De nombreux cycles étaient passés et depuis il y avait eu beaucoup de changements. Des évènements plutôt particuliers avaient eu lieu lors de mon dernier voyage et j’avais à présent besoin d’un nouvel équipage. Le peu d’hommes restant sur mon navire ne pourrait suffire pour accomplir tous les projets que j’avais en tête. Il y avait tellement de choses à faire sur le continent et je ne supportais pas l’idée que tout cela puisse me passer sous le nez, pour un simple manque d’hommes sous mes ordres. Je ne reproduirais pas mes erreurs du passé et à présent je prendrais mon temps pour choisir avec attention chaque homme et chaque femme qui se présenterait à moi pour rejoindre les troupes. S’en était terminé du recrutement à la sauvage juste pour avoir un maximum de personnes sous mes ordres. J’avais réellement besoin de personnes de confiance et à présent je dirais même Non s’il le fallait.

De nombreuses affiches avaient été placardées dans toutes les tavernes d’Angaïla mais également dans celles d’Oryenna, de Thaodia, d’Evanya et Màvreah. Chaque contrée avait vu dans bon nombre de ses tavernes ses affiches fleurirent avec pour seules informations le nom d’un lieu dans la contrée des nains pour celles et ceux en quêtes d’aventures n’ayant pas peur de la mer.

La période du Grand Froid approchait et les répercussions sur le climat se faisaient immédiatement ressentir. La température chutait petit à petit et ce n’était qu’une question de jours avant que la neige ne finisse par arriver. Je déambulais dans les docks au milieu des quelques bateaux construits par les nains pour la plupart. Seul le mien était le plus grand, le plus imposant et surtout le plus particulier. Il pouvait accueillir aisément une cinquantaine d’hommes, montures comprises tant que ces dernières ne dépassaient pas la taille d’un grand Kanian. Quelques matelots travaillaient sur le pont tandis que je m’éloignais de mon bébé que je venais de leur confier pour la journée. Je n’avais pas réellement une confiance absolue en eux mais je n’avais pas le choix.

Le vent qui soufflait dehors était froid et violent, gelant mes mains nues assez rapidement mais je continuais d’avancer, me rendant dans des quartiers plus ou moins malfamés des docks. Ces fameux quartiers que les gens préféraient éviter, ces quartiers où la débauche, les magouilles et toutes les histoires sombres se déroulaient. J’avançais sans me retourner, sûre de moi avant d’entrer dans une taverne peu fréquentée pour cette fin de matinée. Il y avait quelques personnes dispersées un peu partout et au fond de la salle, sur un panneau où bon nombres de petites annonces figuraient, il y avait également mon avis de recrutement.

Frottant mes mains l’une contre l’autre j’ai lancé un regard au tavernier, un vieux lycan rongé par l’âge et couvert de cicatrices. Ce vieil homme bourru était agressif et peu aimable au premier abord mais sans que je sache réellement pourquoi il s’était montré plutôt agréable avec moi, si on pouvait définir son attitude ainsi. J’étais la seule à qui il ne montrait pas les dents lorsque je lui disais bonjour ce qui était, d’après les habitués un véritable exploit.

La taverne du Loup Borgne où je me trouvais actuellement était le lieu de rendez-vous que j’avais fixé à toutes les personnes qui désiraient intégrer l’équipage. Qu’importe l’heure du jour où de la nuit, il y aurait toujours une personne pour les accueillir et pour leur faire passer ce fameux entretien. Au fond de la taverne une table ronde ou trainait quelques feuilles ainsi qu’une plume avec son encrier à moitié vide, cette dernière permettait d’accueillir aisément une dizaine de personnes mais elle était toujours déserte ou occupée uniquement par une personne appartenant à mon équipage. Cette table était en quelques sortes le bureau de recrutement et je m’y suis dirigée avec mon éternelle démarche sautillante, prenant place tout simplement avant d’attendre en sifflotant.

J’étais la seule femme des lieux, la seule rousse vêtue simplement d’une chemise couleur terre, d’un pantalon et de cuissardes abimées. J’étais certes la seule femme mais j’étais la seule à avoir un but ici, j’étais la seule à attendre des personnes désirant intégrer l’équipage de la Dernière Etoile.

HRP : Ce RP sert uniquement à recruter les personnes souhaitant intégrer le navire via un topic et s'étant inscrit ici avant.

