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| Le froid accentue la chaleur d'une rencontre hasardeuse [En cours] | |
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Invité Invité
| Sujet: Le froid accentue la chaleur d'une rencontre hasardeuse [En cours] Mar 7 Jan 2014 - 2:29 | |
| Chapitre 1 : La Cité de l'Aurore Le soleil parvient à pénétrer les volets en bois de l'auberge où je me suis endormi. Un fin trait d'un mélange de jaune et de blanc coupe ainsi en deux mon corps inerte sur toute sa longueur. Je viens de passer une merveilleuse nuit. Je me frotte les yeux, laisse échapper un léger bâillement, prends appuie avec mes deux poings sur le matelas et me redresse de façon à m'adosser sur la tête de lit. Ma foi, on dort vraiment bien dans ces lits pourtant usagés par les clients qui ne cessent de changer chaque jour. J'étais parti hier du Moulin, j'avais envie de prendre l'air, de réfléchir un peu à mon avenir, et la Cité de l'Aurore avait été le premier lieu dans lequel je voulais passer un peu de temps. J'étais un habitué de cette cité, mais seulement pour affaires car la totalité des matières premières que le Moulin utilise proviennent de cette dernière et du quartier marchand où j'ai décidé de trouver refuge. Je tends mes deux bras vers le plafond de façon à réveiller tous mes muscles supérieurs encore endormis. Je craque mon cou en plaçant la main droite sous mon menton, appuie ainsi sur elle pour faire pivoter ma tête sur la droite et la gauche. Me voilà enfin réveillé. Je déplace les deux bâtons qui me servent de jambe sur la droite de façon à être assis. Mes yeux se sont à peu près habitués à l'obscurité me permettant ainsi d'attraper ma chemise posée sur le sol et de l'enfiler. Je me lève, prend mes quelques affaires propres que j'avais déposé la veille sur une chaise et me dirige vers la salle d'eau. Pourvu qu'une brise ne soulève pas ma chemise si je devais croiser un autre client car je suis dans mon plus simple appareil. Je souris et entre dans la salle d'eau. Après diverses étapes de préparation, je sors enfin propre, et revigoré, prêt à attaquer une nouvelle journée. Je passe une dernière fois dans ma chambre ranger toutes mes affaires et descends à la Taverne. Rien que dans les escaliers je peux entendre que le lieu est déjà bien animé. Je salue les taverniers, m'installe à une table, et leur fais signe que je souhaite déjeuner. Sur l'horloge située au-dessus de la porte d'entrée elle-même située à ma droite, je peux lire qu'il est actuellement dix heures. J'en profite, toujours à ma droite, pour regarder à travers les fenêtres la pièce qui est en train de se jouer. Les gens jouent des coudes pour se frayer un chemin, certaines femmes portent des paniers en osier sur un coussin placé sur leur tête. D'autres aguichent les clients pour leur vendre des armes, des remèdes miracles ou je ne sais quel autre artefact. J'arrive aussi à distinguer des enfants, qui jouent à se courir après sous la neige, car oui, il neige aujourd'hui. Ils sont au nombre de trois. Le premier est un petit garçon, le second est une jeune fille plus jeune qui est tirée par le premier et le troisième tient une poule à bous de bras et semble être la raison d'une telle course. Je souris devant tant ce spectacle aussi quotidien que joyeux. Une jeune femme d'environ un mètre soixante quinze, vêtue d'une longue robe verte, de cheveux noirs qui s'arrêtent à sa poitrine ainsi que d'un nez fin et de deux yeux marrons passent devant moi et me dépose une assiette ainsi qu'un verre de vin. Elle semble gênée, ses joues laissent apparaître deux ronds roses. J'incline la tête pour la remercier et commence à déguster mon repas. Une omelette complète qu'ils appellent ça. Je ne saurai vous dire ce qu'ils mettent dedans, mais c'est un vrai régal. Le verre de vin est de trop pour moi, je ne bois pas d'alcool en temps normal mais à dix heures, c'est là me demander trop d'efforts. Je sors quelques pièces d'or de mon sac sans trop faire attention au montant, salue de nouveau les taverniers et sors le ventre plein. Il me faut rejoindre la sortie Nord, là où le Tavernier dit avoir laissé la veille mon Ombrum à un maréchal-ferrant. J'inspire longuement. Cet air est emplit de différentes saveurs toutes aussi agréables les unes que les autres. Peut être qu'un jour je viendrai m'installer dans cette cité. Mais avant ça je dois retrouver mon Ombrum. Après une heure de bousculade avec les gens, je finis enfin par atteindre la sortie Nord de la cité. Le dernier commerçant est en effet un maréchal-ferrant. Mon Ombrum est attaché à un poteau en bois devant l'édifice. Il semble nerveux à cause du va-et-vient permanent de la population. Je le comprends, il y a de quoi suffoquer avec cette masse. Je lui caresse le dos et remonte jusqu'à son crâne. - Bonjour Tauron, s'est-on occupé de toi comme je l'aurai fait ?L'animal frotte sa tête contre la paume de ma main droite, lui aussi semble être en forme. J'arbore ensuite ma cape noire car une chemise n'est absolument pas conseillée avec un temps pareil. Elle descend jusqu'à la moitié de mes cuisses et est dotée d'une capuche, simple mais pratique. Je monte sur l'animal en prenant appuie sur les barrières en bois entourant ce petit enclos, tire sur les rennes pour faire reculer mon Ombrun, et le fais pivoter de façon à être dans la bonne direction. Je lui murmure ces quelques mots à l'oreille : - Je vais t'emmener dans un endroit merveilleux Tauron, tu verras, nous y serons bien.Je donne une petite claque sur le fessier de l'animal qui se met sur ses deux pattes arrières, enveloppe ma tête avec la capuche et nous partons enfin en direction du Lac de l'Aube. Chapitre 2 : Le Lac de l'Aube Après plus de trois heures de voyage nous atteignions enfin le Lac de l'Aube. Je descends de mon Ombrum et préfère continuer à pied au vu du magnifique spectacle naturel qui s'offre devant nos yeux. Un immense lac gelé s'étend à perte de vue devant moi. Je peux distinguer au Nord de ma position, la Maison du Lac où il me semble apercevoir quelques têtes venues tout comme moi s'aventurer sur ces terres enneigées. Les arbres, ayant vêtu leur manteau blanc, dessinent la rive de tout le lac, pas un seul endroit n'a été délaissé par l'hiver. Je souris, ébahis par tous ces éléments combinés. Je décide de m'approcher du lac. On raconte qu'un dragon marin sortirait du lac une fois la nuit tombée. Je peux vous assurer qu'avec une telle couche de glace sur le lac, il n'est pas prêt de venir nous effrayer en cette saison. Qu'il est agréable de marcher dans la neige, il doit y avoir environ vingt centimètres de neige car un tiers de mes jambes est ensevelit. Malgré sa taille imposante de deux mètres, Tauron semble inquiet de ne plus pouvoir marcher à sa guise, il rechigne à lever les pattes pour pouvoir avancer. Je tire un peu sur les rennes et lui parle pour essayer de le rassurer : - Allez viens Tauron, on va s'approcher du lac, je vais essayer d'y faire une ouverture pour que tu puisses te désaltérer. Et pas la peine de me faire ces yeux là, profite, cette saison n'arrive qu'une fois par an et je ne suis pas sûr que nous aurons l'occasion de revenir ici avant le printemps.L'animal soupire mais reprend la marche. Le lac est calme, c'est apaisant. En plus, il n'y a pas de vent, alors la température est agréable. J’ôte ma capuche pour pouvoir continuer à admirer le paysage. Mis à part ces quelques personnes, nous sommes vraiment seuls du côté de cette rive. Je me baisse pour attraper une pierre et la jette sur l'étendue glacée. Jusqu'où j'ai pu la suivre, elle ne semble pas avoir brisé la glace, peut être est-elle assez solide pour supporter le poids d'une personne ? Il n'y a qu'en essayant que j'en aurai le cœur net. Je fais signe à Tauron de ne pas bouger, que je vais juste m'éloigner un peu et qu'il ne doit pas avoir peur. J'avance prudemment jusqu'au bord du lac où je commence à déposer délicatement mon pied droit. Je n'entends pas de craquements. Je pose ensuite le pied gauche tout en ayant les deux bras écartés pour maintenir un certain équilibre. A priori je ne risque rien. Je fais donc glisser mes deux pieds en avant et en arrière comme si j'étais équipé pour danser sur le lac et m'aventure un peu plus loin. Il ne me faut rien de plus pour retomber en enfance. Sans pour autant oublier les risques, je continue à valser pendant deux minutes, arborant un grand sourire. Tauron quant à lui n'a pas l'air de rigoler, et semble inquiet pour ma sécurité. Je l'entends bramer et le vois faire aller son sabot supérieur droit d'avant en arrière. D'accord Tauron, tu as gagné, je reviens prêt de toi. Je manœuvre comme je le peux pour revenir sur la rive et glisse avant les derniers pas restants. Je grimace au contact de la glace et essaye de me relever aussitôt pour ne pas rester collé. Me voilà sain et sauf, plus de peur que de mal, je n'ai pas l'air de m'être cassé quelque chose, ouf. Malheureusement la couche est trop épaisse pour y tenter une quelconque ouverture avec une vulgaire pierre, il faudra te passer d'eau mon ami. Je m'assois sur un rocher qui a été délaissé par la neige, tiens les rennes de Tauron de la main gauche et admire de nouveau ce paradis enneigé.
