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 Disparitions inquiétantes.

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Eréria Chenarimir
Ephaëlyen débutant
Eréria Chenarimir

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MessageSujet: Disparitions inquiétantes.   Disparitions inquiétantes. EmptyVen 21 Mar 2014 - 17:07

La disparition de quelques humanoïdes était chose courante sur les Terre Ephaëlyennes, un accident ; une chasse qui tourne mal ; une curiosité mal placée ; un choix peu avisé ; ou parfois juste devenir le repas d’une autre créature peuplant ces contrées. Eréria connaissait la fragilité de la vie sur ce pays et ne s’en inquiétait pas outre mesure, telles étaient les lois régissant les différentes régions. Pourtant, depuis quelques temps à la Cité de l’Aurore, le nombre de disparus augmentait de manière alarmante et de nombreuses rumeurs circulaient sur toutes les bouches de la grande ville : bête sanguinaire, vampire nouveau-né incontrôlable, endoctrinement dans une secte ; complot à grande échelle et bien d’autres choses encore plus invraisemblables et rocambolesques. La jeune femme aux grands yeux verts s’inquiétait, comme beaucoup d’autres, de ce nombre important de disparitions. Non pas en se demandant si elle serait la prochaine, ou bien un proche : elle n’en avait pas. Mais elle appréciait tout de même les habitants de la Cité de l’Aurore... De manière tout à fait discrète, elle s’était décidée à enquêter sur cette affaire au départ par simple curiosité et acquis de conscience, mais elle était loin de se douter de la tournure que prendraient les évènements. L’archère avait d’office écarté les hypothèses les plus scabreuses, ne se focalisant que sur les plus probables : une bête sauvage de grande taille et affamée ou bien un nouveau-né ne sachant contrôler ni sa soif ni ses pulsions sauvages. L’un dans l’autre, chacune de ses options lui aurait convenu et aurait été un problème relativement simple à régler en comparaison de ce qu’elle allait découvrir par la suite.

Connaissant bien les forêts qui bordaient la cité et ayant l’habitude de les parcourir depuis des années à pied pour se procurer du gibier La Chasseresse pourrait relever sans peine les traces d’une créature qui viendrait de s’installer dans les environs. Avoir Freya, la puissante fenrir à ses côtés était un atout majeur : son odorat et son ouïes puissamment développés apportait une sécurité incomparable à la jeune femme. Cela faisait un moment que l’humaine et la louve géante se côtoyaient, et s’apprivoisaient l’une l’autre. Une compréhension mutuelle se mettait en place naturellement ainsi qu’un lien durable et solide. Depuis plusieurs jours Eréria parcourait juchée sur le dos de sa compagne les bois sans rien relever qui sorte de l’ordinaire. Elle aperçut du coin de l’œil un mouvement furtif et lança d’une simple pression des jambes Freya qui s’élança avec joie, ayant reconnu avec appétit la bête qu’elles pourchassaient : une biche. En pleine course l’archère banda son arc et lâcha son trait mortel sur la bête qui s’écroula. Elles avaient besoin d’un bon repas ainsi que d’un peu de repos. Prélevant une infime partie de l’animal afin de le faire cuire pour ses propres besoins, la Chasseresse laissa le reste de la carcasse à une Freya salivante, non sans la gratifier d’une caresse amicale. Leur festin terminé, la magicienne sortit de son paquetage une couverture légère mais chaude, les nuits étant encore fraîches pour la saison et s’installa contre le flanc chaud de sa blanche compagne qui enroula sa tête contre elle.


Je pense que nous allons pouvoir rentrer Freya, il est évident que ce n’est pas un animal sauvage qui provoque toutes ces choses : il n’y a aucune trace. A la réflexion, il ne peut non plus s’agir d’un nouveau-né : il ne camouflerait pas son passage s’il est en proie à la bête qui sommeille en lui. Il faut que je cherche ailleurs.

La louve se contenta de répondre par un grognement ensommeillé et repu.

[…]

De retour à la Cité de l’Aurore l’archère fut immédiatement assaillie par Ophélie, une personne chez qui elle avait habité un temps pendant que son mari se rétablissait. La pauvre femme semblait agitée et avait les yeux rougis par des pleurs qu’elle n’avait pu retenir. Elle s’accrocha au bras d’Eréria qui prit soin de museler immédiatement la puissance électrique sous-jacente parcourant son corps : il était hors de question de faire goûter à cette mère de famille son don magique.


Eréria, les Dieux soient loués, tu es enfin de retour ! Doroon, mon fils. Doroon a disparu.

Le pauvre garçon était le plus jeune des trois enfants de ce foyer, il était âgé d’environ une huitaine d’année. Les cheveux d’un noir de jais et les yeux d’un bleu intense, profond. Le garçonnet était doté d’un esprit rieur et charmeur. La jeune femme sentit son cœur se serrer quelque peu. Elle avait beau garder ses distances avec ses comparses elle n’était pas insensible.

Je sais que tu es parti chercher des informations au sujet de ces disparitions, ce serait bien dans ta nature !

Eréria se dégagea avec douceur. Je suis désolée, je n’ai absolument rien trouvé. Tout ce que je puis affirmer c’est qu’il ne s’agit ni d’un animal ni d’un vampire.

Bête sanguinaire, vampire quelle différence ? Le visage de la femme affichait un profond dégoût en rapport avec le ton qu’elle venait d’utiliser.
L’archère se contenta de soupirer et hausser légèrement les épaules, il était inutile de faire valoir son point de vue tant les habitants d’Oryenna étaient butés sur ce point. Une querelle stérile n’aurait de plus pas fait avancer les recherches pour le moment infructueuses de la jeune femme aux yeux d’émeraude, qui préféra ramener la conversation à son point de départ : Doroon.


Quand ton fils a-t-il disparu ? Et où ?

Hier soir, je suis allée chercher du pain et de la viande, il m’accompagnait mais est resté joué dehors pendant que je payais le boulanger, lorsque je suis ressortie il n’était plus là, je l’ai cherché dans tous le quartier sans le trouver.

Bien, as-tu prévenu la garde ?

Non, j’attendais ton retour. J’espérais que tu aies des informations.

Ecoute, je ne fais pas partie des soldats et si je suis sortie c’était dans l’unique espoir de traquer un animal inconnu. Il s’avère que ce n’est pas le cas et ceci dépasse de loin mes compétences. Va trouver la garde et signale leur tout simplement que la Chasseresse est formelle : il ne s’agit ni d’un vampire ni d’un animal affamé.

Mais…

Je ne peux rien faire de plus
, coupa sèchement l’archère. Dépêche-toi, chaque minute compte.

Des larmes dans les yeux Ophélie s’éloigna en trottant. Eréria était en proie à une colère sourde et froide. Ses ongles lui rentraient dans la chaire de ses paumes, ses mains serrées montraient toute la tension qui habitait l’être de la jeune femme et un pli soucieux lui barrait le front. Un léger gémissement lui remit les pieds sur terre : la louve qui l’a suivait de près s’inquiétait de son immobilité.

Rentrons à l’auberge nous reposer. J’ai besoin de calme pour réfléchir à ce qui se trame ici.

Il était évident qu’elle ne laisserait pas le jeune garçon tout seul, ainsi que les autres disparus, mais elle ne pouvait le faire de manière officielle. En premier lieu parce qu’elle détestait les règlements et en second lieu parce qu’elle chérissait sa liberté et son indépendance. Si elle indiquait clairement ses intentions, elle ne pourrait plus jamais être tranquille et serait importunée sans arrêt par de nombreuses demandes d’aide.
Assise sur une chaise solide devant sa table Eréria réfléchissait aux éléments qu’elle avait en sa possession : Il n’y avait aucun lien entre les victimes, enfants, adolescents, jeunes gens, vieillards, hommes et femmes. Aucun rapport non plus entre les milieux économiques d’où provenaient les humains. La seule certitude qu’avait la jeune femme était que ces victimes semblaient être choisies au hasard. Un unique rapprochement pouvait être fait pour le moment : selon les différents témoignages, au moment des faits, les disparus semblaient être esseulés. A court d’idée et l’esprit fatigué l’archère grattait d’une main distraite une des douces oreilles de la louve qui s’était assoupie sur le plancher depuis un moment déjà. Elle finit par rejoindre son lit, laissant le sommeil la gagner à son tour et la journée filer, pour ne se réveiller qu’au crépuscule…

[…]

Perchée sur le toit d’une des maisons, camouflée dans la pénombre, Eréria scrutait les ruelles sombres dans la nuit. Elle avait demandé à la louve de l’attendre à l’extérieur de la ville, son magnifique pelage blanc comme neige ainsi que sa grande stature la rendant trop voyante dans la ville. La jeune femme avait pris soin de se vêtir d’habits pratiques et solides : un bustier noir laissant ses épaules dénudées, une jupe fendue lui permettant de se mouvoir avec aise. Elle n’avait pas mis ses longs gants, maîtrisant de mieux en mieux son pouvoir électrique : plus la surface de peau dénudée était grande, plus son pouvoir serait efficace contre quiconque poserait la main sur elle. Ses yeux émeraude plongés dans l’obscurité l’archère repéra une silhouette féminine, qui pourrait être une proie éventuelle pour l’auteur de ces troubles. En toute discrétion, elle suivit l’inconnue de toit en toit en espérant que son instinct ne lui avait pas fait faux bond. Deux inconnus se jetèrent sur leur proie qui se débattit sans émettre le moindre son, puis s’effondra sur le sol. Le plus grand des deux hommes ramassa sa victime et la jeta sur son épaule tel un vulgaire sac de pomme de terre. Durant toute la scène, Eréria s’était contrainte à l’immobilisme. Si elle intervenait maintenant, la jeune femme serait sans doute sauvée, mais l’archère ne saurait jamais le fin fond de cette histoire. Et risquait de ne jamais retrouver Doroon. Les humains se mirent en branle rapidement et elle suivit le mouvement après être redescendue des toits le long d’une gouttière. Ils la menèrent devant un fiacre ou ils posèrent la femme semblant dormir. L’un pris les rênes et l’autre monta avec leur prisonnière. La Chasseresse se sentit pâlir : avec Freya à l’extérieur, jamais elle ne pourrait suivre le rythme. Par chance, les ravisseurs semblaient ne pas vouloir attirer l’attention et quittèrent la ville au petit pas. La Fernrir rejoignit sans peine son humaine dès que celle-ci eu franchît à son tour les portes de la ville.

