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 Le Lion enflammé et le Loup blanc

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Dante McAllister
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Dante McAllister

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MessageSujet: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyJeu 11 Juil 2013 - 19:25

Je suis trop vieux pour ça …, maugréa Dante, le dos de la main couvrant son visage.


Une fine barbe blanche lui recouvrait le menton, les joues et l’extrémité du cou. Le vent venait caresser la surface de sa peau, faisant frémir le guerrier à chaque fois qu'il sentait sa blessure. Son abdomen était bandé au moyen d'un tissu en lin épais, une mince tache rouge vif pouvait être aperçue sur son flanc droit. Chaque fois que la charrette roulait sur un caillou, le mouvement imprévu du véhicule décrochait un soupir las au vampire. Tirée par un sombre escroc qui n'hésita pas à extorquer le peu d'argent qu'il restait à Dante, la vieille jument claudiquait avec peine. Ses bruyants hennissement n'empêchèrent pas le vieux vampire de rêvasser, de pénétrer progressivement dans le domaine des songes. Il se rappela alors progressivement les événements qui avaient causé cette blessure à son flanc, le mercenaire se les remémorait un sourire mauvais aux lèvres. Les effluves de lilas transportées par le vent de minuit chatouillaient ses narines, le transportant avec aisance dans un monde onirique.


La première nuit, lorsque le vampire à la chevelure albâtre quitta le domaine de Gainbourg, il se rendit sans tarder "Au refuge des courtisanes". Si il y avait deux endroits où l'on pouvait satisfaire sa soif d'apprendre , c'était dans les monastères et les maisons closes. Le vampire fit son entrée dans un univers de débauche, où la morale n'existait pas et avec pour seule loi celle du plus riche. Il se fondait dans la masse informe de suceurs de sang qui faisaient la queue pour obtenir les services des humains les plus prisés puis d'un pas rapide il disparut dans l'établissement. Dante n'était pas là pour apaiser son esprit en proie à de bas instincts, il était à la recherche de services plus «pratiques». Le vampire emprunta un escalier en colimaçon mal éclairé. Le bruit de ses pas était quasiment imperceptible car en dépit de sa grand taille et de sa masse impressionnante, cet homme s'était doté d'une agilité féline, d'une grâce artistique au moyen de laquelle il se mouvait en silence. Après quelques minutes, le couloir déboucha sur un court corridor bloqué par une solide porte en bois de noyer. Le vampire posa sa main sur la porte, marqua une légère pause, puis la poussa avec vigueur dans un bruissement pesant. Il mit un pied dans la pièce qui s'ouvrait à lui, une pièce sobre aux murs dépourvus de décorations, faits de briques humides. Au centre trônait une femme enveloppée dans un long voile mauve, encapuchonnée, elle releva discrètement la tête découvrant alors des yeux scellés à jamais par des fils de couture. Ses mains veineuses, usées par les années, présentaient des doigts squelettiques qui resserraient avec difficulté le bout des accoudoirs de son siège. Le vampire n'afficha aucune réaction sur sa face. Ce n'était pas la première fois qu'il se rendait dans cette partie du lupanar, en quête d'informations. Un long silence s'était installé. L'homme au manteau pourpre le brisa avec concision, d'une voix grave :


- J'ai un nom pour vous qui entendez tout et savez tout, Hyppolite Nefest. Avez-vous une destination à m'indiquer ?


De nouveau on entendait plus que ce vide lourd, une atmosphère pesante, dérangeante, à la limite de la folie. Dante restait serein, le regard fixé sur les paupières closes de la devineresse. Il ne déglutissait pas, ne respirait pas, ne tremblait pas. Il se tenait droit, c'était un cadavre maintenu par la seule tension de ses muscles. Les lèvres fendillées et sans couleur de la vieille femme s'entrouvrirent puis laissèrent s'échapper quelques mots :


- L'ancien sanctuaire murmura-t-elle avec difficulté, dans le cimetière.


Dante hocha la tête pour montrer qu'il avait reçu l'information. Même si les yeux de la devineresse était clos, il savait qu'elle le voyait à sa manière. Il mit la main à la bourse accrochée à sa ceinture, fit les quelques pas qui séparaient l'entrée du siège où se trouvait l'ancienne et posa un genou à terre. Le vampire dénoua consciencieusement l'attache de la bourse. Il la posa au au sol, se releva et quitta la pièce. Le petit sac de cuir ne contenait pas de pièces d'or et il valait mieux que vous ne sachiez rien de son contenu. L'homme à la crinière blanche quitta la pièce silencieusement, gardant à l'esprit les quelques mots que venaient de lui chuchoter la devineresse pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient «Prends garde au lion enflammé». Sur ces paroles énigmatiques, Dante décida de remonter vers le lupanar et d'y prendre du bon temps en réfléchissant à un plan d'action pour pénétrer dans le sanctuaire des errants afin de vérifier son information. L'impératrice lui avait simplement demandé de lui transmettre le lieu où pourrait se trouver cet homme mais Dante, soucieux de préserver son informateur, décida plutôt de se rendre sur place pour capturer cet Hyppolite qui préoccupait son récent employeur. C'était là une erreur.


Une journée passa, Dante guettait le crépuscule depuis l'une des fenêtres de sa chambre. Une fois que le soleil quitta l'horizon, le vampire enfila une chemise noire pour couvrir son torse jusque là nu. Il vérifia précautionneusement son équipement. Un kriss était attaché à sa ceinture, un stylet habilement dissimulé dans la tige de sa botte droite, le fourreau de son épée pendait dans des anneaux dorés au bout de chaînes en or solidement fixées à son ceinturon. Il contempla sa lame à la lueur d'une bougie, elle brillait d'un reflet vermillon lugubre, quelques runes y étaient inscrites dans un langage ancien mais ne servait qu'à l'apparat. La fixation de son glaive était telle qu'une fois son manteau rouge sang porté, on ne pouvait plus la distinguer ni même apercevoir le pommeau serré contre ses côtes. Le vampire aux cheveux d’albâtre observa une dernière fois l'extérieur depuis sa fenêtre. Une fois qu'il fut sûr que les ténèbres s'étaient installées en Màvreah, il souffla la bougie qui éclairait la petite pièce où il logea durant une journée puis disparut tel un fantôme.


Le guerrier se déplaçait avec une célérité phénoménale sans jamais faiblir – les vampires ne ressentaient pas la fatigue, leur corps déjà mort ne connaissait pas le repos. Une heure lui suffit à parcourir la distance entre la maison close et le cimetière inquiétant où se trouvait sa cible. Ses prunelles azurées décrivaient de larges mouvements horizontaux pour mieux apprécier la topographie des lieux. L'homme deux fois centenaires avança d'un pas assuré, sans émettre le moindre bruit. Il ne faisait plus qu'un avec cet endroit. A la manière d'un chasseur, il traquait sa proie, cherchant sur le sol des traces de pas et des indications qui le mèneraient à ce sanctuaire abandonné. Le prédateur n'oublia pas non plus que de chasseur il pouvait devenir chassé, il dissimula avec une certaine cautèle ses traces. Il lui fallut très peu de temps pour arriver à cette grande structure en pierres taillées abandonnée dans le cimetière. Dissimulé par les ténèbres, le bretteur remarqua deux hommes armés qui discutaient bruyamment. Ils avaient l'air de bien s'entendre. Lorsque le prénom de sa cible fut évoqué en des termes élogieux – à grands coups de maître Nefest, Dante fut rassuré sur la véracité de son information. Le vampire s'accroupit alors et plaqua son oreille contre le sol. D'après les bruits de pas qu'il entendait, il ne devait pas y avoir plus d'une demie dizaine de personnes dans le sanctuaire. Un rictus malveillant se dessina sur le visage du vampire, une idée folle venait de germer dans son esprit.


Le mercenaire se déplaça furtivement de tombes en tombes, d'arbres morts en buissons desséchés sans jamais éveiller le moindre soupçons sur sa présence chez les deux hommes qui discutaient à l'entrée du sanctuaire. Une fois qu'il fut assez proche, il sortit avec une lenteur étonnante son épée, sans faire le moindre bruit et en prenant soin de ne pas refléter ne serait-ce que la lueur d'une bougie. D'un bond agile il parcourut la distance qui le séparait d'un des deux hommes, celui qui lui tournait le dos. Sa lame vint se loger dans le creux formé par la jonction entre le cou et le menton sans lui causer éraflures. L'otage leva les mains au ciel alors que son compagnon mit instinctivement la main au fourreau mais le sourire mauvais de Dante le découragea rapidement d'en venir aux armes. Le vampire se félicita d'avoir vu juste, il y avait une certaines camaraderies chez les hommes de ce Nefest et il pouvait en profiter pour le moment. Ne sachant pas s'il devait les tuer ici, ce qui pourrait nuire à de futures négociations, ou au contraire se servir de son otage, le vampire entama la conversation :


- Hyppolite Nefest se trouve ici, pas vrai ?


Le jeune homme qui lui faisait face acquiesça après un court temps d'hésitation. Dante planta alors son regard avec dureté dans les yeux apeurés du guerrier. Il ajouta, en appuyant bien sur chaque mot :


- Si tu tiens à la vie de ton ami, conduit moi à Hyppolite Nefest.


Le guerrier hocha une nouvelle fois la tête en signe d'approbation. Il se saisit d'une torche sans quitter Dante des yeux, ce dernier menaçait toujours de son glaive son camarade. Le vampire retira de sa main libre l'épée qui pendait aux hanches de son otage puis le fit avancer au moyen d'un bon coup dans la fosse poplitée. La situation pouvait changer à tout moment, pour l'instant le guide l'amena en quelques minutes à une grande salle où se trouvait trois autres humains s’entraînant aux armes sur des mannequins de bois. La pièce se terminait par une estrade de plusieurs marches sur laquelle un vampire las occupait un siège serti de pierres précieuses. Dès son entrée, les humains cessèrent leurs activités pour toiser du regard Dante qui tenait encore fermement son otage. Son regard se posa sur chacun des humains présent, l'un avait une balafre qui lui barrait un visage, un autre avait un bandeau sur l’œil gauche, la seule femme du groupe arborait fièrement un tatouage tribal sur le front et une trace de brûlure disgracieuse qui s'étendait sur sa joue droite. Quant au dernier, il s'agissait de notre indicateur encore tout penaud d'avoir amené jusqu'ici un inconnu sous la menace de voir son ami périr. Dante porta ensuite un regard perçant sur ce vampire qui se tenait à plusieurs mètres de lui. Ce dernier était accoudé à son trône, la tête contre le poing, un visage dénué d'expression qui présentait des yeux couleur rouge écarlate. Ses yeux fascinants luisaient de façon inquiétante, d'une rare intensité qui n'était égalée que par l'azur des prunelles de Dante. Il se souvint alors des mots d'Emerence «son regard inspire la terreur». Soudain la femme du groupe prit alors la parole, une femme nerveuse à n'en pas douter :


- Eh là ?! Tu crois faire quoi à te pointer ici en nous menaçant ? On va te faire la peau !


- Arrête Kali ! Tu vois donc pas qu'il tient l'un des nôtres ?


La femme ravala ses mots dans sa gorge et étouffa un juron en serrant le poing. Dante ne soupira pas de soulagement mais n'en était pas loin, la tension était palpable et il voulait éviter d'en venir aux armes même s'il s'agissait uniquement d'humains. Pour peu que ce vampire aussi vieux que la guerre des titans décide de s'en mêler et l'issue de l'affrontement deviendrait incertaine. Le bretteur à la chevelure blanche continuait de regarder à gauche et à droite, il sentait que l'atmosphère devenait lourde. La voix grave de l'ancien vampire, toujours assis sur son trône, vint briser un silence devenu insupportable pour les humains :


- Je vois donc que le Loup blanc s'invite dans mon sanctuaire sans y être autorisé. Mais dis moi, que me vaut la venue du Boucher de la Rivière de Sang ? Oh, tu sembles surpris – Dante n'affichait toujours rien sur son visage mais il était effectivement surpris. Et bien tu pensais que j'ignorais qui tu étais, Dante de Mallet ? Les questions se bousculent dans ta tête, comment connaît-il mes faits d'armes, comment sait-il qui je suis ? Je te répondrais que c'est mon rôle de savoir. A une autre époque, tu as servi pour une autre impératrice et tué sous ses ordres avant de fuir la guerre. Tu récidives une nouvelle fois en te prosternant devant une nouvelle femme, prêtant allégeance aussi vite qu'un chien galeux à qui l'on fait miroiter un os en récompense. Ta seule récompense sera la mort. Je ne manquerai pas l'occasion de priver Emerence de son nouveau jouet ajouta-t-il dans un rire sardonique qui fut interrompu soudainement par une reprise de son sérieux : 1000 pièces d'or à celui qui me ramène la tête de cet infâme bâtard.


- Mais … Et Gregory ?


Le vampire à la chevelure de jais amena sa main vers le côté de son siège puis se saisit d'une arbalète dont le carreau était déjà chargé. Dans un sifflement, le carreaux traversa la salle et vint se loger entre les deux yeux du malheureux que Dante gardait en otage. Les autres guerriers encore sous le choc ne firent aucun geste. Le mercenaire garda son calme, il faisait face à quatre adversaires plutôt expérimentés mais ils n'avaient aucune chance contre lui. Plus de 200 ans à pratiquer les arts de la guerre, l'expérience jouait en sa faveur. Le terrain n'offrait d'avantage pour aucun d'eux. Sa constitution de mort-vivant était encore avantage pour lui, il ne ressentirait pas la fatigue et ses blessures seraient moins handicapantes. Son corps forgé par les conflits était supérieur à celui de ses adversaires. Le guerrier se mit alors à afficher un sourire mauvais avant de lâcher d'un souffle :


- Grave erreur, maintenant je vais devoir tous vous tuer.


Le plus proche, à savoir celui qui tenait à protéger son ami et avait guidé Dante jusqu'ici, hurla et se jeta sur le vampire. L'épée au poing, il tenta de faire pénétrer la lame par le flanc du guerrier. Ce dernier tenait encore le cadavre chaud qui lui avait servi d'otage, il l'utilisa pour parer le coup du bretteur fou de rage. Ce dernier se mit à pleurer lorsqu'il constata que c'était la dépouille de son ami qu'il venait de lacérer. Dante avait déjà dégainé son épée hors de son fourreau. Il tenait le cadavre d'une main et d'une autre il avait empoigné sa lame. Elle perfora le cadavre par l'abdomen, le traversa et s'enfonça avec force dans le torse du guerrier qui avait donné le premier assaut. Une gerbe de sang coula de ses lèvres, il tenta de prononcer quelques mots mais le vampire retira les deux corps de son glaive d'un bon coup de pied qui envoya au sol les deux cadavres. La lame ensanglantée le long du corps, il toisait avec un sourire sarcastique les trois guerriers restant :


- Alors Kali, on fait moins la maligne ? La peur te déchire le ventre ?


La guerrière que le défunt avait appelé Kali poussa un hurlement de rage et fondit sur Dante comme il l'espérait. Le bretteur connaissait ce genre de situation, pousser son ennemi à attaquer son réfléchir pour profiter des ouvertures qu'offre la peur ou la colère. La femme au visage brûlé avait extrait un glaive de son fourreau. Elle le brandit haut en l'air pour l'abattre sur Dante une fois assez proche. Le guerrier avait anticipé l'attaque et préparait déjà une contre-attaque. Sa main gauche, qui ne tenait aucune arme, s'approcha de son kriss tandis qu'il s'abaissa pour plonger à la rencontre de la guerrière. L'épée de cette dernière s'abattit comme le tonnerre, de haut en bas, vers le crâne de Dante. Elle vint à la rencontre de son épée qui para le coup perpendiculairement. Le bretteur à la chevelure d'albâtre ne prit même pas le temps de s'arrêter convenablement pour effectuer sa parade et profita de son impulsion pour effectuer un dernier pas. Le kriss qu'il tenait le long de son avant bras déchiqueta la gorge de Kali. Le sang ne coula pas tout d'abord, Dante rangea rapidement son poignard et se plaça derrière la femme. Elle tourna lentement sur elle même, face à Nefest et ses camarades, puis posa genoux à terre. Dante appliqua avec vigueur sa nouvelle main libre sur la plaie béante au niveau de son cou. En effectuant une pression suffisante, il retarda l'instant de sa mort et lui procura une souffrance horrible :


- Sau... sauvez … moi …


Furent les dernières paroles de Kali avant que le liquide carmin ne s'écoule avec violence entre les doigts gantés de Dante. Le visage d'horreur qui se lisait sur le guerrier à la cicatrice alarma le bretteur à la chevelure d'albâtre. Il abandonna le cadavre mutilé à son triste sort et fondit à une vitesse prodigieuse sur le guerrier balafré. Dante virevolta et profita de sa pirouette pour donner à sa lame une force incommensurable : en tournant le bras le long du corps, il fit remonter rapidement son bras vers une position verticale. La lame s'était enfoncée dans le plexus du malheureux avant de parcourir une ligne jusqu'à son crâne, ce qui lui fendit la barbe, le larynx, la mâchoire et le nez. Le sang jaillit à flot du guerrier qui se raidit et s'écroula dans un gémissement. Il ne restait plus qu'un seul obstacle entre Dante et Hyppolite. Ce guerrier là avait l'air nettement plus solide que les autres. Le vampire recouvert de sang ne prit pas le temps de faire les présentations et se jeta tel un fauve sur son ennemi. Sa lame vrombit et vint à la rencontre du métal. L'autre guerrier offrait un jeu de jambe intéressant mais il était encore loin de pouvoir rivaliser avec Dante. Lors d'une parade où les deux guerriers faisaient rugir leurs lames, le vampire donna un coup de botte sec contre le sol. En plus de détourner l'attention de son adversaire, le stylet rangé dans la tige émergea et se fixa en l'air un court instant. Dante avait déjà effectué un tour sur lui même dont il profita pour quitter cette position où il croiser le fer ainsi que pour se saisir de la mince lame de fer avec sa main gauche. Il l'enfonça subtilement dans l’œil restant du borgne qui lâcha son épée dans un mugissement de douleur. Les mains contre le visage, les doigts couverts de sang, il était en proie à une souffrance infinie et destiné à la cécité à vie. Il tituba dans la salle, talonné de très près par Dante qui mit fin à ses jours en enfonçant son épée entre ses côtes. Le malheureux s'effondra dans un bruit sourd. Le vampire récupéra alors son stylet ensanglanté et le rangea dans sa botte. Il toisait du regard Hyppolite Nefest qui se tenait à présent debout et l'acclamait en frappant dans ses mains à un rythme de plus en plus lent. Le vampire aux cheveux sombres comme la nuit reprit la parole :


- Félicitations Dante, c'était là de bons éléments que tu as terrassé avec brio. Je me demande bien ce que je vais pouvoir faire pour m'occuper maintenant… Oh tu pourrais devenir mon jouet à moi ?! Et ainsi je te commanditerai des assassinats amusants et nous ...


- Cesse tes sarcasmes et contente toi de me suivre bien sagement coupa Dante.


La tension était à son comble, Hyppolite affichait un large sourire tandis que le vampire au manteau pourpre fronçait les sourcils. L'intimidation aussi nette était rarement une solution d'après Dante, surtout que le rapport de force ne jouait peut-être pas en sa faveur. Le vampire aux cheveux de jais qui portait une longue tunique bleu de minuit ornée de bijoux dorés fit mine de donner sa reddition. Il descendit doucement les marches de l'estrade, créant une attente insoutenable. Un large sabre dodelinait le long de sa jambe, un riche pommeau, ouvrage finement ciselé, informait Dante de la rareté d'une telle arme. Une fois qu'ils furent au même niveau, séparés par deux mètres, Hyppolite reprit la parole :


- Je vais te faire une fleur – Dante haussa un sourcil, il n'aimait pas les hommes plus condescendants que lui et ceux qui parlaient par formules toutes faites, Hyppolite en faisait vraisemblablement partie. Faisons table rase du passée, je te propose d'oublier le meurtre de mes hommes ainsi que le crime suprême à savoir celui de m'avoir dérangé dans mon divertissement. Je propose que nous retournions chacun vaquer à nos occupations, toi auprès de ta maîtresse et moi de mon côté, faire des choses qui ne te concernent nullement. Sinon …


Il laissa flotter un petit silence que Dante interrompu en faisant tinter son sabre contre le sol :


- Sinon quoi ?


- Sinon je serai dans l'obligation de t'arracher la langue, puis les yeux, mutiler ton corps, le dépecer puis t'éventrer avant de jeter tes tripes sur le sol humide de cette salle.


- Il va falloir plus que des mots pour me faire peur rétorqua un Dante laconique


- Dans ce cas,  ton sort est scellé soupira-t-il.


