Prendre un coup… avec l’Impératrice?


Sur le chemin de la taverne~

Inquiétude et appréhension se chamaillait dans mon esprit alors que mes pas résonnaient sur le pavé de la cité d’Ambroisie. Les mains dans les poches de mon manteau rouge et un brin un peu trop usé, elles cherchaient à se réchauffer discrètement même si ce n’était pas la peine, elles étaient nerveuses à l’idée de rencontrer notre nouvelle impératrice, un peu moites et froides…  La lettre qu’elle m’avait fait parvenir était bien rangée à l’intérieur du dit manteau, près de mon cœur dans la poche intérieur de celui-ci. La nuit était douce, autant en profiter pour prendre un peu d’air, c’est pourquoi j’avais choisis de me déplacer à pied. Cela me permettait également de voir un peu la ville, les citadins qui s’y promenaient également.

Le lieu de rendez-vous n’était pas loin, encore quelques pas et je me retrouvais devant la porte de cette taverne populaire que m’avait indiqué la vampire dans sa missive. Poussant la porte lentement, j’entrais sans trop me faire remarquer, un vampire qui entre dans un établissement de vampires, rien de plus banal. Je cherchais des yeux la femme qui devait déjà m’attendre à l’intérieur, à moins qu’elle ne soit en retard, ce qui m’étonnerait beaucoup connaissant les valeurs des vampires. Sans être moi-même quelqu’un d’extrêmement à l’heure en générale, je détestais cependant le retard des autres, c’est pourquoi je m’arrangeais toujours pour ne pas être en retard, sans être en avance non plus.

Il était encore tôt pour une belle nuit comme celle-ci, la taverne n’était pas encore bondée de sangsue et je pus facilement repérer notre chère impératrice. Déjà assise à une table elle devait m’attendre depuis… quelques minutes seulement, je n’étais pas en retard, surtout pas pour un tel rendez-vous.

Je me souvenais de ma première rencontre peu banale avec Sophie-Anne Ancestry ancienne impératrice… Elle avait réussi à me prendre dans ses filets en me proposant un poste important, la noblesse et tout ce qui venait avec, à condition de parler pour elle, d’être sa voix, mais désormais qu’elle n’était plus impératrice, je pouvais faire comme je l’entendais. Je n’étais pas idiot non plus, je devais me faire aimer des gens de ma race, aller dans leur sens, leurs idées et leurs aspirations.

J’avançais vers elle lentement, avalant ma salive dans un premier temps et puis détaillant ce que j’avais en aperçu d’elle. De longs cheveux noirs bouclés et un peu fou, une peau qui semblait assez pâle comme chez tous les vampires. Elle devait être très jolie également de face, mais je n’avais que son dos en vue pour l’instant. Je me mordis la lèvre doucement avant d’annoncer ma présence d’une voix plus assuré que ce que je pouvais en avoir l’air à l’intérieur. J’abordais un charmant sourire en coin en la saluant d’un signe de tête.

« Mademoiselle De Gainbourd? Bonsoir, excusez-moi, je ne vous ai pas fait trop attendre au moins? »

Je restais cependant debout, attendant qu’elle veuille bien que je prenne place à sa table, observant le reste de ses traits fins.

Son visage semblait préoccupé par quelque chose, quelque chose qui la faisait rire si je ne m’abusais, mais elle reprit tout son sérieux lorsque ma voix atteignit ses oreilles et capta son attention. Se levant en me saluant d’une révérence quelque peu maladroite, geste qui trahissait sa récente mise au pouvoir, une fille du peuple montée à un rang bien supérieur. Je souriais discrètement en coin en la voyant faire, un peu moqueur en dedans de moi, un peu comme j’étais tout aussi maladroit lorsqu’il ne le fallait pas. Un sourire parut également sur les lèvres de la jeune femme, plus sincère et m’invitant à prendre place à sa table, ce que je fis sans plus attendre. Un peu de neige fondante, plus que des goûtes d’eau paraissaient sur le rouge de mon manteau, signe que la chaleur était bonne dans l’établissement, plus qu’à l’extérieur… il s’était mis à neigé avant que j’atteigne la taverne.

