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| Voyage en Angaïla [terminé] | |
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Sam 4 Déc 2010 - 21:56 | |
| Daren écouta attentivement Saruwatari, tout en gardant un œil sur la plante. Celle-ci bougeait quelque peu, un insecte venait d’être attiré par le nectar qu’elle sécrétait. Ni une, ni deux, il ne fallut pas moins de quelques secondes pour que le pauvre bougre se fasse attraper dans le piège. La plante, ainsi refermée, avait une allure plus prédatrice, assez peu engageante à vrai dire. Concentré sur celle-ci, Daren se pencha un peu plus, et même trop. Il eut juste le temps de remarquer la bestiole sauter de son épaule pour ensuite perdre l’équilibre alors que le canasson le poussait du museau un bond coup ! Evitant de peu Saruwatari, ses réflexes de loup lui permirent de se réceptionner sans dommage et agilement. En revanche, la pauvre plante en avait pâti, elle avait fini écrasé. Fort heureusement, la sécrétion n’avait atteint que la couche de boue et Daren racla celle-ci pour s’en défaire et prit une autre poignée fraîche pour la remplacer. Cette saleté de cheval était entrain de hennir, probablement de moqueries. Daren grogna un peu, c’était pas le genre de choses qui le rendait très joyeux. Il lui rugit dessus et l’étalon sursauta avec un petit bond en arrière.
- Espèce de... !
Même sous forme humaine, il gardait une force et une vitesse considérable. D’un bond il sortit du fossé et prit une bonne dose de boue dans sa main en se jetant sur l’animal. Le prenant un peu de court, il le poussa pour qu’il tombe sur le flan, la boue amortissait la chute sans le blesser, mais par contre il était assez empêtré pour permettre à Daren de l’enduire de cette terre bien gluante et se redressa victorieux !
- Ca t’apprendra, sale bête !
Voilà donc aussi le petit truc qui remontait sur son épaule pour railler son camarade. Et bien cher petit, ça ne se passera pas non plus ainsi. Il l’attrapa, sans lui faire de mal et lui étala le reste de boue sur les poils. Voici donc le second bien puni qui se tortillait de partout sur le sentier.
- Non mais...
Tel est le prix qu’ils croyaient prendre... Daren croisa les bras, laissant le cheval se redresser, tout couvert de boue sans compter la selle et le reste dont il était harnaché. Bombant son torse, la tête haute, le jeune loup-garou lui fit une grimace relativement amusée. Ici, il serait dominant, point. Etrangement le cheval ne semblait pas lui en tenir rigueur tant que ça, se secouant pour lui en projeter un peu sur le corps avant de se rapprocher pour le repousser un peu du museau. Daren en profita pour lui tapoter l’encolure. Au moins ils étaient quittes, et d’ailleurs, l’autre petit truc de poils était de nouveau sur son épaule en tentant vainement de nettoyer sa fourrure.
- Ca risque de pas être ennuyeux ce voyage, non... fit Daren d’un ton calme, fixant le cheval. |
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Sam 4 Déc 2010 - 22:32 | |
| J’ouvris des yeux ronds en voyant Daren chuter et me protégeai de mes bras. Je sentis un léger frôlement et écartai les bras prudemment. Daren était étalé sur la plante et je bougonnais. Il ne semblait pas affecté, je fus soulagée mais de voir un tel gâchis !
« C’est malin, tu ne pouvais pas faire attention ! »
Avant même que je ne comprenne quoique ce soit, il avait bondi en rugissant, me faisant froid dans le dos. Mais à quoi jouaient-ils tous à la fin. Incrédule, je vis Djebel à terre, se laissant enduire de boue et Ôpoual devenir entièrement marron. Quelle mouche les avait donc piqués. Mes affaires rangées, je sortis du fossé et me rapprochai de Daren pour le calotter. Mes deux compagnons ne semblaient en rien traumatiser bien au contraire ce qui me désespéra. Je regardais mon attirail en grimaçant, limite au bord des larmes, moi qui aimais la propreté, j’étais au comble de l’horreur.
« Non mais ça va pas ! Regarde l’état de mes affaires ! Bon sang de bois, je vais les récupérer comment moi ! Une vraie bande d’enfants, je vous préviens, je ne suis pas votre mère moi ! Comptez pas sur moi pour vous nettoyer !»
Je ne m’étais pas lavée depuis deux jours et mes affaires propres étaient…
« Couvertes de boue ! Daren ! «
Je pivotai brusquement et le fusillai du regard. Mon pied droit tapotait le sol, attendant une explication à tout ça. Il avait beau bomber le torse et avoir la tête haute, je me fis la promesse qu’il passerait un sale quart d’heure au prochain cours d’eau que nous croiserions. En plus il souriait, fier de lui apparemment, je grommelai quelques noms d’oiseaux tout bas.
« Comment on fait maintenant si l’on veut voyager plus vite ? Hors de question que je monte en selle maintenant alors trouve-moi une solution, bon sang de bois ! »
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Sam 4 Déc 2010 - 23:04 | |
| Roulant des yeux, redevenant calme mais toujours cet étrange sourire léger et en coin, il désigna le cheval qui hennissait et la boule de poils sur son épaule.
- C’est eux qui ont commencé.
La colère de Saruwatari l’amusait presque ouvertement, bien qu’en l’état il semblait calme et sérieux de l’extérieur. Elle faisait tout un foin pour de la boue ? Ca promettait pour plus tard. Il sentait toute la fureur de l’humaine braquée sur lui au travers de ses yeux qui auraient été de flammes s’ils avaient pu. Ca lui faisait tout drôle de voir que pour une fois, une colère à son encontre ne l’inquiétait pas. Si elle avait été Tuzan, il aurait déjà été remit à sa place violemment. Saruwatari lui semblait avoir l’attitude qu’aurait peut-être pu avoir sa mère, telle qu’elle lui avait été décrite par Tuzan, si elle avait été fâchée après lui. Cette pensée lui fit perdre tout semblant de sourire et il répondit d’un ton calme :
- J’ai une bonne solution, tu vas marcher à pieds, tout simplement. Tu verras, c’est très vivifiant.
Son ton ironique le fit de nouveau sourire intérieurement. Elle était encore plus en rogne contre lui. Les deux autres quand à eux avaient l’air de ne pas s’en porter plus mal. Il tapota toujours l’encolure du cheval en reprenant la marche.
- Il y a un lac et des cours d’eau plus loin... Cependant il va falloir traverser le terrain près de la grande tour d’observation. Pour ne pas être repéré, il faudra passer de nuit. Si on voyage de jour sur cette partie dégager, on risque de se faire tirer à vue ou pire...
Son allure de marche était soutenu, il réfléchissait à un moyen de minimiser les embûches, tandis qu’elle suivait, en bougonnant certainement. Il tourna la tête vers elle, en arrière.
- Arrête de marmonner, j’ai une ouïe excellente et j’entends tout ce que tu dis... On va trouver un cours d’eau qui passe en forêt pour que tu puisses « nettoyer tes affaires ». Je pense que le ruisseau pas loin bifurque à quelques mètres près du sentier.
Ouvrant grand ses oreilles, inspirant fort l’air ambiant, la piste du cours d’eau était un jeu d’enfants. De plus, qui disait « eau » disait « nourriture ». Beaucoup d’animaux profiteraient certainement de ce petit coin pour se désaltérer à l’abri dans la forêt. Peut-être pourra-t-il chasser une proie afin d’avoir sa ration de chair. |
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Dim 5 Déc 2010 - 0:09 | |
| « Ben voyons. Vous êtes tous responsables et vous allez me laver mes affaires ! »
Je croisai les bras, furieuse et de le voir si calme ne m’apaisait guère. Ils s’étaient à nouveau remis en route, comme un seul homme et je me mordis les lèvres. Un vrai trio de larrons prêts à faire la moindre bêtise, quelque chose me disait que ce voyage n’allait pas être de tout repos.
« Très drôle, parce que tu crois peut-être que j’ai pour habitude de toujours me faire porter ! »
Allez savoir pourquoi, sa réaction me fit mal, fierté mal placée sans doute et je leur emboîtai le pas. Voilà maintenant que nous allions voyager de nuit, cela ne m’enchantait guère et je resserrai mon manteau. J’étais une humaine moi et la vision nocturne n’était pas une de mes spécialités. Et puis quelles créatures arpentaient ses lieux la nuit ? Je savais bien qu’il avait raison mais qu’avions-nous donc à craindre ? Je le suivais sans peine et continuais de maugréer. L’idée de lui faire prendre un bon bain me réjouissait au plus haut point. Comme il l’avait annoncé, nous tombions bientôt sur un cours d’eau clair, troublé par un courant léger. Je me frottai les mains et attendis qu’il s’en approche. Lorsqu’il fut suffisamment prêt, observant les alentours, je crochetai ses jambes à l’aide de mon bâton. Le voir s’étaler dans le cours d’eau fut un réel bonheur. Je pris mes affaires et les lui jetai.
« Au boulot et vous deux à l’eau aussi, de suite ! »
Ôpoual qui avait sauté, tenta de filer mais je le saisis au passage. Mettant une bonne claque sur le postérieur de Djebel, celui-ci entra dans l’eau. Comme il était débarrassé de tout harnachement, il se roula avec plaisir. Quant à mon furet, il se débattait mais rien n’y fit, je le frottai vigoureusement. Je regardai Daren, le message était clair. Il ne sortirait pas de l’eau tant qu’il n’aurait pas lavé mes affaires. Enfin du moins c’est l’intention que j’avais après ben on ne possédait pas vraiment le même gabarit. Mon furet propre, je le séchai avec les manches de ma chemise et le glissai sous mes vêtements tout contre ma peau. Bizarrement, il ne s’en plaint pas et ne bougea pas, profitant de la chaleur offerte. Pour Djebel c’était une autre paire de manche mais je savais quoi faire, quant à Daren et bien qu’il se débrouille. Heureusement pour moi, me besace n’avait pas été touchée car je pense que j’aurai tenté d’étriper Daren sur place.
