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Denaro sentait la brise fraîche sur son visage et l'odeur salée de la mer lui mouchetait la peau d'embruins. Il marchait vers les docks, sachant qu'en cet instant il arrivait devant un tournant de sa vie. Ses pas étaient décidés et sa capuche rabattue. Il marchait avec confiance quoique la crainte lui tenaillait les tripes. Il arriva finalement devant les quais où le gargantuesque navire du capitaine patientait sur les flots à vif. Un petit attroupement s'était déjà formé et le jeune loup craint d'être en retard. Heureusement pour lui, il arriva alors que Wingus le présentait au membre de cet incroyable périple.

«...ous jette par-dessus bord! Vous suivez mes ordres, c'est moi l'unique maître à bord. Je vous présente mon second, Denaro. Vous devrez également l'écouter au besoin. Profitez-en pour vous présenter, je ne connais rien de plus sur vous. Profitez et comprenez ce qu’est la vie d’un marin!»

Il s'arrêta à proximité de son nouveau capitaine et le salua brièvement d'un signe de tête. Il avança d'un pas et observa l'attroupement.

«Je vous salut chers amis. Nous sommes ici rassemblé pour divers motifs qui ne concernent que chacun d'entre nous. Ce navire qui se dresse derrière nous est plus qu'une aventure, c'est une nouvelle avenue dans l'histoire de notre monde que nous empruntons. Je crois donc que, tous ensemble, nous nous devons de mettre toutes les chances de notre côté dans cette galère qui devient la notre. Cela étant dit, je veillerai scrupuleusement avec le cap'tain à ce qu'aucun conflit de race n'explose sur ce navire. Je ne suis pourtant pas ici pour vous menacer, ni vous imposer de règles. Je suis ici pour que tous ensemble nous puissions atteindre ce but qui est le notre. Forger notre destinée.»

Cela dit, Denaro remit son paquetage sur son dos et emprunta la passerelle vers le pont du navire. C'était la seule voie possible; une voie de non retour.

L'ennui. Un profond ennui. Il faut dire que la capacité de concentration de Shayne ne devait pas dépasser les quelques secondes, et encore, c'était en enjolivant les choses et quand l'objet méritait vraiment son attention. Le capitaine l'avait déjà ennuyé avec ses quelques phrases barbantes. Le garçon ne supportait plus de les écouter parler et décida de se séparer furtivement du groupe d'hommes et de femmes qui attendaient la comme des moutons. Après tout, il avait tout de même déboursé un bon paquet de pièces d'or pour cette "trépidante aventure" et il comptait bien faire en sorte que l'expédition soit au moins à hauteur, si ce n'est plus, de sa valeur. De plus, l'heure du démarrage n'avait pas l'air toute proche, et le jeune vampire avait une forte intuition de trouver plus divertissant à faire dans les Docks avant d'embarquer.

Les Docks de Môrdrum était très étendu, en fait, Shayne avait l'impression de ne pas en voir, mais cet effet était peut être aussi dut au fait que la population y était toujours abondant et les mouvements de foule ne s'y arrêtaient jamais, même jusqu'au bout de la nuit, il y avait toujours à faire sur un dock. Quoiqu'il en soit, cette foule purulente permettait au garçonnet de voler sans vergogne et en toute impunité. Il se saisit de quelques miches de pains et délesta quelques joyeux marins de leurs bourses d'or fraîchement acquises. Il n'avala que quelques morceaux de pain, n'ayant pas vraiment besoin de ce genre de nourriture pour épancher sa faim et sa soif. Dieu ce qu'il avait soif en y pensant. Mais dans cet endroit, il savait bien qu'il lui était impossible de faire quoique ce soit. Il était fou mais pas inconscient. La moindre goutte de sang qui sortirait d'une jugulaire pourrait mettre le feu aux poudres et dirigeait la déflagration sur sa propre personne.

