Comme à mon habitude, j’avais logé toute la journée dans une auberge proche de la frontière avec les Humains.  Payant addition de ma chambre, je me rendis compte que j’étais affamée. Ayant passé la plupart de on temps à dormir, je ne m’étais que très peu nourrie. Après avoir rassemblé mes affaires -c’est à dire surtout des armes- et verrouillé ma chambre je sorti de l’auberge.


La nuit tombé, je me rendit en terre Humaine: Oryenna. Ma gorge me guidait plus que mes pas, tellement elle était sèche et réclamante de sang. Mon jeun m’avait épuisée, et si une troupe de bandits m’avait attaquée à cet instant je n’aurait même pas été en état de me défendre, c’est dire! Quant enfin , je sentis l’odeur d’un humain, je me ruai vers la provenance de l’effluve.

C’est là que je le vis. Assez petit pour un humain, un regard vert impénétrable, de magnifiques cheveux bruns, en bref un excellent repas! Quand je m’approchai -tout en me léchant les lèvres-  et l’aborda le visage fendu d’un rictus moqueur.

- Bien le bonsoir, humain. Que faites vous si tard dehors… c’est dangereux! Surtout avec les Vampires qui traînent par ici! Surtout que vous me semblez délicieux!

Je ponctuai ma tirade par un rire cristallin, tout en sortant mes canines pour préciser mon intention. L’humain allait vite comprendre que j’avais soif et que je comptais me servir de lui pour calmer le feu de ma gorge.

Eärion se promenait tranquillement dans la fraîcheur nocturne. Le jeune assassin ne comprenait pas pourquoi la nuit effrayait à ce point ses semblables. La nuit amplifiait les sons, idéal pour repérer une embuscade, elle recouvrait d'ombres rues et ruelles garantissant discrétion au marcheur prudent. Qui plus est, elle était propice aux meurtres : rien n'était plus facile d’empoisonner silencieusement une victime endormie.

Il devait néanmoins admettre qu'elle présentait certains désavantages.

- Bien le bonsoir, humain. Que faites vous si tard dehors… c’est dangereux! Surtout avec les Vampires qui traînent par ici! Surtout que vous me semblez délicieux!

Eärion l'avait repéré depuis une petite dizaine de mètre ; son don l'avait averti. Contrairement aux êtres vivants habituels -les chats et quelques humains qui traînaient encore dans les rues, cette silhouette d'un aura particulier semblait absorber l'énergie plutôt que d'en émettre. Caractéristique distinctif des nons-morts. Il n'avait cependant pas l'intention de fuir ; il se doutait qu'une vampire assoiffée de sang ne se laisserait pas distancer facilement. Aussi il se laissa approcher tout en se préparant mentalement à dégainer ses dagues.

-Bien le bonsoir, Vampire répliqua t-il. « C'que je fais » ? La bonne question serait plutôt « pourquoi j'le fais ». A cela j'vous répondrais qu'il faut parfois réapprendre à certains à redéfinir les rôles : qui est la proie et qui est le chasseur.

Cette tirade véhémente marquait plus d'assurance qu'Eärion en éprouvait réellement. Il avait néanmoins foi en ses talents de persuasion ; il savait se montrer particulièrement convaincant. Son visage ne laissait transparaître aucune émotion et son ton de voix restait neutre quoi qu'il approuvait certaines appréhensions bien naturelles à affronter dans l'obscurité une fille-de-la-nuit en manque.

A ces mots, il sortit ses dagues de leur fourreau, la lumière de la lune se réverbéra sous les lames cerclées d'argent . A l'instar de la vampire, Eärion se montrait lui aussi très clair sur ses intentions : le dîner risquait d'être indigeste.

Ma peau froide et pâle brillait à la lumière la Lune. Lentement je remis une de mes longues mèches platines en place. Me trouvant à moins de 10m de l’Humain, son odeur envoûtante me faisait presque saliver. La soif était de plus en plus présente, mais mon caractère me poussait à jouer avec mon repas tel un chat avec sa souris. Ce caractère m’avait d’ailleurs déjà causé bien des soucis… Une fois avec l’Impératrice entre autre. La voie du jeune Humain me tira enfin de ma rêverie.

-Bien le bonsoir, Vampire répliqua t-il. « C'que je fais » ? La bonne question serait plutôt « pourquoi j'le fais ». A cela j'vous répondrais qu'il faut parfois réapprendre à certains à redéfinir les rôles : qui est la proie et qui est le chasseur.

La réponse du jeune homme me fit encore plus rire. Les Vampires n’étaient- ils pas des chasseurs nés? Plus ou moins doués certes, mais des chasseurs tout de même. Entre deux éclats de rire je parvint à lui dire quelques mots:

- Qui est le chasseur et qui est la proie? Vous doutez de la distribution des rôles… Je m’en vais y remédier très cher…

Tout en disant cela, avec ma grâce naturelle, je m’étais glissée vers lui. Aussi silencieuse qu’un chat, je posai une main sur son épaule.

-Mais, que je suis malpolie! Je ne me suis même pas présentée : je me nomme Amy Astryël . Et vous? Qui êtes vous, Humain?


Je risquait de m’amuser avec cet Humain batailleur. En même temps, personne n’aurait accepté de se faire vider de son sang par un Vampire sans protester!