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 Fragment d'étoile [Dante] [Abandonné]

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MessageSujet: Fragment d'étoile [Dante] [Abandonné]   Fragment d'étoile [Dante]  [Abandonné] EmptyMer 27 Mar 2013 - 16:09


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Fragment d'étoile [Dante]  [Abandonné] Phista10

Je vous offre l’un de mes passages philosophique. Moi, La Rose Noire. Moi la mort en personne. Il faut dire, que depuis quelque temps le monde sombre. Il sombre dans cette déchéance que personne n'explique. C'est un monde de mots, ou même d'actes, qui nous mènent à une conclusion. Que faisons-nous ici. Parce que dans un monde noir et froid ne pousse plus rien. On peut se dire que l'espoir est encore là, dans nos cœurs. Ces cœurs noirs qui plantent des poisons dans le ciel. On n'aime plus l'espoir, ni les dires. Qu'est-ce qu'on va faire de ce foutu monde? Le laisser tomber. Comme il l'a fait pour nous. Il faut dire, que rien n'est plus pareil. Que même si on tombe fort, on peut se relever. Qui peut dire que le monde est perdu? Moi? Si je le disais on dirait que je suis défaitiste. Alors je me tais comme on le fait presque tous. Dans les méandres de mes critiques et de mes pensées je me pers. Je ne veux plus qu'on me regarde, ni qu'on me juge. Je n'aime pas les autres depuis toujours, je suis psychiquement parlant Hermite. J'apprends dans les siècles et non dans ma vie. Je n'écoute personne et je me tais. Parce que je n'aime pas crier. Tu pourras me dire que je suis en tord. Que je n'ai besoin que de règles, mais dans mon âme les règles n'entrent qu'en dernier recourt. Je me perds, je me retrouve. Je suis seule. Je suis unique, comme nous tous. J'ai cette double capacité de pouvoir me torturer l'âme et de ne pas pouvoir vivre. Je me contredis moi même, je suis un démon indomptable qui erre dans un monde d'ange. De faux-anges. De faux traitres. Je ne suis pas de celle qui tombe et qui ne se relève pas, au contraire j'ai l'impression de ne jamais tomber. Je ne me remets pas en question et je parle toujours de moi. Il faut dire aussi, que sa fait longtemps que l'on a laissé de coté les aventures des hommes et leurs exploits. Qu'il fallait grandir derrière notre invisibilité. Ne pas se croire les Dieux de l'univers et de la terre. Il n'y a pas de Dieu. Pas de Dieux. Les Dieux sont là pour punir, on ne punit pas les êtres. Ils se punissent seuls. Les Dieux ne sont pas des géants. Se sont des géants qui mentent et qui entrent dans nos têtes. Nous sommes des pantins. Ils nous faut des escaliers pour monter jusqu'aux cieux. Des paliers qui nous mènent à notre destiné, à notre propre morts. Dans le ciel se cachent nos ancêtres. Des êtres déchus qui veillent sur nous et nos actes. Pas de dieux. Juste des âmes frénétiques, qui tournent autour de nous en nous envoyant des signaux. Les captons-nous? Les entendons-nous? S'il fallait que je dise la couleur de leur souhait, alors je ne serai certainement pas ici à parler de tout mais surtout de rien. Il faut dire, que se perdre dans les mots est la meilleure des thérapies. C'est un moyen de dire sans s'arrêter ce que notre subconscient ne peut capter. C'est une vague de mots, qui coulent lentement le long de mes doigts mais surtout de ma pensée. Je les laisse glisser pour ceux qui désirent la lire. Ceux qui s'intéressent où ce qui abandonnent. Je n'ai rien à offrir, même pas une pensée juste. Je n'ai pas fait d'actes héroïques qui me permettent d'accéder à une bonne conscience. Je ne suis pas irréprochable, et encore moins une personne faible. Je suis certainement une fausse donneuse de leçon, qui croit encore par fierté que je peux donner ma pensée et surtout l'imposer aux autres. Qui se sent souvent au dessus de ce qu’on me dit. Ma liberté. Un mot. Un hymne. Une référence. Ma liberté. Bafouée. Frappée. Laissée pour morte. Ma liberté que j’ai appelé ainsi car elle ne m’appartient pas. Car elle n’est pas celle que j’espéré. Ma liberté est une colère que je déverse dans la gorge de la vie sans pouvoir y toucher. Et je pourris. Comme pourrait pourrir l’eau d’un lac, délimitée par un cercle. Ce cercle s’est Les Règles. Ce cercle c’est ma vie si j’avais bien écouté. Ce cercle se sera ma fin autour de mon cou, froissé sur ma peau comme un torchon sale. C’est ce que mon cœur est, sale. Sale. Salement laid et froid. Salement gris et immortel. On pourra dire ce que l’on pense, mais si cela ne rentre pas dans Les Règles alors on ne pense plus part nous même. On en revient à ce cercle, ce grand ‘tout le monde’. Et un jour on me dira que c’est la vie et j’en rirai. J’aurai cru en des livres qui ne m’inspirèrent que le mensonge de cette unique liberté. De cette unique souffrance qui ronge les entrailles des faux semblants. On ne s’écoute plus, je ne veux plus entendre des mots inutiles et puants. Je ne marcherai dans aucun mot, ni dans aucune promesse. La pensée n’est qu’un amas de mots qu’on néglige gentiment en lui caressant le dos. C’est beau de voir la grandeur du monde et les hommes s’aimer comme on aime le silence. Aimer le silence qui ne semble pas vraiment nous changer. Le changement vient seulement avec le temps. Il est ce vice indéniable qui fait de nous des crétins des ahurit qui ne comprennent pas ce qui tombent et ce qui descend. Alors on se tait, on regarde.