C'est un peu amer et sur sa faim qu'il prit la décision de rejoindre le bateau. Mais sur le retour, un homme en particulier attira son attention. Il se dégageait de lui quelque chose de fort, une sorte d'aura. S'il n'était pas le fou qu'il est, l'enfant aurait passé son chemin, trop effrayé par ce sentiment de puissance et d'effroi qui s'échappait de l'homme. Mais en réalité, ça l'avait intrigué, même plus. En fait, ça l'avait intéressé et comme vous le savez, peu de chose arrivait aujourd'hui à attirer l’intérêt de ce petit monstre. Shayne secoua la tête, autre chose avait attirer son regard. Une lourde besace pendait à la taille du bonhomme. L'or pouvait payer la vie, elle, la puissance non. Silencieusement, vous me direz, rien de bien difficile vu le bruit ambiant, il s'approcha de l'homme et s'empara brutalement de la bourse. Il ne savait pas pourquoi il avait fait ça, il voulait se mettre en danger. Si cet homme l'attrapait, il lui ferait mal, très mal...

Le plus vite qu'il put il rejoint l'embarcadère où se trouvait le navire pour lequel il avait payé l'embarquement et s'engouffra à bord comme une furie. Il n'avait pas regardé derrière, sans regarder personne il entra à l'intérieur même du bateau et se faufila entre un caisson et un filet, regardant la bourse pleine d'or qu'il venait de dérober. De l'or.. Il sourit...

Accoudé au bastingage, Denaro regardait les reflus des vagues sur la coque lissée du titanesque navire. Les embruns de l’océan lui léchaient le visage et le vent s’engouffraient dans la capuche qu’il avait relevée sur son front, comme à son habitude. Ses pensées se perdaient dans l’océan infini, s’égaillant au milieu d’une cacophonie de clapotements douceâtres. Pareil poésie n’existait qu’en mer et son âme s’y plaisait bien. Des membres de l’équipage, encore à terre commencèrent à faire du raffut et le charme fut brisé. Il tourna les talons et comme l’ombre qu’il était, il se dirigea vers ses quartiers, la seule autre cabine isolée du reste de l’équipage ormis celle du capitaine. La-dîtes cabine, quoique privée, était petite et spartiate. Elle se composait d’un lit simple cloué au sol où il ne tiendrait à peine et d’une petite trappe située en relative hauteur par rapport au plancher et donnant une vue sur l’océan. Il posa ses maigres paquetages au pied du lit et retourna dans la mince coursive menant au pont. Arrivé sur celui-ci, il fit son possible pour enlever de son visage l’air taciturne qui s’y était posé comme un vautour sur un vieil acacia dégarni par les années de misère et d’intempéries. Il sourit sous le noir de jais qui masquait ses traits et s’avança sur le pont. Sur les 55 mètres de long et les 15 mètres de large du pont, une grande partie était encombrée de caisses de vivres qui ne demandaient qu’à être acheminé vers la cale. Il se tourna vers un marin fainéant et s’adressa à lui en termes on ne peut plus clair.

«Vous, oui vous! Remuez votre personne de là et trouvez-vous de l’aide pour descendre ces caisses dans la cale ; je veux ce vaisseau prêt à appareiller dans moins d’une heure.»

Avec l’espace que le déménagement des caisses occasionnerait, l’endroit serait alors plus propice aux tâches quotidiennes que l’équipage s’apprêtait à affronter. Il gravit le petit escalier qui menait à la roue de navigation surplombant le pont. Se parlant à lui-même, il fixa la grande voile qui s’était soudainement déployée.

«Le voyage promet d’être suprenant…»

Tout dans ce navire avait de quoi s’imprégner dans le cœur d’un homme. Autant que sa majestuosité s’emblait intemporelle, autant qu’il savait que cette œuvre s’avérerait éphémère et ne serait qu’une anecdote dans l’histoire d’Ephaelya... Sa vision fut encore une fois perturbée par un élément incongru du décor. Une forte bourrasque balaya brusquement le pont et le lycan vit du coin de l’œil un cordage aussi épais que l’une des cuisses du capitaine se décrocher du haut du mat principal. Il s’élança de la roue.

«Attention !»

Sans le vouloir, son corps percuta violement celui d’une jeune lycane qui se trouvait juste sous le cordage. Tout deux roulèrent loin de la menace, mais Denaro craignit l’espace d’un instant avoir blessé ce membre de l’équipage. L’aidant à se relever il plongea son regard dans le sien et fut pris d’un tournis étrange. Il secoua la tête et repris son calme.

