Astralÿs Mae-noTelii, dite Astra, était assise en tailleur, les yeux fermés et les traits détendus, écoutant le bruit relaxant de l'eau cristalline de la chute qui coulait face à elle. Le liquide pur et glacé affluait parfois jusqu'à ses pieds nus, mais elle ne frissonnait pas, acceptant le froid sans le combattre. Elle avait bien besoin de cet instant de détente, pour atténuer son angoisse relative à ses problèmes d'argent. En effet, depuis qu'elle avait fui sa maison, le pécule qu'elle avait emporté avec elle n'avait eu de cesse de diminuer. Si elle ne trouvait pas de travail rapidement, elle allait devoir cultiver ses propres denrées, ce qui, en forêt, n'était pas facile. Astra ne voulait pas quitter la forêt, pour l'instant. C'était l'endroit où elle se sentait le mieux, où elle pouvait se reposer tranquillement, loin de toute présence intelligente. Après avoir fait le point, elle pourrait songer à voyager. D'ailleurs, si elle voulait visiter tout le continent, il lui faudrait songer à acheter une monture. Malgré le peu d'argent qu'il lui restait, ce serait un bon investissement. Et elle possédait encore un collier précieux, qu'elle pourrait vendre en cas de réel besoin.

Soudain, un bruissement de feuilles traduisant le passage d'un animal plutôt grand interrompit les réflexions de la jeune elfe. Elle ouvrit ses grands yeux, qui étaient devenus vert profond, et se tourna discrètement vers l'origine du bruit. C'était un cerbridé, qui venait se désaltérer. Il n'avait pas dû remarquer Astra, tant elle était silencieuse et immobile. Quelle chance elle avait ! Elle la tenait, sa monture. Mais encore fallait-il qu'elle l'apprivoise... Les cerbridés étaient célèbres pour leur tendance peureuse, et leurs fuites rapides. Si elle effrayait celui-ci, elle ne le reverrait sans-doute jamais. Cependant, elle avait confiance en son aura apaisante et sa capacité de communion avec les animaux.
Astra se leva silencieusement. Elle était assez loin de l'animal pour que, s'il l'apercevait soudainement, il ne s'en effrayât pas.
Le cerbridé leva la tête, se tenant sur ses longues pattes dans une attitude de fuite. Il avait une robe beige tachetée de brun sombre avec des rayures plus claires, et ses bois étaient assez peu développés, laissant supposer à l'elfe qu'il s'agissait d'une femelle.

Astra ramassa une grosse poignée d'herbe fraîche, et tendit sa main en direction de la bête. Si celle-ci était assez curieuse, elle viendrait, malgré le fait que la même herbe que tenait l'elfe entre ses doigts poussât également sous ses pattes. L'animal leva son mufle et huma l'air. Il esquissa un pas ou deux en avant, puis s'immobilisa, tous ses muscles tendus, tout sens aux aguets, puis tendit le cou, sans oser s'approcher plus. Astra commença à le solliciter doucement de la voix.

« Viens, viens... Je ne te veux aucun mal ! Je veux seulement que tu sois mon amie. Je n'ai pas l'air méchante, si ? Tu as senti mon odeur, elle n'est pas malsaine... »

Puis, elle s'avança à son tour vers la femelle, à pas lents et mesurés, ses pieds nus ne faisant pas plus de bruit qu'un chat. Le cerbridé la dominait en taille, mais elle s'accroupit afin de le mettre encore plus en confiance. Il se décida enfin à venir manger l'herbe. Astra sentit son souffle chaud sur sa paume, et le contact doux et agréable du poil fin de son museau. Elle se leva, et voyant sa future monture reculer, légèrement effrayée, elle se remit à lui parler, et finalement, elle s'approcha pour la caresser. L'animal se laissa faire, avec d'abord un peu de réticence, puis finissant par lui faire confiance et par y prendre plaisir, au bout de quelques minutes, apaisé par l'aura de calme et de sérénité qu'elle émettait.
Soudainement, un homme surgit des branchages, brandissant une arbalète. Il visa, et tira.
Le sang d'Astra ne fit qu'un tour. Elle poussa de toute ses forces le cerbridé sur sa droite et, dans le même mouvement, l'enfourcha, tandis qu'il détalait, effrayé. Elle eut le temps d'entendre l'homme brailler :

"Reviens, sale elfe ! C'était mon cerbridé ! Sale voleuse de monture..."

Sa voix grinçante s'effaça progressivement pour laisser place au silence forestier, et au bruit de la course de l'animal.
Près d'une heure plus tard, le cerbridé s'était arrêté, loin de son point de départ. Il semblait avoir accepté la présence d'Astra sur son dos. Celle-ci descendit, laissant sa monture s'allonger pour souffler un peu.
« Maintenant tu vas rester avec moi, hein ? »
Comme si elle l'avait comprise, la bête leva vers elle son regard humide et doré, émettant une sorte de douce mélopée...
« Je te baptise Mélopée. Ça t'ira très bien... »
Astra sourit. Elle avait gagné sa monture, mais surtout, une nouvelle amie.

Indice : 60
Capture : Validée

Monture acceptée, penses à mettre son sigle dans ta signature
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