« Libérée, Délivrée, plus rien ne peut m’arrêter. Surtout maintenant que je t’ai trouvé. »
La liberté n’a pas de prix, enfin ça c’est ce que pensait Laurianna avant de faire sa rencontre avec le général, d’abord méfiante la louve avait pris un malin plaisir à conserver sa forme animal, liant rapidement une complicité étrange entre le général et elle. La belle aux dents tranchantes, s’amusait à le suivre, à découvrir à ses côtés les habitudes des humains. Elle prenait plaisir à faire fuir ses prétendantes à coup de grognement et parfois même de morsure superficiel. La rouquine ne comprenait pas l’attrait des femelles pour son deux pattes, et puis bon chaque nuit une différente il ne fallait pas exagérer non plus. La douce fourrure accompagnait le général à chacun de ses déplacements le suivant en courant ou à l’odeur si elle le perdait de vu, elle était présente et particulièrement silencieuse et discrète à chacune de ses réunions. Le général avait fini par faire accepter sa présence et la louve n’en était que plus fière, même si tous les regards qui s’adressaient à elle lui rappelaient qu’elle n’était pas la bienvenue ici.
Cela faisait bien 5 cycles qu’elle conservait sa forme lycanne et qu’elle était l’ombre du général. Apprenant à anticiper chacune de ses actions, chose qu’elle commençait à apprécier bien plus que de raison, elle était nourrie et dormait chaque nuit dans le lit du sans poil. Que demander de plus ? Ses yeux ne le perdait jamais de vue et sa queue était toujours monté en panache signe de sa fierté d’être à ses côtés. Et puis arriva cette nuit, ou la louve avait malencontreusement changé de forme sans se réveiller pour autant. Oh que le réveil avait été brutale ce jour-là, autant pour le bipède que pour l’animal qui ne s’était absolument pas reconnue. Une fois le choc passé, et l’heure de tentative de communication, le deux pattes avait fini par comprendre la situation sans pour autant l’accepter immédiatement. Puis finalement, le temps rendit pour Laurianna la relation encore plus fusionnelle, son humain prenant tout les jours le temps de lui apprendre l’usage de la parole, la disputant quand elle venait renifler le popotin des personnes sous forme humaine. Elle ne le quittait plus, ce qui provoquait les foudres de pas mal de jeunes femmes. Au tout début, la louve ne le remarquait pas, ignorant les insultes murmurées à son passage, ignorant les racontars qui disait qu’elle n’était que le fruit des démons. Puis doucement, à force de comprendre le dialogue des deux pattes, elle fut touchée, blessée et cela devait se voir parfois dans son regard. Pourtant, sa curiosité et son affection débordante pour le général la faisait tenir bon, s’appliquant toujours davantage à appliquer les règles à se surpasser pour qu’il soit fier d’elle.
L’apprentissage de la parole n’était pas des plus faciles et pourtant pendant que le général dormait, la louve s’appliquait à s’entrainer à se répéter les nouvelles données qu’elle avait eu durant la journée. Jamais elle ne montrait un signe de fatigue ou de faiblesse, ou du moins jamais devant l’humain. Il lui arrivait de se lever en pleine nuit, pour se placer sur le balcon, rêvant de sa liberté perdue. Laurianna ne comprenait pas son affection qu’elle éprouvait pour l’homme, ce que représentait le général pour elle et la louve ne cherchait pas à se l’expliquer. Elle se contenta de profiter de sa présence et de son apprentissage. L’écriture arriva rapidement, mais elle ne sembla pas s’y intéresser autant, elle avait fini d’ailleurs par abandonner, tout comme la lecture. Le plus difficile pour elle avait été très certainement quand le sans poil lui avait demandé de se couvrir, de mettre des vêtements, des corsets, des talons… De se comporter comme une femme. De manger avec des couverts d’être polie et souriante, de laisser de côté son aspect animal pour favoriser celui humain. Qu'est-ce que cela avait été compliqué de se déguiser, de ne plus respirer complètement étouffée par autant de lacet.
