Avant propos : Ce journal est une copie, rendue publique, de celui que le général Critias tenait lors de la Grande Guerre. Les dates ont été changées pour correspondre au calendrier actuel et pour permettre un meilleur positionnement dans le temps. A son journal viennent s'ajouter des témoignages, recueillis à l'époque par des soldats et des proches du général et transmis de génération en génération. Les témoignages concordent tous, la véracité de l'histoire n'est donc plus à démontrer.



Début du journal, avant la nomination des représentants :

Aujourd'hui est un jour sombre, une fois de plus. Cela fait longtemps que je n'ai pas vu le soleil briller. Cette guerre semble impossible à gagner. Les Titans sont de plus en plus nombreux ... Mais d'où diable viennent-ils ? Pourquoi sont-ils là ? Est-ce une sorte de punition divine ?

Divin ou pas, nous n'avons aucune intention de nous laisser détruire sans réagir. La résistance du Sud est un exemple pour nous tous : nous devons nous battre. Ces Titans ne sont pas impossible à tuer. Nous devons et nous allons les exterminer, un par un, que ça prenne mille ans s'il le faut, mais nous ne nous laisserons pas détruire.

Si seulement Kratos était encore en vie, il nous aurait été d'une grande aide. Sa force colossale n'était certes pas encore à la hauteur de celle d'un Titan, d'ailleurs y a-t-il seulement une chose à la hauteur des Titans ?, mais elle nous aurait été plus qu'utile.

D'ailleurs, en parlant de frères, nous nous sommes séparés les tâches. Edgar s'occupe du côté "stratégique". Ses tactiques sont toujours sans faille et incroyablement intelligentes. Jasper, quant à lui, entraîne les soldats. Il a une capacité au combat hors du commun, ses élèves l'admirent. Moi, je dirige les troupes et mets en application les tactiques d'Edgar. Apparemment, je suis le seul qui arrive à les faire obéir au coeur de la bataille. Je dois pour cela toujours garder mon sang-froid. Je sens une énorme révérence de mes soldats à mon égard et j'en suis flatté. Ils me respectent et me suivent dans toutes nos batailles.

Nous allons partir, bientôt, Jasper et moi avec nos hommes. Apparemment, notre contrée natale, Ipsya est attaquée à son tour. Nous n'y sommes pas retournés depuis des années ... Depuis l'obtention de notre immortalité. Notre père doit être mort depuis longtemps, mais je me demande si nous avons encore de la famille ... Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons pas laisser notre terre tomber sous les coups des Titans.

Je tiendrai ce journal à jour dès que je le pourrai. Au cas où nous arrivions à survivre, au cas où nous arrivions à battre ces abominations, pour que les générations futures soient au courant de notre combat.

Jour 4 depuis le début du journal (Approximativement 3 mois avant la nomination des représentants) :

Nous sommes arrivés à Ipsya. Le temps est pluvieux, une fois de plus. A croire que le ciel pleure la présence des Titans en ce monde, chaque jour. Il semblerait que le danger qui menace cette région est double : deux frères Titans. On ne connait rien de leur capacités, mais on les aurait surnommés "Raijin" et "Thor".

Les soldats sont sur les nerfs, les officiers aussi. La région est assez petite, nous ne devrions donc pas tarder à tomber sur nos ennemis et combattre deux Titans n'a rien de réjouissant.

J'ai demandé à Edgar si on pouvait en profiter pour aller visiter notre maison natale, mais il n'a pas voulu. Il a raison, nous n'avons pas le temps pour la nostalgie, nous devons protéger cette terre qui nous a vu naître.

On m'a présenté un nouveau lieutenant, qui allait être sous mes ordres à partir d'aujourd'hui. Il a l'air fort, sûr de lui et sait se servir d'une épée. Son nom, c'est Iago. Iago Demetrias.

Je dois m'arrêter, maintenant, nous levons le campement. Nous venons d'entendre un bruit assourdissant vers l'Est, c'est sans doute eux. Il faut que nous allions voir ...


La suite ne fait pas partie du journal original. C'est un témoignage d'un des soldats vétérans, survivant de la Grande Guerre.