Eréria sauta immédiatement sur le dos de sa blanche compagne, prenant le soin de se vêtir d’une cape blanche, espérant rester plus ou moins invisible sur l’animal. Elle attrapa à pleines mains l’épaisse toison de la louve et resserra ses jambes autour des flancs du canidé qui s’élança d’un bond élastique à la poursuite de la voiture lancée à présent au galop. Lorsqu’ils furent réellement éloignés de la ville, la cadence ralentit fortement pour finalement s’arrêter. Sous le regard incrédule de la jeune femme, les deux individus installèrent ce qui semblait bien être un campement. Après un repas qu’ils échangèrent avec force de plaisanteries franchement grasses et douteuses, ils établirent un tour de garde. Laissant la louve se reposer, Eréria veilla toute la nuit. Aux quelques paroles échangées, elle avait compris que leur voyage durerait ainsi plusieurs jours. Freya et elle-même prirent un rythme relativement aisé. La journée la blanche suivait à distance l’équipage tandis que l’humaine dormait sur le dos chaud de sa compagne. Dans l’obscurité, après s’être restaurée, la louve dormait et La Chasseresse observait. De toute évidence, la vie de la captive ne semblait – pour le moment – pas en danger.

Au fil des jours, le paysage se modifia. Ils passèrent devant le moulin des vieux temps, lieu qui sembla fort agréable à Eréria qui se fit la promesse d’y dîner un soir plus calme. Lorsque la jeune femme compris enfin où les forbans menaient leur petit convoi, elle frissonna. Il ne faisait plus aucun doute qu’ils allaient pénétrer dans la vallée nocturne… L’archère n’y avait encore jamais mis les pieds et craignait de se faire facilement repérer, cependant elle comprit rapidement que cela ne serait pas le cas : si le soleil ne passait pas dans ces contrées, la lune non plus et le pelage neigeux de la louve de les trahiraient pas. Depuis quelques temps la jeune femme avait la vague impression d’être suivie, ce sentiment s’était amplifié depuis qu’elle était rentrée dans la dépression rocheuse. D’autres véhicules rejoignirent le premier portant leur total à quatre fiacres. Le convoi s’arrêta à proximité d’une caverne chacun faisant sortir leur butin : la femme qu’Eréria avait suivie, un vieillard, un Doroon terrorisé le visage salit laissant deviner que l’enfant avait pleuré. Du dernier, trois hommes en jetèrent un autre au sol. Le dernier captif semblait salement amoché et ne pouvait à priori pas se tenir debout.
L’homme semblant être le chef de cette « expédition » invectiva un des gars du dernier convoi en l’attrapant par le col :


Mais qu’est-ce que tu as encore foutu ? T’sais bien que si la marchandise est abîmée, on n’en tirera pas un rond imbécile !

S’pas de notre faute : ce type à bien résisté à ta drogue et s’est réveillée pendant le voyage. Il a sauté, heureusement qu’on l’a rattrapé avec les gars et qu’on lui a fait comprendre ou était sa place.

Imbécile !
Le dirigeant colla une puissante droite à l’homme puis le relâcha pour examiner le blessé sans aucun ménagement.
Il n’y a plus rien à en tirer, il est trop amoché et les plaies risquent de s’infecter. Nous ne serons jamais payés pour un sang éventuellement contaminé. Vous allez me le finir plus loin, histoire qu’il ne raconte pas tout ce qu’il a pu apprendre ! Et pressez-vous ! On se reposera cette nuit. Demain on entrera pour l’échange. Nourrissez les autres, il faut qu’ils soient trous trois en forme.

Délaissant son observation Eréria envoya la louve se nourrir estimant qu’elle saurait gérer la situation seule puis suivit les deux hommes s’étant éloigné pour accomplir leur basse besogne. Leur prisonnier ne se débattait que faiblement. La Chasseresse inspira calmement et banda son arc. Tuer la répugnait toujours autant, mais grâce au général Rhauwyr elle appréhendait les choses différemment : elle n’avait pas le choix et se devait de tirer ou l’homme mourrait à coup sûr. Tuer également pour que ces types ne donnent pas l’alerte. Le premier trait parti et n’avait pas encore atteint sa cible que l’archère avait encoché sa seconde flèche qu’elle lâcha immédiatement. Un des hommes fut tué immédiatement : le projectile avait touché la carotide. L’autre, avec d’étonnants réflexes et surtout beaucoup de chance parvint à éviter la mort qui fondait sur lui. La pointe d’acier ne fit que s’enfoncer dans le gras de son bras. Bien déterminé, il ne chercha pas son agresseur mais avait le besoin pressant d’ôter la vie à l’homme à terre. Sans réfléchir l’archère s’élança avec un fin poignard dans le but de détourner l’attention du brigand. Manœuvre réussie avec succès puisque ce dernier s’empara de son glaive pour faire face à la jeune femme. Avec un immense sourire. Il enchaîna plusieurs passes rapides forçant Eréria à reculer plusieurs fois espérant la brèche pouvant  lui permettre d’exploiter son pouvoir. Elle finit par laisser volontairement une ouverture à son adversaire qui lui entailla légèrement le bras sur une bonne longueur. Sur de sa victoire, il baissa la garde et se jeta sur la jeune femme. Eréria se retrouva adossée avec force contre un mur, la poigne vigoureuse de l’homme lui enserrant le coup.

Alors sale pute, tu voulais jouer ? Maintenant c’est mon tour ! Mais avant tu vas me dire qui t’envoies, et qui tu es !

Un sourire dévoila les dents blanches de l’archère. Navrée, je crois que tu as perdu. Dégageant une de ses mains qui avait déjà commencé à s’entourer de légers éclairs, elle la posa sur le bras de l’homme laissant une puissante décharge l’emporter. Délaissant le corps sans vie elle s’approcha rapidement du blessé, soulevant sa tête elle fit couler un filet d’eau claire sur ses lèvres.

Qui êtes-vous ?

Mon nom ne vous diras rien je le crains. Vous êtes en sécurité, vous allez pouvoir rentrer chez vous ?

Comment avez-vous fait pour…

Cela n’a que peu d’importance. Je n’ai pas beaucoup de temps devant moi, s’il vous plait, dites-moi ce qu’il se trame.


L’homme s’assit avec difficulté. Je n’ai pas tout compris, mais ils ramènent des humains en Mavréah, pour fournir certaines auberges en sang frais pendant plusieurs lunes.
L’homme tressaillit. Un loup, il y a un loup géant derrière vous !
Eréria se contenta de sourire, rassurante
.
N’ayez crainte, il s’agit d’un Fenrir, mon amie. C’est elle qui vous mènera en lieu sûr.

[…]

Elle savait que la louve ne reviendrait pas avant plusieurs heures, mais elle avait encore du temps devant elle. Souhaitant faire un brin de toilette, et surtout se débarrasser de l’odeur de sang qu’elle avait sur elle, Eréria se rapprocha d’un cours d’eau qui sinuait entre les roches. Se débarrassant de sa tenue elle s’immergea du mieux qu’elle put, s’agenouillant au fond du torrent. Son instinct lui disait de ne surtout pas sentir le sang dans les jours qui viendront. Elle se rhabilla puis rejoignit sa cache près de la grotte. Elle aurait souhaité s’élancer pour sortir le jeune garçon de ce guêpier, mais l’heure n’était pas venue et la jeune femme bouillait intérieurement.
Quelques temps plus tard un groupe d’humanoïdes sorti de la caverne, vu leur maintien il s’agissait probablement de vampires. L’archère ne put retenir une grimace, elle n’était pas sure de vaincre aussi facilement des créatures de la nuit. Ces derniers invitèrent les hommes à les suivre avec leur butin. Laissant un des brigands monter la garde dehors. La Chasseresse attendit patiemment que plusieurs minutes s’écoulent. Puis sans un bruit fondit sur le gorille. Sautant avec habileté sur son dos, un bras autour du cou, elle laissa la déferlante magique s’exprimer. Le pauvre hère s’écroula sans un bruit, sans même savoir comment il était passé de vie à trépas.
Eréria jeta un regard en arrière, Freya n’était pas encore de retour. Mais cette dernière pourrait retrouver sans peine la trace de son humaine à l’aide de son odorat développé. La magicienne entra avec force de précautions dans la caverne de la nuit, mettant un certain temps à s’habituer à la noirceur de la caverne. Si elle avait pu être accompagnée d’un être pouvant se repérer facilement dans le noir, tout cela aurait été bien plus simple. Elle ne percevait aucun son, le groupe devait être enfoncé bien plus loin à l’intérieur de l’antre. Percevant un son étouffé, la jeune femme eu juste le temps de se retourner et d’éviter un puissant coup de poing. Se baissant aussi vite que possible, elle fit un croche pied à son agresseur surpris qui chuta sur le sol de la caverne. Il se releva prestement alors que l’archère dégainait son poignard se jetant sur elle de tout son poids. Surprise par une attaque de front l’humaine se laissa emporter par l’élan. Ils se retrouvèrent de nouveau au sol, la jeune femme largement étourdie par la pierre qu’avait rencontrée son crâne. Dans un brouillard épais, elle se rendit compte qu’elle ne se battait pas avec un homme mais avec un vampire. Ce dernier plongea son nez dans la chevelure châtain humant l’odeur de sa future proie.


Tu dégages un parfum absolument délicieux. Je pense que je vais prendre grand plaisir à m’abreuver de ta jeune vie.

Eréria se débattit tant bien que mal, elle n’était pas sure de pouvoir utiliser son pouvoir aussi rapidement. Mais elle aurait une chance si elle pouvait utiliser une de ses pointes en argent. L’humanoïde la tenait fermement et elle ne parvenait pas à se dégager.

Inutile la belle. Laisse-moi profiter de ce moment tranquillement.

Dans un sourire parfaitement carnassier le vampire approcha avec lenteur ses crocs de la peau de la jeune femme…
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Luze Anderilis
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MessageSujet: Re: Disparitions inquiétantes.   Disparitions inquiétantes. EmptyLun 31 Mar 2014 - 14:11

Mélanger, distiller, faire bouillir, noter, recommencer… Pour la troisième nuit consécutive, Luze s’acharnait à obtenir la combinaison parfaite de la chaîne moléculaire qu’il avait passé les dix dernières années de sa vie à mettre au point. Non loin du refuge des courtisanes au sud de Màvreah, dans une taverne où il louait une petite cave au couple de tenanciers, il avait à portée de main des ressources infinies de cobayes en les personnes des voyageurs et autres itinérants pour tester chaque étape de sa mixture… À ce stade, il était déjà parvenu à ôter toute létalité au produit pour la majorité des vampires confirmés, mais les hybrides ou les individus récemment transformés présentaient encore des signes de rejet, voire un empoisonnement immédiat.
La nuit était trop avancée à présent pour qu’il parvînt à une conclusion plus probante… et il avait faim.