"Trouve donc un chemin. Sors de là."

Des yeux bleus s'ouvrirent. Comme des éclats de verres qui transpercent le ciel. Un bleu éclatant, pourtant vitreux. Un visage fin. Un visage blanc, immobile, taché de sang. Héra. Héra Calliope. Son corps coincé entre une carcasse de coyote. Un coyote qu'elle avait tué pour se nourrir. Parce qu’elle était partie loin du territoire des Drack. Thorolf étant partit pour une nouvelle guerre, la solitude l’avait donc poussé à s’éloigner des seins. Prenant des risques et surtout défiant les ordres de son mari. Elle était Reine. Si elle était venue ici c’était pour se nourrir d’humaine et autre bête de cette même viande. Manque de chance elle s’était retrouvée dans le désert. Presque perdue malgré elle. Héra reposa sa tête contre la charogne. Elle l'avait vidé de son sang, surtout pour boire. Comme une animale en colère. Avec rage. Elle lui avait ouvert l'estomac avec ses mains. Sans arme. Une brutalité, certainement causé par sa folie meurtrière. Son corps se soulevait péniblement. Elle portait une longue robe noire qui lui collait à la peau.  Son petit ventre prenait forme. Un enfant qu’elle portait en elle. Un enfant qu’elle pouvait déjà légèrement sentir. Son enfant et celui de son amour tendre. De son amour si fort qu’elle pouvait détruire des montagnes, juste pour le retrouver. Héra devait nourrir son enfant. Il devait manger à sa faim, d’ailleurs c’est lui qui lui avait commandé de dévorer la bête. Ici, elle n’était pas en sécurité. La vie que lui offrait Thorolf était parfaite, mais une femme comme elle détestait le calme plat.  Alors elle s’était enfuit, chargeant les gardes d’avertir leur Chef. Qu’elle savait déjà en colère. Elle reviendrait dans quelque jour. Il allait devoir s’habituer à ses absences. Elle portait leur enfant et il n’avait aucun droit sur elle. C’était elle la mère avant toutes choses. La sueur sur ses tempes. Son cœur qui battait fort. Trop fort. La belle était sur le dos. Elle regardait le ciel. Absente. Sa pupille minuscule braquait sur le soleil. Il faisait tellement chaud. Ce désert avec ses canyons et ses oasis était un endroit sec et aride. Héra ne bougeait pas. Presque morte dans son apparat. Après être partit partiellement partie du monde des Drack, elle retrouva un semblant de cette liberté qu’elle n’avait  plus, depuis qu’elle se confrontée à sa condition de Reine. Plus d'ordre. Plus de ligne de vie. Elle errait sans but dans le désert du Zenith, à la recherche de... Rien. Si, peut-être de paix intérieure. Elle luttait pourtant contre la mort que lui infligé cette chaleur horrible, parce que bizarrement elle en avait peut-être peur. Sa vie avait été un néant total, avant de rencontrer Thorolf. Le Chaos. Elle voyait bientôt la propre fin de son ancienne vie et une certaine délivrance. Héra resta de longues minutes en plein soleil, sentant l'eau de son corps s'évaporer par sa peau. Une soif. La soif. Son enfant avait soif. Sans forces elle se releva sur ses coudes et observa le sable. Elle était venue ici se perdre. Qu'on l'oublie, un peu. Qu'on ne parle plus de la Rose Noire. Cette légende dont elle était fière. Avec des mises à prix sur sa tête qui avait fait sa gloire et son mythe. Aujourd'hui elle ne le voulait plus, elle voulait juste être Reine des Drack. Faire un retour en arrière si s'était possible, elle n’en ferait certainement pas. Au bout d'un demi-siècle, d'une misérable vie, elle savait très bien ou elle allait à présent. Tout droit, même si elle se posait encore beaucoup de questions. La Rose Noire se releva avec difficulté. Elle se mit sur ses deux jambes et scruta les alentours. Du jaune. Le vent chaud du canyon faisait lever le sable et les cheveux de la belle. Elle s'arrêta encore un instant pour reprendre son souffle. Sa faisait presque trois jours qu'elle n'avait pas bu de l'eau. Elle se contentait de boire le sang des animaux qu'elle croisait. Son corps pourtant souffrait, son bébé aussi. Il fallait qu’elle sorte. Le désert était immense et elle avait du mal à en voir la fin. Héra se remit alors à marcher, sous le soleil cuisant. Sa démarche lente et presque saccadée. Tous ses sens étaient éteins. N'importe qui aurait pu profiter de sa faiblesse pour l'attaquer et lui faire du mal. Mais le mal elle le connaissait assez bien. Le mal faisait partit d'elle. Elle marcha longuement dans ce nulle part. Avec peine. Si elle savait seulement pourquoi elle était venue dans un endroit si chaud pour se perdre. Elle arriva au niveau d'une falaise. Il fallait simplement la sauter. Un saut pas très important. Mais les forces lui manquaient. Elle respira longuement pour se donner un peu de forces. Elle n'allait pas revenir sur ses pas. Déjà qu'elle ne savait pas vraiment ou elle se trouvait dans ce désert sec et plein d'illusions. Elle regarda au creux de la falaise pour y voir une chute d'une vingtaine de mètres. Il ne fallait pas qu'elle tombe. Héra s'avança un peu plus du creux. Elle n'avait pas peur. Elle n'avait pas besoin de tomber. Elle n'allait pas tomber. Elle avança sa jambe au milieu de vide. Pour atteindre l'autre bout. Son corps bascula. Sans arriver de l'autre côté de la falaise. Elle tomba.


