homme d’une quarantaine d’années. Il dit : - Y a pas mal de monde qui nous ont sortis c’couplet-là ces derniers temps… Z’avez une preuve ? - Euh, j’dois avoir le papelard quelque part… fit le lycan en se fouillant. - Nous on veut juste rentrer vous savez ! Le pria Shinma. - Ha-ha ! Trouvé ! Hurla son frère, triomphant. Le garde déroula alors une petite corde jusqu’à eux et leur ordonna d’attacher la fameuse lettre à son bout. Il remonta le papier patiemment jusqu’à lui et prit soin d’en examiner le sceau. Plus l’homme prenait son temps plus Shinma se disait qu’il aurait dû refuser d’accompagner son frère dès le départ. Ils s’étaient croisés par hasard alors qu’il se dirigeait vers la cité de l’aurore pour quelque commerce. Son grand-frère avait alors gentiment proposé qu’ils fassent la route ensemble, comme avant. Il avait pour cela accepté de faire un ‘petit détour de quelques heures pour un contrat’ mais l’intuition de Shin’ lui faisait penser que leur escapade durerait peut-être plus que quelques heures finalement. Peut–être ne reverrait-il jamais son auberge ? - Ça m’a l’air honnête tout ça. conclut enfin le garde. Roger ! Fais-moi entrer ces deux zigotos. »
Chapitre II : Carnivores et patativores
Le dénommé Roger les avait ensuite conduit jusqu’à un petit corridor dans ce qui était plus une grande maison qu’un château. Il leur avait dit d’attendre là que le maître des lieux soit prêt à les recevoir. Une dizaine de chaises étaient disposées le long des deux murs qui composaient le couloir. Deux d’entre elles étaient occupées. Celle située au plus près de la porte l’était par un humain d’après ce que l’odorat si précieux de Narung avait pu lui révéler. Au premier coup d’œil, le lycan jugea que l’homme devait avoir la trentaine. Lorsque les deux frères s’assirent l’un en face de l’autre, l’humain leur adressa un signe de tête suivi d’un sourire éclatant puis grata son menton sur lequel une barbe brune de quelques jours s’était installée. La seconde chaise non-vide avait été réquisitionnée par une grande brune au teint extrêmement pâle et au regard assassin ce qui ne faisait qu’inquiéter un peu plus Shinma qui commençait à s’agiter sur son siège. Narung couvrit alors sa bouche avec le dos de sa main pour tousser avec le plus de discrétion possible : « Vampire. » Son frère comprit ainsi mieux la raison pour laquelle le barbu souriant s’était autant éloigné de la jolie brune au point de se caler contre la porte risquant ainsi un bleu en cas d’ouverture soudaine. Il décida alors de mettre lui aussi une distance de sécurité entre la suçeuse de sang et son petit corps fragile démuni de système de défense naturel. Il convint enfin que la chaise placée à côté de son loup-garou de frère était assez éloignée pour accueillir son derrière. « - Ça pue l’toutou ici. » Cracha-t-elle en lançant un regard assassin au seul demi-loup de la pièce. « Et le poney aussi, une vraie foire. » Ajouta-t-elle avec un sourire mauvais adressé à une centauresse qui s’était recroquevillée tant qu’elle pouvait dans un coin. « - Ouh la la la, il y a du monde ici… » Se risqua le petit bonhomme à l’allure d’elfe pour tenter de briser ce silence pesant qui semblait avoir rendu l’air opaque. La vampire ignora ce commentaire inutile et s’adressa à l’humain du bout de la pièce : « - Vous êtes Floriméo n’est-ce pas ? - Captène Floriméo pour être exact ! Alors comme ça on a entendu parler d’moi ?! - Ouais, mais pas en bien alors arrêtez de me fixer avec vos yeux d’excité d’la nouille ou il vous manquera vos bras dans la minute. » Elle avait dit ça d’un ton cassant, ne dissimulant ainsi pas le mépris qu’elle éprouvait pour lui. Elle adressa ensuite un sourire mielleux à Shinma qui avait cessé de respirer à l’idée d’un arrachage de membre. Narung avait alors ébouriffé les cheveux blonds de son frère dans l’espoir de redonner ses couleurs à son visage. Ce fut alors au tour de la centauresse qui jusque-là était passé inaperçue de s’adresser à l’humain : « - Monsieur Floriméo ? Je suis désolée mais je n’ai pas entendu parler de vous, les bardes humains ne viennent pas vraiment chanter dans nos tribus, quel exploit avait vous accompli ? - Celui de soudoyer ces bardes à une vitesse record pour propager une histoire ridicule… intervint la vampire. - Allez vous brosser les dents et revenez après, ça vous fera du bien. » Répondit l’intéressé. Il se leva, prit sa chaise et s’assit devant la blonde mi-femme mi-jument. « - Eh bien, voyez-vous ma chère… continua-t-il. Vous savez ce qu’est un dragon ? Elle hocha la tête. Vous êtes en présence d’un dresseur unique, car, en effet je suis aujourd’hui le conseiller nutritionniste d’une de ces créatures légendaires ! » La mort vivante plaqua la main contre son front en criant, consternée : «- Ridicule ! - Qu’appelez-vous conseiller nutritionniste ? demanda la jument soudainement très intéressée. - J’ai rendu cette créature infernale à l’appétit de carnivore prononcé au rang de simple végétarien ! - Incroyable ! s’exclama la jeune femme. - Comment vous avez fait ? » Demanda Shinma dont la curiosité était soudainement piquée. Floriméo prit le soin de savourer pleinement ce soudain intérêt qu’on lui consacrait. Il retourna vers son ancienne place pour récupérer un sac de toile qu’il avait laissé contre le mur. Il défie le nœud qui le maintenait fermé puis plongea la main à l’intérieur. Il en sorti un objet rond qui à première vue devait être d’origine végétale. Le légume ou le fruit était un peu plus grand qu’un œuf et sa couleur vacillait entre le jaune et le brun. « - Qu’est-ce que c’est ? demanda Shinma en prenant l’objet dans sa main puis en le portant à son nez. - Une patate. répondit Captène dans un sourire énigmatique. C’est très bon vous savez. - Et votre dragon a mangé ça ? - Il ne mange que ça maintenant. Voyez-vous à l’origine, -avant d’être cet aventurier charismatique- je n’étais qu’un homme du peuple, un simple marchand. J’ai ramené quelques plants après une expédition sur Omërie. Ouais, nan, en fait j’étais déjà un aventurier charismatique à l’époque… - Chez nous, on appelle ça une pomme de terre. fit la centauresse. Oh non, ne mangez pas ça, c’est meilleur cuit que cru ! ajouta-t-elle à l’adresse de Shinma qui avait déjà croqué dedans. - Pomme de terre, c’est amusant. » commenta Narung qui ne quittait pas le deuxième prédateur des yeux. Lui était resté planté en face du vampire femelle tandis que les trois autres avaient formés un petit groupe de discussion. « - Oh, au fait ! Je ne me suis pas présentée. Je suis Méliana Baol » fit la femme centaure à l’adresse des deux hommes. Shinma s’identifia à son tour puis demanda : « - Ça fait longtemps que vous attendez le seigneur Guacamole ? - Trois jours pour moi. Je n’ai pas eu de nouvelles jusqu’à ce matin et Roger m’a demandé d’attendre ici alors j’attends, expliqua Méliana - Moi, ça fait cinq jours que je squatte la baraque et j’ai eu le droit aux mêmes conditions que la jeune dame. enchérit l’humain. - Et pourquoi vous êtes là ? - Une lettre d’ordre de mission. - Pareil. » Narung suivait de près leur conversation. Elle prenait une tournure intéressante. Ainsi, ils avaient tous été convoqué par la même personne et en même temps. La suçeuse de sang devait être dans un cas similaire mais le jeune homme préféra s’en assurer par lui-même : « - Que fais une créature de ton espèce dans un repère d’humain si ce n’est pour une petite fringale ? - Que fais un lycan avec un elfe ? Des nord-bois je présume ? Pathétique… - Eh, tiers d’elfe seulement ! Et lui c’est mon frangin, on n’est pas des Nord-bois ! » S’énerva le petit blond en serrant les poings. La sang-froid ignora le plus jeune et concentra son regard mauvais sur le demi-loup : « - Ouh… Un chihuahua au sang elfique… On t’a pas raté toi… » Le lupin se contenta de grogner en soulevant sa lèvre supérieure en guise d’avertissement. Les trois frères étaient en effet le fruit de l’union d’un lycan et d’une demi-elfe mais leur mère n’avait hérité de ce peuple que la forme des oreilles et avait préféré assouvir ses envies d’aventures plutôt que d’honorer ses origines en protégeant tous les haricots de la terre. Elle avait ensuite inconsciemment transmis son ennui et son désintérêt total de la culture elfique à sa progéniture. La porte s’ouvrit enfin sur un homme d’âge mur. Il avait l’air exténué et le bandage taché de sang qui lui entourait le haut de la tête venait renforcer son air pitoyable. « - Je suis le seigneur Guacamole, vous pouvez entrer. Désolé de vous avoir fait attendre, je m’étais évanoui. »
Chapitre III : Ah… Les ours… Vaut mieux pas les titiller…
« Permettez que je m’assied… » Fit le noble en s’affalant sur un lourd fauteuil en bois sculpté. Ils se trouvaient sans doute dans la plus grande salle de la maison, celle qui devait accueillir les invités en cas de banquet. Une grande cheminée trônait derrière Guacamole. Elle semblait prête à l’engloutir à tout instant, cependant même elle n’avait pas pu combattre le lierre qui régnait apparemment sur toute la demeure. « - Bon, qu’est-ce qu’il se passe ici ? Parce que votre patelin est très bizarre. Je sais pas pour vous mais personnellement, un renard n’avait jamais essayé de me faire des léchouilles jusqu’ici ! Ça a peur des vampires normalement les animaux, nan !? - Et un cerf devrait normalement se pisser d’ssus en présence d’un lycan et non continuer d’grignoter comme si de rien n’était… ajouta Shinma, perturbé. - Oui, je sais mademoiselle de Noire-tombe, les animaux se conduisent de façon inhabituelle ces temps-ci… Et vous, vous êtes ? interrogea-t-il à l’adresse du blondinet aux oreilles pointues. - Shinma Fayer et ça c’est mon frère … - Narung Fayer. en déduisit Guacamole tandis que le nommé en question hochait la tête. J’ai donc à ma disposition deux lycans au lieu d’un ? J’ai bien fait d’attendre. - À vrai dire, je suis le seul loup de la famille avec notre père. Il nous a demandé de choisir et j’ai été le seul à vouloir me faire mordre. » Intervint Narung. La vampire qui apparemment se nommait Noire-tombe murmura quelque chose que l’homme-loup intercepta comme « On comprend pourquoi ! » « - J’ai envoyé ces différents appels à l’aide il y a plusieurs mois déjà. Je trouve très étrange que vous ayez eu autant de retard, vous avez eu des problèmes sur la route ? - Euh non, mais elles ont apparemment été interceptées par un certain Moustache-Terrassante. répondit Méliana. - Ah, vous aussi ! s’écria Floriméo en sortant un parchemin décacheté de son sac à patate. Il y avait une petite lettre annexe en plus de votre demande de secours urgente ! » Il donna le papier au seigneur qui l’examina avec attention : « Moi, Sobek Pieds-Tordus, grand combattant Kazadien, héros de la guerre d’Ogzuk et pourfendeur ultime des Fétides enflammés des Monts de Dum prend la liberté de vous renvoyer cette lettre qui fut interceptée par le nain Harnobs Moustache-Terrassante. Cet imposteur a, d’après mes sources qui n’ont jusque-là jamais été contestées mise à part par ce dernier, sauvagement dépouillé le messager porteur de ce document très précieux afin de vous priver, dans un élan d’égoïsme non-justifié et récurrent chez lui, de ses inestimables informations. Je joins à ces mots les excuses du peuple nain qui se doit malheureusement de supporter l’indignité et l’irrespect total de certains de ses propres membres. Salutation et bonne chance à vous, que Morwën guide votre bras ! »