Il sortit de sa demeure provisoire et referma soigneusement la porte, puis longea le long couloir souterrain jusqu’aux escaliers qui menaient à la grande salle de la taverne. À cette heure avancée, l’essentiel des clients était d’ordinaire déjà rentré et le silence aurait déjà dû régner depuis longtemps, mais cette aube-là, la joie et l’allégresse prônaient parmi le paysage paillard dans lequel Luze fit irruption. Une assemblée de vampire aussi réveillés qu’on pouvait l’être aux premières lueurs de la nuit ondulait au rythme des danses, des orgies et des disputes dans une ambiance saturée par l’enivrante fragrance de l’hémoglobine. Avant qu’il eût reçu la moindre explication, une charmante congénère à l’air rassasié vint lui ériger la main à l’horizontale pour y placer une choppe pleine. Le jeune chimiste porta sans se faire prier le contenant à ses lèvres et avala en deux grandes gorgées le rhésus AB qu’on venait de lui servir. Ce ne fut qu’une fois repu qu’il s’interrogea sur les raisons d’une telle opulence, et évoluant avec difficulté vers le comptoir, il parvint à attraper le tenancier par le bras.

« On peut savoir ce qu’il se passe ?

- Avec plaisir, dès que tu m’auras payé la chope que voici ! Répondit le tavernier d’un ton lascif. Luze sortit de la poche de sa longue veste noire une somme démesurée par rapport au prix de la chopine, et se saisissant de l’or, le tavernier l’attira avec lui dans une arrière-salle moins agitée.
On a reçu une cargaison de sang, un truc incroyable ! De l’humain. À foison ! On sait pas d’où ça vient, on a pas posé la question d’ailleurs… expliqua l’homme, un sourire entendu déformant ses lèvres.

- Quand ? Sous quelle forme ? Questionna brièvement le vampire aux yeux d’argent.
Le tenancier sembla gêné, mais se souvenant de la coquette somme qu’il tenait toujours entre ses doigts, il amena Luze dans la chambre froide où il stockait ses réserves et lui montra les dizaines de poches en peau qui dormaient sur la table à bascule. Luze en prit une et la porta à ses narines frémissantes.


* Cette odeur… Ca ne fait aucun doute ! *

- Hé, tu la veux, tu la payes hein !? S’enquit le commerçant en avançant la main pour reprendre la poche des mains de Luze. Ce dernier lui fit soudain face et l’immobilisa d’un regard. Sa voix se durcit :

- Tu vas retourner à ton comptoir et oublier notre conversation…  » Lui intima-t-il sous hypnose, l’efficacité de son pouvoir particulièrement affûtée grâce à son récent et copieux repas. Tandis que le tavernier reprenait ses esprits, Luze se faufila jusqu’à la grande salle, ayant pris soin de cacher son acquisition aux sens avides de ses congénères. Il s’engouffra furtivement par la porte qui menait au sous-sol, et s’assurant que personne ne le suivait, regagna sa chambre. Une fois au calme, il posa la poche pleine de sang sur son bureau et plaça ses mains de chaque côté, s’appuyant sur la table. Il était formel, cette odeur de souffre et de roche… ce tissu avait fait un tour par la caverne qu’il connaissait bien, son premier refuge en Éphaëlya. Vu la quantité, il doutait que quelques bonnes âmes humaines inquiètes de maintenir les vampires à distance eussent pu donner de leur plein gré autant de sang…

* C’est mauvais pour les affaires, ça…. *

À l’aurore de sa découverte, alors qu’il s’apprêtait à révéler ses recherches au monde vampirique qui, l’espérait-il, allaient être accueillies avec ferveur, voilà qu’un groupuscule concurrent jouait sur ses plates bandes et nuisait sérieusement à son futur commerce. Comment allait-il créer le besoin d’une source infinie de nourriture synthétique si la demande était déjà comblée ? Comme il avait pu le constater là-haut, les consommateurs comme les fournisseurs ne faisaient pas grand cas de la provenance de leurs produits… L’idée de vouloir échapper à une dépendance aux vivants était-elle donc si marginale en Màvreah ?
Luze rangea son matériel et cacha la poche dans l’un des compartiments de son sac. Il y plaça également son cahier, quelques uns des tubes à essai qui contenaient la version finale de son produit, quelques poisons et produits chimiques, une corde et de l’or. Il s’allongea ensuite sur sa couche inconfortable. Son dos émit une sourde protestation de douleur qu’il ignora, puis il s’endormit tandis que les rayons du soleil commençaient à percer.

[…]

La nuit suivante, le jeune vampire partit tôt de son logis. Par chance, on était encore en plein Faunyël et les nuits s’étalaient en longueur. Le crépuscule disparaissait à peine à l’horizon qu’il avait déjà atteint l’orée de la Plaine des supplices et traversé le pont qui enjambait la Rivière de sang. Une pluie battante s’était mise à marteler le sol qui ne tarda pas à devenir meuble et instable, mais ce déluge eut au moins pour avantage de tenir éloignés d’éventuels gêneurs un peu trop curieux. Le jeune vampire évolua ainsi la nuit entière, encapuchonné sous sa longue veste noire, son identité ainsi protégée. Son sens de l’orientation hyper-développé le ramenait très précisément sur les traces qu’il avait formées quelques temps auparavant lors de son exil de la contrée humaine… où il retournait inexorablement.
Il fallait qu’il y tienne à ses recherches pour entreprendre un voyage de plusieurs jours sur une simple arrière-odeur accrochée à une poche en peau, qui pourrait très bien n’être liée à la caverne que pour un simple usage trivial de stockage d’ailleurs. Il n’avait aucune certitude de trouver là-bas quelque chose d’un intérêt probant, et ce devait être plus qu’une simple intuition qui le poussait à s’y diriger prestement… peut-être était-ce le sixième sens que l’on prêtait parfois aux vampires tant leurs mouvements coordonnés semblaient dictés par une entité omnisciente…

L’hémophage s’interrompit dans ses péroraisons alors qu’il perçut un bruit, suivi de l’odeur de ses congénères, deux d’entre eux plus précisément… Puis de celle des humains, dont une blessée… Planté au milieu de cette plaine infinie, il était complètement à découvert et resta tétanisé un quart de seconde avant de s’élancer à bride abattue sur sa gauche. Il ne s’arrêta qu’un kilomètre plus loin dans une glissade contrôlée où il se faxa littéralement dans le sol… Une cavité à peine visible de l’extérieur accueillit son corps endolori et une fois invisible, le vampire se tint immobile, l’oreille aux aguets. Le son sourd et régulier des lourds sabots de chevaux de traits, le crissement du sol que fendaient les lames des roues de fer de la calèche et des voix tamisées l’informèrent de la composition du convoi. Ainsi happé par la terre, Luze doutait que ces individus le repèrent mais il comptait attendre de ne plus rien ressentir avant de sortir. La calèche semblait provenir précisément de l’endroit où il se rendait et cette impression le conforta dans son raisonnement. Avant qu’il eût pu songer à repartir cependant, le sommeil s’empara arbitrairement de lui alors que perçaient les premiers rayons du nouveau jour… Inutile de lutter, dans ce désert complètement à la merci du ciel, les droits de la nuit étaient complètement effacés au profit de la vie diurne. Par chance, la cavité qui l’abritait n’était le terrier que de quelques gros lièvres, tout apeurés d’apercevoir sur leur palier un prédateur emporté par un sommeil bien mérité.


[…]

Le soir venu, Luze sortit de sa torpeur et retint un cri d’effroi alors que diverses odeurs nauséabondes le cueillirent au réveil. Le sol meuble de la Plaine des supplices, imbibé des relents de la rivière de sang, offrait à l’odorat du vampire un mélange de boue, de sang gâté et d’organismes en décomposition qui l’aurait fait vomir s’il en avait été capable. Il s’extirpa non sans mal de l’abri humide qui s’était effondré sur lui durant la journée. La pluie avait cessé, mais il était sali, trempé, endolori et il lui restait bien quelque vingt lieux à parcourir avant d’atteindre sa destination.


* La course me détendra… *

Pour justifier son irritation, Luze entreprit de terminer au pas de course son périple. Il espérait ainsi sécher un peu et soulager son corps fourbu du sommeil inconfortable qu’il venait de passer.
Quelques heures plus tard, alors qu’il apercevait enfin les reliefs sombres de la Vallée nocturne, il se résigna enfin à céder à la soif et sortit de son sac la précieuse poche de sang qu’il avait emportée. Il planta ses crocs dans la chair qui céda sans mal et la vida d’une traite, espérant ne pas avoir éveillé quelque odorat aux aguets, mais il pensait se trouver suffisamment loin de toute présence. Il reprit ensuite sa course vers la Grotte de la nuit.


Enfin, les différentes nuances de gris et de pourpres qui tapissaient les rochers et les gorges de la vallée familière lui apparurent nettement. Son corps se crispa et un frisson l’ébranla de tout son long lorsqu’il perçut l’odeur canine de la fenrir… Ses crocs émergèrent instinctivement de sa mâchoire puissante et il s’aplatit au sol pour se camoufler à la vue des éventuels individus qui accompagneraient l’animal… La boue qui collait à ses vêtements et cheveux devait sans doute camoufler sa présence… Il rampa jusqu’à un précipice d’où il pourrait avoir un visuel sur l’entrée de la grotte. L’odeur du fauve s’estompait peu à peu, mais Luze s’immobilisa alors qu’il sentait une vague d’électricité statique hérisser sa chair. Il se redressa au bord abrupt du rocher et eut le temps d’apercevoir la formidable décharge que concentra la jeune humaine dans le corps de son malheureux adversaire.

* Ouille…. Ça doit faire mal… *

Soudain, l’humaine se retourna et regarda dans sa direction, Luze douta cependant qu’elle eût pu le remarquer vu l’obscurité… et elle n’avait certainement pas non plus aperçu cet autre vampire qui venait d’entrer à sa suite.

Coupant court à ses réflexions, Luze se redressa et descendit avec l’agilité d’un félin le long de la paroi escarpée de son observatoire. Il rejoignit l’entrée de la grotte en quelques enjambées et s’engouffra à la suite de son congénère sans se laisser repérer. Se fondre dans les ténèbres était comme une seconde nature chez lui et il parvint à rester invisible au suceur de sang, de toute évidence bien trop occupé par la perspective de son imminent repas.