«Pardonnez mon geste brusque, mais dans la foulée des événements je n’ai pu penser à mieux pour vous protéger. Je suis Denaro Romulus O’lray, second du capitaine et je vous prie une seconde fois de pardonner mon geste irréfléchi. »

Il posa un genou devant elle et rabattit sa capuche sur sa nuque, dévoilant son visage. Suite à ses excuses quoique brèves, il se redressa de toute sa hauteur et puisant dans la colère qui étreignait son coeur s'écria d'une voix tonituante.

«Qu'on m'apporte le mécanicien de service! Je veux que ce cordage soit remis en état et que toutes les composantes du navires suceptibles de subir une défaillance mettant la vie de quelqu'un en danger soit revérifiée. Je ne veux aucun autre accident comme celui-ci!»

Gêner de s'être emporté de colère comme il venait de le faire, Denaro leva les yeux au ciel et poussa un long soupir.

« L'aventuuuuuureuh, c'est l'aventuuuuuureeeuh ! Elle est pareil à l'amuuuuur, elle est en moi pour tujuuuurs, oui pour tujuuuuurs ! »

Assis sur un tonneau, Oyin contrôlait le bon arrivage, du quai au pont, des caisses de vivres pour le voyage en chantonnant joyeusement un vieil air connu.

« Alors, douze caisses de viandes, ça c'est bon... Eh ! Truc !... Ouais, toi ! Qu'est-ce que tu fous ! Il y a marqué « fragile : contient du fromage » alors tu me portes ça avec un peu plus de délicatesse je te prie. ! »

Le fromager descendit de son tonneau et jeta un coup d’œil au-dessus du bastingage, il y avait foule. Le départ du bateau était prévu dans l'heure suivante mais l'inquiétude le rongeait. Tout d'abord, les hommes affectés au rangement de la nourriture semblaient posséder un QI extrêmement bas. Les seuls mots qu'il avait pu capter était « Murmf » et « Pipi » et il espérait secrètement qu'ils ne feraient pas partie du voyage. Néanmoins, ce n'était pas à lui d'en décider mais au Capitaine ou au Second.
Quelque chose attira son attention, un couinement caractéristique... un rat ! Il tenta de l’attraper mais le rongeur fut plus rapide et Oyin le suivit jusque dans le coin le plus sombre de la cale. Il s'arrêta net, au moins une vingtaine de rats lui faisaient face. Il devait en référer en urgence. Il remonta sur le pont et chercha autour de lui une personne responsable. Ses yeux finirent par localiser le Second et il le rejoignit en quelques enjambées.

« Pardonnez-moi de vous importuner mas on a un GROS problème. »

Il tenta d'exposer les faits de la manière la plus simple possible :

« A vrai dire, il y a des dizaines de rats dans la cale et question salubrité j'ai déjà vu mieux ! »

Mais déjà, les « Murmf » posaient de nouveau problème et Oyin dut écourter la conversation pour aller gérer le désordre.

« Eh ! Toi ! Remets ce banc où tu l'as trouvé, c'est pas à nous espèce d'idiot ! »

Il rejoignit son tonneau, liste des vivres en main et recommença à notifier les arrivées de caisses sur le pont ainsi que le départ de celles-ci en cale. Il avait prévenu le second pour les rats et les caisses de fromage ne craignaient rien, il avait veillé à ce qu'elles soient plus solides et étanches que les autres.