Dernière édition par Hetahel Alarik le Jeu 23 Jan 2014 - 16:23, édité 5 fois |
| | | Elvira Ash Ephaëlyen débutant
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| Sujet: Re: Le froid accentue la chaleur d'une rencontre hasardeuse [En cours] Mer 8 Jan 2014 - 3:15 | |
| C’est cette lumière si particulière qui l’avait réveillée, la lumière des jours de neige. Elle n’avait pas fermé le volet. Les rayons du soleil, timides en hiver, avaient pénétrés dans sa chambre accompagnés d’une douce lueur blanche. Ce matin-là, Elvira ouvrit les yeux sur les dizaines, les centaines de flocons qui défilaient devant la petite fenêtre, en face de son lit. Son réflexe immédiat fut de bondir de sous sa couette vers la fenêtre. Elle l’ouvrit en grand et se pencha sur le rebord jusqu’à mi- poitrine. Dehors, tout était blanc. Il était encore tôt et pas une trace de pas n’avait souillé l’étendue immaculée. Un sourire radieux effaça les dernières marques de sommeil du visage de la jeune femme. Quelques flocons laissaient des taches blanches sur ses boucles rouges. Un frisson la parcourut. Le froid, sans doute, mais aussi cette gaieté enfantine qui s’emparait d’elle à chaque chute de neige. Elvira quitta sa chambre sans prendre la peine de s’habiller. Elle traversait le couloir en robe de nuit, le rire aux lèvres. Tout semblait encore dormir à la taverne des trois dames. Mais le calme ne devait pas être de longue durée, car la jeune Ash était dans une de ses journées de joie. Ces jours-là, elle communiquait son entrain à toute la maison. Arrivée aux chambres des tavernières, Elvira tambourina aux portes au cri de « Debout ! Debout, il neige ! ». De derrière l’une d’elles, une voix répondit :
« El’ ! Arrête ce barouf ! Y a des clients qui veulent dormir ! »
Si c’était un reproche, il était fait sur le ton de la bonne humeur. Et le joyeux clairon rejoignit sa chambre en dansant. Elvira avait laissé la fenêtre ouverte. Des flocons s’étaient déposés sur la bordure, comme autant de petits cristaux. Elvira se prépara dans l’idée qu’elle ferait son service ce matin. Après sa toilette, elle enfila donc une robe et des chaussures à talons hauts. Il ne restait que le maquillage, la parure de bijoux et, fin prête, elle dévala l’escalier qui menait à la salle. Salomé, une grande femme blonde, était déjà là, ainsi que quelques clients. Elvira chantonna un « Bonjour ! » auquel on répondit chaleureusement. Il n’était pas encore neuf heures. Les autres ne tardèrent pas à arriver. Le temps d’avaler rapidement quelque chose et Elvira commença sa besogne quotidienne : servir, débarrasser, mais aussi bavarder et rire un peu avec chacun. Une tâche qui ne lui déplaisait pas en somme. Pourtant après une heure à peine, Elvira se dirigea vers le comptoir et, dans un grand sourire, elle lança aux trois femmes qui tenaient la taverne :
« - Je m’arrête là pour aujourd’hui, finalement je prends la journée ! - Et en quel honneur, princesse ? - C’est jour de fête ! »
Jour de fête, cela voulait dire qu’elle était d’une humeur rayonnante et qu’elle voulait profiter de cette belle journée enneigée pour faire une promenade. Les dames le comprirent et la laissèrent filer. C’est que la jeunette fournissait du bon travail et on ne pouvait lui refuser un petit congé. Elvira monta se changer, car si sa tenue convenait à l’intérieur chauffé de la taverne, elle ne pouvait pas sortir ainsi vêtue. Elle changea donc sa robe pour un pantalon noir et un pull couleur prune. Elle enfila par-dessus un capuchon de la même teinte. Elle dû également se séparer de ses hauts talons et chausser à la place des bottes plates, mais chaudes. Elvira devrait se résoudre à être minuscule pour un jour.
À la cité de l’Aurore, la vie battait son plein. On se pressait, on bousculait. La petite Elvira se frayait son passage au milieu de toute cette agitation. La jeune femme avait en tête une destination bien précise : la Lac de l’Aube. Rien n’était plus beau à voir lorsqu’il neigeait. S’y rendre à pied serait bien trop long. Elle prit donc une calèche pour un trajet qui dura plusieurs heures.
Arrivée au Lac de l’Aube, Elvira ne réprima pas une petite exclamation admirative. La neige, la glace lui semblaient magnifiques. Elle s’imprégna un moment du paysage, immobile face au lac. Un éclat de voix familier finit par attirer son attention du côté de la maison du lac. Elle se rendit dans la bâtisse et y trouva trois petits bonshommes. C’étaient les fils d’un habitué des « trois dames », devenu un bon ami des tavernières. Comme de nombreux enfants de la cité de l'Aurore, ils aimaient venir s'amuser au bord du lac. Les garçons se jetèrent sur Elvira, visiblement ravis de la voir, et l’entraînèrent dans leur jeu. La maison du lac, allant de pair avec la légende du monstre marin, est la cabane dont rêvent tous les enfants. Elvira accepta de jouer quelque temps aux chasseurs de dragon. Puis, se lassant vite du jeu et surtout du rôle d’horrible sorcière qu’on lui avait attribuée, elle alla s’asseoir face au lac, abandonnant les trois garçons à leur imagination débordante. Pendant qu’Elvira jouait, un autre promeneur était arrivé. En effet, un jeune homme s’essayait à marcher sur le lac. Elle s’amusa à la regarder glisser quelques minutes, et elle eut un petit rire quand il se retrouva nez contre glace. Sur la rive, un bel animal semblait l’attendre, quelque peu impatient. C’était un cerf majestueux, un Ombrum, d’après ses souvenirs.
Mue par son envie naturelle et systématique de bavarder et prise d’une vague sympathie pour ce jeune homme, accompagné d’un cerf, et qu’elle avait vu glisser dans une joie enfantine, Elvira se dirigea à sa rencontre d’une allure ralentie par la neige, jusqu’à atteindre le rocher sur lequel il s’était assis.