Le vampire aux prunelles argentées admira la dextérité de la chasseresse qui venait d’éviter le poing lourd de l’autre bourrin. Pour la troisième fois aujourd’hui, ce fameux truc qu’il n’arrivait pas à expliquer autrement que par un soi-disant sixième sens lui intima d’agir, devançant les décisions de sa propre volonté. Un craquement inquiétant se répercuta en écho dans la caverne au moment où le couple de combattants se trouva projeté à terre, et Luze s’élança vers eux en restant fléchi pour assurer sa course sur le sol inégal. Il saisit violemment à la gorge le vampire affamé, enfonçant profondément ses griffes dans la chair du mort et profita de son élan pour projeter la carcasse contre la paroi rocheuse.
L’humaine semblait encore sonnée par sa mauvaise chute mais par précaution, il s’écarta d’elle pour ne plus être à portée de la lame luisante qu’elle tenait fermement. Sa vie ne semblait pas en danger, aussi reporta-t-il son attention sur la priorité immédiate.


« Dégage ! C’est ma proie ! » Grogna-t-il en fixant son congénère d’un œil mauvais, cherchant à provoquer la peur et la soumission chez son adversaire. Ses genoux fléchirent légèrement, signe de son apprêt à un éventuel combat qu'il aurait préféré éviter, et un sourire carnassier vint découvrir ses crocs menaçants.
Ce vampire ne devait pas sortir vivant d’ici…


HRP:


Dernière édition par Luze Anderilis le Sam 19 Avr 2014 - 11:03, édité 1 fois
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Eréria Chenarimir
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MessageSujet: Re: Disparitions inquiétantes.   Disparitions inquiétantes. EmptySam 19 Avr 2014 - 1:01

La respiration lente et silencieuse de la jeune femme traduisait sa concentration extrême. Au prix d’une violente contorsion de son poignet, Eréria était parvenue à dégager sa main tenant la lame en argent, prête à l’enfoncer dans le flanc de celui qui pesait de tout son poids sur le corps de l’archère. Sa tête lui faisait un mal de chien et son carquois toujours bien en place dans son dos lui endolorissait fortement le creux des reins. En se mordant les lèvres, elle leva sa petite pogne afin que l’impact soit le plus douloureux possible pour le vampire. Ses autres sens restaient pourtant en éveil, même s’ils étaient moins développés que ceux du sang-froid, aussi s’étonna-t-elle que ce dernier ne réagissent pas au léger bruit de course sur leur côté… Course, si elle se fiait à son oreille de Chasseresse, qui se dirigeait vers le couple de combattants. Dans son esprit s’inscrivait divers scénarios : quel que soit l’humanoïde qui approchait, il devait probablement être un adversaire supplémentaire. Elle n’avait qu’une fraction de seconde pour réagir, comment se sortir de ce mauvais pas et terrasser deux adversaires dans un espace de temps extrêmement court ? Electrocuter le premier en le propulsant sur le second puis utiliser son arc, en aurait-elle le temps ? Attendre l’arrivée du second et lancer une décharge lorsqu’il sera au contact ? Mais le premier n’aurait déjà-t-il pas déjà commencer à s’abreuver de son fluide vital ? Une multitude d’idées, mais le choc à l’arrière de son crâne la rendait inapte à prendre une décision rapide. Une lenteur qui risquait probablement de lui coûter la vie…

Elle n’avait pas envisagé la suite. Le nouvel arrivant attrapa son agresseur, le souleva de terre et le propulsa contre un mur. Le vampire chuta lourdement au sol avant de se redresser dans une sorte de feulement inquiétant. Eréria n’avait jamais entendu un vampire émettre ce son animal, probablement un réflexe que ceux-ci tendaient à masquer. Les quelques vampires qu’elle avait déjà été amenée à rencontrer possédaient tous cette suffisance, imbus de leur personne et de leur dignité. Hors ce bruit de gros chat en colère n’était assurément pas très digne. L’archère se redressa légèrement sur ses coudes le temps que le « paysage » cesse de tanguer autour d’elle, tentant d’analyser la situation. QUI était le nouvel énergumène dont elle ne voyait que le dos ? Sauveur ou nouvel ennemi ? Assurément pas un ami du premier, c’était déjà ça de gagné.


« Dégage ! C’est ma proie ! »

Ainsi la mage était fixée : Il n’était pas un ami, juste un autre carnivore, et les deux hommes se disputaient leur bout de gras, à savoir elle. N’y avait-il pas sur ces terres un vampire qui n’aurait aucunement envie de la bouffer toute crue ??? L’homme qui lui tournait le dos semblait être assez grand à ses yeux, les cheveux noirs de jais, la carrure assez svelte laissait cependant percevoir une certaine puissance musculaire. Accaparé par l’autre vampire, il ne remarqua pas – ou ignora volontairement – que la jeune femme s’était relevée. Eréria les observait, le combat semblait inévitable. Un avantage pour elle. Son premier agresseur répliqua pour un sourd grognement aux paroles de son comparse.

Dégage de là gamin, tu n’es pas de taille et ce n’est pas ton combat…

Le vampire se campa dans une position sans équivoque : il semblait être rompu au combat, une grande expérience émanait de sa personne ainsi qu’une assurance sans limite.

Va manger ailleurs merdeux c’est pour…

Il ne finit jamais sa phrase, une flèche vibrante à la pointe d’argent fichée entre ses deux yeux, il bascula en arrière, une expression de surprise glacée figée sur son visage de mort.

La Chasseresse avait repris ses esprits et avait largement profité du fait que les deux êtres de la nuit s’invectivaient afin de saisir sans un bruit son arme de prédilection rangeant auparavant sa lame. Par chance, son arc n’avait pas souffert de la chute. La rapidité et la dextérité de la jeune femme à cet arme de jet équivalait presque celle des elfes. Au mieux le vampire aux cheveux noirs aurait pu entendre la vibration de la corde lorsque l’archère la relâcha pour laisser partir son trait mortel. Dans le même mouvement, elle avait déjà saisi une autre pointe en argent et pointait son arme sur le nouvel arrivant.


Ne bouge pas, ou celle-ci est pour toi.

Le buveur de sang s’était retourné et lui faisait à présent face. Evitant de le fixer, Eréria recula de quelques pas confortables. Qu’allait-elle faire de lui ? Le menacer c’était bien beau, mais ensuite ? Il ne faisait pas partie du groupe d’individus qu’elle suivait, par contre il semblait la considérer comme son goûter. Ce qui bien évidemment n’arrangeait guère la jeune femme.

Je te remercie tout de même pour ton intervention, elle m’a retiré une belle épine du pied.

Tuer ou être tuée ? Au moins si elle lâchait son trait, elle pourrait récupérer le premier sur le vampire qu’elle avait envoyé ad patres. C’est que les flèches en argent ça coûte un bras tout de même.

Je n’ai rien contre toi, et tu me fais perdre du temps précieux. Je te conseille de tourner les talons et de revenir d’où tu viens. Sache aussi que je ne suis pas seule et que tu ne feras pas le poids face à ma compagne. Le dilemme est simple : soit tu pars et vas manger quelque chose qui ne soit pas moi, soit tu meurs.

Elle n’en était pas certaine, mais il lui semblait qu’il y avait à nouveau du mouvement à proximité.

Ta réponse ?

Elle fixa intensément de ses yeux d’émeraude le jeune vampire qui lui faisait face. Jeune dans le sens où il l’était incontestablement plus que Dante, mais bien moins que Lathus. Les yeux verts d’Eréria reflétaient sa détermination, mais également le fait qu’elle parvenait à sonder un minimum les gens. Il lui fallait se presser si elle voulait retrouver le jeune garçon.
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Luze Anderilis
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MessageSujet: Re: Disparitions inquiétantes.   Disparitions inquiétantes. EmptyDim 20 Avr 2014 - 6:04

Un craquement inquiétant résonna au moment où la carcasse du vampire rencontra les pierres humides de la paroi, suivi d'un sifflement aigu tout droit sorti de sa cavité pulmonaire. Son apparence n'avait plus rien d'un tant soit peu humaine et Luze ne se trouva pas peu fier d'avoir poussé à bout l'erzat au point qu'il y perdît ses moyens... Mais l'affrontement semblait inévitable et cette fatalité arracha un soupire las au jeune homme qui se fléchit et banda ses muscles à contrecœur, prêt à en découvre physiquement avec le malpoli.

* C'est ça, viens-la que j'attendrisse un peu ta grais... *

Un léger froissement derrière lui le coupa dans ses réflexions et Luze eut juste le temps de fermer les yeux et se protéger le visage d'un bras pour éviter que les poussières d'argent émises par la flèche tirée à grande vitesse juste à côté de sa tête ne lui attaquassent les yeux. L'instant d'après, le gêneur était mort, fixé dans la roche par la pointe luisante et tandis que l'hémophage se retournât pour faire face à l'inconnue, celle-ci tendait déjà la corde meurtrière de son arme dans sa direction.

Ils restèrent ainsi en joue pendant plusieurs secondes et la prudence de la jeune femme tira un discret sourire à Luze... elle évitait de le fixer et c'était très sage. Une guerrière d'expérience et sans doute très familière de ses congénères. À en juger par sa maîtrise de l'arc, même s'il avait voulu l'attaquer, Luze estima qu'il tâterait inévitablement de l'argent, mais parviendrait sans mal à éviter que ses points vitaux ne fussent toucher.
Avant qu'elle eut finit de lui invectiver de répondre, Luze s'exécuta sèchement en fixant la pointe d'argent frémissante, dévoilant une paire de crocs menaçants qu'il n'était pas sûr qu'elle verrait dans l'obscurité ambiante de toute façon.

