L’elfe et le nain étaient partis tôt ce matin là, il leur fallait traverser ce lieu lugubre et ils ne souhaitaient pas mettre trop de temps, le danger pouvant surgir à tout moment. Orick était aussi très impatient de se retrouver enfin en Oryenna, la terre des hommes.

La marche dura plusieurs heures, la blessure au cou d’Orick s’étant bien refermée, il ne retardait l’elfe que par ses courtes enjambées. Heureusement, ils arrivèrent dans une sorte de chemin, qui permettait aux deux compagnons de marcher sans être ralentis par les branches d’arbres morts mais la configuration de ce chemin inquiéta Orick. Des crevasses régulières presque aussi grandes que celles d’un nain, parsemaient le chemin qu’ils empruntaient.

C’est alors que le sol se mit à trembler, Fératzu, l’élémentaire qui protégeait le petit groupe lança une sorte d’alerte au nain et à l’elfe, comme pour les prévenir d’un danger imminent. Orick aperçut alors dans les bois autour d’eux des formes de petite taille courir, l’elfe les avait lui aussi remarqué, et les deux compagnons redoublèrent leur vigilance.



Orick ne put s’empêcher de foncer tête baissée dans le petit bois sur sa droite, il vit alors deux gobelins, l’un s’étant prit dans une petite branche et l’autre était sûrement resté pour se moquer de son camarade. A la vue du nain, celui-ci s’enfuit sans demander son reste. L’autre, qui avait laissé tomber son épée loin de lui, sûrement en tombant peu de temps avant, tenta de retirer la branche de toutes ses forces jusqu’à se faire broyer par le marteau runique du nain. Celui-ci mourrait d’envie de courir après l’autre fuyard, mais il réussit à contrôler sa haine des gobelins et alla retrouver l’elfe qui était resté sur le chemin, prêt à suivre le nain s’il ne revenait pas rapidement.



Sur ce dernier mot, les tremblements reprirent, régulièrement, environ deux secondes entre chaque, un son lourd accompagnait chacun des tremblements. L’elfe fit signe au nain et alla rapidement se cacher dans le bois, quittant alors l’aura orangée de Fératzu qui accompagnait le nain. Comment Orick pouvait-il se cacher avec cette lueur qui l’entourait ?

Il décida de ne pas se cacher avec l’elfe, pour qu’il puisse rester indétectable et surprendre un potentiel adversaire mal avisé. Ayliän s’était caché sur la gauche, ce qui permit au nain de se remettre là où il avait vu les gobelins auparavant, sur sa droite. De là où ils étaient, ils ne voyaient pas grand-chose, mais savaient qu’une chose énorme se rapprochait, les pas lourds s’arrêtèrent enfin, mais semblaientt à un peu plus de trente mètres de leur position. Orick sentit la présence des gobelins, la chose qui venait expliquait enfin la présence des gobelins. Orick comprit alors que les lourds pas devaient être ceux d’une créature dévastatrice qui ne prêtait pas beaucoup d’attention aux gobelins, qui profitaient du carnage de la créature pour voler les ruines qu’elle laissait derrière elle.

Orick se retourna et vit une dizaine de gobelin se ruer sur lui, il leva son marteau et cria :



Sur ces mots, la lueur orangée disparut et une colonne de feu embrasa la grande partie des gobelins en s’attaquant d’abord à ceux du fond, laissant alors les gobelins en avant entre l’élémentaire et le nain, qui s’empressa alors d’écraser les petits diables désorientés. L’elfe apparut alors, faisant face à Orick, Fératzu dans sa terrifiante forme matérielle et un tas de cadavres de gobelins.

Aylian semblait terrifié. En traversant le chemin pour retrouver Orick, il avait quitté sa cachette et avait sûrement vu le monstre sur le chemin.

Aucun autre gobelin n’arrivait, cette première attaque avait sûrement permis aux autres gobelins de jauger la puissance de leurs adversaires. Orick regarda alors l’elfe et lui dit, alors qu’un autre bruit lourd se fit entendre à une vingtaine de mètres sur le chemin :

Après une courte nuit, bien que suffisante pour les deux amis, une longue marche commença à travers le petit bois enchanté, sous la chaleur du jour et la noirceur de l’ombre des arbres morts. Après tant de temps dans ce lugubre bois, l’elfe aimait à imaginer en voir la fin et aboutir enfin en Oryenna.