« - J’avais en effet contacté un nain du nom de Harnobs Moustache-Terrassante. Il semble qu’il est pris l’affaire très au sérieux en faisant en sorte d’éviter toute concurrence mais, étrangement, il n’est pas arrivé jusqu’à nous. J’avais aussi pris soin d’envoyer une lettre à un elfe du nom de Linaëwën Telmelnar mais il n’est pas non-plus arrivé. Tant pis ! Nous ferons sans eux !» Il se leva de son siège et se dirigea vers la centauresse. Elle prit la parole : « - Thérée, mon chef, m’a envoyé à vous. Je suis Méliana Baol, crin mystique de la tribu de Dabradae. - Classe, la présentation. chuchota Floriméo à l’oreille de Shinma. - Oui, je me suis dit qu’un être proche de la nature tel que l’est votre peuple ne serait pas de trop. - Bon, vous allez en finir avec ce suspens interminable ! Dîtes-nous maintenant ce qu’il se passe dans votre bled que je n’ai pas eu à supporter la présence de ces dégénérés pour rien pendant trois heures ! s’emporta la mort-vivante. - Oui, vous avez raison Huriette. » À l’entente du prénom de la créature, Floriméo partit dans un rire hystérique tandis que Narung, influencé par les petits coups de coudes d’avertissement que lui donnait énergiquement Shinma, avait réussi à se contenir d’exploser lui-aussi. Le seigneur Guacamole, lui, s’était rassit, beaucoup plus sérieux. « - Si je vous ai fait venir ici, c’est à cause de l’anarchie qui règne - mais vous l’avez d’ores et déjà remarqué. Tout a commencé lors de la période du Grand Eveil. Au départ, ce n’étaient que des bruits venant des profondeurs de la forêt. Des cris stridents et des bruits de pas écrasant les arbres sur leur passage. Vu notre emplacement près de la forêt du crépuscule, nous étions habitués à entendre les bruits des différentes créatures qui y habitent mais ces bruits-là étaient différents des cris des géants que l’on entend parfois. D’un cycle à l’autre les bruits ont redoublés et, un jour, Roger qui chassait régulièrement dans la forêt, aperçu de loin, une bête gigantesque à la fourrure aussi noire que la nuit. Il a heureusement réussi à s’enfuir avant de se faire écraser par elle mais il n’a pas pu l’identifier dans sa course. Après cette mésaventure, je recommandais aux habitants du village d’éviter la forêt. Hélas, les choses ont empiré et du jour au lendemain, les plantes se desséchaient, les animaux fuyaient. Au départ, ce n’étaient que quelques troupeaux de gibiers qui se déplaçaient vers le sud mais peu à peu les différentes créatures de la forêt décidèrent d’établir domicile dans l’enceinte du village. Ils sont devenus trop nombreux et les humains qui ne sont pas partis, se sont réfugiés ici, dans la forteresse. - Vous pensez donc que cette bête inconnu les a tous fait fuir. Déduisit Narung qui s’intéressait de plus en plus à ce mystère à mesure que le noble avançait dans son récit. Shinma, lui, s’était assis en tailleur devant l’homme et avait sagement écouté comme un petit enfant fasciné devant le conteur qui lui décrivait l’envol d’un hippogriffe. Huriette de Noire-Tombe avait pris la liberté de se prendre une chaise. - Le plus étrange, c’est qu’il n’y a pas que les animaux qui ont fui. Les plantes aussi. Elles ont d’abord envahi le puit commun puis se sont installés dans les douves. On a essayé de les déloger à plusieurs reprises, mais elles étaient trop nombreuses. Maintenant qu’elles ont fait leurs racines elles ont poussés sur tout le domaine comme si la forêt elle-même tentait de renaître par ici. - Je n’ai jamais vu quelque chose de semblable… murmura la centauresse en déposant son arc à ses sabots. - C’est d’ailleurs à cause de ces plantes que je vous ai fait attendre. L’autre cycle, au réveil, moi et ma grand-mère, on s’est rendu compte qu’on était enfermé. Les végétaux s’étaient tellement incrustés dans les murs, qu’ils avaient bouchés toutes les ouvertures de mes appartements. On a dû attendre jusqu’à hier pour que Roger et Ignace, qui gardent l’entrée habituellement, enlèvent tout. - C’est pour ça que vous êtes dans cet état ? demanda Shinma en montrant la blessure de leur hôte. - Oh, ça ! fit l’homme en touchant sa tête dans une grimace. Hum, pas exactement. Voyez-vous, après qu’on nous a libérés, mémé et moi. Il était tard et je suis sorti pour pisser. Figurez-vous que je suis tombé sur un ours, mais littéralement. La bestiole était énorme, au moins trois mètre. Il était mort depuis quelques temps et j’ai trébuché sur son cadavre. Dans ma chute, j’ai heurté un mur. Il y a des fois où j’me dis que la pierre c’est pas indispensable mise à part pour la frime. Bref, dîtes-moi que vous acceptez de m’aider en découvrant ce qu’il se passe parce que là ça devient invivable. - Toujours partant ! s’écria l’humain, enthousiasmé par la gloire que cette aventure allait lui apporter quand l’affaire serait réglée. - Pareil ! décida Narung, affichant cette expression déterminée que son frère avait appris à regretter - Je suis à votre service. assura Méliana Baol, d’un ton solennel. - Hum… Je ne suis pas sûr d’avoir mon utilité dans votre petite aventure, alors je crois que je vais acheter une carte pour aller jusqu’à Brittany tout seul … s’esquiva le plus jeune de la bande - Allez, petit elfe, ça va être marrant ! l’encouragea Floriméo - Je sens que je vais le regretter mais d’accord… Mais au retour vous m’apprenez à dire non… se résigna Shinma - Hum, excusez-moi d’être moins facilement enrôlable que ces dégénérés chroniques mais vous faîtes mention d’une récompense dans votre lettre et vu la façon dont les choses se sont envenimées, je trouve logique que le prix évolue en conséquence. - On peut pas dire que vous perdez l’nord, vous ! fit Floriméo à Huriette. - Arrêtez, le rabroua Narung, un petit sourire aux lèvres. Pour une fois qu’elle sort quelque chose d’intelligent. - Hum, je vous accorde mille pièces d’or à chacun. Sachez, ajouta-t-il à l’adresse des deux prédateurs potentiels du groupe, que cette offre n’est pas cumulable. Pour être plus clair, vous n’obtiendrez pas la somme réservée aux autres en cas de leur mort qu’elle soit accidentelle ou planifiée. - Ce n’est pas mon genre. Assura calmement le lycan. - Autant les détrousser quand ils auront eu leur récompense, à la fois plus amusant et plus lucratif. répondit Huriette souriante. - Dans ce cas je suppose que vous veillerez à ce qu’il n‘arrive rien de fâcheux à vos nouveaux compagnons. Disons donc que je vous enlève deux-cent-cinquante pièces d’or par compagnon en moins à votre arrivée, mademoiselle. Shinma frissonna quand il vit la soudaine colère briller dans les yeux de la suçeuse de sang. - Donc, même si j’ai résolu l’problème mais que j’arrive seule je n’aurais rien. Espèce de pourriture, on se connait pourtant ! - Ne m’obligez pas à vous rappeler la dette que vous avez envers moi. » L’avertit Guacamole, soudain menaçant. La prédatrice grogna légèrement puis sembla se calmer ce qui rassura Shinma qui ne sentait déjà plus ses jambes. L’autre membre de la famille Fayer se détendit aussi, il s’était préparé à se transformer à tout moment. « -Bien, fit le seigneur. Une dernière chose, vous devriez prendre sur vous des provisions. Je pense notamment à vous, Huriette, car les proies se font rares dans la forêt. - Oui, parce que je ne compte pas spécialement à vous servir de dessert… se plaignit le plus jeune des Fayer - T’es à moitié lycan, j’vais pas risquer l’empoisonnement pour éradiquer ta race, il y a d’autre moyens. Ne vous en faîtes pas pour ma soif. reprit-elle, je l’ai étanché hier soir avec un ours qui trainait près de vos remparts. - C’était donc votre ours que j’me suis pris... »
Chapitre IV : Un groupe équilibré
« - Donc, là, votre plan c’est de vous enfoncer dans une forêt –déjà réputée pour ses disparitions mystérieuse, dans une période où même les créatures les plus flippantes qui y habitent se sont barrées en courant ? demanda Shinma, de plus en plus paniqué à mesure que le petit groupe s’engouffrait dans ce qu’il restait de la forêt. - Shin’, on a rien sans prendre de risques et t’as rien à craindre tant que tu restes avec moi ! » le rassura Narung pour la quatrième fois depuis qu’ils avaient quitté la forteresse. Les cinq nouveaux compagnons étaient partis de nuit pour que la seule vampire du groupe puisse traverser la plaine qui reliait la forêt au village sans risques de coups de soleil. Cette forêt d’Oryenna était réputée pour ne pas laisser passer la lumière à travers son feuillage et de donner ainsi l’illusion d’une nuit éternelle. Les temps avaient, hélas, bien changés. La forêt n’était maintenant plus qu’un immense squelette de bois sec et de feuilles déshydratées dont la transparence faisait penser à du verre. Noire-Tombe s’était donc couverte de la tête au pied, ne laissant pas un seul pan de peau à découvert. « - Ouais, ‘fin ta protection vaut c’qu’elle vaut ! grimaça le petit elfe - N’importe quoi ! s’indigna le loup. Cite-moi une seule fois où moi et Enz’ on a pas été à la hauteur ? » Son frère s’arrêta un moment pour réfléchir puis sortit un « Ah ! » d’illumination. Huriette excédée parce que leur dispute la ralentissait les avait dépassés en jouant des épaules sans cacher son mécontentement. « - Et la fois où vous m’aviez demandé de me cacher dans le canyon de Raw pour échapper à une Tirith et que j’m’étais retrouvé dans sa tanière ? - T’es mauvaise langue ! C’est ma faute si t’as un sens de l’orientation aussi développé que celui d’une chouette aveugle ? - J’vois pas l’rapport avec la chouette… Ah bah tiens, si ton sens de l’orientation est siii performant, pourrait-il nous informer sur notre destination ? - Oh non… se désespéra Floriméo. Voilà qu’il devient aussi piquant que notre créature de la nuit… Comme quoi même le plus choupinou de la bande peut être atteint par le virus de la répartie malsaine… - La répartie malsaine ?! pouffa Huriette - Choupinou ? s’indigna Shinma - Bah oui, pour former un groupe il faut prendre des gens d’horizons et de caractères différents. C’est d’autant plus important d’avoir un certain équilibre dans un groupe d’aventurier. Par exemple, vous Shinma avec mesdemoiselles Baol et Noire-tombe, vous faîtes partis du groupe des terre-à-terre même si les deux femelles ont l’air d’avoir plus de déterminisme que vous… - Femelle ?! Allez-vous faire foutre. lâcha la vampire - Notre créature de la nuit incarne la femme fatale, à la fois dangereuse et inaccessible… En un mot, fascinante mais c’est pour mieux nous croquer les enfants… - Faîtes gaffe à vos fesses, elles pourraient disparaître pendant la nuit. avertit la prédatrice. - Mademoiselle Baol, elle, nous rappelle qu’une femme peut aussi être douce et qu’elle n’a pas été créée pour constamment inciter à la terreur. - Je ne sais pas trop comment je dois le prendre… hésita la centauresse en fronçant les sourcils - Et moi j’suis quoi ? demanda Narung, amusé - Vous, eh bien, vous êtes le héros mi- loufoque mi-je-fonce-tête-baissée-quoiqu’il-arrive, c’est une forme de courage ! - Ou de suicide. compléta son jeune frère en grommelant - Loufoque ? Je n’ai pas l’habitude de faire trempette sous ma forme lupine… » Le lycan et l’humain se regardèrent un instant puis éclatèrent de rire sous le regard d’incompréhension de Méliana. De temps en temps, ils reprenaient leur respiration, prêt à se calmer puis l’un d’eux