Je me rappelle de l'époque. Alors que nous foulions le sol d'Ipsya, le général Sëleucos avait demandé à son frère, avec une voix qui laissait entendre de l'excitation et de l'inquiétude, s'ils pouvaient revenir là où leur vie avait commencé. Je ne suis plus sûr des détails, mais cela a dû se passer de cette façon :

Edgar ! Là-bas, tu reconnais les montagnes ? C'est celles où nous allions jouer. Ce qui veut dire que la maison de père n'est plus très loin ! Et si on allait jeter un coup d'oeil ? Nous avons peut-être de la famille, encore !

Veux-tu te calmer, Sël' ? Nous ne sommes pas là pour ça.

Mais ...

Ecoute, si nous avons vraiment de la famille, crois-tu qu'ils nous pardonneront de ne pas leur avoir envoyé de nouvelles pendant tout ce temps ? Au lieu de vouloir les voir, concentre toi sur le combat qui nous attend. Il faut que tu sois au maximum de tes capacités pour diriger les soldats. L'avenir de cette contrée et de bien d'autres encore dépend de nous, donc de toi aussi.

... Oui, tu as raison, excuse moi. Où commence-t-on les recherches ?

Il y a un petit village en amont de cette rivière, si j'en crois la carte. Allons leur demander s'ils ont vu quelque chose.


Le général Sëleucos était bien étrange à l'époque. Il avait comme deux personnalités. L'une était celle du général : fort, courageux, charismatique, meneur d'hommes. Il avait l'âme d'un chef, sans peur et sans reproche. L'autre, c'était celle du jeune frère de famille. Il était docile, doux, gentil, un peu trop "enfant". Il obéissait à ses frères comme s'ils étaient des Dieux à ses yeux. Je n'ai jamais compris comment le comportement d'un homme pouvait changer à ce point selon à qui il parlait.

Mais c'était un général d'exception, c'était tous les trois des généraux d'exception.

Je ne me souviens plus trop de la suite de notre route. Mais je me rappelle encore du moment d'horreur lorsque nous avons vu les Titans, quelques heures après ... Ils avaient réduit plusieurs villages en cendres et ils se dressaient devant nous.

Raijin et Thor avaient tous les deux un pouvoir particulier. Ils pouvaient produire de l'électricité avec leur corps. Mais une seule décharge pouvait réduire une forêt en poussières ... Leur force était prodigieuse, nous n'étions pas préparés à un tel combat. Beaucoup des nôtres périrent sous nos yeux. Les généraux tentaient de rester calme et sûrs d'eux, mais on ne pouvait approcher les monstres, ils envoyaient leurs décharges directement dans le sol pour nous empêcher d'avancer.

Sëleucos hurlait des ordres à ses soldats, il était le général dur et imposant que l'on connaissait. Mais même l'alliance de ces trois frères ne pouvait rien contre les abominations en face de nous. Ces êtres étaient bien trop puissant et, comme je l'ai déjà dit, nous n'étions pas préparés. Nous avons dû fuir le combat ... Nous avons abandonné la contrée à son sort. Nous n'avions aucune chance de réussite.

Nous en étions tous conscients et aucun de nous ne blâmait les généraux pour cette retraite ... Mais ce fut un choc pour Sëleucos. Il avait abandonné sa patrie, sa maison, peut-être même sa famille. Il s'en voulait horriblement et avait juré de faire payer aux deux Titans leurs actions. Pendant ce temps, Edgar travaillait sur un plan. Il voulait retrouvés ces Titans, lui aussi, et les battre cette fois. Il avait pris en compte leur pouvoir terrifiant et avait, semble-t-il, trouvé une parade.

Nous allions repartir à leur recherche quelques jours plus tard. Edgar allait rester au quartier général, Sëleucos et Jasper allaient conduire les soldats vers Thor, qui s'était séparé de son jeune frère. Moi, je suis resté aux côtés d'Edgar.