Les heures passèrent et la fin de matinée se mua petit à petit en début de soirée, puis en soirée bien avancée. Je n’avais pas bougé de mon poste, j’étais restée là, à attendre que des gens viennent sans beaucoup de réussite. Une bouteille de rhum vide était couchée sur la table où bon nombre de feuilles gisaient dans un désordre exemplaire. La taverne s’était largement remplie depuis ce matin et j’avais du renvoyer chez eux plusieurs hommes bien trop ivres et entreprenants. J’étais certes une femme mais je n’étais pas faible pour autant.

Quelques membres de mon équipage m’avaient rejoint et profitaient de cette soirée pour s’amuser. Pour ma part, je commençais à somnoler, fermant les yeux, les pieds posés sur la table, installée en équilibre sur ma chaise. Je m’ennuyais profondément et je commençais à en avoir sérieusement assez de voir aussi peu d’entrain suite à ma proposition. Les gens ne semblaient décidément pas curieux et l’aventure devait leur faire peur, mais puisque c’était ainsi et bien tant pis, je me débrouillerais autrement.

Le sommeil commençait à m’enlever petit à petit lorsqu’une personne arriva en hurlant, m’arrachant de ma léthargie comme un seau d’eau glacée. Je regardais le nouvel arrivant, le regard sombre comme la majorité des personnes présentes. Le natif de cette contrée était brun et avait tout d’un nain fier et guerrier. Une cicatrice marquait son visage et il était difficile de ne pas la voir. D’une taille normale pour un membre de sa race, son corps était musclé et l’homme semblait tout simplement ivre mort.

J’ai levé les yeux au ciel, me désintéressant de la scène, pour jouer avec mon couteau qui m’avait déjà beaucoup servi depuis le début de la journée. Cette lame avait été couverte de sang un bon nombre de fois et à présent elle était l’une de mes plus proches alliées. Elle avait une histoire particulière et même brisée, jamais je ne m’en séparerais. Je regardais à présent le nain qui semblait avoir cessé d’attirer l’attention sur lui, pour me rendre compte qu’il en faisait de même. Après quelques instants, il s’approcha de moi, avançant sous mon regard perplexe et attentif.

Je suis restée immobile, ne réagissant pas à son approche et le laissant prendre place en silence. J’avais cessé de jouer avec mon arme pour le regarder sans un mot. De plus près je pouvais distinguer des tresses parsemées dans sa chevelure brune ainsi qu’une odeur particulièrement déplaisante qui m’avait été jusqu’alors épargnée. Je le regardais dans les yeux, ses yeux d’un vert si particulier qui me permettaient de faire abstraction de son odeur digne d’un nain ayant bien trop bu.

Ses paroles restèrent sans réponses mais il comprit rapidement que je recrutais pour un équipage et je ne l’ai pas détrompé. Quittant le nain intrépide j’ai regardé le tavernier avant de lever légèrement la main pour lui montrer que tout allait bien. Si je n’étais pas capable de me dépatouiller avec un nain ivre, je ne méritais pas mon titre c’était sûr.

Je me suis intéressée à nouveau au petit homme qui venait de planter sa hache dans la table. J’ai soupiré avant de m’installer correctement, posant mes pieds au sol ainsi que mes coudes sur la table.

« Je vais vous appeler maître nain puisque je ne connais pas votre nom. Alors, sachez monsieur que je recrute effectivement pour partir en mer, mais j’ai besoin d’hommes forts et courageux. Vous n’imaginez pas à quel point c’est difficile d’en trouver… »

J’ai laissé la fin de ma phrase en suspend comme si je ne parvenais pas à trouver les mots pour continuer. Je scrutais le visage du nain, attendant une quelconque réaction avant de de continuer sur ma lancée.

« Je serais réellement soulagée si je pouvais vous compter parmi nous maitre nain, mais je ne veux pas vous détourner d’un but plus noble que celui-ci. Il y a certes bon nombre de trésors et de richesses sur la voie que nous allons suivre mais cette dernière s’avère très périlleuse et je ne voudrais pas qu’il vous arrive quelque chose de regrettable.»

Saisissant un des contrats je l’ai regardé un instant avant de m’en servir pour m’éventer. Il y avait sur ma droite de quoi signer mais j’attendais de voir si cet homme allait le faire de lui-même ou non. S’il n’avait pas été ivre je ne me serais pas privée de lui tendre le contrat et la plume mais dans son état, je ne voulais pas le faire. Il serait seul maître de son destin et en aucun cas il ne pourrait m’accuser. Après tout, il allait décider tout seul et comme un adulte s’il allait prendre part à cette aventure ou non.