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Dim 5 Déc 2010 - 0:47 | |
| Sur le chemin, Saruwatari leur avait emboîté le pas, toujours aussi furieuse. Daren lança un coup d’œil aux deux bestiaux, le trio échangea un regard qu’on aurait pu dire complice. Bientôt ils atteignirent le cours d’eau, dont le fond était plutôt clair. En s’approchant pour voir de plus près, Daren perdit l’équilibre sans comprendre et se retrouva la tête dans l’eau. Se redressant un peu, il eut juste le temps de relever la tête pour se prendre les affaires de l’humaine en pleine figure. Nettoyer ? Ses affaires à elle ?! Ridicule... Il les prit pour les balancer sur le côté, son regard grenat se faisant plus intense, défiant et assez prédateur, non dénué d’un charme certain.
- Compte pas sur moi pour te servir comme un chien... Si tu me traites une seule fois comme tel, je te le ferai amèrement regretter...
Le message se voulait franc et clair, servant d’avertissement sans appel. Tuzan lui avait toujours bien mis dans le crâne de ne jamais se laisser insulter de « chien » de quelques manières que ce soit, verbalement ou en tentant de le faire travailler comme s’il en était un. La boue sur lui était entrain de partir. Il se regarda et se mit à sourire franchement pour la première fois. Elle voulait qu’il soit propre ? Très bien. Il se déshabilla à sa vue et entra complètement dans le cours d’eau, gardant juste son pendentif et son brassard sur lui. S’installant dedans il se mit à s’asseoir en frottant ses propres affaires, puis lui-même. Toute la boue de chaque parcelle de son corps partait, laissant voir l’intégralité de sa peau pâle, de ses dreads noires et de son visage cette fois totalement nettoyés. Même choses pour ses vêtements. Se relevant, il ne les fit même pas sécher, remettant uniquement son pantalon, laissant son gilet sur sa peau de bête avec le reste de ses affaires. Il s’étira, faisant craquer un peu ses épaules et sa nuque. Son regard se tourna vers Saruwatari, assez charmant.
- On peut rester là en attendant que la nuit tombe, on doit plus être très loin de la lisière avant la tour et son terrain dégagé. Après on entrera de nouveau en forêt. D’ici là, on va peut-être pouvoir reprendre des forces et se reposer, si les bêtes du coin nous le permettent...
Humant l’air, écoutant les bruits alentours, Daren se mit à réfléchir de nouveau. Il allait falloir faire preuve d’une grande prudence pendant la traversée, atténuer les bruits de sabots du cheval, garder l’humaine calme pour éviter qu’elle s’époumone à tue-tête au moindre truc suspect. Là, ça n’allait pas être une partie de plaisir pour lui, loin de là. Le visage de Tuzan revenait encore et toujours dans son esprit, lui dessinant une expression de dégoût au visage, voire presque de colère ou de haine. Il serra son poing sans s’en rendre compte. |
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Dim 5 Déc 2010 - 1:11 | |
| Le voilà qui jetait mes affaires sur le bord, non mais quel toupet alors. J’écarquillai les yeux et rougis quelque peu sous son regard, fulminant toujours. Secouant la tête, je sifflai entre mes dents.
« Dis donc c’est de ta faute, apprends à assumer tes actes non mais ! Cela n’a rien avoir avec le fait de me servir comme un chien. Tu m’insultes là ! Et puis on ne menace pas un compagnon de route ! »
Ce sourire, c’était bien la première fois que j’en voyais un sur ses lèvres, je redoutais ce qu’il préparait. Je restai stupéfaite de le voir se déshabiller et détournai le regard. Je ne comprenais pas pourquoi son jugement me touchait autant et bougonnai de plus belle. Heureusement pour moi, Djebel sortait de l’eau en s’ébrouant. Je me levais et me servis de mon bâton pour enlever le gros de l’eau sur mon cheval. Je le passai en appuyant fermement sur son corps sans pour autant lui faire mal. Je lançai dans mon dos.
« Et puis cesse cette manie de te mettre tout nu à tout bout de champ, c’est gênant à la fin ! »
Lorsqu’il fut assez sec, je le flattai et soupirai d’aise alors qu’il me faisait un câlin. Je tournai légèrement la tête, Daren était dans l’eau, j’en profitai pour m’approcher du bord. Il me fallait maintenant nettoyer mes affaires et je savais d’ors et déjà qu’elles ne seraient pas sèches même en passant toute une nuit près d’un feu. Des craquements me firent sursauter, c’était Daren qui s’étirait. Un moment hypnotisée par son regard, je parvins à m’en détacher et regardai autour de nous, un air douteux sur le visage. Mes gestes trahissaient mon agacement et puis je commençai à avoir froid aux mains. Je rêvais d’un bon bain chaud dans une eau parfumée mais la réalité était toute autre et je savais que tôt ou tard, il me faudrait moi aussi me nettoyer. J’attendrai qu’il parte en chasse, pas question de me montrer nue devant lui.
« On est pas trop à découvert là ? »
Je relevai les yeux sur lui et restai perplexe. Son visage n’avait plus rien d’amical, je me demandai quelle bêtise j’avais bien pu faire encore. Mes affaires étaient à peu près propre, je les sortis sans un mot et les essorai tant bien que mal.
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Dim 5 Déc 2010 - 1:58 | |
| Sortant un peu de ses pensées, Daren secoua la tête et soupira en la regardant.
- Si la nudité te gêne, fallait pas demander à un lycanthrope de t’accompagner. Et puis, pour te répondre, non on s’est écarté du sentier, c’est moins dangereux, enfin à mon sens. Etre près d’un chemin fréquenté est un risque de mauvaises rencontres.
Il ne se rendait pas forcément compte qu’en disant cela, Saruwatari pouvait songer qu’il évite justement les rencontres, même de simples voyageurs. En vérité il redoutait de rencontrer effectivement d’autres personnes, car il y avait toujours la possibilité que ce soit des elfes, et si ceux-ci découvraient son métissage, le pire était à craindre. Et si l’humaine le remarquait et qu’elle se mettait à lui poser des questions ? Il secoua la tête, ne préférant pas y penser. S’installant sur sa peau de bête, il se détendit un peu et passa une main machinalement sur son médaillon. C’était la seule chose qui lui venait de Tuzan. Il ne savait pas du tout à quoi se rapportait le symbole dessus, et jamais son tuteur ne le lui avait expliqué. S’allongeant sur sa peau, profitant pour se reposer un peu, il tourna le dos à Saruwatari afin de la laisser tranquille. Regardant toujours son médaillon, il s’adressa à l’humaine :
- Dis moi, Saru, qu’est-ce qui t’a poussé à voyager si loin de chez toi ?... Enfin, si c’est bien loin ton « chez toi »...
Il lui tournait toujours le dos, songeur, passant ses doigts sur le symbole gravé, comme pour chercher des réponses. C'était la première fois qu'il s'arrêtait réellement depuis le début de son voyage, qu'il se posait un moment pour vraiment faire le point sur ce qui s'était passé. Tout ce que son tuteur lui avait dit jusque là, l'histoire de ses parents, son existence même, les relations avec le monde extérieur comme il disait. Daren ne comprenait toujours pas en quoi son sang mêlé était un problème en soi, mais Tuzan lui avait assez fait de leçons dessus pour que ça le travaille franchement. Ca lui avait suffit pour lui semer les graines de la méfiance et de la prudence perpétuelle dans l'esprit du jeune lycanthrope. Le lunaire était-il voué à vivre une vie entière dans l'ombre? La présence de Saruwatari à ses côtés lui fit espérer que non. Tout le monde avait le droit à une chance, même lui, quoi que Tuzan ait pu en penser ou dire par le passé. |
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Dim 5 Déc 2010 - 2:31 | |
| Bon sang de bois, il avait un don tout particulier pour m’exaspérer et je lui tirai la langue. Pourtant sa présence me rassurait et me faisait du bien. Je haussai les épaules et grignotai un bout de fromage.
« Oui ben tu pourrais au moins prévenir que je n’ai pas à te voir dans ton plus simple appareil. Je peux faire un feu alors, histoire de se réchauffer un peu. »
Je me levai et ramassai quelques brindilles. Rien que de penser aux mauvaises rencontres, je frissonnai. Ôpoual pointa le bout de son nez et fila se lover contre le cou de Daren, je soupirai. Un joli petit fagot de bois en mains, je revins et allumai un feu. Je ne pouvais détacher mon regard du dos de Daren. Il ne semblait pas heureux, comme poursuivi par quelque chose. Je ne voyais pas comment l’aider. Djebel s’approcha de moi et se coucha. Je pendis les affaires à une branche, on ne savait jamais. Je fus surprise de sa question, lui qui ne parlait pas beaucoup.