« Salut ! » lança-t-elle d’abord avec un sourire simple.
Puis, toujours soucieuse de son apparence, la rouquine se dit qu’elle allait paraître de bien petite taille sans ses chers talons, d’autant qu’elle avait les pieds enfoncés de quelques centimètres dans la neige. Elle releva alors légèrement le menton dans un élan de dignité. Elle tâcha ensuite de chasser ces considérations gênantes de son esprit. Oubliant sa propre apparence, Elvira s’attarda sur celle de son interlocuteur. Elle ne put s’empêcher de remarquer sa blancheur. Elvira aussi avait le teint pâle, mais sa chevelure rouge contrastait vivement. Lui avait la peau blanche, les cheveux blancs. Son teint rappelait la couleur pure de la neige qui les entourait, comme si les flocons avaient déteint sur ce garçon. On aurait presque dit un bonhomme de neige. Un bonhomme de neige tout à fait charmant, enveloppé d’une cape noire. Cette idée fit sourire Elvira, qui se murmura à elle-même, d’une voix à peine audible :
« On dirait un homme en neige ! »
Elvira fit un revers de la main, comme pour balayer cette idée saugrenue. Elle enchaîna, cette fois-ci à haute voix, s’adressant clairement au jeune homme.
« Je t’ai vu sur la glace tout à l’heure. Elle est assez solide, tu crois ? Ou c’est plutôt dangereux ? »
En prononçant ces dernières phrases, Elvira eut un sourire, peut-être un peu moqueur, en se rappelant la chute du garçon, mais dénué de méchanceté. D’ailleurs, sa question était sérieuse. Elle aurait réellement apprécié de jouer sur le lac gelé. Mais elle voulait s’épargner le risque de finir congelée au fond des eaux sombres du lac, en proie à toutes sortes de dragons chimériques ou bien réels.
Elvira porta ensuite son attention sur l’animal qui l’accompagnait. C’était en partie pour approcher ce cerf aux airs élégants qu’elle était venue vers son propriétaire.
« Il est à toi ? C’est un Ombrum, c’est ça ? », questionna la jeune femme en tendant une main vers le cerf.
Dernière édition par Elvira Ash le Dim 12 Jan 2014 - 2:39, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le froid accentue la chaleur d'une rencontre hasardeuse [En cours] Mer 8 Jan 2014 - 19:54 | |
| Malgré ce ciel grisâtre, ce type de temps est celui qui me sied à merveille, tout comme cette situation. Je donnerai tout pour rester ici encore quelques jours, troquant ainsi le brouhaha intempestif du Moulin contre ce silence mortuaire. Il me semble entendre la neige craquer non loin de moi. Je tourne simplement mon regard dans cette direction espérant apercevoir quelqu'un ou quelque chose du coin de l’œil mais non. Le bruit s'arrête. Mon Ombrum quant à lui tourne la tête dans la même direction. Vu qu'il n'a pas bondi pour me défendre, je pense que je n'ai rien à en craindre. Une voix vient briser ma méditation.
« Salut ! »
Je sursaute ce qui a pour conséquence de me faire glisser sur la droite. Je prends appuie sur mes genoux avec mes deux mains pour ne pas tomber et maintiens ainsi ma position. Je tourne la tête en direction de cette voix qui ajoute avec tant d'innocence et de joie que la première fois :
« Je t’ai vu sur la glace tout à l’heure. Elle est assez solide, tu crois ? Ou c’est plutôt dangereux ? »
Le sang me monte à la tête. Mes joues commencent à rosir. J'aurai dû être plus prudent, voilà que je me suis ridiculisé, et pas devant n'importe qui, devant une femme. Je l'admire de haut en bas. Cette jeune femme est de taille moyenne, plutôt petite mais mon jugement ne me permet pas de la décrire complètement, ou du moins avec précision car la neige lui fait aussi défaut. Son visage, d'un teint de peau aussi pâle que le mien, est surplombé d'une magnifique chevelure d'un rouge flamboyant qui s'arrête au niveau de ses épaules. Quant à ses yeux, que je qualifierai de gris au vu de la faible luminosité, ils sont entourés de noir et ses cils semblent long comparé aux miens. Ses lèvres sont roses, peut être est-ce un autre artifice que les femmes utilisent dans leur maquillage, je suis trop peu expérimenté avec les femmes pour pouvoir parler de maquillage. Son visage, cheveux compris, est à lui seul une œuvre d'art. Sa silhouette est fine, comme toutes les parties qui composent son corps. Elle est drapée d'un capuchon de couleur prune, ainsi que d'un pantalon noir. Pour ce qui est du dernier élément, je ne peux pas le voir à cause de la neige mais j'opterai pour des bottes vu que la jeune femme sait comme s'habiller. Voilà une femme qui semble prendre soin d'elle. Son attitude, sa posture ainsi que tout ce qu'elle porte marquent un caractère prononcé ainsi qu'une joie de vivre certaine. Du moins c'est ce que j'ai interprété à travers ses quelques paroles. J'espère qu'elle n'aura pas mal interprété ce regard insistant, je ne suis pas un pervers. Elle continue de me questionner pour la troisième fois, portant cette fois-ci son attention sur Tauron.
« Il est à toi ? C’est un Ombrum, c’est ça ? » Je racle ma gorge tout en me levant et essaye de parler naturellement à la jeune femme.
- Et bien bonjour mademoiselle. Pardonnez ce long silence que j'ai gardé mais j'étais perdu dans mes pensées et l'idée de rencontrer quelqu'un ici-même ne m'avait pas traversé l'esprit. Oh, je vois... Et qu'avez-vous pensé de ma chute ? Était-elle à la hauteur de vos espérances ? Bien que je ne pense pas que vous souhaitiez que je tombe ! Je ris pour montrer à la jeune femme que je ne suis pas quelqu'un de froid malgré ce que j'ai pu laisser paraître. Au vu de cette chute, je pense qu'effectivement elle est solide mais n'en reste pas moins dangereuse. Si j'étais vous, je me servirai de mon erreur pour ne pas en commettre une seconde. Je tends mon bras droit en direction de mon animal et poursuis. - Effectivement, je vois que mademoiselle est connaisseuse, il s'agit là sans aucun doute d'un Ombrum. Il se prénomme Tauron, ce qui signifie " seigneur des forêts" en langage elfique. Aimez-vous ce prénom ?
Je lui souris. Elle semble être de bonne compagnie, un tel personnage ne peut qu’égayer ma journée. J'ai besoin de sourire et de rire par les temps qui courent. Il faudrait que je pense à lui demander si jamais elle désire me tenir compagnie son secret pour paraître aussi radiante qu'elle. Je dévie le rocher en passant devant la jeune femme. J'évite de croiser son regard car sa beauté et son assurance me mettent mal à l'aise. Je passe du côté gauche de l'animal, faisant ainsi frontière entre la jeune femme et moi. Tout en caressant Tauron qui semble chercher désespéramment de l'herbe, je regarde de nouveau la jeune femme et poursuis tant bien que mal la conversation.
- Voulez-vous le caresser ? Il est peut être impressionnant, mais il ne vous ferra aucun mal si vous lui montrez que vous n'êtes pas son ennemi. Essayez de lui parler si cela peut vous aider. Après quelques instants je me frappe le haut de la tête avec la paume droite. J'ai oublié les bonnes manières. - Veuillez m'excuser, je me suis emporté et j'en ai oublié les bonnes manières. Je ne m'attendais pas à avoir de la compagnie. Je m'appelle Hetahel, Hetahel Alarik. Je souris à la jeune femme et incline légèrement la tête. - Et vous ?
Je la regarde dans les yeux, impatient de découvrir quel doux prénom lui avait été donné.