La main gauche d'Hyppolite s'approcha posément du fourreau de son arme tandis que sa main droite se saisit du pommeau. Dante jeta un bref coup d’œil et pu discerner la forme de cette poignée : un lion d'or rugissant. Les paroles de la vieille devineresse lui revinrent en mémoire. Il resta interdit un court instant jusqu'à ce que la lame du vampire sorte au grand jour. Elle était étincelante, une lame d'obsidienne sombre comme la nuit mais qui brillait d'un éclat sinistre. Des runes y étaient gravées, Hyppolite récita quelques mots dans une langue étrange et subitement sa lame se mit à rayonner. Elle semblait dégager une chaleur extraordinaire, un simple contact avec le sol le déforma. Ce n'était pas du feu à proprement parler mais plutôt une sorte de magie qui agitait les molécules puis brisait les liaisons entre les atomes pour déformer la matière. «Le lion enflammé». Dante déglutit en gardant son épée le long du corps. Il savait que s'il paraît la lame d'Hyppolite, il risquait de faire fondre la sienne et de perdre son arme. C'est pour cela que le guerrier se contenta d'esquiver les attaques du vampire à la longue robe noire. Les estocades succédaient les taillades, Dante bondissait avec agilité, la lame passait parfois si près de son corps qu'il pouvait en sentir les effets. Son long manteau était déformé en de nombreux endroits, le sol était parsemé de cratères, les murs défoncés, les hommes de bois éclatés. Les deux hommes ne se fatiguaient pas, leur constitution de vampire les obligeait à se battre jusqu'à la fin des temps, ou jusqu'à ce que l'un des deux commette une erreur. C'est Hyppolite qui avait commis la première en sous estimant Dante. Il pensait que son tour de passe passe serait suffisant pour venir à bout du bretteur mais il n'en fut rien. Dans ce duel axé sur la défense, le vampire aux cheveux d'albâtre avait été très prudent et n'avait laissé aucune ouverture – étant donné qu'il n'attaquait pas. La magie du vampire s'arrêta et Dante se mit à sourire, le vrai duel pouvait débuter.


Le bretteur fondit sur Hyppolite, il tenta de taillader la chair de son flanc, puis de l’éviscérer ou même encore de lui trancher la jugulaire. Le bougre savait se défendre, ses talents d'escrimeur étaient impressionnants. Le bourdonnement des épées qui s'entrechoquent était révélateur du haut niveau des deux duellistes. Ils paraient puis contre-attaquaient sans hésitation aucune. Le corps était mis au service de l'arme, il virevoltait, pénétrait dans l'espace adverse, servait d’appui à l'épée qui ne faisait plus qu'un avec lui. Dante montrait alors un tout autre domaine de son expertise, sa maîtrise de l'épée avait atteint un rang si élevé qu'il était difficile de savoir quand ce duel prendrait fin. Une seule chose pouvait départager ces deux guerriers qui avaient atteint le sommet : la chance. Hyppolite glissa sur un vulgaire caillou, trop absorbé par ce duel de plus d'une heure. Alors qu'il trébuchait, Dante en profita pour lui asséner un puissant coup de genou en pleine face qui l'envoya valdinguer contre les marches de l'estrade. Il fondit sur le corps qui volait encore et le saisit au collet, le plaquant à même le sol, la pointe de sa lame sous la gorge. Les deux guerriers n'étaient même pas haletant, ils ne ressentaient pas la fatigue. Dante exhiba un mince sourire qui déplaisait fortement à son adversaire. Ce dernier claqua alors des doigts et un bruit sourd se fit entendre. Avant même que Dante ne réagisse, un cri strident lui perfora les tympans. Son regard se porta vers le toit du sanctuaire dont une partie était délabrée à un tel point qu'on pouvait apercevoir le ciel. Sur cette ouverture se tenait une gigantesque Wyrm. Surpris, le bretteur ne fit pas attention à son adversaire qui se saisit de son propre kriss pour méchamment lui entailler le flanc droit. Il poussa un hurlement de douleur et fit un bond en arrière, la main gauche plaquée contre la plaie. Hyppolite, un sourire espiègle aux lèvres, éleva sa voix grave dans la pièce :


- Vous êtes très divertissants, Emerence et toi. Dis lui de ne plus me chercher, c'est moi qui la retrouverait. Nous nous reverrons bientôt …


La Wyrm pénétra dans l'enceinte du sanctuaire, un hurlement d'une puissance extraordinaire mit Dante à terre tandis que son adversaire chevaucha son dragon géant et prit son envol. Cet homme semblait hors normes, il avait réussit à dresser un monstre sauvage qu'aucun autre n'avait pu monter avant lui, il possédait une force comparable à celle de Dante et semblait posséder des forces magiques. Il était à présent évident que l'impératrice avait des ennemis redoutables. Dante trouva dans le sanctuaire de quoi faire un bandage en attendant la cicatrisation puis trouva un moyen de locomotion qui lui permettrait de se reposer. Cette terrible aventure prenait fin et une nouvelle commençait.


- Eh oh ? Z'êtes pas mort quand même ?


Le vieux grippe-sou sordide réveilla Dante, ils avaient rejoint le domaine de Gainbourd. Dante salua alors le vieil homme et se rendit jusqu'à l'immense portique que lui ouvrit Aleyna. Il prit immédiatement la route vers sa chambre, il se doutait bien que l'impératrice ne lui donnerait pas la sienne sans qu'il ne consente à la partager, au moins. Une fois dans la pièce, il vit que rien n'avait changé hormis une toile posée sur un châssis en bois, orientés vers le balcon. Un petit tabouret et du matériel de peintures se trouvaient également là. Dante retira alors son manteau pourpre légèrement plus usé, une acquisition dont il était fier, et laissa son torse bandé à l'air libre. Sa plaie avait cicatrisée mais il ne voulait pas le retirer tout de suite, il voulait garder cette sensation alors qu'il peignait son tableau. Il débuta alors son travail, avec acharnement, du bordeaux, du carmin, de l'écarlate pour les yeux, des cheveux sombres comme le jais, une stature impressionnante, il en fit de même pour l'autre bretteur, du pourpre, du vermillon pour le manteau, du noir pour les vêtements, des cheveux d'albâtres, des yeux de saphirs. L'ébauche représentait une scène familière, un combat qu'il avait vécu il y a peine quelques heures. Les bruits de pas ne l'interrompirent pas, lorsqu'il entendit la porte s'ouvrit, il ne quitta pas sa toile des yeux mais annonça d'une voix mielleuse :


- Bonsoir Emerence.
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Emerence De Gainbourd
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Emerence De Gainbourd

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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyVen 12 Juil 2013 - 20:00



Après le départ de Dante, le domaine avait été parfaitement remis en état, il devait même être encore plus beau qu’avant. Des roses rouges parcouraient la totalité de l’habitation, intérieur comme extérieur, des tapis de la même couleur recouvraient les couloirs, les escaliers laissant penser à des indications de passages, la poussière n’était présente dans aucuns coins, et tous les domestiques s’occupaient en permanence. L’impératrice elle-même, s’était mise au travail –plus pour s’occuper l’esprit que par sympathie-, son comportement depuis le départ du vampire était particulièrement froid et les domestiques ne savaient plus comment prendre la buveuse d’hémoglobine, qui devenait avec le temps de plus en plus irritable. L’esprit de l’impératrice malgré ses occupations ne restait que sur Dante et la mission qu’elle lui avait confié… Un sentiment étrange la parcourait, un sentiment comparable à du regret. Afin de se persuadé qu’elle n’éprouvait rien, elle tua une de ses domestiques humaines sans aucune raison valable, expliquant qu’il fallait rappeler qu’ici ils n’étaient pas dans une auberge mais bien sous la direction d’Emerence. Aleyna ne reconnaissait plus son « amie » et décida de lui parler en privée lors de la première nuit.

Les deux jeunes femmes se regardèrent, lâchant toute deux de bref soupire. Emerence n’avait pas de mot pour expliquer ce sentiment de culpabilité, elle était certaine que Dante allait mourir et qu’elle était l’unique responsable de cette mort, la buveuse d’hémoglobine ne se pardonnait pas de ressentir des émotions humaines, qu’elle qualifiait de faiblesses ultimes mais pire encore, elle ne se pardonnait pas la mort de Dante. Aleyna vint se mettre assise à côté d’elle, Emerence se contenta d’esquisser un sourire froid et inexpressif.


- « Emerence… Il va revenir, ce n’est pas de ta faute. Tu es l’impératrice, tu ne peux pas montrer à tes domestiques ta faiblesse actuelle et ce n’est pas en tuant toutes tes servantes que ça va calmer ton inquiétude. Je sais que ce n’est pas à moi de te dire ça… Mais tu as toujours voulu te prouver à toi-même, ou plutôt te mentir… Emerence tu ne peux pas ne rien ressentir, c’est impossible. Je ne suis pas à ta place, je ne sais pas… Emerence parle-moi ! »

Malgré la présence et la voix d’Aleyna, l’impératrice resta enfermée dans un silence de marbre. Ne pouvant expliquer, mettre des mots sur ce qui se passait dans son esprit. Elle se leva afin d’enfiler une armure et sortit sans un mot, disparaissant dans la noirceur de la nuit. C’est cette nuit qu’elle fit la connaissance de Naralith petite humaine ayant connue une montagne de déception. Emerence se laissa prendre dans son propre piège et son instabilité émotionnelle lui fit faire ce qu’elle n’aurait jamais cru être capable de faire, faire preuve de compassion ou plutôt de pitié. Elle l’avait ramené dans son domaine, nourrit et offert l’hospitalité gratuitement et sans réelle contrepartie. ( Partie 1 Partie 2 )

La seconde nuit ne tarda pas à arriver, l’ambiance restait identique. L’impératrice faisait le tour du domaine, tournant dans celui-ci tel un tigre enfermé dans une cage. Comment avait-elle put être aussi stupide pour confier une mission suicide à un vampire intéressant, mais pire comment avait-elle put être aussi faible pour s’intéresser à ce Dante au comportement si.. si outrageant. Elle soupira manquant de tuer toute les personnes sur son passages, cette-fois ci elle en était sure, elle perdait le contrôle de la situation. Elle avait accordé l’hospitalité à la duchesse qui pensait pouvoir s’amuser avec Naralith, justement l’humaine elle était encore dans le domaine prête à offrir de manière suicidaire son sang à qui le voulait. Les événements la mettait dans une colère folle, l’impératrice allait pour la première fois depuis l’obtention de son titre faire preuve de sadisme, la jeune femme était prête à faire payer à Amy les différents affronts qu’elle lui avait fait jusqu’à présent. C’est le moment que la jeune Aleyna choisi pour dire à Emerence que Dante était de retour… Visiblement blessé.

Emerence soupira longuement, avant de se diriger rapidement vers sa chambre. Poussant la porte la laissant claquer contre le mur, elle rentra avant de la refermer. Son regard rougeâtre se déposa se déposa sur le vampire qui se contenta de la saluer en poursuivant sa peinture, son humeur désagréable était encore présente et Emerence n’avait qu’une envie lui hurler dessus pour faire passer sa colère mais elle n’en fit rien.

- « Qu’est-ce qui s’est passé ? J’ai une duchesse à destitué une humaine à tuer et des nerfs à évacuer, tu as dix minutes. »

Alors qu’elle s’approchait, cherchant à calmer ses nerfs, elle ne put s’empêcher d’étudier le bandage. Si le vampire avait pris la peine de se soigner c’est que la blessure était faite par une lame d’argent et que la blessure du vampire était profonde…. Une nouvelle fois l’impératrice culpabilisa, elle se contenta alors de le remettre en place à sa manière afin de camoufler son propre ressentis :


- « Je t’avais pourtant dis de ne pas t’approcher de lui, je ne voulais que connaitre le lieu où il se trouvait rien de plus. Regarde ton état maintenant… Tu as besoin de soin ? Je dois avoir ce qu’il faut dans la chambre…. La peinture te plait ? Bon… Raconte-moi exactement ce qu’il s’est passé Dante et ce que tu comptes faire… Je suppose que je dois de l’argent, au vu de la blessure une prime serait également acceptable je pense. »

Se déplaçant silencieusement, elle ouvrit un petit coffre sur le bureau et en sortit trois bourses visiblement lourde. Emerence, contrairement à son habitude n’avait pas fait preuve de cupidité. Elle se dirigea vers Dante est déposa le tout à côté de lui, c’était à lui de voir si il voulait compter le contenu ou pas. Esquissant un sourire elle poursuivit en observant la toile, laissant échapper un aveu qui lui couterait peut-être cher :

- « J’étais inquiète. Je ne souhaite plus que tu t’occupes de cet homme. La blessure m’indique qu’il est encore vivant, tu as de la chance de l’être également. Si tu souhaites encore résider ici aussi, c’est possible. Je ne sais pas ce que tu comptes faire dans le futur. »

La jeune femme se déplaça jusqu’à son lit avant de s’asseoir dessus, elle était particulièrement nerveuse. La pression commençait à retomber doucement, mais sa colère contre certaines personnes de sa race elle ne disparaissait pas.

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Dante McAllister
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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyLun 15 Juil 2013 - 3:43

Le vampire ne fit pas attention au ton réprobateur de l'impératrice, il y était préparé. Il savait par expérience qu'un employeur dont on ne suivait pas les directives pouvait se montrer sévère, une femme que l'on contrariait était capable d'un courroux bien plus dévastateur. Le mercenaire à la chevelure d'albâtre laissa couler, il continuait d'ajouter des formes et des couleurs à son œuvre. Il maniait le pinceau et le crayon avec une dextérité qui n'avait rien à envier à sa maîtrise des armes. A sa grande surprise, le prince de la nuit décela une pointe d'inquiétude dans la voix d'Emerence. Sans détourner les yeux de son travail, il tendit l'oreille pour mieux percevoir ce timbre si particulier dans la voix de la femme. Le vampire resta muet. Il écoutait la voix de l'impératrice comme on écoute attentivement un cours d'eau ruisseler. Chaque syllabe venait taper contre ses tympans, une sensation loin d'être désagréable. Puis ce fut un son d'un autre genre qui vint remplacer la voix de l'impératrice aux yeux carmin. Le cliquetis de pièces d'or qui s'entrechoquent était parfaitement reconnaissable, une oreille experte pouvait même en donner le nombre exacte dans une bourse au bruit qu'elle faisait. Dante avait élevé cet discipline au rang d'art dont il maîtrisait si bien les techniques qu'il pouvait déduire que ces pièces avait été frappé une journée auparavant dans les fonderies de Kazad Duraz. L'impératrice vint poser les trois bourses à côté du peintre qui n'arrêtait pas son travail. Il peignait avec un acharnement tranquille, reprenant sa palette pour améliorer certaines nuances. L'artiste tenait à ce que la vie soit insufflée dans ses œuvres. L'impératrice lui fit alors un aveu. Elle confirma ses soupçons, elle s'était inquiétée pour lui. Aucune expression n'apparaissait sur le visage de Dante. Un court silence s'en suivit jusqu'à ce qu'il finisse par poser ses outils et se mette à bailler sans ménagement.
Il tourna alors lentement sa tête vers l'impératrice, ses iris azur flamboyaient. Son visage était détendu, sa voix sereine, son air tranquille :


- Tu étais inquiète ?


Le vampire se leva de son tabouret. Il amena sa main à l'endroit où tenait le bandage de fortune qu'il s'était confectionné dans l'urgence. Arrachant sans manière le bout de tissu, il découvrit un torse musculeux recouvert de multiples cicatrices. La plupart était sur le point de disparaître, atténuées grâce au métabolisme fascinant des vampires. Certaines resteraient pour l'éternité. Celle qu'il venait de se faire au flanc allait le suivre pour toujours. Tout comme l'ignoble balafre qui lui barrait le pectoral gauche, une lance en argent, souvenir laissé par un émérite chasseur humain. Ou encore la trace des crocs d'un chien galeux sur son épaule. Un lycanthrope atypique, totalement dégénéré, qui avait décidé de remplacer ses dents par des dents en argent. A chaque fois qu'il se mordait la langue, il pleurait de douleur. Il faut avouer que la morsure avait laissé un goût amer à Dante. Une sale plaie cicatrisée en forme de cratère au niveau de son abdomen, au-dessus de l'aine droite. Un elfe qui taillait les pointes de ses flèches dans de l'argent. Le mercenaire avait reçu son élogieux titre de «Boucher de la Rivière de Sang» contre un lourd tribut, les elfes ne se laissaient pas tous joyeusement décapiter. C'est sûrement un peu cliché mais les archers elfes ont cette dextérité qu'il manque aux autres races. Et même s'il y avait parmi d'autres races des archers exceptionnels, très peu pouvaient manier l'arc avec autant de grâce. Encore moins avec une flèche en acier surplombée d'une pointe en argent, trois fois plus lourde qu'une banale flèche de fer. A ces sales cicatrices on pouvait dorénavant ajouter la plaie dégueulasse qui lui couvrait le flanc droit. Si le kriss en argent était une bonne idée pour infliger des blessures ignobles, il aurait préféré que ce soit sur Hyppolite que cette entaille se fige à jamais. Il reprit la parole :


- Je suis un mercenaire, c'est mon métier, on me paie pour ça. Il n'y a aucune raison pour que tu te sentes coupable, ces cicatrices sont importantes. Elles racontent une histoire, mon histoire.


Elles lui permettaient de se souvenir de sa propre histoire. Pourquoi il se battait, comment il se battait. Ceux qui vivent par l'épée périront par l'épée avait il lu dans un livre en langue ancienne. La vie d'un bretteur était ainsi faite. On atteint son apogée, on élimine ses rivaux et les anciens maîtres puis l'on devient soit même un ancêtre mais on ne vit pas assez vieux pour transmettre tout cela à un hériter que déjà un nouveau bretteur vous sabre et vous ôtes la vie. Ce n'était pas le genre de métier où l'on mourrait de vieillesse. Le cas de Dante était légèrement à part. Il ne cessait de progresser bien qu'il puisse difficilement devenir meilleur. La fatigue ne le guettait pas, il ne connaissait ni la maladie ni la vieillesse. Il ne vivait que pour persister encore et toujours. Le combat avait donné un sens à sa vie, s'améliorer, gagner son pain avec honnêteté. La plupart des vampires ne pouvaient pas comprendre ce choix de vie. La plupart des vampires vivaient dans le luxe et l'opulence, dissimulés dans de gigantesques tours en ivoires ou alors ils s'adonnaient à leurs bassesses les plus folles pour peu qu'ils soient jeunes. Les lèvres de Dante se délièrent peu à peu, il sentait qu'il était la seule vampire à qui il pouvait faire confiance, pour l'instant :


- Tu dois t'en douter mais il y a 250 ans, avant la guerre contre les Titans, le monde était … différent. McAllister n'est pas mon vrai nom. C'est celui de ma femme. Je m'appelais Dante de Mallet, l'île de Mallet était un héritage familial – héritage sur lequel je n'avais aucune prétention et qui se résumait à trois bancs de sable et deux cocotiers que je n'ai jamais pu voir de toute ma vie. En tout cas notre nom venait de là, il marquait notre noblesse. Sache qu'il était de coutume que les nobles pourvus une descendance fournie envoient leur second fils faire une carrière militaire. Mon père fut ce second fils, avec pour seul héritage son nom de famille. C'est ce qui justifia ses … « accès de colère ».


En disant cela, Dante se souvint du passé. Sa jeunesse, lorsqu'il décida de quitter la demeure après son parricide. Il avait erré des jours durant. Accueilli par des elfes, il grandit parmi eux et appris la lecture d'anciennes runes. Des runes encore plus anciennes que certains peuples. Ils l'appelaient « Gwynbleidd », le Loup blanc, pour sa fougue et ses cheveux d'albâtres. Il se souvint de leurs chants liturgiques, la beauté de leurs voix, l'odeur enivrantes des fleurs qui bordaient la lisière de la forêt. Les elfes avaient beaucoup perdu après la guerre. Comme nous tous. L'île de Mallet, jadis connu de peu de gens, avait sombré dans l'oubli. Les terres furent dévorées par les eaux lors de la Grande Guerre. S'appeler «de Mallet » n'aurait plus aucun sens dans le monde présent. C'est pour cela que Dante changea de nom, afin de garder un souvenir éternel de son épouse. Il regarda sur le côté, fuyant pour la première fois le regard d'Emerence. Il ne pouvait pas le soutenir. Les étoiles scintillaient dans le ciel obscurci par de vivaces ténèbres. Le mercenaire ne se démonta pas pour autant et continua son laïus, il désirait expliquer à l'impératrice ce qu'il jugeait bon pour lui dans cette situation :


- L'homme que j'ai chassé, Hyppolite Nefest, je ne pensais pas le connaître. Lui en revanche, il savait qui j'étais, comment je m'appelais avant la Grande Guerre. Je pensais qu'il ne restait personne de vivant qui pouvait savoir ...


C'était peut-être les elfes, ou alors des membres de sa famille qui auraient survécu à ce fléau et aurait transmis le nom ? Les idées les plus folles lui traversèrent l'esprit. Pour une fois Dante afficha autre chose que son visage neutre ou son faux sourire, il montrait une inquiétude qui n'était pas feinte. Le vampire trifouillait dans sa fine barbe, il se grattait allègrement le menton, habitude qu'il avait lors de réflexions trop intenses. Il cherchait absolument à relier cet homme à son passé mais peu importe, il n'avait pas combattu à ses côtés et encore moins contre lui ou alors il se souviendrait d'un adversaire si tenace. Un tel regard ne s’oublie pas. Le vampire hésita à demander les conseils de la devineresse, mais il savait déjà qu'il n'obtiendrait rien de plus concernant cet Hyppolite à l'épée surmontée d'un lion d'or hurlant. Le vampire plissa le nez et fronça les sourcils, il n'arrivait toujours pas à se souvenir. En tout cas à partir de ce jour, il n'oubliera jamais ce bretteur qui était parvenu à l'entailler avec sa propre arme. Le vampire se leva puis se mit à faire les cent pas lorsque ses yeux se posèrent sur les trois bourses qui paraissaient bien lourdes. Il en ouvrit une, ses longts doigts se déplaçaient gracieusement sur le cuir et déliaient avec agilité le petit ruban qui maintenait fermé la sacoche en peau. Il sortit quelques pièces d'or qu'il fit rouler entre ses doigts puis en montra une à l'impératrice :


- Celle-ci, c'est pour le pauvre gars que j'ai éventré alors que sa lame était coincée dans la dépouille de son camarade. Celle-là, c'est pour la guerrière que j'ai égorgée. Une autre pour le sabreur que j'ai ouvert en deux et une dernière pour le borgne. Aucune remarque cinglante sur comment j'ai tué le borgne, c'est déjà assez laid comme ça de trucider un infirme dit-il un sourire mauvais aux lèvres. Je vais prendre quelques pièces en prime, je demanderai à une guérisseuse d'atténuer ma cicatrice. Je t'avais donné mon prix il y a deux nuits : 1 pièce pour chaque tête que j'aurais coupé. En revanche, la tête de cet Hyppolite te reviendra bien plus cher, Impératrice.


