Les explications d’Orick étonnèrent l’elfe au point que celui-ci ne sache rien faire d’autre que de l’approuver tout en remballant ses affaires dans sa sacoche. De plus, cette idée de siège ne plaisait pas du tout à Ayliän qui se devait de garder une certaine fierté.

Mais à la guerre comme à la guerre… la survie et la solidarité prônaient plus que tout, surtout de la part d’un elfe.

- Merci pour tout Orick, je pense que nous sommes quitte à présent.
Ne t’inquiète pas, cette histoire restera entre nous, bien que j’aimerai tout de même l’écrire dans mon rapport.
Tout est important…

Même le plus petit des gestes peut changer le cours des choses.

Sur ce, Ayliän bien trop faible encore, monta sur le siège fait main d’Orick. La fièvre semblait troubler sa vision et sa lucidité.

La marche fut de courte durée, une marche lente durant laquelle Ayliän demanda milles questions sur l’exploit d’Orick face aux gobelins et surtout au géant. L’elfe n’avait qu’une chose en tête à chacun des mots du nain, écrire cette histoire dans son rapport, montrer à tous qu’un nain nommait Orick avait terrassé un géant des bois à lui seul. L’elfe dévorait chaques paroles que le nain s’aimé à raconter, détaillant chacun de ses pas.

Après un petit moment, Ayliän s’endormit sur les épaules du nain le portant avec une force impressionnante à travers le bois.

Lorsque Ayliän rouvrit les yeux, ses lèvres prirent une tournure enjouée, il ne pu rester dans sa position et se laissa tomber au sol, abandonnant les épaules du nain. La chute fut un peu douloureuse mais Ayliän n’en avait que faire.

- Orick!!! Regardes! Nous y sommes! Le lac de l’aube!! Oryenna, la contrée des humains!

Sur ces paroles, l’elfe coura en direction du lac, en vacillant quelque peu de par cette fièvre qui semblait l’envahir comme la gangrène.
Ayliän franchit la frontière séparant le bois d’Oryenna.

Le lac, immense et impressionnant, attira l’elfe qui s’agenouilla au bord et prit un bol d’eau cristalline de ses mains et s’y aspergea le visage, puis nettoya son armure de son sang et de celui des brigands.

Il se retourna pour apercevoir Orick arriver tranquillement vers lui.
Le ciel était d’un bleu clair éblouissant et le soleil frappait de sa chaleur l’étendue du lac, un spectacle magnifique après tant de temps passé dans un bois lugubre infesté de créatures redoutables et de brigands sans honneur.

- Cette eau est délicieuse Orick!

Merci beaucoup… Je pense que sans toi, j'aurai eu beaucoup plus de mal d'y arriver.

L’elfe se leva avec une main contre le torse, prit de douleur à la blessure et regarda plus loin encore. Une maison sur pilotis se tenait devant eux à 100 mètres de là. Ayliän qui avait mémorisé chaque millimètres de la carte en était sûr, c’était la maison du lac…

- Allons-y, nous nous y reposerons, surtout toi, tu en as besoin.

L’elfe n’attendit pas un possible refus du nain, il fallait que celui-ci se repose.
Ils se dirigèrent donc vers la maison, fier tous deux d’être en Oryenna, une contrée qui leur avait semblé si lointaine.

En arrivant à la maison, ils durent monter quelques marches pour atteindre la porte en bois qui était entrouverte. A l’intérieur de la grande bâtisse, il y avait quelques petits lits, suffisant pour des humains. La maison était illuminée des rayons du soleil de partout par des fenêtres sans vitres.

Il ne fallut pas attendre longtemps pour que les deux compagnons s’endorment malgré eux sous les draps des lits, fatigués après tant d’épreuves.

Deux heures plus tard, le soleil illuminait toujours autant certaines parties de la maison du lac, un silence apaisant régnait, les oiseaux chantaient un peu plus loin, les eaux du lacs s’étalant sur la fine couche de sable produisaient un doux son.
Lorsqu’un qu’un bruit vint tout bouleverser…

La fine ouïe de l’elfe l’alerta, quelqu’un était en train de monter les marches de la maison sur pilotis. Un lit séparait l’elfe de celui du nain, Ayliän lui envoya un petit caillou qui se trouvait en dessous de celui-ci. La petite pierre atterrit en plein sur le nez du nain qui se mit à grogner avant d’ouvrir les yeux à l’elfe.