Dernière édition par Hetahel Alarik le Dim 19 Jan 2014 - 22:51, édité 2 fois |
| | | Elvira Ash Ephaëlyen débutant
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| Sujet: Re: Le froid accentue la chaleur d'une rencontre hasardeuse [En cours] Sam 11 Jan 2014 - 3:17 | |
| Le sourire d’Elvira se fit plus grand lorsqu’elle constata la surprise qu’elle avait causée au rêveur. Il faillit même tomber du rocher et se raccrocha de justesse. Ce jeune homme qui ne cessait de glisser et de se rattraper avait quelque chose de touchant. D’autant plus touchant que ses joues s’empourprèrent à l’évocation de la glace. Il était charmant de voir se garçon si pâle se teinter légèrement de rose. L’intention d’Elvira n’avait pas été de le mettre mal à l’aise, car après tout, glisser sur la glace était une chose bien commune. Cependant la confusion du jeune homme l’amusa un instant. Son sourire se dissipa sensiblement lorsqu’elle fut soumise à un examen. Le regard insistant du jeune homme lui pesait. Non pas qu’elle soit gênée qu’on l’observe, mais elle se sentait jugée par ces yeux qui la fixaient. Obsédée par sa très petite taille, Elvira croyait deviner que le jeune homme la mesurait intérieurement. Un brin paranoïaque ? Sans doute. Il n’empêche que le sentiment d’être jaugée donna de l’humeur à la demoiselle, qui releva encore un peu plus le menton, l’air quelque peu hautain. Son mécontentement fut de courte durée : il se dissipa aux premiers mots du jeune homme.
- Et bien bonjour mademoiselle. Pardonnez ce long silence que j'ai gardé mais j'étais perdu dans mes pensées et l'idée de rencontrer quelqu'un ici-même ne m'avait pas traversé l'esprit. Oh, je vois... Et qu'avez-vous pensé de ma chute ? Était-elle à la hauteur de vos espérances ? Bien que je ne pense pas que vous souhaitiez que je tombe. Au vu de cette chute, je pense qu'effectivement elle est solide mais n'en reste pas moins dangereuse. Si j'étais vous, je me servirai de mon erreur pour ne pas en commettre une seconde.
À ces paroles, Elvira partit d’un grand éclat. Il y avait deux raisons à cette hilarité. La première, elle ne tarda pas à l’exprimer d’une voix rieuse.
« Bah v’là que tu me vouvoies, toi ! C’pas commun ! » En effet, Elvira n’était pas habituée à ce genre de distinctions. Peu de gens s’adressaient à elle dans un langage aussi soutenu. Le titre le plus honorifique auquel elle avait droit à la taverne était un « mamzelle » bafouillé par quelque gaillard qui demandait à boire. Autrement c’était Elvira, El’ pour les intimes et « tu » pour tout le monde. Si Elvira riait, c’est également qu’elle appréciait l’autodérision dont faisait preuve le jeune homme. Elle avait d’abord cru qu’il s’était vexé. Elle se trouva agréablement surprise de son humour et cela le lui rendit d’autant plus sympathique.
« Ta chute était excellente ! Mais c’est pas ça qui m’empêcherait d’aller glisser. En fait j’adore patiner… et on dirait que toi aussi », ajouta-t-elle avec un petit clin d’œil.
Elvira n’était pas une fille au caractère sage. Il lui fallait plus qu’une mise en garde pour ne pas se lancer si quelque chose lui donnait envie. Or, l’idée de s’aventurer sur le lac gelé ne lui déplaisait pas. Elle se disait même qu’elle pourrait convaincre le jeune homme de venir pour quelques glissades avec elle. À deux, c’est toujours plus amusant. Cependant la discussion reprit sur le bel Ombrun.
« C’est que mademoiselle elle en voit passer du monde à la taverne ! Alors forcément, on finit par connaître des choses… "Seigneur des forêts", ça lui va très bien. »
Elvira contemplait le majestueux Tauron avec une sorte de respect. Si elle n’aimait pas l’excès de fierté chez les hommes, elle l’admirait chez les animaux. Ce cerf était particulièrement beau et il faisait preuve d’une dignité qui paraissait admirable à la jeune femme. Ravie d’être invitée à le toucher, elle avança sa petite main doucement mais avec sûreté, et elle caressa la robe de l’Ombrum avec beaucoup de délicatesse.
« Tu es vraiment très beau, Tauron », dit-elle affectueusement.
Puis elle retira bien vite sa main, craignant d’agacer l’animal. Elvira reporta son attention sue le propriétaire. Hetahel, c’était son nom. La jeune femme se dit que cet Hetahel était décidément bien poli. Elle n’était pas familière à tant de courtoisie et cette attention la flatta. Elvira avait cependant remarqué qu’Hetahel était passé de l’autre côté de Tauron, celui où elle-même n’était pas. Elle soupçonna une certaine timidité. Elle le rejoignit à gauche de l’Ombrun, se plantant juste devant lui. La petite rousse ne put alors que mieux constater la haute taille du jeune homme et fut bien obligée de lever la tête pour voir de lui autre chose que son torse. Elle croisa alors son regard, si particulier. Ce regard bleu et jaune l’intrigua un instant. Puis elle eut comme une petite lumière. Elle crut reconnaître ce visage blanc, ce visage d’ange. Mais les bonnes manières voulaient qu’elle se présente à son tour. Elvira tira alors une petite révérence et annonça presque solennellement :
« Mademoiselle Ash. » Elle reprit sur son joyeux timbre ordinaire : « Enfin, Elvira. » Puis après une courte pose : « Mais dis-moi Hetahel, tu serais pas déjà passé par la Taverne des Trois Dames ? En tout cas je t’ai déjà vu, je suis sûre. Tu habites à la Cité de l’Aurore peut-être ? »
La jeune femme paraissait enthousiaste, les lèvres bordées d’un large sourire. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le froid accentue la chaleur d'une rencontre hasardeuse [En cours] Dim 19 Jan 2014 - 23:56 | |
| La jeune femme s'étonne que je la vouvoie. Encore un de ces traits qui me fascinent chez cette jeune femme. Sa spontanéité, son assurance, son apparence, son langage, voilà bien des choses dont je devrai tirer profit. Être timide est plutôt une qualité, mais dans mon cas cela peut aussi être un désavantage. Ce qu'elle dégage a le don de me mettre en confiance. Son langage familier me donne l'impression que nous nous connaissons depuis plusieurs années maintenant. Être avec une telle personnalité est tout autant une première pour moi que le vouvoiement pour elle. Je vous bénis mademoiselle pour avoir voulu croiser ma route en ce jour.
Voilà maintenant qu'elle trouve ma chute excellente. Je ne contrôle plus mon corps, deux tomates ont maintenant remplacé mes joues. Elle enchaîne tout ceci avec un clin d’œil. Je ne peux m'empêcher de baisser la tête sur le côté gauche, essayant de cacher ma gêne, en vain. Elle s'avance ensuite pour caresser l'animal et le complimente. J'en profite pour suivre du regard ses mains elles aussi fines. Même si elle parle familièrement, cette jeune femme ne m'inspire que grâce et innocence. Malgré son fort caractère, elle reste quelqu'un de sensible, c'est l'impression que j'ai en la regardant caresser Tauron, on dirait une enfant. Elle s'arrête au bout de quelques secondes et porte de nouveau son regard sur moi. Elle fait le tour de l'Ombrum afin d'être face à moi et se présente enfin à l'aide d'une petite révérence.