Emerence, elle souhaitait que je l’appel que par son prénom alors que j’avais voulu être poli. D’accord, si c’était elle qui demandait. « Vous pouvez m’appeler Alistair dans ce cas. » Penchant ensuite un peu la tête sur le côté, l’observant tout en répondant à ce qu’elle me disait le visage toujours souriant, et qui n’avait rien de malin pour une fois. Autant se montrer sous une bonne forme. « Je n’aurais pas pu refuser une telle rencontre aussi importante. » Et puis, elle l’aurait mal pris s j’avais refusé et ça lui aurait donné une mauvaise image de Baron de Màvreah.

Observant le moindre de ses gestes lorsqu’elle se rassied, j’en profitais pour noter ses traits. Une très belle femme, comme la plupart des vampires, une peau blanche et une chevelure noire, on aurait pu l’appeler Blanche-Neige si seulement elle n’avait pas ces yeux de rubis qui rappelait le sang. Les miens étaient plutôt foncés ce qui me donnait une chance de passer parfois inaperçu au milieu des humains, mais avec une teinte aussi écarlate c’était presque impossible.

« Je pense que vous vous doutez de la raison de ma missive. Votre rang au sein de notre race. Même si vous avez sans doute entendu parler de mon élection je souhaitais me présenter en personne. » Je l’écoutais parler sans la quitter des yeux, sauf à l’instant où le tavernier posa sur la table une bouteille et deux verres, il eut droit à un regard plus sombre, mais rien de méchant. Et le remerciait d’un simple signe de tête, tout comme la dame. « Notre rencontre était donc inévitable. Je souhaiterais en savoir davantage sur vous, sur vos intentions, sur vos projets pour nos terres. »

« C’est une bonne initiative de votre part, notre rencontre n’était qu’inévitable de toute façon autant qu’elle ait lieu maintenant en bonnes intentions que plus tard au dernier moment. »

Je lui fis un sourire sous-entendu, enfin si elle ne le saisissait pas je n’allais pas me plaindre. Par contre, ses questions menaient à réfléchir avant de donner des réponses, toutes choses n’étaient pas bonnes à dire, il fallait y aller avec tact et précision.

« Je répondrai à toutes les questions que vous avez à mon sujets, une à la fois du moins. » Ça me permettrait d’organiser mes idées et de voir comment il fallait lui répondre. « Alors que voudriez-vous savoir en premier? »

Je me sentais observer par la demoiselle, ses yeux, je les sentais se promener sur moi et en particulier sur mon cou. Ma cicatrice n’était pas des plus élégante, mais je ne la cachais pas pour autant, si elle était visible et bien tant pis. Par contre ça n’autorisait pas les gens à la dévisager, je voyais bien que cela intriguait l’impératrice, mais elle aussi avait quelque chose à son cou. Une marque de morsure si je ne m’abusais, notre chère impératrice avait-elle des penchants particuliers, ou sa nature se rapprochait un peu plus de la mienne que je ne pouvais le croire.

Au contraire de ce que pouvait penser la nouvelle impératrice je n'avais aucune mauvaise intention pour le peuple vampirique. Je craignais seulement que les accords de ma nomination auprès de Sophie-Anne Ancestry soient perçue comme néfaste pour la noblesse et viennent nuire à ma réputation actuelle au près du peuple et la noblesse. La vampire n'avait pas l'air au courant de tout ceci, mais comme la blonde n'était plus au pouvoir, il n'y avait rien à craindre pour que je parle en son nom. C'était maintenant le mien et ma voix seule qui dicterai mes gestes et promesses.

Mes yeux se tournèrent vers la bouteille que le tavernier avait posé sur la table plus tôt, la vampire s'en était emparée et avait entreprise de servir les verres de sang. Une fois le liquide sanguin dans les deux verres, je tendis le bras pour prendre celui qui m'était destiné, un simple merci glissant de mes lèvres à l'intention de la vampire qui s'était improvisé hôtesse. Je posais simplement le verre devant moi, sans en prendre ne serait-ce qu'une goutte, je devais d'abord m'assurer que c'était bien ce qu'il y avait d'inscrit sur la bouteille, et sans petit ajout. Je souris donc en coin lorsque l'impératrice prit elle-même une gorgé de son breuvage, tâchant ses lèvres déjà rouges.