Cuanto más bella es la vida
Más feroces sus zarpazos,
Cuantos más frutos consigo
Más cerca estoy de perder,
Por una caricia tuya
Toco el cielo con las manos
Pero sé que si te marchas,
Besaré el suelo otra vez.


La chute fut assez longue. Pas fatale mais assez longue pour qu'elle s'étale de tout son corps dans un bruit sourd. Son corps craqua. Assez fort pour qu'elle en ressente la douleur. La jambe de la Rose Noire se vrilla dangereusement. Héra eut le souffle coupé pendant un petit moment. Elle se retrouva sur le ventre. La bouche dans le sable. Ses cheveux noirs étaient éparpillés autour d'elle. Elle ne pouvait plus bouger. Son ventre. Son enfant. Héra voulu se relever pour le toucher. Il ne devait pas mourir. Pas maintenant. Lui à qui elle tenait temps. Elle eut envie de crier pour appeler à l’aide. Pourquoi elle était tombée ? Est-ce qu’elle l’avait tué ? Venir ici était l’idée la plus stupide qu’elle est jamais eut et déjà elle sans voulait. Sans se soucier du mal qu’elle ressentait son cœur se fractura. L’enfant devait vivre. La chute était fatale pour lui, mais elle n’arrivait pas encore à le sentir. Cette petite boule à laquelle elle tenait tant. Sa dernière chance d’être mère.  Le trou dans lequel elle était tombée était à l’abri du soleil. D'ailleurs la nuit dans le désert n'allait pas tarder à tomber. On allait oublier la Rose Noire dans ce trou à rat. Thorolf la chercherait pendant des jours. Avant de la voir ici. Elle se sentait triste et coupable. Si seulement elle n’en avait pas fait qu’à sa tête. Si seulement elle avait pu se sentir un peu moins prisonnière dans son rôle. Jamais elle ne serait partit. Héra se retrouva face à son orgueil. Meurtrière et solitaire. Triste sort ou retournement de situation. Elle ouvrit les yeux et toussant. Tous ses enfants qu'elle avait tué, maintenant c’était le siens qu’elle venait de tuer. Ses yeux tremblèrent. Ses vies qu'elle avait prises pour obéir, parce que c’était son travail. On lui avait offert la possibilité de finir tranquillement et elle ne l’avait pas accepté. Voilà comment elle le remerciait ? Voilà comment elle devait mourir. Sa jambe la faisait terriblement souffrir. Toujours sur le ventre elle ne pouvait pas voir ce morceau d'os qui dépassait faiblement de son tibia. Elle n'avait pas la force de se retourner, alors qu’elle aurait du le faire pour le bien de l’enfant. Pour qu’il est plus de chance de survivre. Elle ne fit rien. Héra souffla longuement. Pitoyable. Une larme roula au creux de son œil. Elle espérait que Thorolf vienne la sauver, elle avait besoin de lui maintenant. Elle avait besoin de lui. Mais le noir envahit rapidement la caverne anéantissant ses chances de survit. Pourtant elle sentit quelque chose. Un mouvement infime. Un déplacement. Un fouettement dans l'air. Héra sa souvint alors de l'odeur des vampires qu'elle avait rencontré tout au long de sa vie. Elle serra les dents. Toujours cette même haine. Elle ne pouvait rien faire. Peut-être était-ce sa folie qui lui jouait encore des tours? La Rose Noire tenta de se soulever mais la douleur de sa jambe remonta presque immédiatement. Elle grimaça de haine et de douleur. Pestant dans son âme tout ce qui l'avait mené ici. Elle ne voulait rien. Elle voulait tout. Qui était près d'elle? Y'avait-il quelqu'un près d'elle? Son corps se tortilla lentement. Elle n'avait pas peur. Elle devait protéger son enfant. Personne ne devait l’approcher. Elle ne se résignerait pas. Héra ferma de nouveau les yeux et attendit. Mais elle n'entendait plus rien. Le silence. Comme au silence de sa voix et de sa folie. Le