Dante referma la bourse et garda les quelques pièces prises précédemment, il les considérait comme son payement. L'or était précieux en ces temps de guerre, quelques pièces suffisaient largement pour bien vivre et Dante n'estima pas son temps de travail si coûteux. Il était logé, nourris, entretenu et payé. D'habitude il décrochait un salaire de misère et devait souvent courir plus de risque pour récupérer son dû que pour le gagner. Seule la chasse aux monstres rapportait de grosses sommes, mais aussi de plus gros risques. Finalement Dante n'avait eu qu'à abattre quelques sous-fifres et même si son combat contre Hyppolite fut risqué voire épique, il n'en restait pas moins que ce n'était pas compris dans la mission. Il ne pouvait décemment pas exiger d'être payé pour une bourde professionnelle. Le vampire se mit à nouveau à sourire, un sourire franc et sincère :


- Je vais rester avec toi aussi longtemps que la situation l'exigera. Tu continueras simplement à me loger et à me nourrir, c'est à cela que me sert l'or en général  et à trainer dans les bordels songea-t-il. Hyppolite Nefest … cet homme vient pour toi mais je doute qu'il me laisse tranquille pour autant. J'aurai mieux fait de m'en occuper, je n'aime pas le travail bâclé, dans ma profession c'est souvent source d'ennuis à venir.


Le vampire se déplaça d'un geste gracieux et pris place aux côtés de l'impératrice, sur le lit. Le torse toujours dénudé, il vint subtilement plaquer son bras contre l'épaule menue d'Emerence. Un fin sourire se dessinait toujours sur ces lèvres, il approcha lentement sa bouche de son oreille et lui murmura :


- Ma survie n'a rien à voir avec la chance, j'avais simplement un plus gros glaive que ton Hyppolite.


Il se recula puis se mit à rire à gorge déployée. Si effectivement il n'avait rien à lui envier en tant que bretteur, la victoire de Dante n'était peut-être pas si évidente que ça. Après tout le vieux vampire avait l'avantage du terrain, il avait fait appel à une Wyrm et possédait un don magique. Qui sait quels autres tours dissimulait Hyppolite Nefest. Dante McAllister avait sûrement eu de la chance cette nuit là, il le savait, c'est pour cela qu'il reprit l’entraînement à l'arc, à l'arbalète, à l'espadon, à toutes formes d'armes possibles et imaginables même les inventions naines les plus invraisemblables. La prochaine fois qu'il rencontrerait Hyppolite, l'un mettra un terme définitif à l'existence de l'autre. Dante savait qu'il ne devait pas le tuer pour l'impératrice, que cette dernière pourrait bien le retrouver avant lui ou que le vampire ne sera pas toujours à ses côtés. Mais si jamais il devait se représenter un jour, le vampire à la chevelure d'albâtre le livrerait prêt à subir les pires atrocités de la main de l'impératrice. La vengeance était une notion familière pour Dante.


Le vampire se perdit à nouveau dans ses pensées, mélancolique, il soupira en repensant à ces années passées dans les forêts elfiques … Les longues processions, ces femmes aux chevelures ondoyantes, aux parfums exquis et aux senteurs exotiques, ces hommes sveltes dans des tenues traditionnelles aux couleurs chatoyantes. Ils perpétuaient des rites ancestraux aujourd'hui disparus. Une certaine amertume gagna le vampire. Il est difficile de ne pas regretter l'époque passée, elle était tout aussi dégradée que celle d'aujourd'hui mais énormément de choses furent perdues à jamais. Il restait effectivement très peu de témoins de cette époque et Dante lui même n'avait finalement connu que la décadence de civilisations vouées à être décimées par le terrible fléau qu'incarnaient les Titans. Une douce brise vint lui caresser la peau, le bruissement des feuilles le fit légèrement tressaillir, extirpant le songeur à ses doux souvenirs. Il ajouta simplement : 


- Comment ça tu dois tuer une humaine et destituer une duchesse ? Ne se passe-t-il pas une seule journée sans que ton domaine ne se transforme en théâtre où se jouent de mauvaises comédies ? 


Le vampire voulait tirer au clair les autres raisons de l'état d'Emerence. Il se préparait également à répondre à certaines de ses questions : il savait qu'elle voudrait connaitre ses impressions sur Hyppolite, s'il était tel qu'elle se le représentait encore. Elle ne lui avait pas exactement dit qui il était mais Dante commençait à s'en douter.
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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyMar 16 Juil 2013 - 22:08



L’impératrice n’était plus d’humeur pour l’amusement ou le jeu, bien au contraire, le comportement des vampires autour d’elle commençait à l’agacer au plus haut point et ce manque de sévérité vis-à-vis des autres commençait à avoir des répercutions. Tout d’abord le comportement désinvolte de la future ancienne duchesse puis ensuite celui de Dante qui ne savait visiblement pas ce que signifiait le mot obéissance. Cependant, comment Emerence pouvait-elle lui en vouloir ? Il était évident que l’adrénaline d’un affrontement avec un adversaire à sa hauteur ne pouvait faire que basculer Dante dans l’affront et que le manque de connaissance sur l’adversaire n’avait pu que le faire succomber à son désir, ce que la buveuse d’hémoglobine comprenait parfaitement. En revanche les autres aveux, la dérangeaient beaucoup plus, ainsi il ne la prenait que pour un employeur sans plus ni moins, le vampire n’avait aucune once de loyauté ce qui inséra un doute dans l’esprit de l’impératrice.   Qu’est-ce qui pouvait lui certifier qu’il lui resterait loyale, en l’embauchant elle avait fait visiblement une erreur et une particulièrement lourde. Avec le contrat que tout deux avait signés, Dante allait la suivre dans la totalité de ses mouvements politiques, il allait donc être au courant de ses agissements aussi bien officielle que sous officielle, Dante allait donc pouvoir s’apercevoir à quel point Emerence pouvait être manipulatrice et cruelle. Malheureusement, la jeune femme ne jugeait plus la situation prudente, malgré le fait qu’il était évident qu’elle ne manquerait jamais d’argent pour le payer –et même en très grosse quantités-, il était beaucoup moins évident que Dante ne cherche pas à se retourner contre elle. Emerence ne put retenir un grognement à cette idée, et la nostalgie s’empara d’elle, jamais avant son rang d’impératrice la tueuse sanguinaire n’avait eu à se poser de questions. La loyauté qu’elle avait portée à son créateur, tout comme son amour n’avait jamais connu aucune faille et elle lui avait fait confiance  aveuglément, puis une fois seule, Emerence n’avait travaillé qu’avec la solitude. A présent, il lui était difficile de re-donner cette confiance à qui que ce soit et allait devoir bien faire comprendre à Dante qu’au moindre doute il perdrait la vie d’en d’atroce souffrance.

Observant les différentes blessures parcourant le torse du buveur d’hémoglobine la jeune femme ne dévoila aucune émotion, aucune grimace. Emerence avait rarement perdu un combat et n’avait donc que très peu de cicatrice physique, les siennes étaient à l’intérieure de son être et devait être peut-être même plus douloureuse. La colère de l’impératrice ne diminuait pas et se transformer même en regret contre elle-même, la jeune femme fatiguée par le poids de la solitude avait accordé un semblant de confiance à Dante et commençait à le regretter amèrement. Les lèvres d’Emerence restèrent fermées face à autant d’émotion négative. Emerence faisait le choix de laisser Dante finir ses explications, ses questions avant de lui accorder la moindre réaction. Installé sur le lit, l’impératrice écoutait donc dans un silence profond, laissant ses doigts s’entortiller dans sa longue chevelure à la couleur de la nuit. Les révélations que Dante faisait à l’impératrice la rassura légèrement, il était évident que si Dante ne lui faisait pas confiance jamais au grand jamais il ne lui parlerait de son passé. C’est donc un nouveau silence qu’Emerence écouta avec beaucoup d’attention chacune de ses paroles, réellement intéressé par la vie antérieure du sang-froid. Ainsi Dante avait eu une femme et avait choisi de prendre son nom en guise de souvenir, le vampire avait donc eu à une époque des sentiments, une vie visiblement palpitante et peut-être même une famille. Secouant doucement la tête, Emerence ne préféra pas y penser, il était encore douloureux pour elle d’imaginer comment sa vie aurait pu tourner si elle n’était pas devenu ce monstre. Il était évident que l’impératrice avait connu une évolution que beaucoup qualifierait de désastreuse voir d’inhumaine, d’une femme douce et épanouie elle était passé à une tueuse sans cœur et sans sentiments, ce qui lui convenait parfaitement.  Pour la première fois Dante fuyait le regard de l’impératrice ce qui lui arracha un sourire, sans le savoir le buveur d’hémoglobine venait de se sauver la vie grâce à cette marque de « confiance »

Doucement l’impératrice se détendit enfin, oubliant presque les comportements irrespectueux qui s’étaient joué dans son domaine. Elle afficha un sourire beaucoup plus sincère observant avec intérêt chaque comportement physique du vampire. Malheureusement pour elle, son calme ne resta pas longtemps devant les dernières révélations, Hyppolite avait effectués des recherches sur Dante et même pire que ça il avait inséré le doute dans l’esprit de celui-ci. L’impératrice se crispa prête à se relever pour faire une annonce, elle aurait voulu tout quitter pour reprendre cette chasse à l’homme, Emerence avait toujours cette même haine vis-à-vis de Hyppo’ ce qui la rendait particulièrement dangereuse. Si le vampire voulait jouer à ce jeu il n’allait pas être déçu du voyage. Le mercenaire finit par s’amuser avec les pièces d’ors, expliquant la manière dont il avait mis fin à la vie des différentes personnes, si il voulait impressionner Emerence ou faire naitre chez elle un semblant de réaction c’était un magnifique échec. La jeune ne bougea pas, passant ses mains dans ses cheveux, signe de sa réflexion, pourquoi Hyppo’ avait-il fait une recherche au sujet de Dante, le vampire se soucierait-il encore d’elle ? Rien que l’idée la répugna au   plus haut point, il était hors de question qu’elle reste sous la tutelle de qui que ce soit et encore moins de son créateur qui l’avait lamentablement abandonné à son triste sort.

Le manque d’attention pour le reste de la conversation de la part d’Emerence fut flagrant elle ne daigna même pas réagir sur le fait que Dante souhaite rester avec elle jusqu’à la mort de son Hyppolite, et après que ferait-il ? Il partirait sans donner de nouvelle, disparaissant dans la nature, tout comme lui. Lâchant un long soupire la jeune femme, finit par effectuer léger geste, signe qu’elle était encore bien vivante. Quand il vint sans s’en rendre compte, la provoquer en parlant de glaive, un humour déplacé qui normalement aurait dû la faire rire, mais la situation ne s’y prêtait malheureusement pas. L’impératrice avait simplement montré les canines, relâchant un grognement sourd qui raisonna pendant une longue minute dans sa gorge. Après avoir terminé de rire, Dante se calme enfin avant de rappeler à Emerence qu’elle avait une duchesse et une humaine à punir, soupirant la jeune femme prit enfin la parole agacé par le comportement de Dante, elle se releva nerveusement avant de s’installer face à lui en s’appuyant sur le bureau. Pour la première fois elle installa une réel distance physique entre elle et lui, cherchant certainement à se protéger du moindre sentiment –que ce soit de culpabilité ou de confiance-.

- «  Il va falloir que tu apprennes à rester à ta place Dante, ma patience n’est pas ma plus grande qualité et je pense que tu le sais déjà. Ton humour déplacé ou tes réflexions inintéressantes tu peux te les garder, je ne te paie pas pour parler. »


Cette fois-ci, Emerence avait été plutôt dur avec le sang-froid et même si ses yeux trahissaient certainement cette envie de se protéger et de mettre une réelle distance entre elle et lui. Son physique lui restait particulièrement froid et inexpressif.  

- «  Mais si cela t’intéresse, l’humaine en question est une jeune fille, de 16 ans environs. Je lui ai accordé l’hospitalité, j’avais l’intention de l’éduquer puis de la transformer. Malheureusement pour moi la nouvelle duchesse, cette petite peste de sang-pur n’a visiblement pas comprit qu’il n’y avait qu’une impératrice ici et qu’une maitre de jeu. Son comportement commence à me taper sur les nerfs et si je m’écoutais je la laisserais cuir sous les rayons du soleil, mais ce ne serait pas un agissement digne d’une impératrice. Enfin, cette femme, Amy, se permet d’être irrespectueuse et agressive. Elle n’a pas sa place dans la noblesse et va finir par attirer l’attention des autres peuples. Hors de question qu’elle foute en l’air tout mon travail et je dois admettre que je serais ravie de tuer de mes propres mains toute personne se ralliant à sa cause. Je n’ai pas de temps à perdre avec des échecs vampiriques. »  

La voix d’Emerence laissait parfaitement visiblement la haine qu’elle avait vis-à-vis de la future ancienne duchesse, cependant elle rechangea rapidement de sujet. Elle n’avait pas envie d’énoncer les différents agissements qui lui valaient la sanction. Elle reporta son attention sur Dante, histoire de lui faire comprendre son engagement vis-à-vis d’elle, cependant et contrairement à ses phrases précédentes, sa voix était plus douce, plus calme et ne sonnait pas comme une menace. :

- «  Dante, je voudrais être clair avec toi, je préfère te le dire afin que tu ne sois pas surpris. Tu as bien conscience qu’au moindre doute, ta vie éternelle ne sera plus qu’un lointain souvenir pour toi. Comme je te l’ai dit, je n’ai pas de temps à perdre avec des personnes inutiles. Pour l’instant tu me sembles être un vampire intéressant, il serait dommage pour toi de te tromper d’allié. Ceci étant dit, je ne refuse pas ta présence dans le domaine, que ce soit dans ma chambre que nous partagerons ou dans une autre, l’habitation est grande tu as de quoi visiter. »

Une fois ceci dit, Emerence laissa un léger silence s’installer entre elle et le vampire. Le laissant le temps de comprendre les différentes paroles qu’elle venait de prononcer, il lui restait deux derniers points à aborder avant de laisser à Dante la parole. Changeant doucement de comportement, passant d’un comportement froid à un agissement visiblement plus sensible, elle vint se poster face à lui afin de le provoquer –avait-elle retrouvé son humeur joueuse ?- , sa main froide câlina la joue du vampire, descendant doucement jusqu’à son torse :  

- «  Si pour toi, je ne suis que l’impératrice ou ton employeur, sache que pour moi ce n’est pas le cas. Tu n’as pas qu’un vampire parmi tant d’autre que je souhaite faire disparaitre Dante. Tu es mon jouet, tu comprends ? Mais attention pas n’importe quel jouet non, mon jouet préféré. Tu es un personnage intéressant tu sais, mais je reste certaine que toi aussi tu finiras par me trahir. Cependant je te dois quand même des explications et tu m’en dois aussi mon petit Dante. »

Arrêtant ce que certain appellerait des caresses, l’impératrice prit place à côté de lui, afin de faire des révélations beaucoup plus douloureuse.

- «  Je pense que tu n’es pas stupide et que tu as bien du comprendre qu’ Hyppolite était une personne particulière pour moi… Il a était mon créateur et bien plus que ça même…. Je ne vais pas aborder les détails avec toi, je n’en suis simplement pas capable. S’il me recherche je ne doute pas une seule seconde qu’il me trouvera et tu ne devras en rien te mêler de cette rencontre, je ne voudrais pas que tu te blesses encore. Ton magnifique corps n’attirera plus aucune courtisane à ce stade-là et que feras tu, si tu n’as même plus le plaisir de la chair ?! »

L’impératrice esquissa un sourire, tachant de contenir pour elle ses émotions et son ressentis face à l’évocation de son passé, elle termina simplement par une conclusion à voix haute :

- «  Tu es difficile à cerner Dante… J’aimerais que tu m’expliques ce que tu attends de moi, mais aussi que tu me donnes ton impression sur Hyppolite…. »

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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyVen 19 Juil 2013 - 16:40

La loyauté. Voilà un épineux problème dont nous avions à discuter. La loyauté était ce dévouement aveugle, cette passion qui ne connaissait aucune limite. Il fallait se contraindre à respecter des engagements de natures variées, à faire don de sa personne et de son temps. Dante en était parfaitement capable tant que l'argent accompagnait ce dévouement. N'était-il pas prêt à combattre des adversaires mortels pour Emerence ? N'avait-il pas fait don de sa personne et de son temps pour l'impératrice ? Ces questions n'appelaient aucune réponse. Il avait fait pour une inconnue, rencontrée au détour d'un bal sanglant, bien plus que ne l'exigeaient les convenances fusse-t-elle Impératrice. «Ni Dieu, ni maître». Le vampire ne reconnaissait point de droit positif, d'autorité hiérarchique. Seule la loi de la nature l'emportait, la loi du plus fort. Ceux qui pouvaient prendre, prenaient. Les autres pouvaient bien mourir. Il ne respectait pas les ordres d'une impératrice, il ne faisait que suivre les requêtes d'Emerence. Particulièrement irritée cette nuit là il fallait l'admettre. Si d'ordinaire les vampires appréciaient peu l'humour de Dante, trop peu raffiné pour les goûts luxueux de ses congénères, il n'imaginait pas que l'Impératrice fasse montre de tant d'indifférence et affiche même un grognement discourtois. Elle lui demanda de rester à sa place, le sermonnant comme on fait la leçon à un petit garçon. Il est vrai que malgré la différence d'âge, le vampire n'étalait pas une maturité exceptionnelle en présence de cette femme. Il pensait avoir trouvé une compagne de solitude, un sang-froid pour rire de leur infortune, le vampire se pinça les lèvres lorsqu'il comprit qu'il avait tort. Effectivement, elle ne le payait pas pour parler. Le vampire perdit son sourire, il était bien trop vieux pour se vexer. Il se contenta d'afficher un visage inexpressif, ses yeux azur avaient perdu de leur éclat, ses lèvres charnues ne remuaient plus. Le vampire à la chevelure d'albâtre suivait du regard l'impératrice. Les femmes de pouvoir avait cette tendance à se  montrer désagréables, il le savait pertinemment et en avait fait les frais pour bien moins que ça. Il remarqua dans ses yeux une lueur particulière qu'il connaissait. C'était les yeux d'un chat sauvage, un chat qui avait retrouvé sa liberté contre un lourd tribut, un chat qui en voulait au monde entier et ne faisait confiance qu'à lui même. Elle ne lui faisait pas confiance.

Le vampire écouta attentivement ce que lui disait Emerence. Il était mauvais de traiter à la légère les gens puissants. Ses paroles laissaient transparaître son désir de faire régner sa propre loi. Rien de plus naturel chez une impératrice. C'était la première fois que Dante voyait l'impératrice perdre son calme. Sa voix et le choix de ses mots trahissaient sa colère, sa haine. Cette Amy subirait bientôt un courroux dévastateur à n'en pas douter. Étonnamment, le vieux vampire fut ensuite la cible de l'intimidation d'Emerence. Peu affecté par sa voix douce, il était las de souffrir ce genre de comportement. Ne lui avait-il pas déjà dit que les gens qui vivent par l'épée ne font pas de menaces ? Ils se contentent d'écraser l'opposition. Dante vivait selon ces préceptes. Mendiants, rois, chevaliers, paysans, princes, riches marchands : une fois morts, ils ne laissent qu'un tas de viandes putrides et nourrissent les charognards. Les vivants ne pouvaient s'arroger l'autorité de la mort, c'était une chimère. Pourtant Emerence le faisait, convaincue de mettre un terme à la vie du vampire à la chevelure argenté si tel était son souhait. Il soupira discrètement, il n'en était pas à la première menace de mort. Les vampires affectionnaient par dessus tout l'autorité, la soumission, le pouvoir. Bien plus que les autres races. Tous défendaient ce système de noblesse. Dante préférait un monde soumis au droit du plus fort, un monde où le mérite amènerait la réussite et non pas la naissance, l'héritage du sang. Il avait vu trop de nobliaux, toujours attachés à leurs privilèges, se donner en pâture les uns aux autres.  Des traîtrises, des fourberies dignes des pires scélérats, la noblesse de Màvreah ne valait pas mieux que des rats. Le mercenaire ne présenta aucun signe de son dédain, surtout lorsqu'il sentit une main froide lui caresser le visage.

