«  Le problème avec le renouveau
c’est que ça met du temps à se mettre en place »

Revivre.

Beaucoup pense que le passage de la mort est définitif, que personne ne revient de ce passage obscur et personne ne sait réellement si revenir est une bonne chose ou non. Certain parle de malédiction d’autre parle de seconde chance, mais aucun individu n’est capable de donner une réponse universelle. Pour Aurore, ce fut certainement une seconde chance, un nouveau souffle, de nouvelle compétence, de nouveau besoin, mais chaque acte entraîne une conséquence. La nouvelle née avait perdu énormément et le plus difficile serait de récupérer son humanité, son empathie, ses envies, mais elle avait gagné de la force, de la vitesse, de l’endurance. Beaucoup diront que l’échange valait le coup. Que récupérer cette force surhumaine pour perdre un peu de son humanité, pour eux l’échange serait certainement dit équitable ou même non équitable, mais pas pour Aurore.  La buveuse d’hémoglobine en apprentissage, ne supportait pas les pulsions qui l’envahissaient à chaque fois qu’une odeur de sang parvenait jusqu’à ses narines et cette impossibilité de se contrôler. Tuer pour le plaisir ne l’emballait pas plus que ça et étrangement voir les autres le faire ne la gênait pas, mais le faire elle-même provoquait à chaque fois en son intérieur un véritable déchirement. Bien sûr au début l’adrénaline de la prise en chasse, de la sensation de chaleur s’écoulant le long de son arrière gorge lui provoquait un plaisir inexplicable, mais une fois cette étape passée  il ne lui restait plus que la honte et le regret.  L’aspect psychologique qu’elle avait tant sous-estimé avait failli plus d’une fois prendre le dessus, plus d’une fois la jeune femme avait pensé à abandonner mais son amour pour la vie et pour Adrän l’en avait vite dissuadé. Après plusieurs cycles, une rencontre avec un centaure, le couple était de retour à Ambroisie bien décidé à débuter leur nouvelle vie, leur nouveau départ, A revivre.

Une journée venait de s’écouler, une journée plutôt fraîche et peu récupératrice. Le plancher ne faisait que chanter une mélodie peu harmonieuse, les différents bestioles ne laissait entendre que la mort du bois sous leurs corps, le vent faisait trembler les murs entourant l’établissement, les volets avaient certainement manqués de s’effondrer plus d’une fois, mais les deux vampires étaient encore en vie, ce qui était finalement le principal.  S’éveillant à contre cœur, Aurore finit par ouvrir un œil puis l’autre, son dos était légèrement douloureux, l’odeur de l’humidité et de la poussière omniprésente ce qui lui arracha une grimace de dégoût. La jeune femme s’étira silencieusement, lâchant un léger soupire, le sommeil n’avait pas était récupérateur et plutôt difficile. Malgré sa bonne humeur et la satisfaction d’avoir enfin un lieu où elle pourrait vivre, la nouvelle née ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter.  Est-ce que l’impératrice allait accepter la demande d’achat ? Est-ce qu’elle allait parvenir à remettre en état l’habitation ? Allait-elle être capable de s’occuper d’une auberge ? Toutes les questions restaient avec des réponses bien incertaines et c’est dans cette incertitude envahissante qu’elle sortit de ses draps. Posant un pied sur le sol puis le second, c’est dans un bâillement bruyant qu’elle enfila quelque affaire afin de couvrir son corps dénudé, laissant un bref regard à son tendre, elle put constater qu’il dormait encore. C’est donc sans bruit, qu’elle se faufila jusqu’à la porte de la couchette pour descendre en bas. Malgré son poids plume chaque marche grinça sous ses pieds nues, une fois en bas elle ouvrit avec le moins de bruit que les objets lui permettaient portes et volets afin de faire entrer de l’air « pure ».