Ayant rejoint un petit chemin, les ennuis allaient très vite ressurgir des bois…

D’un coup, le sol trembla sous les pieds des guerriers…
Ayliän sentit l’aura de Fératzu l’avertissant alors d’un danger bien plus important qu’il n’y paraissait. De petites ombres se déplaçaient à grande vitesse à travers les bois non loin de là, Orick semblait les avoir repéré lui aussi.

Lorsque le nain prononça le nom de Gobelins, Ayliän prit très rapidement son arc et y tendit une flèche. Les gobelins bien que petits voire ridicules étaient des créatures extrêmement violentes, faisant tournoyer maladroitement leurs lames pour déchiqueter la chair avant d’y faire des recherches archéologiques. Rien de plus barbare et de plus idiot qu’un gobelin, mais en groupe, le cauchemar ne pouvait qu’être monstrueux. Heureusement pour l’elfe, ces petites créatures craignaient tout ce qui était plus grand qu’un nain, mais Ayliän se devait de protéger Orick autant que celui-ci le protégeait.

Sur ces mots, Orick se précipita comme un dégénéré à travers le bois où il avait aperçu les ombres tandis qu’Ayliän scrutait l’horizon dans lequel partait Orick, prêt à décocher une flèche à la moindre menace. Les cris des gobelins retentirent dans les bois, Orick devait certainement se faire plaisir pensa l’elfe.

Mais ce qui intriguait l’elfe plus que tout n’était non pas le fait qu’il y ait des gobelins dans la forêt, mais que ceux-ci n’étaient certainement pas la cause de ce tremblement de terre…

Lorsque Orick revint des bois avec son marteau ensanglanté, Ayliän ne put s’empêcher de penser à ce tremblement de terre.

- Je n’aime pas ça…

Orick ayant prit cette remarque pour les gobelins, en parla en disant qu’il devait être sur ses gardes. Ce que faisait l’elfe, observant rapidement les alentours à la recherche de réponses.

C’est alors que les tremblements se remirent à faire vibrer le sol, en cadence cette fois-ci.
Ayliän le savait, il ne fallait pas rester à vue sur ce petit chemin, il fallait se cacher dans les bois et observer. Il fit signe au nain de la tête pour le suivre et quitta le sentier en direction du bois, espérant qu’Orick le suive.

Après quelques secondes, Ayliän se retourna en posant son coude contre un des grands arbres du bois et comprit que le nain ne l’avait pas suivi. Les tremblements commençaient à devenir plus violents, plus lourds et plus inquiétants…

Ayliän respirait fort, il semblait à la fois énervé et inquiet pour son ami, il fallait qu’il se calme. Lorsqu’il reprit une respiration plus lente et contrôlée, le silence fut…

Un silence inquiétant, malsain comme ce bois… Il recula de deux pas en arrière, l’arc aux mains, et colla son dos contre un arbre.
Un arbre bien plus gros que tous ceux qu'il avait rencontré dans le bois...
Il y eut un grognement atroce, affamé, assoiffé…
Ayliän se retourna s’attendant au pire, ça n’était pas un arbre mais le talon d’un pied immense…
L’elfe leva la tête et ne put apercevoir qu’une horrible gelée transparente tomber de là-haut, elle explosa au sol éclaboussant Ayliän.

De la bave…

Ayliän comprit… Il se mit à courir aussi vite qu’il le put telle une flèche à travers l’air, les tremblements de terre se firent plus intenses encore derrière lui, brisant les arbres en grognant furieusement.

Ayliän put alors apercevoir un énorme jet de flammes à vingt mètres de là, il comprit qu’Orick avait lui aussi des problèmes et s’y dirigea fuyant par la même occasion la chose qui le rattrapait derrière lui.

Lorsque que l’elfe arriva sur place, Orick venait d’écrabouiller un gobelin de son marteau. Ayliän s’arrêta, laissant une distance de cinq mètres entre lui et le nain. La peur prit le contrôle d’Ayliän quelques instants, l’empêchant de prévenir Orick tout en affichant un regard affolé à celui-ci.