La carotte ou le bâton. D'un côté, elle menaçait de mettre fin à ses jours au moindre écart et de l'autre, elle le complimentait. Des compliments assez spéciaux. Peu de personnes apprécieraient d'être traitées de jouet, quand bien même on serait le jouet préféré. Faisait-il face à une princesse orgueilleuse, capricieuse, qui traitait ses sujets comme des jouets? Il ne le savait pas. Ce qu'il savait, c'est qu'elle employait les mêmes termes qu'Hyppolite. La pomme ne tombe jamais loin de l'arbre. C'est pour cette raison qu'il détestait faire affaire avec ses congénères. Des manipulateurs qui pensaient être meilleur que leur prochain sans bien-fondé. Puis vinrent les révélations, ce qui était le plus important du point de vue de Dante. D'après elle, il finirait par la trahir. Tout ce petit manège de tendresse mêlée à de l'intimidation était uniquement destiné à se protéger des autres mais surtout de lui. Se sentait-elle vulnérable au point d'être cruelle envers le mercenaire qui lui avait accordé une confiance sans limite ? Pensait-elle réellement qu'il discutait chaque nuit de son passé avec tous ses employeurs ? Les vampires étaient des créatures aveugles. Ou peut-être étaient-ce les femmes ? Ou alors seulement l'impératrice. Elle vint prendre place à ses côtés. Dante commençait à amèrement regretter d'avoir outrepassé ses fonctions dans le cadre d'une relation professionnelle. En essayant de lui montrer de l'empathie, de la faire sourire, il avait créé une situation fort complexe. L'impératrice avait l'air névrosée, incapable de se dénouer de son passé alors qu'elle lui avait conseillé de faire son deuil concernant son propre passé deux jours auparavant. Les vampires étaient incapables de vivre dans le présent.

Vint le tour des questions. Elle voulait savoir ce que le vampire à la chevelure d'albâtre attendait d'elle. Difficile d'y répondre, il ne le savait pas lui même. Ensuite Emerence voulut connaître son impression sur Hyppolite. Il lui était bien plus simple de combler ses attentes à ce sujet, son image était encore imprégnée dans son esprit. Il revoyait tout, ses yeux imbibés de sang, sa longue chevelure sombre comme le charbon, noire comme les ténèbres, ondoyante et volatile. Le seigneur de la nuit observait les étoiles dans le ciel. La vue était imprenable depuis la chambre d'Emerence, la douce brise  qui chatouillait son visage l'en convaincu, le crissement des corbeaux, le bruissement des feuilles soumises au vent. La nuit s'épaissit. Cette vision lui rappela une ancienne rengaine elfique, une leçon qu'ils lui avaient inculquée dans sa jeunesse :

- Ne confonds pas les étoiles reflétées à la surface d'un étang avec une nuit étoilée … murmura-t-il d'une voix inaudible.

Comment déceler la vérité ? Le doute voulu s'installer dans le cœur du mercenaire mais il le chassa bien vite. Ce n'était point dans ses habitudes de douter, c'était un conquérant, un guerrier. Il avait un contrat, elle le payait, il n'y avait pas à chercher plus loin. Les intrigues à la cour, les manipulations, les stratagèmes pour gagner du pouvoir. Tout cela ne le concernait pas, le répugnait, le révulsait. Il n'était pas un pion, ni une carte dans un quelconque jeu, il était hors de l'échiquier politique. Sa liberté lui était acquise. Il continuait de scruter les ténèbres, gardant cette expression neutre sur son visage. Sa voix était claire mais grave, sévère, dépourvue de la légèreté dont il faisait preuve jusqu'à présent :

- Hyppolite Nefest était tel que tu me l'as décrit : terrible, vil, sournois, un vampire ordinaire. Ce qui le distingue vient maintenant. Il est non seulement adroit à l'épée mais semble rompu aux arcanes de la magie, il est doté d'un charisme qui lui assure la sympathie de ses hommes et d'une autorité sans failles qui débouche sur une cruauté indicible. En cela il me rappelle malheureusement quelqu'un pensa-t-il.

Après tout, les vampires étaient des créatures imbues d'elles-mêmes, pour qui rien n'était sacré. Dante se cramponnait à ce qu'il restait de son humanité, il savait que parfois ses agissements étaient le signe d'une vie façonnée par la morosité, l'ennui, l'oisiveté et qu'ils le poussaient à voir le monde sous un aspect dégradé. S'il parcourait le monde à la recherche de travail, s'il se mettait au service des gens en tant que mercenaire, c'était dans l'unique but de s'épanouir, de rechercher une action effrénée, une joie de vivre depuis longtemps perdue. Son comportement ordalique était la conséquence de cette éternité. La solitude avait écorché son âme, laissant un homme âpre derrière elle. Le cynisme était sa meilleure arme, sa façon de se défendre. En cela, il ne pouvait blâmer Emerence. Il repensa alors à toutes les paroles qui avait été dites ce soir. De nombreuses choses se bousculaient dans la tête du vampire. Ses doigts vinrent gratter son menton, se glissant sous une fine barbe blanche qu'il n'avait pas eu le temps de raccourcir correctement. Ce qu'il attendait de l'impératrice était difficile à formuler clairement. Il soupira alors avant de planter un regard équivoque sur Emerence. Sa voix était sereine, confiante mais toujours aussi grave :

- Ce que j'attends de toi ? Du respect. Je ne suis pas une de tes servantes, encore moins un de tes courtisans comme cette duchesse délurée. Je suis un mercenaire à ton service le temps d'un contrat, j’exécute les ordres que tu me donnes tant que tu me paies. Il s'avère, malencontreusement, que je suis également un vampire et que, par je ne sais quel accord tacite, je te doive obéissance. Tu m'as l'air d'avoir mérité ta place en haut de la hiérarchie alors je ne viendrai jamais remettre en question ta légitimité. En revanche, ne me traite plus jamais de jouet.

Son ton était devenu aussi fielleux que celui de l'impératrice. Il n'y avait là ni menace, ni intimidation. Simplement un homme sévère pour qui les mots avaient leur importance. Son regard s'était imperceptiblement durci, mais n'affichait toujours aucune émotion. Le vampire ne tenait pas rancune pour les propos tendancieux de l'impératrice, même si cette tendance fut clairement affichée dans ses dernière paroles. Il continua de plonger ses yeux dans les siens et sans la laisser reprendre la parole, il poursuivit sur le même ton, sans faire preuve d'une hardiesse aberrante :

- Quant à te trahir, oui c'est fort possible. Tu m'as l'air d'être une brave femme, je dirais même plus, une femme exceptionnelle qui tente d'améliorer un système ankylosé, un monde sclérosé. Mais prend garde à ne pas sombrer dans l'excès, je suis assez vieux pour te dire que tu ne serais pas la première. Sais-tu ce que l'Histoire retient de Sophie-Anne ? Qu'elle fut la honte des vampires, une femme vicieuse, cruelle, sans limites. Crois-tu que si elle m'avait demandé d'égorger ma famille je l'aurais fait? Non. Trahison aurait elle alors hurlé . Infamie ! Les gens se laissent duper par le pouvoir, s'en enivrent et déchoient. Alors oui, quand tu seras devenue ce monstre sans cœur, ivre de pouvoir, chacune de mes actions paraîtra comme une trahison à tes yeux.

Le vampire ne se laissait pas déstabiliser par la situation. Sa voix ne s'était pas emportée, il était parvenu à garder un calme olympien surnaturel. Les années me direz-vous. Subtilement, son regard se fit plus expressif. Il y avait une pointe de mélancolie dans ses yeux à l'aspect humide. Sa voix, elle, ne laissait transparaître aucune faiblesse. Il poursuivit ce qu'il avait entrepris de commencer :

- Ma loyauté … n'a aucun prix, Impératrice. C'est vrai, tu m'as témoigné beaucoup plus d'attention qu'un simple inconnu en méritait. Tu m'as offert de vivre sous ton toit, dans ta propre chambre. Tu as ris à mes plaisanteries, parfois. Pourtant, je vois bien que tu ne me fais pas confiance. Comment pourrais-je être loyal envers une femme mystérieuse, menaçante, convaincue après deux rencontres que je finirais par la trahir ? Cette même femme ne cherchera-t-elle pas à se prémunir d'une hypothétique trahison ? Comment dois-je alors me comporter ? Me protéger d'une éventuelle agression basée sur une possible trahison ... le vampire cessa ces élucubrations qui faisaient tourner la tête et reprit. Je ne suis pas un vampire de haut-lignage, même humain je n'étais que le fils du cadet. J'ai de l'aversion pour ces jeux politiques ainsi que de l'hypocrisie et de la solitude qui en découlent. Je te serai loyal aussi longtemps que tu m'accorderas ta confiance.

Le vampire détourna une nouvelle fois le regard pour observer les étoiles, elle lui avait dit de ne pas se tromper d'allié et il espérait avoir alors fait le bon choix. Certes il avait tenu tête à l'impératrice, ce qui pouvait relever de l'exploit. C'était seulement dû aux égards et à son inclinaison naissante. Si il avait été indifférent, il aurait acquiescé puis feint d'être à son service. Il aurait amassé autant d'or que possible puis serait parti une nuit quelconque sur les chemins pour abandonner toute cette histoire derrière lui. Il avait l'éternité devant lui. Pourtant il avait pris position, faisant fi de son habituelle neutralité. Il n'exigea pas de preuves de la confiance de l'impératrice, il attendit tranquillement de voir si cette dernière se manifesterait ou non.  
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Emerence De Gainbourd
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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyDim 21 Juil 2013 - 19:26



Emerence s’allongea sur le lit, observant le plafond, les yeux dans le vide se demandant si son cœur aussi froid que le marbre était prêt à entendre ce que Dante allait lui révéler. Elle se souvenait parfaitement de la solitude, de la déception et du bruit de son cœur s’écroulant dans un vacarme inouïe qui avait raisonné dans son être, ça fait mal un cœur qui se brise, qui se repends, se consume sur place, ça vous détruis et ça ne se répare jamais. Emerence se souvenait parfaitement de ce qu'elle avait éprouvé. Une envie de vomir. Une envie de mourir. Une envie de le faire souffrir. Elle avait eu mal, mal comme jamais elle n'avait eu mal. C'est comme si cela avait été une addition de toutes les sortes de douleur qu'elle avait pu connaitre. La sang-froid avait suffoqué, parce qu'elle n'avait rien eu le temps de voir, rien du tout. Emerence avait cru à ses paroles, avait cru à ses actes. Il faut avouer qu'il avait joué son rôle à merveille, jamais elle n’aurait pu penser qu'il faisait tout ça en même temps, qu'il voyait toutes ces filles. Mais comment aurait-elle pu l'imaginer? Comment une personne pouvait-être humainement capable de ça? Comment était-ce possible de dire des choses, de faire des choses aussi dingues, aussi sincères et à côté de ça être le pire des cons du monde? La déception était si grande, et son sentiment de solitude si imposant que cette nuit-là la buveuse d’hémoglobine était devenue se monstre sans foi ni lois et surtout sans cœur, fuyant toute relation humainement possible.

Oui, s’était cette nuit-là qu’Emerence avait compris, qu’elle n’avait été qu’une marionnette, un pion, dans le jeu d’un vampire assoiffé de pouvoir et s’était cette nuit-là qu’elle s’était faite la promesse de devenir la vampire la plus puissante de Màvreah. L’entrainement et l’acharnement dont elle avait fait preuve pour s’en sortir, pour se renforcer pour ne plus rien ressentir avait été impressionnant et sa volonté n’avait connu aucune faille, tout ce qu’elle était, elle ne se le devait qu’à elle-même sans savoir si ce masque forgé sur sa peau était une bonne chose ou une mauvaise chose. Puisque personne ne sera jamais s’il est réellement possible de ne rien ressentir. Finalement c’est la voix de Dante se terminant dans un soupire presque inaudible qui la fit revenir à la dur réalité, Emerence était Emerence et n’était visiblement pas prête à sortir sur le personnage ou plutôt la protection imaginaire qu’elle s’était créé, de plus il n’y avait plus de retour possible, l’impératrice allait avoir des réponses sur Hyppolite, qu’elle le souhaite réellement ou pas. La voix claire du mercenaire plus sévère que d’habitude et l’absence de sa légèreté habituelle la cloua définitivement à la réalité. Le mercenaire entama les quelques révélations –qui finalement ne lui apprenait rien de plus qu’elle ne savait déjà-

Fermant les yeux, Emerence encaissa silencieusement le coup et l’élan qui heurta sa poitrine, ne fit que confirmer ce qu’elle craignait, elle n’était pas prête. Malgré les années, cette haine indescriptible qui la hantait chaque nuit depuis, Emerence ne parvenait pas à se sentir capable de faire face à cet homme qui l’avait détruite, même si c’est ce qu’elle désirait de plus au monde et qu’elle renoncerait à tout pour avoir l’espoir de le faire endurer les pires souffrances qui pouvaient exister, son esprit(ou peut-être son cœur ?) n’était pas prêt. Même si son physique ne dégageait que cette froideur qui la qualifiait si bien, ses yeux clos n’exprimaient que le néant qui la dévasté intérieurement, devant cette fragilité nouvelle (ou renouvelle). La cruauté que Dante évoqua en fin de phrase, n’était que particulièrement bien connu pour l’impératrice, elle s’en était imprégné et s’était forgé la même de façon critique pour éviter toute approche de la part de la gente masculine. A tort ou à raison tel était la question. La magie, elle, répugna comme à chaque fois qu’on l’évoquait, Emerence la comparait à une erreur des déesses.


Le silence avait fini par reprendre sa place, laissant la buveuse d’hémoglobine digérer la description de son ancien amant, difficile pour elle d’admettre qu’elle avait fini par lui ressembler tant dans sa cruauté que dans le reste. Les yeux toujours fermés et pour la première fois depuis longtemps, Emerence se sentait vulnérable et désorienté. L’impératrice espérait que Dante garde le silence qu’il cesse de parler, qu’il s’en aille afin qu’elle puisse se ressaisir. Malheureusement, le vampire ne l’entendait visiblement pas de cette oreille, ouvrant finalement à contre cœur les yeux, la jeune femme se redressa non sans difficulté, elle avait l’impression que tout son corps allait s’écrouler, pour la première fois elle ne chercha pas à tenir tête à Dante, à lui répondre, à le remettre en place ou à lutter devant l’accumulation de parole, elle se contenta de fixer un point face à elle, écoutant  tout en gardant les lèvres closes.

Dante en profita pour exprimer sa pensée, rappelant à l’impératrice qu’il n’était là que pendant la durée du contrat, si après tout cela elle ne l’avait pas encore compris… Cette fois-ci, s’était parfaitement clair, la solitude n’appelle que la solitude, il était temps qu’elle fasse le deuil d’un possible espoir de trouver une personne pour la partager. Son regard n’exprimait plus rien, véritablement éteins, le doute s’était installé en elle et les paroles du vampire venait la percuter de plein fouet, plus particulièrement sa dernière phrase. Emerence s’était réellement mal exprimé en parlant de jouet, il fallait l’admettre mais l’intention de lui faire comprendre qu’elle appréciait sa présence et sa façon d’être avait été là. L’idée qu’il pense qu’elle ne l’avait pas respecter lui tirailla le ventre, depuis qu’il avait pénétré dans le domaine l’impératrice avait effectué ses moindres demandes, certes à sa façon mais elle l’avait fait quand même. Un léger soupire s’échappa de ses lèvres, abandonnant toute forme de révolte ou de répondant.

Le mercenaire ne s’arrêta cependant pas là, n’ayant visiblement pas conscience de l’impact qu’il faisait endurer à la buveuse d’Hémoglobine. La jeune femme avait fini par détourner le regard, pour espérer trouver dans celui de Dante un peu de réconfort. Ce fut une grave erreur. Véritablement ailleurs, Emerence continua à encaisse les paroles du sang-froid, tachant tant bien que mal de garder cette froideur et cette innexpression qui la qualifiait si bien. Cependant, son comportement habituel lorsqu’elle était touché, fit son apparition et ses doigts se crispèrent sur sa tenue vestimentaire, resserrant à chacun des paroles de son interlocuteur davantage. Emerence se retrouvait face à tout ce qu’elle avait toujours voulu fuir, les sentiments, la culpabilité, les émotions. Alors que le regard du mercenaire évolua légèrement, laissant paraître une pointe d’humidité, Emerence ne tenant plus le détourna refixant un point invisible qui se trouvait face à elle. Se préparant à endurer les prochaines paroles du vampire.

Ce qu’elle redoutait arriva,  Dante toucha juste dans ses dernières paroles, il venait de la percer à jour, évoquant le fait que son comportement n’était là qu’uniquement pour se protéger elle-même du monde qui l’entourait, ce qui l’acheva définitivement pour la soirée, alors que ses mains se resserrèrent plus qu’elle le pouvait sur sa tenue, elle se leva brusquement afin de se diriger vers le balcon, ou plutôt cherchant à fuir la situation, la discussion. Son sentiment de vulnérabilité n’en fut qu’augmenté, elle était incapable de rétorquer quoi que ce soit.

Serrant la rambarde extérieure entre ses mains, Emerence cherchait à retrouver un peu de réconfort devant l'envoûtement nocturne. Mais rien ne sembla la soulager, ses yeux vibraient d’une intensité rare, cherchant une raison de ne pas libérer une goutte de leurs nectar. Doucement, la prise de ses doigts se resserrent encore sur la froideur de la pierre, l’empêchant de chuter dans la vide. Pourtant, il était évident que c’est ce qu’elle souhaitait, sauter afin de disparaître dans l’obscurité pour se défouler et éventrer la première personne qu’elle croiserait. Son silence en disait certainement long, mais elle savourait cette absence de parole de Dante. Plus longtemps il resterait silencieux, plus longtemps sa fragilité actuellement serait épargnée.


Finalement et au bout de plusieurs longues minutes, plus d’une dizaine, l’impératrice regagna la chambre, le regard vide, elle s’installa sur le bureau, ne cherchant pas à faire face à Dante ou à le regarder, le choc avait été trop rude, elle était incapable de lui tenir tête. La jeune femme voulait simplement exprimer d’une voix fragile (que le vampire n’avait certainement pas encore entendue), son point de vue qui était différent.

- «  J’ai parfaitement compris Dante, tu es un mercenaire et tant que je te payerais et que le contrat sera d’actualité tu resteras ici. Inutile de le répéter, j’ai évidemment fini par comprendre que tu partirais plus vite que ce que je n’aurais cru. »

Les lèvres d’Emerence firent une pause, cherchant les bons mots, les bonnes paroles sans risques de le froisser ou autres. Alors qu’un nouveau soupire s’échappa involontaire de sa bouche, elle finit par reprendre la parole de cette même voix sans assurances, sans jeu. A croire que sa carapace n’était plus devant la situation :

- «  Tu as l’air de penser que je viens d’un milieu supérieur que le tiens. Tu fais malheureusement erreur. J’étais humaine avant, comme toi. Certes fille d’une famille noble, mais humaine… Une jeune fille qui refusait d’épouser la personne à qui elle était promise, menant une vie inqualifiable à ses parents. Qui c’est finalement marié et qui a était incapable d’offrir une progéniture à son époux. Voilà ce que j’étais Dante. Jusqu’à que je sois transformée. »

Passant sa main sur la marque de sa morsure, l’impératrice ne put s’empêcher d’affichait un sourire discret. Malgré la tournure de son passé, elle ne regrettait rien, sa transformation avait été une nouvelle naissance plus épanouie que la précédente. Après un nouvel instant de silence elle poursuivit simplement, ne cherchant toujours pas à rencontrer le regard du vampire :

- «  Je n’ai pas eu le choix de devenir ce que je suis. Le choix que j’ai eu était simple, vidé de mon sang, je devais choisir entre mourir ou vivre en tant qu’immortel. Je pense que le choix est rapide dans la tête d’une personne agonisante. La suite tu as du la deviné, formé pour tuer, j’ai étais un simple jouet dans les mains de ce que je pensais être une bénédiction. Utilisé pour avoir toujours plus de pouvoir, de richesse, j’étais une machine à tuer, entrainé sans pause, sans répit, se satisfaisant des instants que je pensais être de l’amour. Alors, pense ce que tu veux de moi Dante McAllistair, je ne suis que le fruit de ce que le temps à fait de moi. Haïs moi, trahis-moi si tu le souhaites quand tu jugeras que je suis devenue une personne assoiffé de pouvoir. Je ne peux pas te dire que ça m’est égal, non. Mais je suis certaine que ça me renforcerait comme le reste. »

Alors que les membres d’Emerence lui indiquaient qu’elle allait finir par craquer, qu’elle avait besoin de s’effondrer, comme dans cette forêt ou elle avait fait la rencontre de cet humain serviteur d’une grande famille de vampire. Son esprit luttait pour rester inexpressif que ce soit un échec ou non.  Alors qu’un nouveau silence s’était installé, et que l’impératrice ignorait les pensées de Dante, ni même l’image faiblarde qu’elle devait dégager, elle voulait aborder un dernier point avant de sombrer dans un silence profond :

- «  Quant à Sophie-Année, je t’interdis ton bonnement de supposer ou de croire qu’elle n’était qu’une femme d’une cruauté sans limites, je t’interdis de penser qu’elle était la honte du peuple vampirique. Résiste aux souffrances qu’elle a endurait, observe la personne que tu aimes mourir sur une ile avec l’unique raison de cette mort votre couple. Vie cette amour impossible, endure les reproches et les guerres et observe suite à ça ce que tu deviendras et peut-être qu’à ce moment-là tu pourras la critiquer. Sophie-Anne avait bien des défauts, a fait bien des erreurs. Mais tout ça n’était que le reflet d’une femme abattu par les événements, qui ne cherchait qu’à se donner une raison de vivre, de poursuivre cette éternité faite de trahison qui n’avait plus aucun sens. »

Emerence s’installa finalement plus confortable sur un fauteuil de la chambre face à la porte principale de la couchette, relevant les yeux vers le vampire qui involontairement venant d’être la cause ou le témoin d’une faille de sa carapace. La jeune femme venait de relever un passé douloureux ainsi que ses pensées, véritable sans comédie ou jeu ou manipulation. L’ancienne mercenaire cherchait à trouver dans le comportement du sang-froid un signe, une raison qui la pousserait à ne pas le tuer, à ne pas regretter ses paroles. Elle ignorait ce que Dante pouvait bien représenter, elle ne savait que ce qu’elle avait vu et ce qu’il avait bien voulu lui révéler. Difficile de comprendre un vampire, difficile de comprendre ce qu’on ne souhaite pas comprendre.  