Ayliän fit comprendre à Orick par des gestes la menace qui semblait rôder.
Il se mit debout, la douleur à son torse semblait faiblir de plus en plus, bien que la souffrance se faisait sentir tandis que la fièvre s’évaporée d’heure en heure.

Il prit son arc, y encocha une flèche de son carquois et tendit son arme en direction de la porte en bois.

Il ne fallait plus que la créature ou la personne qui allait ouvrir la porte regarde Ayliän dans les yeux avant de se prendre une flèche en pleine tête…

Orick marchait, l’elfe endormit sur ses épaules, dans ce qu’était la contrée des nains, Oryenna. Il était rassuré d’avoir quitté l’enfer du petit bois enchanté. Il marchait sur les plaines verdoyantes qui le séparaient du lac dont lui avait parlé Ayliän. Le lieu était agréable, l’air y était frais mais il manquait, pour que le nain puisse trouver le lieu agréable, quelques rochers et montagnes.

Au loin, il finit par voir ce qui devait être le lac, entouré d’arbres feuillus, il allait pouvoir se passer un peu d’eau sur le visage et soigner un peu mieux l’elfe. C’est à ce moment que celui-ci tomba, Orick se retourna, croyant à un accident, et vit l’elfe réveillé, comme émerveillé, comme à son habitude à chaque nouvelle chose qu’il apercevait.



Alors il se mit à courir vers le lac. « Les elfes sont-ils tous aussi fou ? » se demandait Orick. Il retira le siège qu’il avait confectionné de son dos et rejoignit Ayliän.



Orick s’avança prêt de l’eau, remplit ses gourdes d’eau, avec un certains déchirement lorsqu’il remplit la gourde de bière vide. Il se passa un peu d’eau sur le visage et en bu quelques gorgées puis remit son casque. Il trempa son marteau dans l’eau pour le nettoyer, lorsque l’elfe survolté dit :



Orick ne comprit pas tout de suite ce qu’il disait, puis vit la petite maison un peu plus loin. Il se résigna à ne pas finir le nettoyage de son marteau et suivit l’elfe. Les elfes ne sont pas aussi fragiles qu’il n’y parait, il n’avait même pas prit le temps de nettoyer sa plaie. Arrivé dans la petite maison humaine, il vit quelques lits et l’elfe se coucher dans l’un d’entre eux. Il invita Orick à se reposer lui aussi.

Cette maison était bien trop paisible pour Orick, il décida de garder son armure. Il s’allongea sur l’un des grands lits et garda son marteau sur lui. Ce qui n’était pas du goût de son lit qui craqua et s’affaissa sous tant de poids. Il était malgré tout exténué, et enfoncé dans son gros lit jusqu’à toucher le sol, il s’endormit paisiblement.

Une piqûre au nez, c’est ce que ressenti le nain à son réveil, grognant comme réveillé trop tôt. D’humeur bougonne, il allait hurler tout son mécontentement et faire comprendre à celui qui l’avait réveillé qu’on ne réveil pas un nain pour rien et vit qu’Ayliän lui faisait des signes comme pour lui signaler un danger venant vers la maison.

Il se leva lentement, prit son marteau et commença à s’avancer vers la porte, armure, casque, marteau et un nain de mauvaise humeur attendait le trouble fait.

Ayliän semblait concentré comme jamais, regard vers la porte en bois tout en apercevant Orick se poster contre le mur en bois à côté de la porte.

La fièvre d’Ayliän commençait à mourir en lui, la résistance elfique de son corps semblait combattre vaillamment contre cette chose qui essayait de rouiller ses forces. Tout au contraire de cette plaie au ventre, qu’il n’avait pas nettoyer de peur de rouvrir sa blessure en essayant de retirer le bandage bleu. Cette plaie était douloureuse mais l’elfe avait dans l’habitude de ne jamais se montrer plus faible que son ennemi.

Lorsque la porte s’ouvrit, Orick se plaça devant celle-ci avec son marteau, prêt à écraser d’un coup la menace.
Ayliän, lui, tenait fermement son arc prêt à lâcher prise pour libérer la flèche.

La porte s’ouvrit tout naturellement et une silhouette humaine se dessina, pistolet à la main…
Un pistolet impressionnant qui glaça le sang de l’elfe…

La seule raison pour laquelle il n’avait pas décoché sa flèche était simple, le jeune homme de grande taille et de corpulence moyenne venait de lever les mains en l’air emportant le canon de son arme hors de portée d' Ayliän à sa vue.

