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| Sujet: Un voyage inatendu [En cours] Lun 23 Déc 2013 - 4:29 | |
| << Qu'est-ce que "longtemps" pour une vie d'homme ? >>
Chapitre 1 : Hésitations Aujourd'hui est un nouveau jour. Cela ne s'appliqua bien entendu pas au début de ma journée. Comme à mon habitude je répétais mécaniquement mes petits rituels matinaux. Ouverture des volets, passage par la salle d'eau, refaire le lit et j'en passe. Seulement, aujourd'hui j'avais pris une décision radicale dans ma vie d'humain. Cette décision me déchirait le cœur mais elle me rendait heureux en même temps. J'ai vingt-deux ans. Je vis dans le Moulin des vieux temps depuis ma tendre enfance. Cela fait vingt-deux ans que je suis emprisonné entre ces murs. Pourtant la liberté est à portée de bras. Mes parents ne m'ont jamais retenu et m'ont toujours encouragé à partir, loin. Cependant, je ne me suis jamais vu vivre autrement. Je me suis toujours dis que mes rêves ne deviendraient jamais réalité. L'aventure comme je l'imagine n'était pas faite pour moi jusqu'à aujourd'hui. Je me suis enfin décidé à couper le cordon avec cette vie ennuyante. Je me dirige vers mon armoire, mais cette fois-ci, ce n'est pas pour y sortir mes habits de travail. Mon passé restera à jamais en ce lieu. Cette fois-ci, je l'ouvre pour prendre toutes mes affaires. J'en sors plusieurs chemises blanches, ainsi que plusieurs pantalons cintrées noirs. Cette peur de l'inconnu me pousse chaque seconde à faire marche arrière et à ranger toutes ces affaires. Seulement, je ne le désire pas. Tout se bouscule en moi. Que vont penser mes parents ? Et si il leur arrivait quelques choses pendant ce long voyage ? Que deviendrait cet endroit qui m'a vu grandir ? Et nos clients ? Il n'y a rien de pire qu'un lieu vide. Je secoue la tête pour essayer de chasser ces mauvaises pensées de mon esprit. Je prends une grande inspiration et expire un grand coup. Je rabats le haut de mon sac vers moi pour pouvoir le fermer. C'est un sac de forme rectangulaire en cuir marron clair dit << de voyage >> selon le vendeur. Peu m'importe si cela est vrai, j'avais économisé pour pouvoir me l'acheter. Il était assez grand pour pouvoir contenir mes affaires ainsi que quelques provisions qui me seraient fortes utiles pour le voyage que j'entreprends. Je jette un dernier regard sur cette chambre qui fut mon refuge jusqu'à aujourd'hui. Un endroit où j'ai eu mes premières craintes dans le noir mais aussi mes pires cauchemars et mes plus beaux rêves. Je n'échangerai pour rien au monde tout ce que j'y ai vécu. J'attrape la poignée en bois et referme délicatement cette porte où est gravé mon prénom, Hetahel.
Je n'avais pas la force d'affronter mes parents. Cela est idiot, je suis sûr qu'ils n'attendent que ça que je parte pour essayer de m'épanouir. Je m'arrête un instant. L'étage semble calme, ils doivent encore dormir. Mon cœur ayant accéléré la cadence, je me dirige vers l'escalier. Ma liberté n'est plus qu'à quelques mètres. Arrivé en bas de l'escalier, je constate que je suis effectivement le seul être éveillé. Je jette un œil au cadran solaire. Huit heures. L'ouverture du Moulin est dans une heure et demi. Je peux toujours tourner les talons et retourner dans cette prison. Lâche comme je suis j'en serai bien capable. Je ferme les yeux, serre mes poings, passe les deux portillons de la cuisine situés à droite de l'escalier et me dirige vers les tiroirs. J'en sors un bout de papier ainsi qu'une plume et un encrier. Je n'ai pas le droit de partir comme un voleur, ça n'est pas mon genre et ne rien leur dire me détruirait. Je tire une chaise et m'y assois. Je mets au moins trois minutes pour me décider à y inscrire ces quelques mots :
<< Père, mère, lorsque vous lirez ce message je serai déjà loin. Je me suis enfin décidé à quitter ce lieu. Je ne saurai vous dire si cela est définitif. J'ai besoin de changer d'air, de penser un peu plus à moi car malgré tout ce que vous faites, je me sens emprisonné ici. Je vais jusqu'en Thaodia, j'ai l'impression que c'est seulement une fois que je serai là-bas que je pourrai souffler. Si ça se trouve, je m'y ferai tuer par une bête sauvage ou bien par un lycan lui-même. Je n'ai pas voulu vous dire au revoir de vive voix car je sais que cela m'aurait empêché de partir. Je ne vous remercierai jamais assez de tout ce que vous avez fait pour moi. Puisse les éléments m'être favorables, je vous embrasse et vous dis à bientôt. Votre Hetahel à jamais. >>