« Pour commencer je tiens à préciser que vous auriez très bien pu refuser, je ne suis que... il s'agissait de votre droit. Ensuite j’aimerais que vous précisiez votre idée de tout à l’heure ? Vous parlez de bonnes intentions, vous pourriez vous dresser contre votre peuple ? »

Je plissais légèrement le nez, elle avait interrompu sa phrase pour en changer complètement la suite. Avait-elle quelque chose à cacher? J'allais sans doute le découvrir en temps et lieux, il me suffisait que de l'amener à parler plus ouvertement avec moi.

« Que... l'impératrice? » Elle donnait l'impression de se sous-estimer, c'était peut-être l'occasion de la flatter et lui donner une impression de pouvoir, de reconnaissance. Les questions qu'elle me posait ensuite étaient plus gênantes et demandaient un peu plus de tact pour y répondre. J'agissais toujours à mon avantage, mais parfois celui-ci se trouvait du bon côté et d'autre fois du mauvais côté. Ça dépendait des fois. D'un ton calme et assez sérieux j'entrepris de préciser mon idée.

« Ce n'est pas exactement ce que je voulais dire, le peuple est parfois capricieux, et les problèmes qu'il cause ne peuvent être réglé que par ce qu'il réclame. »

J'avais soudain un air beaucoup plus sévère et un regard qui en disait long sur le sérieux de la chose. J'avais appris ceci tout au long de mon existence humaine et en tant que créature de la nuit, ou plutôt de monstre aux yeux de ceux avec qui j'avais vu le jour. Je pouvais ensuite répondre à sa seconde question, n'ayant que marqué une pause dans mon petit dialogue.

« J'aspire au progrès. Si le peuple ne voit pas cette avancé comme positive et bien ce sera tant pis pour eux, je veux bien faire l'effort d'améliorer les conditions de notre race, mais qu'elle y mette du sien. ... » Je levais alors les yeux sur ceux de l'impératrice, j'avais jusqu'alors plongé mon regard dans le bain de sang de mon verre, et souriais à présent d'une sincérité remplie de malice. « Le fait que vous soyez à la tête de ce peuple montre qu'il y a en lui une partie de ce progrès que je vise. Nos semblables sont souvent méprisables par leurs paroles et leurs actes, mais ce geste un peu plus tolérant montre de sa bonne volonté. » Et je souriais tout simplement, puis plissais le nez, mesquin, j'avais vu juste quant à la morsure, lorsqu'elle avait mis la main dessus, la masquant pendant quelques secondes. « À moins que... à moins qu’il ne soit pas au courant? »

Voilà une question qui ne voulait pas de détour en réponse, directe et franche. J'avais déjà une place qui me permettait d'obtenir une grande partie de ce à quoi j'aspirais, avais-je vraiment besoin de plus?

Mes pupilles ne cessèrent de fixer celles de l'impératrice, déceler dans son regard cette soudaine haine envers l'être malicieux que j'étais devenu me faisait presque chauffer le sang, si seulement il n'était pas déjà trop tard. Mon corps était frigide depuis bien longtemps, mais je n'étais pas mort, pas une seconde fois. La réponse de la jeune femme ne tarda pas à venir et à en voir sa délicate main se resserrer sur le verre j'en déduis que mes mots avaient eu leur petit effet. Un sourire en coin trônait sur le coin de mes lèvres, discret et malicieux. Je me plaisais à provoquer et observer de telles réactions chez les gens, tous les comportements qu'ils pouvaient aborder étaient souvent fascinants. La vampire continuait pourtant de sourire, elle se contrôlait pour ne pas exploser devant moi et dans ce lieu publique.

« Je ne suis pas ce genre de femme. Le peuple sait parfaitement ce que je suis ou presque. Être une transformée ou un sang-pur ne change rien au fait que je sois un vampire. »

Elle esquivait habilement ma question en ne répondant que les deux possibilités n'étaient pas différentes, mais j'haussais un sourcil au « presque ». Elle se trahissait encore une fois en mettant le doute sur ce que le peuple connaissait d'elle, j'en souriais qu'un peu plus en entendant l'intonation de sa voix.