Les dires de l’homme rassurèrent quelque peu l'elfe qui gardé tout de même l’humain en ligne de mire. Il était vêtu d’un costume étrange mais raffiné qui lui donnait une certaine élégance entre rouge et noire. Le regard de l’humain semblait serein tout comme celui de l’elfe qui le fixait avec vive attention.

Orick se tenait toujours devant l'homme, derrière lui l'elfe, l'arc à la main, prit alors la parole avec une voix à laquelle il ne fallait mieux pas désobéir.

- Lâche ton arme.

La douleur au ventre, l’elfe espérait que celui-ci s’exécute vite, car attendre plus longtemps reviendrai à affaiblir les doigts qui tenait la corde de son arc…

La porte s'ouvrit et un humain munit d'un pistolet à canon long se tint devant eux. Celui-ci ne semblait pas menaçant et s'exprima ainsi :



Pourtant, le canon de son arme ne se baissait pas, Ayliän prit les devants et dit calmement :



Sa voix semblait affaiblit, sa blessure devait encore le faire souffrir. Orick ne pouvait qu’attendre la réponse de l’inconnu et insista en s’exclamant :



L’arme de son ennemi l’intriguait, les nains faisaient quelques armes à feu, mais les humains n’en faisaient pas d’égales. Cette arme n’était pas de manufacture naine mais pourtant semblait à première vue de très bonne facture, ce premier être humain semblait pouvoir lui donner des informations utiles sur la culture humaine qu’il pourrait ajouter à la liste des choses qu’il pourrait présenter aux chefs des grandes familles naines. Les humains commencent donc à faire des armes à feu de qualité ?

Orick fixait l’humain, ce que celui-ci ne pu voir puisque son casque de mithril masquait entièrement son visage.

L’homme devant eux restait calme et dit :



Il posa lentement son arme au sol et la fit glisser vers Orick qui resta les yeux fixés sur l’individu, il leva les mains pour montrer qu’il n’avait aucune intention de nuire et se mit à fixer le nain. Orick remarqua que l’humain était en train d’inspecter son casque puis il s’exprima :



Sans attendre de réponse, il regarda l’elfe rapidement puis s’en alla. Il revint avec une trousse de soin et alla voir Ayliän et dit à Orick :



Il s’attarda sur les blessures de l’elfe et sortit un rouleau de tissu blanc qu’il donna à l’elfe :



Il se leva et alla s’adresser au nain :



Orick fut alors heureux que l’homme se présente, il donnait une grande importance aux présentations et s’empressa de se présenter à son tour :



Il baissa sa garde et ramassa le pistolet de Lâtre.



Il rendit l’arme à l’humain puis ajouta :



Orick laissa Ayliän s’exprimer et continuait de regarder le pistolet de l’humain. C’était la première rencontre en Oryenna, et c’était enfin une rencontre sans encombre. Cela les changeait de ce qu’ils avaient pu voir dans le petit bois enchanté. Orick se concentra alors sur ce que disait l’elfe avec intérêt.

La douleur rongeait Ayliän, les mains de l’elfe commencèrent à trembler, sa respiration devenait de plus en plus poussée… il sentit alors une humide sensation lui couler au niveau bassin, sa plaie venait de se rouvrir…

Lorsque le jeune homme lâcha son arme à Orick, l’elfe abaissa d’un coup son arc et mit ses deux mains sur ses genoux, sa respiration lui faisait mal… à cause d’elle la plaie se contractée à chaque bouffée d’air. Cette branche ne l’avait pas épargné, elle aurait pu rester planté à travers l’abdomen de l’elfe, ce qui aurait pu l’aider à ne pas perdre autant de sang, mais il a fallut qu’elle reste accrochée à l'arbre mort lorsque Ayliän se dépêtra de son tombeau de bois. La vision trouble, prit de vertiges, il lui fallait sortir à l’air libre…

Tenant son arc au cas où, il n’avait pas remarqué le départ du jeune homme et lorsque celui-ci revint à ses côtés, l’elfe fut surpris de sa réaction.

La Cité de l’aurore…

La vision de Kurata traversa l’esprit de l’elfe…
Partir voir un soigneur dans la grande cité des hommes semblait être une très bonne idée, mais Ayliän ne préféra rien dire de par la douleur.