« C’est à plusieurs jours d’ici. Dans mon village, nous essayons de vivre le mieux possible. Nous avons réussi à être en communion avec la nature mais le prix à payer est l’isolement. Rares sont les voyageurs qui s’arrêtent chez nous alors nous ne sommes pas au fait des dernières inventions, des derniers écrits, des dernières façons de vivre. Alors nous avons un rituel de passage à l’âge adule. En effet tout jeune de 17 ans doit partir de chez lui pendant trois ans. Le but de ce voyage est d’abord de nous adapter aux autres et d’en rapporter le meilleur afin de vivre dignement. »
C’était la première fois depuis mon départ que je repensais aux miens. Même s’ils me manquaient, je n’étais pas triste car bien décidée à revenir chargée de merveilles. Et puis peut-être que je croiserai Myrth sur la route, nous pourrions alors échanger nos informations et poursuivre ensemble. J’espérai juste que si c’était le cas, Daren resterait avec nous. Je me mordis les lèvres, hésitant à lui retourner la question. Un petit silence s’installa pendant lequel je plaçai mes mains au-dessus des flammes.
« Rien de bien extraordinaire en somme mais pour nous, c’est un voyage des plus importants. »
Je préférai taire toute notion de danger, la vie était ainsi faite et certains des nôtres n’étaient jamais revenus. C’est pour cela que ce voyage avait un double sens pour moi, je voulais aussi leur rendre hommage et j’espérai obtenir des informations pour pouvoir apaiser la douleur de leur famille lors de mon retour. Je chassai cette peine qui commençait à m’envahir et souris.
« Et toi Daren ? Quel est le but de ton voyage et d’où viens-tu ? »
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Dim 5 Déc 2010 - 4:02 | |
| Daren écouta attentivement, mine de rien, la réponse de Saruwatari. Les yeux rivés sur son médaillon, il sentit le petit truc de poils venir se nicher contre lui. Il l’accueillit d’une légère caresse sur le sommet du crâne. Continuant de scruter son médaillon, il répondit d’un ton assez bas et grave :
- Ainsi donc, c’est une tradition de ton peuple ?... Enfin, propre à ton village. Pourquoi vous êtes-vous isolés ?
Il se rendit finalement compte qu’il avait un peu jugé précipitamment l’humaine. Il reconnaissait sans mal qu’il lui avait fallu un certain cran pour quitter les siens, même pour un voyage initiatique comme celui-là. Pour lui c’était différent, il n’avait pas vraiment d’attache, pas de famille, pas de « village »... Il n’avait eu que son tuteur pour simple compagnie, et pour tout dire, la vie à ses côtés n’avait jamais rien eu de réellement plaisant pour lui. Lorsque Saruwatari lui posa sa question, il laissa un silence planer un bon moment avant de répondre, tentant de bien choisir ses mots pour lui éviter des explications quelque peu compromettantes à son encontre.
- Moi ?... Et bien... Je...
Il ne savait pas vraiment quoi dire. Il était parti de sa forêt parce que Tuzan avait subitement disparu un matin, sans laisser de traces, et qu’il avait dû s’enfuir presque de là où il était, une forêt qu’il connaissait comme sa poche. Subitement, un déclic lui vint. Pourquoi était-il parti de la forêt à la base?... C’était chez lui après tout, alors qu’est-ce qui l’avait poussé à fuir ainsi ? Sur le coup, Daren n’avait pas pensé à son potentiel apprentissage. Il n’avait eu qu’une chose en tête, c’était d’aller vers la plaine à l’ouest de la forêt des damnés. Au final, qu’est-ce qui l’avait amené à agir de la sorte ? La question lui parut soudainement importante. Un instinct ? Une idée ? Peut-être l’envie profonde d’aller retrouver une trace de ses parents maintenant que son tuteur avait disparu ? Il n’en savait fichtrement rien.
- Je viens de Thaodia... De la forêt qu’on appelle la forêt des damnés... C’est là que je suis né... Et que j’ai grandi... Isolé peut-être bien aussi... Quand à la raison de mon voyage...
Il marqua une pause, tentant vainement de trouver une explication. Il finit par lâcher :
- J’en sais rien.
Le stress remonta un peu le long de ses tripes. Il avait l’impression qu’au final, Tuzan avait raison à son sujet. Serrant son médaillon dans sa main, il poursuivit du même ton :
- Peut-être que je cherche juste à savoir si moi aussi je suis prêt pour un rituel de passage... Mais lequel, je sais pas. En tout cas, je sais au moins que d’être parti de ma terre natale m’a fait réfléchir plus qu’en 15 ans de vie réunie jusque là...
Quelle ironie, vraiment. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Dim 5 Déc 2010 - 11:47 | |
| Ôpoual avait senti son désarroi aussi, ne bougeait-il pas, reniflant juste son cou de temps en temps. Il apprécia la caresse et ses petits yeux fixèrent le médaillon. Djebel quant à lui avait posé sa tête contre mon épaule gauche et je le gratouillai longuement. Ce moment de calme était fort appréciable et me permettait d'en savoir un peu plus sur Daren même s'il ne semblait pas vraiment à l'aise à parler de lui.
"Tout à fait, une tradition honorable. Cet isolement remonte à loin maintenant, il faut savoir que nous sommes des descendants de femmes et d'hommes de le tribu de Tarik. Disons qu'à cette époque, certains ont quitté la tribu pour divergences d'opinions et ont traversé tout Oryenna. Malheureusement ou heureusement, je ne puis le dire aujourd'hui, même si l'une de leur envie était de se mêler aux autres, on ne chasse pas facilement des décennies de méfiance et de haine. Alors petit à petit, grâce aux nouvelles générations nous nous ouvrons mais il faut savoir être patient, tout ne se construit pas en un jour."
Je me tus alors qu'il se livrait un peu avec difficulté. Repliant les genoux, je nouai mes bras autour et logeai mon menton dans le creux. Etait-il perdu ? Cherchait-il les siens ? Il était étrange qu'il ne parle pas d'eux. Je n'osai faire de remarques même si cela me démangeait grandement. D'après les contes que l'on m'avait appris, les lycans vivaient en meute. Etions-nous si en retard pour ne pas avoir eu connaissance de cette évolution de leurs coutumes ? Dégageant un de mes bras, je fouillai dans ma besace et en sortis mon carnet. Je couchais mes questions sur les feuillets grossiers et en profitai pour réaliser une autre esquisse de mon compagnon de route.
"Je ne connais pas Thaodia et encore moins la forêt des Damnés. Rien que son nom est dissuasif je trouve, enfin c'est mon avis hein. Loin de moi l'idée de critiquer ta terre."
Je souris, agréablement surprise par son honnêteté et hochai la tête. Les branches léchées par les flammes gourmandes craquèrent. La nuit n'allait pas tarder à répandre son voile sur les bois et je n'arrivais pas à me reposer. Je me frottai les bras et me rapprochai du feu. La chaleur me décrispa les mains et je pus achever mon dessin. Je refermai les carnet et le remis à sa place.
"Au moins c'est franc et entre nous, c'est plutôt un avantage, ainsi tu n'as pas de contraintes. Tu peux faire ce que bon te semble, c'est plutôt chouette, je trouve. Quel est ce rituel de passage dont tu parles ? En quoi consiste-t-il ?"
Mes yeux balayèrent les alentours, tout semblait si calme, peut-être trop d'ailleurs. Voyager de nuit, je pressentais une catastrophe, ou alors était-ce tout simplement ma peur qui me dévorait les entrailles. Comme j'aurai aimé avoir la confiance de Daren mais il n'en était rien, toutefois, je voulais me comporter comme quelqu'un de fort pour une fois. J'allais devoir prendre sur moi et pas question de nous ralentir ou de m'affoler pour un rien. La voix de Daren me berçait et me rassurait, j'étouffai un rire à ses propos.
"Il n'est jamais trop tard pour réfléchir ! 15 ans, ce n'est rien, tu as encore beaucoup de temps devant toi. D'ailleurs les lycans ont quelle espérance de vie ?"
Je constatai avec plaisir que j'étais l'aînée et j'entendais bien user de ce pouvoir. En même temps, je n'étais pas sûre que chez les loups-Garous cela importait réellement. Non parce que s'il fallait que je me batte pour me faire respecter en tant que plus ancien, autant oublier cette idée de suite. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Dim 5 Déc 2010 - 19:31 | |
| Daren se tourna sur le dos, le truc de poils suivit le mouvement contre sa gorge. Il regardait toujours son médaillon, fixant en l’air et écoutait encore avec attention Saruwatari. Il hocha doucement la tête.
- Je ne connais pas la tribu de Tarik... Mais si les tiens ont préféré s’écarter d’eux, ils devaient avoir de bonnes raisons. Vos générations futures continueront de faire évoluer votre peuple, que ce soit dans un bon ou dans un mauvais sens...
Le dialogue avec l’humaine lui donnait des sensations bizarres, c’était étrange de parler de lui, d’échanger son histoire ou même de s’ouvrir un peu à quelqu’un d’autre. Il avait l’impression de transgresser l’un de ses propres codes. Mais, à son sens, ce n’était pas si désagréable, et il voulait pousser plus loin la chose pour comprendre ce qu’il ressentait.
- Elle porte ce nom à cause de ses résidents. Notre race prime sur la loi du plus fort et cette règle s’applique à tous, sans exception, jeunes comme adultes ou anciens, quelque soit notre statut. Ainsi, pour avoir une place importante dans une meute, il faut la mériter et savoir la conserver. Un chef de meute peut se voir perdre la face lors d’un combat avec un plus jeune membre ou un plus puissant que lui qui cherche à prendre sa place. Lorsque cela se produit, celui-ci est banni à tout jamais de sa meute. Tous les bannis, à ce que j’ai compris, ont fini par se réunir dans cette forêt, formant ainsi une autre meute à part entière, féroce et sans pitié. On raconte qu’elle serait peut-être même la meute la plus importante, même comparée à chacune des cinq dominantes de Thaodia. Aucun chef de Clan n’a jamais osé pénétrer cette forêt sans en mesurer le danger. Les cinq meutes qui se sont partagées Thaodia sont : la Meute de Nord-Bois, qui règne sur le Nord, la Meute de Croc-Noir régnant à l’Ouest, la Meute de Hurle-Vent, qui domine les terres à l’Est, la Meute de Sang-Chaud dominante du Sud et la Meute de Drack qui, elle, s’est établi au Centre.