« Ce que je veux savoir de vous Alistair, c’est si vous êtes une personne faible ou une personne sur qui je pourrais m’appuyer. Je ne m’appuis pas sur n’importe qui et il serait dommage que deux personnes de la hiérarchie s’opposent… »

Je fronçais alors les sourcils, les traits de mon visage se durcirent, elle y allait assez directement et c'était plutôt une bonne chose lorsque ça ne froissait pas la personne que l'on interrogeait. Heureusement pour elle j'avais su retenir ma langue et mes crocs, je ne supportais pas que l'on me catégorise de faible sans savoir de quoi j'étais capable. C'était à mon tour de presser ma chair contre le verre sanglant que j'avais en main, il ne fallait pas que je m'emporte, alors je baissai les yeux sur le liquide rougeâtre et la laissais continuer ses paroles.

« Que pensez-vous de notre situation actuelle ? Désirez-vous voir le peuple se reposer sur ses acquis ou comme moi souhaitez-vous le voir évoluer, s’endurcir redevenir ce qu’il était ? »

Tien donc, elle n'avait pas entendu tout ce que j'avais dit sur l'évolution de notre race? Était-elle un peu tête en l'air ou simplement n'avait-elle pas comprit ce que j'avais voulu dire? A moins qu'elle avait envie de me faire répéter? Je n'appréciais pas trop si tel était le cas. Elle avait hésitée avant de me demander cela pour la seconde fois, je serrais légèrement les dents, réfléchissant à comment lui répondre, répondre à tout ce qu'elle avait dit. Je commençais donc calmement, me contenant toujours pour ne pas laisser cette petite bavure sur la couardise remonter.

« Allons, ne soyez pas dupe envers moi, vous et moi avons les mêmes racines en commun et cela ne peut que nous amener vers une entente raisonnable. Je doute que vous vous trouviez... faible avec votre condition, le peuple vous à même choisit malgré votre appartenance visible à ce qu'il juge d'ordinaire comme étant une tare pour notre race. »

Plus mon petit discours avançait, plus il y avait de l'intensité dans ma voix. Je ne supportais pas l'idée qu'elle puisse me catégoriser ainsi, car de ce fait, elle devait s'inclure et venir me tenir compagnie dans la section des faibles. J'employais cependant un ton toujours assez calme et n'haussais pas la voix, je ne voulais pas trop attirer l'attention, l'établissement commençait à se remplir.

« Si vous me reposez la question c'est que vous n'avez pas bien comprit ou peut-être pas porté attention à mes paroles plus tôt. Le progrès est tout ce que je vise et comme vous semblez de ce même avis, je ne vois pas pourquoi il y aurait mauvaise entente entre nous, Emerence. Notre première nature ne peut être qu'un bon point pour avoir confiance. »

Je levais le verre de sang et en pris une gorgée, lente pour bien lui laisser le temps d'assimiler ce que je venais de lui dire, de lui révéler.

« Alors, me fais-te vous confiance? »

Vint ensuite la question qui devait la ronger depuis le début de notre entretient, je sentis à cet instant ses prunelles sanguines se poser sur mon ancienne blessure et je figeais, je serrans ensuite les dents. Cette demande me rendait plus amer, ramenant en moins les souvenirs que je tentais parfois d’oublier et qui me faisaient cauchemarder le jour.

« Votre question est plutôt d’ordre personnelle. » Je levais les yeux sur elle qui devait être nerveuse à jouer dans ses boucles de jais comme ça. « Je ne pourrai que vous donner en guise de réponse que le passage du jour à la nuit, de l’homme au monstre n’a pas su plaire à tous… »

Était-ce assez clair ainsi? Je ne lui donnerais pas plus d’information que cela pour ce soir, à moins qu’elle y montre un très grand intérêt et une grande insistance, mais encore je n’étais pas prêts pour ça. Le cœur me serrait un peu dans la poitrine.