L’humain se rapprocha de l’elfe et lui tendit un rouleau de tissu blanc, beaucoup plus sain pour sa blessure que le bandage sale qu’il portait.
Les mots du jeune homme réconfortèrent Ayliän qui lui sourit tant bien que mal.

- Mer.. merci…

Après toutes ces rencontres, les brigands dans les bois, les gobelins et le géant, Ayliän se sentait enfin accueilli quelque part, il n’oubliera jamais cette première rencontre en Oryenna.

Le jeune homme se plaça ensuite devant les deux compagnons et s’inclina tout en se présentant.

Lâtre Dermindia, un nom humain qu’Ayliän n’oubliera pas.

Lorsque Orick commença à lui parler, il se présenta en signalant les exploits qu’ils avaient accompli durant leur voyage, ce qui fit rire l’elfe. Le manque de modestie chez les nains était un vrai handicap, un peu prétentieux sur les bords pensa l’elfe qui fit un sourire en coin.

Orick et Lâtre commencèrent à discuter d’armes, et d’autres choses sans grand intérêt pour Ayliän.
L’elfe n’aimait pas beaucoup les armes à feu, elles tuaient souvent sans raison tout en contraire d’un arc.
Comme une flèche, sur l'arc est placée la pensée.
Il fallait être sûr de soi pour encocher une flèche, tendre la corde, viser et tirer… le coup devait venir de la réflexion.
Une arme à feu n'avait pas grand honneur, viser et tirer, la réflexion n’avait pas sa place…

Mais après tout, peut-être que Lâtre était différent de ces hommes… ou peut-être étaient-ils tous comme lui… ce que l’elfe avait dû mal à croire.

Orick laissa alors la parole à Ayliän, il ne s’était pas encore présenté.
L’elfe leva les yeux vers l’humain, se redressant avec douleur et prit parole avec fierté.

- Je suis Ayliän Faën, émissaire et garde d’Evanya… je suis en mission.

Il laissa un court instant de silence avant de reprendre.

- Je dois me rendre à la Cité de l’aurore, je ne refuserai donc pas votre proposition Lâtre.

Au même instant, l’elfe fut prit de vertiges, le sang coulait en dessous de son bandage, il fallait qu’il se soigne de lui-même en attendant le départ vers la cité des hommes. Il se mit à marcher reprenant toutes ses affaires et arrivait à la porte se retourna vers les deux fanatiques d’armes à feu.

- Je vous laisse quelques instants, je vais changer mon bandage au bord du lac.

Sur ces mots, Ayliän franchit le pas de la porte, descendit les marches une à une et marcha quelques secondes avant d’arriver à bord du lac de l’aube. Il s’assit sur la petite parcelle de sable et retira doucement son bandage bleu, la douleur se fit plus intense, le bandage collait fortement à sa plaie et arraché des petits bouts de peau à chaque pression. Il ne voulait pas solidifier ce bandage et préférait en avoir un nouveau même si celui-ci était plus petit.

Il fallut à l’elfe cinq bonnes minutes avant de tout retirer, il se rinça ensuite, aspergeant sa plaie de cette eau si cristalline et enroula son abdomen du tissu blanc de Lâtre. Lorsqu’il eu finit sa douloureuse ascension, il sortit le ruban bleu de Kurata, ensanglanté de par son sang dans les bois et le nettoya dans l’eau jusqu’à ce que sa jolie couleur bleu ciel ressurgisse.

Après quoi, il resta assis, tranquillement face au lac, à sa droite la forêt du crépuscule devait sans doute apparaître un peu plus loin, à sa gauche, la cité de l’aurore, loin devant, derrière les arbres peut-être…

Il était prêt à repartir, il avait remballé ses affaires dans sa sacoche, son arc quand à lui était à ses côtés et se refusant de laisser un bout de tissu ensanglanté en pleine nature, il avait lavé le bandage bleu qui avait fait partie de son costume en dessous de son armure et avait réussi à le mettre dans sa sacoche blanche.

Ayliän respirait alors plus sereinement, la douleur était telle qu’il pouvait mieux la supporter et la vue du lac d’Oryenna sous le soleil était très apaisante.

Il prit alors la décision d’attendre que ses deux nouveaux compagnons de route se décident à partir pour la Cité de l’aurore.