Lorsque Orick demanda à Ayliän ce qu’il avait, le nain put apercevoir un tronc d’arbre volant dans les airs derrière l’elfe. Orick n’eut comme autre réflexe que de plonger en arrière, évitant ainsi le tronc d’arbre déraciné qui venait de se fracasser sur le sol, séparant alors les deux compagnons d’un vacarme assourdissant.

Lorsque Orick se releva d’une rapidité fulgurante, il put apercevoir Ayliän qui lui hurla de s’en aller.

- UN GEANT !! COURS ORICKKKK !!

Lorsque Ayliän termina sa phrase, un autre arbre s’écrasa au sol avec une violence inouïe accompagné d’un grognement monstrueux,
La cime de l’arbre venait d’écraser l’elfe qui disparut en dessous.

Le grognement fit vibrer les tympans d'Orick... Le monstre se tenait face à lui à une quinzaine de mètres, grognant sa furie...

Orick était terrifié par la vue de ce monstre, il resta le plus calme possible pour pouvoir trouver une solution à cette rencontre déjà mal entamée.

Il y avait Fératzu, déjà en forme matérielle, une colonne de feu avec en son sein une silhouette humanoïde. Un tronc d’arbre près de lui, là où était Ayliän il y avait un instant. Un géant en colère à une quinzaine de mètres, hurlait encore d’une voix qui mettait à l’épreuve ses tympans. Mais aussi une petite bande de gobelins qui semblaient jaillir de derrière le géant.

C’était donc ça, le géant attirait la soif de destruction des gobelins. Il fallait maintenant trouver une solution au plus vite, les secondes semblaient des heures, il fallait trouver une solution et vite. Ayliän était soit mort, soit en vie et en sécurité car les gobelins n’avaient sûrement pas vu l’elfe se faire ensevelir. Pour ne pas les attirer vers l’elfe, il fallait courir loin et rejoindre les arbres pour être caché de la vue du géant. Il prit donc ses jambes à son cou tout en hurlant pour attirer tout le groupe vers lui. Il pensa alors qu’il était enfin quitte avec l’elfe, mais ça lui coûterait sûrement la vie.

A chacun de ses lourds pas, il analysait le choc de ses pieds sur la terre, mué par son instinct de survie, il cherchait à savoir si des tunnels pouvaient exister sous le petit bois. Un instinct plus que totalement inutile à ce moment précis de l’histoire… Les gobelins sont rapides et à la vue d’un nain en difficulté redoublent de zèle. Orick pu atteindre rapidement une densité plus importante d’arbres et décida d’affronter quelques gobelins. En se retournant, il vit Fératzu qui n’avait pas bougé d’un poil et lui cria :



Sur ces mots, la masse de feu s’envola vers le visage du géant qui donna un coup violent sur Fératzu, propulsé à quelques mètres de là. Il n’eut pas le temps d’y faire plus attention que quelques gobelins arrivaient déjà au corps à corps. Quelques mouvements rapides avec son marteau permirent de broyer un petit nombre d’entre eux. Il profita de la stupeur momentanée des autres gobelins pour aller plus en avant dans les bois. Les bruits des gobelins semblaient se placer tout autour de lui, il fallait rapidement s’éloigner du géant tout en repoussant les vagues d’assauts des petites créatures.

Orick ne se sentait pas à l’aise en dehors des mines pour ce genre de combat, il fallait rapidement s’habituer à ce genre de milieu. Une nouvelle vague de combattants sortit des bois alentours, il donna quelques coups mais l’un d’entre eux réussi à le toucher dans le dos, traversant le sac et s’arrêtant au niveau du bouclier sans aller plus loin. Il se retourna tout en continuant de combattre les autres gobelins mais celui dans son dos s’était agrippé au sac et tentait de trouver une faille dans l’armure du nain. Orick donna un violent coup sur le dernier petit monstre qui était encore devant lui puis sauta en arrière, broyant ainsi sur le sol le dernier membre de cette vague.

Il profita de l’accalmie pour s’engouffrer d’avantage dans le petit bois mais les pas du géant semblaient se rapprocher de lui. Plus aucun gobelin, ils allaient sûrement donner sa position s’ils le trouvaient, il fallait trouver une solution, il tenta le tout pour le tout et resta là où il était. Quelques gobelins arrivèrent, suivis d’un énorme pied qui alla s’écraser à environ trois mètres de lui. Il sauta sur l’occasion et brandit haut son marteau, hurlant :



Les runes de son marteau se mirent à briller et dans un éclair éblouissant l’arme du nain vint broyer le dessus du pied du géant. Les gobelins étaient totalement désorientés, il en profita pour en tuer quelques uns et courut, ne se doutant pas du spectacle qui se déroulait au-dessus des arbres.