loup en elle semblait presque mort. Trop loin. Elle ne le sentait plus, son enfant non plus. Une nouvelle larme roula le long de sa joue. Le noir emplit au fur et à mesure le cratère ou se trouvait là belle. Son souffle se coupait et revenait sans cesse. La soif et la faim se faisait sentir. Elle agonisait dans son propre sang. Un sang qui coulait le long de sa jambe. Son corps envoyait de la morphine ce qui la rendait plus vulnérable au repos éternel. Elle luttait. Contre elle même. Se disant qu'elle pouvait tenir. Jusqu'à ce que quelqu'un l'aide ou l'achève. Mais qui peut aider une meurtrière? Qui peut vouloir aider une tueuse d'enfants? Qui peut bien vouloir sauver son enfant ? Héra sentait la fraicheur du soir mordre sa peau. Ce qui est paradoxal dans un désert c'est le froid qui peut y survenir le soir. Un froid presque glacial qui est à l'origine de nombreuses pertes. Elle était tombée et souffrait. Mais une mort lente et douloureuse était peut-être la meilleure des punissions pour elle, pour les actes qu’elle avait pu commettre. Parce que les Dieux lui avaient demandé de mourir. Soudain, un nouveau frottement dans l'air. Lent. Voluptueux. Héra rouvrit les yeux et découvrit une silhouette. Elle n'arrivait pas à distinguer si s'était un homme ou une femme. Mais elle savait alors qu'il y avait quelqu'un. Héra ne savait pas si elle devait sourire ou frémir. Ou même si cette silhouette était le fruit de son imagination. De sa propre folie. Mais ce qu'elle savait c'est qu'elle devait dire quelque chose. Sa bouche s’ouvrit alors elle se rappella qu’elle était muette. Cependant elle rentra dans l’esprit de la silhouette pour lui transmettre ses mots. Elle lança alors sa pensée dans la grotte.


"Qu’est-ce que la merci de Dieu sinon de voir le péché en face?"
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Dante McAllister
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Dante McAllister

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MessageSujet: Re: Fragment d'étoile [Dante] [Abandonné]   Fragment d'étoile [Dante]  [Abandonné] EmptyDim 7 Avr 2013 - 18:46

Les ténèbres finissent par engloutir même la lumière la plus rayonnante. Si tout a une fin, l'étendue de la sombre colère du prince de la nuit n'en connaissait point. Il avait assisté au déclin de sa civilisation, alors que les forces coalisées périclitaient par l'épée, lui s'était enfui au premier fracas des armes en comprenant sa faiblesse. Une faiblesse qu'il ne reconnaissait plus à présent. Tapi dans l'ombre, enveloppé d'un large tissu faisant office de cape, le sordide guerrier de l'ombre aiguisait sa vision dans l'obscurité d'une caverne peu accueillante. Dante McAllister contemplait sa précieuse lame qui brillait d'une lueur envoûtante dans les ténèbres de ce trou souterrain où il avait trouvé refuge durant le jour. Son incapacité à se mouvoir convenablement sous le soleil ces deux derniers siècles l'avait poussé à anticiper ce genre de situation. Au bout d'un long tunnel escarpé la lumière du soleil pouvait être aperçue. C'est avec méfiance que le mercenaire à la peau pâle l'admirait. La chaude lumière de l'astre divin le fascinait au moins autant qu'elle l'effrayait. Une exposition à ses terribles rayons dans ce désert arides signerait la fin de son immortalité dans d'atroces souffrances. De chasseur il deviendrait la proie, les animaux aguerris du désert se montreraient impitoyables et dévoreraient sa chair froide comme la glace. Un léger soupir fut accompagné par ces quelques paroles, empreintes d'une mélancolie maladive chez le vampire :