Tournant sur elle-même, Aurore ne pouvait qu’avec les secondes s’écoulant constater l’énorme travail qui se dressait devant eux. L’habitation tenait encore à peine debout, les rafales de vent sur la façade manquait de la faire s’écrouler, les termites rongeaient la totalité du bois encore présent. Avant de pouvoir espérer ouvrir il allait falloir des cycles de réparation et ce n’est pas deux personnes qui allait être capable de tout réparer, de plus leur budget n’allait certainement pas permettre au amoureux d’acheter tout le matérielle nécessaire, il allait donc falloir ruser. Peut-être que d’autre personne était en train de s’installer et que l’entraide allait pouvoir se mettre en route ? Rien n’était moins sûr en Màvreah…  Si l’entraide n’était pas une possibilité envisageable il allait falloir travailler à l’extérieur en répondant à des petites demandes puis faire les réparations petits à petits. Difficile d’imaginer avec certitude l’avenir qui se dressait devant eux. Calmement, Aurore alla récupérer son petit sac et en sortit une plume ainsi qu’une feuille afin d’entamer une liste des choses qu’il allait avoir besoin :

«  - Peintures ; pinceaux ;  outils divers ; balais ; produit nettoyant […] »

Alors qu’elle entamait sérieuse sa liste, une pensée vint la surprendre… L’absence d’électricité et d’eau.  Elle allait devoir trouver une source pour commencer le nettoyage et penser à se nourrir en passant plus que sa gorge commençait à la brûler fortement et il serait dommage qu’un pauvre vampire itinérant se fasse tuer par une nouvelle née… L’image du couple en prendrait un sacré coup. Sa petite voix fluette raisonna alors entre les murs de bois :

- «  Adrän… Il faudrait trouver une source, impossible de nettoyer la ... salle sans eau. Tu penses qu’il y en a une pas loin ? Il faut faire parvenir la missive à l’impératrice, tu crois qu’une lettre suffit ou il faut y aller en personne ? Dépêche-toi de te lever on a du boulot ! »

Alors qu’elle attendait sagement en bas des escaliers la personne qui faisait chavirer son cœur, Aurore s’appuya sur une petite chaise en bois sans penser aux conséquences. Sans tarder la chaise rongée par les insectes céda dans un léger raffut, la buveuse d’hémoglobine se retrouva allongée sur le sol, entouré de différente poussière et résidu inconnu… Elle ajouta donc dans un long soupire :

- «  Le nettoyage devient une priorité obligatoire… Il faut que je pense aussi à mettre les chaises dangereuses dehors afin d’éviter les accidents. »

C’est avec une petite grimace qu’Aurore se laissa relever sans aucune résistance, en même temps difficile de résister à son partenaire. La nouvelle née le laissa, passer ses mains dans sa longue chevelure grise afin de retirer les différentes poussières et résidus, elle afficha un simple sourire dévoilant deux canines d’un blanc éclatant. A son tour, elle secoua légèrement ses mèches en passant sa main à l’intérieur, ébouriffant légèrement sa tignasse, relativement emmêlé par sa chute. Extirpant quelques morceaux de bois, elle finit par pencher la tête sur le côté en écoutant les paroles de son buveur d’hémoglobine. Se tenant droite et montrant une concentration pas si attentive que ça, elle dépoussiéra les plis de sa tenue vestimentaire avant de se remémorer les paroles du vampire. Étrange, de se méfier du mobilier alors qu’elle était devenue une nouvelle née et par conséquence une créature particulièrement instable. Malgré sa mine reposée et sa beauté, la jeune femme n’avait rêvé que de sang et de souffrance, secouant la tête, elle finit par lui répondre d’une voix particulièrement douce.