« Mademoiselle Ash. Enfin, Elvira. Mais dis-moi Hetahel, tu serais pas déjà passé par la Taverne des Trois Dames ? En tout cas je t’ai déjà vu, je suis sûre. Tu habites à la Cité de l’Aurore peut-être ? » Je racle ma gorge et reprends de plus belle. - Enchanté Elvira, désirez-vous que je vous tutoie ? Cela me sera difficile mais je vous promets de faire autant d'efforts que possible pour installer une familiarité entre nous. Je ne sais malheureusement pas où se situe cette Taverne, mais peut être m'y avez-vous croisé ce matin ? Je ne suis pas originaire de la Cité, mais j'y ai élu domicile hier soir et j'ai dû traverser la ville pour récupérer Tauron, peut être m'avez-vous vu à travers la fenêtre ?
Je prends le soin de reboutonner un peu ma chemise. Si mon père avait été là il m'aurait dit que ce n'est pas une tenue à avoir devant une femme. Tout en la reboutonnant je secoue la tête et souris puis laisse de nouveau mon regard se perdre dans les yeux de la jeune femme.
- Je suis moi-même originaire du Moulin des vieux temps, le connaissez-vous ? Je ne sais que rajouter mais pour autant je n'ai pas envie qu'un silence s'intalle de nouveau entre nous. J'avance vers la jeune femme et me tiens à sa gauche. Tout comme elle, je fixe maintenant le lac qui s'étend à perte de vue. Je vais peut être reconsidérer l'un de ses souhaits. Après tout, si j'ai pu tenir sur la glace, ce n'est pas un petit bout de femme comme elle qui risquerait de passer au travers. Et puis, je suis venu ici pour me ressourcer et penser un peu à moi, rire ne peut me faire que du bien, ça fait longtemps que je n'ai pas pu m'amuser. Tous les jours je travaille d'arrache-pied au Moulin du fait de l'abondante clientèle, et je n'ai jamais pris, contrairement à mes parents, le temps de m'installer à une table et de plaisanter avec les clients. Encore une fois, cette timidité va finir par me perdre. Et puis mince, nous n'avons qu'une vie et je ne sais si je recroiserai une personne aussi pétillante qu'Elvira, allez Hetahel, souffles un bon coup et proposes-lui.
- Et si finalement nous allions jouer sur le lac, qu'en dites-vous mademoiselle Ash ? Je serai là ainsi que Tauron pour garantir votre sécurité puis si j'ai bien compris madame est friande d'aventure n'est-ce pas ?
Je me retourne et et fais des pas en arrière pour ne pas perdre la jeune femme du regard. Je lui envoie à mon tour un clin d’œil pour lui montrer que malgré mes airs de personne coincée, je peux être aussi un peu joueur. Une fois arrivé sur la rive du lac gelé, je tends ma main droite en direction de la jeune femme. Tout en arborant un grand sourire, je conclue en lui disant ces quelques mots.
- Si tu veux bien te donner la peine Elvira, je vais te montrer que je peux faire autre chose que de tomber sur la glace !
Je ris tout en rougissant du fait de l'avoir tutoyée et attends que cette dernière me rejoigne. |
| | | Elvira Ash Ephaëlyen débutant
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| Sujet: Re: Le froid accentue la chaleur d'une rencontre hasardeuse [En cours] Mar 21 Jan 2014 - 2:37 | |
| Il venait d’un autre monde, ce garçon qui rougissait à chacune de ses phrases. Le feu de ses joues était devenu semblable à celui de la chevelure de la fille Ash. Elle le considérait avec une sympathie croissante. Hetahel, elle l’aimerait bien, se disait-elle. Il semblait faire des efforts considérables pour passer outre sa gêne. Il parlait de la tutoyer, s’il y parvenait. Que sa politesse lui paraissait étrange ! La familiarité chez Elvira ne s’installait pas : elle était naturelle. La jeune femme ne pouvait que sourire à ce joli visage empreint de timidité.
« Oh, j’peux te vouvoyer aussi, si ça te met plus à l’aise. »
Vouvoyer ? Cette idée ne lui avait sûrement que très rarement traversé l’esprit avant de rencontrer ce jeune homme, le plus courtois dont elle ait jamais croisé la route. Elvira ne lisait jamais, mais elle était persuadée qu’il parlait aussi bien que les personnages de livres. Vouvoyer ? Après tout, pourquoi pas ? Chaque rencontre apporte ses surprises et celle-ci était plutôt agréable.
« Vous m’avez enchantée aussi, Hetahel ! »
Petit défaut d’expression, certes. Mais un tel effort de formulation était assez rare chez elle pour mériter d’être salué. Elvira se trouva légèrement déçue qu’il ne connaisse pas la taverne, pas même de nom. Elle avait beau savoir que sa petite taverne n’était pas la plus réputée de la Cité de l’Aurore, elle espérait qu’elle eut suffisamment de notoriété pour qu’il en ait entendu parler, au moins au détour d’une conversation. Elle se consola néanmoins en apprenant qu’Hetahel était étranger à la cité. S’il n’était jamais passé aux Trois Dames, Elvira l’avait sans doute aperçu dans la rue et son visage s’était imprimé dans sa mémoire. Ce blanc jeune homme devait se détacher suffisamment de la foule pour qu’on le remarque au sein de la masse grouillante de la cité. Hetahel rajusta sa chemise…
« Le Moulin des vieux temps ? Bien sûr que j’connais ! »
La fameuse auberge des Landes Eternelles. Plusieurs voyageurs qui s’étaient arrêtés dans sa taverne y avaient également séjournés. D’après ses souvenirs, les clients en renvoyaient essentiellement des échos positifs. Il lui semblait même avoir déjà entendu parler du jeune serveur. Ce devait être lui. Cependant elle fut quelque peu surprise qu’Hetahel soit du Moulin. Finalement, le jeune homme ne venait pas d’un environnement si éloigné du sien. Il était pourtant si différent. Alors qu’elle se faisait ces réflexions, Hetahel contemplait le lac, parut hésiter un instant, puis il fit une annonce à laquelle Elvira ne s’attendait pas encore de sa part. Ainsi il lui offrait de braver la glace et de patiner sur le lac en sa compagnie. Ce garçon si prudent aurait-il été saisi d’un brin de folie ? Elvira répondit à sa proposition par un hochement de tête, accompagné d’un léger rire. Car Hetahel n’était pas dénué d’humour. Il lui retourna même son clin d’œil. Pendant que le jeune homme s’éloignait à reculons, Elvira se tourna vers l’Ombrun.
« Regarde bien Tauron, je suis une patineuse exceptionnelle ! » lui adressa-t-elle avec une pointe de malice.
Hetahel avait atteint la rive. Tout sourire, il invita Elvira à la rejoindre.
- Si tu veux bien te donner la peine Elvira, je vais te montrer que je peux faire autre chose que de tomber sur la glace !