Je ne prends pas la peine de la plier. Je suis submergé par la tristesse. Je ne peux retenir mes larmes. Quelques unes s'échouent sur l'encre encore fraîche. J'enfile une cape noir fabriquée par ma mère et passe la tête sous la bandoulière de mon sac. Il me restait un élément indispensable en ces temps frais : les bottes. J'échangeais mes longues chaussures noires cirées contre des bottes en cuir noir et déposaient ces dernières dans mon sac. J'allais me diriger vers la sortie quand je me souvins que j'avais oublié les provisions. Quel sot je fais. Je pique quelques pommes ainsi que quelques gourdes que je remplis soigneusement d'eau et dépose le tout dans mon sac. Il pèse extrêmement lourd mais cela ne durera pas tant mon voyage est long. Enfin, je déplie ma capuche sur le haut de ma tête. Me voilà enfin prêt à vivre une aventure mais pas n'importe laquelle : MON aventure. J'ouvre la porte de la cuisine, la referme sans me retourner et me dirige vers ma monture acquise il y a de ça plusieurs semaines. Au revoir père, mère et bonjour à toi, nouvel Hetahel Alarik. Chapitre 2 : Le Désert du Zénith Je caresse Tauron pour la seconde fois. Je n'avais pas encore eu l'occasion de le monter. C'est un Ombrum, un magnifique cerf d'un noir aussi sombre que les ténèbres. Il a deux yeux rouges qui m'effrayèrent au début. Après un rude combat, je réussis à faire de lui mon nouvel ami. Il est dit que lorsqu'il court, il devient invisible. J'ai pu le vérifier durant ce combat mais je n'ai encore jamais ressenti les sensations qu'une telle vitesse procure. J'engage un bref discours avec l'animal : << Mon ami, te sens-tu prêt à voyager pendant à peu près une quinzaine de jours si ce n'est plus ? >>. Je ne sais si il est capable de me comprendre, tout ce que je peux dire est que l'animal vient me semble-t-il d’acquiescer en inclinant la tête. J'ai perdu assez de temps ici, il est temps de nous mettre en route. J'ai préparé ce voyage depuis plusieurs jours. Notre première destination : Le Désert du Zénith, qui se situe à l'Est du Moulin des vieux temps. Il nous faudra à peu près deux jours pour le traverser, pauses comprises. J'attache ma cape à l'aide de boutons et grimpe sur l'animal. Je jette un regard en direction du ciel. Il est gris, mais il ne semble pas neiger pour le moment. Je ne prends pas la peine de me retourner et fais signe à Tauron de galoper aussi vite qu'il le peut. Nous nous enfonçons enfin dans la forêt. Les sensations ne mettent pas longtemps à me parcourir. Ma capuche repart en arrière et mes cheveux argentés dansent au grès des vents. Je fais confiance à Tauron, je ne suis pas en mesure de décrire ce que je vois. Je ne vois qu'une alternance de marron, de vert, sûrement les arbres. Je suis d'ailleurs obligé de plisser les yeux à cause de la puissance du vent. Il semble s'amuser comme un fou. Je sens à quelques reprises que nous volons un long moment avant d’atterrir de nouveau sur le sol parsemé de feuilles mortes. Tout à coup, j'ai l'impression que je distingue aussi une autre couleur, plus pure et agressive. Peut être est-ce le soleil du désert qui perce à travers la cime des arbres ? Une énorme lumière surgit alors et je suis obligé de fermer les yeux tant sa lumière est forte. Je fais signe à Tauron de s'arrêter qui freina brusquement et me fit passer au-dessus de lui. Il va falloir que je m'entraîne à bien contrôler Tauron. Je sens le sable brûlant caresser la peau de mon visage encore frais par les vents qui se sont écrasés sur lui. Je me relève en crachant le sable qui s'est introduit dans ma bouche. Voilà enfin un paysage qui m'est inconnu. Je place ma main droite au-dessus de mes yeux pour essayer d'y voir plus clair. A l'horizon : simplement de grandes étendues de sable. Je me retourne et aperçois la forêt. Il suffit simplement de continuer