[A suivre]

Jour 7 depuis le début du journal :

J'ai dû fuir. Nous avons dû fuir. Je ne m'en remets toujours pas. C'est la première fois que j'abandonne un combat ... Et quelle première fois ! Nous avons laissé cette contrée se faire ravager, il n'en reste plus rien ! Notre famille ... Je ne sais pas s'il nous en restait, mais dans tous les cas, c'est terminé.

Comment avons nous pu perdre à ce point ? Nous avons déjà affronté des Titans ! Certes, jamais deux à la fois et jamais de cette puissance ... Car ils étaient puissants, si puissants ... Nous avons été inutiles, nous nous sommes fait décimés !

Je n'en peux plus ... Depuis que nous sommes revenus au quartier général, je ne fais que tourner en rond. Edgar cherche, encore et encore, un moyen de prendre notre revanche. Y en a-t-il seulement un ? Peut-on battre ces monstres ? Nous n'avons même pas pu les approcher ...

Jasper semble tout aussi abattu que moi. Lui qui se croyait invincible de par sa rapidité et son agilité ... Il est tombé de haut.

Que faire ?



Jour 8 :


Edgar m'a appelé près de lui hier soir. Il semblerait qu'il ait enfin un plan. Thor s'est séparé de Raijin, nous avons une chance de le supprimer.

Notre équipement réglementaire a changé pour cette mission. Nous ne portons que des vêtements isolants, ce qui devrait diminuer les dégâts reçus des attaques électriques de ces abominations, et nos armes sont renforcées.

Jasper et moi dirigerons les hommes, Edgar quant à lui, restera au quartier général. Il doit préparer un plan de bataille pour Raijin et s'assurer qu'il ne découvre pas notre position.

Nous partons demain ... J'ai hâte. Hâte de venger les miens, hâte de manger du Titan !




La suite est à nouveau un témoignage de soldat, présent lors du combat contre Thor et survivant de la Grande Guerre. Cela ne fait pas partie du journal initial.



Nous n'avions jamais vécu une telle défaite. Même les généraux étaient démotivés après notre fuite d'Ipsya. Nous ne sommes restés que très peu de temps au quartier général, déjà, nous repartions vers une nouvelle mission.

Enfin, je dis nouvelle ... En fait, nous sommes partis nous battre contre Thor à nouveau. Les soldats avaient du mal à y croire, moi aussi d'ailleurs. Nous repartions vers l'ennemi qui nous avait humilié à ce point, quelques jours plus tard seulement ?

Une discussion entre notre nouveau lieutenant, le jeune Demetrias, et le général Sëleucos nous éclaira.


Euh, pardon, mon général ?

Qu'y a-t-il, lieutenant ?

Les hommes et moi nous nous demandions ... Comment dire ...

Pourquoi nous repartons à nouveau vers une défaite inévitable, si cette mission ne serait pas un peu suicidaire ?

Son ton était sec et cassant. Il ne s'était toujours pas remis de cette défaite.

C'est ... C'est à peu près ça, oui.

Il s'arrêta alors et fit face à toute la troupe.

Croyez vous vraiment que nous vous enverrions à la mort ? Combien de fois avons nous perdu depuis que nous vous dirigeons ? Une fois. Il y a trois jours. Les Titans étaient deux, nous n'étions pas préparés, nous ne connaissions par leur force.

Cette fois-ci, c'est différent. Edgar a conçu un plan, Jasper et moi avons de la rage et de l'énergie à revendre et vous aussi, j'en suis certain.

Beaucoup d'entre vous, beaucoup d'entre nous en fait, ont perdu de la famille en Ipsya. Ces Titans en sont les responsables. Que voulez vous, exactement ? Que nous les laissions fuir ? Que nous laissions à une autre race le plaisir de leur arracher la tête ? Il en est hors de question.

Nous n'allons pas perdre cette bataille. En fait, nous n'en perdrons plus aucune. Nous chasserons tous les Titans d'Ephaëlya, ils n'ont rien à faire ici ! Nous sommes chez nous et je compte bien que cela reste ainsi encore longtemps !

Quand vous vous êtes engagés dans notre armée, vous nous avez fait le serment de nous suivre, nous vous avons fait celui de nous mener vers la victoire. Nous avons perdu la première manche contre Thor et Raijin, mais nous sommes toujours vivants. Tant que nous le serons, cette guerre ne sera pas finie. Tant que nous le serons, les Titans auront encore quelque chose à craindre.