J'étais déjà sur le bateau depuis un petit moment, j'étais montée bien avant tout ceux qui étaient là uniquement pour l'aventure car même si c'était l'une des raisons pour lesquelles j'étais là, c'était aussi pour le travail. J'avais réussi à devenir mousse sur ce navire. Je savais exactement à quoi m'attendre et j'étais prête. J'avais donc embarqué il y a de cela quelques heures, un sac contenant mes maigres affaires pour le voyage sur mon épaule.
Une fois à bord, je ne suis pas restée les bras croisés, il y avait déjà tant à faire. A première vue ce navire était splendide mais en réalité il y avait beaucoup, beaucoup de nettoyage à faire. Je commençais par m'occuper du pont,tout en regardant les personnes monter à bord au fur et à mesure, l'agitation gagnait petit à petit le navire. Une fois qu'un certain nombre de marins et d'explorateurs nous avaient rejoints, le capitaine, ainsi que son second se lancèrent dans des discours l'un après l'autre. Je les écoutais d’une oreille distraite, puis je me suis dirigée vers un homme qui chantait à tue tête et qui sentait assez fort. Non pas qu’il sentait mauvais mais il sentait le… fromage. Un léger sourire aux lèvres, je me suis approchée de lui me présentant. Quelque chose me disais qu’il n’était pas un simple passager mais qu’il allait travailler ici vu comment il se comportait. Je me doutais qu’il serait notre future cuisinier, qui d’autre pour surveiller ainsi l'arrivage de nourriture tout en criant sur les gens, les accablant d’ordres tel un chef de meute devant les jeunes louveteaux récalcitrant, comme un général humain devant ses soldats

« Bonjour ! Je suis Jessica Nokomis mais vous pouvez m’appeler Jess ! Je suis mousse et je suppose que vous êtes le cuisinier ? »

Lui ai-je demandé le regardant d’un air curieux. Peu de temps après, le navire leva l’ancre et partit vers le grand large. Mon regard se porta sur le port de la cité des nains qui s’éloignait, devenant de plus en plus petit. La grande expédition commençait enfin. La température n’était pas bien élevée et elle ne ferait que diminuer jusqu’à ce que nous atteignions la pleine mer. Les voiles étaient gonflées, majestueuses et j’ai regardé les personnes sur le pont. Ma bonne humeur ne me quittait pas en ce début de voyage et je continuais de retenir les visages des personnes avec lesquelles j’allais passer de longues journées, de longues semaines et qui sait peut être quelques mois ? L’avantage d’être seule en mer avec uniquement des inconnu était tout simplement que je pourrais laisser de côté mes problèmes, les laisser sur la terre ferme, ne le retrouvant que lorsque nous serions de retour. J’allais enfin pouvoir respirer librement[/font][/size]

Pff...Tu parles d'un voyage en mer. Aaron aurait aimé rester sur la terre ferme, mais les ordres étaient les ordres. Il avait été envoyé ici pour de la recherche d'information. Bref, une mission de seconde zone. Vous l'aurez comprit, ce voyage en mer n'était pas passé inaperçu aux yeux de l'armée. Ce que le Cp'tain et l'équipage allait probablement découvrir et bien le rouquin était chargé de faire un rapport là dessus. Devenir sergent en chef de l'armée d'Oryenna...Cela avait été tellement facile. Il suffisait de dire ce que les gens voulaient entendre et rien d'autre. Aaron resta dans un coin du bateau sur la passerelle. Il fallait qu'il se fonde dans la masse ou plutôt, dans ce tas de dégénéré, car il n'eut pas à attendre longtemps avant le premier accident. Le second semblait ne pas prendre son rôle à la légère. Le rouquin porta d'abord son attention sur un jeune homme qui gueulait contre les marins qui portaient les caisses de nourriture, puis, il aperçu une tête familière, non deux. L'albinos et l'autre chef de meute. Ah ces deux là...Aaron grimaça un instant. Il ne préférait pas se rappeler de ce qui s'était produit chez les Sang-chaud. Le sergent en chef soupira puis aida un des marins à porter les caisses de fromages. Evidement, il fallait que l’équipage soit composé de crétins maladroits. En effet, après un faux pas du marin, la caisse qu’il tenait avec Aaron tomba sur le coté et s’ouvrit laissant plusieurs morceaux de gruyères puants encombrer le sol. Le rouquin soupira un instant et regarda le marin lassé de la situation :

-Espèce d’incapable…

Le marin semblait désolé, mais ce qui préoccupait le plus le sergent était la réaction que le potentiel cuisinier du navire allait avoir, ce qui ennuya profondément le chasseur.