Tuzan lui avait tant et tant rappeler toute l’histoire et les règles du peuple lycanthrope qu’il les récitait presque par cœur. Daren se sentit plus à l’aise, car cette petite explication lui remit bien des choses en tête, laissant passer ses songes sur le côté. Le reflet de son médaillon faisait ressortir le grenat de ses iris. Il poursuivit :
- La forêt des Damnés m’a vu naître et m’a bercé jusqu’à aujourd’hui, aussi loin que je me souvienne. Eviter la Meute des Bannis, sans compter les loups solitaires, faisait parti du quotidien...
Il tourna son regard rouge vers elle, calme et serein. Elle venait de ranger son carnet. L’avait-elle encore dessiné ? Il avait du mal à se faire à cette idée de finir présent sur une feuille de papier, représenter par quelqu’un d’autre. Intérieurement, cela le faisait quelque peu frissonner. Elle tendait ses mains vers le feu, la température baissait et la nuit approchait à vue d’œil.
- Je ne sais pas si je passe un rituel quelconque, et encore moins du coup en quoi il devrait consister si s’en est un... Je ne crois pas de toute façon que ce soit le cas.
Il se releva s’étirant, la boule de poils sur son épaule. Remettant sa peau de bête sur ses épaules et son paquetage, il lui répondit en la fixant dans les yeux.
- En temps normal, à ce qu’on m’a dit, ceux de ma race sont censés vivre autant d’années qu’un humain. Après, je pense que ça doit dépendre de son déroulement de vie, et de ses affrontements... Etre tué pour une convoitise de domination, de territoire et j’en passe, est apparemment monnaie courante chez les miens. C’est pour cela qu’on est forgé à la survie et à l’entrainement physique constant. Sinon c’est la mort qui nous attend. L’âge ne permet aucunement d’échapper aux règles... Si un ancien peut tuer un jeune susceptible d’être un rival potentiel, il le fera sans hésiter, tant que l’autre demeure encore assez faible pour ne pas pouvoir en réchapper.
Daren s’étonna de répéter mot pour mot les dires de son tuteur. Cela le fit froncer les sourcils et grogner très légèrement. Pour Saruwatari, ses explications devaient avoir des allures de discours sur des sauvages sans bornes. Mais les règles étaient tellement compliquées... Faisant un peu craquer sa nuque, il attendit qu’elle se prépare pour se remettre en route.
- La nuit ne va pas tarder, on peut commencer à se rapprocher du terrain dégagé. Il va falloir trouver de quoi couvrir les sabots du cheval avant ce passage, afin que toutes les chances soient de notre côté. |
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Dim 5 Déc 2010 - 20:07 | |
| « La tribu de Tarik est réputée pour son acharnement envers les étrangers. En bref, ils assassinent tous ceux qui sont différents. De plus ces femmes et ces hommes ne voulaient pas se mêler aux autres peuples. Ce sont les deux principales raisons du déchirement de cette tribu. De cette appartenance, nous avons conservé notre relation avec la nature et nous n’avons plus jamais entendu parler d’eux. J’espère juste que nous poursuivons sur la bonne voie. »
Daren avait bougé un peu et ne me tournait plus le dos, je prenais cela comme une marque de confiance. Il semblait obnubilé par son médaillon, quelle importance pouvait-il bien revêtir pour lui ? Je l’écoutais avec effroi, on était bien loin de notre manière de procéder quant à la direction de notre tribu. Cinq meutes, bon sang de bois, je n’aimerai pas me retrouver entre elles. Thaodia, voilà un territoire où je n’étais pas pressée de mettre les pieds. Je frottais mes bras puis resserrai mon manteau. Bonjour l’enfance d’un loup-garou, j’étais heureuse d’être une humaine et remerciai le jour qui m’avait vu naître parmi les miens. Je hochai la tête à ses propos et détournai le regard. Ses yeux me fascinaient, c’était bien la première fois que j’en voyais d’une telle couleur. Peut-être qu’un jour, j’aurai le courage de lui demander pourquoi son regard était grenat. Je l’imitai et me levai, Djebel faisant de même. Il s’ébroua et je l’harnachai.
« Et jamais vous n’avez eu l’idée d’élire votre chef de meute par un consentement mutuel ? Enfin je veux dire, que tout le monde donne son avis. Que se passe-t-il si votre chef est disons « fou » et prend le risque de mener la meute à une mort certaine ? Je te demande cela car c’est ce qui serait arrivé à Tarik. Il aurait disparu avec certains des siens, dans le temple noir. »
J’avais rangé mon carnet, il me faudrait donc tout garder en mémoire pour le retranscrire. Je tournai la tête et le regardai un instant. Ainsi donc ils avaient la même espérance de vie que les humains, cela me surprit. J’aurai pensé qu’ils vivaient plus vieux. Mais en étant mi-animal, mi-humain, ils avaient de la chance que leur côté homme l’emporte pour l’âge.
« Dis-moi, cela te dérange si je note tout ce que tu me dis ? Je comprendrais hein ! Pour les sabots de Djebel, j’utiliserai mon linge restant. »
Je soupirai rien que d’y penser et attrapai le linge qui pendait encore. A l’aide de mon couteau, je le tailladai un peu. Je bandais soigneusement les sabots de mon cheval, y ajoutant de la mousse. Pour le reste, je lui avais appris à rester silencieux sur un simple signe. Une fois les quatre sabots prêts, j’étouffai le feu et répandis les cendres. Ma besace autour de mon cou et mon bâton en main, je fis signe à Daren que j’étais prête pour reprendre la route. Il ouvrit le chemin et nous le suivîmes silencieusement. Je décidai de faire la sourde oreille aux bruits de la forêt et me fier à mon compagnon de route. Nous prîmes un sentier défraîchi, encore à l’abri pour un moment. J’observais le lycanthrope se déplacer et calquais mes pas sur les siens. Une question me brûlait les lèvres mais il était un peu tard. Daren semblait connaître cet endroit, cela m’intriguait. Etait-on chez lui ? Une sueur froide me fit trembler et je priai intérieurement pour que cela ne soit pas le cas.
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Dim 5 Déc 2010 - 21:23 | |
| Soufflant un air amusé, Daren secoua la tête en écoutant Saruwatari et ses idées « d’élection ». Tandis qu’elle s’occupait de son cheval, il lui répondit :
- En fait, aucun lycanthrope digne de ce nom, en l’état actuel des choses, n’acceptera qu’un autre soit élu s’il se sent capable de mener à sa place. C’est comme ça que les choses fonctionnent depuis très longtemps maintenant. On ne chasse pas facilement des décennies de désir d’affrontement et de recherche de puissance. Si un chef est « fou », ça dépend de sa folie et de sa meute... S’il est jugé comme dangereux par la meute, elle le tuera et un nouveau chef devra se distinguer, ce qui peut prendre plus ou moins de temps, rendant la meute vulnérable d’ailleurs. Après, si la meute considère que le chef a raison dans sa folie, elle le suivra jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix. Tout dépend donc des raisons et du point de vue...
Observant ce qu’elle faisait, il continuait, se remémorant les histoires que Tuzan lui décrivait les nuits de pleine lune.
- On m’a raconté que, dans l’histoire de notre peuple, il y eut deux grands meneurs capables de rallier tous les Clans de loup-garous. Le premier se nommait Drack Longshadow. C’est lui qui aurait permis aux lycanthropes d’avoir une terre et un blason redoré par ses décisions. C’est aussi lui qui est à l’origine de la Meute de Drack à ce qu’on dit. On raconte qu’à sa mort, il a été enterré sur le territoire de celle-ci. A l’époque, il avait été effectivement élu à la tête de notre peuple. C’était une figure modèle que beaucoup aimaient prendre pour exemple, il a aidé son peuple, que ce soit en Thaodia ou en dehors. C’était un Être honorable et admirable, aucun loup-garou à ce jour ne dirait le contraire, je pense. Par la suite, environ un demi-siècle plus tard, il y eut la louve que l’on appelait Karin. Elle a prit le pouvoir naturellement, on ne sait trop comment, mais ce fut une nouvelle ère pour ceux de notre race. Malgré le fait que personne n’ait su réellement à quoi elle ressemblait, aucun n’eut à se plaindre de sa prise en main du peuple de Thaodia. Bien au contraire, elle sut mener les nôtres et les apaiser dans leur rage, la terre de Thaodia fut alors une magnifique contrée à cette époque et même prospère économiquement parlant. Selon la « légende » si je peux dire, Karin était discrète, n’apparaissait pas en publique, mais, à ce qu’on disait, elle dégageait une odeur de mer magnifique. Cela ne dura pas longtemps. Au bout de trois ans, un drame a éclaté et Karin fut accusée d’un assassinat envers une humaine assez importante à l’époque. Celle-ci mourut et Karin disparut sans laisser de traces. Quand on m’a raconté l’histoire, on m’a dit qu’une rumeur avait alors circulé comme quoi l’humaine était une traîtresse à son peuple qui complotait contre son Général, et que Karin était en réalité une divinité qui se nommait Anüshka, ce qui expliquait son odeur et son apparence de louve bleue aux rayures jaunes, ainsi que son étrange pouvoir qu’on lui donnait, celui de disparaître en gouttelettes et jets d’eau pour réapparaître ailleurs. Mais après, il peut s’agir aussi d’une divagation de Conteur visant à émerveiller les jeunes louveteaux... Personnellement, je n’ai jamais réellement cru à cette histoire, mais ça fait toujours quelque chose a raconté. Cependant, je crois que certains membres de mon espèce doivent sûrement croire en cette divinité penchée au-dessus de leur tête... Si ça peut les amuser de croire qu’ils auront un coup de pouce venu de nulle part.