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Dante McAllister
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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyJeu 25 Juil 2013 - 2:45

Le mercenaire se pinça les lèvres. Ses paroles furent amères, elles avaient la dureté de l'honnêteté. L'honnêteté était une arme à double tranchant, Dante ne le savait que trop bien. Emerence s'était dirigée vers le balcon, elle serrait avec une poigne de fer la balustrade – le vampire le percevait à la contraction très marquée de ses avant-bras. Il ne fit aucune remarque. Ce silence permit de mettre en exergue la sérénade qui se jouait à l'extérieur du domaine. Les corbeaux croassaient, le battement de leurs ailes d'obsidienne donnait un tempo arythmique à l'ensemble. Une odeur boisée pénétrait la chambre. Les sens du vieux vampires étaient aiguisés, il suffisait d'un moment de calme pour que l'espace autour de lui délivre ses secrets. Màvreah avait cela de savoureux que ses secrets étaient multiples. Outre l'éternelle saveur de sang qui restait dans la gorge, de nombreuses effluves parcouraient l'air ambiant. Le vampire ferma les yeux. Perdu dans ses pensées, il se laissait aller à la divagation. Le sang-froid se promenait dans les méandres de son esprit. Les abysses insondables de sa psyché étaient vertigineuses, il les explorait avec appréhension. Dante McAllister savait que s'il voulait la confiance de cette femme, il aurait beaucoup à lui donner. Il ne savait pas encore s'il était prêt à un tel sacrifice. Sacrifice. Une action par laquelle on offre ce que l'on a de plus cher sans s'attendre à quoi que ce soit en retour. Un quart de millénaire. Voilà depuis combien de temps il arpentait le monde d'Ephaelya. Ce qu'il en avait retiré, c'est que s'il ne s'en occupait pas lui même, personne ne se soucierait de son bonheur. S'il donnait ne serait-ce qu'une once d'importance à autrui, alors ils finiraient pas s'en servir contre lui. S'il ne plaçait pas sa personne au-dessus des autres, les autres lui marcheraient dessus. Il n'y avait là aucune différence avec Emerence. Il connaissait ces yeux, le regard de ceux qui ont perdu la foi. La foi envers leur prochain. Malheureusement pour le vampire, le processus inverse débutait. Une entité supérieure, le destin peut-être, était à l’œuvre. Elle brisait lentement les sceaux qui enserraient le cœur du vampire, elle arrachait les chaînes qui l'offusquaient à mesure que cette conversation se prolongeait. Quelle était la source de cette douleur, une douleur lancinante, qui martelait inlassablement sa poitrine ?


Lorsque l'Impératrice prit place face à son bureau, le sang-froid releva les paupières puis posa son regard azuré sur la longue chevelure noire floconneuse  qui retombait avec élégance sur ses épaules  . Sa voix, fragile, désabusée, empreinte d'une émotion inédite, ne laissa pas le vieux vampire indifférent. Sur son visage pouvait se lire des signes d'inquiétudes. Ce n'est pas tant rester qui le dérangeait mais surtout le fait de partir qui le séduisait. C'était un homme d'aventure, un mercenaire, il ne connaissait que cette vie là. Excepté celle qu'il avait déjà perdue avant la guerre. Les révélations se firent plus directes, sans emphase, Emerence ne cherchait pas à l'émouvoir ou le duper. Elle lui présenta la vérité, brute, cruelle. Le vampire ne la lâchait pas du regard. Tous avaient connu une existence tourmentée, difficile. Tous avaient fait face à des épreuves insurmontables. Tous avaient vu leur vie changer du jour au lendemain. Les vampires transformés. Ils devaient vivre une éternité de solitude, un fardeau terrible. On les extirpait de leur milieu, ils ne pouvaient plus vivre avec les leurs, ils devenaient des parias. Dante s'était juré que jamais il ne transformerait personne, il ne haïssait personne au point de lui infliger une telle souffrance que celle procurée par la vie éternelle. Si seulement il savait ce que l'avenir lui réservait. Le vampire releva le sourire discret de l'Impératrice. Il ne savait pas comment elle avait vécu sa transformation. L'homme à la chevelure d'albâtre ne se risqua pas à poser une question indiscrète. Le regard perçant de Dante s'attardait toujours sur elle même si elle semblait fuir ses yeux. Effectivement, entre mourir ou vivre éternellement, le choix est vite fait pour un homme à l'agonie. Sur le papier, l'immortalité semble séduisante. On peut même y trouver des avantages colossaux : plus de maladies, pas besoin de se nourrir – boire du sang est un acte bien moins barbare et plus tendre qu'abattre un animal, de plus la victime peut très bien y survivre ce qui est dans l'intérêt du vampire. Ouïe surhumaine, odorat extraordinaire, vision parfaite et un corps éternellement jeune, capable de se régénérer. Ce qu'on ne nous avait pas dit, c'est que l'esprit n'était pas à l'abri de la maladie la plus mortelle qui soit. L'ennui. Souffrante de ce désespoir infini, l'âme du mort-vivant est accablée jusqu'à la fin des temps. Vivre dans un monde en perpétuel changement sans être capable de s'adapter. Tel était le destin des immortels. Bientôt la haine succède à la joie de l'immortalité. Puis cette haine finit par s'effacer et laisse le vampire las, une coquille vide dont l'existence n'a aucun sens. Emerence semblait rongée par un mal évident. La haine était encore sa motivation. Le visage du vampire se crispa, il serrait instinctivement la mâchoire. Il n'y avait aucune raison pour qu'il la haïsse ou la trahisse jusque là, il s'agissait d'exprimer son point de vue. Elle lui donnait un toit, du sang, de l'argent, un travail, de l'attention.


Ensuite la femme revint sur les paroles de Dante, le mettant au défi de supporter la violence morale qu'avait enduré l'ancienne impératrice. Le sang-froid n'était déjà plus un jeunot à cette époque là, lorsque ce fâcheux «incident» diplomatique coûta la vie à l'amour de Sophie-Anne. Cette prêtresse fut sacrifiée sur l'autel de la politique, les elfes voulurent en faire un exemple. Ce n'était pas tant la relation tumultueuse entre une impératrice dévergondée et une religieuse haut-placée qui fut sévèrement jugée mais ses conséquences en terme de politique. Des informations avaient filtré, l'autorité elfique ne pouvait laisser passer ça. Et puis il y avait les banals charognes qui faisaient semblant de lutter pour un amour passionné ou, au contraire, pour des traditions conservatrices. Aucun des deux parties ne connaissaient ces deux femmes, ils n'avaient pas à interférer ni à se mêler d'une histoire qui ne les concernaient pas. Ce fut là l'erreur des peuples. La seconde erreur fut commise par Sophie-Anne d'après Dante. Sa position d'impératrice ne devait pas lui permettre de satisfaire sa vengeance personnelle. Au-delà de Sophie-Anne, elle incarnait Màvreah, le peuple vampirique. Son erreur fut d'impliquer des vampires qui n'avaient pas à interférer ni à se mêler d'une histoire qui ne les concernaient pas. Néanmoins, Dante fut du nombre de ceux qui se battirent pour l'impératrice. Il ne fut pas dans la première vague qui infiltra les elfes mais dans la dernière qui se contenta de perpétrer un carnage répugnant. C'était son métier. Certes, Dante pouvait rechigner à accomplir certaines tâches voire dire non aux basses besognes les plus viles. C'était un mercenaire avec un certain sens de l'honneur, pas un vulgaire coupe-jarret. Mais tout homme a un prix et plus important, on ne pouvait aisément refuser à Sophie-Anne tout comme il est difficile aujourd'hui de refuser à Emerence de Gainbourg. Une autre impératrice, une autre époque. Le sang-froid suivit la créature de la nuit des yeux, leurs regards se croisèrent enfin lorsqu'elle s'installa dans un fauteuil. Lui n'avait toujours pas bougé. Il donnait l'impression d'être resté de marbre face à l'impératrice, gardant sa contenance durant la conversation. A l'intérieur, se bousculaient foules d'interrogations. Le vampire avait appris à calmer ses ardeurs et à poser une question à la fois pour obtenir ce qui l'intéressait.


Il se leva du lit puis marcha doucement vers le fauteuil. Il ne s'arrêta qu'une fois que la distance entre Emerence et lui soit la plus courte possible. Il cherchait à la noyer dans son regard, à l'attirer dans son univers, son discours n'en serait que plus probant. Le mercenaire brisa un silence qui devenait gênant avec brio :


- J'avais vu juste, dit-il avec un sourire malicieux, tu as peur. Oh la vilaine peureuse ! Envahie par le doute et le remord, elle cherche à se convaincre que ce qu'elle est devenue n'est que le fruit du temps, qu'elle n'est qu'une vulgaire poupée de cire façonnée par le destin, le jouet d'Hyppolite, son enfant et amante de la nuit qui ne connaîtra la rédemption qu'à travers la vengeance. Finalement, tu n'es rien d'autre qu'une trouillarde. Derrière tes grands airs se cache une petite fille blessée, qui s'est satisfaite d'un amour qu'elle pensait réciproque. En réalité, en parlant de Sophie-Anne, je n'aurai jamais pu trouver meilleure analogie !


Le vampire se tut après un éclat de rire franc. Progressivement, il cessa de rire puis troqua son sourire narquois contre un autre que la sang-froid ne lui connaissait pas, bienveillant, chaleureux. Le vieux vampire laissa glisser son index ganté sur la joue de l'impératrice et reprit la parole sans que ses yeux azurés n'arrêtent de la fixer :


- Tu n'es pas faite du même bois que ces vampires là, Emerence. Cet Hyppolite, il représente ce que nous sommes capables de pire. C'est un simulacre d'existence qu'il vit là. Il mourra dans une fosse, dans le purin, sans que personne ne se souvienne de lui. Quant à Sophie-Anne, crois moi, je sais ce qu'elle a enduré. Je sais ce que c'est de perdre ce qu'on a plus cher au monde. Nous sommes des vampires, des créatures éternelles. Nous voyons le monde changer autour de nous. Les mortels meurent et naissent sans que nous nous en préoccupions, comme si la mort et la vie était hors de nos considérations. Nous avons alors commencé à penser que la mort ne nous concernait plus. Pourtant chaque jour, des vampires naissent. Et chaque jour, des vampires meurent. J'ai vécu la Guerre des Titans. J'ai vu des vampires millénaires se faire faucher comme de vulgaires fétus de pailles. La mort semblait chose triviale en ces temps obscures. Je peux t'assurer que rien d'autre ne tiraillait plus mes tripes que les affres de la mort. J'étais et je reste un soldat Emerence. Je cherchais et je chercherai toujours ce que cherchent les soldats. Une mort honorable. Mon général nous avait résumé l’héroïsme en guerre ainsi : «Un héros ne meurt pas pour son camp, soldats. Il tue pour son camp. Ce soir, vous serez des héros ! ». Je ne suis pas un héros, je ne suis qu'un soldat. Mais la mort que nous réservaient les titans, il n'y avait rien d'honorable. Ma mort n'aurait rien apporté. C'est pour ça que j'ai fui. Même après m'être souvenu que si un soir, en rentrant chez moi, j'ai eu à enterrer les dépouilles mutilées, méconnaissables et en putréfaction de ma seule famille, c'était de la faute des titans, des dieux et de leurs foutus plans pour notre monde. Pourtant ma haine était immense, de l'acabit de celle de Sophie-Anne à n'en point douter. Si j'avais eu le pouvoir, des hommes à mes ordres, aurais-je ordonné vengeance ? Non. Un homme raisonnable sait qu'on ne prend pas de décision sous le coup de l'émotion. Si j'ai choisi de devenir vampire, c'était une réflexion mûrement réfléchie, c'était ma seule alternative. Je voulais obtenir une chance de lutter. C'est ce qu'aurait du faire Sophie-Anne, lutter et pas exterminer des innocents.


Le vampire avait quasiment parlé d'une traite, sans reprendre son souffle ce qui n'était pas nécessaire pour les mort-vivants. Il baissa lentement le regard, serra le poing avant d'ajouter dans un souffle :


- Moi je n'étais pas Sophie-Anne. Je n'avais pas d'armée sous la main pour me venger des meurtriers de ma famille. Je n'avais rien. Mais même ceux qui n'ont rien peuvent donner leur vie. J'ai sacrifié le peu qu'il me restait contre une éternité de souffrance, contre une chance de me faire justice. 


Le vampire croisa les bras et fit quelques pas dans la chambre, exécutant des rotations parfaitement circulaires tandis qu'il trifouillait dans sa fine barbe blanche. Il quittait rarement l'impératrice des yeux, c'était l'un de ces rares moments. Il reprit avec le même sérieux, de sa voix pénétrante, grave et suave à la fois :


- J'aimerai te dire d'oublier Hyppolite Nefest, qu'une quête de vengeance n'apporterait que de la douleur, que le succès est la meilleure des vengeances et que je resterai à tes côtés pour t'épauler jusqu'à la fin des temps. Sauf qu'on est pas dans un putain de conte de fée. Ceci est la vraie vie et dans la vraie vie, les ordures comme celle-là, on les foule à même le pied. La vengeance est la meilleure vengeance. Je te louerai mes services aussi longtemps que tu en auras besoin. On le débusquera, je l'ai fait une fois je peux récidiver, une fois que ce sera fait je m'occuperai de lui montrer qui de nous deux est l'épéiste le plus talentueux. Puis je te le laisserai, intact, tu pourras exercer ta vengeance et laisser libre cours à tes plus bas instinct. Tout ce que je te demande c'est de la mesure, on ne sacrifie pas des innocents car nous ne sommes pas comme lui, et de la confiance.


Le vampire se rapprocha à nouveau d'elle et s'accroupit pour que malgré sa stature titanesque, ils puissent se regard d'égal à égal. Il lui sourit à nouveau en ébouriffant sa longue chevelure de jais. Puis il ajouta niaisement :


- Alors comme ça tu étais mariée ? Tu parais bien jeune pour une femme au foyer. Noble en plus. Finalement on se ressemble  pensa-t-il sans le lui admettre.


Malgré la remarque cinglante d'Emerence qui lui avait intimé l'ordre de ne plus palabrer si ce n'était pour des sujets importants, Dante se sentait obligé d'être ainsi avec elle. Il sentait que s'il ne se montrait pas plus familier avec l'impératrice, il passerait à côté de quelque chose, de quelqu'un.


Dernière édition par Dante McAllister le Ven 26 Juil 2013 - 20:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyVen 26 Juil 2013 - 19:53



Anéantis, défiguré, détruite, déchiré entre deux envies, voilà ou en était l’état psychologique de la sang-froid, prête à s’écrouler, à hurler. Ses yeux restaient ouverts avec difficultés, se floutant par le manque de concentration ou plutôt par la tristesse qui l’envahissait par vague, qu’elle était incapable de contrôler. Difficilement, elle suivit des yeux Dante qui se rapprochait dangereusement d’elle, anéantissant la barrière physique qu’il restait entre eux. L’impératrice aurait voulu le repousser afin de prendre la fuite, d’éviter de se montrer faible face à ce buveur de sang qui venait de la réduire au silence, qui était parvenu à se faufiler entre ses barrières de protections. Mais que pouvait-elle faire ? Il était là juste devant elle, à la contempler de ses yeux bleus, ce qui ne donnait à Emerence que cette envie de plonger dans cet étang azur. La buveuse d’hémoglobine ne s’attendait à aucune compassion ou forme de pitié, bien au contraire, elle était certaine que comme tout vampire trouvant une faille, le mercenaire allait s’immiscer afin de la réduire en cendre définitivement. Quoi de plus normal qu’un vampire renversant le pouvoir, détruisant ou blessant volontairement. Cependant et sans réelle explication la jeune femme gardait l’espoir que Dante pouvait être différent. Malheureusement pour elle, ses premières phrases eurent l’effet d’une lame tranchante déchiquetant tout son être.

Avait-il raison ou tort, Emerence s’était-elle cachait derrière sa souffrance ? Avait-elle cherché à fuir son ressentis ? Sans aucune doute, la réalité était cependant particulière amère. Le sang-froid exagérait tout de même et ses propos ne faisaient que davantage souffrir l’impératrice qui restait enfermée dans un silence morbide. Il sublimait ses lèvres d’un sourire malicieux qui ne faisait que la faire rager intérieurement. La provoquait-il encore ? Que cherchait-il ? Le rire de Dante raisonna dans la pièce achevant psychologiquement la jeune femme. Il finit par se ressaisir pour changer de comportement du tout au tout, laissant son index gantelet effleurer sa joue, troquant son sourire narquois contre un bienveillant et chaleureux. Ce nouveaux comportement troubla Emerence, qui se contenta d’entrouvrirent les lèvres au contact du gant sur sa peau, ce geste –qui lui semblait être de l’affection- la déstabilisa. Son regard ne le quittait plus et celui de la jeune femme à la chevelure de la nuit faisait de même. Dante était quelqu’un d’envoutant, qui parvenait à troubler l’impératrice ce qu’elle trouvait particulièrement risqué.

Le vampire reprit sur son histoire personnel, revenant sur Sophie-Anne, expliquant que sa transformation était dû à son choix uniquement que c’était l’unique moyen pour lui d’obtenir vengeance. Ainsi lui aussi avait voulu se venger, certes d’une chose beaucoup plus dramatique qu’une illusion d’amour, mais il était également passé par là. Dante était contradictoire dans ses paroles, cherchant à épargner les innocents mais jouant continuellement avec le feu, refuserait-il un contrat impliquant une personne innocente ? Difficile à dire. Le vampire était décidément une personnage compliqué à cerner, aimait-il la solitude, ne l’aimait-il pas ? Avait-il des envies ou pas ? Souhaitait-il conserver une vie de mercenaire frivole ou cherchait-il beaucoup plus que ça ? Dante pourrait-il la trahir ou non ? Finalement autant de questions et plus encore qui restaient sans réponses. Une chose restait évidente, Dante troublait l’impératrice, ce qui rendait la situation complexe.

En situation d’affaiblissement, l’impératrice ne savait plus comment réagir, devait-elle s’écrouler, poursuivre dans la sincérité, devait-elle le faire s’éloigner en étant particulièrement dure avec lui ? Devant autant de possibilité, Emerence hésitait. La vampire finit par croiser les bras, faisant les cents pas dans la chambre sans perdre du regard la buveuse d’hémoglobine, avant de reprendre la parole de sa belle voix suave et sérieuse.

Une nouvelle fois, le mercenaire visa juste, avec un peu plus de vulgarité qu’à son habitude. La jeune femme se retrouva face à ce qu’elle redoutait, sa propre sensibilité, son propre attachement, sa faiblesse. Alors que l’impératrice aurait voulu se relever pour imposer une distance physique entre elle et le vampire, le mercenaire vint s’accroupir plongeant son regard dans celui de la créature nocturne. La main de Dante, vint s’infiltrer dans la chevelure sombre d’Emerence, l’ébouriffant légèrement, elle ne put s’empêcher de sourire discrètement. Il avait cette facilité à la détendre, la faire rire, malgré son âge avançait le buveur d’hémoglobine montrait un caractère enfantin, joueur. Comme ne pas rentrer dans ce jeu ? Comment ne pas lui céder ? Observant avec plus de calme et moins de réflexion Dante, Emerence ne put s’empêcher de sourire plus franchement à sa dernière remarque, décidément le mercenaire ne perdait pas le nord. Alors que le mercenaire continuait à ébouriffer la chevelure de la sang-froid, celle-ci vint attraper sa main pour le faire cesser. Prenant une légère respiration elle finit par prendre la parole, tachant de rentrer dans le jeu –si s’était un jeu- de Dante, ce qui sur le moment présent, lui paraissait bien difficile :

- « J’aimerais te retourner le compliment malheureusement tu es un peu poussiéreux. L’âge surement. Heureusement que dans ta tête tu es encore un petit garçon, cela te donne un certain charme, c’est comme ça que tu dragues les demoiselles ? »

Esquissant un sourire toujours aussi sincère Emerence relâcha la main de Dante pour venir effleurer son visage, l’esprit ailleurs, des millions de questions se bousculaient dans la tête d’Emerence, qui ne savait toujours pas qu’elle comportement adapter face à ce McAllister .

- « Tu joues à un jeu dangereux Dante, j’espère que tu en as conscience. Tu es impossible à cerner, aussi tendre et attirant qu’une lame en argent. »

Elle se leva en passant à côté du vampire, laissant sa main glisser le long de la joue du sang-froid, à son cou, jusqu’à son épaule, arrivant derrière lui, les deux mains sur chaque épaules, l’impératrice le massa doucement. Que rajouter à ses événements, la jeune femme préférait l’ignorer, passer à autre choses, faire comme-ci elle ne lui avait jamais rien dit mais sans l’oublier. Terminant son massage après plusieurs secondes, elle l’abandonna afin de récupérer un de ses soutifs dans l’armoire et de venir l’attacher autour du torse de Dante. Cherchait-elle à lui montrer qu’elle faisait attention à lui, cherchait-elle à lui montrer qu’elle pouvait apprendre à se détendre ? Elle ne le savait pas. Elle vint alors lui glisser à l’oreille, laissant sa chevelure effleurant le visage du mercenaire.