Les trois compagnons étaient prêt pour le départ mais Lâtre devait partir pour une mission, Orick et Ayliän décidèrent alors de partir sans l’humain vers la cité de l’aube. La santé de l’elfe était inquiétante et il fallait partir rapidement. Celui-ci se sentait assez rétablit pour marcher et Orick ne voulait pas lui manquer de respect et accepta de le laisser faire.

Lâtre donna une petite ration de viande séchée à chacun des deux compagnons pour qu’ils puissent partir le ventre plein puis ils se séparèrent.

Orick savait que c’était probablement son dernier voyage avec Ayliän et malgré ce que l’on peut dire sur les nains, il était attristé de devoir quitter son compagnon elfe. La marche fut silencieuse, l’un ayant quelques difficultés à marcher et l’autre n’ayant pas trop l’humeur de bavarder lors du voyage.

Orick était navré car il sentait qu’après leur séparation, il ne saurait pas quoi faire en Oryenna pour sa quête de gloire, il réfléchissait alors sans trop avoir d’idées sur une méthode d’approche de la cité des humains. Il était un peu angoissé car c’était un monde inconnu, il avait tellement été habitué à ne côtoyer que des endroits peu fréquenté, mais la cité de l’aurore devait être pleine d’humains à chaque rue, chaque habitation, partout ! Les idées d’Orick n’étaient plus très claires et il finit par s’exprimer une dernière fois à Ayliän avant de quitter les terres du lac de l’aube.



Sur cette dernière phrase Orick se tut et continua sa marche, accompagné d’Ayliän.

Après une petite discussion, Ayliän et Orick prirent la décision de laisser Lâtre continuer sa route, lui permettant ainsi d’accomplir sa mission. Avant que le groupe ne se sépare le jeune humain donna à chacun des voyageurs un morceau de viande qu’ils s’empressèrent de manger pour avoir quelques forces afin d’arriver jusqu’à la Cité de l’aurore. Il y eu ensuite des encouragements et des signes de mains avant la séparation.

Cela faisait maintenant quelques temps qu’ils marchaient tout deux en direction de la cité des hommes, une marche douloureuse pour Ayliän, chaque pas semblait forcer sur sa plaie. Au contraire des marches précédentes, celle-ci semblait plus pesante de part le silence, l’elfe s’en rendait bien compte mais il était si concentré à conditionner la douleur qu’il ne se rendait pas compte qu’une page allait bientôt se tourner.

Ayliän stoppa sa marche en apercevant Orick s’arrêter, le nain se retourna vers lui et lui envoya de sages paroles qui touchèrent l’elfe.
Dans le regard d’Orick, Ayliän pouvait y lire une grande honnêteté, son casque pouvait dissimuler les mimiques du nain, mais certainement pas son regard. Après ces mots, Ayliän ne su quoi dire, il en était touché tout autant que troublé…

Il n’eut le temps de dire quelque chose que le nain se retourna et continua sa route quittant ainsi la plaine du lac.

Après deux heures de marche où Ayliän s’était ressassé les paroles d’Orick en boucle dans son esprit, ils aperçurent tout deux, deux tours de guets derrière de grands arbres, scrutant le lac lui-même. Elles étaient impressionnantes et symbolisées toute la force et la puissance des hommes. Les deux compagnons se regardèrent sachant que la Cité de l’aurore n’était plus très loin.

Un petit chemin à travers les arbres semblait indiquer la route à suivre mais avant même que les deux compagnons ne s’y engagent, Ayliän stoppa à son tour la marche, en attendant qu’Orick le remarque. Ce que fit celui-ci en se retournant vers l’elfe, ils restèrent debout face à face quelques secondes et Ayliän prit la parole un peu essoufflé par sa blessure.

- J'ai besoin de me reposer un peu Orick… juste un peu…

Les intentions de l’elfe n’étaient pas tout à fait ce qu’il voulait faire prétendre.
Orick accepta sans broncher et ils se mirent tout deux prés des arbres qui semblaient finir le lac et s’y posèrent au bord.