Le capitaine donna ses ordres et Denaro sembla être le premier à y répondre. Il s'avança devant Wingus et le salua. Sans plus attendre, il se dirigea vers le grand pavillon et s'installa à la barre, demandant le cap au timmonier. Prennant la roue du gourvernail dans ses mains, il aligna le cap et maintaint la route. La houle était légère et presque rien ne vint la troubler jusqu'au moment où Denaro vit d'étranges éclaboussures dans le sillage du navire. Une créature grise et argenté les suivait, bientôt rejoind par plusieurs de ses congénères. Ensemble, ils formaient une bande heureuse et les petits cris qu'ils poussèrent rapellèrent à Denaro les joies de l'enfance. L'une d'elle bondit librement, se cabrant dans les flots. Denaro sourit et la salua. Ses créatures seraient destinées à les accompagner pour un long moment.

Finalement, la péripétie avait été décevante et l'arrivée du deuxième homme y avait mit fin beaucoup trop vite au gout du jeune voyou. Heureusement qu'il avait tout de même gagné une poignée de pièces d'or, sinon il aurait été déçu par tout ça. Ce voyage en bateau s'annonçait réellement morne et ennuyeux finalement, comme il l'avait prédit à la base. Quoiqu'il en soit, l'attention n'avait plus l'air de se porter sur lui, et le plus discrètement possible il essaya de s'extirper de sa cachette. Il était sur le point de fuir mais sa cheville était coincé dans la maille d'un filet qui se trouvait dans la cale. Le vampire s'étala de tout son long sur le sol en planche, se tapant la mâchoire par terre. Le choc lui transperça le crâne, remontant directement dans sa boîte crânienne. Mais il était repéré il n'avait plus le temps de se morfondre et de se reposer sur ses lauriers. Le méchant homme était presque sur lui et la rage peignait encore son visage.

Shayne courut promptement vers la sortie la plus proche. Il ne voulait pas regarder derrière lui, son coeur battait la chamade et il ne trouvait rien de plus puissant que l'adrénaline qui monte dans ce genre de situation. Les jambes tremblotantes, la bouche sèche et les forces qui se décuplent. Comme un avant gout de l'image que le jeune homme se faisait de la mort. Peut être que le voyage allait finalement se pimenter un petit peu. Il ouvrit une porte à la volée et pendant quelques secondes il se demanda si le soleil ne s'était pas levé pendant son séjour dans la cale. Non. Tout allait bien, la lune pointait encore le bout de son nez et les embruns embaumait l'air. Le bateau était en mer et il ne l'avait pas encore réalisé.

Tout à coup, il sentit que quelque chose n'allait pas. Son corps ne répondait pas correctement à ses demandes et plus il courrait plus il s'affaiblissait. Ses entrailles se tordaient et il fut pris d'un malaise soudain, sa vue se brouilla et il chuta sur le sol plat, ravivant la blessure à la mâchoire qu'il avait déjà oublié. Il trouva la force de s'accouder au bastingage et il vomit par dessus bord. Le vampire lâcha toute ses tripes, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait et sa bouche le faisait souffrir. Il tâta au niveau de sa mâchoire et sentit que ce n'était pas normal. Sa mâchoire inférieure était totalement désaxée. La sensation de l'os démis lui arracha un nouveau haut le coeur et il régurgita à nouveau un mélange de bile et de sang.

Son poursuivant ne s'était pas encore pointé, mais Shayne n'avait plus la force de faire un mouvement. Il s'affaissa dos au bastingage et s'essuya la bouche avec le revers de sa manche. Résolu, il attendait maintenant la sentence qui ne tarderait plus avant de tomber sur le coin de sa bouche.. Enfin, ce qu'il en restait.

Wingus s’entretenait avec les members de son equipages afin de les connaître un peu mieux et surtout, à vérifier par lui-même s’il n’y avait pas de traîtres par mis eux. La méfiance est toujours de mise dans ce genre d’expédition et le Cap’tain préférait ne prendre aucun risque. L’aube caressait le visage de chacun à bord et quelques percées de soleil déchiraient le brouillard épais qui les entourait. Peut-être qu’ils auraient de la chance finalement… Des cris de matelots le firent sursauter, il grogna dans sa barbe en se demanda ce qui se passait.