Il la tutoyait ! Elvira rit en cœur avec le jeune homme de ce dernier effort pour braver sa timidité. Toujours en riant elle lui répondit, comme en guise de provocation :
« Ah bon ? Tu crois ? »
Sans prévenir, Elvira s’élança vers Hetahel. Elle saisit la main qu’il lui tendait et l’entraîna en courant sur la surface gelée. Ils glissèrent ainsi quelques secondes à peine avant qu’Elvira ne perde l’équilibre. Toujours fermement accrochée au bras d’Hetahel, elle l’emporta dans sa dégringolade, si bien que les jeunes gens se trouvèrent côte à côte, étendus sur la glace. La chute n’avait pas été bien violente et Elvira ne s’était pas fait mal. Alors la rouquine partit d’un nouvel éclat de rire. Elle se releva à moitié pour se mettre en position assise. Et, posant une main sur l’épaule de son compagnon :
« Alors champion ? Je t’ai montré ce que j’sais faire, maintenant c’est ton tour ! »
Elvira Ash était une incorrigible enfant.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le froid accentue la chaleur d'une rencontre hasardeuse [En cours] Jeu 23 Jan 2014 - 18:29 | |
| Me vouvoyer. Allons mademoiselle Ash, si il y a bien quelqu’un qui doit changer ici c’est bien moi et non vous. « Vous m’avez enchantée aussi Hetahel ». Je ne peux m’empêcher de rire intérieurement. Non pas pour me moquer de la jeune femme, mais pour souligner l’effort fait. Quand arrêterez-vous de me surprendre Elvira ? Vous connaissez même le Moulin… Je crois que je n’ai plus de secret pour vous dans ce cas. Après quelques minutes, la jeune femme s’adresse de nouveau à l’Ombrum puis finit par me rejoindre en lançant d’un ton taquin :
« Abon ? Tu crois ? »
Sans que je n'ai le temps de répliquer, la jeune femme saisit ma main et m’entraîne sur la glace. Nous glissons main dans la main sur cette glace vierge de toute trace humaine jusqu’à ce que la jeune femme tombe, provoquant ainsi ma chute. Je glisse en arrière et me cogne la tête sur le lac. Contrairement à Elvira qui s’emble s’en être sorti sans égratignure, je souffre un peu. Je me frotte l’arrière du crâne rapidement sans pousser de cris pour essayer de rester digne. La jeune femme pose sa main sur mon épaule. Après quelques secondes, je me redresse, une grimace fixée sur mon visage d’ange. Je m’assois comme la jeune femme en tailleur sur la glace. Toute fière d’elle, elle enchaîne avec un :
« Alors champion ? Je t’ai montré ce que j’sais faire, maintenant c’est ton tour ! »
Je regarde le lac. Qu’est-ce que je pourrai bien lui montrer moi ? Je suis assez tombé pour aujourd’hui alors continuer à patiner, non merci. Je regarde de nouveau la jeune femme qui me fixe, amusée. Qu’est-ce qu’une fille extravagante comme toi aimerait faire… ? Une idée me vient à l’esprit. Je pense que cela devrait lui plaire. Je m’étonne d’ailleurs d’avoir pensé à une telle chose.
- Pour le champion, je doute que tu te sois adressé à moi vu ma piètre performance ! Je ris et poursuis - Et si nous jouions à glisse-fesse ? Malgré le nom un peu barbare que je viens d’inventer, je suis sûr que c’est un jeu qui pourrait te plaire. Le principe est simple. Je t’attrape par les deux bras, puis je te fais tourner aussi vite que possible et enfin je te lâche et je te laisse glisser là où la glace voudra bien te porter. Tout remboursement est bien entendu impossible et tu ne seras pas couverte pour les dommages corporels, cela te tente toujours ? Je lui lance un clin d’œil complice, fier de mon idée de jeu.
Ni une ni deux, je ne laisse pas le temps à la jeune femme de réfléchir comme elle l’a fait pour moi, la saisis par les deux bras et commence à tourner en cercle prudemment. Mes réflexes sont plutôt bons, aucune chute n’est prévue. Tout un arborant un sourire espiègle qu’elle ne peut bien entendu pas voir, je la lâche et la regarde s’éloigner. Je l'observe surpris et déçu. Elle n’a glissé que sur quelques mètres. Quel piètre homme fais-je. Je me rapproche avec facilité de la jeune femme et dépose mes deux mains sur ses deux joues.
- Ca va, tu n’as pas trop la tête qui tourne ? Tu ne t’es pas fait mal ? Comment se porte ton fessier ? Allez viens, avant qu’un de nous deux soit de nouveau blessé.
Je me permets de l’attraper sous les bras et la relève. Mes joues flambent de nouveau. Je m’excuse de l’avoir touché et me dirige, seul, vers Tauron. Qu’est-ce qui m’a pris d’être aussi proche ? Une fois les limites franchies je ne m’en fixe plus et ça donne ça. Et puis ce jeu… Mieux vaut que je garde le vouvoiement, au moins je suis sûr de n’irriter personne. Pourquoi n’arrive-je pas à me comporter normalement ? Elvira, je veux devenir comme toi. Aide-moi à quitter ce Moulin qui ne fait que m’enfoncer un peu plus, je t’en conjure. Je laisse une larme rouler sur ma joue droite. Je l’essuie, me retourne en direction de la jeune femme et lui lance, sourire aux lèvres :
- Ba alors, tu viens ?! Je vais finir par me demander si tu n'es pas un peu rouillée !
Je lui fais de grand signe de la main droite et enferme au plus profond de moi ma tristesse. |
| | | Elvira Ash Ephaëlyen débutant
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| Sujet: Re: Le froid accentue la chaleur d'une rencontre hasardeuse [En cours] Jeu 30 Jan 2014 - 0:32 | |
| Elvira considérait son compagnon avec une certaine curiosité. Qu’allait bien pouvoir inventer ce jeune homme aux airs si sages ? En réalité, elle n’attendait rien d’extraordinaire, une petite valse sur la glace tout au plus. Sa surprise n’en fut que plus grande lorsque ces lèvres si timides prononcèrent le nom de « glisse-fesse ». Ce terme lui semblait tout à fait étrange dans la bouche d’Hetahel. Amusée, elle écouta l’explication du garçon. L’idée était originale, le jeu paraissait drôle, certes mais… Mais Elvira n’eut pas son mot à dire et elle tournoyait déjà à toute allure. Un petit cri de surprise, la voilà qui glisse sur quelques mètres. Quelques mètres, ce n’est pas grand-chose, mais cela parut déjà loin à la jeune femme qui ne distinguait plus bien le paysage. Le monde chancelait autour d’elle, ainsi que le jeune homme qu’elle voyait s’approcher. Sa tête cessa de tourner un instant, lorsqu’il la prit dans ses mains. Elle ne fit que des bribes de réponses confuses à ses questions.
« Si si… Non. »
Si si, sa tête tournait. Non, elle ne s’était pas fait mal. Enfin elle apprécia l’aide d’Hetahel qui la releva. Elle resta un instant sur place, les jambes vacillantes, tandis que le jeune homme rejoignait son Ombrum.
- Ba alors, tu viens ?! Je vais finir par me demander si tu n'es pas un peu rouillée !
« Rouillée ?! »
Elvira eut une exclamation indignée. Quel toupet ce garçon ! La rousse avança à grandes enjambées vers Hetahel, oubliant qu’elle était encore sur la glace. Elle faillit glisser une fois encore, se rattrapa de justesse et reprit sa course plus prudemment, mais toujours avec un certain empressement, un air de petite colère. Quelques pas la séparaient encore du garçon quand elle lui lança les mots qui suivent :
« Non mais t’es pas un peu dingue toi ! »
Elle accompagnait ses paroles d’un petit geste éloquent, tapotant du bout de l’index sur sa tempe. Une seconde de flottement et le sourire qui avait un instant quitté les lèvres roses reparut. Elvira ne pouvait s’empêcher de s’emporter lorsqu’on la manipulait sans lui demander son avis. Mais en réalité elle avait trouvé plutôt amusant le tour de manège inventé par le jeune homme. Toute bonne humeur retrouvée, elle le lui fit savoir.
« Mais bon, c’tait sympa. Pis j’dois avouer que tu m’as eue, je m’y attendais pas. Bien joué ! »
Hetahel eut droit à une petite tape amicale sur le bras, comme s’en font les bons camarades pour se féliciter. Après tout, il n’avait fait que lui rendre la pareille. C’est Elvira la première qui l’avait fait trébucher. D’ailleurs il lui avait semblé que le jeune homme s’était cogné l’arrière de la tête.