lâchait « Loup-phoque » et ils repartaient de plus belle. « - Bande de minable… » souffla Huriette en s’éloignant. Lorsque le soleil fût à son zénith, la centauresse remarqua que Shinma restait toujours à l’arrière de la file qu’ils composaient. Elle crut tout d’abord qu’il se tenait à l’écart à cause d’une nouvelle dispute avec son frère mais elle comprit vite à sa respiration bruyante et à sa transpiration abondante qu’il était en fait exténué. Le jeune tiers-d’elfe ne semblait pas habitué aux longues marches. « - Et si on faisait une pause ? proposa-t-elle - Bonne idée ! s’exclama Floriméo - Ah ouais j’ai trop faim… soupira le loup sans aucun soucis élégance - Moi aussi mais entre le sang de poney et celui de débiles mentaux j’crois que j’préfère encore jeûner ! grogna la vampire - Pfff… Goûts d’luxe… fit l’humain en s’asseyant - En attendant, annonça Narung en mettant la main dans son sac. On a de la viande séchée à foison… - ET DES PATATES !!! hurla Captène en brandissant son sac. - Ça va pas d’crier comme ça ! le réprimanda Noire-Tombe en lui donnant un coup de jambe dans le dos. On ne sait pas encore ce qu’il y a dans cette forêt alors autant se la jouer discret ! - Chut ! Ecoutez ! » les avertit Shinma qui s’était redressé. L’autre Fayer regardait dans la même direction en tendant l’oreille. Ce fût ensuite à Huriette de remarquer les vibrations qui secouaient le sol. Méliana se mit même à regretter le silence inhabituel et inquiétant qui avait régné jusque-là. Elle banda son arc dans l’attente de toutes éventualités. On aurait dit des tambours comme si les dieux eux-mêmes frappaient leurs poings contre la terre pour la faire s’effondrer. Les boums répétés se turent pour laisser place à un cri strident qui sembla percer le crâne de Shinma qui s’agenouilla sous le choc suivit par Narung et Huriette qui tentaient en vain de boucher leurs oreilles. « - Soit c’est tout proche soit c’est gigantesque… commenta Méliana qui les aidait à se relever. - Deuxième option. Je l’aurais senti sinon… murmura le lycan en regardant son frère qui se dirigeait maintenant vers la source des bruits. - Maintenant on a une direction à suivre ! » déclara-t-il, bizarrement enjoué. La mort-vivante qui semblait se masser les tempes sous son voile avait commencé à suivre le petit homme. L’homme-loup ferma donc la marche en mordillant un morceau de sa viande séchée. Au bout d’une heure de marche ils sortirent de la forêt pour atterrir dans un énorme fossé creusé dans la terre sèche. « - Le serpent qui a creusé ce sillon doit être démesurément grand. Fit Méliana en en touchant les bords. - Ça paraît un peu irrégulier pour être l’œuvre d’un serpent… la contredit Narung - Je suis d’accord. » Opina Huriette Le loup-garou tourna la tête quelques secondes pour vérifier que son frère n’était pas trop loin. Il s’arrêta sur un Shinma concentré qui s’était accroupi et qui fixait le sol. « - Qu’est-ce que tu as trouvé mon petit ? » lui demanda-t-il en se penchant à son tour. Il le regarda creuser la terre du bout des ongles pour déterrer quelque chose. « - Une rivière mon grand. sortit le tiers-d’elfe en brandissant, tout sourire, une arête de poisson. - Tu vois ! Qu’est-ce qu’on ferait sans toi ? fit son grand frère très fier - Même la rivière a été asséchée… se désespéra la centauresse - Ouais mais maintenant on a un joli sentier ! Et il semblerait qu’il nous mène dans la direction de notre mystérieux monstre ! s’enthousiasma Floriméo - Oui, allons-y. décida la vampire. On a trop traînés. » Ils reprirent donc leur marche mais le lycan sembla hésiter quelques instants. Il avait cru renifler quelque chose, ce qui était absurde sachant que la forêt était inhabitée. Il se fiait néanmoins entièrement à ses intuitions habituellement. Il se fiait néanmoins entièrement à ses intuitions habituellement. Il suivit donc le reste de la troupe en se promettant d’être plus vigilent dans l’éventualité où quelqu’un les suivait.
Chapitre V : Pièges et buissons touffus
« - C’est quoi déjà votre rôle dans notre groupe parce que j’ai un gros doute sur votre utilité là… » s’adressa une Noire-Tombe, une fois de plus excédée par un Floriméo qui gaspillait l’eau d’une de ses gourdes pour arroser les plantes environnantes qui avaient rendues l’âme depuis longtemps. La troupe d’aventurier avait suivis le chemin que leur offrait le lit de la rivière pendant tout l’après-midi et ce dernier touchait maintenant à sa fin. Shinma était couvert de poussière comme le reste de ses compagnons mais il était de plus en plus persuadé que toute la terre qu’il avait accumulé jusque-là alourdissait ses jambes considérablement. Le petit tiers d’elfe traina encore plus les pieds lorsqu’il constata que son frère, toujours le sourire aux lèvres, prenait leur escapade pour une petite promenade de santé. Même s’il avait été identifié comme le plus lent du groupe, ce n’était cependant pas lui qui était resté en arrière cette fois-ci. Méliana Baol exerçait en effet le rôle de petite trainarde depuis quelques temps. Exceptionnellement, la jeune centauresse avait échappé au harcèlement ordinairement attribué à ceux qui tenaient cette place par la tant redoutée Noire-Tombe car « elle, au moins, servait à quelque chose ». Accablé par la mort de toute les plantes, elle s’était en effet donné pour rôle de les analyser afin de découvrir ce qui leur avait été fatal. La jeune femme se désespérait cependant de plus en plus d’identifier l’épidémie responsable de cette destruction massive. Que ce soient les nombreuses fleurs crépusculaires couvrant habituellement le sol ou les haut-arbres dont les racines avaient incrusté la terre depuis des siècles, aucun n’avaient été épargnés par ce mal mystérieux. En émiettant une feuille sèche entre ses doigts, Méliana se dit que la créature devait être particulièrement puissante pour avoir déshydratée une forêt entière. L’odeur particulière du musc l’enivra. Narung, curieux s’était penché par-dessus son épaule. « - C’est peut-être l’œuvre des dieux. avança-t-il en se penchant pour ramasser une feuille à son tour - Vous voulez dire, une malédiction ? » s’intéressa la centauresse. La jument et le loup décidèrent d’un commun accord qu’il serait plus judicieux de continuer leur conversation tout en marchant quand ils remarquèrent qu’Huriette s’était retournée, poings sur les hanches tout en les fixant durement. « - Peut-être, même si ce n’est sûrement pas une punition d’Annushka, elle n’aurait pas laissé les animaux souffrir… - Et ce ne sont pas dans les habitudes de Sên de détruire une forêt. compléta le crin mystique - Hum, quant aux autres dieux, s’ils avaient voulu nous punir de nos péchés, ils ne s’en seraient sûrement pas pris à la nature et encore moins à une forêt inhabitée que tout Oryenna craint… Rhaa… Mauvaise piste. - Je suis sûre qu’il doit y avoir une explication rationnelle en ce qui concerne l’apparition de cette bête… - Ouais… se contenta de répondre Narung - Moi, s’incrusta Shinma. Ce qui m’inquiète le plus c’est qu’on est seuls dans une forêt complètement déserte- et au sens littérale, et on ne sait pas ce qu’on est censé affronter ! - Qui te parle d’affrontement mon petit ! fit le lycan en lui donnant une petite claque sur le haut du crâne. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais jusque-là, il n’y a que mademoiselle Baol qui porte une arme sur elle ! » Cette réponse ne fit qu’inquiéter un peu plus son jeune frère qui allait répliquer que lui et la sang-froid possédaient leur propres armes quand Huriette, qui avait ouvert la marche jusque-ici s’était soudainement arrêté et avait lâché, à la fois songeuse et énigmatique « Hum, je ne pense pas que nous soyons totalement seuls en fin d’compte… » Les cinq compagnons s’étaient alors alignés pour observer avec surprise ce qui leur barrait la route. Une personne –ou du moins une créature dotée de talents d’architecte certains, s’était appliquée à construire un barrage de plusieurs mètres de haut qui remplissait par sa largeur le creux du lit de la rivière. Méliana s’approcha de la construction et en caressa la surface, l’ouvrage était lisse et le bois expertement travaillé. Le tout en était presque beau et semblait indestructible. Floriméo siffla pour exprimer son épatement ce qui fit lever au ciel les yeux de la vampire. «- Je ne sais pas qui s’est donné la peine de construire ça mais je l’embaucherais bien pour refaire la charpente de mon établissement... commenta le tiers d’elfe - C’est vrai qu’ça claque. admit l’homme-loup dans un vif hochement de tête. Bon, on fait l’tour ? proposa-t-il - Ouais, j’compte pas admirer ce truc de bois sec toute la journée. Dépêchez-vous bande de trainards décrépis ! » les somma la mort vivante en resserrant les voiles sombres qui la protégeait. Ils contournèrent donc comme si de rien n’était l’impressionnant barrage et reprirent des conversations triviales prenant pour sujet l’auberge que tenait le tiers d’elfe. Ce fut ce désintérêt total et cette insensibilité à son dur labeur qui lui avait pris en tout deux nuits et une matinée qui firent grogner l’être à l’aspect de buisson touffu assis en tailleur au bord du fossé de façon à pouvoir observer le groupe ennemi. La touffe de végétaux les regarda s’éloigner en piaillant comme des charetons. Malgré leur manque de professionnalisme et le ridicule que ces gens semblaient inspirer à notre buisson, ils avaient réussis à parer son premier piège avec beaucoup de facilité. Il constata donc encore une fois que sa tante Corylène avait raison lorsqu’elle répétait ce proverbe bien connu « Les oreilles en pointes ne font pas l’elfe ». Il n’aurait pas dû dénigrer les choix du seigneur Guacamole en se fiant aux apparences car ce dernier avait, apparemment, pris soin de sélectionner la crème la plus onctueuse parmi tous les preux aventuriers qui peuplaient les auberges Ephaëlyennes. Le buisson sec vérifia un instant que le groupe s’éloignait bien en direction de la source de la rivière comme ils l’avaient fait jusque-là puis, emplit d’une nouvelle confiance en lui car cette fois – il en était sûr et certain, son piège allait fonctionner, il caressa la tête de la créature-buisson qui était à sa gauche. L’amas de cordes et de branches sèches blatéra d’approbation et se secoua. Les deux derniers buissons de la forêt du Crépuscule semblant encore en vie se regardèrent puis hochèrent la tête d’un commun accord avant de se relever. Le petit personnage resserra son pagne de lianes qui lui camouflait les cuisses et regarda son bélier couvert de feuille qui commençait à se brouter lui-même. Il lui sembla que pour Tobyquet la pratique de l’auto-broutage devenait récurrente. Les deux compagnons étaient donc si semblables car, lui non-plus n’aimait pas rester dans l’ombre. Se cacher semblait, hélas, nécessaire pour préserver l’élément de surprise si précieux à cet instant. Il débarrassa cependant Toby des bracelets de feuilles qui pendaient à ses pattes pour lui redonner son aisance habituel en vue du voyage qu’ils allaient entreprendre. L’animal les dévora voracement avant d’accueillir son maître sur son dos. Il sentit les mains de son cavalier s’agripper sur ses cornes puis une pression du pied lui fit comprendre que leur départ ne pouvait plus attendre. Ils filèrent donc à travers ce qui restait de la forêt en prenant la direction de la source de la rivière.