- «  Oui tu as raison, je ferais attention la prochaine fois. Je te laisse t’occuper de la missive alors. Je voulais partir à l’extérieur afin de trouver une source, je ne dois pas en avoir pour longtemps ! J’attends que tu termines ta lettre, je vais sortir les meubles. »

A peine avait-elle terminé que le vampire venait déjà de disparaître afin de rédiger la demande. Esquissant un soupire et discrètement la nouvelle créature de la nuit, se gratta légèrement la gorge dont la brûlure devenait peu à peu insupportable. Attrapant une chaise qui menaçait déjà sans poids de s’écrouler et la tirant en sortant avec elle, afin de la déposer à l’extérieur de l’habitation. Après plusieurs vas et vient vers la sortie, elle finit par s’arrêter afin d’observer la nuit avec cette étrange sensation d’être observé. Aurore fit quelques pas dehors, marchant jusqu’au coin de la rue afin de vérifier cet étrange pressentiment, n’observant rien de particulier elle fit demi-tour et rentra à l’intérieur tombant sur Adrän et sa lettre. Afin de ne pas l’inquiéter, elle se contenta de lui prendre le document afin de lui donner son avis, sans jamais lui parler de cette mauvaise sensation. Sa voix était déjà un peu plus déstabilisée, certainement sa douleur à la gorge :

- «  Hum… Oui c’est très bien, je pense. Tu devrais lui faire parvenir rapidement, non ? De toute façon je pensais sortir chercher un puits. Pas besoin de t’inquiéter, ce n’est pas négociable je fais attention ! »

Déposant un bisou sur les lèvres de son vampire afin de le réduire au silence, Aurore passa une main sur ses cheveux pour les ébouriffer, avant de partir en direction de la porte d’entrée ou elle s’arrêta,  et se retourna silencieusement :

- «  Soit prudent si tu vas déposer la lettre, je n’ai encore croisé personne… Enfin… *elle laissa claquer sa langue contre ses dents avant de répondre* non rien, je reviens vite ! »

Adressant un grand sourire à son interlocuteur favoris dans l’objectif de paraître rassurante, elle reprit sa route, mais s’arrêta une nouvelle fois immédiatement devant celle-ci pour observer l’environnement. Se pinçant la lèvre inférieure, elle secoua la tête, se répétant qu’elle se faisait des idées. Attrapant un sceau qu’elle avait préalablement sorti, elle poursuivit son idée première, celle de trouver une source, un puits ou simplement un endroit avec de l’eau.  Même si celle-ci semblait passer doucement au second plan, très loin après sa soif grandissante qui n’allait pas tarder à la faire sombrer. Ses yeux avaient dû la trahir depuis bien longtemps pour qui sait regarder, mais elle-même ne s’en était pas forcement rendu compte. Alors qu’elle foulait la terre, que sa tenue virevoltait au grès des brises, tous ses sens commençaient petit à petit à se décupler, son odorat cherchait déjà inconsciemment une proie, une agressivité s’immisçait discrètement dans l’être de la nouvelle née, sa main resserra nerveusement l’anse du sceau, alors que son ouïe était à l’affut du moindre bruit. Sa sensation d’être observé était toujours présente, mais  la vampire ne captait absolument personne. Enfin jusqu’à ce qu’une odeur qu’elle commençait parfaitement à connaitre arriva jusqu’à ses narines, son esprit ne fit qu’un tour et la nouvelle née attaqua une nouvelle chasse.

Qu’est-ce qu’il pouvait dégager une si douce odeur en pleine cité d’Ambroisie ? Les vampires s’attaquaient-ils entre eux ? Un humain inconscient avait-il pénétré dans le territoire des vampires et par manque de chance allait tomber sur Aurore et sa soif ? Alors que la vitesse de la nouvelle née s’accélérer encore et encore, elle fut stopper par un cri strident. Alerté, elle se faufila le long d’une ruelle sombre, sans éclairage et se dissimula derrière de grosses boites. Sous ses yeux insouciants, se déroulait une scène particulièrement déstabilisante. Une dizaine d’humaine, se faisait traîner par les cheveux par ce qui semblait être une troupe de vampire, un peu plus loin une était au sol en boule, semblant vouloir protéger quelque chose. Un des bourreaux hurla alors à la troupe plus en avance :

- «  Je m’occupe de celle-là, je vais lui apprendre à obéir !! Je vous retrouve avec ou sans elle selon son comportement et je me débarrasse du ralentisseur. »