Légèrement plongé dans mes souvenirs amers et douloureux, ce fut la voix de la vampire qui me ramena à la réalité, avant que le verre n'éclate dans ma main et que les éclats n'entrent dans ma chair en la lacérant, répandant un flot de sang sur la table... il s'en était fallu de peu, le verre était toujours intacte, contenant son liquide carmin et vital. L'éclat de son rire lui, même étouffé vint m'écorcher. Elle se moquait de moi? Son sourire ne pouvait me tromper, ce petit air supérieur qu'elle abordait, à moins que ce ne soit l'habitude des traits de ce joli visage?

Je me concentrais à rester calme et paraître poser, mais parfois mon ressenti s’extériorisait un peu trop à mon goût. Que ce soit par mes yeux ou ma gestuelle, l’impératrice semblait prendre un malin plaisir à fouiller mon être et appuyer sur ses faiblesses. L’un de mes crocs s’enfonçait dans la chair tendre de ma lèvre sans la faire juter écarlate, un geste simplement nerveux qui venait témoigner de mon agacement actuel face aux paroles de la jeune femme.

« Ce n’est pas parce que nous avons la même origine que nous avons la même valeur Alistair, bien des vampires ne sont que des êtres faibles et inintéressant et rien ne me prouve que vous n’en faites pas partit. Qu’avez-vous fait Alistair, qu’avez-vous bien pu faire pour vous placer dans la catégorie des vampires fort ? Tuer un humain, est-ce que cela suffit pour ce dire fort ? »

Je fronçais les sourcils, mécontent de la réponse qu’elle me donnait. Je lui demandais si elle me faisait confiance pour ce que j’avais pu être et elle remettait en question mon fond bon ou mauvais. Elle continuait avec ce mot… « Faible »… cela sortait toujours de sa bouche et sonnait à mes oreilles comme une injure! Elle me questionna ensuite sur mes actions, sur ce qui faisait de moi un vampire fort à ses yeux. J’esquissais un sourire en coin, faisant tourner le liquide carmin au fond de mon verre, les yeux rivés sur cet infime tourbillon l’espace d’une seconde avant de les relever sur elle et son visage pâle ou se voyait malice.

« Pensez-vous que l’on m’aurait choisis si aux yeux du peuple j’étais quelqu’un de faible et inintéressant? Le peuple est peut-être idiot, mais pas à ce point. »

Ma main se crispait de nouveau sur mon verre, la dernière phrase de la vampire ne me plus pas du tout. Tuer ceux qui m’avaient donné la vie? Ceux avec qui j’avais partagé le jour et vécu sous les rayons du soleil? À la limite je reconnaissais déjà avoir eu à goûter leur chair pour me nourrir et assurer ma survie, mais de les tuer? Ma pensée se dirigeait ensuite sur ma fille, cette petite chose si fragile que j’avais recueilli sans trop avoir le choix après avoir interdit à Lyria de la dévorer, celle-là même que je m’étais refusé à la laisser derrière dans les décombres et ainsi l’abandonner à une mort certaine. Les dents serrées je relevais lentement les yeux sur l’impératrice, cette fois mes paroles se feraient pleines d’animosité.

« Je doute que ma fille serait en accord avec vous, le sang qui coule dans ses veines est bel et bien encore chaud et je pourrais, … j’anéantirais tout ce qui pourrait lui faire du mal. »

Je posais abruptement le verre sur la table afin de me délier les doigts, je protégerais cette petite quoi qu’il en coûte. Et même si je venais de lui donner l’une de ces failles qu’elle cherchait tant à trouver, elle avait mon point de vue et mon avertissement sur le sujet. L’attachement était quelque chose de terriblement destructeur pour un vampire, surtout si ce à quoi l’on accordait quelques sentiments précieux ne possédait pas comme nous la vie éternelle. Je redoutais le jour où j’aurais à lui dire adieu ou celui où je devrais à mon tour faire naître une créature de la nuit. J’en frissonnais d’horreur, mais la laissait pourtant continuer, reprenant mon souffle et un aspect plus calme.

« Une blessure en réponse de votre passage du jour à la nuit dites-vous. Hum, je vois. Soit un humain pas content, une jeune femme suicidaire ou peut-être une boule de poils ? Un autre vampire ne supportant pas de voir un transformé ? Les possibilités sont tellement nombreuses… »

Décidément l’impératrice voulait me mettre hors de moi… Elle abordait encore le sujet de mes blessures alors que j’avais été assez catégorique dans ma réponse.