Chapitre VI : Ou comment être sûr d’éliminer une potentielle concurrence efficacement…
À peine Harnobs Moustache-Terrassante avait-il mis pied à terre, qu’il avait repris sa pelle pour approfondir un peu plus sa tranchée. Cela faisait quelques heures déjà que le soleil s’était couché et depuis ce moment-là, le nain ne s’était pas arrêté de creuser. Il avait décidé de profiter de la fraicheur de la nuit pour avancer dans ses mystérieux projets. Il avait aussi deviné que l’obscurité le rendrait plus discret, chose très importante. Dès que le guerrier avait appris qu’une concurrence s’était créée dans cette aventure, il avait pris des mesures aussi nécessaires que radicales pour ralentir ses nouveaux ennemis. L’interception des différents ordres de mission avait été la première de ces mesures et ensuite avait suivis la suppression du concurrent qu’il avait jugé comme étant le plus dangereux. Il ne connaissait pas personnellement cet elfe et n’avait d’ailleurs jamais entendu parler de lui mais il avait préféré s’en débarrasser par soucis de prévenance. On lui avait toujours enseigné le fait qu’un elfe pouvait être particulièrement sournois et Harnobs avait toujours pris soin de prendre en compte les conseils ancestraux que son clan lui avait transmis. Le nain remonta à la surface et s’occupa à déblayer le tas de terre qu’il avait occasionné. Il remplit donc à ras bord les deux grands paniers en liane sèche qu’il avait confectionné quelques jours plutôt avant de les attacher de chaque côté du dos de Tobyquet. Il jeta un coup d’œil rapide au feu qui l’éclairait pour être sûr qu’un incendie ne se propage pas dans les bois, puis conduisit le bélier au bord de la rivière asséchée pour déposer le tout. Ils revinrent alors près de la tranchée qu’il avait pris soin de placer perpendiculairement au fossé. C’était un travail considérable- Moustache-Terrassante ne faisait jamais les choses à moitié, et il était couvert de sueur. Il prit quelques instants pour resserrer les tresses trempées de transpiration composant sa barbe rousse puis lissa la longue moustache qui pendait à ses genoux. Il réfléchit longuement à la manière dont il allait disposer les troncs d’arbres transformés en pics très pointus dans son piège. Lorsque l’idée se finalisa dans son esprit, sa langue claqua bruyamment dans sa bouche comme pour marquer sa détermination. Le petit bélier transporteur, qui avait deviné les nouveaux ordres que lui donnerait son maître, s’assit- ou plutôt se posa bruyamment sur son derrière en se secouant, afin de laisser glisser vers le sol les deux paniers servant à transporter la terre d’un endroit à l’autre. L’animal se releva et se présenta devant son cavalier, le museau vers le haut prêt à exécuter ses ordres avec fierté. Harnobs le dirigea alors vers le tas de petits troncs d’arbres qu’il avait taillé deux jours plus tôt. Le nain les lia à Tobyquet et ils firent plusieurs allers retours jusqu’à entreposer tout le matériel dans le trou. Le petit homme reprit alors sa pelle et se remit au travail. Il n’avait pas de temps à perdre. Le groupe ennemi serait bientôt là.
Dernière édition par Maitre d'Ephaëlya le Jeu 8 Aoû 2013 - 22:15, édité 1 fois
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Sujet: Re: Concours : Le retour de la magie Jeu 8 Aoû 2013 - 22:15
Et la dernière partie.
Participation de Sev Gayl. (Deuxiéme partie):
Shinma les avertit trop tard, ce qu’il regrettait venait de se produire sous ses yeux et c’était Captène Floriméo qui en avait été victime. Le sol s’était dérobé sous son poids et son corps avait été attiré vers le sol trop rapidement pour que les autres puissent le rattraper. Seul l’elfe, qui avait appris à toujours regarder attentivement où il mettait les pieds et en particulier lorsqu’un membre de sa famille l’accompagnait, avait remarqué que le sol qui s’étendait devant eux n’était pas si solide que ça. Tous se précipitèrent vers ce qui était visiblement un petit précipice dont le fond était hérissé de pointe en bois. Le tout avait apparemment était recouvert d’un long tissu tendu en guise de camouflage. Le marchand avait eu de la chance car il était tombé entre deux pieux, seuls ses vêtements avaient eu l’air de souffrir et portaient des traces de déchirement. L’humain se releva, cracha un peu de poussière puis s’ébroua avant de lâcher, jovial : « - Eh, les gens, j’ai trouvé un fossé dans un fossé ! » Huriette lâcha un gros soupir de déception : « -Oh… J’ai bien cru qu’il avait vraiment réussi à crever cette fois… - Ouais mon gars ! Les dieux sont avec toi on dirait ! » sortit Narung en lui tendant ses bras pour le remonter. Ce n’était en effet pas la première mésaventure que l’aventurier-nutritionniste rencontrait. Le jour d’avant, son pied s’était pris dans une corde qui ‘trainait’ sur le chemin et il s’était retrouvé pendu, la tête en bas. La pendaison n’avait cependant été que l’une des prémisses du piège car elle avait déclenché une avalanche de tronc d’arbre que ses compagnons avaient dû éviter en plongeant sur les côtés. Floriméo avait dû se contorsionner pour éviter de finir assommer. Une suçeuse de sang suspicieuse et excédée l’accueillit sur la terre ferme : « - Bon, arrêtez ce petit jeu espèce de débile inconscient, vous nous mettez tous en danger là ! Il doit bien y avoir quelqu’un qui veut votre mort pour que le sort s’acharne autant sur vous ! Oh et je tiens à ajouter que je ne crois pas aux coïncidences alors expliquez-vous. -Bah… J’vous l’ai déjà dit ! Personne ! Je suis très apprécié et par toute sorte de gens… À part vous bien-sûr ma jolie, j’vois pas qui pourrait essayer de me tuer en s’appliquant autant à me tendre des pièges consciencieusement élaborés. » avoua Captène en se frottant la tête pour enlever la terre qui y restait. Huriette se contenta de lui lancer un regard venimeux qui aurait fait tourner Shinma de l’œil s’il en avait été le destinataire. Elle remarqua cependant que les trois autres de la dévisageait lourdement. « - Rhoo, ça va ! Vous croyez vraiment que je profite de votre sommeil pour creuser des trous et empiler des branches ?! » Méliana se mordait légèrement la lèvre tout en regardant vers le côté, peu convaincue. Shinma, lui, s’était mis à fixer son frère chéri avec insistance. L’homme-loup jeta un rapide coup d’œil aux deux autres puis prit les devants : « - Mouais, peu probable, vous êtes plus du genre à faire des massacres de grande envergure avec du sang partout et des membres éparpillés. - Merci ! cracha Huriette - C’est vrai que ça parait un peu trop aléatoire pour ne viser que monsieur Floriméo… admit Méliana Baol en s’excusant d’une révérence - Ouais et ça serait bien que la prochaine fois ça tombe sur quelqu’un d’autre, j’sais pas, ceux qui nous veulent du mal n’ont jamais entendu parler du partage ?! se plaignit l’humain. - On devrait quitter le sentier et le longer par la forêt vous n’croyez pas ? » proposa Shinma en fixant l’allée mortelle qui lui faisait face. Les autres sortirent tous un « Adjugé ! » en cœur qui était en voie de devenir une tradition dans leur groupe puis s’enfoncèrent dans la végétation.
Chapitre VII : Le mieux c’est frit avec du poisson !