« Ca va ta tête au fait ? Moi, mon « fessier » se porte bien. Congelé, un peu mouillé, mais ça va ! »
Elvira eut un petit rire. « Comment se porte ton fessier ? » Sans doute, on ne lui avait jamais posé une telle question, ainsi formulée. Et elle n’avait jamais employé le terme de « fessier » pour désigner son bas-dos. L’état de son fessier établi, Elvira porta son attention sur un objet tout autre. Elle considérait avec une attention nouvelle le jeune homme. Elle voyait le visage aux airs délicats, le teint pâle, le regard aux deux couleurs. Quelque chose l’étonnait chez ce personnage, une certaine ambivalence. Il semblait vouloir faire preuve d’humour et même un peu d’audace. Pourtant sa timidité était flagrante. La timidité, un drôle de concept pour Ash. Elle ne comprenait pas ce garçon qui la lançait sur la glace sans hésitation, puis qui formulait ensuite des excuses inattendues. La demoiselle se posta bien droit devant Hetahel, croisa les bras, pencha légèrement la tête et questionna.
« Je peux savoir pourquoi tu t’excuses de m’avoir touchée ? » dit-elle en appuyant sur chaque mot.
L’interrogation ainsi formulée n’avait certes pas une haute portée philosophique. Elle résumait cependant bien son questionnement au sujet d’Hetahel. Dans les prunelles gris bleuté d’Elvira on lisait sa curiosité.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le froid accentue la chaleur d'une rencontre hasardeuse [En cours] Jeu 13 Fév 2014 - 17:44 | |
| La jeune femme avale les quelques mètres qui nous séparent en quelques instants. Elle semble remontée contre moi vu les propos qu'elle tient. Seulement, ils ne provoquent pas en moi l'envie de m'excuser, mais de rire, car chaque expression qui sort de la bouche de cette jeune femme est nouvelle à mes oreilles et plutôt drôle. Son sourire reprend place sur son doux visage. Voilà ce qui me plaît chez toi Elvira. Même si la situation ainsi que mes propos font qu'il ne me semble pas avoir été offensant avec toi , tu ne me sembles pas rancunière. Ton sourire provoque la même réaction chez moi. Je ne peux m'empêcher de te rendre ce que tu me donnes, je n'arrive pas à me contrôler, je n'ai pas envie que tu regrettes d'être restée à mes cotés en cette douce journée. Alors même si tout cela n'est pas naturel chez moi, j'ai envie de te faire plaisir. Elle me donne un petit coup sur le bras gauche. Je sursaute. Peut être est-ce chez elle une façon de dire merci.
« Ca va ta tête au fait ? Moi, mon « fessier » se porte bien. Congelé, un peu mouillé, mais ça va ! » J'écarquille les deux yeux. Depuis quand te préoccupes-tu de mon état ? - Et bien ma foi, elle se porte plutôt bien. Il ne me semble pas avoir de séquelles. Je suis content que ton fessier se porte tout aussi bien.
Je m'apprête à me retourner et à retrouver mon Ombrum quand la jeune femme m'interpelle de nouveau :
« Je peux savoir pourquoi tu t’excuses de m’avoir touchée ? »
J'ai espéré que tu ne me poses pas cette question mais tu es Elvira, et tout ceci t'es totalement étranger, j'excuse ta curiosité qui n'est pas déplacée, je te dois bien ça. Je me tourne de nouveau dans sa direction et fixe le lac, n'ayant pas la capacité de fixer une personne aussi longtemps dans les yeux.
- Et bien... Je n'ai pas l'habitude d'avoir de contact corporel avec les gens. Vois-tu, même si nous appartenons tous les deux au même monde et j'entends par là le monde tavernier, nos deux êtres sont totalement différents. Tu es le soleil et je suis la lune. Je marque une légère pause et reprend mon discours, en la tentant de la regarder cette fois-ci dans les yeux. - Je suis quelqu'un d'extrêmement réservé, et contrairement à mes parents qui eux prennent le temps de s'asseoir aux tables des clients et à discuter, je ne fais que les servir.. Mes joues rosissent de nouveau. - De mes vingt-deux ans d'existence, je n'ai réussi à me faire qu'une amie et ce depuis peu qui se prénomme Aricie. Ce n'est pas dans mon essence même d'aller vers les autres spontanément. J'en ai envie, mais je n'y arrive pas. Je ne sais pas comment me comporter avec un autre que moi. Tu dois bien le voir, je ne fais que rougir depuis le début. Dès qu'une personne m'adresse la parole, je rougis. Rien que de serrer la main à quelqu'un provoque la même réaction car c'est inhabituel pour moi. Voilà pourquoi même en dehors du moulin je vouvoie les gens. Vouvoyer instaure d'emblée une barrière avec mon interlocuteur fermant ainsi tout possibilité d'ouverture de mon côté. Te tutoyer est une épreuve pour moi, mais un beau combat je dois dire.
Je regarde derrière-moi et m'assois sur le rocher sur lequel j'étais assis avant que la jeune femme n'arrive. J'enlace mes mains et laisse mon regard se perdre sur le sol enneigé. Pourquoi lui ai-je dit tout ça ? Je ne la connais même pas. Pourtant, son être même fait que j'ai envie de me confier à elle, que je peux lui faire confiance. D'un autre côté, j'ai envie de faire ce que j'ai toujours fait : rester seul et ne parler à personne, car pour le moment tout ceci m'a plutôt bien réussi. Je ne me suis jamais battu avec un homme, ni même eu un mot plus haut que l'autre. Mais je sais qu'au fond de moi ce n'est pas la solution. Il faut savoir s'ouvrir aux autres, je crois que je viens de le comprendre. Je ne pourrai jamais être heureux en étant seul. Les autres sont la clef de la réussite. Elvira, tu es l'exemple même de l'ouverture que je dois effectuer. Souriante, familière tout en restant polie, la joie de vivre qui t'anime et j'en passe. Je ne pourrai jamais être aussi ouvert que toi, mais je peux du moins m'en rapprocher. Il faut que j'arrête d'être celui que je suis actuellement. Je dois m’endurcir, tout en gardant les traits qui font de moi ce que je suis : gentillesse, politesse. Je dois apprendre à compter sur les autres. Maintenant que je viens de le réaliser, et il m'en aura fallu du temps, deux décennies, ne dit-on pas mieux vaut tard que jamais ? Ce sera un combat quotidien. Rien ne sera facile, mais cela vaut la peine que je me batte pour. Et je vais essayer de commencer avec toi Elvira, celle que je nommerai la Clef. Je me lève et regarde de nouveau la jeune femme dans les yeux. J'espère qu'elle pourra voir en eux que quelque chose a changé en moi. Je ne sais ce qui m'habite. Tout est mélangé. Joie, motivation, mais aussi peur de mal faire. Qu'importe, je dois arrêter de me poser toutes ces questions et agir comme bon me semble. Je ne sais ni par où commencer ni comment m'y prendre mais une chose est sûre, un vent nouveau souffle en ma faveur. Il est enfin temps que je devienne l'acteur de ma propre vie.
Je m'approche de la jeune femme. Un combat est engagé dans ma tête. D'un côté l'on me pousse à faire ce que je m'apprête à faire, de l'autre, on me rappelle que je vais rougir, puis me sentir honteux et m'excuser comme je l'ai toujours fait. Je ferme les yeux, secoue la tête, serre les poings, tends les bras et enlace la jeune femme. Ne plus avoir peur des contacts physiques, voilà mon premier objectif. Je lui glisse ces quelques mots furtivement.
- Merci, pour tout. Ne me demandes pas pourquoi je fais ça, accepte-le s'il te plaît. Je sais que je suis maladroit, ce geste l'illustre encore, et je comprends que tu n'arrives pas spécialement à me cerner ni à comprendre mes réactions. Dis-toi seulement que tu es le moteur de ce changement soudain, et que ceci n'est pas plus mal. Je desserre mon emprise de la jeune femme et me dirige vers Tauron, sourire aux lèvres. Elvira Ash, même si j'ai déjà pu le dire, je te bénis d'avoir croisé ma route. Une fois aux côtés de l'animal, je le caresse, puis me retourne de nouveau vers Elvira. - Ne laissons pas cette journée être gâchée par les propos que j'ai tenu sur mes vieux démons, profitons-en, tu ne crois pas ? Allez, monte, je t'emmène faire une balade.