Le géant venait de subir une blessure très grave au pied, le choc fut terrible, il sentit la douleur se propager dans tout le bas de sa jambe et se mit à hurler de douleur. Orick avait réussi à s’éloigner lorsque le géant commença à s’écrouler sur le sol, souhaitant écraser dans sa chute tout ce qui avait pu lui nuire. Les gobelins n’étaient plus du tout en sécurité, ils fuirent dans tout les sens, désorganisés. Orick se retourna en entendant le choc du géant s’effondrant. Il réalisait que son marteau venait enfin de révéler la puissance qui avait été sienne lors de son combat contre les golems. Il décida de charger le géant à terre, selon les bruits qu’il avait entendu, la chute du géant n’était pas terminée, sûrement avait-il entendu les genoux de celui-ci. Il fut guidé par une force invisible vers le lieu où la tête du géant allait tomber et manqua presque de se faire écraser par celle-ci. Il leva de nouveau son marteau, donna un violent coup et sentit le crâne s’affaisser sous la puissance du coup. D’un coup la tête du monstre repartit vers les hauteurs, il avait compris que l’ennemi qu’il affrontait pouvait présenter un danger et s’éloigna peu à peu d’Orick.



Sur ces mots, Orick se mit à courir en direction des pas irréguliers du géant. Ralenti par sa blessure, celui-ci ne se doutait pas que le nain allait le poursuivre et s’arrêta un instant pour vérifier l’état de son pied. Il se tordait de douleur sans prêter attention aux bruits du nain arrivant.

Quelques secondes passèrent et Orick arriva enfin là où le géant s’était assis. Le nain venait d’arriver, il baissa son marteau qui se mit à briller d’une lueur inquiétante, puis le lança de toutes ses forces vers la tête du géant, son œil fut crevé par l’impact, puis son corps s’effondra, inerte.



Orick alla chercher son marteau, il apprenait peu à peu à contrôler cette arme, une arme qui permettait de détruire de puissantes créatures, mais semblait banale face aux humanoïdes. Il sentait la puissance de son arme.

Fératzu avait été blessé et s’était réfugié dans un autre plan, il retrouva Orick et lui apparut :



Sur ces mots, Orick partit retrouver son compagnon elfe, sans réaliser complètement l’ampleur de ce qu’il venait de réaliser.

La pluie étalait le sang d’Ayliän sur le sol, une pluie torrentielle s’abattant contre l’armure du garde, contre la peau de l’émissaire, contre le cœur de l’elfe mourrant…

Les hurlements de souffrance, les cris incessants et douloureux de la jeune fille semblèrent la détruire au plus profond d’elle-même…
La douleur était telle que le voir mourir, la tuerait par la même occasion. Frappant contre son torse de toutes ses forces, hurlant sa douleur d’une agonie sans pareille…

- AYLIAN !!! NE MEURS PAS !!! AYLIANNNNNN !!!!!!

Les hurlements, déchirante attirance vers le désespoir de perdre un être cher…
Un être tant aimé, perdre son sourire, perdre son image, perdre Ayliän…

- NE MEURS PAS !!! JE T’AIME !!!! PITIÉ NON… NON NON NON !!!

Souffrance insoutenable, froide révélation d’un cœur brisé par la lourde tâche d’une séparation bouleversante et éternelle…

- NE MEURS PAS !!! NE MEURT PAS !!! AYLIANNNNNN !!!

Les pleurs retentirent, enduisant les arbres de tristesse, la terre de douleur, la forêt d’agonie…

Froid comme l’hiver, bleu comme le ciel, au revoir Ayliän…

Le noir… le néant… ensuite un flash…

Un autre paysage, bien plus beau, bien plus apaisant et sans la moindre douleur…
Assis sur l’herbe en dessous d’un ciel étoilé reflétant à Ayliän le plus beau des spectacles à travers son regard émeraude.
Une main entrelaçant une autre, des regards échangés, des caresses partagées, des baisers mérités.