Harnobs avait dû aider Tobyquet à trainer la cage sur le chemin. Ses cinq concurrents ne lui avaient pas laissé le choix, il devait maintenant passer à la vitesse supérieure en leur tendant son dernier piège qui se révèlerait sûrement comme étant le plus efficace. Le nain avait, par sécurité, entouré les barreaux de lianes afin d’amoindrir les risques de morsures. Il avait aussi appris par les cycles passés avec ces bestioles qu’il avait capturées en prenant pour appas l’elfe du nom de Linaëwën Telmelnar que l’obscurité était un moyen de les calmer. Il avait donc serré les liens le plus possible pour éviter que la lumière ne s’infiltre à l’intérieur de leur cellule. À chaque secousse, il entendait leur grognement et à chacun de leur grognement, il se disait que les relâcher dans la nature causerait un carnage alors autant provoquer le plus de fracas au bon endroit et sur les bonnes personnes. Moustache-Terrassante avait d’ailleurs eu du mal à les attraper mais il se dit que cela en valait maintenant la peine en tant que plan de secours. Pour arriver à ses fins, le guerrier avait eu à subir les divagations de cet elfe bavard pendant trois jours à travers la forêt de l’éternel en se faisant passer pour un artiste-peintre qui recherchait désespérément à représenter la pureté ultime en visitant les différents coins d’Ephaëlya. Cet être naïf s’était tout de suite laissé charmer par la coiffure sophistiqué et terriblement impeccable du Kazadien ainsi que par la douceur capillaire de sa fidèle monture car tout cela n’avait pu cacher qu’un esthète au goût très sûr. Autrement dit, il s’était fait avoir comme un blaireau et Harnobs Moustache-Terrassante en avait profité pour capturer ce que les elfes craignaient le plus dans cette forêt. Lorsqu’il lui sembla qu’il avait trainé la cage assez loin, il s’arrêta et se mit à attendre, ordonnant à Tobyquet de monter la garde. *** « - Le truc bien c’est que ça va avec tout, c’est simple à préparer, un vrai bonheur pour les papilles ! - Ça m’a l’air très intéressant ! Vous me feriez un prix ? demanda Shinma qui écoutait défiler la liste des avantages du produit que le fameux Captène Floriméo voulait lui vendre. - Le mieux c’est frit avec du poisson, ajouta Méliana qui avait commencé à saliver quand le marchand avait énuméré avec passion les différents plats possibles et imaginables. Dommage que la rivière soit asséchée… - Ne vous inquiétez pas ma belle, il me semble que nous allons arriver près du lac de l’aube si je ne me trompe pas… dit Floriméo - Le contraire serait tellement étonnant … ironisa machinalement Noire-Tombe - À moins que le lac aussi n’ait été touché par ce mystérieux mal… » s’attrista l’humain qui n’avait pas encore pensé à cette hypothèse L’homme-loup s’était habitué à ce que la forêt ne lui renvoi qu’une seule odeur, générale, au lieu de la multitude que le milieu recélait habituellement. Il s’arrêta donc net lorsqu’il en identifia une nouvelle, qui sortait du lot. C’était une odeur forte qu’il reconnaissait facilement. « -Ça sent pas la merde ici ? le devança Huriette alors qu’il s’était déjà approché pour analyser la petite crotte qui trônait à côté d’un arbre - Petit herbivore je dirais, c’est assez récent. en conclut le chasseur - Je croyais qu’il n’y avait plus d’animaux dans l’coin… lâcha le marchand de patate en fronçant les sourcils - Non seulement cet animal n’a pas fui mais il est étrangement très proche de la créature dévastatrice… » s’interrogea Méliana Ce ne fut cependant pas l’animal qui inquiéta le lycan mais les autres odeurs qui commençaient à se détacher du reste qui devenaient de plus en plus clairs, signe qu’elles se rapprochaient. « - Vous sentez !? lança-t-il à Huriette d’un air alarmant - Oh oui… lâcha-t-elle, Et ça ne présage rien de bon … Les faibles, à couvert ! » hurla-t-elle Méliana n’avait pas eu besoin de leurs avertissements pour encocher une flèche, la seule vue de leur tête déconfite avait suffi. Narung avait directement foncé vers Shinma pour l’aider à monter dans l’un des arbres. Floriméo avait honoré l’astuce du lycan en imitant son petit frère. Les trois autres étaient restés sur le sol, guettant l’arrivée des présences inquiétantes qui mêmes si elles n’étaient pas encore en vue, se faisaient de plus en plus entendre. « - Mais qu’est-ce que c’est ? s’écria la centauresse qui scrutait vainement les fourrés pour identifier leurs ennemis - Des farfadets enragés ! » lâcha Narung avant de se transformer en un loup trapu dont la fourrure variait du brun au roux. Ses crocs rencontrèrent violemment la gorge de l’une de ces créatures quand elles surgirent des buissons à toute vitesse. Les flèches de Méliana se mirent alors à voler. Elle les décochait d’une main experte avec une rapidité déconcertante. Seule une demi-dizaine de traits environ atteignit sa cible et l’archère du se faire aider par le loup pour en achever certains. Huriette, elle, avait trouvé la parade : elle prenait un plaisir fou à assommer les farfadets contre les troncs pour ensuite leur tordre le cou. La jument fût cependant vite surmenée et, le corps à corps n’étant pas son point fort, le lycan du lui prêter main forte. Le problème de la vivacité et de la supériorité numérique des petits monstres parut s’amoindrir lorsque Floriméo sauta de sa branche pour venir s’écraser sur deux d’entre eux. Il fut heureux de constater que le craquement sonore qui avait résonné ne provenait pas de ses propres os. Sa joie ne dura pas longtemps car il fut plaqué à son tour par l’un de farfadets qui avait sorti les dents. Shinma descendit alors de son perchoir en criant « Flori ! ». Le petit tiers d’elfe ramassa une bûche qui trainait et la projeta sur la bestiole qui en eut le souffle coupé. Il testa ensuite les effets de sa nouvelle arme sur trois autres de ces bêtes puis la jeta par terre lorsqu’il remarqua que le combat était terminé. Floriméo essuya son front plein de sueur puis tapota l’épaule du jeune homme : « - Bien joué petit elfe ! On n’dirait pas sous vos airs de petits pacifistes trop mignons mais vous pouvez vous montrer féroce ! » L’autre Fayer passa à ce moment-là, toujours sous sa forme lupine pour vérifier que son benjamin n’avait rien. Quand il en fut certain, il dévoila ses crocs blancs qui contrastaient avec son museau taché de sang. Shinma prit ça pour un sourire. Il n’avait jamais aimé se battre mais avait bien été obligé d’apprendre les bases pour se sauvegarder physiquement face à tous les ennemis que ses parents avaient réussis à récolter. Son regard se porta sur son loup de frère, occupé à achever quelques farfadets. L’aisance dans laquelle il évoluait sous cette forme confirma ce que le petit blond avait toujours remarqué, il avait toujours eu ce côté bestial, hérité de leur père. Le fait qu’il accepte la transformation à ses quinze ans avait donc paru très naturel pour Shinma qui lui se satisfaisait pleinement de son unique aspect. Le jeune homme se leva ensuite pour aider un Narung dénudé qui recherchait ses vêtements. « - Hum, une vingtaine de farfadets enragés qui attaque un groupe hétéroclite dans une forêt morte loin d’Evanya ça me parait un peu tiré par les ch’veux pour n’avoir pas été provoqué volontairement. s’interrogea la sang-froid en lançant une botte solitaire à son propriétaire - Ah ! J’ai trouvé sa copine ! s’écria l’humain triomphant en brandissant la deuxième chaussure - Merci, fit Narung en la.. [00:05:24] Huangdi Agha: - Merci, fit Narung en la réceptionnant. Ça m’étonnerait pas que ce soit les mêmes personnes qui soient derrière les farfadets et les pièges. À mon avis, elles se sont justes un peu impatientées suite aux nombreux coups d’bol de Flori ! » C’est alors que lui et Noire-Tombe se fixèrent. D’autres odeurs venaient maintenant de se détacher de celles de la sueur et de la chair ensanglantée qui avaient jusque-là embaumé leurs narines. Les deux prédateurs purent en distinguer deux. Ils n’avaient pas encore prévenus les autres de ces nouvelles présences que Shinma criait déjà : « -Eh ! Vous là-bas ! »
Chapitre VIII : Un amour de bélier !
Le nain jura. Les dents serrées, il s’appliqua à faire un bandage autour de la plaie qui semblait se faire un plaisir de lui rappeler que même s’il s’évertuait depuis des années à se mentir à lui-même, ses membres le rendaient bel et bien sensible à la douleur. Voilà que tous ses plans avaient été déjoués ce qui ne lui était encore jamais arrivé. Ce n’était pas une raison pour que son obstination baisse. Ainsi, lorsqu’un demeuré sortit des bois en chemise pour venir à sa rencontre suivi de près par une personne voilée, un elfe, et ce qui semblait être un humain, il partit en courant. Du moins, ce fut sa volonté première car seuls lui et son état d’esprit purent apparenter à une course ce long moment où il traina lourdement sa jambe, sa pelle dans une main, sa hache dans l’autre, ramassant plus de poussière qu’avançant. Tout cela parce qu’il n’avait pas été assez rapide pour se cacher lorsque les farfadets avaient été libérés et qu’ils ne s’étaient pas gênés pour lui arracher un bout de la cuisse. Harnobs Moustache-Terrassante avait maintenant besoin de Tobyquet pour s’en sortir mais il ne l’avait pas revu depuis qu’il lui avait ordonné de prendre leurs cibles en filature. Le guerrier trébucha sur une arête de poisson et loin de s’arrêter, décida de continuer en rampant. Méliana qui venait juste d’atteindre la partie de la forêt où avait autrefois coulait une rivière. Un nain à la pilosité abondante avait été encerclé par le reste de sa bande et elle arriva à temps pour entendre Floriméo crier à leur suspect : « - Où sont tes complices gueuse ! » Le petit bélier qu’elle tenait dans les bras blatéra en frottant affectueusement sa tête frisée contre le menton de la jument. Elle l’avait trouvé peu après que les autres avaient décidés de la laisser pour capturer ce qui devait sûrement être l’un des instigateurs des pièges. La centauresse avait surpris le petit animal grignotant des feuilles sèches dans un buisson près des restes de la bataille. Surpris par cette nouvelle apparition, il avait lâché sa pitance et ouvert de grands yeux, la mâchoire inférieure tombante. Méliana s’était alors agenouillée pour le rassurer. L’herbivore pelucheux avait tout de suite sauté dans ses bras et ne l’avait plus lâchée dès ce moment-là. La jeune femme l’avait même cru entendre ronronner. Une fois arrivés devant le groupe, Tobyquet et Méliana suscitèrent des réactions très différentes : « - Traître ! cracha le nain en l’apercevant qui faisait les yeux doux à la centauresse - Oh, il est trop mignon… - Bien joué Baol, ça fait longtemps que j’attends d’déjeuner convenablement ! la félicita la vampire - Arrière ! Maudite créature ! Tu ne toucheras pas à un poil de Tobyquet !!!!!! » hurla le prisonnier en sautant sur celle qui avait menacé son compagnon pour arracher les voiles qui la protégeait du soleil Huriette se recouvrit à temps pour éviter une brûlure puis aplatît le nez du nain d’un coup de pied pour l’inciter à se calmer, le geste ne parut qu’aggraver la situation. La centauresse déposa Toby à terre et s’approcha du maître du bélier : « - Vous êtes monsieur Moustache-Terrassante, n’est-ce pas ? - N’importe quoi Méliana ! Tu as devant toi une naine ! le coupa Captène - Une naine ?! Y a vraiment que vous pour confondre les deux… Il est pas assez poilu comme ça ? » fit Noire-Tombe qui perdait patience avant d’ajouter un « Débile… » qui passa inaperçu. « - Mais ! Tout le monde sait que les naines sont plus poilues que leurs compagnons ! - Ah, parce que pour vous Flori, la moustache fait plus féminin ? Intéressant comme hypothèse… se dit Narung en se promettant d’y réfléchir plus profondément la prochaine fois qu’il croiserait un guerrier moustachu - Vous ne méritez pas à ce que je vous donne mon nom, vermine ! Mais je ne me laisserais pas insulter plus longtemps ! Je suis Harnobs Moustache-Terrassante ! Grand combattant Kazadien ! Héros de la guerre d’Ogzuk ! Et pourfendeur ultime des Fétides enflammés des Monts de Dum ! - Enchantez ! s’exclama l’humain avant de se rappeler qu’il avait essayé de le tuer plusieurs fois - Mais… Vous avez les mêmes titres honorifiques que l’autre Pieds-Tordus ? fit Huriette, perturbée - Voilà que vous m’insultez à nouveau sale suçeuse de sang ! Je demande réparation ! Ici et maintenant !!!! - Il est fatiguant lui aussi… soupira la mort vivante pour elle-même - Monsieur Harnobs Moustache-Terrassante, grand combattant Kazadien, héros de la guerre d’Ogzuk et pourfendeur ultime des Fétides enflammés … commença solennellement la femme-jument - Elle a une putain d’mémoire ! commenta le marchand de patate à l’oreille du tiers d’elfe - Eh l’dada, z’allez quand même commencer à vous la jouer officiel ? s’indigna la sang-froid - Je suis Méliana Baol, Crin mystique de la tribu de Dabradae, notre intention n’était pas de vous froisser, nous nous demandons juste pourquoi vous et monsieur Sobek Pieds-Tordus avez les mêmes attributs ? - Ce sont mes titres ! J’ai tout gagné et lui n’est qu’un voleur, un sale usurpateur qui ne mérite même pas son appartenance au peuple nain ! » Malgré la douleur qui alourdissait sa jambe, il s’était relevé pour garder un minimum de décence. Le petit homme cracha par terre une nouvelle fois avant de toiser d’un regard remplit de poison Huriette qui s’était déjà lassé de son côté hargneux. Elle s’adressa alors au prisonnier d’une voix mielleuse parodiant la centauresse qui se contenta de l’ignorer : « - Ô noble maître nain au cuir chevelu aussi doux qu’une cuisse de nourrisson, auriez-vous l’immense amabilité de nous éclairer sur un point peu clair concernant notre situation actuelle… Etais-ce par simple ennui ou dans le but de vous entraîner avant de vous jeter dans le projet d’exécuter un quelconque personnage que vous vous êtes tant préoccupé de nous faire mourir !? » Shinma toussota quand il vit la lueur de colère qui brillait intensément dans ses yeux. Il pensait cependant qu’elle avait raison, Moustache-Terrassante était dangereux. Ce dernier prit soin de cracher un gros molard ce qui semblait faire partit de ses habitudes avant de lâcher, défiant Huriette : « - Vous voulez rire ou quoi ? Une mission, une récompense, la gloire et plusieurs personnes impliquées, seul des naïfs auraient innocemment formés un groupe sans penser qu’ils allaient s’faire plumer ! Autant vous éliminer avant que vous ne le fassiez !