Saruwatari terminait ses préparatifs, écoutant son histoire et lui demanda si il était contre le fait qu’elle note ses dires. Il haussa les épaules :
- Si ça t’amuse, je ne vois pas pourquoi je refuserai, c’est juste l’histoire du peuple lycanthrope telle qu’on me l’a raconté...
Pendant qu’elle enveloppait les sabots de son cheval, il se mit à humer l’air et tendre l’oreille. Les animaux nocturnes se réveillaient et il redoutait un peu que des ophales n’en profitent pour venir vers le point d’eau où ils se trouvaient afin de chasser. Une fois l’étalon prêt, ils se mirent en marche rapidement. Il passait devant, plus à l’aise avec sa vision nocturne et ses sens, sans compter sa connaissance du terrain. Posté à la lisière du bois sur une souche haute, il renifla et observa la tour non loin. Il murmura :
- La dernière fois que je suis passé ici, j’étais en loup... Les Êtres là-haut semblent en tout cas moins enclin à observer par ici, mais plutôt en face. Je ne sais pas pourquoi, c’est comme s’ils provoquaient quelqu’un de l’autre côté. Si on reste silencieux et rapides, ça devrait aller...
Il plongea son regard dans le sien, bien camper sur ses jambes et sa souche.
- Reste à pieds, laissons le cheval aussi léger que possible. Si tout va bien, en une heure on aura passé le terrain et on aura atteint la forêt en face qui borde un lac. Ca ira ?... Prête ?... Allons-y.
Toujours devant il emboîta le pas, marchant presque courbé comme un animal. Chacun de ses pas étaient silencieux, on ne l’entendait pas le moins du monde, c’était une ombre parfaite dans la nuit. Tous ses sens étaient en alerte constante, il entendait le rythme cardiaque un peu rapide de Saruwatari, veillant à ce qu’elle ne panique pas. Si elle hurlait, c’était fini pour eux. De ce fait, il restait proche d’elle, même en menant la marche, sentant que sa présence la rassurait mine de rien. |
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Dim 5 Déc 2010 - 22:39 | |
| Je n’en revenais pas du débit qu’il avait soudain. Il était intarissable et ça me plaisait énormément. J’étais heureuse de partager quelque chose avec lui et puis tout cela était fascinant. Daren faisait un excellent conteur et je me projetai sans peine. Je comprenais les agissements de ce qu’il appelait une meute mais bien évidemment, je préférai notre fonctionnement. De toute façon, ce n’était pas à moi de changer cela, si les loups-garous s’en contentaient alors tant mieux pour eux.
« C’est une histoire à la fois belle, cruelle et triste. »
Je m’enfermai ensuite dans le silence, admirant la technique de mon compagnon de route. Bien que j’excellais dans l’art de me déplacer aussi silencieusement que possible dans les bois, je ne lui arrivais pas à la cheville. Djebel suivait me poussant de temps en temps et m’arrachant quelques sourires. Dire que j’étais anxieuse était un véritable mensonge car j’étais tout bonnement terrifiée. Me déplacer dans les Landes Eternelles de nuit ne me posait aucun souci, je connaissais chaque buisson, chaque brin d’herbe mais là. J’avançais en territoire inconnu et l’astre lunaire éclairait avec peine le sous-bois. Bien que mes yeux s’habituaient petit à petit à la pénombre, j’avançais avec difficulté, le regard rivé au sol pour ne pas trébucher sur une racine. L’orée du bois fut enfin atteinte et je suivis son regard.
« Une provocation ? Comment ça ? Où sommes-nous en fait ? »
J’acquiesçai et déglutis avec peine, mon moment préféré était arrivé. Nous avancions complètement à découvert. Un point positif, je voyais un peu mieux et suivais Daren comme une ombre. Je me retins de lui prendre la main pour me sentir un peu plus rassurée, bonjour la honte. Je respirai lentement, prenant de longues inspirations silencieusement. Depuis combien de temps étions ainsi exposés, je n’aurai su le dire, je n’avais pas étudié la position de l’astre lunaire à notre sortie du bois et me maudis intérieurement. C’était comme si j’avais oublié tous mes réflexes de traqueuse. Alors que je jetai un coup d’œil par-dessus mon épaule pour m’assurer que Djebel suivait bien, je déviai légèrement du chemin tracé par le lycanthrope. Bien mal m’en prit car brusquement le sol s’effondra sous mes pieds. Je fus tellement surprise qu’aucun son ne sortit de ma bouche. Par pur réflexe, je mis mon bâton de travers, chaque bout heurtant la paroi de ce qui semblait être un boyau descendant vers le centre de la terre. Au fur et à mesure de ma chute, mon bâton diminuait à vue d’œil alors que mon bras me lançait furieusement. J’étais aveuglée par la poussière et la terre dégagées par les raclements de mon harpon de fortune et soudain, je fus stoppée net. Je ne pus retenir un cri de douleur alors que mon épaule me donnait l’impression de sortir de mon corps. Ma main glissait sur le bâton et je tentai de me maintenir alors que des larmes roulaient sous mes joues tant la douleur me broyait le bras. Ce qui devait se passer arriva et le bâton se brisa en deux. Je chutais de nouveau, m’enfonçant dans les ténèbres.
« Dareeeeeeeeeeeeeeeeennnnnn ! »
Je heurtai violemment le sol, un râle s’échappant de ma gorge et restai un moment sonnée.
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Dim 5 Déc 2010 - 23:52 | |
| Toujours silencieux et discret, Daren avançait encore quand la voix de Saruwatari lui parvint aux oreilles, en écho. Il s’arrêta net et se retourna, voyant le cheval stoppé et qui grattait le sol furieusement. Sa vision lui permit de distinguer le trou en face duquel était l’étalon. Il écarquilla les yeux en revenant au pas de course. Il murmurait d’un air alarmé :
- Bon sang ! Saru !
Calmant le cheval au mieux, une main sur son encolure, Daren se mit à genoux devant le trou qui s’était formé dans ce sol instable et vérifia qu’il ne s’étendait pas. Il ne manquerait plus que le cheval chute aussi. Le truc en poils avait planté ses griffes sur son épaule, couinant en s’affolant. Il continuait de les calmer un peu, leur parlant doucement, mais fermement :
- Chuuut... Si vous vous agitez comme ça je vais jamais pouvoir la sortir de là... Alors, on se calme.
Message reçu, déjà l’étalon s'apaisait et la bestiole était montée sur la selle de celui-ci. Se remettant à genoux, il étudia rapidement la profondeur en appelant toujours d’un ton bas :
- Saru ?... Saru, tu m’entends ?...
Des gémissements et des plaintes s’élevaient d’en bas. Daren commençait à redouter qu’elle se soit brisée quelque chose ou pire. Il grogna un peu et farfouilla dans les affaires attachées à la selle du cheval avant de trouver une corde. Attachant une extrémité solidement au pommeau de la selle, il lança le reste dans le trou et espérait foncièrement qu’elle soit assez longue, mais il en doutait déjà fortement au vue de la distance de la voix de Saru en bas.
- J’arrive, tiens bon... Et toi, je compte sur toi pour pas bouger et utiliser toute la force que la Nature t’as donné quand tu vas nous aider à remonter après...
L’étalon renâcla comme pour approuver ses dires. Le petit truc de poils voulut venir le rejoindre sur son épaule mais il le stoppa.
- Vaut mieux pas, j’aurai besoin de place sur moi pour la remonter. Reste et surveille... Si quelque chose te semble suspect tu... couines à fond.
Aller savoir si il avait compris mais il revint sur la selle sagement, quoi que nerveux. Prenant la corde en main, Daren descendit prudemment, positionnant ses pieds avec des appuis sûrs, avant de s’enfoncer dans ce trou. Il appelait encore tout en descendant :
- Saru ?...
Il l’entendait pleurer en bas. Elle était vivante au moins. Les parois étaient profondément marquées par les traces du bâton que Saruwatari avait utilisé pour ralentir sa chute. Bon réflexe, elle s’était au moins garanti de ne pas y rester. Au bout de quelques mètres, les traces se stoppèrent nettes. Le bâton avait dû céder sous la vitesse de chute et le poids de l’humaine. Misère de misère, c’était quand même relativement haut... Arrivé au bout de la corde, il devait rester à peu près deux bons mètres entre lui et le sol. Lâchant la corde, il se réceptionna agilement au sol, près de l’humaine à terre. Elle était sonnée, mais entière.
- Saru ?
Elle s’éveilla un peu, encore à moitié étourdie par sa chute. Il l’examina rapidement. Apparemment, par il ne savait quel miracle, elle n’avait rien de cassé. En revanche, une de ses épaules était complètement démise. Il déglutit, lui parlant doucement.
- Doucement... Ca va aller... Ne bouge pas trop... Tu as l’épaule démise, je vais te la remettre, mais ça va te faire très mal sur le moment... Dis moi quand tu te sentiras prête.