- « J’espère que tu ne pensais pas que j’avais oublié que tu voulais mettre mes sous-vêtements… A toi de savoir ce que tu veux maintenant. En parlant de ce que tu veux, m’accorderais-tu un entrainement ? Je me rouille un peu ses derniers temps et puis il est grand temps que je te remette à ta place, d’ailleurs ou est passé mon « E » ? »

Spoiler:


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Dante McAllister
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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyVen 2 Aoû 2013 - 2:40

L'éthique. C'était là un terrain tout aussi glissant que la loyauté. La science morale comme ils aimaient à l'appeler. Qui ils ? Les faibles bien sûr. Pensiez-vous réellement que les forts utiliseraient des injonctions telles que «tu ne voleras point», «tu ne tueras point» et caetera ? Ce sont les faibles, les lâches qui ont édifié cette morale car ne vous y trompez pas, les vrais mots derrière ces ordres sont «je ne veux pas être volé », « je ne veux pas être tué ». Les puissants n'auraient pas dû se préoccuper des exigences des faibles qui demandaient que les injustices leur soient épargnées. Pourtant, ils devraient le savoir : la justice n'est qu'une bêtise humaine, invention des lâches pour pouvoir s'organiser autour d'une même institution car les puissants, eux, ne connaissent que la vengeance et ne requièrent pas la justice. D'après Dante, la seule morale qui prévalait était celle du plus fort. Cela voudrait dire que seuls ses désirs devaient être réalisé pour la seule et unique raison qu'en tant qu'entité la plus puissante il était le seul capable d'ériger son propre avenir le plus à même de parvenir à créer sa réalité. C'est ainsi qu'il voyait les êtres puissants. Les faibles y verraient là une hérésie, une levée de l'anarchisme et du chaos. Évidemment, tout ce qui ne va pas dans leur sens relève de l’anarchie, de la folie et de l'injustice. Qu'ai-je le droit de faire à mon prochain ? Où s'arrête ma liberté ? Puis-je mettre un terme aux jours d'une autre créature ? Telles étaient des questions qui taraudaient l'esprit de tout un chacun, surtout celui de Dante, plus complexe et sujet aux questions d'éthique de par sa profession. Le mercenaire avait son propre code moral qui dépendait en grande partie de ses sentiments. Effectivement depuis des décennies il n'a eu de cesse de préserver son humanité. Ça ne voulait pas dire qu'il n'a jamais tué d'innocents, qu'il sauvait la veuve et l'orphelin sans exiger son dû et encore moins qu'il eu à se montrer aimable, bienveillant et philanthrope durant sa longue vie d'immortel. Il considérait que son métier n'était pas plus dégradant qu'un autre. Le chasseur tue bien des bêtes pour se nourrir, le boucher les dépèce bien pour se nourrir. Dante chassait un plus gros gibier voilà tout. Son catalogue allait du simple animal aux tueurs à gage les plus réputés en passant par des monstres légendaires qui terrifiaient paysans et seigneurs. Un mercenaire vénal mais non dénué d'un certain sens de l'honneur.


Innocent était alors un bien grand mot. Il y avait peu de gens qui méritaient vraiment de mourir et encore moins qui méritaient la vie qu'ils menaient. La grande partie se contentait de vivoter, d'exister. Abattre de telles personnes pour vivre, c'était parfois une facette de son métier. Et puis parfois il en venait à se dire que si ce n'était pas lui alors un autre le ferait. Le résultat serait le même et il n'aurait pas un sou. Les seuls que Dante épargnait sans hésiter furent – et restent, les enfants. Trop jeunes pour décider de leur sort, il ne pouvait appliquer son code à ces créatures au potentiel illimité. Et puis il ne l'avouera jamais mais il a toujours apprécié les enfants même si la réciproque ne fut pas toujours vraie. En tout cas les états d'âme du vampire s’arrêtèrent là. Pour peu qu'Emerence lui demanda de retrouver et tuer Hyppolite ou de descendre tuer le boucher du coin, une seule question méritera toujours d'être posée : Pour combien ? Sinon, le mercenaire aviserait. En parlant d'Hyppolite, le vieux vampire maugréa quelque chose dans sa barbe, des sons qui pouvaient paraître confus mais qui, une fois assemblés, donnaient quelque chose comme : «Patiente et je te servirai ses burnes sur un plateau d'argent ...». Ses divagations s'interrompirent lorsque l'Impératrice saisit sa main pour mettre un terme à son petit divertissement – caresser des cheveux soyeux était une des occupations préférée de Dante et sûrement celle qui rapportait le plus aux filles du «Refuge des Courtisanes ». Il haussa un sourcil et lui servit son sourire, acéré comme une dague, pour unique réponse lorsqu'elle lui fit remarquer qu'il était un peu poussiéreux. Le manteau sans doute, il avait plus de 200 ans. Et les cheveux blancs, même si c'était naturel. Ensuite le vampire se félicita intérieurement de troubler ainsi l'impératrice.


Elle avait du mal à le cerner ? Cela ne l'étonnait guère, parfois il avait lui-même des soucis avec lui-même. Combien de fois s'était-il réveillé une nuit en se disant : «Comment j'ai fais ça ? Et puis pourquoi ? Et me... ». Dante était un joueur, fait pour se divertir en toute circonstance et jeter un regard cynique sur la vie. Il savait qu'il jouait là une grosse partie avec un adversaire de taille. Cela rendait uniquement le jeu plus piquant que d'habitude. Elle vint le masser, doucement, de ses fines mains. On sentait l'expérience de mercenaire. Des doigts aussi affûtés que le tranchant d'un sabre, fins mais solides, souples et rigides à la fois. Il y avait une certaine dextérité dans ses mouvements qui ne laissèrent pas le vampire indifférent. Si sa constitution d'homme le lui avait permis alors il aurait piqué un fard. Il avait beau être un mercenaire aguerri, un amant aux talents éprouvés, un séducteur chevronné, il y avait quelque chose de différent en ce moment. Heureusement, c'était un vampire et le sang ne lui montait pas vraiment à la tête. Elle alla ensuite vers son armoire chercher un de ses soutiens-gorges. Le mercenaire avait jeté un vif coup d’œil, discret, à la dérobée. Il eu du mal à contenir un sourire évocateur en voyant cela. Il n'eut aucun mal à perdre ce sourire une fois qu'elle lui enfila son sous-vêtement, avec grande peine, autour du torse. Il regarda avec un air circonspect ce qui se passait. Comment devait-il prendre cette incitation a la concupiscence. C'était peut-être une sorte de test, oui sûrement. Alors le vampire adopta une posture neutre, très sérieuse avec un petit air grave tandis que son torse bombé était ceint d'un bout de tissu noir qui manquait de se déchirer à chaque inspiration. Elle lui proposa aussi de l’entraîner ce qui ne manqua pas d'éveiller la curiosité du vampire. Il était tout à fait heureux d'apprendre qu'il aurait un partenaire de valeur pour se maintenir en forme. Enfin quelqu'un qui connaissait le métier. Puis elle le demanda où se trouvait le «E » qu'elle lui avait gravé à même la chair tandis qu'il allait rôtir sur un bûcher tenu par de vieux elfes mal dégrossis. Sans hésitation aucune, le vampire se leva et mit la main à sa ceinture qu'il défit adroitement avant de montrer son dos nu à l'impératrice, recouvert de quelques cicatrices éparses et parcouru par un soutien-gorge.


Le vampire baissa son pantalon dans un cliquetis métallique, présentant un postérieur immaculé si ce n'est une emprunte noire sur la fesse droite. Un gros « E » calligraphié était apposé à même sa chair. Il s'était légèrement cambré pour mieux mettre en valeur son investissement. C'est le moment qu'avait choisi Aleyna, la fidèle servante de l'impératrice, pour faire irruption dans sa chambre la bouche en cœur. Son visage se crispa lorsqu'elle eut face le flanc d'un colosse nu, exhibant son intimité à sa maîtresse. Un long silence s'installa durant lequel le vampire jetait des coups d’œil espiègles sur Aleyna et Emerence, tour à tour. Après un court instant, il cru apercevoir les larmes monter aux yeux de la servante et ses pommettes se couvrir d'un voile rosé. Elle claqua la porte derrière elle avant de dévaler les escaliers sans s'arrêter. Le vampire avait toujours le froc baissé, seulement tenu fermement par ses deux bras aux muscles saillants. La tension sur le soutien-gorge finit par avoir raison du pauvre sous-vêtement. L'attache de ce dernier se rompit dans une déchirement sonore. Le vampire posa les yeux sur le bout de tissu qui tomba au sol en soupira. Il jeta un dernier regard malicieux à l'impératrice avant de remonter son pantalon et de boucler sa ceinture, pouffant allègrement de rire par la même occasion. Il se retourna avant de s'installer à son tour sur le confortable fauteuil où avait pris place Emerence un peu plus tôt. Le vieux vampire à la chevelure d'albâtre prit place avec une assurance maîtrisée puis haussa un sourcil en ne quittant pas l'impératrice du regard :


- Quoi ? Pourquoi tu me fais ces yeux là ? Tu voulais savoir ce que j'en avais fait, maintenant tu sais. Heureusement que je suis un vampire, vu l'aiguille du tatoueur j'ai cru que j'allais choper une infection … Enfin je t'épargne les détails dit-il après avoir fait un geste faussement négligé du dos de la main, un sourire moqueur aux lèvres.


Le vampire avait le chic pour rendre toutes les situations invraisemblables. C'était peut-être là son plus grand pouvoir. Il souffla habilement en repliant ses lèvres pour relever une mèche rebelle qui cachait ses yeux, il était temps de couper un peu ces cheveux. Il se gratta ensuite la tempe droite puis le menton, arborant une moue qui indiquait une réflexion passagère. De sa voix grave, suave et enjouée, il reprit la parole :


- On peut s’entraîner ensemble. La dernière fois j'y suis allé doucement et j'ai pas eu le temps de finir, si tu vois ce que je veux dire ajouta-t-il en mimant le moment où un elfe l'avait attrapé à travers le parquet pour l’assommer par surprise. Alors disons que j'ai une revanche à prendre.


Dante se souvenait de ce bref combat. Sa rencontre avec l'impératrice, ce qu'il avait ressenti à ce moment là. La sensation d'être vivant. Il avait naturellement défié son autorité, après tout de son point de vue ça ressemblait à des enfantillages que de menacer vainement un mercenaire assoiffé de combats. Il ne fut pas déçu par ce court mais intense échange, dans le cliquetis des armes et le hurlement des vampires. Un sourire se figea sur sa bouche tandis qu'il se perdait lentement dans les méandres de ses pensées, se remémorant avec grande joie cette soirée qui marquait son retour dans la haute société des vampires. Une belle brochette d'ordures à n'en point douter mais ils savaient payer, pour la plupart. Le vampire se leva avec vigueur avant d'effectuer le petit trajet qui le séparait d'Emerence. Là, il s'approcha d'elle, encore plus près, amenant son visage aussi près qu'il le pouvait et du moins, au-delà de ce que la bienséance exigeait. Les deux saphirs qui lui servaient d'iris absorbaient l'attention des prunelles sanguines d'Emerence. Dans un souffle, le vampire murmura à l'impératrice :


- C'est comme ça que je séduis les demoiselles …


Le vampire exhalait une odeur forte, particulière, caractéristique de sa personne. Une fragrance enivrante aux senteurs de cèdre et de musc, avec des effluves de tabac froid aromatisé aux fruits rouges. L'odeur du mâle, avec un mauvais jeu de mot, comme il aimait à le dire. En ce moment Dante confirmait les rumeurs sur les vampires qui les disaient plus séduisants que la moyenne, dotés d'un charme naturel. Son ascendance elfique n'y était pas pour rien, les mots dans sa bouche semblait être chantés, le timbre de sa voix était mélodieux, délicat et pourtant si sévère. Sans piper mot, le vampire s'approcha de la nuque de la jeune femme, l'effleurant de ses lèvres sans rien faire de plus. Ses mains enserraient gracieusement sa taille. Il entrouvrit la bouche, découvrant subtilement ses canines qui éraflaient la délicieuse chair d'Emerence. Soudain le vampire s'arrêta net et replongea son regard dans celui de l'impératrice :


- Et au cas où tu prendrais ce ton très sérieux et monocorde pour me rappeler à l'ordre en disant, je cite , le vampire prit l'air grave et contrit de l'impératrice puis se lança dans une imitation conforme à la réalité : je ne te paie pas pour ça, Dante. Rassure toi, c'est un petit bonus pour les clients plus … fidèles.


Son visage avait reprit de sa candeur. Après tout elle avait raison. Ce n'était qu'un gamin coincé dans un corps d'adulte, destiné à vivre pour l'éternité. Alors qu'un sourire ravageur ornait toujours son visage et qu'il s'apprêtait à repartir en explorer des territoires inconnues, un bruit sourd le tira de son activité favorite. Des bruits de pas. Aleyna revenait peut-être pour s'expliquer, après tout elle n'avait pas eu le temps de donner le pourquoi du comment de sa venue. La porte s'ouvrit, les yeux de Dante s'écarquillèrent. Il lâcha Emerence et bondit en arrière, vers le tabouret où il peignait plus tôt dans la nuit. Son arme s'y trouvait bien sagement. Une roulade savamment effectuée, l'arme au poing, le mercenaire pointait du bout de sa lame luisante l'homme aux longues oreilles qui se tenait sur le pas de la porte. Ce dernier possédait une longue barbe, fait rare pour les elfes de son age (il n'avait pas l'air bien vieux ce qui ne voulait pas dire grand chose pour des races comme les elfes ou les vampires). Il tenait fermement quelque chose à la main et parlait dans une langue incohérente en hurlant des sons confus. Le vampire remarqua enfin ce qu'il tenait dans la main : une noix de coco. Loin de se démonter car il avait vu des armes plus "exotiques" qu'une noix de coco, le vampire perdit son calme et se mit à rugit : 


- HEY ! Pose cette noix de coco, tu m'entends : POSE CETTE NOIX DE COCOOOOO ! Pose la hurla-t-il tandis que l'elfe continuait à se dandiner en vociférant dans une langue étrange que Dante reconnaissait car il l'avait parlé autrefois. Il tenta de communiquer : Euh ... Pose this coconuts down ! NOW ! Allez là ! 


A ce qui ressemblait à un refus de coopérer, sûrement dû à l'incompréhension générale, le vampire jeta son arme au sol pour se ruer à toute vitesse sur l'elfe qu'il plaqua au sol, épaule contre le thorax. L'individu maîtrisé lâcha son "arme contondante" sur le marbre froid de la demeure d'Emerence. Dante venait d'exécuter sa fonction de garde du corps avec brio, même si le premier assassin aux trousses de l'impératrice semblait être un elfe avec une longue barbe armé d'une noix de coco. Alors qu'il le tenait fermement, l'elfe se débattit en hurlant de plus belle puis après un faible gémissement, il disparu dans un éclair comme s'il n'avait jamais existé. Le vampire ouvrit grand les yeux, il était seul allongé sur le sol dans une position grotesque maintenant que l'ermite fou n'était plus là. Seul la noix de coco sur le sol pouvait attester de sa venue ici. Son pouvoir devait certainement être lié à la téléportation, ce qui expliquait la facilité avec laquelle il s'était introduit dans la demeure d'Emerence. Le vampire soupira, content que le détenteur d'un tel pouvoir soit simplement un dégénéré consanguin aux 3ème degré. Il se releva avec une certaine prestance puis posa les yeux sur l'impératrice qui se tenait à présent sur le pas de la porte, spectatrice de l'intervention musclée de son garde du corps. Dante prit une mine boudeuse avant d'ajouter simplement : 

- Pas de commentaire.


Certaines situations échappaient totalement à la raison.
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Emerence De Gainbourd
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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyLun 5 Aoû 2013 - 1:03




Les yeux d’Emerence ne quittaient plus Dante, la jeune femme cherchait à le comprendre, à le cerner. Son jeu l’attirait autant qu’il lui donnait envie de fuir, quoi faire, quoi dire devant cette énergumène aux charmes redoutables, aux talents affirmés et au caractère surprenant ? Même avec un soutif autour du torse, le vampire gardait sa prestance naturelle, ce qui ne faisait que sourire davantage l’impératrice. L’observant de haut en bas, ses prunelles le détaillées avec minuties, cherchant à expliquer chacune de ses mimiques, chacun de ses gestes. Le mercenaire finit par se lever, retirant sa ceinture sans aucune hésitation, devant un tel comportement le visage d’Emerence n’afficha aucune émotion, restant neutre malgré sa surprise. Examinant attentivement le dos nu du séducteur, la nouvelle représente constata que bons nombres de cicatrices parcouraient son corps, preuve ou marque des différentes batailles que le sang-froid à effectuer. Dante poursuivit son effeuillage en dévoilant son postérieur à l’impératrice, qui put également constaté qu’un « E » avait pris place sur la fesse droite de la créature de nuit. Les lèvres d’Emerence s’entrouvrirent légèrement s’apprêtant à faire entendre le son de sa voix, quand la porte s’ouvrit révélant une Aleyna outré d’un tel comportement. Fixant sa servante, l’impératrice ne brisa pas le silence lourd qui venait de s’installer et c’est sans explications que la nouvelle née quitta la chambre en claquant la porte. Les pas de la servante dévalant les escaliers raisonnèrent dans la pièce, mettant la jeune femme particulièrement mal à l’aise. Emerence ne comprenait pas forcement la scène qui venait de se jouer sous ses yeux, et appréhender légèrement la suite des événements, l’impératrice ne savait pas pourquoi son amie venait de réagir ainsi et cela avait l’air de la perturber.



Le sous-vêtement féminin qu’arborait Dante finit par lâcher également, entrainant un soupire commun aux deux vampires. Cependant, contrairement à Emerence, Dante n’en fut pas gêné ni déstabilisé il se contenta de lui lancer un regard remplit de sous-entendu, avant de se revêtir et de pouffer de rire. S’installant sur le fauteuil de la jeune femme, haussant un sourcil devant les yeux rond de l’ancienne mercenaire au tempérament de feu, le bretteur finit par reprendre la parole, expliquant qu’elle était la cause de tout ceci. Evidemment il est si simple de rejeter la faute sur les autres, plutôt que de se remettre soi-même en question, n’est-ce pas. La nouvelle dirigeante secoua légèrement la tête de droite à gauche, perplexe. Lançant encore un bref regard vers la porte qui venait de claquer, un nouveau soupire s’échappa de ses lèvres, que devait-elle faire, rejoindre Aleyna afin d’avoir des explications, rester avec Dante et attendre sagement qu’on l’éclair sur la question. S’appuyant contre le lit, la représente des vampires opta pour la deuxième solution, attendre. Détaillant le sang-froid d’un regard, plutôt froid, Emerence commençait à se demander si Dante n’était finalement pas sensible à certaine drogue. De sa voix grave suave et enjouée, le mercenaire reprit enfin la parole, afin d’accepter la proposition de l’impératrice, sous-entend même que lors de l’échange il l’avait laissé prendre le dessus. Drôle de façon de dire qu’il s’était lamentablement fait laminer par une femme et qu’il avait faillis perdre la vie sans l’intervention de la buveuse d’hémoglobine. Enfin soit, la vampire se contenta de faire un geste positif de la tête, afin de confirmer son envie d’affronter une nouvelle fois l’épéiste. Emerence, était de toute manière certaine que Dante se retrouverait vite à terre, après tout jusqu’à présent personne n’était parvenu à la battre, pourquoi est-ce que ça commencerait maintenant. Imaginant la tête du sang-froid une nouvelle fois battu, Emerence ne put s’empêcher de rire intérieurement, lui arrachant un sourire honnête. L’ancienne mercenaire se laissait glisser dans la profondeur de ses pensées, oubliant presque la présence de Dante. Celui-ci en profita pour anéantir une nouvelle fois la distance entre les deux vampires, plongeant son regard dans celui azuré de la représentante. Emerence eut énormément de mal à se reprendre et à comprendre ce qu’il lui arrivait, littéralement envouté par l’homme situé à quelque millimètre de son visage, Le souffle du vampire sur sa peau la sortit de ses pensées et sa phrase la ramena à la réalité particulièrement cruelle.


Un jeu, elle n’était qu’un jeu pour lui ou une « demoiselles » parmi tant d’autres, l’idée lui arracha un grognement. Cependant, l’impératrice n’effectua aucun mouvement de rejet, elle se contenta d’observer jusqu’où le mercenaire était capable d’aller pour son simple plaisir. Humant l’odeur qu’il dégageait, la buveuse d’hémoglobine manqua à plusieurs reprises de perdre le contrôle de la situation, tiraillé entre un désir profond et une envie meurtrière. Frissonnant au contact des canines de Dante, celui-ci passa ses mains autour de la taille de guêpe de l’ancienne mercenaire. La sang-froid se crispa, cette fois-ci elle devait réagir au risque que la situation ne se retourne contre elle. Dante ne lui en laissa malheureusement pas le temps en reprenant la parole, l’imitant. La fin de sa phrase fut de trop et c’est brusquement que la jeune femme se releva pour plaquer le mercenaire sur le lit, passant sur lui, elle dévoila deux canines parfaitement aiguisées, relâchant un grognement sourd au fond de sa gorge. Elle était très loin d’être un jouet et il allait très vite s’en rendre compte, maintenant ses deux mains de chaque côté de sa tête, Emerence dévoila cependant et malgré elle un décolleté plongeant.