" C'est à toi que je m'adressais, humaine !
Et tu ferais mieux de pointer ça vers autre chose que moi. J'ai déjà dîné, mais continue à me menacer et je pourrais m'offrir le luxe d'un dessert ! "


Un discret grognement suivit sa tirade. Il venait tout de même de l'aider et ne s'était montré en rien menaçant... avait tout au plus laissé planer le doute quant à qui était cette proie qu'il revendiquait mais son injonction, qui n'avait pour but que d'inciter le vampire à le prendre pour cible, lui, pouvait tout à fait désigner l'humaine ou son adversaire... aussi joua-t-il sur cette incertitude pour la tourner en sa faveur.
Mais il y avait un peu de vrai dans sa phrase. Luze inspira profondément. Le mort avait sur lui des odeurs familières et cette cave empestait diverses fragrances de sang humain coagulé qui n'étaient pas présentes lors de sa dernière visite ici quelques mois auparavant.
Le jeune vampire entreprit de se déplacer dans le silence le plus total pour jauger de la vision de l'humaine dans la pénombre, sans la quitter de son regard cendré. Finalement, elle releva volontairement ou non son regard dans le sien et Luze s'arrêta pour lui faire face... Il aurait été si facile de l'hypnotiser.
Au lieu de ça, il songea un instant à cette compagne contre laquelle il ne ferait soit disant pas le poids, puis renchérit.
" C'est moi qui te remercie, j'avais déjà des crampes rien qu'à imaginer devoir rosser ton agresseur. Quel manque de classe ! Se jeter ainsi sur sa victime. L'adrénaline donne un goût si amère à votre sang que c'est à peine buvable... "

Luze fit une moue un peu dégoûtée rien qu'à songer à la saveur d'un sang gorgé d'hormones de détresse, puis poursuivit avec une légère pointe d'inquiétude dans le timbre de sa voix.

" Ta compagne... Serait-ce... la fenrir ? Je l'ai vue s'éloigner vers la ville il y a pas dix minutes... Enfin bref, c'est pas pour toi ni pour me nourrir que je suis ici "

* Les clichés ont la vie dure... *

" Et je ne compte pas m'en aller avant d'avoir les réponses que je suis venu chercher. "

Luze perçut un léger abaissement dont Éréria n'était peut-être même pas consciente de la pointe d'argent qui le tenait en respect et le prit pour un signe d'armistice. Il ne se sentait pas en danger de toute façon et choisit d'écouter son intuition qui avait été plutôt bonne conseillère jusque là. Il tourna le dos à la jeune humaine pour aller examiner le corps du vampire.

Plissant les yeux par précaution et rentrant sa main dans sa manche, il arracha d'un coup sec la flèche maculée d'un sang qui devint poussière au moment de l'extraction. Luze fixa le minerai meurtrier avec une fascination malsaine pendant un court instant, avant de la jeter, tremblant, aux pieds de la chasseresse.

" J'espère que ce geste te rassure sur ma bonne foi.
D'ailleurs... Pourquoi es-tu là ? Tu n'es pas l'une de leurs marchandises, si ? Pourquoi n'es-tu pas déjà loin si tu es parvenue à échapper à leurs griffes ? "

Demanda-t-il sans la regarder tandis qu'il fouillait le mort à la recherche de la provenance des odeurs qu'il percevait sur lui. Il trouva un document plié dans la poche intérieur de son vêtement. En en-tête, un symbole qu'il avait déjà vu quelque part. Pris d'un soudain afflux de souvenirs, il plongea la main dans sa propre veste pour en tirer la poche de sang qu'il avait vidée plus tôt et qui gardait encore les vestiges de ses crocs. Là, au milieu de la peau, le même symbole marqué au fer rouge, à peine visible...
Le document ne comportait que peu d'informations, des dates, des lieux, des centilitres de sang et ... des prix... un bon de livraison ?

" C'est donc bien eux les responsables de... "

Se dit-il plus pour lui-même. Ils avaient ses proies ! Ces malotrus qui commerçaient sur son terrain et compromettaient le succès de ses découvertes. Mais celui-là ne semblait pas assez important dans l'organisation. Il était jeune, sans doute plus que lui pour s'être laissé contrôler par ses pulsions au point de ne même pas le sentir arriver par derrière, et son statut hiérarchique ne lui avait pas permis d'envoyer un sous-fifre cherche son dîner à sa place. Luze se dit qu'un chef d'une telle organisation ne devait sans doute pas avoir le temps de chasser... Il lui fallait donc continuer à fouiller s'il voulait frapper là où ça faisait mal.
Mais seul, c'était probablement infaisable. Le cinquantenaire songea à la chasseresse qui l'accompagnait en attendant de savoir si elle était là pour les mêmes raisons que lui ou si elle était une inutile victime de leur complot. Elle était malgré tout douée pour une humaine, bien plus que lui avec les armes d'ailleurs, mais il lui manquait sans doute une petit dose de nyctalopie, de force et de sens surdéveloppés dont il était doté depuis la naissance. Il connaissait également une autre vampiresse, âgée et dont la puissance ne serait pas de trop... mais c'était sans compter sur la paresse infinie qui la caractérisait et Luze chassa l'idée d'aller lui demander son aide... il ne voulait surtout plus se mettre en position de quémandeur face à elle, une fois l'avait vacciné.

Le bruit d'un roulement de pierres à peine perceptible le figea soudain et il se redressa en observant l'entrée de la chambre géologique où il se trouvait. Il percevait plus ou moins de nombreuses présences ici, mais aucune qui ne fût suffisamment proches pour être menaçantes... Des humains certes, d'autres vampires, du poil de bête qui lui donnait la nausée, sans doute devenu l'odeur d'Éréria après tant de temps passée auprès d'un fenrir.
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MessageSujet: Re: Disparitions inquiétantes.   Disparitions inquiétantes. EmptyJeu 1 Mai 2014 - 22:47

- C'est l'heure de la chasse …


- Vous avez dit quelque chose monseigneur ?


Le tintement de l'acier poli contre la roche fut la seule réponse qu'obtint le soldat mal dégrossi. Dante McAllister s'occupait à aiguiser ses couteaux de lancer. Bardés de fer, véritable arsenal vivant, le barbare aux muscles saillants tenait plus de l'arme que de l'homme. Le mercenaire était plongé dans les méandres de son esprit, son instinct de prédateur l'avait averti du danger qui rodait autour de la caverne. Ce n'était pas d'insignifiantes bestioles qui traînaient dans le coin mais bien un gibier de qualité. Peu découragé par ce silence courtois, le béjaune n'hésita pas à continuer sur cette voie :


- Monseigneur ?... Mon...


- Donne moi encore du «Monseigneur » et je repeins la grotte avec tes boyaux, ses yeux d'un bleu surnaturel transperçaient le sbire de part en part, et ça tu veux pas que ça arrive, pas vrai le Jeune ?


Un hochement de tête affirmatif mit fin à cette charmante interaction. Le divertissement du mercenaire, qui consistait à faire rouler ses couteaux entre ses doigts agiles, fut une nouvelle fois interrompu, cette fois-ci par une source inattendue. Ses yeux s'écarquillèrent à la vue d'un malheureux garçon terrorisé qui venait s'ajouter aux autres «marchandises »
Comme vous le saviez déjà, Dante était un mercenaire réputé dont les prix exorbitants trouvaient leur justification dans la qualité du travail qu'il fournissait. Les guerriers qui pouvaient le tenir en respect étaient morts lors de la Titanomachie. Certaines de ses prouesses traverseraient le temps, de sa participation à la Grande Guerre au terrible affrontement contre le Roi-Sorcier de Garck la maudite, avant que son nom ne soit plus que le symbole d'une époque révolue. Pour l'heure, poursuivi en Maevrah, traqué en Evanya, honni en Oryenna, sans le sou, sans logis ni travail, Dante se retrouva bien vite à faire la sale besogne pour un cartel comme il en existe tant d'autres. Affligé par la trivialité de pareille occupation, il en vint à maudire sa condition d'immortel et l'ennui éternel qui en découlait.
Ce que vous ne saviez sûrement pas, c'est l'amour que Dante portait aux jeunes enfants au point d'en faire une clause stricte dans ses contrats. Visiblement, les sous-fifres de son employeur n'avaient pas épluché l'accord dans son intégralité car ramener un innocent bambin dans leur tanière annulait immédiatement le contrat de Dante. Son visage, noyé dans la brume spectrale de la caverne, était parcouru d'un large sourire, décrivant un arc scintillant d'une oreille à l'autre, découvrant la dentition acérée du vampire. La démence s'instillait dans son âme à mesure que ses yeux crépitant d'une colère sourde observaient l'enfant. Il remarqua les trois hommes qui se dirigeaient vers le nord de la caverne, alertés par les éclats de voix et de lutte. Seul 4 hommes et le Jeune restaient. Dante arborait ce même sourire dérangeant lorsqu'il interpella le bleu, celui-là même qu'il avait menacé :


- Dis moi le Jeune, tu l'as déjà fait ? il demanda cela avec une sincérité déroutante. Avec une femme que tu aimais, pas avec ces sac d'os de la Cuissarde Rougie !


Le jeune, confus, balbutia quelques mots. Évidemment... pensa le mercenaire pour lui-même. Après un soupir las, Dante indiqua à son cadet, chaste par dépit, d'aller lui ramener sa nouvelle arme. Tandis que le jeune se dirigeait vers l'armurerie, le Loup Blanc jeta le couteau de lancer qui roulait encore entre ses phalanges un battement de cœur plus tôt. Une gorge fut perforée et un vampire s'effondra sous le regard abruti de ses camarades. Tandis qu'ils étaient figés par l'incompréhension face au mercenaire à l'agonie, barbotant des paroles inaudibles à travers sa gorge percée, Dante projeta la chaise de laquelle il se levait. Le guerrier bondit avec la félinité d'une panthère, tous crocs sortis. Sa puissante mâchoire claqua contre une nuque, carotides et jugulaires se confondirent dans un amas de chairs sanglantes que le vampire recracha contre la roche poussiéreuse. L'un des deux vampires restant poussa un hurlement terrible en se jetant sur Dante. Sans même bouger d'un iota, le mercenaire à la chevelure d'albâtre plongea ses yeux d'un bleu inquiétant dans le regard du sang-froid. Ce simple échange brisa momentanément la volonté du sbire, Dominus ne devait pas être étranger à cela. De sa main droite, Dante saisit le vampire à la gorge et lui fit quitter le sol. Ses doigts gantés se resserrèrent autour de sa nuque tandis que les griffes glaciales de la mort lacéraient son esprit. Le vampire cessa de se débattre après un craquement qui annonça sa funeste fin. Lassé de sa proie, le Loup Blanc envoya le cadavre rouler, pantin désarticulé sans âme. Ses yeux céruléens jaugeait le dernier homme encore en vie. Une lourde hache de guerre à double tranchant fermement tenue séparait les deux hommes. Sans même paraître inquiété, Dante tourna la tête vers le Jeune dont les jambes et les dents claquaient de peur.