toujours tout droit en ayant toujours la forêt derrière nous. Je fais signe à Tauron de s'approcher et essaye tant bien que mal de le faire boire en déversant avec précaution l'eau directement dans sa gueule. Je le caresse pour le féliciter et fais de même. Le désert ne semble pas connaître de changement de saison. Je ne saurai dire qu'elle est la température mais une chose est sûre, il fait bien trop chaud pour ce que je porte. Malheureusement, ayant aucun coin d'ombre de disponible, je ne peux me permettre d'ôter ma cape ou bien mon voyage se finirait dans ce désert. Je déverse de l'eau sur le crâne de l'animal pour éviter l'insolation et nous reprenons notre course à toute allure. Au bout d'une heure de course, nous faisons de nouveau une petite pause. Je ne sais si cela est un mirage, mais il me semble apercevoir au lieu quelque chose qui ressemble à un campement. J'avais lu dans un livre que la majeur partie de ces campements avaient été détruits par une énorme créature qui depuis n'a plus donné signe de vie. Je fais signe à Tauron d'y aller au pas de course, de façon à pouvoir admirer le paysage. Notre arrivée provoque l'envolée de plusieurs Haut-Sang à bec rouge. Je suis émerveillé par ces animaux, c'est la première fois que j'en vois. Ils sont entièrement rouges. Ils ont une petit tête rouge qui est dotée d'un très long bec rouge. Ils poussent quelques cris mais ne semblent pas mauvais dans le fond. Sur quelques mètres ils fournissent à Tauron et à moi-même un peu d'ombre avant de prendre une direction différente de la notre. - Spoiler:
Ce que j'ai pris pour un mirage est réellement un camp, de fortune certes, mais qui possède le confort nécessaire pour que les voyageurs puissent s'y reposer. Je descends de ma monture et engage la conversation avec quelques marchands leur faisant comprendre que nous avons besoin de nous reposer. On nous conduit sous une tente, assez large pour pouvoir accueillir Tauron. On nous conseil de reprendre la route la nuit tombée pour plus de confort et pour que nous soyons sûr d'arriver au bout en morceau. Nous nous reposons environ deux à trois heures. Je décide de me lever afin de nous préparer à repartir plus tard dans la journée. Au vu de la position du soleil, il doit être seize heures. Les quelques personnes présentes nous préparent un repas en échange de quelques pièces d'or et je retourne manger avec mon ami. Après avoir repris des forces, je me couche sur ce dernier et repense à cette folle journée que je suis en train de vivre. Ce matin encore j'étais dans cette prison et maintenant je suis à plusieurs heures de cet endroit. Je suis maintenant sûr que la décision que j'ai prise est la bonne, je le sens, et le peu que j'ai vécu jusqu'à présent me donne envie d'en vivre encore plus. Deux heures passent et l'on peut voir que le soleil est beaucoup plus bas . Je prépare nos affaires, vérifie les attaches de Tauron, pars remplir les deux gourdes que nous avons déjà utilisées, les range et grimpe sur Tauron. Je remercie les gens de leur hospitalité, leur demande la direction vers la contrée de Angaïla et fends de nouveau l'air avec Tauron. Selon eux, il nous reste encore environ un jour de trajet pour sortir de ce four mais qu'il ne fallait pas s'inquiéter car nous rencontrerions d'autres camps comme celui-ci. Car oui, même si la nuit est sur le point de tomber, il fait encore extrêmement chaud. Je m'endors sans pouvoir rien n'y faire sur Tauron. Mon corps n'est pas habitué à faire tant d'efforts même si c'est surtout Tauron qui les fait. Je suis soudainement réveillé par le cri de Tauron. Je ne sais pas ce qu'il a pu apercevoir mais cela le terrifie. Soudain, un troupeau de plusieurs énormes bêtes apparait en face de nous. Je me frotte les yeux et découvre avec stupeur des animaux de deux à trois mètres. Selon leur apparence, je dirai que ce sont des Tigranex. - Spoiler:
D'énormes félins à priori inoffensif si on ne les dérange pas. Le troupeau se sépare à notre niveau et se reforme derrière nous. Plus de peur que de mal. Je caresse Tauron pour essayer de le calmer et nous reprenons notre route après une pause d'un quart d'heure. Il me semble que nous avons voyagé toute la nuit car je peux enfin apercevoir les premières lueurs du jour. Voilà bientôt un jour que nous sommes partis. Nous arrivons de nouveau à un campement et répétons les mêmes actions que la veille. Selon ces personnes, nous sommes à une heure de la deuxième étape de ce voyage : Angaïla. Malgré la chaleur écrasante, nous reprenons la route. Nous ne croisons cette fois-ci aucun autre animal et je peux apercevoir au loin de nouveau ce qui ressemble à des arbres. Nous avons finalement été plus rapide que ce que j'avais prévu. En même temps je ne connaissais pas la vitesse de Tauron mais me voilà fixé, j'ai fait le bon choix en le choisissant lui. Après cinq minutes, nous foulons de nouveau un parterre jonchés de feuilles mortes. La température est si agréable. J'en profite pour nourrir Tauron avec les restes et moi-même par la même occasion. Je m'adosse à un arbre et souffle un peu, laissant le cerf faire de même. Je me relève au bout de quelques minutes décide de poursuivre la route à côté de Tauron, le laissant se reposer, et en profite pour détendre mes jambes endolories par le voyage. Au loin il me semble entendre de l'animation. Au fur et à mesure que nous nous rapprochons, j'entends des gens crier. Pas de peur, comme si ils encourageaient des personnes. Nous sortons enfin de la forêt et j’aperçois un immense bâtiment en pierre. La terre a laissé place à des rues pleines de pavés en pierre. Je me rapproche de cette structure quant tout à coup un homme de petite taille me sort avec un grand sourire : << Bienvenu en Angaïla, jeune homme. >> Chapitre 3 : Angaïla Me voilà enfin arrivé à mon deuxième objectif et pas le plus court malheureusement. Selon les cartes que j'ai au Moulin, il va me falloir plus ou moins dix jours pour pouvoir traverser le continent entier. Cela fait bizarre d'être plus grand que toute la population. Ils ne dépassent même pas Tauron. Je me sens vraiment bien ici. Le ciel est quant à lui aussi gris qu'en Oryenna et il commence à neiger. Je ne peux m'empêcher de sourire. Lorsqu'il neige je redeviens un enfant, Noël est une période que j'affectionne plus que tout. Malheureusement cette année je ne le fêterait pas avec mes proches. La tristesse prend la place de mon sourire et je regarde le sol. Mes parents... Comment ont-ils réagi à la lecture de ma lettre ? Cela va bientôt faire deux jours que je suis parti, ils me manquent tellement... Un petit enfant vient me sortir de mes pensées et me demande pourquoi je suis triste. Je lui explique simplement que c'est parce que je ne sais pas où loger ce soir. Oui, il ne faut jamais dire la vérité aux enfants, puis je ne voulais plus penser à mes parents. Il m'explique qu'il vit seul dans la capitale et qu'il est prêt à m'héberger si je le laisse monter sur mon "monstre" comme il l'appelle. J'accepte, et le laisse tout d'abord caresser Tauron pour lui montrer qu'il n'est pas un monstre. Tauron semble aussi l'accepter. J'en profite pour demander au garçon son nom ainsi que le nom de l'évènement qui se déroule dans cette arène. Il s'appelle "Hegakin" et m'explique que durant la période de Noël, des tournois sont organisés dans l'arène de Zharr et des nains doivent se battre tour à tour contre des Taurachonautes et que le dernier en vie remporte le gros lot de Noël. Je ne sais qui sont ces créatures, mais je ne pense pas qu'elles méritent de finir comme cela. - Spoiler:
Nous reprenons donc notre route jusqu'à la capitale naine, Kazad Duraz qui est à une heure de marche selon lui. Durant tout le trajet, les nains que nous rencontrons nous regardent avec méfiance, du moins je ne pense pas que ce soit nous mais Tauron. Il est vrai que ses yeux rouges sont effrayants. De plus, il est bien plus grand que ces derniers, je comprends donc leur angoisse. Une fois éloignés de l'arène, le chemin est éclairé par des lampadaires des deux côtés du chemin au sein desquels trônent des bougies. Le sol est quant à lui toujours composé de pavés en pierre. Le jeune garçon en profite pour me demander ce qu'un humain vient faire sur les terres naines. Je lui explique que je voyage, que je souhaite découvrir tous les