Ayliän laissa quelques mètres d’écart entre lui et Orick, il s’était assis face au lac tandis que le nain était contre un arbre. L’elfe sortit alors de sa sacoche la plume et l’encrier, son livre de rapports et sa carte. Il prit le livre de rapports et y arracha convenablement, de façon à garder le livre intacte tout en dissimulant le manque, cinq pages finement dorées. Il étala sur le sol la carte générale d’Ephaëlya et commença à la reproduire de la façon la plus fidèle possible sur les feuilles dorées. Cinq pages, pour les contrées encore inconnues ainsi qu'Angaïla, traçant avec finesse et doigté ses formes et ses courbes, ses forêts et ses villages, ses lacs et ses rivières, ses plaines et ses prairies, ses cités et ses monuments. Comme tout elfe bien éduqué, Ayliän avait appris très jeune l’art du dessin de par les retranscriptions des vieux textes elfiques qu’il se devait de faire. L’écriture elfique demandait un certain niveau à la plume, il était très dur de réécrire les symboles si le doigté n’y était pas. Ayliän aimait à dessiner, à écrire et retranscrire des textes elfiques, si bien qu’il aidait souvent ses camarades en difficultés.
Alors reproduire une carte semblait pour lui bien plus facile qu’il ne le pensait.

Après une bonne heure, il eu finit sa tâche. Une contrée sur chaque feuille dorée, détaillés comme sur la carte d’Ayliän, un peu plus brouillon certes, mais tout de même remarquable pour un si petit lapse de temps. Il enroula les cinq feuilles séparément tel des parchemins et se mit debout, la douleur n’en était que plus violente, mais elle n’allait pas arrêter la détermination de l’elfe.

Il s’avança jusqu’à Orick et lui tendit les parchemins.

- Ce ne sont pas des chefs-d’œuvre, mais elles te permettront de ne jamais réellement te perdre. Ce sont les quatre contrées qui te sont inconnues, dont Angaïla, de cette façon, il te sera plus facile de te localiser et de t’en servir. J’aurai bien voulu te remettre ma carte générale, mais elle symbolise toute une génération d’émissaire que je ne peux briser.

Je sais très bien que tu n’as pas de cartes et de ce faite, elles te seront très utiles…
Je n’ai rien d’autre à t’offrir… et j’aurai aimé faire plus pour toi.

Ayliän se tut quelques instants aprés qu'Orick ai pris les cartes, il semblait à son tour attristé, comprenant alors qu’ils partiront bientôt chacun de leur côté. Il releva les yeux se ressasant les mots de son compagnon de route.

- Depuis l’aube de la vie, nos deux peuples sont en perpétuels conflits, sans jamais pour autant entrer en guerre.
Mais aujourd’hui quand je nous vois… j’ai du mal à comprendre comment nos peuples en sont arrivés là et dans un sens, je trouve ça bien dommage.

C’est bien pour ça que je vais redorer l’image des nains en Evanya, grâce à mes rapports et à ton courage Orick. Ton histoire ne sera pas oubliée et ta famille encore moins, sois-en sûr. Ta quête est bien plus noble que tu ne le laisses prétendre, le destin décidera du chemin que tu devras emprunter, ne te tortures pas l’esprit à vouloir contrôler l’avenir.

Tu dis ne pas être un voyageur mais j’ai beaucoup de mal à le croire après tout ça.

Ayliän reprit son souffle en posant la main à son torse, le mal gagnait du terrain, le corps de l’elfe en était bouleversé.
Mais il reprit en souriant.

- Berënn… c’est le nom que je t’aurai donné si tu étais un elfe et c’est le nom que je placerai symboliquement à côté du tien, si tu en es d’accord.

Berënn signifie brave, pour une personne aussi courageuse que toi Orick, il te va comme un gant.
Quand je parlerai de mes aventures et que les gens me demanderont qui est Berënn, le nom d’Orick Marteaufoudre retentira dans leur esprit.

L’elfe sourit à cette idée, se projetant dans un avenir si lointain et si tranquille.
Il n’attendit pas de réaction d’Orick, et retourna à sa place, remettant ses affaires dans sa sacoche blanche avant de la rattachée solidement et avec douleur à sa ceinture. Il plaça son carquois et son arc à son dos et ferma les yeux quelques instants avant de repartir avec Orick en direction du petit chemin qui allait les amener à la cité.

Le soleil se mit à descendre doucement, les deux compagnons allaient sûrement arrivés à la Cité de l’aurore au crépuscule, ce qui devait être d’autant plus beau bien que par rapport à son nom s’en était paradoxal.


~ Oryenna ~ Cité de l'aurore ~ En plein coeur d'Oryenna... ~