- Ohé ! Cesse donc de trembler et apporte moi ce que tu as dans les mains


Ce que le béjaune tenait entre ses mains, c'était un chef d’œuvre de l'artisanat nain, véritable fleuron du maître fourbisseur qui l'avait forgé pour le mercenaire aux cheveux laiteux. Une claymore gigantesque pour un nain, particulièrement grande pour la plupart des hommes mais parfaitement adaptée à la carrure du vampire. Le seigneur de la nuit s'était montré pointilleux sur les détails : un crâne d'acier hurlant surplombait une longue lame brillante d'orichalque dont la solidité et la légèreté permettait le maniement d'une telle lame. Parcourue de runes de pouvoirs, elle était la copie exacte de cette épée que Dante brisa à Garck pour arracher Izilbêth de l'étreinte de la mort. Les nombreux reflets de l'arme, qui brillait d'un feu noir, était saisissants de beauté. L'ouvrage finement ciselé apportait une nouvelle dimension esthétique aux joies du barbare. Le guerrier referma ses doigts autour de l'épais pommeau, un sourire mauvais aux lèvres. Son adversaire en avait profité pour se ruer vers lui, sa hache de guerre au-dessus du crâne, prête à fendre celui de Dante. Pourtant il s'arrêta brusquement. Il était paralysé. Paralysé par la terreur qui avait saisi ses tripes, tétanisé, en proie à des douleurs psychiques que vous n'oseriez imaginer. C'était là le pouvoir de Dante, son don, Dominus, celui d'asservir le monde par la crainte. Le mercenaire relâcha volontairement la pression, laissant croire à son adversaire que ce dernier avait bénéficié d'un regain de bravoure. L'énorme hache vrombit, faisant vriller les tympans de Dante, et rencontra son épaule. L'acier avait mordu sa chair sans atteindre l'os. Les iris réduits à deux fentes dans lesquelles dansaient les flammes de la folie, le barbare prit la parole de sa voix mélodieuse :  


- Ce n'est pas comme ça qu'on tranche un homme fit-il remarquer


D'un coup d'épaule, le mercenaire dégagea la lourde arme avant de lever la sienne vers le plafond de la grotte. Dans un sifflement mortel, le vampire abattit «Noir-Acier» comme les dieux jettent la foudre. La lame déchira l'air, la chair et les os. De la clavicule à la hanche, le buste du dernier vampire se partagea en deux morceaux de viande. Ses viscères et ses fluides corporels se déversaient à même le sol crayeux de la caverne, irriguant de sa vie les rides de la roche. D'un fouettement rapide, le mercenaire égoutta son arme. Entre ses mains elle semblait si légère, si maniable. Ses prunelles démentes se figèrent dans la direction du bleu dont les jambes flageolantes soutenaient le tronc avec peine. La démarche silencieuse du vampire le fit s'effondrer. Une fois arrivé à son niveau, le Jeune tenta de sauver sa peau en reculant à la manière d'un crabe, Dante le dévisagea, présentant ce faciès inexpressif caractéristique des immortels, éternellement jeune mais si vieux, sans émotions et pourtant empreint d'une mélancolie insoutenable. Sa main fouilla dans ses innombrables poches et le Jeune protégea son visage de ses mains lorsqu'il crut reconnaître le tintement de l'acier. Le Loup Blanc lui jeta une poignée d'or, le son cristallin des pièces qui rebondissent surprit le Jeune qui retint un soupir de soulagement :


- Va Chez Christine. Avec autant d'or, aucun doute que la femme de ton choix t'aimera. Oh ! Ne me remercie pas ajouta-t-il, un sourire espiègle aux lèvres. Veille à ce que personne ne touche au gamin jusqu'à mon retour.


Sa dernière phrase n'avait pas la même intonation. Ses yeux fiévreux recelaient une passion inimaginable, ils dissimulaient l'ire divine de ses ancêtres guerriers, miroirs de l'âme, ils reflétaient la rage inaliénable de son peuple. Le malletois se redressa avant de se diriger vers le jeune enfant. Dans ses prunelles chatoyantes il parvint à déchiffrer un sentiment de terreur mêlé à une profonde sensation de courage, ardente résilience pour une créature si pure et sans expérience. Dante soutint ce regard. Pendant un instant, ses iris brillants d'un bleu intriguant engloutirent l'enfant. Le son chaud d'une voix qui se muait en chant l'extirpa de cette torpeur surnaturel. Le vampire lui assure de ne pas s'inquiéter, Je viendrai te chercher lui promit-il. Il tourna alors les talons et présenta son dos aux prisonniers et au béjaune qui avait reprit constance. Il fit un dernier signe de la tête à l'enfant, lui signifiant qu'il tiendrait parole. Alors qu'il s'apprêtait à se mettre en marche, mort qui avancerait inexorablement vers les intrus et ses employeurs, le Jeune le retint :


- Mon … Dante, ces runes qui brillent sur votre lame … il ne s'agit pas de la lingua franca. Qu'est-ce donc ?


- La langue de mes ancêtres. Il est inscrit: «Au Royaume des Peurs, par cette Épée, Je Règne».


Un frisson parcourut l'échine du blanc-bec. La silhouette de Dante se découpait dans les ombres, angoissante forme spectrale, puis disparut dans les ténèbres de la caverne, soustrayant à la vue du vampire, pourtant nyctalope, le mercenaire à la chevelure d'albâtre. Le mercenaire traversait le dédale terreux dans un silence absolu. Les murs de calcaire se succédaient sous le regard méfiant de Dante. Un doux son à peine audible, un faible bruissement semblable à un murmure parut voleter dans la caverne. Une ombre immense enveloppa le barbare, un grand arbre aux bras noueux étendit ses feuilles sombres alentour. Le guerrier leva ses yeux alourdis et vit, penché sur lui, un homme sec, efflanqué, drapé d'une large toge d'ébène. De sa fine bouche, des mots d'une sinistre langue émanèrent. Ses lèvres pâles remuaient et des imprécations, sifflements de vipère, furent proférées. L'apparition face à Dante était issue d'une époque où la magie provenait des mots et non d'artefacts. Des doigts diaphanes s'approchèrent du visage blême de Dante, les mots obscurs continuaient d'enserrer son esprit de leur puissance impie.


- Tu m'appartiens, mortel.


Dante lutta contre l'écrasant sommeil qui le gagnait et, dans un demi-rêve, asséna un coup de tête à l'apparition fantomatique, la dispersant dans une violente éruption de fumée. Le mercenaire tituba le long de la paroi rocheuse puis reprit la maîtrise de son esprit et de son corps. Il soupira, las de ce genre d'ennuis que lui attirait ses aventures. Le sortilège de l’Épée Noire ne s'était pas dissipé, il filtrait encore à travers la barrière mentale du mercenaire. Son âme impure, souillée, maudite, intéressait toujours les êtres malfaisant qui y voyait l'opportunité de s'approprier un outils de qualité. Malheureusement pour eux, Dante n'était ni bon ni mauvais, hors de toute considération manichéenne, il ne vivait que pour lui, égoïstement, froidement. Alors qu'il poursuivait sa marche, il se souvint de régions féeriques, en des temps où le monde était plus vaste, dont seules les étoiles peuvent encore chanter la beauté. Le vampire se perdit dans ses souvenirs, dernières réminiscences d'une ère ancienne. Amour et violence y régnaient. Dorénavant, la terreur était seule maîtresse, l'époque du fer et de la hache avait débuté. Le mercenaire retrouva à un carrefour l'escouade de trois humains qui étaient parti vérifier la provenance des nuisances sonores nocturnes. L'air hagard, les trois hommes expliquèrent à un Dante passablement irrité que, contrairement aux vampires, leur ouïe ne leur permettait pas de distinguer exactement quel chemin emprunter. Leur faisant signe de le suivre, le seigneur de la nuit se dirigea vers l'entrée. Il distingua une forte odeur de sang ainsi qu'un parfum qu'il connaissait.
Une décharge dans son cerveau lui rappela l'origine de ces effluves. La chasseresse, il s'agissait de son odeur. Un sourire malicieux se forma sur ses lèvres. En quelques minutes, ils trouvèrent à une nouvelle intersection où ils croisèrent les deux intrus. Sans dire un mot, les trois hommes se placèrent en cercle, fermant la plupart des issues à la jeune femme et au vampire qui l'accompagnait. Dante n'avait pas fait un mouvement, toujours devant la cavité dont ils provenaient. Ses cheveux nacrés retombaient en cascade, son manteau carmin poussiéreux révélait une partie de son torse, couvert d'une chemise de satin, sur lequel une lanière mordorée retenait une dizaine de dague. Ses lèvres charnues remuèrent imperceptiblement :


- Eréria Chenarimir, la chasseresse dit Dante, les yeux étincelant dans la pénombre. Voilà que nos destins se croisent une nouvelle fois ! Ah, comme je souffre de revoir une beauté pareille dans une situation si compliquée fit-il théâtralement en épongeant son front comme s'il souffrit de quelques nobles sentiments. Si tu as bonne mémoire, tu dois te souvenir comment je règle mes problèmes


Pour ponctuer sa phrase, ses crocs luisant dépassèrent de ses lèvres. D'un balancement de tête, il se ravisa. Si la joie sur son visage était feinte, l'affliction qui dessinait des rides sur son front ne l'était point. Il haussa les épaules avant de prononcer d'une voix monocorde et profondément mélancolique :


- Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir.


Et comme s'il s'agissait d'un signal, les sbires de Dante se jetèrent sur leurs ennemis. Le guerrier fouilla dans ses poches, tira de quoi fumer une pipe – à savoir herbe de feu, arômes elfiques, glaêl, la fleur d'étoile. Le reposant cliquetis des armes ainsi que l'apaisant parfum des herbes odorantes relaxèrent le mercenaire dont les yeux céruléens ne ratèrent pas un instant de la confrontation. Il savait que ces trois subalternes ne pouvaient rien, même éclairés par les lampes à huile qu'ils transportaient. La Chasseresse et le vampire n'auraient aucune difficulté à se débarrasser d'eux, ensuite viendrait la véritable confrontation. Le mercenaire réfléchit aux différentes raisons de la présence d'Eréria en ces lieux. La dernière fois, elle était prête à se sacrifier pour la protection de la ville, si ça n'a pas changé alors elle est là pour délivrer les prisonniers conclut le seigneur de la nuit. Il haussa les épaules, il serait bientôt fixé.
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Eréria Chenarimir
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MessageSujet: Re: Disparitions inquiétantes.   Disparitions inquiétantes. EmptyLun 5 Mai 2014 - 4:07

Eréria n’avait esquissé  ni geste ni parole tout le long de la diatribe de l’étrange individu lui faisant tout d’abord face. Lorsque ses yeux rencontrèrent les siens malgré la pénombre, la jeune femme sut qu’il disait vrai. La facilité naturelle qu’elle avait de pouvoir déchiffrer assez facilement les humanoïdes était un excellent atout. Elle n’était pas sure de pouvoir se fier à lui dans un avenir plus ou moins lointain, pas encore du moins ; mais une chose était certaine : à cet instant présent, il ne faisait pas partie du groupe qu’elle suivait, et semblait même les chercher également. Cependant montrer qu’elle restait malgré tout sur ses gardes ne pouvait que le prévenir : elle était attentive ; et… prudente.