Il la redressa lentement, et, n’attendant pas sa réponse, il lui attrapa l’épaule et la remit en place d’un coup sec. Il lui plaqua la main sur la bouche pour étouffer son cri. L’effet de surprise n’atténuait pas la douleur, mais mieux valait faire cela vite et sans prévenir plutôt que d’attendre qu’elle se sente la force d’encaisser le choc. Il attendit que le contrecoup passe avant le lui libérer la bouche. L’avantage de cette technique, c’est que sur le moment c’était insupportable, mais après au moins on ne sentait plus rien. Il la regarda, la laissant se remettre à son rythme. |
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Lun 6 Déc 2010 - 0:20 | |
| Je flottais dans une sorte de brume, parcourue de flashs verts, qui ondulait. J’allais finir par être malade lorsque j’entendis que l’on m’appelait. Je tentai de bouger et couiner de douleur. Mon corps était engourdi et ma tête refusait de le contrôler. Je finis par ouvrir les yeux et il me fallut quelques minutes pour faire le point. Il y avait quelqu’un avec moi dont je connaissais la voix mais je ne parvenais pas à le distinguer. Il n’y avait aucune lumière. J’ouvris la bouche et toussai, recrachant la terre que j’avais avalée en grimaçant de douleur. Je parvins enfin à articuler un mot.
« Daren ? »
Je serrai les dents alors qu’il me redressait et encore dans les vaps, je compris à moitié ce qu’il me disait. Sa main se posa sur ma bouche et je paniquai un instant, ne comprenant rien à ce qu’il se passait. Une douleur sans nom me fit hurler et je fondis en sanglots. Aussi soudainement qu’elle m’avait terrassée, la douleur disparut. Je hoquetai un peu et tentai de me calmer.
« Non mais ça va pas ! On peut savoir ce qui t’a pris. Ça fait un mal de chien ! »
L’expression n’était pas des plus heureuses mais je n’étais pas en état de m’en rendre compte. Je ne savais ni où j’étais ni où se trouvaient mes compagnons et je me mis à trembler sans pouvoir m’arrêter. Mes dents s’entrechoquaient violemment et je tâtonnais dans le noir pour finalement agripper Daren. Je constatai que je n’avais plus mal et séchai mes joues de ma main libre sans penser à le remercier.
« Où sont-ils ? Qu’est ce qu’il s’est passé ? Pourquoi fait-il si noir !»
Puis tout me revint en tête et je tâtais mon corps scrupuleusement. Je sentais une légère gêne au niveau de l’épaule mais rien à voir avec la douleur de tout à l’heure. J’étais entière avec quelques égratignures mais tout fonctionnait parfaitement et aucune bosse suspecte n’était décelable sous mes doigts. Je posai ma main sur la joue de Daren et la tapotai doucement.
« Merci. Je ne sais pas comment tu as fait mais merci. »
Je me redressai avec peine, m’aidant de la paroi et restai un moment appuyée dessus. Mes jambes me flageolaient tellement que je craignais qu’elles ne cèdent. Glissant une main dans ma besace, je m’assurai que tout était en état et surtout encore dedans. Je cherchai Daren des yeux et pestai, complètement aveugle. En levant la tête, j’aperçu une faible lueur si lointaine. Je me sentais bien incapable d’escalader même un tout petit rocher.
« Et maintenant on fait quoi ? »
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Lun 6 Déc 2010 - 0:54 | |
| Voilà qu’elle l’engueulait. Daren mit cela sur le compte du choc et demeurait calme en continuant de voir si elle allait bien. Au moins, si elle était en colère après lui, c’était que tout était pour le mieux. Elle posait trois tonnes de questions, effrayée et en larmes. Il lui murmurait d’un air serein :
- Ils sont en haut, Saru, et ils vont bien. Tu es tombée dans ce trou qui s’est formé je ne sais pas comment sous tes pieds et tu as chuté dedans. On est sous terre, c’est pour ça que c’est aussi sombre dans le coin.
Elle tremblait énormément et bientôt elle s’agrippa à lui avant de finir par passer sa main sur une de ses joues, ce qui le mit profondément mal à l’aise, mais il n’en montra rien. Il gardait les mains au sol, sans la tenir contre lui, grognant d’un son à peine audible. Il fit assez sèchement :
- C’est rien, y'a pas de quoi...
L’aidant à se redresser, la laissant prendre appui sur lui, il restait attentif à ce qu’elle se perde pas connaissance. Devoir la remonter inconsciente n’était pas une idée qui l’enchantait vraiment. Elle reprenait ses marques et son équilibre, mais restait relativement faible. Impossible pour elle d’escalader les parois, même avec la corde.
- On va remonter, Saru. Je vais te porter sur mon dos, et on va sortir de là. D’accord ?
Tandis qu’elle hochait la tête en silence, il défit sa ceinture, puis celle de l’humaine rapidement avant de les attacher ensemble. Il la laissa grimper sur son dos, passant outre ses marmonnements du fait de lui avoir ôter sa ceinture sans demander la permission. Elle aurait bien le temps de lui râler dessus plus tard. Une fois sur son dos, il passa la double ceinture autour d’eux et la serra assez fort pour la maintenir contre lui au cas où elle n’aurait pas assez de force pour se tenir à lui. Une sécurité non négligeable... Tandis qu’elle passait ses bras autour de son cou, il inspira profondément.
- On y va. Accroche toi bien, et évite de m’étrangler s’il te plait...
Avec le poids supplémentaire, il allait devoir faire attention pour reprendre la corde en main. Calculant minutieusement son coup, il prit un bon élan et s’agrippa à la paroi avant de grimper jusqu’à la corde qu’il attrapa fermement. Tout en soufflant un peu, il commença à remonter le long de celle-ci en lançant en haut :
- Tire ! Aller !
Sans s’y attendre vraiment, la corde remonta doucement en même temps que lui. Ses muscles étaient durs au possible sous l’effort, il voulait éviter au cheval de trop se fatiguer aussi. Son souffle était à la limite de celui d’une bête, il était totalement concentré et attentif à chacun de ses appuis. Ils avaient déjà parcouru quelques mètres. |
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Lun 6 Déc 2010 - 1:15 | |
| Sa voix me parut bien froide et je me sentis penaude. Sans savoir de quoi, je m’excusai. Sortir de là était tout ce que je désirais et j’opinai de la tête. En un rien de temps, il avait défait ma ceinture et je grommelai. Quand même on n’était pas à une minute près ou si peut-être. Je me dandinai d’un pied sur l’autre, gênée par cette promiscuité fortuite et grimpai finalement sur son dos. Lorsqu’il serra d’un coup les ceintures, j’eu l’impression que mon ventre se vidait de tout son air et je bougonnai de plus belle. Je m’accrochai tout en essayant de ne pas l’étrangler comme il me l’avait demandé et poussai un petit cri lorsqu’il bondit. Je sentais chacun de ses muscles rouler alors qu’il escaladait pour finalement attraper une corde. Je souris car forcément de l’autre côté se tenait Djebel. Ses muscles tendus contre ma peau et la chaleur qu’il dégageait me firent virer écarlate. Non franchement cela ne se faisait pas et en même temps on n’avait pas vraiment le choix. Je relevai la tête.
« Recule Djebel ! Recule ! »
La remontée fut un peu plus rapide car même s’il y avait un certain poids, je connaissais les capacités de mon cheval. Alors que nous atteignions presque la sortie, je dépliais bras et jambes pour soulager la corde un peu plus. Ma main droite me brûlait mais je serrai les dents et enfin je sentis l’air frais sur mon visage. D’un bond souple et puissant, Daren nous mena sur la terre ferme et oubliant toute prudence, j’éclatai de rire, soulagée. Une boule de poils se rua sur moi, me reniflant à tout va alors que Djebel nous rejoignait pour nous pousser de ses naseaux.
« Doucement. Laissez-nous nous détacher avant. Tout va bien, là c’est fini. »
Je n’osais pas trop bouger ni même essayer de défaire la ceinture, c’était déjà bien assez embarrassant comme cela. J’observai ma main à la lueur des rayons lunaires et soupirai, rassurée. Ma paume était écorchée et saignait légèrement mais sans plus. Il me faudrait juste la nettoyer et mettre un cataplasme de plantes. Je me retrouvai soudain sur mes pieds et surprise, je basculai sur les fesses. Daren venait de défaire la ceinture et je levai les yeux au ciel. Quelle délicatesse alors !
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Lun 6 Déc 2010 - 1:54 | |
| Remontés à la surface, Daren soufflait à plein régime, un peu en sueur et brûlant. La boule de poils et le cheval étaient venus aussitôt voir si elle allait bien. Debout, il défit la double ceinture sans prévenir et laissa l’humaine choir sur ses fesses. Il se retourna, respirant bruyamment, défaisant les deux ceintures et rendant celle de Saruwatari à sa propriétaire, il remit la sienne autour de sa taille et s’étira un peu en inspirant un grand coup. Au même moment, une odeur de fer typique lui arriva aux narines ce qui le raidit d’un coup. L’humaine s’était entaillée la main et saignait un peu. Voilà quelque chose qu’il était loin d’avoir prévu. Il grogna d’un air nerveux et lança un regard presque prédateur.
- Tu devrais couvrir cette plaie... Avec un linge, n’importe quoi. En fait tout de suite. Dépêche toi.
Son ton était plus grave que de coutume et son attitude avait viré à celui d’un animal qu’on aurait pu dire en rut tant il avait l’air agité. L’odeur du sang lui avait donné comme une décharge dans tout le corps, piquant ses nerfs insupportablement, lui donnant chaud et surtout faim. Secouant la tête histoire de garder son esprit clair, il s’écarta un peu d’elle, la laissant envelopper sa main et attendit un peu avant de se remettre en marche.
- On est plus très loin, la forêt n’est qu’à une demi heure de marche... Monte sur le dos du cheval, ça ira plus vite...