Si Aurore avait pu respirer son souffle se serait certainement coupé, impossible pour elle de faire impasse devant ce qu’elle venait de voir. Sa soif devenait incontrôlable, sa brûlure douloureuse, elle devait se nourrir mais son esprit et sa curiosité refusait d’abandonner « l’humaine » et le « ralentisseur ». D’ailleurs, elle ne pouvait que se demander ce que s’était. Attendant sagement que le groupe s’éloigne, la nouvelle née se précipita dans la direction opposée. Plus si camouflé que ça et se dirigeant vers ce qui semblait être trois personnes :  la femme était au sol et une petit créature brune hurlait toujours plus fort, l’homme était face aux deux femmes l’air menaçant. Les canines relevées Aurore était incapable de changer de direction. L’individu la remarqua et  la mit en garde :

- «  Je suppose que c’est le sang qui t’a attiré. Tu devrais faire demi-tour c’est ma proie, elle était la femme d’un vampire… Tseuh. Un faible qui pensait fonder une famille avec nos repas… Regarde-moi cette pauvre petit chose fragile et dire qu’elle a eu cette erreur de la nature… C’est moi qui la tuerait, alors pars avant que je ne te tue vampire. »

Incontrôlable, Aurore était en train de devenir incontrôlable, sa créature nocturne venait de prendre le contrôle et il n’y avait plus que la rage, la colère et cette envie de tuer dont il lui était impossible de résister. Abandonnant le sceau sur le sol, un grognement sourd s’échappa du fond de la gorge de la nouvelle née, cet homme venait sans le savoir de réveiller un monstre sans limite. Ses yeux rosés brillèrent d’une nouvelle lumière, alors que celui de son adversaire se  déplaçait sur sa proie. Ce qui sembla être la mère hurla son enfant de s’échapper avant de se faire agresser par la créature de la nuit.

Ce qui déclencha en une fraction de seconde une réaction immédiate chez Aurore d’un bond, elle agrippa le vampire l’obligeant à lâcher sa proie, avant de rouler sur plusieurs mètres. Le bruit de l’affrontement raisonna dans les ruelles de la cité vide. Le déchirement des chairs sous les différentes canines, le bruit d’une lame qui tombe, plusieurs hurlements aussi féminins que masculins, des tracés de sang sur le chemin des deux corps.  Puis le silence lourd, pesant, morbide.  Difficilement une silhouette ensanglantée se redressa, les jambes tremblantes, une tête se dessina dans sa main droite, avant de rouler plus loin.  Aurore fit un pas en avant, manquant de s’effondrer une lame enfoncée dans son abdomen. Relevant le regard,  elle s’avança fébrilement manquant plusieurs fois de tomber, jusqu’au deux silhouettes encore sur le sol.

Penchant la tête, laissant tomber sur le côté sa chevelure rougeâtre, Aurore ne put que constater l’évidence dans les cris de l’enfant, la mère était morte en se vidant de son sang. La petite chose féminine, les yeux rougis par les larmes dévisageait Aurore, la peur était lisible dans ses prunelles, alors que ses lèvres tentaient d’articuler un mot, rien ne sortait de la bouche de l’enfant. Avançant toujours aussi tremblante, Aurore donnait l’impression d’abandonner les deux corps, avant de s’arrêter et de se retourner. La môme la regardait, hurlant toujours plus fort, serrant le cadavre inerte de sa mère, se recouvrant à son tour du précieux nectar. La nouvelle née le savait, l’odeur allait attirer tous les vampires de la cité et demi-sang ou non, l’enfant n’avait aucune chance de survie, de plus la probabilité que son paternel  vivent dans la cité d’Ambroisie était faible, en autre la gosse n’avait strictement aucune chance.