- Les ténèbres … une vie façonnée par les ténèbres n'apporte que douleur, mort et désespoir …

Torturé par ses propres démons, le vampire ne savait pas réellement comment se poursuivrait son périple. Voguant sur une mer de tristesse, déchaînée et indomptable, il ne pouvait faire taire son cœur profondément indigné. Il regrettait amèrement sa bêtise passée et ne savait pas s'il pourrait un jour la corriger. Si face aux gens il se permettait d’apparaître excentrique, exubérant à souhait, ce n'était que pour mieux dissimuler ses véritables intentions. Il nourrissait le rêve secret de devenir la plus fine lame du monde et de mettre son épée au service d'une noble cause. Non pas qu'il soit attiré par le bien plus que par le mal, simplement qu'il ne reconnaissait là aucunes de ces deux entités séparément. Dante McAllister n'agissait que selon ses motivations, son avidité sans limites le poussant à obtenir ce qu'il désira ces deux derniers siècles : la rédemption. Il voulait poursuivre sa vie ou la terminer mais en ayant accompli son but ultime. Des images se bousculaient dans son esprit, il y voyait le sang et la guerre, la mort et la fureur. Cette fois il se battrait. Il était l'épée au cœur des ténèbres, le soldat en première ligne, le loup sans merci. Toujours plongé dans les méandres de son âme, un bruit lourd le tira de sa torpeur. Il s'agissait du son caractéristique d'un corps qui s'écroule sur le sol âpre. Dans un silence absolu, le seigneur de la nuit se mit en mouvement autour du corps gémissant. D'un reniflement discret il reconnu l'odeur de la bête, ses sourcils se froncèrent et ses canines aiguisées apparurent de sous sa lèvre. Il venait de tomber sur un lycan, ou plutôt «une lycan». Cette dernière semblait l'avoir remarqué mais sa blessure lui faisait légèrement tourner la tête, ses sens ne pouvaient la renseigner précisément sur son emplacement si ce n'est que les ténèbres qui l'entourait camouflaient quelqu'un en la personne de Dante. Quelques mots sortirent de sa bouche et intriguèrent le vampire.

Il se rapprocha alors d'elle, ses yeux luisant dans la pénombre se posèrent sans gêne sur le corps de la femme gisant sur le sol. Le sang coulait de sa plaie, c'était assez laid à voir mais rien qui ne pourrait la conduire à la mort si on ne s'en occupait pas rapidement. Mais Dante prenait son temps, il parcourait sa fourrure du regard, ses cheveux de jais l’ensorcelaient. Perdu dans ses pensées, il murmura de façon quasiment inaudible :

- La merci de Dieu n'existe que dans la mort.

Puis sa main vint se placer contre l'os qui sortait hors de la jambe, d'un savant mouvement d'une précision exemplaire et d'une rapidité d'exécution chirurgicale, Dante remis en place l'os. Ceci devait causer une douleur innommable à la jeune femme mais elle venait d'endurer bien pire à en juger par son état. Le vampire l'avait longuement observé, cette femme était enceinte. Il ne la connaissait pas, il n'avait aucune raison de l'aider mais …

- Ne te méprend pas. Je suis Dante McAllister et t'avoir sauvé la vie ne fait pas de moi l'ami de tes camarades empestant le chien mouillé.


Il arracha une morceau de sa longue cape noire et s'en servit pour juguler l'afflux de sang qui menaçait de tuer la femme par son manque imminent si rien ne servait de garrot. Il planta ensuite son regard azur dans les yeux de la femme louve, extirpant sa tête des ténèbres et laissant à découvert son visage vêtu d'une maigre barbe et surplombé de quelques mèches argentées. Il ajouta :

- Si tu es encore en vie, c'est uniquement par égard pour l'enfant que tu portes. Maintenant dis moi ce qu'une louve viens faire aussi loin de ses terres, dans les contrées humaines.

Son ton inquisiteur était simplement lié à l'animosité viscérale que possédaient loups et vampires depuis des siècles. En réalité il n'avait aucun griefs contre cette femme et après tout, il était également bien loin de chez lui …
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