Ses muscles se contractèrent sous la pression de ses nerfs. Il commençait à sentir la faim le gagner. Il allait falloir qu’il chasse une fois qu’ils s’arrêteraient pour se reposer. Son esprit était entrain de laisser la bête s’exprimer plus qu’elle ne devrait. Il grogna encore, en sourdine, et inspira profondément avant de reprendre une allure silencieuse et agile, ses sens encore plus en alerte entre son état et ce qui s’était passé avec la chute, probablement assez bruyante, de Saruwatari. Il gardait toujours un peu de distance avec celle-ci, redoutant son attitude instinctive face à l'odeur de sang qu'elle pouvait dégager. La tête lui tournait un peu, la bête avait faim. Il accélérait le pas sans s'en rendre compte. |
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Lun 6 Déc 2010 - 2:15 | |
| J’ouvris des yeux ronds et m’exécutai aussitôt, son ton ne plaisantant pas le moins du monde et son regard me terrifia. Je déchirai un pan de ma chemise et me bandai la main avant de la recouvrir de boue. Ôpoual était caché sous mes cheveux et me donnait de petits coups de museau. Je secouai la tête et flattai l’encolure de Djebel avant de nouer ma ceinture autour de ma taille.
« Non Daren pas après l’effort qu’il vient de fournir, je me débrouillerai. »
Je ramassai un bout de bois presque aussi haut que moi et je le suivis sans autre mot. La distance augmentait au fur et à mesure entre nous mais pas question de lui demander de ralentir. Je prenais sur moi, si je n’avais pas chuté dans ce trou, nous n’en serions pas là. Djebel trottinait presque sur place derrière moi, me poussant. Je fus vite en sueur et mon corps devint douloureux mais je serrai les dents. Lorsque je franchis enfin la lisière du bois, je m’appuyai contre un arbre pour reprendre ma respiration. Je détachai mon outre de la selle et en bus quelques gorgées. J’étais exténuée et mon corps était en feu mais hors de question de me plaindre. Je regardai Daren et plissai les yeux.
« Tu devrais aller te nourrir, en attendant je vais nous dégoter un coin pour nous reposer. »
Je n’attendis pas sa réponse et quittai le sentier pour m’enfoncer à travers la broussaille aussi silencieusement que possible. Une dizaine de mètre plus loin, je dénichai un abri en haut d’un petit mont. Un seul arbre se trouvait là, entouré de quelques roches mais la vue était parfaite sur les alentours. Je récupérai le camouflage sur le dos de Djebel et le fit tenir entre deux roches. Ceci fait, j’allumai un feu et laissai mes compagnons souffler un peu. Quant à moi, je devais trouver de quoi me nourrir. Il me restait encore un peu de fromage et du saucisson mais cela ne suffirait pas. Je partis donc à la recherche de racines et avec un peu de chance, je trouverai peut-être un ruisseau et donc du poisson. Il y avait aussi la solution des œufs mais je ne me sentais pas de grimper aux arbres. Je fis rapidement demi-tour, en proie à un léger malaise et pestai en m’asseyant près du feu. Je câlinai mon furet alors que Djebel broutai suffisamment près pour que je l’ai à l’œil. Je ne parvenais pas à me détendre, revoyant sans cesse le regard et l’air de Daren, je me traitai de tous les noms.
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Lun 6 Déc 2010 - 3:04 | |
| La plaie recouverte de tissu et de boue, l’odeur du sang était plus que diminuée, lui permettant de réduire la distance entre lui et Saruwatari. Une fois arrivés à la lisière de l’autre forêt, Daren respira profondément et se détendit un peu en laissant l’humaine prendre du repos et surtout son souffle. Il l’observait mine de rien, pour voir si elle n’allait pas faire un malaise à la suite de ses épreuves. Lorsqu’elle lui suggéra d’aller chasser, il hocha la tête, se déshabilla rapidement, lui confiant ses affaires avec son brassard et son médaillon avant de partir dans la forêt en se transformant.
Chemin faisant, il songeait à l’effort qu’il lui avait imposé malgré son état et se dit qu’il y avait peut-être été un peu fort. Mais dans le fond, ce qui l’avait gêné le plus, c’est de rendre compte après coup qu’il venait de la sauver, sans réfléchir un seul instant. Ce genre de réflexe ne lui ressemblait pas vraiment, c’était même la première fois que cela se produisait. Tuzan lui aurait déjà fait regretter ce geste de bien des façons. Les faibles mouraient, les forts survivaient, c’était dans l’ordre des choses et peu importe le prix. Etrangement, il se laissa aller au doute quand à cette règle que son tuteur lui avait dicté... Il y repenserait plus tard, pour l’heure, la chasse était ouverte. Sur ses quatre pattes, sa transformation achevée, le loup noir se secoua et s’étira avant d’humer l’air après s’être soigneusement roulé dans la boue fraîche. Le coin n’était pas trop fréquenté, mais quelques senteurs lui effleurèrent le museau. Il se mit à se diriger vers celles-ci d’un pas rapide et silencieux. La liberté offerte le détendait complètement, il ne pensait plus à rien d’autre que sa proie, les parfums de la forêt le comblaient et bientôt il put repérer une future victime. Un jeune cochon sauvage. Assez gros pour faire son affaire, ça devait être un jeune adulte. Il était seul, loin de sa harde à sentir les odeurs alentours. C’était parfait, la chasse serait rapide. Prenant tout de même ses précautions élémentaires, le prédateur se glissa face à la légère brise nocturne, et se rapprocha de sa proie, cette fois gardant ses deux yeux irisés bien ouverts. Il voulait que sa victime le voit... Ce qui ne tarda pas. La bête se paralysa face à ces deux cercles brillants annonciateurs de sa mort imminente. Elle n’eut pas le temps de fuir, déjà son sang se déversait dans l'énorme gueule de son attaquant. Le coup, aussi vif que précis, n’avait pas pardonné une fois de plus.
Se secouant un peu, reniflant légèrement l’air, le loup reprit l’animal dans sa gueule et le transporta vers l’endroit où Saruwatari avait déniché leur nouvel abri. L’air semblait un peu chargé, le prédateur le sentit presque aussitôt qu’il entra dans le périmètre de l’abri. L’humaine était encore nerveuse et anxieuse. Entrant doucement dans la grotte, il relâcha le porc sauvage doucement sur le sol, puis il se recula vers l’entrée pour reprendre sa forme humaine. Un peu boueux de nouveau, il remit son médaillon et son brassard ainsi que ses vêtements avant de revenir vers elle en traînant le corps de la bête près du feu.
- Comment te sens-tu ?
Il regretta aussitôt d’avoir posé sa question, jurant intérieurement contre lui-même d’être aussi attentif pour quelqu’un d’autre que lui. Conservant un air calme malgré tout, il s’installa et prit la lame accrochée à son sac pour retirer la peau de l’animal, beaucoup plus adroitement que lorsqu’il avait dépecé le faon. Cette fois le geste était précis, maîtrisé et complet.
- Tu devrais en manger un peu, ça te fera reprendre des forces non négligeables...
Son ton était un peu détaché, comme s’il cherchait à ne pas se montrer bienveillant ou quoi que ce soit dans le genre. Son attitude quelque peu altruiste ne lui plaisait pas, il n’était pas censé agir ainsi. La voix de son tuteur résonnait un peu dans sa tête, de manière diffuse mais bien présente cependant. |
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Lun 6 Déc 2010 - 3:34 | |
| J’avais posé ses affaires dans un coin et gardé le médaillon et le brassard en main. Lorsqu’il revint, j’étais comme absente et lui tendis mécaniquement ses affaires, mes yeux fixant les flammes. Sa première question mit un temps fou à déchirer la brume de mon esprit. Je haussai les épaules et hochai la tête pour lui signifier que tout allait bien. Ma main me brûlait toujours autant mais je ne le montrai pas. Je rageai de m’être montrée si faible et me levai. Je posai Ôpoual tout prêt du feu, le message était clair et il couina mais ne bougea pas. Djebel releva la tête me regardant et je lui fis un signe négatif.
« Je n’ai pas faim, merci. »
Je sortis de l’abri et m’éloignai pour trouver un ruisseau. J’étais dans un état second et la peur avait reflué loin, tout au fond de mon être pour se taire enfin. Mes instincts de traqueurs refirent surface et je pris mes repères avant de m’enfoncer plus loin dans les bois. J’étais vexée comme un pou et j’avais mal partout, encore et toujours. Petite chose si faible, incapable de se débrouiller seule. Je me demandai comment j’avais bien pu faire pour ne pas mettre mes compagnons en danger. Je ne regardai pas où j’allai mais mon cerveau lui notait tout. Les bruits de la faune nocturne emplissaient l’air, comme une étrange mélodie aux paroles incompréhensibles. Un bruit d’eau me fit légèrement bifurquer sur la droite et bientôt je tombais sur une rivière. Otant ma bande, je trempai ma main et frissonnai, l’eau était glacée. Je laissai les larmes de la terre me laver la main puis la retirai. J’en profitai pour laver la bande de tissus puis fouillait le sol du regard, courbée au plus que je pouvais malgré mon corps endolori. Je finis par trouver mon bonheur en l’Ajuga genevensis. Je fus surprise d’en trouver ici mais cela m’arrangeait bien au final. Je cueillis une plante et la mâchai longuement. Formant une sorte de pâte, je l’étalai sur mes écorchures puis bandai de nouveau ma main. Une bonne chose de faite et je dus bien avouer que je mourrai de faim mais je voulais me débrouiller par moi-même. Daren en avait déjà fait assez et je fermai les yeux pour me détendre. Malheureusement pêcher au harpon de nuit se révélait impossible, je ne voyais pas les poissons. Je posai mon front contre l’écorce d’un arbre et marmonnai un moment toute seule. Epuisée, j’étais épuisée et mes émotions commençaient à déborder, ce qui m’agaçait encore plus et n’arrangeait en rien mon état. Je ne voulais pas m’avouer que j’avais vraiment eu peur de mourir l’espace d’un instant. Avais-je seulement les épaules pour réaliser un tel voyage ? M’étais-je réellement suffisamment préparée ? Qu’est-ce-que je cherchai à prouver vraiment ? Je fis demi-tour et plongeai mon autre main dans l’eau pour débarbouiller ma figure. Je finis par ôter mes vêtements et entrai dans l’eau, grelottante, j’avais besoin de me laver comme pour ôter la honte qui me recouvrait le corps. Je saisis du gravier, dormant dans le lit du ruisseau et me frottai énergiquement la peau.