Tandis que le vampire fouillait le corps sans vie de son congénère, La Chasseresse  remis son arc en travers de son épaule puis saisit la flèche en argent qui avait atterrit à ses pieds. Il fallait faire preuve d’un certain courage – ou d’une bonne dose d’inconscience – pour un buveur d’hémoglobine d’oser toucher pareille arme. Elle continua à observer son compagnon temporaire et sursauta lorsqu’il sorti de ses vêtements une curieuse poche que la jeune femme identifia immédiatement. Certains humains donnaient volontairement leur sang  contre menue piécette pour survivre. Mais dans le cas présent, l’intuition d’Eréria était toute autre. L’humain n’avait probablement pas donné son fluide vital de bonne grâce, mais il n’était peut-être pas mort non plus ? L’électromancienne avait déjà imaginé plusieurs scénarios dont celui où la cargaison n’était pas éliminée à chaque fois, mais maintenue en vie afin de servir de vache à lait, si pareille comparaison est possible…

Remettant la flèche dans son carquois, elle répondit enfin à Luze, d’une voix légèrement amusée:


Non, je ne suis pas une de leurs marchandises : je doute fort qu’ils leurs laissent des armes. Où même qu’ils osent s’en prendre à des personnes armées à en juger par leurs manières cavalières. Je suis là pour les autres humains, l’un en particulier.

Elle songea immédiatement à Doroon. Qui pouvait être assez lâche pour prendre un enfant? Avoir aussi peu d’honneur?

L’immobilité soudaine de son comparse l’alerta, ayant l’ouïe plus développée que la sienne le vampire avait probablement entendu quelque chose. Elle se munit discrètement de sa lame en argent…

Les présentations attendront, je le crains, je ne suis pas sure d’avoir des amis dans le coin.

De fait, il était encore un peu trop tôt pour que Freya soit de retour.

Ses bras retombèrent le long de son corps, sa main enserrant plus fortement sa dague argentée lorsqu’elle vit arriver pareille compagnie. Dante MCAllistair… Curieusement, le premier sentiment qui l’assaillit n’était ni crainte, pour le combat qu’ils avaient déjà eu, ni reconnaissance parce qu’il avait tenu parole en la reconduisant en sureté après leur affrontement. Elle avait pensé ce jour-là, cette nuit-là plus exactement, qu’il avait tout de même un semblant d’honneur, lui qui avait utilisé sa chemise pour lui donner quelques soins rudimentaires. Non, le premier sentiment qui l’assaillit fut la déception. Elle ne l’aurait jamais imaginé traîner derrière tout ça, et encore moins s’en prendre à un jeune enfant.
Le cours discours qu’il leur servit lui fit juste lever les yeux au ciel. Il aimait la théâtralité, c’était indéniable, ses pseudos compliments la firent soupirer, sachant parfaitement où le mercenaire voulait en venir.

« Si tu as bonne mémoire, tu dois te souvenir comment je règle mes problèmes »
Cette phrase par contre la mit dans une sourde colère, froide et elle se mit en garde, sa lame à la main. Elle avait pris quelques cours avec le général, et il était temps de les utiliser. Bien sûr contre une fine lame, elle n’aurait pas eu l’ombre d’une chance. Les trois hommes fondirent sur la Chasseresse et son compagnon. Après une légère hésitation, leur choix fut rapidement fixé : un homme pour la femme, et deux pour le vampire. Un léger coup d’œil lui appris que Luze devrait pouvoir s’en sortir.

Son adversaire se jeta sur elle, épée courte levée bien haut au-dessus de lui. Eréria esquiva facilement le coup, tournant autour de l’homme. Un curieux ballet se mit alors en place : lui essayait de frapper encore et encore, elle se contentait d’esquiver la plupart du temps, bloquant les coups dans un cliquetis métallique le moins souvent possible. Elle était agile et endurante, mais mauvaise attaquante. Suivant les quelques conseils qu’elle avait reçu, tout à sa danse elle attendait que son adversaire se fatigue, fasse une erreur suffisamment grande pour lui laisser une ouverture. Ensuite… Et bien ensuite, il n’y avait plus qu’à mettre le bout pointu dans l’ennemi. L’homme commençait à s’essouffler et à pester. Perdant patience, il ajustait moins bien ses coups, tentant d’y mettre plus de force. L’épée courte toucha encore du vent, la jeune femme avait cette fois dévié vers l’extérieur le coup déséquilibrant l’adversaire, elle se retrouva vraiment très proche, presque collé contre son torse, alors dans un réflexe bien féminin, leva avec force son genou qui percuta l’entrejambe du malheureux. Ce n’était certes pas très « chevaleresque », mais au moins c’était efficace… Lâchant une bordée d’insanités l’homme s’écroula au sol portant une main à ses parties endolories. Eréria profita de l’instant pour planter sa lame dans la gorge du malfrat, pour la ressortir aussi sec, ensanglantée, évitant d’un saut le geyser de sang qui se répandait sur le sol sablonneux de la caverne.

Elle se tourna vers Luze afin de voir où il en était de son propre combat. Deux humains contre un vampire s’était peine perdue, elle ne le savait que trop bien. Un homme était déjà au sol, quant au second, son sort semblait déjà fixé. Pourtant, un petit coup de pousse était toujours le bienvenu aussi héla t’elle l’humain.


Hé, tu m’as l’air plutôt mal barré.

Une seconde d’inattention, une seconde fatale. Tandis que le jeune vampire se redressait, elle lui adressa un sourire sans joie, teintée d’une tristesse certaine. Si elle n’éprouvait plus cette profonde culpabilité à ôter une vie quand c’était nécessaire, elle n’y éprouvait aucune joie et n’aimait pas ça.

Krrrr… krrr… krrr…

Eréria perçu ce bruit ténu sans toutefois identifier sa réelle provenance et sa signification pour reporter son attention sur leur nouvel ennemi. Celui-ci serait coriace et la magie de l’archère plus que bienvenue. Elle irait jusqu’au bout afin de retrouver les marchandises et surtout l’enfant. Le jeune vampire à ses côtés, elle faisait désormais face à Dante qui avait vraisemblablement fini de fumer. Elle épousseta sa tunique tout en fixant le mercenaire dans les yeux.


Régler tes problèmes dis-tu ? Tu te fiches de moi ? La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, il ne semble que ni Lathus, ni moi t’ayons posé quelque conque soucis avant que tu décides de te distraire ? Oui, distraire, c’est bien le mot qu’il me semble pouvoir employer.

La jeune femme fit un pas en avant, tandis que la colère montait peu à peu en elle.

Krrr… krrr… krrrr...


Ton problème Dante, c’est que tu t’ennuies à mourir ! Et qu’il semblerait que la seule manière que tu aies trouvé pour combattre ton ennui c’est de coller le plus près possible à la mort. La jeune femme, fit un nouveau pas sans réellement s’en rendre compte tandis qu’il l’observait d’un air qui semblait impassible. Tu es incapable de vivre Dante McAllister, voilà ton problème! La Chasseresse prit une profonde inspiration. Tu es un lâche ! Voilà ce que tu es ! Attraper un humain pour apaiser sa faim je puis le comprendre ! En faire du bétail beaucoup moins ! Pour qui te prends-tu ?

La jeune femme était vibrante de colère, gardant difficilement le contrôle de ses émotions, pleine de vie tout simplement. Sa fureur était suffisante pour qu’un léger halo bleuté éclaire son corps, de minuscules éclairs apparaissant de temps à autres sur ses bras nus, autour de son cou,… Elle était incapable de percevoir que tenir pareilles paroles lui vaudraient peut être d'embrasser la mort.

Krrr… Krrr… Krrr…


Tu oses t’en prendre à des enfants, des innocents dont l’âme n’est peut-être pas encore noircie par le monde qui nous entoure. La mage aurait aimé gifler le vampire aux yeux d’un bleu si étrange. Une parcelle de son esprit sentait confusément que Luze s’était rapproché également…Des enfants ! Je suis venue les reprendre et tu vas…

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase, le sol se dérobait sous leurs pieds, ils chutèrent tous trois dans le vide à moitié engloutis par le mélange de sable et de terre qui composait le terrain un étage plus haut. Toussant et crachant de la poussière Eréria s’extirpa tant bien que mal du mélange sablonneux qui l’avait à moitié ensevelie. Tournant la tête de gauche à droite afin d’évaluer la situation Eréria compris que les deux humanoïdes étaient descendus en même temps qu’elle. Sauf qu’il faisait encore plus sombre qu’en haut dans ce nouveau dédale et que l’humaine était bien incapable de les différencier. Elle fit un inventaire rapide : quelques égratignures sans grande gravité, quelques contusions mais rien de bien gênant. L’arc avait survécu, mais elle ne pouvait en dire autant de ses flèches quelques-unes brisées, d’autres perdues. Il ne lui en restait qu’une seule petite poignée. Quant à sa lame... Elle semblait avoir disparu. La salle dans laquelle ils avaient atterrit n’était pas très grande et plusieurs galeries la rejoignait. Un nouveau bruit attira son attention, il lui évoquait celui d’ongles martelés sur une table. L’archère recula avec prudence se rapprochant des deux hommes, pour le moment peu lui importait de savoir qui était qui. Ses yeux d’émeraudes distinguaient une forme importante qui provenait de la galerie dont elle s’était éloignée.

Lorsque la bête sorti entièrement du couloir, la belle sentit une sueur froide lui parcourir l’échine. Un scorpianis d’environ 3m30 lui faisait face. L’insecte géant poussa un cri à vous déchirer les tympans tout en levant son dard. La jeune femme pu apercevoir ses crocs luisants et sentir le souffle de son haleine fétide.