Laurianna était une très belle femme, toujours pleine de vie, ce qui plaisait à différents hommes du château, que la belle ne regardait qu'à peine, non elle n’avait d’yeux que pour le bipède, son instructeur, son deux pattes, son bipède. C’est d’ailleurs uniquement pour lui faire plaisir qu’elle avait fait tous ses efforts, pour le remercier de ce qu’il faisait pour elle. Comment pouvait-il en être autrement ? L’acharnement de la sauvage avait porté très rapidement ses fruits, elle était toujours bien apprêtée, souriante vivante et elle parvenait toujours à ignorer les remarques incessantes des autres femmes du domaine. Sauf qu’intérieurement sa flamme commençait à s’éteindre, Laurianna dépérissait mais le remarquait-il simplement ? Peu à peu , la louve cessa de faire des efforts, ne s’entrainant sur le langage et sur son apprentissage que très rarement. Abandonnant les robes longues et les corsets pour des vêtements plus large et souple, préférant utiliser ses doigts que les couverts pour s’alimenter. Ce qui la fit reprendre sa tenue fut une violente dispute avec le conseiller du général en pleine nuit, l’avait-il seulement entendu ? Laurianna était comme à son habitude sortie pour prendre l’air, le conseiller du deux pattes l’avait attendu sur le palier avant de la secouer. Haussant la voix, la menaçant qu’une sauvage, qu’un animal n’avait rien à faire ici, qu’il voyait parfaitement clair dans le petit jeu de la belle.
La louve était revenue dans la chambre cette nuit-là, légèrement tourmenté et avait même dormis sur le sol sous sa forme animal. Mais lui s’était-il rendu compte que c’est cette nuit qu’elle commença a réellement dépérir. La belle poursuivait sa surveillance et continuait à accompagner le général dans ses déplacements, dans sa forme animal ou humaine, mais sa joie de vivre avait disparue tout comme son sourire. Elle ne parvenait plus à ignorer les agressions des femmes, surtout depuis qu’elle les comprenait. Il lui arrivait de plus en plus souvent de demander à son deux pattes si elle lui faisait honte ou si sa présence le gênait et à chaque fois qu’il lui demandait « pourquoi cette question » la louve se contentait de secouer la tête avant de s’enfoncer dans un profond silence. Peu à peu elle se détacha de lui, boudant la chambre qu’il l’avait pourtant accueillit, préférant s’entrainer avec d’autre comme des personnes de la garde pour apprendre à se servir d’arme. La situation la faisait souffrir mais jamais elle ne se l’expliquait et les mauvaises langues avaient évidemment critiqué de plus belle, s’acharnant avec toujours plus de violence sur Laurianna qui subissait sans jamais rétorquer quoi que ce soit. Entendait-il tout ça, toute ses phrases, ses insultes ?
Et puis arriva cette soirée, où il lui proposa de partir en expédition sur la nouvelle ile, mettant en avant le fait qu’elle pourrait rencontrer les autres races et faire de merveilleuses découvertes. Il n’avait pas vraiment tors, Laurianna en avait besoin, elle devait s’éloigner de tout ça avant de sombrer dans la folie. Alors elle avait dit « oui » sans vraiment comprendre ce que cela impliquait. Avant le départ, Laurianna avait été un peu plus présente, enfin avait repris cette habitude d’être son ombre, savourant les moments, sans vraiment se rendre compte de ce qu’il représentait pour elle. La nuit avant son départ, une nouvelle dispute vint secouer l’animal, ou plutôt le cœur de la sauvage. Une domestique visiblement amoureuse du général l’avait remis à sa place, lui précisant que jamais une personne de son espèce de parviendrait à vraiment avoir de l’importance pour un dirigeant, qu’elle n’était qu’un amusement pour lui, un jouet, un passe-temps et la louve l’avait cru. A son retour dans la chambre, s’installant au côté du deux pattes, elle avait fini par craquer pour la première fois et avait terminé la nuit sous sa forme animale sur le balcon.
La louve était restée un long moment auprès du dirigeant de la contrée humaine, son affection pour lui ne semblait pas connaitre de limite. Mais la douleur, la jalousie des autres et les réflexions qu’au fil du temps elle avait fini par comprendre la faisaient souffrir, comme sa distance avec sa contrée et son état sauvage. Laurianna avait fini par se sentir étouffé, avait l’impression de jouer un personnage et non d’être elle-même. Elle ignorait les pensées du général vis-à-vis de sa personne et imaginait même le pire, à force d’entendre les mêmes répliques, elle avait fini par croire que le général l’avait utilisé, manipulé, qu’elle n’était qu’une distraction, une chose qu’il s’était amuser à soumettre à sa volonté. Et pourtant malgré cette sensation elle avait toujours tout fais pour le rentre fier. Jusqu’à partir sur des terres inconnues, pour elle mais surtout pour lui prouver qu’elle pouvait être sociable et fréquenter les autres peuples.
Elle ignorait si elle allait le revoir un jour, même si elle lui avait dit qu’elle repasserait a son retour d’Omerie. Lui manquerait-elle seulement ?