Elle s’approcha alors de la « chose », manquant une nouvelle fois de s’écrouler. Plaçant une main au niveau de la lame la transperçant, et une autre sur l’épaule de la fillette, soufflant doucement :

- «  Viens, on va retrouver ton papa…. Mais…. il ne faut plus ….faire de bruit. »

Les yeux de l’enfant se relevèrent, avant  d’accrocher encore plus ses mains sur le cadavre de sa mère, aucun mot ne sortit de sa bouche, elle sembla finir par comprendre attrapa la main d’Aurore, laissant les larmes dévalés sur sa joue. Les deux femmes avancèrent faiblement, donnant un premier aperçut  de sa faiblesse à la nouvelle née, elle venait d’affronter un adversaire redoutable et en plus de la lame dans son ventre, plusieurs marques de morsures parcouraient son corps. Heureusement, elle n’était pas loin de l’auberge et il allait falloir faire vite.

Le silence avait repris le dessus, laissant deux silhouettes de différentes tailles avancer dans l’obscurité, marchant le long des ruelles sombres et sans lumières.  Arrivant proche de l’habitation, Aurore siffla faiblement le prénom de son tendre, titubant de droite à gauche, elle semblait prête à s’effondrer. Mais resserrant la main de l’enfant, elle reprit les quelques pas qui la séparaient de la porte d’entrée.
C’est donc recouverte de sang et accompagné d’une petite créature tout aussi rougeâtre que la nouvelle buveuse d’hémoglobine passa le seuil de la porte. Sans savoir comment, beaucoup d’idée pouvait être probable et qui n’avait pas vu les événements pouvait soit penser qu’Aurore avait tué la mère de celle-ci mais d’autres suppositions devait être tout aussi probable. Soufflant, parlant entre deux respirations, Aurore n’eut que le temps de dire de bref parole :

- «  Ce … C’est… Pas de…. ma faute… Adrä…n »

Elle poussa légèrement l’enfant vers lui, celle-ci  le regardait avec de grands yeux d’un bleu azure. Deux petits canines étaient visible dans sa bouche entre ouverte, son visages était recouvert du liquide vitale –diminué par les passages des perles salés- tout comme ses vêtements, ses yeux étaient rouges et gonflés par les larmes. Aurore elle s’appuyait contre l’ouverture de la porte, les yeux flou, si elle n’avait pas était vampire elle serait morte et l’idée ne put que la faire sourire. Cependant, les images du combat, son agressivité et l’impossibilité de se contrôler hantait son esprit qui malgré les blessures semblaient plus touchés que le reste de son corps. Elle finit par se glisser le long du bois, grimaçant, laissant ses mains sur la lame qu’elle n’avait toujours pas retiré –pour éviter une hémorragie qui serait quand même dangereuse-.

- «  Occupe… toi…. D’elle… *soufflement* moi, ça va… »

Fermant les yeux, Aurore ne pouvait qu’être finalement spectatrice des événements, constatant qu’au fond d’elle quelque part se cachait une créature particulièrement cruelle, les images de l’affrontement ne faisait que réapparaître dans son esprit et l’état de son corps n’était qu’une preuve de la violence des événements.  A présent, s’était au tour d’Adrän d’être acteur et bien malgré lui, une nouvelle fois il se retrouvait dans une situation complexe. Aurore ferma les yeux, semblant s’endormir, elle avait besoin de repos, alors que l’enfant, elle ne semblait pas être capable de parler. Les explications seront pour plus tard.

Musique:

Une époque difficile, une vie meurtrie par les événements et un nouveau départ ressemblant étrangement à l’ancien. Les yeux clos, la nouvelle née restait inerte, seuls ses sens en alertes lui permettaient encore d’avoir un regard sur les actions se déroulant durant son inconscience. Adrän était la proche d’elle, la déposant sur le sol, son inquiétude était palpable, l’air était particulièrement lourd et c’est sans aucune douceur que le don de la buveuse d’hémoglobine se réveillait. Des pas raisonnèrent sur le long-court, prouvant à la créature de la nuit que malgré ses précautions ses adversaires les avaient déjà retrouvés. Pourquoi avait-il fallu qu’elle intervienne à ce moment précis de la nuit ? Pourquoi n’avait-elle pas été capable de se contenir de retenir cette mauvaise chose en elle, qui l’avait poussé à tuer.