« Je croyais vous avoir dit que je ne vous en dirais pas plus, ce ne sont pas de vos affaires et ne le serai jamais. Vous ai-je demandé moi les circonstances de votre morsure? Non, et pour la simple raison que cela ne me regarde pas non plus. » Je pris une grande respiration avant de soupirer pour laisser retomber la colère et poursuivre sur un ton plus calme. « Avez-vous d’autres questions à me poser? »

Je terminais ensuite le verre de sang d’une traite, c’était toujours un peu apaisant… Je n’avais pas envie que notre rencontre se termine dans un bain de sang, ça ne pouvait être que mauvais pour mon image et ne pouvait que mal se terminer pour moi. Elle n’aurait au moins pas à se demander d’où les autres marques qui couvriraient mon corps proviendraient. J’éprouvais une certaine réticence à affronter une femme…

« Je ne pense pas vous décevoir, je sais reconnaître les besoins de mon peuple. Je n'agirais que pour le bien du peuple vampirique. Pour l'instant les vampires reviennent doucement en Màvreah, je vais prendre contact avec le nouveau général du peuple d'Oryenna. Je pense pouvoir mettre mes atouts en avant pour parvenir à mes fins. Si l'envie vous en dis vous pouvez peut-être prendre contact avec un autre peuple ? Je ne vais pas travailler seul n'est-ce pas ?! »

Les paroles de l'impératrice avait tôt fait de me rassurer quelque peu, même si je sentais dans son fond quelque chose qui n'allait pas avec ce qu'elle voulait dégager. Arriver à ses fins... je connaissais la vision des vampires sur le comment arriver à mes fins, mentir, tromper, voir éliminer, ceux qui se plaçait en travers de leurs objectifs. Pour l'instant l'impératrice ne laissait rien paraitre et se montrait plutôt en accord avec ce que je lui avais laissé entendre, mais il fallait que je me méfie. D'un air assez satisfait pour le moment je lui répondis.

« Bien entendue, je ne vous laisserai pas faire quelque chose de cette ampleur toute seule. Si vous prenez en charge les contrées d'Oryenna, quel autre peuple voudriez-vous que j'aille rallier à notre cause, Evanya? »

Je pouvais très bien me charger de a contrée des elfes, il suffisait d'organiser quelques rencontres avec les hauts placer et de leur faire part d'un peu de ce que nous pensions... ou de ce que je pensais plus exactement. Je me doutais qu'elle ne me laisserait pas agir complètement seul, elle me collerait sans doute une personne en qui elle avait confiance et qui ne serait pas rebuté à me mettre des bâtons dans les roues si je n'allais pas dans le bon sens qu'elle désirait.

« Je me demande donc si vous êtes prêt à vous investir pour votre peuple et donc à travailler avec moi. »

J'haussais un sourcil, il me semblait avoir été clair à ce sujet, mais si la vampire voulait encore être rassurée par le son de ma voix qui lui affirmait de nouveau que je travaillerai avec elle, et bien tant mieux. Cette fois elle ne pouvait plus douter. Je ne donnais cependant pas ma parole.

« Il se fait tard et si vous le permettez je vais disposer. »

Je jetais un oeil à la fenêtre non loin... pas si tard que ça, mais elle devait être assez occupée. J'hochais la tête doucement, dans un salut respectueux et me levais de la chaise sus laquelle je venais de passer quelques minutes sans bouger. Faisant un geste dans sa direction pour l'aider à sortie de table, je lui tendis ensuite la main, la regardant dans les yeux.

« Je ne vous retiendrais pas plus longtemps ce soir, nous nous reverrons sans doute prochainement. »

J'avais également passé assez de temps dans cette endroit, assez de temps avec l'impératrice également. Cette femme était très jolie, mais elle avait presque réussit à me faire sortir de mes gonds plusieurs fois. La prochaine rencontre risquait d'être assez prometteuse sur la suite de leur relation professionnelle.

« Passez une bonne nuit. »

Simple politesse, je quittais à mon tour l'endroit de rendez-vous, prenant soins d'embarquer la bouteille de sang laissée sur la table une fois l'impératrice hors vue.

~ Fin ~