Alors qu’elle rapprochait son visage de Dante pour lui montrer qu’elle pouvait pertinemment elle aussi s’amuser dans le domaine de la provocation. Des pas raisonnèrent jusqu’à l’entrée de la porte, sans avoir le temps de comprendre un elfe entra, elle se retrouva sur le sol à côté du lit, face contre terre. Grognant, prête à imposer à Dante sa façon de penser. Se relevant en se dépoussiérant, Emerence ne put s’empêcher de pouffer de rire devant la scène qui se jouait devant elle. L’arme au poing, l’air grave et agressif, le mercenaire était en train de craindre un pauvre elfe visiblement perdu à la barbe blanche, et l’air complètement dérangé… Armé d’une noix de coco. L’impératrice fut littéralement prise d’un fou rire, son rire raisonna comme jamais il n’avait raisonné dans tout le domaine alors que le bretteur lâchait son arme pour plaquer au sol l’inoffensif agresseur. Se tenant le ventre la représente s’appuya contre le lit, les larmes aux yeux, sans pouvoir cesser son rire. Pour la première fois depuis bien longtemps, son visage rayonnait et était parcouru d’un large sourire, qui laissait voir des dents blanches. Alors que l’elfe venait de disparaitre la noix de coco roula jusqu’au pied d’Emerence qui en tomba à la renverse sur la couchette, riant toujours plus fort elle ne faisait plus attention au pauvre mercenaire visiblement débité. Se redressant, Emerence fit de son mieux pour calmer son fou rire. Se penchant elle attrapa doucement la noix de coco, la faisant rouler entre ses mains. Lançant un regard évocateur à Dante, elle finit par lui lancer en rajoutant :


- « Attention elle va te manger ! »

Presque aussitôt la jeune femme repartit dans un fou rire, les larmes dévalant le long de ses joues. Elle était très loin d’oublier un jour cette événement et ne se générait pas pour le rappeler au redoutable Dante. Après plusieurs longues minutes de rire qui montaient dans les aigus, l’impératrice finit par se calmer. Elle se rapprocha doucement, se dandinant jusqu’à Dante qui portait toujours une mine légèrement boudeuse, passant sa main sur sa joue, elle le poussa de façon à ce qu’il tombe sur le fauteuil, une fois ceci fait et sans demander la permission, la buveuse d’hémoglobine s’installa sur lui. Légèrement de travers de façon à pouvoir regarder le visage du bretteur, Emerence allongea ses jambes et les replia légèrement sur l’accoudoir. Esquissant un sourire, elle finit par venir le taquiner d’une voix douce :

- « Oh mon grand protecteur, une mouche vient de rentrer dans ma chambre, j’ai peur… Sauve-moi, elle va me manger j’en suis certaine… »

Alors qu’un large sourire dessinait encore ses lèvres, elle se contenta d’une nouvelle fois effleurer son visage, poursuivant sa conversation d’une voix toujours aussi douce :

- « Ne me prend pas pour tes courtisanes mon petit vieux, je n’ai strictement rien à voir avec elles. »

Alors qu’elle approchait ses lèvres de celle du mercenaire elle dériva pour arriver jusqu’à sa jugulaire, perçant légèrement la peau froide du vampire. Laissant sa langue récolter, le précieux liquide qui commençait à perler légèrement elle finit par se reculer pour murmurer :

- « La prochaine fois que tu tentes quoi que ce soit, je t’attache sur le lit complètement nu. Je suis certaine que tu dois être une œuvre d’art intéressante à contempler. Suis-je clair ? Si tu n’es pas mon jouet alors je ne suis pas le tiens mon mignon. »

Se redressant complètement, l’impératrice passa sa langue sur ses lèvres avant de reprendre son inexpression habituelle. Si son cœur pouvait battre la chamade, il le ferait certainement à ce moment-là et si ses joues pouvaient se recouvrir d’une roseur extrême elles auraient très certainement aussi la couleur. Emerence n’avait qu’une envie, celle de céder à ce qu’une petit voix lui murmurait, mais sa raison lui permettait de ne pas céder. Plongeant son regard dans les yeux azur du sang-froid, Emerence finit par secouer la tête pour se remettre les idées en place, elle tapota la cuisse du vampire pour ajouter :

- « Après ce combat éprouvant je t’offre ta soirée si tu le souhaites. Comme ça tu pourras retrouver tes courtisanes. *elle fit une légère pause, avant de sourire en coin et d’ajouter* je devrais me trouver facilement un partenaire d’une nuit, ne t’en fais pas pour moi. »

Sa phrase était-elle justifiée par une pointe de jalousie ? Peut-être bien, ou peut-être pas, elle-même l’ignorait. Elle se contentait de rester neutre sur ce sujet. Souhaitant sincèrement comprendre le mercenaire.


Spoiler:
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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptySam 28 Sep 2013 - 17:46

«C'était comme si je revoyais le soleil après des années passées dans l'obscurité. Elle était là, ses yeux incandescents me transperçaient de part en part … Je suis un papillon de nuit. La lumière de la lune est ma seule source d'espoir. Imaginez ce qui arrive à un papillon de nuit qui trouve un astre radieux, plus puissant que ne pourra jamais l'être la lune. Effectivement, il finit consumé par son propre désir et sa vanité...»
Telles furent les paroles de Dante à propos d'Emerence de Gainbourg, Impératrice de Mavreah.


Le vampire se pinça les lèvres face à la remarque de son employeur. Il s'était fourvoyé en molestant injustement un innocent fruit. Le mercenaire grommela quelques mots pour lui même avant de froncer les sourcils. Si son zèle l'avait souvent sauvé, il lui causait parfois du tort. Il fit mine de ne rien remarquer tandis que l'impératrice s'approchait de lui, se dandinant allègrement dans sa direction. Suivant son mouvement, il accepta de s'affaler docilement sur le canapé. Sa surprise fut grande, bien qu'il la dissimula, lorsque les longs cheveux floconneux de cette femme mystérieuse vinrent lui chatouiller le menton. Sans aucune cérémonie, Emerence avait pris ses aises. Cela était loin de déplaire au vampire qui s’enivrait de son parfum et de la chaleur de son corps, enfin du peu qui pouvait se dégager d'un cadavre animé par une malédiction éternelle. «Elle est plus lourde qu'il n'y parait » se dit-il avant de sourire étrangement, certain que si jamais elle venait à entendre ses pensées par je ne sais quel moyen, il passerait l'éternité à subir un châtiment pire que la mort. Vint ensuite le temps des railleries dont le vampire savait s'accommoder, traitant finalement cette femme comme une jeune princesse. Il était en réalité bien plus vieux qu'elle. Dans le monde des vampires, l'âge et le temps n'avaient pas la même valeur que pour les mortels. Néanmoins, il ressentait une forme d'affection pour elle, quelque chose qu'il ne pouvait pas définir avec des mots. Quelque chose qu'il ne voulait pas définir avec des mots. Elle approcha ses lèvres des siennes, il sentit brièvement son souffle haletant puis son cœur cessa de battre un instant qui lui sembla durer une minute entière et durant lequel il ferma les yeux. C'est au moment où il sentit les crocs se glisser sous sa chair qu'il se mit à sourire de façon imperceptible, se moquant de sa propre fatuité. Il s'était laissé aller à son propre jeu, possédé par la fièvre de la passion il n'avait pas réussi à percer à jour l'impératrice. Finalement, il n'était pas aussi malin qu'il l'imaginait. Cela rendait simplement la situation plus intéressante. Il sentait ce corps étranger humidifier sa nuque tandis que son fluide vital s'écoulait le long de sa peau. Il ne frémit pas, son visage ne se tordit pas mais son esprit s'embrouillait progressivement.


Elle le menaça de l'attacher au lit, nu, pour contempler l’œuvre d'art qu'il pourrait être. Le vampire s'imagina totalement dévêtu, allongé de tout son long sur les parures sombres de la couche d'Emerence, une simple feuille de vigne dissimulant si peu et l'essentiel à la fois. Le vampire fit les yeux ronds, il ne s'attendait pas à ce qu'elle cesse si rapidement les festivités. L'impératrice semblait maîtriser parfaitement ses émotions et ses réactions car quand bien même une petite voix lui susurrait à l'oreille la même chose qu'à Dante, elle ne donnait pas l'impression de céder. En revanche le vieux sang-froid avait placé une muselière sur sa raison il y a déjà plusieurs siècles. Son regard igné l'était par là chaleur qui s'emparait de son âme. Il plongeait ses yeux ardents sur le corps gracile se présentant à sa vue. Un vif éclair parcouru son échine, la main de l'impératrice tapotait sa cuisse. Elle lui offrait sa soirée pour le récompenser de sa vaillance au combat, à cet instant il regarda subrepticement la plaie nette encore très apparente. Le vampire se rendit compte qu'il n'avait toujours pas enfilé de chemise. Cette pensée fut brève, presque inexistante. Et si elle le trouvait répugnant ? Bien que son corps soit finement ciselé par des années d'exercice, il n'en restait pas moins marqué par quelques cicatrices. Si une courtisane lui avait dit que les femmes préféraient, je cite, «les hommes qui ont de la gueule et qui en imposent aux petits minets », cela s'appliquait peut-être uniquement aux femmes de petite vertu. En plusieurs décennies, le vampire n'avait jamais accordé d'importance à ce genre de détails. Il n'avait d'ailleurs jamais raté une bonne occasion lorsqu'elle se présentait, qu'elle soit tarifée ou pas.  Il secoua discrètement sa tête, balançant de longues mèches blanches devant ses yeux inquiets. Le vampire fut tiré de sa torpeur une fois que la voix cristalline de l'impératrice traversa de nouveau ses tympans, s'apercevant qu'elle avait fait une courte pause durant son court égarement. Face aux mots d'Emerence, Dante eu une réaction qui pourrait sembler inhabituelle aux gens. Là où certains se seraient sentis blessés dans leur orgueil, abattus ou indifférents, lui voyait une forme de défi qui attisait la passion qu'il contenait. Le vampire se mit à fixer le visage de l'impératrice. Il la scrutait, la sondait, cherchait à pénétrer au plus profond des choses qui lui étaient encore inconnues. Sur son visage il y avait encore un sourire, différent des autres. Un sourire que peu de gens avaient déjà vu. Encore moins des femmes. Un sourire franc, empreint d'une douceur insoupçonnée. C'en était charmant venant de la part d'un mercenaire endurci, se prétendant insensible et aguerri. Sa main, qui s'amusait à faire des boucles dans la soyeuse chevelure de l'impératrice, parcourait à présent un terrain nouveau. Le vampire laissa ses doigts glisser sur la joue d'Emerence, ne cessant de l'éplucher de ses yeux bleus. Lorsque sa main eut fini de décrire une trajectoire en demi-cercle, de son tragus jusqu'à son menton, il saisit avec ménagement son fin menton entre deux doigts. Il la transperçait de son regard. Quand bien même elle était encore assise sur lui, leurs visages étaient extrêmement éloignés et si proche en même temps. Les lèvres du vampire se mouvèrent gracieusement :


- Tu as raison. M'est avis que tu vas aisément trouver quelqu'un pour te tenir compagnie ce soir. J'ai même ma petite idée sur le quelqu'un en question persifla-t-il.


Sans réellement lui demander son avis, le vampire emporta Emerence à la volée l'entourant de ses bras puissants. Certes, si un peintre un tantinet sarcastique avait peint cette scène, il l'aurait nommée «Dante et son sac à patate ». Pourtant ce n'était pas là l'intention du vampire. D'un pas de géant, s'apparentant plus à un bond qu'à autre chose, il parcouru la distance les séparant de la literie. Avec une violence agréable, si l'on peut appeler ça de la violence, le mercenaire à la chevelure d'albâtre jeta son délicat et précieux «sac à patate » sur les draps. Le corps menu de l'impératrice fit un léger bond, faisant retentir les lattes du lit. Le vampire se jeta à sa suite dans un mouvement félin malgré sa constitution imposante. Du fait qu'il la surplombait, des mèches blanches effleuraient le front d'Emerence. Le vampire ne la quittait plus des yeux. Si le fameux regard de braise est une image dépouillée de toute forme d'originalité, d'âme et de sens, on peut dire très clairement que cette expression prenait forme dans les yeux azurés de Dante. Des flammes semblaient s'animer dans ses pupilles tandis qu'il ne cessait de dévorer du regard la jeune femme. Soudain, ses yeux se détachèrent des siens. Il regarda à la dérobée le «reste» de l'impératrice, contemplant les attributs dont Mère Nature l'avait dotée. Le vampire ne parvint à se retenir de faire de l'esprit :


- Une nuit … c'est bien peu, Impératrice.


Il est intéressant de noter à quel point le fait d'appeler Emerence «Impératrice » possédait un effet aphrodisiaque chez le vieux vampire. Le sentiment de «violer» la loi, ou du moins celle qui la représentait dans sa contrée. Ou peut-être un complexe d'Oedipe non résolu car, après tout, Emerence était la Mère de tous les vampires. Trêve de psychanalyses inutiles, il n'y avait aucune pulsions intrinsèques à la nature fondamentalement sauvage de l'homme ou à sa dépravation à travers une culture de la perversion. En réalité il n'y avait là que le plus pur et le plus noble des sentiments dont chaque homme et chaque femme pouvait faire l'expérience durant sa vie. Le vampire se sentit honteux, il sentit une chaleur lui chatouiller les oreilles. On aurait dit un enfant pris sur le fait. Il détourna le regard quelques instants, continuant de se maintenir au-dessus d'elle. Ce silence pouvait être fatal, il le savait, car le charme de la brutalité et de la surprise était définitivement rompu. Après ce moment c'est elle qui ferait son choix. Pour la première fois depuis des années, le vampire fit ce qu'il convenait de faire dans cette situation.


- … solé murmura-t-il avant de reprendre d'une voix toujours aussi faible mais audible cette fois : Je suis désolé Emerence. Tu n'as rien d'une courtisane.  Encore moins d'un jouet.


Ne désirant pas se répandre en excuses plus longtemps, par honte et également par empressement, le vampire se tut. Il posa de nouveau son regard ardent dans les yeux d'Emerence. S'appuyant contre le matelas, le mercenaire à la chevelure d'albâtre commença une longue mais effrénée descente vers le visage de l'impératrice. Une fois à un niveau où l'usage voulut qu'il ferma les yeux, le vampire s'exécuta. Il savait pertinemment que l'écart entre ses lèvres et les siennes était ténu. Pourtant il avait l'impression qu'il n'y avait point d'air entre leurs chairs, seulement un vide immense, un océan sans fin qu'elle seule pouvait choisir de traverser ou non. Finalement même si le mercenaire avait accompli ce qui semblait être une prouesse, un véritable éclat d'audace, c'était à Emerence que revenait la décision finale. Elle n'avait qu'à détourner le visage et à signifier son désaccord pour que Dante s'en aille, sans lui tenir rancœur. Et elle n'avait qu'à faire un mouvement faire l'avant pour sceller leur destin à tous les deux. Le temps tressaillit. Pas Dante.
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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyLun 14 Oct 2013 - 23:03



Celui qui se perd dans sa passion perd moins
Que celui qui perd sa passion.
- Saint Augustin

- « J'en avais besoin comme de respirer, c'était vital, mais bien plus que tout ça. Bien plus important qu'un besoin d'oxygène, que des points de sutures sur des plaies ouvertes, plus important encore que l'amour, que l'amitié, que la mort, que tuer, que n'importe quoi. C'était bien en dessus de tout ça, oui, à dix mille kilomètres au-dessus. Et c'était ma passion, mon envie, mon désir. Ce qui me maintenait et me maintiendrait en vie, quoi qu'il se passe. Même si l'amour ne reviendrait peut-être plus jamais, même si l'amitié était partie.. et même si je devais passer le reste de ma vie en anonyme et  abandonner ma vengeance. »


Propos d’Emerence Gainbourd, impératrice de Màvreah au sujet d’un vampire inconnu qu’elle surnomme Papillon de nuit.

Le regard rougeâtre de l’impératrice vibrait d’une intensité encore inconnue pour cette créature de la nuit. Les yeux de la buveuse d’hémoglobine scrutaient discrètement et avec beaucoup d’intérêt le torse dénudé du mercenaire, son esprit ne vagabondait plus et aucune critique ne venait se glisser dans ses pensées. Les différentes marques du passé du sang-froid, ne rendait que plus curieuse la représente qui se retenait de ne pas suivre du bout du doigt chaque cicatrice, chaque marque encrée dans la peau du combattant. Tel un aimant, Emerence se sentait inexplicablement attirée par les différents traits du loup blanc, ses lèvres, son torse et bien plus encore. Loin d’en prendre tout de suite conscience, l’ancienne humaine se laissait presque succomber, mais sa raison la rattrapa rapidement, trouvant une excuse plus ou moins surprenante. Offrant à Dante sa soirée dont l’objectif était plus celui de l’éloigner d’elle qu’autre chose. A peine avait-elle terminé de formuler sa proposition que l’impératrice émit une légère pause remarquant que le buveur d’hémoglobine était dans ses pensées, quelques questions inquiétèrent l’esprit de la représentante qui reprit rapidement son inexpression, offrant un sourire en coin et un pique à celui qui représentait une véritable tentation. Prenant soin de maintenir les apparences, l’ancienne mercenaire scrutait le regard Azur du vampire, le laissant bien malgré elle s’amuser avec sa longue chevelure de jais. Sur le visage de Dante était apparu un sourire franc, empreint d’une douceur enivrante qui surprit presque immédiatement l’impératrice, un sourire tendre se glissa également sur ses lèvres, ébranlé par le comportement de son interlocuteur. Les doigts du sang-froid vinrent effleurer le visage d’Emerence, faisant des demi-cercles de son tragus à son menton et son regard la transperça de part en part, elle était prise au piège. Telle une proie dans une toile d’araignée se débâtant pour sa survie, l’esprit de la jeune femme se démenait pour se ressaisir, elle  devait se reprendre en main. Un bond dans sa poitrine la fit comprendre, l’étendu des dégâts et l’influence que le mercenaire avait sur elle. Perdant son sourire et fuyant le regard, les yeux d’Emerence fixèrent la dernière cicatrice du bretteur, refaisant renaître chez elle sa culpabilité et son amertume. L’impératrice s’apprêtait à se lever, terrifié à l’idée que ses craintes se réalisent, a l’idée de s’être trompé, à l’idée de pouvoir ressentir. Non, impossible elle ne pouvait pas ressentir, s’apprêtant à se redresser elle fut stoppé  net par la voix envoûtante de Dante.

Sans avoir le temps de réagir, de le faire fuir, le vampire attrapa l’impératrice et la mit sur son épaule. La tête en bas, les cheveux frôlant le sol, Emerence n’émit aucune résistance. Surprise par le comportement du bretter. Elle s’appuya sur ses mains, poussant légèrement sur le torse du sang-froid pour se redresser, relevant la tête, elle n’eut le temps que de voir son corps se faire jeter sur le lit et rebondir légèrement sous son poids. Levant les yeux vers le mercenaire, le regard montant en intensité, l’impératrice pouvait sentir une boule se former au fond de son bas ventre et augmenter devant le rapprochement du sang-froid. Doucement mais surement un rythme rapide raisonna derrière sa cage thoracique, son souffle inaudible s’accéléra, la dirigeante ne quittait plus des yeux le mercenaire, ses lèvres s’entrouvrirent et son torse se recula légèrement devant le rapprochement des deux corps. La chevelure de Dante venait à présent effleurer son front, ses petites mèches blanches et son odeur si enivrante, son regard la transperçait, l’observait sans gêne, l’analysait sans crainte. Il était tel un animal sauvage venant de trouver sa proie et donnait l’impression que rien ni personne ne pourrait le retenir, il était prêt à faire de l’impératrice ce que bon lui semblait et contrairement à son habitude Emerence restait sans réaction, sous le choc, sous le poids de ses pensées. Un filet d’air s’échappait de ses lèvres entrouvertes, des images d’un passé omniprésent, dévorant, envahissant  la submergeait. Le son de la voix du séducteur la fit revenir une fraction de seconde sur le moment présent, écoutant avec plus ou moins de calme, Emerence resta silencieuse. Savourant inconsciemment le contact physique si particulier qui se déroulait sur les draps, la chevelure de Dante venait chatouiller son visage, chacune des « respirations » de la jeune femme lui permettait de prendre une bouffé de cette odeur si agréable qu’il dégageait.  C’est dans un long soupire, qu’Emerence répondit, ou plutôt supplia Dante de cesser. Ce n’était plus un jeu, plus une façon de montrer une domination, ce n’était plus un acte par intérêt, non il s’agissait d’événement bien réel au-delà des manœuvres politiques, de la manipulation. Prise à son propre jeu, Emerence ne pouvait que s’inquiéter des conséquences.