« Un navire ! Un navire droit devant!! »

« Par tous les divinités! Comment osent-ils nous barrer la route! » Maugréa-t-il les dents serrés en s’approchant à la proue du Kaësis. Il sortit sa longue vue et observa la silhouette du bateau, il pouvait à peine voir les détails à cause de la température, mais il pu rapidement comprendre de qui il s’agissait. Son ennemie jurée depuis toujours! Il en avait déduit grâce à la tête de mort qui paraissait sur leur voile principale. « PIRATES! Ce sont des pirates, tous à vos postes! »

Aaron n'allait pas attendre que le cuisinier lui gueule à la figure pour s'éclipser. Malheureusement, un élément perturbateur s'invita à la partie. Une jeune femme, ce n'était pas une humaine, mais une elfe vu la taille de ses ravissantes oreilles. Que voulait-elle ? Le jeune homme n'eut pas à se poser la question car la réponse était évidente. La nouvelle venue s'avança vers les deux hommes et s'accroupit pour les aider à ramasser les morceaux de fromages étendu au sol. Il fit de même, histoire de terminer le sale boulot rapide. Ramasser du fromage, il avait toujours rêvé de le faire...Ouais, c'est de l'ironie.

« Vous devriez faire attention le prochain coup… Je doute que le cuisinier soit d’une humeur favorable à voir comment il a crié sur les matelots tout à l’heure.»

L'elfe continua de ramasser en silence, esquissant un léger sourire. Le rouquin lui, ne dit pas un mot, trop occupé à regarder le second en train de faire son job. Une fois que l'inconnue eu terminé, elle se releva jetant un dernier coup d’œil à la caisse.

« Bonne chance… » Murmura-t-elle.

La créature mystique finit par s'en aller. Épatant...Mmh ? Oui, elle avait de jolies fesses. Aaron se leva à son tour et s'étira avant de s’éclipser histoire de faire une sieste...Quoi ? Vous ne pensiez quand même pas qu'il allait jouer les marins ? En fait, vous avez totalement raison. Malheureusement pour lui, la sieste allait devoir attendre.

Le bateau était vraiment agité, mais il régnait une sorte de discipline sur le pont. Chacun faisait ce qu'il avait à faire et surtout, ils ne se plaignaient pas. Tout le contraire de certains soldats de la garde d'Oryenna...Le rouquin regarda autour de lui à la recherche de l'elfe qui l'avait aidé il y a quelques instants. Il vit un jeune adolescent plutôt mal au point...Tiens, il venait de gerber. Le chasseur de vampire continua de scruter l'équipage quand son regard se posa sur la personne qu'il cherchait.

Soudain, un homme assez robuste passa près du jeune homme et lui donna -de force- un balai dans les mains:

"Allez mousse bouge toi comme les autres !"

Hein ? Le sergent en chef n'avait plus l'elfe sous les yeux, mais un autre marin ou plutôt, un colosse. Le roux garda le silence:

"...."

"Un problème le poisson rouge ?"

Il regarda l'homme avec un vieux sourire forcé:

"Non...aucun."

Tu parles...Comme s'il allait le ménage. Cela n'était pas de son ressort, d'ailleurs il détestait s'occuper des taches ménagères. Encore un boulot de bonne femme. Le matelot s'éloigna du rouquin après l'avoir dévisager. Aaron prit un air exaspéré et soupira.

*Saletés...*

Soudain, il entendit la voix d'un autre matelot posté sur le plus haut mât du navire.

« Un navire ! Un navire droit devant!! »

L'ambiance changea. Certains membres de l'équipage jetèrent des regards inquiets ou curieux à travers la légère brume qui dissimulait le bateau inconnu.

« Par tous les divinités! Comment osent-ils nous barrer la route! » Maugréa le Cap'tain . Aaron n'eut pas à plisser les yeux pour apercevoir le navire de loin car il possédait une excellente vue. Il remarqua plusieurs détails inquiétant. Pour commencer, le bateau semblait rapprocher dangereusement du Kaësis, ensuite, il faisait un temps plutôt pourri. Le soleil allait bientôt pointer le bout de son nez ce qui risquait de poser un véritable problème si la situation tournait au combat. Qu'en serait-il si la majorité de l'équipage était composé de vampire ? Les forces du potentiel ennemi n'étaient pas encore connus. Quoi qu'il en soit, il devait rester sur ses gardes. Les paroles du Cap'tain vinrent confirmer les doutes du sergent.

« PIRATES! Ce sont des pirates, tous à vos postes ! »

Et merde...