Elle venait de contraire son partenaire à affronter une troupe de plusieurs personnes par son unique faute, elle était responsable des conséquences. Rien que cette idée la rendait folle de rage, mais il fallait se rendre à l’évidence la totalité de son corps était lourd, et l’impossibilité de bouger grandissante. Les pas de son amant se dirigèrent vers la sortie, pendant que la sensation d’un petit corps de glissant contre celui d’Aurore la fit frissonner. Un petit murmure, vint raisonner dans les tympans de la créature nocturne, le son d’une voix qu’elle n’avait encore jamais entendue :

- «  Ne t’endors pas pour toujours comme ma maman madame… S’il tôt plait… Réveil toi »

L’impossibilité de lui répondre ne put mettre que davantage en rogne la jeune femme, qui tentait tant bien que mal de la resserrer contre elle, Aurore aurait voulu lui dire de monter à l’étage de se cacher, plus que la suite des événements étaient encore bien incertains. Au loin raisonnait le bruit d’une bagarre qui ne s’en finit pas et c’est le moment ou l’esprit d’Aurore décida de sombrer pour un petit temps. Ses muscles se détendirent mais gardèrent le petit corps frêle de l’enfant parfaitement à l’abri de l’environnement avoisinant.

Dehors le silence venait de gagner le combat, plus aucun bruit n’était perceptible ni par l’une ni par l’autre. L’enfant essuyait avec délicatesse le visage d’aurore d’un bout de tissu qu’elle avait arraché de sa robe. Des pas proches vinrent briser le silence, provoquant une réaction immédiate chez l’enfant qui se blottit beaucoup plus fort dans les bras d’Aurore, qui commençait doucement à s’extirper de son état de « choc ». Les yeux encore flou, elle ressentit un grand soulagement en reconnaissant la silhouette de son amant et c’est avec un sourire fragile sur les lèvres qu’elle l’accueilli, difficile de savoir si elle était encore réveillé ou dans l’inconscience.

La voix d’Adrän vint raisonner jusqu’aux oreilles d’Aurore, ce qui procura chez elle une sensation de soulagement important, il était toujours là, il était bien là et il ne partirait pas, pas cette fois. Resserrant, ses doigts sur un morceau de tissu du vêtement de son tendre afin de signifier son état de présence plus ou moins flou, elle espérait qu’il la laisse se reposer sans faire d’action stupide… Mais Adrän ne changerait pas et tout comme elle, il avait toujours des idées inconscientes, remettant sans le vouloir un danger la résistance du couple mais surtout l’état de contrôle du corps, de la soif d’Aurore.

Doucement, il souleva la tête de la jeune femme afin de placer ses lèvres contre la peau de son cou, cherchant à provoquer chez la nouvelle née le réflexe de succion. Reflexe qui malgré toute la bonne volonté de la nocturne, finit par se mettre instinctivement en route. Les canines de la nouvelle née transpercèrent la peau de son tendre, trouvant rapidement l’artère, avant d’aspirer de façon modéré le précieux nectar. Ses yeux rosé s’ouvrir instinctivement alors que ses doigts se resserrèrent sur le morceau de tissu, ses prunelles changeaient d’intensité, foudroyé par cette envie insatiable de s’alimenter, la colère de l’acte de son compère mais surtout sa volonté de se stopper. Une petite main vint effleurer, le bras d’Aurore, une petite main froide mais rassurante et c’est cette sensation de ne plus être responsable d’elle seule qui permit à la nouvelle née de s’arrêter. Retirant ses deux aiguillons, Aurore poussa Adrän afin que le sang disparaisse de sa vue, avant de grogner entre ses canines :

- «  Imbécile… »

