Sujet: Re: Cela fait longtemps, mon vieil ami [Pv Eramos] Mer 6 Nov 2013 - 23:41
L’or était souvent la source d’initiative première des humains. Avec l’or, on pouvait construire des infrastructures dont la taille défiait l’imaginaire. Encore mieux, elle arrivait à motiver des mages capables de faire avancer la technologie ou l’efficacité de la médecine. Mais c’était la loyauté envers son maître qui donnait des ailes à Fëlyh. Ce simple mot pour certains; ce mode de vie pour d’autres avait poussé le serviteur elfe à quitter son pays pourtant si cher à lui pour trouver un homme qui lui était inconnu. Cela n’avait pourtant aucune importance car c’était son maître qui le lui avait demandé et pour lui il mourrait.
Le terme serviteur chez les elfes était différent d’une culture à l’autre. Pour les humains, les serviteurs étaient similaires à des esclaves, mais en plus riche. Quand un domaine naissait, les nobles y vivant louaient les services d’hommes et de femmes pouvant les aider dans des taches pour la majorité ménagères ou cuisinières. Serviteur était donc un métier. Pour les elfes, c’était différent. Être un serviteur signifiait beaucoup plus. C’était un titre honorifique souvent accompagné de respect et d’approbation. Loyauté et protection étaient leur dessein et ils servaient leur maître comme bon lui semblait, souvent en agissant comme compagnon de voyage ou protecteur.
Fëlyh était fier de servir le maître-cavalier Elaën, car bien que lunatique, il était connu dans toute l’armée pour la discipline et la bravoure qu’il était capable d’instaurer à ses troupes. Et puis, Fëlyh avait servi les Nerildillë depuis ses 70 ans. Aujourd’hui âgé de quatre siècles, il avait trouvé important de remplir la mission que son jeune maître lui avait confiée. Il était temps pour lui de voyager comme il avait voulu le faire dans sa jeunesse.
Le voyage en hippogriffe fut long, mais le dresseur l’accompagnant était un bon cavalier et ils purent arriver en Oryenna en trois heures, ce qui était un exploit en soi. La cité de l’aurore était leur destination et arrivés, le dresseur déposa Fëlyh près d’une étable et le vieil elfe partit seul.
Le soir tombait sur la cité en même temps que les citoyens rentraient chez eux pour laisser place aux voyous et piliers de tavernes. Emmitouflé dans un grand manteau vert, le noble serviteur se mit à arpenter la Basse-Ville, là où les plus pauvres vivaient. Dans ce quartier, la garde était moins présente et le danger plus présent. Mais l’elfe n’avait pas peur, il en avait vu d’autres dans sa vie. Évitant de fixer les humains silonnant les étroites rues, il entra dans une taverne nommée L’Oie Noire. S’asseyant discrètement en coin du bâtiment, il observa la beuverie d’un œil attentif. Il ne pouvait pas débouler et demander si Eramos d’Irifuse, maître de la criminelle Guilde de l’équilibre .tait en vie et si oui où était-il ? L’humain s’étant surement fait un tas d’ennemis dans la Basse-Ville. C’était pourtant l’endroit où chercher et Fëlyh en fut certain en apercevant une note au mur. Il la décrocha et sourit; la chance venait de lui sourire; elle était signée par Cœur d’aigle, le pseudonyme d’Eramos. Il n’y avait malheureusement pas d’adresse pour le rejoindre.
Lorsqu’il s’apprêta à se relever, l’elfe fut assaillit par deux types de regards. Il y avait en premiers lieux, chez la plupart, de la haine et de la moquerie. C’était ceux qui ressemblaient à des bandits. Ensuite, il y avait des regards souriants et complices. Ceux-ci -devina l’elfe- faisaient partis des adorateurs de la Guilde, ceux qui soutenait Cœur d’aigle et ses alliés. Tous types d’individus avaient vu l’elfe décrocher le message et s’étaient fait une idée bien personnelle de lui avec un point en commun : il avait un rapport avec Eramos d’Irifuse.
Sans se presser, Fëlyh se leva de son siège et quitta la taverne aussitôt suivit d’un trio d’humains roublards.