continents d'Ephaelya et que mon but pour le moment est Thaodia. Je lui raconte mon voyage depuis Oryenna. Il semble impressionné ce qui a le don me fait rire. Un peu d'humanité ne fait pas de mal. Je lui demande à mon tour pourquoi il vit seul. Il m'explique qu'il est orphelin depuis l'âge de quatre ans et qu'il vit illégalement dans une vieille maison abandonnée. Je suis interloqué par cette histoire. Je lui demande l'âge qu'il a et il me répond qu'il a neuf ans. Juste ciel, et personne ne l'a aidé depuis ! Qu'a-t-il fait pour mériter ça ? Au fond nous sommes pareils, nous sommes tous les deux orphelins de nos vrais parents, sauf que j'ai eu la chance d'être recueilli... Nous arrivons après une heure à la capitale naine, Kazad Duraz. La ville est reliée aux autres terres par un unique et très long pont naturel qui mène jusqu'à l'entrée principale. Cette forteresse est entourée de falaises hautes de plusieurs dizaines de mètres. Je peux aussi apercevoir d'ici plusieurs sculptures de têtes de chefs nains sûrement. Nous nous aventurons sur le pont avec difficulté tant la population qui l'emprunte est dense. Après quelques duels de coude à coude, nous arrivons enfin devant ces grandes portes qui tiennent une enceinte faite de pierre au sein de laquelle sont positionnées des arbalétriers. Nous nous engouffrons donc cette grande route pavée. Cette ville est merveilleuse. On peut y ressentir toute la fierté du peuple nain ainsi que toute la chaleur qui se dégage de ces personnes. Hegakin m'explique que la ville est beaucoup plus loin, séparée en deux et qu'au-delà de ce nouveau mur, se tient le quartier riche. J'admire l'architecture naine des deux côtés de la rue principale, c'est vraiment sublime. L'enfant descend de Tauron, me prend par la main et m'emmène à travers plusieurs petites ruelles et finit par s'arrêter devant une habitation. Effectivement, elle n'inspire pas la joie de vivre. Je demande à Hegakin si Tauron peut entrer et me donne son accord sans hésiter. Une vieille pendule qui semble fonctionner indique qu'il est vingt heures. Les journées passent si vite. Le garçon allume plusieurs bougies et les dispose au centre de la pièce. Nous nous asseyons autour pour essayer de nous réchauffer. Je sors mes provisions. L'enfant semble ravit, il m'explique qu'il n'a plus eu de repas décents depuis deux jours. Nous mangeons donc des pommes et du pain et buvons à notre soif. Après environ une heure, je me rends compte qu'Hegakin s'est endormi. Je me lève, le prend dans mes bras et le monte à l'étage où je trouve plusieurs lits inoccupés. J'y dépose l'enfant dans le plus grand et m'installe à côté de lui. Je rejoins ensuite Morphée à mon tour. Le lendemain matin, je suis réveillé par une agréable chaleur. Je constate que les rayons du soleil caressent mon visage. Je me frotte les yeux et sens un poids sur ma droite. Je tourne la tête et trouve l'enfant collé contre moi. Je souris et enlève mon bras droit avec le plus de délicatesse possible et réussis à me lever sans réveiller l'enfant. Je sens mes vêtements et constate sans surprise que je pus la transpiration. Il est vrai qu'en trois jour je n'ai pas pris le temps de m'occuper de moi, ça ne me ressemble pas. Je descends rejoindre Tauron. Il a l'air d'avoir passé lui aussi une bonne nuit. Je ne trouve rien pour laisser de mots à Hegakin, mis à part une pierre. Je la prends et essaye d'écrire sur l'un des murs. Cela fonctionne. J'y inscris donc les mots suivants : << Merci pour l'hébergement. Voici quelques pièces d'or en dédommagement, joyeux noël à toi, j'espère pouvoir recroiser ta route durant mon voyage du retour. Hetahel >>. Avec Tauron, nous sortons et reprenons la route. Je demande à quelques passants si il est possible de traverser le quartier riche pour rejoindre la partie Est du continent. Sans hésitations ils me répondent que non, que le seul moyen d'y pénétrer est d'être un émissaire étranger important, un héros nain ou un chef de famille du quartier des hauts nains. Je ne peux pas me permettre de faire le détour par d'autres contrées naines, cela me prendrait énormément de temps et du temps je n'en ai pas beaucoup. Je