Un amour en vérité…

- Je t’aime Kurata… Pardonne-moi…

Des révélations d’avant, de maintenant et d’ailleurs…

- Ayliän, j’en aime un autre…


Une larme coula à travers le visage d’Ayliän, traversant sa joue, traçant un chemin à travers le sang et la poussière…

Traçant un chemin à l’éveil…
Libérant l'elfe d'un rêve qu'il avait déjà fait... un rêve si réel...

Le ruban bleu de Kurata s’échappa de la sacoche blanche de l’elfe, virevoltant, victime du vent, semblant être malmené par son assaillant invisible. Le ruban finit par s’agripper à une branche de l’arbre qui s’était effondré sur Ayliän.

Le vent semblait s’acharner à l’envoyer loin de lui…
Jusqu’à ce que le ruban se décrocha de la branche pour se perdre à jamais dans le petit bois enchanté d’Angaïla…
Lorsque celui-ci se détacha de la branche, la main ensanglantée d’Ayliän surgit des bois morts et rattrapa juste à temps le ruban qui allait s’évader…

Cassant une à une les branches de l’arbre, Ayliän ressurgit, son visage prit une allure dramatique, celle d’un elfe agonisant de tristesse et de douleur…

Lorsque Ayliän se dépêtra des dernières branches, l’empêchant de s’extraire de sa prison de bois, il se releva en vacillant. Tenant fermement le ruban bleu de la jolie Kurata dans sa main droite, une main ensanglantée de par l’impact de l’arbre contre son corps. Ses lèvres prirent quelque peu raison de sa tristesse… Il était perdu, il ne savait plus où il était, ce qu’il faisait. La seule chose qu’il savait, la seule chose qui venait de le sauver semblait être un sentiment d’amour envers une humaine qu’il chérissait tant… Kurata…

Lorsqu’il fut debout, il comprit que la fin n’était pas si loin, ses bras déversant ce liquide rougeâtre semblait déferler sur le sol, jaillissant comme une source inépuisable du corps d’Ayliän. Lorsqu’il s'aperçut qu’une branche lui avait traversé l’abdomen, il sentit la douleur l’envahir… la vie le quitter…

Tenant fermement le ruban bleu… Ayliän se figea sur place…

La vision trouble, il aperçut Orick s’avançer vers lui…

L’elfe s’écroula à sa venue… s'effondrant sur le sol...

Orick était revenu près de l’arbre qui avait enseveli Ayliän et fut choqué de voir dans quel état l’elfe se trouvait. Un bain de sang l’entourait, il s’était levé mais tomba quelques secondes après avoir vu le nain.



Il se précipita sur le corps de son compagnon, c’était une véritable boucherie, il fallait rapidement arrêter le sang de couler. Il déchira les vêtements de l’elfe et en fit un bandage qu’il enroula tout autour du corps de l’elfe.



Rien ne se passa, Fératzu était surement déjà loin, il allait devoir faire un feu tout seul. Il prit le corps presque mort de l’elfe et le traîna doucement vers une crevasse sous un arbre. Il se dépêcha de faire un petit feu et donna un peu d’eau à son compagnon. Il retira son armure et se blottit contre l’elfe. Quelle honte… Réchauffer un elfe mourant dans les bois…

Orick se mit à penser, il se remémora ses dernières aventures.
Tout commence par une belle aventure dans l’ancienne mine d’Angaïla avec son ami Karg. Quelques combats contre des golems, rien de plus appréciable pour la renommée de sa famille.
Ensuite, un départ vers Oryenna, un combat contre des brigands, et un allié atypique, un elfe. Passons l’histoire du sauvetage de l’elfe, Orick ne voyait pas comment il pourrait tourner ça sans avoir une certaine honte.
Un combat épique contre des gobelins, mais surtout la mort d’un géant, superbe histoire !

Mais maintenant, un elfe sauvé par un nain, sans armure, qui était tiraillé entre son honneur de nain et le sauvetage d’un ami qu’il ne souhaitait pas voir mourir.

Une journée passa, Orick s’occupait de l’elfe qui récupérait petit à petit sa santé, sans être très bavard. Ils allaient manquer de vivres et l’elfe semblait déjà en meilleur état. Orick décida alors que la marche devait reprendre, il fallait atteindre Oryenna, Ayliän lui avait parlé du lac de l’aube, ce serait la prochaine destination.