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Lun 6 Déc 2010 - 4:20 | |
| Daren ressentit l’état de Saruwatari et la laissa prendre du recul à sa manière. Elle avait bien le droit de s’isoler un peu pour faire le point. En revanche, ça n’avait pas l’air d’être l’avis de son camarade de poils qui couina lorsqu’elle s’éloignait dehors. Le jeune lycanthrope se contenta de continuer à dépecer sa proie proprement et se mit à réfléchir un peu à ce qu’ils allaient bien pouvoir faire une fois arrivés en Thaodia. Au fond de lui, il espérait retrouver les traces de son tuteur et de trouver une explication à cette disparition soudaine. Il avait tellement de colère et de haine à son encontre qu’il préférait mille fois le désirer en vie que de songer à sa mort prématurée. Et pourtant, malgré cela, il ne pouvait pas s’empêcher de penser à tout ce qu’ils avaient vécu côte à côte. Son apprentissage, sa croissance... sa première transformation. Il serra les dents en y repensant. Cette fameuse nuit où il a connu la bête pour la première fois. Se crispant un peu, il grommela en chassant cette vision de son esprit avant qu’elle ne l’envahisse, aider d’ailleurs par les couinements et le manège incessants du truc de poils. Celui-ci tournait en rond et s’agitait autour de lui comme un dément. Daren fronça les sourcils et stoppa sa découpe.
- Qu’est-ce qui t’arrive à toi encore ?... Si c’est pour elle que tu t’inquiètes c’est pas la peine, elle doit pas être loin. Laisse la respirer de temps en temps...
L’image qu’il s’imaginait de l’extérieur lui fit hausser un sourcil. Il était entrain de parler à une bestiole, le plus naturellement du monde. Ca ne lui fit pas plus d’effet que cela, il avait appris qu’étant lui-même une bête dans un sens, la communication avec les animaux était différente de celle des autres races, quoi que peut-être les elfes également. Dans le fond, cela revenait à la même chose pour lui, et pire encore étant donné qu’il était métisse. Voilà maintenant que la bestiole venait de lui grimper sur l’épaule, couinant dans son oreille ! Il grogna ouvertement cette fois, le fixant dans ses petits yeux noirs.
- Je suis pas non plus son gardien que je sache ! Tu t’inquiètes tant que ça pour elle ? Va la rejoindre et laisse moi tranquille ! T’as du flair aussi, non ?!
Devant les couinements qui venaient de redoubler d’intensité, le loup-garou se leva et se promit de ne plus laisser l’humaine lui abandonner ses compagnons de poils. Sortant de la grotte, le cheval redressa la tête en les voyant ainsi s'éloigner et se mit à se rapprocher d’eux afin de suivre le mouvement. Daren se mit à humer l’air en retrouvant sans difficulté l’odeur de Saruwatari. Marmonnant, il suivit sa piste, néanmoins très attentif aux bruits et aux senteurs non loin. Pas de prédateurs à signaler. Chemin faisant, la sale petite bête avait cessé ses hostilités vocales, l’étalon restant silencieux, d’autant plus avec ses sabots encore couverts, et bientôt le bruit d’un cours d’eau lui parvint aux oreilles tandis que l’odeur de l’humaine se faisant plus forte. Marchant vers celle-ci, il arriva bientôt à sa portée. Passant un fourrée, il s’approcha en silence avant de constater que l’humaine était nue, se nettoyant dans le cours d’eau avec du gravier. La scène le rendit curieux et il pencha la tête en observant la femelle faire avant que le silence latent ne soit rompu par un couinement impromptu du parasite à poils. Lorsque Saruwatari se retourna, Daren se surprit à chercher une excuse puis désigna les deux bêtes à ses côtés.
- Euh... Ils s’inquiétaient un peu trop alors...
Son regard, sans qu’il ne puisse se retenir, se mit à parcourir subtilement les courbes de l’humaine, sans qu’il n’en montre rien. Néanmoins il ne put réprimer un souffle un peu fort sortant de sa cage thoracique. |
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Lun 6 Déc 2010 - 18:32 | |
| J’arrêtai de martyriser ma peau et arrachai quelques algues que j’écrasai avant de me laver les cheveux. La fraîcheur de l’eau ne me gênait plus et je me rinçai ma chevelure en m’immergeant. Bien évidement lorsque je refis surface, je constatai que mon bandage était à refaire et je haussai les épaules. Je sursautai en entendant des couinements et me retournai manquant de glisser, cherchant mon équilibre les bras en croix. Je ne cachai rien de ma nudité et levai les yeux. Le temps se figea, je tentai de me persuader que je devais avoir quelque hallucination due à la plante qui me servait de cataplasme mais je savais qu’il n’en était rien. Daren se tenait non loin et regardai dans ma direction. Je refermai mes bras et m’accroupis mais je notai qu’il avait eu le temps de tout voir et mes joues cramoisies était si chaudes qu’elles devaient dégager de la vapeur.
« Non mais tu es impossible ! Espèce de pervers ! Tourne-toi immédiatement ! »
Comment osait-il mettre cela sur le dos de mes compagnons. Lorsque je vis enfin son dos, je bondis hors de l’eau et m’habillai aussi vite que possible. Je frissonnai de froid et les vêtements me collaient à la peau. Je pris le temps de chercher une autre plante et passai à côté de lui, la tête haute et les cheveux dégoulinants. Ôpoual en profita pour sauter sur mon épaule et je le câlinai. Djebel m’emboîta le pas sans plus se soucier du lycanthrope. Sur le trajet, je ne décolérai pas mais le faisais assez silencieusement quand même. Je passai sous le camouflage et me dirigeai vers le feu. J’étais transie et ôtai une première couche de frusques que je mis à sécher. Je restais donc en chemise et pantalon. Je m’occupai de Djebel et le libérai de son paquetage et de l’enveloppe de ses sabots. Mon ventre se mit à gronder et je pestai à nouveau pour fouiller dans ma besace. Trouvant un bout de formage et un peu de saucisson, je mordis dedans. Je n’avais même pas remplie mon outre du coup. Assise près du feu et louchant sur le cochon sauvage, je bougonnai tout en mastiquant.
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| Sujet: Re: Voyage en Angaïla [terminé] Lun 6 Déc 2010 - 19:03 | |
| Se retournant, croisant les bras, il n’en revenait pas de se faire traîter de pervers alors qu’il venait juste voir si elle allait bien. Et pire ! C’était même pas pour lui mais pour l’autre saleté sur son épaule ! La voici qui passait près de lui et quel ne fut pas son désarroi en constatant que les deux bestioles l’accompagnaient comme si de rien n’était, rejetant par la même occasion la faute sur lui ! Daren décroisa les bras, les yeux un peu écarquillés, et grogna d’un ton bas. Ah ils ne perdaient rien pour attendre ces deux là...
Suivant silencieusement, ruminant sa vengeance prochaine, il resta en retrait, soupirant la laissant marmonner devant. Une fois l’abri atteint, il attendit un instant dehors, le temps qu’elle mette ses affaires à sécher et qu'elle s’installe pour manger. Ceci fait, il pénétra dans l’antre et se remit assis face à son cochon sauvage pour finir son dépeçage. Bientôt, la chair fut à nue et il entreprit de découper soigneusement deux tranches assez conséquentes, dont une qu’il posa sur la carcasse avant de prendre un bout de bois qu’il tailla rapidement en pic, planta la chair dedans et coinca deux autres brindilles assez larges, taillées en « V », entre les pierres entourant le feu avant de placer la viande dessus afin qu’elle cuise tranquillement. Rare avait été les fois où il avait mangé de la viande cuite, et dans le fond il préférait la chair crue, mais l’humaine, malgré son bougonnement incessant, n’avait pas assez à manger. Ce n’était pas bon pour voyager et il était hors de question qu’elle devienne un fardeau anémique à ses côtés. Tournant un peu pour que la viande dore bien, il croquait dans l’autre morceau cru, toujours sans un mot. Une odeur délicieuse se dégagea de la viande et bientôt il la retira des flammes pour la déposer sur une feuille large qu’il avait piqué à leur camouflage d’abri. La déposant avec la viande sur une pierre à côté de l’humaine, il reprit son repas comme si de rien n’était.
Le petit truc de poils tenta de venir lui chiper un morceau sur sa carcasse et le grognement qu’il lui lança suffit à le décourager aussitôt pour le voir détaler derrière Saruwatari. Hors de question de lui laisser quoi que ce soit de SA part. S’il en voulait, il demanderait à sa maîtresse, point.
- Pas de viande pour les menteurs...
Voilà qu’il lui couinait après, comme si c’était une victime. Daren le fixa de ses prunelles grenats, le défiant de venir se plaindre. Tournant son regard vers le feu, il grommela à moitié en mastiquant sa viande, comme un enfant boudeur qui venait d'être puni alors qu’il était innocent. |
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