Je désigne Tauron et lui fais un clin d'oeil. |
| | | Elvira Ash Ephaëlyen débutant
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| Sujet: Re: Le froid accentue la chaleur d'une rencontre hasardeuse [En cours] Jeu 27 Fév 2014 - 22:46 | |
| Un cri d’enfant venu de la maison du lac, puis l’écho des rires juvéniles retentirent. Sans doute les garçons qu’Elvira avait quittés quelques instants plus tôt. Pourtant la jeune femme ne les entendit pas, toute absorbée qu’elle était par les paroles d’Hetahel. Elle écoutait, sans rien dire, attentive, cherchant à comprendre. Comprendre, ce n’était pas saisir le sens des phrases ; comprendre, c’était essayer de se mettre à sa place, de deviner pourquoi il en était venu à lui dire tout cela. Car en effet, pourquoi ? Pourquoi lui raconter tout cela à elle, Elvira Ash, demoiselle qu’il ne connaissait pas depuis une heure et qui n’avait rien fait d’autre que de l’envoyer valser sur glace ? On pourrait rétorquer à Ash qu’elle n’avait eu que la réponse complexe qu’avait appelée sa question curieuse et un brin déplacée. Mais elle ne s’attendait pas à ce qu’Hetahel lui dévoile vraiment les raisons de sa gêne. Elle n’avait demandé cela que pour le titiller un peu. Elle avait bien remarqué qu’il était timide et elle le questionnait sur la raison de ses excuses. Il y avait peut-être quelque chose du vice là-dedans, comme une volonté de mettre son compagnon mal à l’aise. Elvira restait alors toute stupéfaite face à la sincérité touchante du garçon qui s’ouvrait à elle de façon inattendue. Elle aurait pu résumer les confidences du jeune homme en un mot : timidité. Pourtant il lui semblait qu’il s’agissait d’un sentiment qui allait au-delà, une gêne écrasante mais qu’elle avait du mal à concevoir. Comment pouvait-on avoir honte de serrer une main ? Comment tutoyer pouvait devenir un combat ? Tutoyer, elle qui ne connaissait que cela ! La jeune femme essayait d’imaginer ce à quoi pouvait ressembler la vie d’Hetahel : si la taverne n’était pas le lieu des contacts humains, si ce n’était pas rire et discuter avec le client en lui servant à boire, qu’était-ce ? Elle était bien différente de lui, Elvira, la serveuse que l’on connaissait partout aux alentours de la taverne, dont les éclats de voix et de rire résonnaient aux quatre coins des Trois Dames. Elvira, la fille sans gêne à qui l’on avait reproché plus d’une fois un manque d’éducation et qui pouffait au nez des remontrances.
Hetahel était retourné s’asseoir sur le rocher où elle était venue le trouver. Elvira entrouvrit la bouche : elle aurait voulu dire quelque chose mais elle ne savait pas quoi. Alors elle ne dit rien et se contenta de faire un pas dans sa direction puis s’immobilisa à son tour. Hetahel était silencieux face à la neige. L’Ombrum ne bronchait pas non plus. Elvira avait l’impression d’être retournée plusieurs minutes en arrière, avant qu’elle ne vienne interrompre les méditations du jeune homme. Elle réentendait son premier « Salut ! » lancé à l’adresse du jeune homme, et sa remarque un peu moqueuse sur la glace. Peut-être n’aurait-elle pas dû venir le perturber ? Peut-être aurait-il préféré rester seul ? Pourtant sa compagnie n’avait pas semblé le déranger… jusqu’à cet instant. Elle en était là de ses pensées quand Hetahel se releva. Elle ne l’avait pas quitté du regard depuis qu’il avait commencé à parler. Cette fois-ci, elle crut lire quelque chose d’autre dans ses yeux, une volonté nouvelle. Elle lui adressa un petit sourire alors qu’il s’avançait. Et avec étonnement elle le vit fermer les yeux, secouer la tête, serrer les poings… que faisait-il donc ? Sa surprise fut plus grande encore alors qu’il la prenait dans ses bras. Elvira eut un rire de soulagement. Elle qui pensait le déranger ! Voilà qu’il lui adressait même des remerciements. En effet, elle ne comprenait ni ce merci, ni ses réactions, ni en quoi elle avait bien pu être le moteur de quelque changement. Ce garçon lui paraissait bien étrange par certains aspects. Elvira lui offrit un grand sourire.
« Non, c’est vrai, je comprends pas tout. Tu m’expliqueras un jour, peut-être ? » Elle fit une petite pause. « En tout cas, même si on est très différents, t’sais qu’avec moi tu peux être tranquille, hein ? »
Puis Hetahel s’en retourna vers son Ombrum. Elvira avait oublié la présence de l’animal un instant.
- Ne laissons pas cette journée être gâchée par les propos que j'ai tenu sur mes vieux démons, profitons-en, tu ne crois pas ? Allez, monte, je t'emmène faire une balade. Alors Elvira rejoignit le jeune homme, sans rien dire d’abord. Elle le regarda un instant, un petit air malicieux passa sur sa figure. Puis elle le prit à son tour dans ses bras, pour lui manifester sa sympathie. Elle n'avait trouvé aucune parole réconfortante à lui adresser, mais elle voulait tout de même lui montrer qu’elle avait prêté une oreille attentive à ce qu’il lui avait confié. Elle repensa alors à la métaphore du soleil et de la lune qu’avait faite Hetahel. Au-delà de leur tempérament, il y avait une correspondance physique entre les deux astres et ces jeunes gens. Les boucles rouges d’Elvira pouvaient renvoyer au feu du soleil. Quant au blanc Hetahel, il rappelait la pâleur de la lune. Cette idée fit sourire Elvira. Elle eut un petit instant de réflexion avant de reprendre la parole, mais ce n’était pas encore pour répondre à la proposition d’Hetahel.
« Je suis pas sûre que c’est mieux d’être au soleil qu’à la lune. »
Ces mots semblant sortir de nulle part n’étaient peut-être pas très clairs. Du moins, Elvira s’était comprise. Elle voulait dire qu’Hetahel avait sans doute ses qualités, et sans doute plus qu’elle-même.
Ceci étant dit, Elvira en revînt bien vite à l’idée de la promenade et lança gaiement : « Va pour le tour à dos d’Ombrum ! ». Certes, la perspective d’une balade sur le dos du fabuleux Ombrum l’enchantait. Mais elle n’était pas une grande cavalière. Elle avait dû monter deux ou trois fois quelque canasson pour faire un petit tour au pas devant la taverne, tout au plus. Ainsi elle ne savait pas trop y faire.
« Je dois monter… toute seule ? »
Oui, évidemment. Quelle question. Elvira se tourna face à Tauron et trouva qu’il était bien grand. Pour monter il fallait sans doute poser les deux mains sur le dos de l’animal et se hisser dessus, ce que la jeune femme entreprit sans grand succès.
« Je crois qu’il est un peu trop grand » dit-elle à Hetahel, avant de s’adresser directement à l’Ombrum. « Tu veux bien te baisser Tauron ? »
Elvira se demandait si l’Ombrum allait accepter de se baisser. D’abord, elle n’était pas sûre qu’il comprenne vraiment ce qu’elle disait. Mais surtout, s’il comprenait, elle craignait qu’il ne prenne une telle requête comme une atteinte à sa fière élégance. |
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| Sujet: Re: Le froid accentue la chaleur d'une rencontre hasardeuse [En cours] | |
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