me dirige donc vers ce quartier une boule au ventre. Peut être qu'en y passant rapidement avec Tauron ils ne pourraient pas nous remarquer. Je confis à Tauron mon plan. Nous allons maintenant savoir si c'est une bonne idée. Je monte sur Tauron, baisse ma capuche et le fait aller au galop. Les portes se rapprochent rapidement et nous les franchissons sans peine. Cette brise anormale eut pour effet de renverser quelques gardes qui s'empressèrent de donner le signal d'alarme. Après plusieurs minutes de course, nous arrivons enfin à la lisière de la forêt et nous y engouffrons dedans. Selon mes cartes, il y a cinq jours de trajet entre la capitale naine et l'Auberge d'Azgal. Nous passons donc ces cinq jours à voyager, puis à nous reposer. Nous ne rencontrons aucune créature mauvaise et aucun incident éclate. Après cinq jours et quatre nuits de périple, nous arrivons enfin à cette Auberge. Nous y reprenons des forces et j'en profite pour acheter malheureusement au prix fort quelques denrées pour que nous puissions continuer notre périple. Je prends le temps d'y faire laver mes vêtements sales et de me laver par la même occasion. Le lendemain, nous partons en direction de l’Égorgeur du dragon, qui est un passage dangereux dans les Chaines de Huzhrung menant à la contrée de Thaodia. Chapitre 4 : L’Égorgeur du dragon Nous y arrivons après quelques heures de marche. Il doit être à peu près midi. Tauron semble réticent à entrer, il est beaucoup plus nerveux. J'essaie de le rassurer comme je peux en lui parlant et en le caressant. Cela semble fonctionner pour le moment. Devant nous se dressent d'immenses chaines de montagnes très rocailleuses avec des pics extrêmement pointus. Elles paraissent imprenables et fournissent entre Angaïla et Thaodia une frontière naturelle. En nous avançant un peu plus près, nous découvrons un panneau sur lequel est indiqué " L’Égorgeur du dragon". Ce panneau me donne froid dans le dos. Nous poursuivons donc notre quête dans la direction indiquée. Ce chemin étroit et rocheux nous conduit vers les hauteurs des montagnes. Que signifie d'ailleurs ce nom, Égorgeur de dragon ? Il y a-t-il eu ou il y a-t-il encore des dragons dans ces montagnes ? Si oui, nous ne faisons pas le poids. Au fur et à mesure que nous nous élevions, je pouvais sentir que nous n'avions pas autant d'oxygène qu'en bas. Tauron semblait aussi être affecté, je pouvais entendre sa respiration se faire de plus en plus forte. Je décide donc de faire une pause. Nous essayons de nous accommoder de ce manque d'oxygène, buvons tous les deux et repartons aussi tôt. Après encore une heure de marche, le chemin finit par devenir plat et la descende de la montagne semblait s’amorcer . Nous n'étions plus très loin. Je ne mettais jamais rendu compte à quel point mes pieds me faisaient souffrir. Il est bien loin le confort du Moulin. Je me rends compte qu'il ne me manque plus, je suis encore plus conforté dans mon choix. Si ils savaient jusqu'où je suis allé pour le moment, ils n'en reviendraient pas. Certaines de mes connaissances avaient raison, finalement, je ne suis pas qu'un simple serveur, je suis aussi capable de faire autre chose avec ce corps et d'aller bien loin quand j'ai la volonté de le faire. Je regarde Tauron. << Merci à toi mon ami, sans toi je n'aurai pas été aussi loin, et à l'heure actuelle je serai peut être encore dans ce fichu désert ou bien pire, mort. Le monde se plie devant le duo que nous formons. >>. Je lui souris. Ce moment de joie fut bien cours. Un cri effroyable vint nous rappeler que nous étions sur des terres hostiles. Je tourne la tête de droite à gauche, il n'y a rien à signaler. Je lève donc la tête en direction du ciel et découvre avec stupeur une immense bête ailée. Mon corps se raidit et je ne peux plus bouger. Tauron brama pour essayer de faire fuir la bête mais il avait cette fois-ci affaire à bien plus gros que lui. Il ressemblait tout à fait à la description des Wyverns. - Spoiler:
Il était dit que même les chasseurs les plus expérimentés n'étaient capables que de le blesser, pas de le tuer. Qu'allions-nous faire dans cette situation ? Je n'ai même pas d'arme. Le dragon hurla une seconde fois puis se mit à charger dans ma direction. Je réussis à reprendre le contrôle de mon corps seulement il mettait impossible de l'éviter. Était-ce donc de cette façon qu'allait se terminer notre voyage ? Ai-je fait tout ça pour échouer aux portes de Thaodia ? Dans un dernier geste d'espoir, Tauron se mit devant moi et réussit à bloquer l'animal avec ses bois pendant quelques secondes avant de s'écarter évitant ainsi à ses bois de se briser. Le Wyvern vint s'écraser à quelques centimètres de moi. Il n'en fallut pas plus pour que je prenne la fuite en direction de l'aval de la montagne. Je criais à Tauron de me rejoindre en vitesse. Je parvins à monter sur lui mais cela ne suffit pas. Le Wyvern s'approchait dangereusement de nous, il avait les serres en avant, prêt à nous attraper. Il était beaucoup plus rapide que Tauron. Si nous continuons ainsi, dans une minute au plus tard nous serrons dans ses griffes. Tauron essaye d'accélérer autant qu'il le peut mais en vain. L'animal n'est plus qu'à quelques mètres de moi. La sortie s'approchait de plus en plus mais était toujours trop loin pour que nous puissions lui échapper. J'eus l'idée au dernier moment de jeter mon sac sur la bête qui ralentit et l'attrapa ce qui nous permit d'atteindre la sortie de l’Égorgeur de dragon sains et saufs. Je fis signe à Tauron de ralentir. Après quelques mètres, je me laisse tomber à terre et essaie de reprendre mon souffle. Je pose ma main gauche sur mon cœur. Mon dieu, j'ai cru que tout allait s'arrêter. Je remercie Tauron de tout mon cœur et nous reprenons notre souffle pendant encore dix bonnes minutes. Le vent se faisait l’écho du cri de rage du Wyvern... à vous glacer le sang. Nous voilà dans de beaux draps. Nous n'avons plus rien à manger ni à boire, quelle idée j'ai eu de lui offrir notre garantie de survie. Je ne risquerai pas deux fois notre vie pour aller récupérer ce sac. Ce fichu dragon a sûrement tout détruit et il ne doit rien rester. Il doit être maintenant aux alentours de quinze heures. Si l'on arrive à se dépêcher, nous pourrons traverser en une heure la déchirure pour atteindre le Mont hurleur à partir duquel nous pourrons rejoindre dès le lendemain le Rocher du clair de Lune, endroit où je pourrai peut être rencontrer Elënna qui pourra sûrement nous accueillir quelques jours histoires que nous nous refassions. Je me relève, monte sur Tauron et lui indique la direction de la déchirure. Chapitre 5 : Thaodia On pouvait entendre au loin des cris de loups, que dis-je, de lycans. Tout ça n'était en rien rassurant. De plus, nous entrons de nouveau dans des montagnes mais qu'allons-nous y trouver cette fois-ci ? Des dragons géants ? Des loup-garous ? Ou bien pire encore, je ne sais pas. Je commençais à fatiguer et Tauron aussi. Le fracas du vent sur mon visage n'accentuait que plus mon envie de dormir. Seulement, je ne pouvais pas me le permettre. Je devais être attentif au moindre son et mouvement pour éviter un futur danger. Je regardais de gauche à droite espérant observer un détail qui nous préviendrait du danger mais en vain, je ne discernais rien, Tauron était beaucoup trop rapide pour mes yeux d'humain. Il s'arrêta net ce qui eut pour conséquence de me faire tomber. Je venais de m'ouvrir une partie du genoux sur un de ces rochers qui est aussi tranchant qu'une lame de rasoir. Ils l'étaient tous d'ailleurs dans cet endroit. Qu'avait-il pu sentir ? Je n'arrivais pas à comprendre, contrairement à lui, je n'ai pas de capteurs qui me permettent de sentir le danger. Une chose est sûre, l'odeur du sang ne va pas arranger nos affaires. Je remonte sur Tauron et nous repartons au trot. Je regarde au-dessus de nos têtes. Il ne semble y avoir personne sur le haut de ces montagnes. Tout d'un coup une pierre dévale une des parois derrière nous. Je me retourne, lève les yeux au ciel, et découvre avec horreur que nous venons d'être pris en chasse par un lycan. Je ne peux le décrire, le soleil m'aveugle. La seule chose à faire ? Fuir, aussi longtemps que nous en serons capables car tout comme le Wyvern, il ne nous lâchera pas. |
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