Aurore avait parfaitement conscience des risques et même si le pire était visiblement évité il ne l’empêchait pas de ne pas culpabiliser. Une main sur la lame encore dans son ventre, la jeune femme se demandait si elle pouvait la retirer sans risque, le sang chaud qu’elle venait d’ingérer parcourait déjà la totalité de son corps, mais la blessure ne se refermerait pas immédiatement, il allait faire un point de compression ainsi qu’un bandage. Se redressant faiblement, la jeune femme observa le petit être qui observait le couple avec de grands yeux ronds :

- «  Quel est… ton prénom ? »

- «  Eliane »

Esquissant un sourire la main d’Aurore vint effleurer la longue chevelure de l’hybride, se voulant à son tour rassurante. Le petit être venait de vivre plusieurs drames dans une même nuit, elle devait être tout aussi déstabilisée que les deux vampires. Appuyant son dos contre le mur, sans pour autant plier son corps afin de ne pas forcer sur la blessure, la buveuse d’hémoglobine lui montra les escaliers menant à l’étage avant d’entrouvrirent une nouvelle fois les lèvres en murmurant :

- «  Des bandages, dans un sac en haut… Tu veux bien ? »
- «  J’y vais. »

Aussitôt le petit être se releva, esquissant un faible sourire à Adrän avant de monter silencieusement les marches, l’enfant était loin d’être stupide et avait parfaitement compris qu’Aurore avait besoin de parler à son vampire et ceux même si les derniers événements restaient flou dans son propre esprit :

- « Pardonne-moi… Il allait les tuer… c’est tout ce dont je me souviens.. Dis-moi juste que toi tu vas bien ? »

La vérité sans vraiment être la vérité voilà ce qu’Aurore avait choisi de dire à Adrän. Ses yeux le scrutaient avec intensité alors que doucement, en son for intérieur une créature sanguinaire somnolait prêt à réclamer toujours plus de sang, toujours plus de liquide vitale, et celui qui venait d’ingurgité semblait avoir un gout particulier.

" La vie est faite de doute, il faut juste parvenir à la comprendre
pour s'en sortir"

Aurore observait de ses grands yeux rosés le regard de son vampire, difficile d’admettre qu’au fond d’elle, une créature  dangereuse pouvait tout comme son don pouvait les mettre en danger. L’inquiétude du vampire était palpable et d’un seul regard Aurore était de nouveau capable de mettre un nom sur les sentiments qui le parcourait. La nouvelle née venait de récupérer ce qu’elle avait de plus précieux, l’unique chose qui la relié à ses parents biologiques, son empathie. Alors que la buveuse d’hémoglobine s’attendait à des remontrances face a autant de point sombre, Adrän n’en fit rien se contentent de la rassurer,  le visage du sang froid était plus enflé à certains endroits et certaines blessures superficielles entachaient son visage de porcelaine.  Elle venait de le mettre en danger et l’unique chose qu’il trouvait à dire était qu’il avait eu de la chance… Soupirant, doucement Aurore tacha de se redresser, en vain. C’est le moment qu’Adrän choisi pour mettre en garde la jeune femme sur son comportement,  relevant le regard vers lui Aurore se contenta de rester silencieuse et d’hocher la tête, inutile de lui faire de promesse qu’elle ne pourrait de toute façon pas tenir.

La petite fille coupa involontairement la discussion en redescendant, ses yeux bleus, c’est là qu’Aurore comprit l’étendue du problème. Bien que l’enfant ne montre rien extérieurement, elle était dévastée, ce qui était finalement était compréhensible au vu de la situation qu’elle venait de vivre. Préférant ignorer ce que son don lui montrait pour l’instant, la jeune femme se concentra sur sa blessure, Adrän expliqua que l’adversaire d’Aurore ne l’avait pas raté, ce à quoi Aurore répondit instinctivement :

- «  Ne t’en fais pas je ne l’ai pas raté non plus. »

Sans vraiment avoir le temps de réagir, Adrän retira la lame du corps de la nocturne, celle-ci contracta involontairement le ventre provoquant une douleur un peu plus importante que prévu. Adrän appuyait fortement sur la blessure afin d’éviter toute hémorragie, esquissant un sourire rassurant, Aurore prit la parole d’une voix plus douce :