Au moins, je ne suis pas seule, à deux ou trois, nous devrions pouvoir nous en sortir facilement. La Chasseresse avait à peine formulé cette pensée que d’autres sons lui parvinrent de toutes les galeries. Elle se recula encore pour se heurter à l’un des vampires dont l’identité lui était foutrement égale pour l’instant. D’autres scorpions géants avaient fait leur apparition, mais ils étaient nettement plus petits que le précédent. Eréria estimait leur taille à environ 2m10. Et elle comprit : usuellement un scorpianis vivait et chassait seul. Une seule conclusion s’imposait : une mère et ses jeunes. Incapable de les dénombrer correctement à cause de la pénombre l’humaine les trouvait quoiqu’il arrive bien trop nombreux.

Les insectes, impatients se lancèrent à l’attaque. La jeune femme évita de justesse une pince et roulant au sol et tira une flèche dans le même mouvement perforant un abdomen qui laissa un liquide verdâtre et nauséabond s’écouler. Fou de douleur la bestiole planta son dard près de la chasseresse que seul l’instinct de survie avait sauvé. Elle était clairement désavantagée et savait qu’elle ne tiendrait pas longtemps : leur vitesse, leur capacité à voir dans le noir, leur nombre. En outre si les deux vampires tombés dans la même galère qu’elle auraient des difficultés, elles seraient moindres. Ils avaient l’avantage d’être insensibles au poison, même si la piqûre était plus que douloureuse. Ce qui n'était pas son cas: le moindre contact et s'en serait fini d'elle… Pour l’humaine, tout avait basculé dans la confusion et le chaos.

Au loin, on pouvait entendre un loup hurler. Un hurlement qui lui fit chaud au cœur. Sa compagne serait bientôt là.
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MessageSujet: Re: Disparitions inquiétantes.   Disparitions inquiétantes. EmptyDim 11 Mai 2014 - 22:43

Tout en replaçant soigneusement le récipient de cuir éventré dans la poche interne de sa veste, Luze écouta distraitement Eréria l'informer des raisons de sa présence ici. Ainsi, il avait affaire à une bonne samaritaine ? Le jeune vampire n'y voyait pas là une quelconque entrave à sa propre entreprise, peut-être même qu'en entendre les tenants et aboutissants intéresserait la chasseresse ; après tout, même si l'objectif différait, le résultat concret d'un substitutif chimique au sang vivant relevait d'un intérêt commun aux vampires et à leurs proies...

Hélas, les formalités se voyaient en effet reportées alors qu'un léger bruit attira toute l'attention de l'hémophage. Un pressentiment des plus amers commença doucement à s'instiller dans le système nerveux de Luze, dont l'adrénaline faisait vibrer tous les muscles. Le jeune vampire osa imperceptiblement quelques pas vers l'arrière tandis qu'une prestance imposante saturait progressivement l'espace.
Luze ne connaissait que trop bien ces signes avant-coureurs... Une démarche assurée par des années d'existence qu'on ne comptait plus, un souffle antique aux relents d'un passé immémorial, un regard céruléen aux profondeurs aussi insondables que l'océan lui-même... L'entrée en scène des plus théâtrales du vieux vampire trouva son parfait public en la personne d'un Luze que la stupeur paralysa un instant tandis que ses iris pareils à deux lames d'argent détaillaient la dangereuse beauté de son aînée à la chevelure d'albâtre. Les lèvres marmoréennes de l'immortel formèrent des mots qui résonnèrent à l'esprit de Luze, et il comprit que la jeune humaine et lui se connaissaient d'avant. Quelques larmes écarlates vinrent teinter ses orbites amandés, dont il ne sut pas bien s'il les devait à la saumâtre fragrance qui s'échappait de la pipe de l'éphèbe ou bien directement de la terreur que lui inspirait ce dernier.

Mais une lancinante douleur vint interrompre sa contemplation devenue par son insistance presque indécente. Une pointe de lance en fer venait de mordre la chair de son épaule, s'y enfonçant d'un quart, et Luze remarqua à ce moment-là la présence des trois sbires du vieux vampire.

" T'es simplement maladroit ou t'as pas une once d'instinct de survie, toi ? " Demanda-t-il en reprenant pied avec la réalité, et en couvrant son agresseur d'un sourire sardonique tandis que sa grande main blafarde se posait sur le manche de la lance. Luze se dégagea de la morsure de l'acier en grognant de douleur, puis tira violemment sur l'arme pour rapprocher de lui le lancier. Un craquement sinistre précéda la chute du cadavre dont la tête formait un angle inquiétant avec la carrure cintrée de ses épaules, laissant à jamais le doute quant à savoir pourquoi l'humain avait préféré lui épargner le cœur. Luze se retourna alors sur l'autre condamné qui portait une lampe à huile destinée à éclairer sa pauvre vision. Quelque peu inquiet que cet humain-là fût mieux renseigné quant aux points faibles des vampires, sa priorité fut de lui faire perdre sa meurtrière arme enflammée, et c'est d'un coup de pied précisément placé qu'il envoya avec force la lampe oscillante en direction de son congénère. Il n'attendit pas de voir le résultat de sa réponse enflammée aux hostilités qu'on lui avait lancées, et d'ailleurs, l'humain ne savait plus où donner de la tête alors qu'il venait de se faire désarmé et savamment interpelé... Comptant bien profiter de cette inattention, Luze saisit le poignet de l'homme qui tenait une menaçante lame d'une main et lui brisa le coude d'un coup sec. Son autre main vint saisir le démembré par la gorge pour y enfoncer ses crocs saillants et récupérer les quelques gouttes de sang que la lance lui avait volées, puis s'agenouillant vivement, il fracassa d'un même mouvement le crâne du mortel sur le sol dur et froid de la caverne. Le jeune vampire releva un regard teinté de reconnaissance vers Eréria et cueillit son sourire comme une présence rassurante face au dernier et au plus redoutable de leurs adversaires.

Ces deux-là se connaissaient, et même plutôt bien à en juger par leur familiarité. Leur échange permit au moins au jeune vampire d'apprendre leur nom... A mesure que la chasseresse émettait ses hypothèses quant à la présence du strige, Luze ne pouvait s'empêcher de ressentir comme un malaise... Raffermissant sa prise sur la lance qu'il tenait toujours, il s'approcha de l'humaine sans lâcher du regard son sauvage congénère. Un vampire suffisamment âgé pour avoir vécu les événements des siècles passés, être parvenu à maîtriser totalement ses instincts, et s'il en croyait les dires de la femelle, uniquement motivé par l'ennui ? Si la folie humaine rendait cette justification plausible aux yeux de la jeune femme, son intuition l'avertissait d'une incohérence flagrante. Mais qu'avait-il à dire du haut de son jeune âge ? Surtout qu'elle semblait le connaître, et même si son sixième sens le trompait rarement, à la barre d'un procès d'intention, cela ne suffisait que partiellement.
Encore ce grattement... A regret, ses prunelles se détachèrent du bellâtre pour sonder le sol... Ca ne pouvait être son imagination, quelque chose semblait... ronger la terre. Quelques éclairs surgirent autour de la chasseresse, maintenant Luze à une certaine distance... Il allait cependant lui intimer de se taire pour mieux écouter quand soudain, il sentit le sol se dérober sous lui.


" Qu'est-ce qu..."

* C'était juste... *

Dans le chaos, Luze vit un éclat argenté passer tout près de son visage. Il eut juste le temps d'éviter qu'une des flèches perdues d'Eréria ne glissât sur lui, négociant d'un formidable élan d'agilité une rotation de son corps qui permit à ses pieds de retrouver un appui stable au sol. Même sans force, il ne voulait pas songer à la douleur qu'aurait provoqué la simple pose d'un tel métal à même sa peau. Tandis que la poussière soulevée par l'éboulement se dissipait, des formes gigantesques apparaissaient autour d'eux. Luze repéra du coin de l'œil son dangereux congénère, qui ne tarderait visiblement pas à être à son tour inquiété par quelque insecte venu chercher une mort prématurée... En revanche, au vu des événements, il savait pertinemment à quel camp se ranger. Le cri strident du scorpianis malmena un instant son audition, et un deuxième plus court suivi alors qu'une des flèches de la chasseresse lui déchirait le ventre.

Si la chance lui avait permit d'éviter l'enroulé meurtrier du scorpioïde, Luze comprit dans quel état de perdition devait se trouver l'humaine dans une telle pénombre, acculée par des ennemis qu'elle ne pouvait voir. De son côté, même si les monstres n'étaient pas d'un danger immédiat, il n'avait que très peu envie de se retrouver affaibli avec l'un des siens si puissant dans les parages. La perspective que l'une des flèches devenues précieuses de la chasseresse confuse décollât dans la mauvaise direction lui effleura également l'esprit...
Un tapotement vif retentit juste à côté de lui tandis que la silhouette d'une créature plus petite que celle qui faisait face à Eréria sortait d'une galerie adjacente. Ses mandibules manquèrent de lui sectionner le tronc, alors qu'il sautait agilement sur les deux appendices dont le mouvement de pince ne facilita pas son équilibre... Réagissant ni une ni deux, Luze utilisa la paroi irrégulière de la chambre pour s'élever au-dessus de la bête, et atterrir dans un râle rauque sur sa tête, la pointe de la lance traversant son crâne. Dans un salto latéral, il rejoignit le sol en libérant d'un même mouvement sa lame dont le manche craqua de manière inquiétante... L'arme ne ferait plus long feu entre ses doigts inexpérimentés... Restant proche du sol, il se tourna vivement vers l'humaine pour voir l'horreur qui allait s'abattre sur elle. Il n'eut que le temps de se jeter en avant pour l'attraper par les hanches et l'ôter de la trajectoire du dard qui s'abattit une fraction de seconde plus tard là où elle se trouvait.

" C'est moi. C'est Luze... " L'informa-t-il rapidement, moins pour se présenter que pour se différencier de l'autre humanoïde. " Il va falloir agir ensemble ! " Suggéra-t-il en l'aidant à se relever, ses yeux rougis par le désir fixé sur le grand scorpioïde... Désir oui... Ciel, que le sang qui suintait des blessures de l'humaine, mêmes légères, sentait bon...
Mais l'heure n'était pas aux réjouissances, et la situation l'aidait fort heureusement à se contrôler. Restant derrière la jeune femme pour éviter le feu de ses flèches, sa main saisit sans force la jonction fine de son avant-bras.
" C'est ta dernière flèche... mets-y toute ta force, je vais te guider... "

Le cri inquiet de la fenrir retentit au loin, faisant à peine frémir Luze qui se concentrait pour chercher un point faible sous la carapace télescopique de la créature en attendant qu'Eréria accepte ou rejette son aide...


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