- «  Ne fais pas ça Dante. S’il tôt plait »

Le buveur d’hémoglobine détourna le regard donnant l’impression d’être gêné, s’enfermant dans un silence et une immobilité inquiétante. L’idée d’avoir perdu, de l’avoir perdu foudroya l’esprit d’Emerence qui s’apprêtait à baragouiner des explications incohérentes. Qu’avait-elle voulu dire par « ne fait pas ça » elle-même l’ignorait. Jusqu’à maintenant elle avait bien évidemment eut des relations, enfin elle avait plutôt papillonné « de fleur en fleur », afin de passer du bon temps, mais elle avait toujours fais particulièrement attention à mettre une distance importante entre elle et son partenaire d’un soir, pas de tutoiement, pas de parole tout court même, et puis généralement… Le vampire qui lui avait servi d’objet finissait assassiné, à cause de  la culpabilité et la peur de l’attachement qui dévorait intérieurement l’ancienne mercenaire. Son passé la hantait chaque journée de sommeil elle revivait cette souffrance, cette cicatrice indélébile, chaque nuit durant ses chasses, ses assassinats n’avait que pour objectif unique de consumer sa vengeance, toujours devenir plus forte, plus puissante. Anéantir tout ce qui lui rappelait de près ou de loin à un semblant d’émotion « humain», d’ailleurs sa marque de fabrique était bien cette froideur, cette inhumanité extrême dont elle savait faire preuve. Après tout ça avait-elle réellement cessé de ressentir ou est-ce seulement une image, un masque, un propre personnage derrière lequel elle se cache et dans lequel elle c’est perdue ? La douce mélodie de Dante vint briser les pensées de la dirigeante, qui devant des excuses –chose que le vampire n’avait jamais fait- se demanda avec naïveté «  c’est tout ? ». Etrangement, le peu qu’il est dit toucha malgré elle l’impératrice qui dessina involontairement sur ses lèvres un sourire qui contrastait avec l’inquiétude de ses iris d’un rouge intense. Alors que le visage descendait dangereusement vers elle, il se stoppa et ferma les yeux, laissant le choix pour leurs deux vies à Emerence. Qu’attendait-il ? Est-ce que lui jouait ? Est-ce qu’il voulait simplement passer une nuit agréable ? Autant de question qui se bousculait encore et encore dans sa tête sans jamais trouver de réponses. Sans bouger d’un millimètre, la jeune femme laissa s’écouler plusieurs minutes qui lui semblaient être une éternité. Dans son esprit raisonnait plusieurs voix se battant en duel. La première la suppliant de reculer, de sortir de la pièce et la seconde plus douce qui se faisait entendre tel un murmure l’incitant à faire ce dont elle avait envie sur le moment sans se soucier de rien.

Doucement, Emerence se contenta d’effleurer avec beaucoup de tendresse la joue de Dante, laissant sa main remonter jusqu’à sa chevelure pour l’ébouriffer légèrement. Ses perles rougeâtres  le détaillent avec intérêt, mémorisant toujours davantage chacun de ses traits. Une guerre se jouait à l’intérieur de son être, qui se traduisait par l’humidification de ses prunelles, floutant ainsi sa vision. Inconsciemment la nouvelle représente avait rapproché son visage de celui de Dante, jusqu’à effleurer ses lèvres, sentir son souffle, entendre jusqu’à quasiment  visualiser sa circulation sanguine. Fermant les yeux involontairement elle finit par provoquer la rencontre des lèvres, afin de jouer une nouvelle danse, abandonnant ses pensées et ses doutes pour le temps d’un échange intense.  Sa main se baladait le long  du visage du vampire, le caressant avec beaucoup d’affection, avant de descendre doucement le long de sa colonne vertébrale en effectuant de léger petit rond. Les yeux clos, l’impératrice revoyait contre son gré certain évènement marquant de son passé tous lié à ce qu’elle avait été capable de ressentir par le passé. Ressentir, voilà un élément qu’elle était en train de redécouvrir, encore fallait-il qu’elle ne prenne pas la fuite.


Le contact entre les lèvres procura à Emerence une quantité de frissons impressionnants, la sensation de chaleur la fit savourer l’instant, avant de prendre conscience réellement de son acte. Brusquement elle stoppa l’échange, ouvrant les yeux, scrutant les réactions de Dante, ses traits. L’ancienne mercenaire venait de se surprendre elle-même, son cœur s’emballait, sa respiration s’était également accélérée et la boule de son bas ventre était loin de disparaitre. Elle retira doucement sa main, du corps qui ne lui appartenait pas, consciente d’avoir succombé à ce qu’elle redoutait le plus, ce qui l’effrayait le plus : les émotions, qui pour elle était une preuve de faiblesse ultime. C’est avec une voix perdue, faible et particulièrement déstabilisé qu’elle s’adressa à Dante et pour la première fois, Emerence semblait être vulnérable et fragile. Après plusieurs longues secondes de silences, de réflexion l’ancienne mercenaire fit le choix d’être honnête :

- «  Je…  Dante.. Non… Je… Ce n’est pas une bonne idée Dante. Je… Non. Ne refais plus ça… »

Il était difficile de croire réellement aux paroles que tenait l’impératrice, puisqu’en l’observant on pouvait se rendre compte avec facilité que tout son comportement physique était en contradiction avec ses propos. Ses canines venaient inconsciemment percer sa lèvre inférieure, son visage était tourné en direction du vampire tout comme son buste et son regard cherchait en lui un signe, un acte rassurant. Ses doigts entrelaçaient nerveusement les draps afin de s’occuper, avant de finalement venir retrouver le corps du vampire. Cependant, il était difficile pour l’impératrice de retenir certaines pulsions, c’est d’ailleurs plus ou moins involontairement qu’elle finit par revenir brusquement sur Dante, retournant la situation. Elle le fit tomber sur le côté afin de venir se placer sur lui, plaçant ses mains sur son torse elle finit par suivre du bout des doigts chacune de ses cicatrices. Se penchant légèrement vers lui, elle laissa sa chevelure effleurer son corps, avant de fixer ses lèvres avec envie, pour la première fois depuis plusieurs années, Emerence arrêta de réfléchir, laissant ses incertitudes pour plus tard.

- « Une nuit… C’est bien peu Dante McAllister.»

Alors que ses prunelles le scrutaient avec toujours plus d’intensités, elles semblaient également lui dire  « ne me laisse pas fuir ».  Doucement, elle approcha son visage de celui de Dante, tout en s’amusant du bout des doigts sur son torse et alors qu’elle allait succomber définitivement tout en fermant les yeux, un souvenir enfouit profondément  vint refaire surface, une image de son passé d’humaine, son mari, sa transformation, son abandon puis sa haine. En une fraction de seconde, Emerence se crispa, resserrant involontairement ses mains sur la peau du vampire, serrant relativement fort. Elle ré-ouvrit les yeux rapidement, s’apercevant de son agissement, son souffle s’arrêta une fraction de seconde, consciente de ce qu’elle était en train de faire.

- «  Qu’est-ce qu’on fait ? C’est quoi le plan là ?»

Les mauvaises habitudes d’Emerence avait fini par prendre le dessus, elle allait fuir, refuser d’admettre l’évidence. Elle ressentait et elle avait toujours ressenti des émotions, l’impératrice était perdue entre ses envies, ses désirs, ses craintes, ses faiblesses. Persuadé qu’il se servait d’elle, qu’elle n’était qu’un jeu, qu’une future conquête un peu plus complexe à atteindre que les autres. Elle se pencha doucement sur lui, laissant sa chevelure caresser les traits de son visage afin de lui murmurer d’une voix incertaine, mais plutôt violente dans ses propos qui cachait en réalité une véritable peur :

- « Alors dis-moi, tu vas t’amuser une soirée puis disparaitre ? Sauter l’impératrice, parvenir à la déstabiliser plutôt intelligent comme plan et la suite c’est quoi ? Tu me dis que tu m’aimes et on finit heureux avec beaucoup d’enfant ?  »

Il était inconcevable pour la représente d’imaginer, qu’il avait pu s’attacher sincèrement à elle, inconcevable d’admettre qu’elle avait des sentiments, elle était réduite à utiliser la dernière forme de protection, la violence verbale. Son esprit se torturait, l’obligeant à chaque fois qu’elle fermait les yeux à revivre sa pire souffrance, à admettre ce qu’elle appelait être un échec. A ressasser la manipulation qu’on lui avait infligée, la naïveté dont elle avait fait preuve par le passé.  Le mercenaire venait de réussir là où tous avait échoué, la quasi-totalité des barrières protectrices que la buveuse d’hémoglobine s’était construite avec les années étaient à terre et à ce moment précis malgré la force qu’elle voulait faire preuve, Emerence devait sembler si humaine, si douce, fragile et terriblement perdue. L’image qu’elle reflétait actuellement était très loin de la créature sans foi ni lois que tout le monde connaissait. Difficile de croire qu’une personne aussi cruelle pouvait cacher au fond une âme tellement humaine. Doucement, elle se redressa de façon à pouvoir plonger son regards dans le siens, espérant pouvoir discerner la moindre manipulation. Cependant, elle laissa les deux visages particulièrement proches, leurs lèvres ne restaient séparées que de quelques centimètres. Lâchant un bref soupire, la jeune femme sembla abandonner les armes le temps d’une phrase :

- «  Dis-moi ce que tu veux Dante, si je ne suis qu’un jeu pour toi, qu’un trophée que tu serais fière d’acquérir alors je te demande de disparaître.»

Une nouvelle fois, inconsciemment et en voulant se protéger, Emerence venait de se trahir. Est-ce qu’une personne accumulant les conquêtes s’inquiéterait vraiment de passer du bon temps avec une personne consentante sans avoir à tuer par la suite ? Certainement pas.  Une chose était en revanche certaine, c’est que Dante avait une influence sur l’impératrice et que cela pouvait être aussi dangereux pour l’un que pour l’autre. La balle venait de changer de camp et malgré le « premier pas de l’impératrice » l’issue semblait incertaine. La passe venait d’être faite à Dante et l’histoire continuait à s’écrire.


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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyLun 18 Nov 2013 - 0:46

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MessageSujet: Re: Le Lion enflammé et le Loup blanc   Le Lion enflammé et le Loup blanc EmptyLun 9 Déc 2013 - 2:08



"Les monstres et les fantômes existent.
Ils vivent à l'intérieur de nous, et parfois ils gagnent."
- Stephen King. –

Quelques temps plus tard …


Emerence s’installa à son bureau les yeux clos et encore rougit par les larmes, elle ne ressemblait plus à rien, ses cheveux long s’entremêlaient, sa peau de porcelaine était rougeâtre et toute la pièce autour d’elle était anéantis sauf son bureau ou elle s’installa pour écrire, pour exprimer ce qui la rongeait intérieurement :


- - - - - - - - - - - - - - - - -

Quand j'ai rencontré la mort, tout s'est arrêté. Mes pas, ma respiration, mon cœur et ma vie tout entière. Plus rien n'avait d'importance désormais, plus rien. Parce que je me sentais comme une coquille vide incapable de ressentir quoi que ce soit. Et je sais que je devais faire peur à voir, que mes journée sans sommeil commençaient elles aussi à se voir sérieusement sous mes yeux, que mes repas oubliés commençaient  à faire dégringoler mon poids, ma vitalité, ma force et que mon sourire s'était effacé lui aussi. Mais je ne savais pas comment faire pour aller mieux, vous comprenez, j’étais  comme prise dans un putain de cercle vicieux.  Je me sentais tellement seule si vous saviez, tellement fatiguée aussi.  Je ne trouvais que du réconfort dans celle qui m’avait emporté à cause de lui, alors je tuais sans m’arrêter, je prenais des contrats toujours plus important, toujours plus dangereux pour donner un sens à mon existence, je devenais avide de pouvoir, je ne souhaitais que m’améliorer pour pouvoir l’anéantir comme il m’avait détruite, s’était mon unique objectif.  Je suis devenue impératrice par la force des choses et par conséquence la moitié de mon objectif était rempli, j’étais surtout avide de pouvoir et toujours aussi vide, incapable de ressentir la moindre émotion. Enfin je m’interdisais toute émotion, après tout qui pourrait réellement s’intéresser à un monstre ? Une personne formée pour tuer, qui ne vit que pour ça.

Malgré cela, ma vie me convenait je ne souffrais pas ou du moins je ne pensais pas souffrir, je restais supérieur, je dominais mes adversaire et personne ne me surpassait, je sentais que je m’approchais du but et que ma vie ne tarderait pas elle aussi à s’achever, quoi de mieux qu’un magnifique finale ? J’étais la grande Impératrice, celle incapable de ressentir, la cruelle qui prônait la paix, et tous ses idiots me croyaient. Comme-ci la paix pouvait sincèrement m’intéresser, comme-ci je pouvais réellement donner la moindre importance à des peuples faibles ? Que les autres pouvaient être stupides. De toute façon j’avais mis mon cœur en grève, je lui avais dis de faire une pause, le temps de souffler, le temps de guérir et de réapprendre à vivre. J'avais mis mon cœur en arrêt comme si je l'avais déjà trop usé, comme s'il avait déjà trop morflé. Ensuite je lui avais dis qu'il devrait être plus prudent à l'avenir, qu'il devrait arrêter de tambouriner pour un rien, pour un tout. Je lui avais demandé aussi d'essayer de faire la part des choses, qu'il sache dorénavant détecter les menteurs des gens biens, qu'il sache prévenir les emmerdes. Et puis au bout d'un moment, je m’étais dis  qu'il s'était assez reposé, qu'il pouvait repartir maintenant. Je me souviens à l’époque je lui avais dis "allez mon pote, remets toi sur selle, sur le qui-vive, on va voir si ta désintox à fonctionner". Et puis, rien, il devait être trop fatigué, pas assez courageux, pas assez costaud. Et puis il n’est jamais   remonté en selle depuis. C’est à cette époque que j’ai compris que je ne ressentais vraiment plus rien, que j’étais devenu l’image que je voulais refléter, que ma carapace s’était imprégner de moi et qu’à force de haïr je n’étais plus que ça, de la haine.  

J’avais resombrer dans cette folie qui tapissait le fond de mon être et je laissais ma bête sanguinaire me contrôler, avec mon rang je pouvais faire ce qu’il me semblait bon, tuer en toute discrétion en conservant une image d’impératrice redoutable, qui savait parfaitement ce qu’elle faisait. Je mettais chaque pion en place petit à petit, et chaque individu rentrait parfaitement dans mon jeu d’échec. Je n’avais le droit qu’à 12 pièces, 12 pièces que je devais gérer à la perfection. En revanche je ne m’étais pas attendue à entendre ce boom raisonner au fond de mes entrailles à l’arrivé d’un nouveau jeu, cette bataille se combat au milieu d’autant d’ennemi avait fait naitre en moi une nouvelle flamme, de nouveau  besoin.  Il était évident que je n’allais pas laisser cette personne tout foutre en l’air, j’avais donc l’idée de le tuer, mais son allure, sa façon de se battre me fit changer d’avis, il était trop doué, trop puissant pour ne pas être utilisé. C’est là, à ce moment que je fis la deuxième plus grave erreur de ma vie en décidant de me servir de lui, de le faire devenir mon plus puissant pion. En lui sauvant la vie, je le rendais redevable, en mettant mes atouts en avant je me rendais désirable, un homme reste un homme et Dante n’échappait certainement pas la règle. Avec de l’or et des contrats il restait proche de moi et faisait ce que je lui demandais sans poser de question ce qui m’arrangeait fortement. Je ne me rendais pas compte mais je sombrer indéniablement dans ce que j’avais toujours refoulé, et puis j’ai faiblis, pour une nuit.

Cette nuit-là il m’avait mise échec et mat, me dominait ou alors on se dominait, j’avais étais incapable de lui résister, cette nuit-là m’avait réveillé, m’avait imposé une dépendance à une chose que j’avais depuis longtemps oublié. Je pensais que ce n’était qu’un moment de faiblesse mais au petit matin j’avais été incapable de le tuer comme je l’aurais fait à mes anciens partenaires d’une nuit. Au lieu de ça je n’avais fait que le regarder dormir un sourire idiot sur les lèvres, j’étais idiote de me mentir à moi-même, j’étais partie avant son réveil prétextant des impératif du à mon grade, je l’avais bien évidemment  retrouvé dans mon lit à l’heure de se coucher et pendant plusieurs cycles, plusieurs journées nos corps ne finissaient pas de s’entremêler.  C’est là que je fus obligé d’admettre la réalité je m’étais trompée et j’en étais  désolée, je pensais en  être capable mais non en fait, j'y arrivais pas. Je voulais plus faire ça, je ne parvenais plus à effacer de nouveau mes sentiments. J'avais évidemment envie qu'ils disparaissent ses sentiments et qu'ils ne reviennent jamais. Je ne voulais plus le voir, je ne devais plus le voir, je devais stopper ce cœur qui se réanimé, mais rien ne sortait, je me contentais de me laisser vivre. Je m’étais de côté la vie politique et ma vengeance  pour des entrainements à ses côtés et des journées particulièrement sportive dans la chambre. Il était mauvais pour moi, il me détruisait peu à peu mes dernières barrières et le pire c'est qu’il n'en savait rien. J'aurais dû me battre pour lui, j'aurais dû au moment où il le fallait, au moment où j’avais sentis sa lassitude. Mais j’étais  trop lâche et lui trop con pour ne pas avoir réussi à lire dans mes yeux rouges ce que je ressentais pour lui, et ce que je devais arrêter de ressentir.

Je pensais qu'on ne rencontrait personne par hasard, que s'était le destin ou quelque chose de plus profond encore qui nous poussait les uns vers les autres. Que si j’avais rencontré Hypolite s’était pour qu’il me fasse devenir un monstre. Pourtant, j'aurais préféré ne pas rencontrer certaines personnes. Mais si on les avait mises sur mon chemin, si on m'avait mise sur leur chemin c'est qu'il t’y avait une raison, c'est qu'on était censé faire quelque chose, bouleverser le quotidien. Moi je pensais que si on m'avait mise sur ta route c'est que j'y avais ma place, qu'on m'avait confié une mission : te faire aimer l'amour, me faire redécouvrir les sentiments, que cela voulait dire « stoppe Emerence, c’est fini profite. Ta vengeance n’a plus de sens à présent » Mais j'ai échoué ou alors je me suis trompée de mission, la mienne était surement : "tu ne seras qu'un courant d'air dans sa vie et il te renforcera encore plus, te détruira définitivement pour avoir récidivé ». En fait il ne devait être qu’un test pour moi, une épreuve que j’ai lamentablement échouée et ma fait complétement re-sombrer.  C’est ainsi que je devrais terminer ma phrase, c’est ainsi que je devrais terminer ce journal qui restera après ma mort, mais je n’en ai pas envie. Je laisse ce qui m’entoure se détruire, je ne veux plus avancer, mes erreurs ne m’ont rien appris et je suis devenue ce que je hais le plus, une personne faible.


Un sursaut, voilà ce qu’il me reste, des mauvais rêves. Je suis seule dans mon lit cette journée encore et tu ne viendras plus. Cela fait des cycles que ça dure et ce n'est pas prêt de s'arrêter. Un sursaut, deux mains jointes et des larmes. Encore et toujours. Il y a toujours cette sensation de présence qui flotte autour de moi, cet arrière-goût amer d'inachevé au fond de la gorge! Que fait-il de nous, de moi? De ses mots? Je voudrais qu’on me dise que tout ça n’a pas existé, que je ne fais que rêver, que je n’avais pas vécu tout ça mais… Il était bien là ce soir-là!  Il me manque je dois l’admettre, c’est terrible. Je ne vie plus, je survie, comme avant. Je tue, je me venge sur tous ses couples, je fais couler le sang et je disparais de la vie politique. C'est une lutte permanente contre son absence. Dire que je…. ? Oui.  Mais là, là maintenant que fait-il ?  Je n'ai rien oublié. Je n'oublierais sans doute jamais rien. Je ne rechuterais plus, je m’en fais la promesse. Je vais tout quitter partir, j’ai besoin de sang, j’ai besoin de la mort pour m’apaiser. Tout ce que je veux c'est passer à autre chose, c’est me venger et disparaitre.

Je vais oublier la parenthèse, je vais l’oublier. Ils ne sont pas différents, il est comme lui…. J’ai étais faible et lâche et puis… Comment pourrait-il  me manquer? Ce n'est pas comme si on avait des tonnes de souvenirs de nous deux, quelques-uns c'est sûr, dans cette chambre par exemple, ou ce jardin où l'on s’est entrainer pendant des heures alors qu'il faisait une température à geler. Mais rien de plus, mon domaine ne s'est pas imprégné de lui, et j'ai peut être laissé quelques souvenirs ici, mais rien de plus. Je ne pleurerai pas pour nous parce qu’il n’y a jamais eu de nous pas vrai ? Je ne pleurerai pas.. Nous n'avions rien d'un couple, c'était tout le contraire comment est-ce que je n'ai pas pu m'en rendre compte plus tôt, nous étions la parfaite adéquation, le parfait inéquilibre. Pourquoi alors? Je me le demande chaque heure de chaque jour.  Comment arranger tout ce massacre? Et puis comment je vais m'en sortir de tout ça hein? Est-ce qu'au moins j'en sortirai? Je n’ai pas le choix.
Tous mes efforts, toutes mes stratégies sont mises en échec à cause de lui. Il me le paiera.


Échec et Mat

- - - - - - - - - - - - - - - -  


Emerence déchira la page de son journal et la plaça juste au-dessus de la flamme de sa bougie avant de la regarder brûler.  A l’intérieure de son journal une seule nota resta  «  il ne s’agit plus d’une vengeance. Il s’agit de redevenir un monstre en priorité. Je ne retomberai plus jamais dans cet échec je vais trouver un moyen de respecter cette engagement. »

L’impératrice se releva, sortit de son domaine par le balcon afin de faire l’unique chose qui la soulageait même si ça voulait dire disparaître de la vie politique durant un moment.


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