- Un peu Hâtif comme jugement... commenta Shinma - La gloire m’a été volée une fois ! Plus jamais ! - Ha-ha !!! Vous voyez on m’visait pas personnellement !!!!!!!!! s’écria Floriméo en tournant activement autour de Noire-Tombe qui s’était pris la tête dans les mains - Votre absence de sociabilité m’attriste profondément … » compatit soudainement Narung La scène ne faisait plus vraiment penser à un violent interrogatoire forcé mais prenait peu à peu l’aspect d’un groupe de vieux amis demandant le chemin à un paysan à l’accent prononcé. L’homme se remémora les paroles de l’humain et se dit que finalement, même si Harnobs semblait tel un fou furieux piégeant des ennemis qu’il n’avait jamais rencontré au risque de se ralentir lui-même, il avait eu cette idée folle à cause d’une trahison. « - Moi c’est Narung Fayer, ‘savez z’êtes sûrement tombés sur la mauvaise personne mais ç’veut pas dire que tout le monde est comme ça… - Vous êtes un Fayer ! s’exclama le nain, surpris et soudain plus en confiance, J’ai eu l’honneur de combattre aux côtés d’Enzo Fayer et de Cerrinus Fayer la période dernière ! - Y en a encore beaucoup comme.. [00:06:19] Huangdi Agha: - Y en a encore beaucoup comme ça ? demanda Huriette - Nan j’vous rassure on est que cinq… Ça suffit amplement je crois… sortit le plus jeune de la famille, blasé - Où ça ? demanda Narung qui n’avait pas vu son frère et son père depuis plusieurs mois - Près de la forêt des murmures ! Cerrinus est votre père ? - Oui à Shinma et à moi ! - Au moins on sait qu’il y a quelques mois ils étaient en vie, c’pas mal. se dit le tiers d’elfe - Oh jeune elfe ! Vous en êtes aussi ! » fit le nain en regardant Shinma, puis, montrant ses oreilles pointues : « - Mais vous avez hérité de la partie maudite de la famille Fayer ! - Merci de me le rappeler… - J’vous fabrique des sièges et j’vous sers une bière ? Parce que là on a une route à prendre, alors on l’pend à un arbre, vous ramasser vos affaires et vous, vous vous rhabiller et on y va ! Pas de temps à perdre ! s’énerva la suçeuse de sang - Ha ! Vous ne m’aurez jamais ! » Lâcha Harnobs avant de repartir en claudiquant. La vampire ramassa alors la hache qu’ils lui avaient confisqué puis s’avança sans se presser vers Moustache-Terrassante qui continuait de boiter en perdant du sang. Narung barra alors la route à la suceuse de sang : « - Oh non ne faîtes pas ça… - Bouges toi d’là le loup ! - Il pourrait nous servir ! C’est un guerrier expérimenté ! - Le garder ? Pour avoir un autre demeuré dans les jambes ? Non merci ! Il va être incontrôlable, on verra disparaître mystérieusement tous ceux qui s’éloigneront pour pisser, c’est ça qu’vous voulez ? - Au contraire, je crois que si on établit des règles claires on peut lui faire confiance ! - Narung a raison, mon père et mon frère n’auraient jamais acceptés de combattre aux côtés de quelqu’un en qui ils n’avaient pas confiance, ils ont des suggestions suicidaires mais quand même ! le soutint Shinma - Oui, on pourrait faire un marché ! Après tout c’est comme ça que Guaccamole a réussi à assurer notre protection vis-à-vis de vous. ajouta l’homme-loup en faisant face au sourire mauvais de la femme - Comme vous voulez, mais le moindre écart je l’écartèle. » Ce fut alors au lycan de parlementer avec le kazadien. Narung éprouva de la pitié envers le guerrier car pour lui aussi la trahison était quelque chose d’inconcevable. La loyauté avait en effet été une chose établit dès la naissance comme étant sacrée et inébranlable. Pour le convaincre de se joindre à l’aventure sans tenter d’assassiner tous les membres de leur groupe, ils avaient donc passé un accord. Si Harnobs les aidait, l’homme s’engagerait personnellement à l’épauler dans sa quête visant à recouvrir son honneur. Les deux hommes se serrèrent la main puis de nouveaux boums les rappelèrent à l’ordre. Ils avaient une mission à mener à bien.
Chapitre IX : Sang froid, Greta et des plumes
« - Il est donc passé de carnivore à patativore et tout le village m’en a été très reconnaissant ! Ça ne vous tente pas ma jolie un petit changement d’régime ? proposa l’humain venait de narrer son histoire aux deux nouveaux membres de leur bande - Radical le changement ! commenta Shinma - Nan, n’avez qu’à épuiser votre stock auprès du mouton. » dit la vampire en montrant Tobyquet qui gambadait toujours auprès de Méliana. À peine l’herbivore avait-il été cité que son ancien cavalier lui décochait un regard méprisant. Il n’avait pas quitté la centauresse une seconde depuis leur acceptation dans le groupe. L’amour avait décidément le pouvoir de détruire les plus grandes amitiés. Ils avaient décidé de reprendre la route de la rivière. Ils leur semblaient que l’air était de plus en plus sec à mesure qu’ils progressaient vers le lac de l’aube qui s’étendait au sud de la forêt. Le sol, recouvert de craquelure offrait une vision encore plus apocalyptique de l’endroit. Le soleil tapait fort, si bien qu’Huriette, qui d’habitude s’arrangeait pour éviter les déserts dans la journée, pouvait finir en cendre au moindre contact avec la lumière. Ses compagnons étaient bruyants, peu discrets donc, ce qui l’irritait considérablement. Elle avait toujours travaillé en solitaire, et pour cause, la compagnie des vivants et leurs préoccupations de mortels pathétiques avaient tendance à lui taper durement sur les nerfs. Voilà qu’elle devait se coltiner un groupe de pseudo aventurier qu’elle ne pouvait même pas utiliser pour assouvir ses soifs. La grande brune chassa ce mot de son esprit ainsi que tous ce qui pouvait se rapprocher de près ou de loin à un certain liquide vital précieux pour sa survie. Du haut de ses quatre-vingt-quatre ans, la vampire avait appris à faire abstraction de ses pulsions lorsqu’elle en avait besoin. Il y avait cependant quelque chose chez eux qu’elle n’arrivait pas à oublier, c’était leur manque de discrétion. La lourdeur de leurs pas reflétait leur faiblesse. Quand la mort-vivante avait accepté de trainer derrière elle le nain en plus des quatre autres, elle s’était consolée en se disant que lui au moins savait se faire furtif. Hélas, il avait été blessé entre temps et sa jambe le rendait encore plus bruyant que les autres. Au moins son animal ne savait pas parler même s’il semblait posséder une intelligence inhabituellement élevée pour un biquet. Elle s’était plusieurs fois surprise à rêver du réconfort que le dépeçage du nain lui procurerait, de la douce mélodie des os qui craquent. Malheureusement, Guacamole la tenait pieds et poings liés depuis qu’il avait découvert ce secret qu’elle s’était pourtant efforcé de garder comme tel toutes ces années. Voilà maintenant que le pire des crétins du groupe se mettait à brailler comme s’il s’amusait à tester les limites de sa tolérance : « - Eh !! Regardez ! cria l’humain qui avait remporté haut-la-main le titre du personnage le plus tête à claque de la forêt tout en courant vers la bande. Regardez… Regardez… La pauvre petite personne… » Ces paroles ne signifiaient rien de bon pour leur avancée. Ils allaient s’arrêter pour papoter, peser le pour et le contre d’une nouvelle chose sans importance et cela recommencerait quelques lieux plus loin… Huriette regretta amèrement de ne pas avoir eu la bonne idée d’interdire toute tentative de communication lors du trajet en quittant le village du seigneur Guacamole. Elle expira un bon coup avant de se tourner vers Captène et de tenter d’identifier ce qu’il tenait dans ses mains. Il les tenait en effet ouvertes devant lui, semblant protéger quelque chose d’inestimable. La sang-froid se dit que l’homme ne s’était, pour une fois, pas trompé en estimant que l’une des dernières traces de vie de la forêt était une chose précieuse, même si cette trace pouvait apparemment s’effacer à tout instant. « - On ne peut pas la laisser là… On pourrait la sauver… » Et voilà qu’il était sentimental maintenant, devant autant de niaiserie, elle ne pouvait que soupirer, ravalant l’envie de lui arracher les yeux en un seul coup de dents… Floriméo avait trouvé l’une de ces créatures que Noire-Tombe se faisait d’habitude un plaisir à assommer d’un petit geste de la main lorsque l’une d’entre elles s’amusait à tourner autour de sa tête. Pour la suçeuse de sang, les fées Ephaëliennes étaient les êtres les plus pathétiques que les dieux s’étaient donné la peine de créer. Elles incarnaient la faiblesse et la naïveté à leur paroxysme et voilà que la seule bestiole ayant réussi à survivre appartenait à leur espèce… Celle-ci n’était pas plus grande que le pouce de l’humain et la vampire sentait son peyit cœur tambouriner à ses oreilles. La petite femme avait la peau bronzé, ce qui contrastait avec ses habits de plumes noires qu’elle s’était confectionné. Elle ouvrit les yeux lorsque Shinma lui donna quelques gouttes d’eau puis prononça un petit « Merci » qui ne fut audible que pour le lycan, le tiers d’elfe et la vampire qui sortit après cette petite scène aussi touchante que vomitive : « - Bon, maintenant que tout le monde a un animal de compagnie pour lui, on y va ? » Ils purent enfin repartir même si Huriette du se concentrer pour faire la sourde-oreille face au nouveau sujet de conversation des abrutis collants « Mais comment s’appelle-t-elle ? ». Captène s’abstint heureusement de lui demander de l’aide pour comprendre ce que la petite personne leur répétait sans qu’il ne puisse en détacher toutes les syllabes. Ils convinrent après moult délibération que Greta était son nom. Hélas, le sang froid de Noire-Tombe fut à nouveau mis à rude épreuve lorsqu’elle se rendit compte que le marchand qui avait mis la fée dans sa poche, marchait le plus doucement possible éviter toute secousse à sa nouvelle compagne. Un simple coup d’œil