De vagues images défilaient devant Ayliän, brouillées par la fatigue et la perte de sang. L’apparence d’un petit homme qui semblait prendre soin de lui commença à prendre forme, les détails semblèrent plus précis et les sons plus distincts.

Il avait froid, non pas un froid comme celui du vent caressant la peau mais un froid bien plus sombre et sournois, attirant au sommeil éternel. Ayliän en fut victime, se laissant aller à l’endormissement bien que réveillé par Orick dans les moments les plus durs.
Il sembla un moment que le nain s’était frayé un chemin, se blottissant contre Ayliän, ce qui le réveilla dans son état instable entre la vie et la mort. Le nain lui procurait la chaleur dont l’elfe avait besoin pour survivre, Ayliän lui en était redevable, bien que mal en point, il ne pouvait oublier cette sensation.

Le temps passa, les heures défilèrent…

Lorsqu’il ouvrit doucement les yeux, il aperçut Orick remettre son armure, enfiler ses gantelets tout en fouillant dans ses affaires.

Quand Ayliän essaya de se relever, une douleur au ventre le plaqua de nouveau au sol. Il porta sa main au niveau de l’abdomen et y sentit le tissu de ses vêtements en dessous de son armure, ils semblaient être enroulés autour de son ventre, lui évitant de perdre le peu de sang qu’il lui était resté. Il finit après un petit effort par se redresser et se mit en position assise.

- Que… Que s’est-il passé?
L’ar… l’arbre..?

Com.. Combien de temps ai-je été… inconscient ?

Ayliän voulait des explications, il ne pouvait en être autrement, jusqu’à ce qu’il se rappelle du géant des bois.
Il regarda autour de lui, portant la main au fourreau de sa dague à sa ceinture.

- Le Géant !! Orick ?? Où est le géant ???

Ayliän se remit debout avec un peu de mal, il remarqua par la même occasion le sang qui s’était écoulé de son corps par terre, souvenir de son arrivée dans cette petite crevasse sous un arbre mort.

- Orick que s’est-il passé ???

Ayliän semblait vouloir connaître plus que tout le déroulement des événements antérieurs, il voulait tant écrire dans son livre chacun de ses pas et de ceux qui l’accompagnaient.

Il plaqua sa main droite contre son ventre en signe de douleur, son arc avait semble-t-il tenu le coup au choc, posé par terre à côté de sa sacoche blanche avec au-dessus le ruban bleu rougeâtre de par son sang.


~ Oryenna ~ Lac de l'aube ~ Maison du lac ~ Première rencontre en Oryenna... ~

Orick était content de voir qu’Ayliän avait assez de force pour se relever, il fallait rapidement aller dans un lieu où il pourrait nettoyer ses blessures. Il savait que seuls les nains pouvaient facilement se remettre des infections, mais doutait un peu que l’elfe puisse résister. Il avait déjà senti que celui-ci avait la fièvre, il fallait aller au lac, puis repartir vers le Sud pour la cité des hommes, là où il pourrait trouver un soigneur.

Ayliän ne se souvenait de rien, juste de sa blessure et de l’arbre. Orick constata que les elfes étaient bien plus résistants qu’il le pensait, que c’était donc un bon choix de partir aujourd’hui. Il avait construit un sac spécial, il savait que l’elfe serait quelque peu gêné de s’y mettre pour qu’Orick puisse l’emmener au lac sans qu’il est à marcher, mais c’était ça ou le risque de voir la plaie se rouvrir. Le sac était comme un siège, l’elfe devant se mettre à cheval sur le nain, les jambes en dessous des bras du nain et les bras sur les épaules.



Ayliän était trop blessé et étonné de cette histoire pour en rajouter, il acquiesça et grimpa sur le dos du nain. C’était un peu ridicule, vue la différence de taille des deux, mais c’était la meilleur solution qu’avait trouvé Orick.

Le chemin fut court, ils discutèrent un peu, Orick rabâchant sans cesse son histoire, comme pour s’en persuader, mais Ayliän fini par s’endormir sans que le nain ne s’en rende compte. Il continuait pourtant à parler, il lui restait de la bière, et ne ralentissait jamais, la bière lui redonnant du courage à chaque fois qu’il souhaitait ralentir.

HRP : Fin de cette aventure, prochainement en Oryenna.