- Hey, cria le premier. R’vient ici les oreilles, on veut juste te parler !
L’elfe n’entra pas dans leur jeu et continua à marcher, mais se fit rattraper par l’homme l’ayant interpellé qui se mit devant lui en l’empêchant de passer.
- Laissez-moi, humains. Je n’ai rien à vous dire, révéla le serviteur dans un commun parfait.
- Pas avant qu’tu nous dises pourquoi t’as décroché c’message. Après, on verra si tu pourras garder l’usage d’une de tes jambes.
Des rires moqueurs fusèrent de derrière l’elfe, provenant des deux acolytes du bandit parlant.
- Je n’ai pas à me justifier devant vous. Maintenant écartez-vous ou je devrai vous abattre et peut-être que je laisserai la vie sauve à vous couards compagnons.
La réplique ne sembla pas amuser le chef des gros-bras qui releva ses manches, prêt à se battre.
- Là tu viens de signer ton arrêt de mort.
L’humain propulsa un direct vers l’elfe qui l’évita agilement pour réplique du tranchant de sa main droite en plein cou. L’humain laissa échapper un cri de douleur étouffé, mais cela ne l’arrêta pas. Il fit pleuvoir une averse de coups sur son adversaire qui les évita tous pour ensuite répliquer en assénant ses jointures de son majeur et de son index en bas des arcades sourcilières du pugiliste qui en fut étourdi.
- Choppez-moi c’te limace bâtarde !
Ses deux compagnons qui n’avaient été que spectateur attrapèrent l’elfe fermement. Trop vieux pour luter, Fëlyh se prépara à mourir fièrement, bombant le torse et gardant la tête haute.
- Finissons-en, dit-il.
Le chef du trio sourit malignement en dégainant un couteau de soldat qui avait manifestement beaucoup servit.
- Adieu papi.
- Qui tu traites de papi ?
Un carreau d’arbalète aussi noire que la nuit traversa la gorge du roublard qui s’affala dans la rue, son sang se déversant dans les caniveaux de la ville. Fëlyh ressentit la peur pour la première fois en cette soirée et c’était en voyant son sauveur. Il était tout de noir vêtu, une armure de cuir finement gravée étant visible sous un manteau gris à capuchon. Du bout de sa main se voyait une arme de grande mort, la célèbre arbalète double de Cœur d’aigle le tueur.
- Il me reste encore un carreau de chargé. Lequel de vous va mourir pour l’autre ?
Les mots de l’homme ténébreux avaient été prononcés avec une telle absence d’émotion que l’effet en fut encore plus efficace que prévu. Les deux bandits jetèrent l’elfe par terre avant de filer sans même jeter un dernier coup d’œil à leur ami au sol. Le silence reprit alors ses droits jusqu’à ce que l’elfe ne relève la tête surprit de voir son sauveur maintenant si près. Il ne l’avait entendu marcher vers lui pourtant. Celui-ci lui tendit une main gantée qu’il attrapa pour l’aider à se relever.
- Vous me cherchiez à ce qu’on dit.
- Un ami vous envoie ses salutations.
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La lettre qu’il reçut fut en effet d’Elaën ce qui fit sourire Eramos. Voilà près d’un an qu’il n’en avait pas eu de nouvelles. Il demandait de le rejoindre à l’auberge Du Bon Départ, un nom qu’ils avaient apprécié dans le temps lorsque les deux hommes s’étaient rencontrés il y avait de cela maintenant trente ans. Il s’y rendit donc en soirée et découvrit l’elfe au comptoir. Il commanda un verre de vin et s’assit à côté de son ami sans rien dire, un silence amical s’installa entre eux avant le dialogue, manière respectueuse d’entamer une conversation chez les elfes. Enfin, il regarda les boissons qu’ils avaient commandés, les mêmes qu’il y avait trente ans.
- Il y a des choses qui ne changent pas, ami.
Le mot ami avait été dit en langue elfique, mais Eramos parlait en commun même s’il savait parler la langue des elfes quasi parfaitement. Cependant, il était plus sur de parler dans la langue des humains en ces lieux et il le laissait savoir à son ami subtilement.