au regard assassin d’Huriette avait suffis à grandement l’encourager pour accélérer le pas. L’accélération fut telle que Flori et Greta se retrouvèrent à mener la marche, l’une sur l’épaule de l’autre. Mais c’était décidément cette langue qui servait trop qu’elle aurait dû arracher depuis le début car l’humain s’était remis à raconter son histoire ridicule sur les dragons et les patates. Puis, alors que l’après-midi était bien avancé, l’humain à la débilité déconcertante s’était mis à attirer l’attention sur lui en s’éloignant en courant : « - Eh !! Regardez ! Regardez ! - Deux-cent-cinquante pièces d’or par tête, deux-cent-cinquante pièces d’or par tête… » s’était-elle mis à répéter Le fossé s’était considérablement agrandi, signe qu’ils seraient bientôt arrivés jusqu’à la bête. Huriette s’attendait à tout venant de Floriméo. Elle le voyait déjà tenant de faire rentrer dans ses poches un jeune hippogriffe borgne ou encore d’essayer de nourrir un géant blessé en lui présentant des pommes de terre tandis que ce dernier n’était intéressé que par la perspective de manger sa moelle. Au lieu de ça, Captène avait réussi à repousser son meurtre dont le coupable aurait sûrement été une grande brune de quatre-vingt-quatre ans qui en paraissait vingt, car il avait eu la bonne idée de trouver un indice. Et pas n’importe quel indice, non, un indice utile et précieux qui les renseignerait sur l’identité du monstre qui avait fait mourir la forêt du crépuscule. « - On va devoir affronter un oiseau géant… » fit Shinma, perturbé Ils étaient en effet en présence de plumes deux fois plus longue qu’eux qui leur barrait le chemin. Elles étaient fines et leurs couleurs allaient du brun clair au.. [00:07:40] Huangdi Agha: Ils étaient en effet en présence de plumes deux fois plus longue qu’eux qui leur barrait le chemin. Elles étaient fines et leurs couleurs allaient du brun clair au noir. Elles appartenaient à coup sûr au même oiseau, ou du moins à la même espèce. L’humain s’amusa à soulever l’une d’elles et la disposa de façon à ce qu’elle fasse de l’ombre à Noire-Tombe. « - Ouah… Je crois que j’ai trouvé mon nouveau gagne-pain ! Le marché des vampires s’offre à moi ! - Vous vendriez vraiment n’importe quoi… commenta celle qui était abrité sous la plume - Elégant et terriblement efficace … Il me faut un nom… - Vous pourriez appeler ça le Pars-soleil vu que ça fait partir le soleil en quelques sortes… proposa innocemment Méliana - Nan… C’est très mauvais comme idée… Il me faut quelque chose de plus exotique… Vous feriez faillite avec un commerce sur les bras ma jolie ! Je vais appeler ça le Troglodyte ! - Vous avez réussi à faire plus farfelu que patate... Impressionnant. dit Shinma qui s’était éloigné pour regarder la scène tandis que son frère examinait les traces de la bête - Pourquoi ?! s’exaspéra Huriette en regardant le ciel - Pourquoi quoi jolie brune ? demanda le marchand en sortant un sourire qui se voulait charmant - Pourquoi est-ce que je dois me tartiner un type insupportable à l’inutilité tellement flagrante ?! répondit-elle - Mais oui ! s’exclama Narung en se relevant d’un coup. Les dieux nous testent depuis le début !!!!! - Cherchez pas vous aussi vous êtes bizarre… » soupira la vampire Puis ils furent tous secoué. Leur nouvelle proximité avec l’oiseau qu’ils cherchaient depuis le début comportait en effet quelques inconvénients. Les boums n’avaient pas que des conséquences sonores, ils faisaient trembler la terre. Ce fut aussi là qu’ils purent discerner avec précision le cri de l’oiseau géant : « - KIIIIIIIIWWWIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!! »
Chapitre X : Un couple d’oiseaux poilus
Après s’être remis de leurs émotions, ils s’étaient tous précipités vers la provenance des bruits. Ils avaient alors découvert une petite montagne faîtes d’arbres centenaires complètement déracinés et qui avaient été réunis entre eux pour former… un nid. On pouvait apercevoir les œufs qui y étaient entreposés. Il y en avait cinq et leur taille semblait égaler celle d’un humain. « - Visez un peu l’omelette… » Quand ils furent sûrs que les parents n’étaient pas en vus ils s’approchèrent du nid pour l’examiner : « - Très bon travail, fit Harnobs en observant les fondations. Avec une solidité digne du peuple nain ! » Quelque chose parut cependant étrange à notre loup. Il sentait des traces d’humidité dans l’air alors que la rivière était complètement asséchée si bien qu’elle avait permis au couple géant d’abriter leur prochaine progéniture. Le lac de l’aube ne devait pas être loin mais dans le doute, le lycan se mit à escalader le nid pour avoir une meilleure vue d’ensemble. Il entendit Shinma maugréer dans son coin : « - Ouais c’est ça, vas dans le nid pour servir de nourriture aux parents quand ils reviendront… - T’inquiète petit gars, je montrerais les dents si ça arrive. - Pense à maman, si tu tombes, j’aurais affaire à elle, tu veux vraiment voir ton petit frère préféré mourir dans d’atroces souffrances ?!» L’homme-loup se contenta de sourire et continua son ascension. Quand il arriva enfin en haut de la construction, tout s’éclaircit dans sa tête. « - Un barrage… » murmura-t-il Narung avait devant les yeux une étendue d’eau. Elle n’était pas assez vaste pour être le lac de l’aube mais l’homme-loup pouvait deviner que c’était l’un de ses effluents. C’était celui-là même qui traversait la forêt du crépuscule en tant normale pour l’alimenter en eau et il avait été bouché lorsque le nid avait été construit. Les oiseaux géants étaient bel et bien la cause de tout finalement. Le flot de ses pensées fut interrompu par la petite voix de son frère : « - Alors ! Tu vois quelque chose ? - Tout le nid forme un barrage !! C’est pour ça que tout est desséché ! Y a plus d’eau dans la forêt à cause des deux piafs !! » À peine avait-il prononcé son dernier mot que le sol avait tremblé dangereusement le faisant trébucher. Il se fit quelques écorchures avant d’avoir le réflexe de mettre en boule pour dévaler la pente. Il atterrit douloureusement en remerciant sa constitution qui lui permettrait une rapide cicatrisation. Il entendit alors Harnobs crier : « - Arrière ! Poule maléfique ! » Le lycan fut ensuite rapidement réceptionné par l’humain et son frère qui entreprirent de le porter jusqu’à un endroit sûr, c’est-à-dire le plus loin possible de l’oiseau. Ce dernier en avait cependant décidé autrement, il tentait de les embrocher avec son long bec. Floriméo se détacha alors des deux autres pour tenter une diversion sous les vives protestations de Shinma qui ne voulait pas le voir finir en brochette. Le jeune homme ne ralentit cependant pas jusqu’à ce qu’il arrive dans le coin où les autres s’étaient réfugiés. Là, il lâcha bruyamment Narung pour être sûr que son ami allait bien. L’oiseau s’approchait dangereusement du marchand en sortant à chacun de ses pas « Kiwi ! Kiwi ! Kiwi ! ». Le tiers d’elfe put alors l’examiner. La finesse des plumes qu’ils avaient pu observer était telle que l’oiseau semblait recouvert de poils. Le volatile possédait de trop petites ailes pour pouvoir prendre son envol, ce qui aurait été dévastateur. Il semblait atteint d’obésité si bien qu’il avait du mal à se pencher mais la longueur inhabituelle de son bec annulait cet inconvénient. À ce physique peu banal s’ajoutaient deux longues pattes qui s’allongeaient jusqu’à trois petites griffes de chaque. L’une d’entre elle était légèrement recourbée, portant la trace de la hache du nain qui ne l’avait pas ratée. Shinma fronça les sourcils et se dit que cet homme était vraiment pire que son frère lorsqu’ils le virent tous tendre la main, une patate au bout des doigts, vers l’oiseau tout en affirmant : « - Toi je vais t’appeler Kiwi ! » Et le kiwi fonça sur lui le bec ouverte mais l’aventurier plongea sur le côté avant de prendre ses jambes à son cou tout en criant, paniqué : « - Il m’a pris pour un insecte ! - Oui un insecte géant ça doit pas courir la forêt… Il a failli vous avoir ! fit la centauresse - Encore raté… soupira Huriette - Bon qui est partant pour capturer les deux grosses poules… commença Narung - Les deux kiwis ! le coupa Floriméo - Oui, les kiwis, ça sonne mieux vous avez raison ! Donc il faut que quelqu’un capture les kiwis ou du moins qui les attirent loin du nid pendant que les autres détruisent le nid pour que l’eau revienne dans la forêt et que la vie reprenne ! - Ouais, tellement facile à réaliser ! sortit la vampire, sarcastique - On pourrait prendre l’un de leurs œufs, sans lui faire de mal bien-sûr ce serait dommage, pour les appâter ? proposa Méliana - Ouais et on les fait rouler pour qu’ils s’écrasent en bas du nid ? Laissez-moi deviner que ce sera peu concluant… s’opposa encore une fois de plus la mort-vivante - Ou bien on fait un piège gigantesque, faut juste creuser une tranchée, une grande tranchée, avec du feu mais oui du feu !! - C’est quoi votre délire avec les pièges ? demanda la suçeuse de sang au nain qui avait commencé un schéma très complexe montrant une passion sans borne - Ou alors on prend des insectes pour les amener dans un autre endroit ! dit le marchand de patates - Bonne idée mais pour que ça marche faudrait des insectes géants… réfléchit Narung - Ah parce que votre plan maintenant c’est de dompter des insectes après les avoir fait grandir ? fit Shinma, sceptique - Il a raison. opina le crin mystique. Seuls les dieux pourraient faire une chose pareille ! - Mais oui… Les dieux !! s’exclama l’homme-loup en se levant - Oh… Je déteste quand il a se regard, la dernière fois j’me suis retrouvé avec l’épaule brûlée… se plaignit le tiers d’elfe - Harnobs, demanda le loup en ignorant son frère, que nous proposez-vous donc pour détruire ce barrage ? Vu la qualité de vos pièges, je crois que vous êtes le mieux placé ici pour être sûr de laisser passer l’eau… »