- «  Laisse je vais le faire. Eliane, tu peux me donner un bandage ? »

La petite s’approcha timidement, tendant entre ses petites mains une bande encore enroulé, attrapant avec douceur la bande qu’elle déroula avant de venir l’entourer avec force autour de son ventre. S’appuyant légèrement sur Adrän elle se releva faiblement, des images du combat lui revinrent en mémoire la déstabilisant légèrement, s’agrippant sur son partenaire pour éviter la chute, la nouvelle née ferma les yeux en soufflant afin de se reprendre.

- «  Eliane peux-tu expliquer à Adrän ou habite ton père ? J’ai besoin de prendre l’air. »

Ré-ouvrant les yeux, Aurore plongea sont regard dans celui de l’être aimé, la jeune femme se voulait rassurante et ne surtout pas inquiéter Adrän, qui ne comprendrait certainement pas la montagne de questions qui se bousculaient dans l’esprit de la jeune femme. Comment pouvait-elle gérer à la fois un don instable et une créature incontrôlable ? Comment supporter l’idée de mettre continuellement en danger une personne irremplaçable ?

Approchant ses lèvres de l’oreille du sang-froid, Aurore lui murmura qu’elle restait devant et afin d’éviter toute opposition vint embrasser Adrän tendrement. La main sur le ventre, l’ancienne humaine se retourna afin de sortir par la porte de devant, avant de s’asseoir sur le sol en fixant le chemin qui se dressait devant elle.

Eliane, s’approcha d’Adrän afin de lui expliquer le lieu d’habitation de sa famille :

- «  Je n’habite pas très loin… Maman avait reçu une convocation… C’est pour ça qu’on était dans la ville… Notre maison est entre le Lac des sacrifices et la rivière de sang. Papa voulait rester discret du moins jusqu’à la transformation de maman… Mais elle disait toujours que si elle avait survécu à ma naissance alors rien ne pourrait lui arriver… »

Les yeux vibrant, la petite créature serra les points conscience qu’elle n’était pas parvenue à protéger sa mère encore mortel. C’est le moment qu’Aurore choisi pour faire sa réapparition dans l’encadrement de la porte, les yeux légèrement rouge la jeune femme reprit la parole afin de se faire remarquer :

- «  On te ramènera à ton père demain. Je sais que ce n’est pas évident mais il faut que tu te reposes pour cette journée. Est-ce que tu t’es nourris cette nuit ?»

Devant le petit hochement de tête, Aurore esquissa un faible sourire avant de se tourner vers Adrän, elle ne lui avait pas vraiment demandé son avis pour tout ça et elle devrait discuter avec lui. D’une voix plus calme et moins tremblante, Aurore reprit :

- «  Adrän je monte avec elle, on a besoin de dormir toute les deux je pense… ça ne te dérange pas ? »

Sans réellement attendre la réponse du vampire, Aurore redéposa un bisou sur les lèvres de son tendre. Avant de prendre la petite par la main et de monter à l’étage. Une fois en haut, la petite murmura qu’elle ne voulait pas rester seule, chose que la nocturne avait déjà devinée, doucement elle poussa la porte de sa chambre. L’enfant s’installa sur le matelas au sol, Aurore ferma les volets avant de la rejoindre et de lui murmurer :

- «  Ferme les yeux et repose toi. »

Entourant la petite de ses bras, Aurore ne put lui insuffler que des sentiments positifs permettant à l’enfant de n’avoir en tête que les bons souvenirs de son passé, qu’elle partagea involontairement a la vampire.  Aurore put donc visualiser la mère de la petite jouant avec elle, la disputant avant de rire aux éclats, autant de moment qu’elle-même n’avait pas connu avec ses parents.  Calmement Eliane s’endormit et Aurore ne tarda pas à faire de même, se promettant de prendre le temps de discuter avec Adrän.