Si vous n'êtes pas d'accord, il ne tient qu'à vous de partir. Mais je vous garantis que sitôt que nous aurons défait Thor, je partirai personnellement à la recherche des fuyards. Personne ne ridiculisera notre armée ! Que ce soit ses propres soldats ou les Titans ! Ceux qui oseront seront éliminés sans aucun pitié !

Il se retourna ensuite et se remit en marche sous le regard admiratif de tous les soldats présents. Voilà pourquoi notre armée était et est toujours si forte. Parce que notre général sait comment bouger les troupes, sait se faire obéir et est admiré de tous. Voilà ce qui fait notre force, voilà pourquoi nous le suivons.

Quelques heures plus tard, nous arrivions devant Thor pour la seconde fois. Il était en train de mettre à sac un village, un énorme et terrifiant sourire barrait son visage.

Eh, le colosse ! Tu m'entends ? Tu te souviens de moi ?

Le général Jasper venait de parler, s'adressant au Titan.

Je suis toujours vivant, tu as mal fait ton travail ! Et nous avons une petite surprise pour toi !

Pendant qu'il le distrayait, son frère avait donné toutes les instructions nécessaires aux soldats. Ils s'étaient placés sur le toits des maisons et des bâtiments, visant le géant de leurs flèches.

Les deux Critias se tenaient au sol, avec leurs fantassins, dont moi, en première ligne. Dans un premier temps, nous l'avons chargé. Le Titan, surpris, se concentra uniquement sur nous et envoya des décharges dans le sol. Grâce à notre nouvel équipement, seuls les plus faibles d'entre nous tombèrent et nous pûmes nous attaquer à ses jambes. La tactique était de le faire tomber, simplement.

Dans un deuxième temps, alors que Thor était occupé avec nous au corps à corps, Sëleucos ordonna aux archers de tirer en visant uniquement les yeux du Titan. Après quelques salves de flèches, qu'il ne put ni esquiver ni réduire en cendres (la composition des flèches avait été, elle aussi, changée grâce à un métal isolant), il perdit ses deux yeux et finit aveugle.

Quatre groupes de soldats, qui avaient été placés aux quatre coins du village, passèrent ensuite à l'action. Ils tenaient des chaînes, isolantes aussi évidemment, immenses (en fait, elles étaient à l'échelle de notre ennemi). Ils les attachèrent aux bras et aux jambes de l'abomination pendant que nous autres fantassins continuions à le matraquer de coups, pour l'immobiliser.

Le Titan ne pouvait alors plus bouger. Les deux généraux en profitèrent. Sëleucos était monté sur le toit de l'habitation la plus proche de la tête de Thor, Jasper, lui, était resté au sol et continuait les assauts sur son crâne.
Soudain, Sëleucos bondit du toit, sa faux Deathbringer en main, et la planta tout droit dans la gorge de notre ennemi. Son sang commença à jaillir de son cou et se répandait sur le sol.

Les deux frères échangèrent ensuite un regard. Jasper sortit un sabre démesuré, Sëleucos prépara sa faux. Ils s'étaient placés des deux côtés du cou du Titan. Ils coururent et frappèrent de leurs armes en même temps. Leur attaque combinée le décapita, purement, simplement.

L'adversaire qui nous avait obligés à fuir quelques jours auparavant gisait à présent devant nous, mort. Grâce aux stratégies d'Edgar et à la force de ses deux frères, il n'avait rien pu faire, il n'avait pas eu l'occasion de contre-attaquer.

C'en était donc fini de Thor. A l'époque, nous avons célébré notre victoire dans une taverne du coin avec les habitants du village que nous avions sauvé. Beaucoup d'entre eux se joignirent à notre cause et s'engagèrent dans l'armée.

Ce que nous ignorions, c'était que Raijin allait vite être au courant du meurtre de son frère et qu'il nous retrouverait tout aussi vite. Un autre combat acharné devait avoir lieu, quelques jours plus tard ...

[A suivre]