Chapitre XI : Religion et marchandage
« - Plutôt mourir que de devoir prier Calydon ! - Béèèèh ! - Dans le genre aléatoire et dangereux... - Ça peut être très drôle… J’m’imagine déjà la tête qu’ils feront ! - Jouer avec les dieux comme ça… Je ne sais pas trop monsieur Fayer… » Ainsi furent les réactions quand l’homme-loup eut fini l’explication de son plan. Puis les cinq compagnons avaient fixé Huriette qui ne s’était pas encore prononcé et n’avait pour une fois pas émis d’objections. C’était un plan complètement dingue qui consistait à fusionner les prières traditionnelles pour demander aux divinités une chose spéciale, un peu de magie pour attirer les kiwis hors de leur nid le temps de la destruction. « - C’est assez fou pour marcher. » Les problèmes avaient alors commencés. Il fallait tout d’abord partager les prières à tout le monde, chose qui ne rencontra pas trop de délibération mis à part pour l’offrande de la déesse chasseresse Anushka. Le rituel voulait que celui qui y procédait boive le sang d’un animal mais Harnobs s’était tout de suite opposait à l’idée que Tobyquet est quoi que ce soit. Puis Shinma, qui avait choisi d’entreprendre le rituel de Malanée avait proposé de faire profiter le bélier du don de guérison qu’il allait acquérir au lieu de l’utiliser pour soigner la jambe du nain comme ils l’avaient prévu. Tout était donc en ordre. Huriette de Noire-Tombe avait aiguisé la lame de la hache du nain pour se préparer à se mutiler. Shinma Fayer avait répété la prière de Malanée dans sa tête pour être sûr de ne pas l’oublier le temps venu. Tobyquet s’était préparé, la tête haute à faire don de sang au deuxième Fayer. Harnobs Moustache-Terrassante et Méliana Baol s’étaient préparés à obtenir respectivement une arme indestructible et un pouvoir d’apaisement. Et Captène Floriméo, eh bien, il avait été voté à l’unanimité qu’il ne devrait toucher à rien et qu’il se contenterait d’observer. Après le « Bééééééh !!! » de départ que devait donner Tobyquet, ils commençèrent tous à réciter leur texte monotonement tandis que le sang coulait chez Noire-Tombe et Tobyquet. Le tout ressembla à une grande cacophonie : « - Ô déesse de la nuit… - …Phare de la Justice… - ...Met-nous en communion avec la nature … - …Cet innocent sera mon offrande… - …Guide notre destin… - …Perd-nous dans les ténèbres… - …Guide nos épées vers ce qui est juste… » La brume de Calydon s’éleva autour d’eux, épaisse et froide. Leur soudain aveuglement aurait pu inquiéter n’importe qui mais ils éprouvaient tous un sentiment de bien-être et de réconfort dû au sort de la déesse de la nature. Celle qui avait provoqué l’apaisement était parti dans un rire hystérique. « - Ha… Les effets secondaires ! » soupira Floriméo en soutenant Méliana qui était en train de perdre l’équilibre du haut de ses sabots. Shinma avait commencé à soigner la patte du bélier sous l’œil vigilent du nain qui tenait entre ses mains une pelle indestructible offerte par Morwën. Narung, lui, semblait en pleine discussion avec le bélier. « - Hum, Méliana ? J’ai un message pour vous de la part de Tobyquet. Il semblerait qu’il soit tombé amoureux de vous. » transmis le lycan avant de voir la centauresse s’effondrer par terre en répétant une petite chanson « Il est mignon, le mouton, il est trognon… » « - Je crois que je la préférais quand elle était complètement rabat-joie et inintéressante. annonça Noire-Tombe avant de se rendre compte que la jument s’était endormie en ronflant bruyamment - Rien à faire. se désola Narung auprès du biquet - Eh, t’étais censé le coupé un peu, ça fait hyper mal… » se plaignit son frère qui avait dû accepter le transfert de douleur en échange du don de guérison Soudain, un sifflement leur perça les oreilles. Ils se retournèrent tous pour voir un homme qui semblait les observer depuis un petit moment déjà. Il émanait de lui quelque chose de surnaturelle et d’inexplicable, comme s’il n’était pas de leur monde et qu’il pouvait leur filer entre les doigts à tout moment. « - Salut, je suis Morwën. - Alors ça ! Ça c’est trop la classe comme entrée ! ne put s’empêcher de crier l’humain avant que la vampire ne lui frappe l’arrière de la tête en lui disant de sa la fermer - Oh, nan relevez-vous. » fit le dieu d’une voix métallique alors que Moustache-Terrassante se prosternait en lâchant « Dieu des dieux… » « - Vous avez foutu un joyeux bordel… reprit Morwën en les scrutant de ses yeux noirs - Euh… Oui… Euh… Désolé… Mais c’était pour la bonne cause… s’excusa le tiers d’elfe qui ne savait pas trop comment s’adresser à une divinité - On veut sauver la forêt mais comme on a pas trop de moyen à notre disposition, on s’est dit qu’il fallait demander de l’aide alors autant demander de l’aide aux grands patrons ! s’expliqua Narung, aussi à l’aise que s’il demandait des conseils à un poissonnier concernant la qualité de la pêche - Ouais, c’est le loup qui a eu l’idée. se débina Noire-Tombe - Hum, votre originalité pour les appels à l’aide mérite bien que je me penche sur votre requête, alors que voulez-vous ? demanda le seul homme du panthéon - Bah, enlevez-les Kiwis de la rivière pour que la forêt du Crépuscule reprenne vie, en gros c’est ça. expliqua l’homme-loup tandis que les autres hochait la tête pour donner leur approbation - Hey ! Nan, attend ! intervint Floriméo tandis que les yeux de Morwën viraient au jaune - Excusez-nous un instant, » fit Huriette avec son sourire mielleux au dieu tandis qu’elle attirait l’humain à l’écart. Les autres suivirent et ils formèrent un petit cercle « - Nan mais vous allez arrêter vos conneries ! On a déjà une chance qu’il soit pas venu nous foudroyer pour notre insolence alors foutez pas tout en l’air ! chuchota-t-elle, menaçante - Justement ! On a un dieu ! On peut lui demander ce qu’on veut ! Alors on pourrait viser plus haut ! » expliqua Floriméo en se dirigeant vers Morwën tout en annonçant : « -La magie ! - Vous en avez déjà un peu en ce moment. s’esquiva le dieu - Oui, mais ça suffit pas vous l’avez bien vu ! Faut avouer que la magie en libre-service ce serait pas mal ! tenta l’humain pour le convaincre - Vous m’avez l’air plein de volonté, humain, mais nous avons déjà fait l’expérience avec vos semblables. Vous posez trop de problème. - Mais au contraire ! Si vous parlez des conflits entre race donner de la magie à toutes seraient la preuve qu’un nain n’est pas si différent d’un elfe et vice-versa ! intervint Narung qui avait finalement trouvé la suggestion de Floriméo très intéressante. - Et puis je crois que notre groupe est la preuve que nos peuples peuvent être soudés ! l’aida un peu Shinma - Hum, nous réfléchirons. Quant à votre problème de kiwi, je l’ai réglé. Le nid, ses habitants et ses constructeurs ont été déplacé dans Omërie, là où il ne devrait pas poser de problèmes. Je vous conseille de ne pas tenter de traverser le fossé tout de suite, j’entends l’eau qui s’écoule d’ici. » Après ces paroles, le dieu avait disparu et les compagnons s’étaient tout de suite dirigés vers la rivière pour être sûr qu’elle coulait bel et bien. La divinité ne leur avait pas menti et ça avait été plus facile que ce qu’ils avaient tout d’abord pensé. Après avoir profité de la fraicheur de l’eau, ils décidèrent de rentrer annoncer au Seigneur Guacamole la réussite de leur mission. Une fois au château, Huriette avait pris soin d’exhiber tous les membres du groupe au noble pour prouver qu’ils n’avaient rien et qu.. [00:09:22] Huangdi Agha: et qu’elle s’en était bien occupé. Ils étaient en effet arrivé sans aucune blessure car Shinma avait découvert que son don de guérison opérait toujours tout comme Méliana apaisait toujours d’un simple contact physique ou Narung qui continuait de papoter avec les animaux qu’ils croisaient. Le nain avait toujours sa pelle au métal indestructible sur lui et Huriette était souvent suivis d’une brume ce qui avait d’ailleurs bien fait rire l’humain lorsqu’il avait vu de la brume sortir des oreilles de la vampire alors qu’elle s’énervait contre lui. Quant à ce dernier, il n’avait pas non-plus était épargné par la vague magique car il découvrit un jour avec un immense plaisir qu’il exerçait un certain magnétisme sur les animaux. Quand Noire-Tombe avait présenté à Guacamole Harnobs Moutache-Terrassante, il s’était exclamé : « - Vous vous êtes même fait de nouveaux amis ma chère ! » Puis leur avait distribué leur récompense bien mérité. Les milles pièces d’or en poche, Huriette profita de sa nouvelle fortune pour partir immédiatement, enfin libérée de ses lourds boulets. Narung était de nouveau partit à l’aventure pour honorer sa promesse d’aider le guerrier nain dans sa vengeance envers le terrible Sobek Pieds-Tordus et promit à son frangin de passer le voir plus souvent. Quant à Shinma, il prit la route pour son auberge accompagné de Captène Floriméo et de Greta en se promettant de ne plus la quitter avant au moins une année. Le marchand qui ne se séparait jamais de la fée décida de rester aider le petit elfe dans son commerce. Il se révéla très doué pour la cuisine et tout Evanya se régala bientôt de ses fameuses patates. Ils eurent des nouvelles de Méliana qui était rentré chez elle et qui avait décidé de s’occuper du couple de kiwi et de leur rejeton. En fin de compte, tout s’était bien passé et Shinma avait réussi à rester en vie. Il avait toujours adoré sa famille mais leur compagnie lui attirait toujours des ennuis. Et à peine avait-il réussi à se débarrasser d’un de leur membre et de tous les dangers qu’il trainait derrière lui que sa mère, son père et son frère aîné avait débarqué de nuit en défonçant la porte de sa maison…