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Sujet: Re: Histoire d'un apprentissage | Général ♥ [Terminé] Ven 3 Jan 2014 - 20:52
L'apprentissage n'est pas chose aisé, surtout avec des élèves dissipés. C'était dans le caractère dans la jeunesse du général. Il ne fallait pas croire que dans la rigidité présente de Valarhan se cachait un passé droit et sérieux, il n'en est rien, bien au contraire. Le petit Valarhan du haut de ses trois pommes préférait cogner sur un pantin en paille plutôt que de rester les fesses collait sur son siége à écrire et à réciter. Bon nombre de ses maîtres ont abandonné l'idée de faire de lui un chevalier, bien que son potentiel était grand. Cependant, il n'aimait pas se plier aux ordres et à peine qu'on tourner le dos, il n'était déjà plus là !
Un véritable garnement en puissance, un adolescent impétueux et le voilà maintenant précepteur. Heureusement qu'il avait gagné en maturité avec l'âge, car il ne se voyait pas du tout maître en langue et en littérature. C'était un parfait maître d'arme, mais rien de plus.
Depuis quelques temps, il avait recueilli une jeune louve bien possessive. Elle s'amusait à faire peur à ses prétendantes. Il trouvait cela plutôt drôle et amusant, son conseiller attitré l'avait persuadé de s'en débarrasser maintenant que ces blessures avaient guéri, mais il refusa catégoriquement. Il appréciait cette louve à juste titre, ce n'était pas un charognard qui tourné autour de lui pour son statue de Général, il savait que les femmes qu'il côtoyait étaient superficielles et se jouait de lui, mais l'inverse était tout aussi vrai.
Un beau jour, alors qu'il avait dormi seul cette nuit. Cela lui arrivait lorsqu'il n'avait pas la tête à ça, il sentit une présence à la forme humaine et féminine à ses cotés. C'était la louve qui s'était transformé, ainsi qu'il comprit que c'était une lycanne et que son nom était Laurianna. Il écouta son histoire avec intérêt bien que les mots de Laurianna était … Limité et que sa façon de s'exprimer était primaire, basique.
Le général eut d'abord du mal à y croire mais au fil du temps, il comprit. Cependant, elle était restée sous sa forme animal pendant aussi longtemps ? Cela ne convenait pas au général, elle était une femme, plutôt belle qui plus est. Elle devait se comporter comme telle.
Ainsi commença un long apprentissage sur les manières, l'habillement, l'écriture et la littérature. Le parcours est long et chaotique, mais il sentait qu'elle s'appliquait dans ce qu'elle faisait. Et il savait que les brimades envers Laurianna sont incessants, il entendait et écoutait tout. Pouvait-il intervenir ? Bien sûr, mais cela faisait aussi parti de son apprentissage, elle devait apprendre a se défendre verbalement ses opinions, ses idées. C'était certes un peu dur pour elle, mais il n'y avait pas meilleur moyen d'apprendre qu'une situation réelle.
Mais il voyait bien que cela était trop pour elle, la lumière pétillante dans ses yeux disparaissaient petit à petit que les reproches se cumulaient. C'était devenu trop gros pour elle et cela altérait sa soif d'apprendre.Il ne restait qu'une chose à faire, l'envoyer découvrir le monde. Il avait ouïe dire qu'une expédition pour Omërie se préparait, c'était un bon moyen de mettre en pratique ce qu'elle avait appris.
La nuit avant le départ, il avait entendu une dispute avec une domestique qui en pincer pour le général. Les mots étaient durs mais sans fond, mais elle l'avait cru, elle avait cru que le général s'amusait avec elle comme un jouet, un pantin. Cela le mis en rogne pour la soirée et toute la nuit. Le lendemain, elle partit avec le cœur lourd, mais avant qu'elle ne s'en aille, il la prend à part et lui dit quelques mots qui lui servira sans doute pour son voyage initiatique.
«-Les mots sont tes alliés, apprend à les connaître, à les ressentir et tu connaîtras le vrai du faux.»
C'était sans doute compliqué à comprendre, mais un jour, elle comprendra. Laurianna est loin d'être bête, elle avait du potentiel. Mais elle manquait de confiance en elle, c'était flagrant. Il termina par ébouriffer sa crinière qu'elle avait en guise de cheveux puis elle s'en alla voir d'autre horizon, les découvrir. Cela allait être dur dans les habitudes de Valarhän, il s'était habitué à sa présence … Oui, elle allait lui manquer, c'était évident.
C'était loin d'être fini au château, il convoqua son conseiller et la fameuse domestique à la langue de harpie. Les deux compères arboraient un sourire joyeux sur les lèvres, le général leur demanda donc ce que valait leur frimousse réjouit. Le conseiller ne se démonta pas et expliqua avec contentement le départ de la louve et que c'était mieux ainsi ! La domestique était sans doute dans le même état de grâce que l'homme. Les poings de Valarhän se serre brusquement et les veines de son front grossirent, signe d'un énervement imminent.
Plus tard, il y avait deux postes à pourvoir au château, allez donc savoir pourquoi.